Nom : Зыков (Zykov)
Prénom : Layla
Age : 25 ans
Sexe : Hermaphrodite
Race : Humaine
Orientation sexuelle : Lesbienne
« Tu sais ce qui me met en rogne quand j'y pense ? On est plus de six milliards sur Terre. Six milliards d'humains dégueulasses qui arrivent à rien d'autre que de foutre en l'air le sol qui les supportent. Et malgré ce nombre, on trouve toujours moyen d'avoir quelque chose en plus de tous les autres, dés notre naissance. Dans mon cas, c'était mes yeux bridés. Faut dire qu'en Russie, on en voyait pas des masses. Et quand je suis arrivé au Japon, tout le monde s'en foutait, bien sûr. Mais ils se sont vite concentrés sur autre chose. »Des tatouages. Des parties et des parties de peau envahies par l'encre, noire ou colorée. Des lignes et des lignes de traits experts et continus, sans une trace de main tremblotante. Voilà. Voilà le 'autre chose' dont Layla parle. Et qui que soit le mec qui s'est amusé sur sa peau d'asiatique, il n'a pas fait les choses à moitié. Sur le bras droit, une manchette tribale qui remonte dans son cou et s'arrête à son coude. Sur le bras gauche, d'impressionnantes esquisses de Koi dans le style le plus traditionnel, mangeant un peu son avant-bras mais s'arrêtant à temps. On ajoute à cette liste le serpent venimeux tapis dans son dos, la pointe de sa queue descend sur la fesse droite et proche de son long cou s'étale une fleur. Au niveau du bas du corps, Layla a été plus modeste : une simple rose blanche sur son flanc droit, solitaire, au milieu de toute cette peau. Dans l'ensemble, c'est assez peu original, mais la réalisation est assez belle pour lui valoir les éloges de tatoueurs reconnus.
Pour parler de la fille en elle-même, Il n'y a pas grand-chose à dire. Ce n'est pas comme si la russe était une mannequin, un modèle de beauté, rarissime, culte. Comme elle aime à l'expliquer, c'est Yulia qui a hérité de cette branche dans la famille, cette même branche qui caractérisait sa mère. Elle, elle ressemble plus à son père, enfin... elle n'est pas une icône de beauté, mais elle possède cette aura, ce charisme que son côté 'garçonne' renforce. La féminité, pour Layla, c'est un autre monde. Tout le temps en pantalon, débardeur et rangers serrés autour du pied, démarche affirmée et positions pas franchement glamour, certains l'ont déjà pris pour un homme de dos. Même ses organes génitaux le lui rappellent constamment, chaque jour, devant la glace. C'est l'un des côtés intrigants du physique de la jeune femme. Sans rentrer dans les dossiers médicaux poussés, on peut affirmer qu'elle ne possède qu'un seul sexe, le masculin, qui est opérationnel pour féconder et copuler, et qu'elle n'a pas de vagin. Et de surcroit, elle est 'bien montée', ce qui, si elle était un homme, serait fabuleux. Mais pour une fille, c'est abominable, et difficile à cacher autrement que sous un baggy et un caleçon. Comme si ce n'était pas suffisant, il n'y a que cette partie de son corps qui prête à confusion. Pour le reste, Layla possède un visage aux traits harmonieux, bien que durs la plupart du temps. Profil type d'une asiatique, ses yeux noirs, son nez pointu et ses lèvres où traine souvent une cigarette lui donne un air sauvage qui en attire plus d'un(e). Ses cheveux bruns sont constamment attachés en une longue queue de cheval brillante et lisse. Malgré les vêtements amples qui recouvrent tant bien que mal son 1m75, on ne manque pas de remarquer son bonnet C et ses muscles obtenus au cours de ses nombreuses séances de boxes étant jeune, lui donnant des épaules et phalanges solides, ainsi qu'une silhouette qui pourrait faire peur si la jeune femme le souhaitait. Ce côté sportif mixé à son charme la force à envoyer bouler nombres d'hommes qui seraient probablement horrifiés s'ils découvraient la 'vérité toute nue'.
