Rencontre au clair de lune (PV Thanatos)

Rien à faire ! Marine n’arrivait pas à fermer l’œil. Ça lui arrivait certaines nuits depuis qu’elle était arrivée à Seikusu.
 
Elle était allongée sur son lit. La jeune femme regardait le plafond. Elle espérait qu’il finirait par l’hypnotisé et lui donner sommeil mais rien à faire. Elle se redressa d’un coup dans son lit en rejetant la couverture.

*Inutile de rester là. Vu comme c’est parti, je n’arriverai pas à fermer l’œil*

D’un bond, elle se leva. La chambre d’hôtel était petite. Elle avait l’impression d’étouffer. Elle alla ouvrir la fenêtre. Il faisait froid mais l’air glacé lui fit du bien. Elle regarda la lune. C’était la pleine lune. Même sans la lumière des lampadaires, la lumière qu’elle renvoyait était suffisante pour voir dehors.

*Je vais aller faire un tour dehors. Ça me fera du bien*

Elle espérait que cette sortie l’aiderait à trouver le sommeil. Elle attrapa ses affaires et les enfila. Sous-vêtements, jupe longue, chemisier, corset, bottines. Le tout en noir sauf le chemisier rouge vif. Elle ne se coiffa pas, elle se contenta de se passer la main dans les cheveux. Elle attrapa sa cape et ferma la fenêtre avant de sortir. Lorsqu’elle se retrouvera dehors, devant l’hôtel, elle se demanda où elle pourrait aller. Elle regarda à droite puis à gauche mais rapidement une idée s’imposa à elle.

*La plage !*

C’était là qu’elle aimait se balader. L’hiver faisait que personne n’y allait.

Elle prit la direction de la sortie de la ville et suivit la route longeant la côte. L’air de la nuit lui faisait du bien. Elle avait toujours aimé la nuit. Aucun bruit, personne, le calme absolu. Elle trouvait ça des plus reposants. Lorsque l’insomnie la prenait, elle allait souvent se promener. La nuit l’apaisait et lui permettait généralement de finir par trouver le sommeil.

Après une bonne demi-heure de marche, elle arriva à la plage. Elle s’avança sur l’étendue de sable et se mit à flâner le long de la mer. Le bruit des vagues associé aux odeurs marines la soulageait. Elle s’arrêta pour observer l’océan. La lune se reflétait sur les eaux. Le disque argenté illuminait toute la plage. Marine sourit.

Une fumée venu de nul part se développa dans l'atmosphère, sombre, à la couleur de l'ébène... Subtilement, elle retraça une forme, de nouvelle couleur chaude se conçurent alors, cette forme spirituelle, abstraite, devint plus clair, entamant une phase de matérialisation... Des membres sculptés par le phénomène fantasmagorique se dégagèrent de cette fumée épaisse, un corps avança lentement alors qu'il ne fut totalement conçut, ses pas au contacte du sable, déployèrent par intermittence un bruit granuleux qui se perdit dans l'espace, contribuant au trouble des vagues... Cette fumée vivace le suivit rattachée au dos de son corps incomplet, qui après avoir été totalement tissé... Disparue... L'être divin, vint faire son apparition proche de de la rive, ses pupilles luisantes reflétèrent la pleine lune qu'il se plut à contempler...

Nous sommes deux chanceux...

Ses mèches virevoltèrent au grès du vent nocturne, doux et frai, qui vint se lever...

Qui avons sut choisir la plus belle soirée pour voir la Lune sous son plus bel aspect...

Ses iris bleutés compressés par ses paupières, révélèrent un air ténébreux, nébuleux... Visage relevé vers les cieux, Concentration, fascination s'en dégagé de cet être plein de passion...

