Along the streets (pv Neena)

-    Regarde donc où tu marches, le débraillé !

Keiji se retourna, observant l'homme qui venait de le bousculer et qui pourtant clamait le contraire. C'était un vieil homme habillé de manière assez miteuse, mais il s'éloigna bien assez vite avant que le jeune homme n'eut le temps de l'observer un peu plus. Immobile dans la foule de fin d'après-midi, il ne savait pas vraiment que faire de sa journée. Enfin... du reste de sa journée. C'est dans ces moments là que le jeune homme se demandait ce qu'il faisait à Nexus alors que les trois-quarts des autres villes étaient toutes aussi jolies et mieux famées que celle-là. Mais à Nexus il y a plus de monde, plus de rencontre à faire, donc. Mais ne connaissant pas vraiment la capitale économique de Terra, le jeune samouraï décida d'y faire un petit tour, pour changer. Avec sa belle épée sur le dos.

Nexus... ses paysages (ses maisons délabrées, détruites par la révolution, sans parler de la fumée noirâtre dissimulant presque le Palais d'Ivoire), son air pur (cette odeur de cramé, de sang, de chair pourrissant dans des coins sombres), sa population gaie et aimable...

-   Hey mec, tu t'es habillé dans le noir ce matin ou quoi ? Haaarrhahaha la bonne blague !

Le jeune homme poussa un soupir. Ils devaient être trop stupides pour comprendre qu'il existe d'autre coutumes que celles existant à Nexus... Heureusement qu'il n'était pas du genre impulsif, même si ce genre de railleries l'ennuyaient un peu. Il se contenta de poursuivre sa route, en bon samaritain. La journée prenait son cours et contrairement à ses attentes, il commençait à y avoir un peu d'animation. Malgré les conflits au sein de la grande ville, il y avait de la musique et un tas d'autres animations en tout genre. Ce spectacle haut en couleur et en joie ravivait un peu l'espoir dans le cœur du samouraï. Les gens souriaient, riaient même. En ces temps si difficiles, c'était inimaginables, et pourtant...

Quelque chose attira l'attention de Keiji, quelque chose qu'il ne pouvait pas vraiment définir. Après avoir offert quelques verres à de très gentes demoiselles, il tourna les talons pour s'éloigner de la foule exultant de joie et de bonne humeur. En jetant un dernier petit coup d’œil aux lanternes de papiers multicolores, il se dirigea un peu plus loin dans les rues, se retirant de cette ambiance si chaleureuse. Il avait un pressentiment. Bon ou mauvais, il ne savait pas encore. Le jeune homme tomba dans un cul de sac, et visiblement dépité, il ne put s'empêcher de pousser un soupir agacé sans pour autant délaisser sa bonne humeur.

Il lui fallait de l'argent. Uniquement cela. Qu'elle dépenserait, évidemment, de manière inconsidérée, pour quelques CDs, quelques lames et des vêtements. Juste ce genre de dépenses futiles. Elle aurait dû être sur Post-Bac, consciencieuse, à valider gentiment ses vœux d'orientation, en espérant décrocher son Bac avec une mention, histoire de recevoir un cadeau de ses parents.
Mais non. Peut-être était-elle trop vénale, ou trop agitée ( il faisait beau, pourquoi ne pas en profiter ? Traquer dans la neige était bien plus pénible que traquer sous le soleil. ). Toujours est-il que quand son charmant appareil sonna, à son réveil, elle se précipita dessus. Une commande et, à la clé, un chèque. Et un beau. Ses yeux brillèrent, tandis qu'elle acceptait le rendez-vous fixé par le commanditaire. Un rendez-vous qui dura une heure, dont elle retint trois caractéristiques : Elle laisserait son raton-laveur chez elle, elle se maquillerait très habilement, et elle s'entrainerait davantage pour ne pas se laisser attraper. Il allait lui falloir beaucoup plus de discrétion et d'habilité que d'habitude.
Par contre, son œil de lynx pourrait être au repos ; sa cible semblait particulièrement extravagante.