« On m'a souvent dit que j'étais vulgaire. Ma mère en premier, tiens. Que pour une fille, mes comportements étaient 'pitoyables' et 'dangereux', par rapport à ma sœur. 'Paraitrait que ça pourrait l'influencer. Un mec, par contre, qu'il crache par terre ou mette ses pieds sur la table, tout le monde s'en fout. Si la nature avait fini son putain de boulot sur moi, ça aurait arrangé tout le monde, en fait. »
Oui, la moindre des choses qu'on peut dire, c'est qu'elle a du caractère, la petite russe. Mais attention, avoir du caractère, ça ne signifie pas forcément ouvrir constamment sa bouche pour en sortir ce que l'on pense. Avoir du caractère, c'est savoir où l'on va, faire des choix et ne pas accepter de dépendre d'un ou d'une autre. En tout cas, c'est la définition de notre expatriée. Et elle s'efforce de l'appliquer depuis toute jeune, parce que de toutes façons, la vie ne lui a pas laissée beaucoup le choix. Débrouillarde depuis longtemps, elle trouve beaucoup de solutions aux problèmes du quotidien en général. Sauf quand il s'agit de se retrouver dans une ville ou un quartier, ça... L'orientation, c'est pas vraiment son truc. Mais qu'importe.
Layla a plusieurs talents plus ou moins cachés, dont déjà celui qui lui permet d'exercer son boulot : elle est tatoueuse au cœur de Seikusu – malgré qu'elle ait horreur de la ville, et s'est bâtie une petite réputation grâce à son don pour le dessin et plus particulièrement le style oriental (carpe koi, lotus, geishas). Elle se débrouille dans tout ce qui est mécanique aussi, ce qui est bien pour exercer d'autres petits boulots en prime ou réparer sa propre moto très fatiguée. Sans être un vrai talent, elle sait aussi manier une arme, ce que beaucoup de personnes ne savent pas faire, ou pas correctement. Pas vraiment douée dans les études, sa culture générale n'est pas très élevée, mais elle compense avec un excellent instinct qui l'a déjà sortie des situations les moins enviables.
Son attitude n'a rien de féminin. Franche, brute, et un peu paranoïaque, l'hermaphrodite accumule les manies que seul un homme pourrait avoir. D'ailleurs, si son physique est bel et bien celui d'une fille, au niveau du mental, beaucoup lui ont déjà sorti qu'elle avait des couilles, ce qui l'a bien fait rire. Elle a un vrai caractère de cochon, préférant qu'on ne la dérange pas en général, surtout quand elle est concentrée sur son travail, clope au bec. Plutôt solitaire et silencieuse – même si quand elle a quelque chose à dire, elle le dit, il faut insister pour entamer une vraie conversation avec Layla sans se faire envoyer chier à chaque fin de phrase. Et quand la colère la prend, ça peut être drôle à voir, mais évitez de le montrer, au risque de vous prendre une droite dans la mâchoire ou un plombage dans les fesses. Par contre, elle cessera ses coups bien avant de vous tuer, car cette jeune femme est pacifiste avec les personnes qui ne lui veulent pas beaucoup de mal. Layla reste honnête et droite, peut-être même un peu trop, dans ce qu'est devenu notre monde.
Il n'y a qu'avec Yulia, sa sœur, qu'elle est un minimum sociable et un maximum protectrice. Son côté maternel, seule graine de féminité dans toute sa personnalité, ressort parfois quand elle aperçoit quelqu'un en situation pas très enviable. Mais en général, n'espérez même pas un petit coup de main de sa part. De toutes façons, elle dort.
*
Une boutique plantée dans les rues du centre-ville de Seikusu. Une porte rouge vif passable en un coup de poignée. Dedans, une seule pièce assez large, agrémentée de fauteuils, de tables basses surchargées de magasines. Si ce n'était les photos de tatouages et de piercings accrochées aux quatres murs, l'endroit ressemblerait presque à une salle d'attente. Seule une petite porte tout au fond et derrière laquelle se cache beaucoup de bruits étranges, donne accès aux étages, et donc aux studios où la magie s'opère, d'un coup d'aiguille ou de dermographe.
