Comme les deux autres, lui aussi voulait en quelque sorte la "garder pour lui", une forme de captivité. Seulement lui, il voulait la protéger du monde extérieur, il estimait qu'elle en avait assez vu comme ça que pour encore se risquer dehors et à nouveau la perdre. Il restait tranquille, appliquant une solution à l'alcool sur les plaies pour les désinfecter avant de repasser dessus avec du coton et panser tout ça. Bien sûr, mettre de l'alcool sur une plaie n'était pas indolore mais Loveday pouvait le griffer: il en avait vu d'autres.
Il rangea le tout, encore silencieux. Il regardea attentivement les marquages de son ex-tortionnaire, il était écrit: "D.G." . Il imprima bien ces deux initiales dans sa mémoire, pour que jamais il n'oublie qui figurait dans sa liste noire à présent. Mais deux initiales, c'était encore peu pour le retrouver... Si seulement il pouvait associer un visage ou un nom total, peut-être qu'il retrouverait le fautif ? Il se promit juste qu'il ferait la peau à ce monstre, et c'était signer l'arrêt de mort de ce type tout de suite: tôt ou tard, il mettrait la main dessus et il n'aura plus que Dieu à qui s'en remettre pour espérer être sauvé.
Une fois les bandages et autres terminé, il se releva et enleva le collier de Loveday sur lequel était écris les initiales de ce vendeur d'esclave. Le regardant attentivement, il se souvenait qu'elle n'aimait absolument pas être privée de liberté, c'est plus qu'important pour les chats. Et ce type qui avait osé lui enlever son bien le plus précieux, un indice sur son identité était là, juste au creux de ses mains. Il serra le poing, mû de cette profonde envie de mettre fin aux jours de Don.
" Sandji va le retrouver, Minou. Sandji va lui faire regretter. "
Il garda le collier dans sa poche, c'était le seul indice qu'il avait concernant Don et il devait le préserver. Il prit Minou par le bras, doucement, et la souleva contre lui pour passer ses bras autour, et serrer doucement son corps contre le sien. Il connaissait ce sentiment, celui qu'on ressens après ce genre d'évènement... Il l'as vécu, longtemps. Tout ce temps qu'il a passé, assis sur cette chaise roulante, assisté comme un impotent, perdu dans les méandres de son esprits plein de souvenirs noirs, il avait senti ce même sentiment: l'impuissance face a ce qui nous est arrivé, la rage de ne pas avoir eu la force de surpasser.
Lui, tout ce dont il avait eu besoin pour s'en remettre, c'était la douceur de sa mère qui avait continué a s'occuper de lui malgré les difficultés. Maintenant qu'elle était endormie d'un profond sommeil, c'était à son tour de s'occuper des autres autour de lui, et il commencerait par elle: c'était son rôle de lui fournir assistance et protection après ce qu'elle a vécu.
" T'as plus à t'inquiéter Minou. Sandji sera toujours là pour te protéger maintenant. "
Il lui passa un grand drap de bain autour des épaules pour la sécher, et ils sortirent de la salle de bain. Sandji la fit s'assoir dans sa chambre, sur son lit, une chambre qui a gardé son aspect d'avant. Quelques photos sur une commode, des dessins d'enfant - les siens - quand il était petit, un coffre à jouet couvert de poussière dans un coin, et une garde-robe qui possède encore des souvenirs de sa petite-enfance. Un lit coloré de bleu et de rouge, à la couette épaisse d'hiver. Il garda toujours un bras autour d'elle, inquiet de son état, voulant juste trouver quelque chose pour lui faire oublier ça.