Elle se leva donc tard - économisant ses forces - et osa sécher quelques malheureuses heures de maths pour s'entraîner. Musculation, piscine, course, le tout formant un programme digne de ce nom.


Et le grand jour arriva.
Neena enfila une perruque d'un vert pomme absolument reconnaissable, par dessus sa chevelure châtain, sa tenue habituelle de traque ; short et longues chaussettes, genouillères, pull fin et capable de supporter ses mouvements, et MP3. Nirvana. Elle ne pouvait pas s'en passer. Elle emprunta ensuite un passage vers Nexus, ignorant à nouveau une journée chargée de cours, et partit en chasse. Elle n'eut qu'à patienter une petite heure, avant d'apercevoir ce qui semblait être sa "proie". Elle n'oubliait pas le but de la manœuvre : effrayer. Surtout, ne pas tuer. " Pas de gaffe. "

Elle se faufila. Fine et discrète, elle le suivit. Sur la pointe des pieds, évidemment. Ce qui était étonnant, c'était cette capacité à se dissimuler partout malgré les couleurs de ses vêtements. Vert, bleu, rose, violet ... Un arc-en-ciel mobile. Elle n'eut aucune peine à le suivre, et soupira de bonheur. Coincé dans un cul-de-sac. Le destin voulait t'il à tout prix l'aider dans sa quête de l'argent facile ? " Je remercierais le Destin après." Le regard vif, elle plissa les yeux. Il ferait demi-tour. Elle se planta dans la rue, bien dans son angle de vue, appuyée contre le mur, le regardant sans ciller.
Il se retourna, alors. Et de sa voix fluide et terriblement innocente, qui ne risquait pas de muer, elle osa prononcer quelques mots.

- Bonjour.

Ce qui, en somme, n'était pas bien significatif quant à ce qu'elle voulait faire passer comme message. Non, la seule chose qui trahissait sa stature de jeune môme extravagante, c'était la longue lame qu'elle tenait, à la main, appuyée contre sa cuisse, sans même vouloir la cacher.

(Désolé pour le contretemps...)

Tout naturellement le samurai se retourna, sans forcément s’attendre à cette « blague » qu’on lui avait concocté dans son dos. Ainsi donc il aperçut une jeune fille s’étant glissée derrière lui jusqu’en ces lieux, toute aussi extravagante que lui, et surtout tout aussi coloré. Keiji aurait sourit s’il n’avait pas vu cette lame qu’elle tenait en main. Et pourtant, elle avait l’air jeune, assez jeune quand même pour se balader vêtu de cette manière dans des rues malfamées. Peut-être était-ce une voleuse ?

-   Euh… Salut !

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux, il réussit enfin à placer un petit sourire innocent, insouciant. Il ne voulait pas que les choses se passent mal que ça soit pour lui ou pour l’inconnue. Néanmoins il était assez intrigué : il n’avait ni l’air riche, ni l’air de quelqu’un de douteux, pourquoi on voudrait lui chercher des embrouilles ? Parce que vu la situation, le samurai savait que quelque chose ne tournait pas rond. Et il n’avait aucune envie d’utiliser l’énorme arme reposant sur son dos, voir même ses mains.

Maeda Keiji n’allait quand même pas la penser coupable tout de suite, quand même ! Si ça se trouve elle ne savait même pas ce qu’elle faisait, comme la plupart des ados de Nexus.

-   Tu fais quoi, là ? Tu as besoin de quelque chose ?

Demanda-t-il encore innocemment, cherchant à comprendre la venue de cette étrange fille multicolore. C’était clair que des comme elle, on en voyait pas souvent ! Le regard du jeune homme glissa à nouveau sur l’arme qu’elle portait, un peu inquiet quand à la raison de sa venue. On va improviser, quoi.