La cible est là, assise nonchalamment sur un des fauteuils, les jambes étalés sur la table basse, la moitié du corps caché derrière un journal défraichi. Sa tête apparaît bien vite et la fatigue se lit sur son visage. Tout en vous indiquant de vous asseoir, elle se redresse et laisse tomber la paperasse sur la table.« 5 décembre 2003. J'imagine que cette date te rappelle rien ? »Le silence qui suit en dit long. Il est assez dense pour laisser le temps à la tatoueuse de s'allumer une cigarette.« Ouais, évidemment, t'en sais rien. Mais je te rassure, t'as rien loupé. Il n'y a que très peu de gens qui se rappellent de ce jour-là, et ils viennent pas d'ici. »Elle saisit le journal et vous montre la première page. La date y est encrée, avec une photo qui représente un accident de train. La désaturation du papier rend l'image encore plus sinistre.« J'étais là-dedans. Avec ma mère et ma sœur. Ce jour-là. On a fait partie des 170 blessés avec Yu'. Ma mère fait partie des 46 morts au compteur. Tu comprends où je veux en venir ? »Vous qui étiez venus pour écouter son histoire, vous voilà bien tombés. Vous sentez bien que cette demoiselle ne va pas se gêner pour ajouter des détails assez crus à son récit. Mais ça a l'air d'être nécessaire. Vous l'écoutez donc attentivement.« On était en route pour St-Pétersbourg ce jour-là. On quittait Moscou dans un coup de vent. A cause de moi. J'avais quinze ans à l'époque, j'étais en pleine adolescence, et j'avais dérapé avec une fille de mon âge. Ses parents nous avaient vus dans son lit. Le fait que je sois pas constitué... normalement, on peut dire... crois-le ou non, mais ça a été qu'un facteur. Je me demande même si ses vieux l'ont remarqué sur le coup. Le plus important, c'était que j'avais pas baisé avec n'importe qui. C'était la fille du maire, à l'époque. Ma mère supportait pas la honte. Elle a préféré s'enfuir avec nous sur les bras. Dans le train, elle m'en voulait encore. On s'est disputés, et puis elle a finie par se taire, puisqu'elle est... passée par la fenêtre. Quand je pense que ses dernières paroles, c'était pour me faire culpabiliser. J'me demande si elle le regrette de là où elle est. »La jeune femme époussette la cendre au bord de sa clope dans un cendrier tout proche. Elle remarque que vous avec l'air de la regarder avec perplexité.« Si je te dis que j'ai jamais trop aimé ma mère, tu va continuer à faire cette tête de débile ? Parce que c'est un fait ça aussi. Je la regrette pas, et j'ai pas honte de le dire. Elle a jamais été foutue de garder un homme plus d'une semaine, ou de s'occuper de nous. Déjà qu'elle arrivait pas à s'occuper d'elle... Si jamais Youlia l'avait pas pleuré, personne d'autre l'aurait fait. L'amour maternel, c'est qu'un mythe, tu sais. Y a des femmes qui ne seront jamais faites pour être mères. Concernant mon cas... (elle sourit légèrement) je pense pas avoir un jour un enfant, mais j'ai déjà de quoi m'occuper. »La tatoueuse farfouille un moment dans la poche de son pantalon et en sort quelque chose qu'à l'instar du journal, elle pose délicatement sur la table. Vous y jetez un coup d'œil.
« La ressemblance est frappante, hein ? »Vous relevez la tête et n'osez pas trop contredire, mais vous vous apercevez bien vite que Layla est ironique. Tout comme vous vous apercevez qu'une étrange lueur est passée dans ses yeux à la sortie de la photo. Qui disparaît assez vite quand la jeune femme sent votre regard.« C'est quoi cette tronche qu'elle tire sur c'te photo, d'ailleurs, je lui avais dit de sourire... enfin, on s'en fout. T'as un aperçu de ce à quoi ressemble ma petite sœur, maintenant. Elle a fait ses onze ans en avril dernier.»Vous vous apprêtez à complimenter Layla comme n'importe qui le ferait devant une photo de chérubin, mais elle affiche soudain un air tellement grave que l'envie disparaît.« Quand je te disais qu'il y a eu 170 blessés dans l'accident, je m'y comptais pas. J'ai eu que des plaies et des bosses, et un sacré mal de crâne. Yu', elle, elle a eu droit à une jambe en moins et à un bras qui déconne de temps en temps. Ça va faire sept ans qu'elle vit avec. Et ça, contrairement à ma mère, je m'en fous pas une seconde. »Un moment de silence s'installe dans l'ambiance. Vous n'osez pas le rompre, et à peine bouger. Layla finit par ranger la photo après l'avoir fixée durant tout ce temps. Elle s'allume une nouvelle clope et prend tout son temps pour reprendre son récit.« Tu comprends bien qu'on avait pas beaucoup de choix après que tout ça se fut déroulé. J'avais une quinzaine d'années, Yu' en avait même pas dix. Ça a été l'hôpital, les séances de réduc' prises en charges par... une famille d'accueil totalement larguée, j'me souviens même plus de leurs noms... enfin, j'avais pas beaucoup de chances de pouvoir m'échapper et partir loin. J'en avais même plus envie, en fait. C'est le genre d'évènement qui a eu la capacité de transformer la merdeuse que j'étais en gamine un peu plus mature. C'était le seul point positif dans tout ça, en fait.
On vivait à St-Pétersbourg, comme l'autre connasse avait voulu, évidemment. L'ambiance était merdique, et tout ce qui s'était passé, ça n'aidait pas. J'ai voulu me trouver un boulot parce que j'envisageais déjà de quitter nos tuteurs avec ma sœur le plus tôt possible et que surtout, je voulais avoir la sensation de me démerder seule. J'ai trouvé ma voie à cette époque-là. J'ai acquis mes premières bases de tatoueuse et j'ai encré quelques pièces en l'espace de trois ans. C'était plus facile qu'aujourd'hui, à l'époque. Le seul truc chiant, c'était que j'étais obligé de laisser ma sœur toute seule, et que plus les jours passaient, moins ça avait l'air de lui plaire.
Elle aussi, elle a grandi tôt, plus tôt que moi, même. Mais elle a toujours été plus sensible que moi. Les premiers jours de deuil, je pleurais parce qu'elle pleurais elle-même. J'en avais rien à foutre de la vieille. Quand elle a arrêté, j'ai arrêté aussi. C'est con, à vrai dire, mais on a toujours été comme ça. J'ai jamais ressenti une osmose pareille avec quelqu'un d'autre que Yu'. Elle est dans mes priorités et y restera jusqu'à ce que je clamse, j'pense. Et après... il faudra bien qu'elle se débrouille toute seule... »L'avenir n'a pas l'air d'enchanter votre interlocutrice qui change de sujet après une bouffée de fumée.« Le patron du shop m'avait pris en affection ces années-là. Il venait de perdre son gosse et sa femme dans un incendie et je suppose qu'il avait fait un transfert sur moi, j'en sais rien... enfin, à l'époque, lui non plus voyait pas la vie en rose. Tu sais, la Russie, ça a jamais été le pays de rêve pour se trouver un boulot. Et c'est encore pire aujourd'hui. Je vais pas t'apprendre la vie, mais quand t'avais l'âge de ce pauvre type, pas de famille, plus de logement, et qu'en plus tu tombe dans l'alcoolisme sans te rattraper... bon, là, je te parle du schéma type du russe de plus de 40 ans. C'est un fait, ça, qu'on est des pochtrons, je contredirais personne là-dessus. Enfin, heureusement pour lui, il avait du talent et un peu de fric de côté, et il a monté son business qui commençait à couler quand j'suis arrivé. On s'est soutenu mutuellement, parce qu'on avait à gagner des deux côtés. Je l'ai aidé à se sortir de toute cette merde, pas par affection ou quoi que ce soit, mais parce que j'avais besoin de ce boulot et que personne voulait embaucher une merdeuse comme moi. Il s'en est sorti, et on est devenus amis, si je puis dire. Raconté comme ça, ça a l'air tout niais et simple, mais je t'assure que ça a pris des plombes, cette histoire. J'avais dix-neuf ans quand le shop a commencé à vraiment bien marcher. J'ai jamais autant travaillé qu'à cette époque, je ressemblais plus à rien, j'avais perdu tous les muscles que j'avais gagné à la boxe quand j'étais gosse – ma mère m'y avait collé dés que je lui avais demandé, pour pas m'avoir dans les pattes, j'imagine. Mais j'avais plongé dans le tatouage la tête la première, je pouvais plus m'en sortir. Je pensais même plus aux femmes, le premier truc qui me venait à l'esprit quand j'étais une perverse de quinze ans et que je me levais le matin. J'avais fait des concessions, quoi.
Mais malgré tout nos efforts, ça a pas duré. Tu peux être autant talentueux que tu veux, si tes devis effraient les gens, ça servira pas à grand-chose. On avait été obligés d'augmenter les prix pour faire des bénéfices, et ça, c'était le truc à pas faire, j'imagine. Le vieux a fermé boutique, mais il m'a pas laissé tomber. Un de ses collègues l'avait appelé la veille de la fermeture pour prendre des nouvelles et ça lui avait donné une idée. Quand il m'a donné deux aller simple pour le Japon ce matin-là, j'ai d'abord refusé. Niet. Mais il m'a expliqué qu'il était hors de question que je reste dans ce pays où aucun tatoueur n'avait d'avenir : les gens étaient bien plus concentrés à payer leur loyer et leur chauffage qu'à chercher la perle rare. C'est quand il m'a posé les billets dans les mains, que je me suis rendu compte qu'après toutes ces années, j'avais toujours aucune envie de rester ici. Quant à Yu, j'en parle même pas. Quand elle a su, elle aurait sauté de joie si elle avait pu. Même quand je lui ait dit tout ce que ça impliquait de vivre dans un pays étranger, si loin en plus, elle en a pleuré de bonheur.
J'ai toujours trouvé un peu bizarre qu'elle ne se soit attaché à rien à l'époque, même pas à cette famille de cinglés qui nous avaient gardés. Elle a toujours été tout le contraire de moi : empathique, affectueuse, sédentaire. Je croyais qu'elle serait un minimum triste. Mais elle a jamais pleuré pour eux. J'ai préféré pas plus me poser de questions. On avait autre chose à faire, de toutes façons. »C'était un long discours pour cette jeune femme d'habitude plutôt silencieuse selon les dires. Elle fut d'ailleurs interrompu par une jeune pierceuse qui était descendu du shop pour demander conseil. Layla lui répondit et l'envoya presque balader. Elle rangea ensuite son paquet de cigarettes et remit ses pieds sur la table basse, pas gênée le moins du monde.« T'as pas mal de gens qui se sont mis dans la tête que j'avais des origines, voire que j'avais de la famille ici. Je sais pas qui a fait passer cette rumeur de merde, mais enfin... y a rien de moins vrai. La chose que j'avais pour mère avait juste un père chinois, qui lui a refilé ses yeux bridés qu'elle m'a elle-même refilé. C'est tout, y a pas de légende urbaine autour de ça ou ché pas quoi, hein. Du coup, j'avais que des rudiments appris avec des bouquins et Yulia parlait pas un mot de japonais. C'est la cadette du collègue japonais qui lui a appris les bases. Collègue japonais qui d'ailleurs a bien voulu nous héberger sans rien savoir de nous dés notre arrivée. Avec déjà trois filles et un gamin sur le dos. Quant on dit que les nippons sont hospitaliers, c'est pas des conneries. Rien à voir avec la Russie, où on a vite fait de te rappeler que t'as pas payé ta facture d'électricité.
C'est grâce à cette famille qu'on a pu s'intégrer, sinon, franchement, je crois qu'on aurait vite repris l'avion en retour direct. Pour moi, Takayuki, c'est un peu le père que j'ai pas eu. Et pareil pour sa femme. Je parle d'affection, mais surtout de respect. Je me serais jamais permise de toucher ses filles, par exemple. C'est lui qui m'a fait mes manchettes. (elle dévoile ses bras dans un geste las, comme si elle faisait ça depuis des années). Et ce mec a su m'apprendre plus sur le tatouage en quelques semaines que le russe m'en a appris en quatre ans.
En parlant de lui, j'ai reçu une lettre de la sœur, y a une ou deux semaines. Il est mort d'une cirrhose du foie, ce con. Le fait est que ça a jamais été qu'un patron. Pas un ami ou un père. J'étais pas assez forte pour tisser des relations, à l'époque. Mais je crois qu'il s'était attaché à moi. J'imagine que c'est dommage. Faudra que j'aille voir sa tombe, un jour. Au moins pour pas mourir idiote, moi aussi. »Tout d'un coup, Layla vous fait un sourire satisfait, laissant voir des canines presques aussi pointues que des crocs. Elle semble tout à fait tranquille, détendue, sur ce canapé en cuir. Vous avez du mal à imaginer que cette femme a tant fait d'efforts pour en arriver à travailler dans une boutique qui ne recueille que l'élite des bodmoders. Vu d'ici, elle ressemble plus à une flemmarde qu'autre chose.« Bon, je crois que t'ai raconté les grandes lignes ! Le reste, c'est jamais que des broutilles. J'ai trouvé un appart', une école spécialisé pour Yulia, et je dois t'avouer que tout ça, ça engrange déjà pas mal de fric... et contrairement à ce qu'on pense, le tatouage, ça paye vraiment pas bien. »La porte du fond claque de nouveau sur la même pierceuse de tout à l'heure, cette fois-ci, avec un air furieux. Layla soupire et se lève. Vous faites de même, elle vous serre la main. Une poignée virile et franche. Cela suffit à vous assurer que vous ne venez qu'entendre la vérité, la pure vérité.
Homme ou femme, l'important, c'est sûrement d'être humain après tout. *
Situation de départ : Des relations uniquement avec des femmes. Beaucoup de femmes.Y a que ça qui l'intéresse, d'ailleurs. (les femmes, hein, pas le cul... quoique...)
Autres : Niet
Comment avez vous connu le forum : Je sais plus.
Avez vous des moyens de faire connaître le site autour de vous?Si oui lesquels :Pas vraiment non