Marine sentit une présence sur la plage. Ce n’était pas une présence humaine, ça Marine en était sûr, mais elle n’arrivait pas à définir ce que c’était. Son regard fut soudain attiré par une sorte de fumée noir qui envahit le sable. Elle avait peur. Ça ne lui ressemblait pas. Elle avait vu beaucoup de choses dans sa vie mais tout ce qu’elle avait pu vivre ou voir était humain. Mais là, c’était surnaturelle, irréelle.

Elle vit une silhouette se former de la vapeur noir. Un homme apparaissait petit à petit. Il était beau. Ses yeux bleus reflétaient l’éclat de la lune. Il était d’une beauté extraordinaire, hors du commun.

Marine était fascinée par cette apparition mais aussi apeurée. Cette vision ne lui plaisait pas du tout.

*Ce n’est pas normal. Je dois partir d’ici… vite, avant qu’il ne me voit*

Elle essaya le plus silencieusement du monde de quitter l’étendue de sable avant que l’homme étrange ne la remarque. Cela semblait bien improbable vu que la plage était déserte. Un simple mouvement de tête de l’homme et il la verrait.

*Faites qu’il ne me voit pas !*

Et ce mouvement tant redouté fut exécuté, suivit d'une réflexion aussi fraiche que cette brise nocturne...

Ma présence te dérangerait-elle pour te résoudre à me fuir avec tant de hâte...



Thanatos se tourna totalement vers la jeune fille, entretenant l'expression fade de son visage sans la rafraichir, son ombre s'étendait sur toute la largeur de la plage comme si toute un pilier était érigé sur la plage... L'atmosphère empestait la Mort... Son âme chargé de ténèbres et de désolation souillait les bienfaits de la nature, même le sable sous ses pieds ne supportait tant d'obscurité et s'affadissait, dépeint par la Mort...

Néanmoins, le teint pâle de Thanatos se mariait magnifiquement bien à la lueur blanchâtre de l'astre lunaire, elle s'étalait harmonieusement sur sa peau, revitalisait sa chair... Ses cheveux ébènes étaient tellement sombres et soyeux, que l'on eut cru, par effet d'optique, que de la brume émanait de sa tête... Ses pupilles s'immergerent dans ceux de la jeune fille...

Elle n’eut pas eu le temps de faire deux pas qu’une voix s’élevait :

« Ma présence te dérangerait-elle pour te résoudre à me fuir avec tant de hâte... »

Elle ne savait pas quoi lui dire. Elle se sentait mal, pas malade, mais l’atmosphère était détestable. Elle avait l’impression de se retrouver dans un cimetière. C’était la même ambiance, trouble, insalubre, irrespirable. Elle se sentait terriblement oppressée. L’ombre de l’homme semblait couper la plage en deux, un côté d’ombre, un côté de lumière. Elle se trouvait dans la partie éclairée par les rayons de la lune. Cela la rassurait quelques peu mais sans plus.

Le visage de Marine restait imperturbable volontairement, elle ne devait pas lui montrer sa peur. Mais elle sentait que l’homme, si s’en était bien un, avait déjà deviné son angoisse comme si il pouvait lire à l’intérieur d’elle. Ses yeux étaient vrillés à ceux de l’être fantastique qui se trouvait à quelques mètres d’elle.

Elle ne savait pas vraiment quoi lui répondre. Soit elle disait ce qu’elle pensait au risque de fâché l’homme, soit elle mentait.

*Si il sait à quoi je pense et que je lui mens se sera peut-être pire*

Elle choisit de dire ce qu’elle pensait.

« Oui, votre présence me dérange. Je ne sais pas qui vous êtes, ni ce que vous êtes mais je… je  n’aime pas l’atmosphère qui se dégage de vous. Aussi, je préfère m’en aller et vous laissez profiter de la plage seul »

Il lui fallut tout son courage pour formuler ces phrases. Elle sentait qu’il pouvait la tuer, elle en était même sûre. Mais à présent, elle pouvait juste espérer qu’il ne lui fasse aucun mal et qu’il la laisse partir.

C'était en effet ce qu'elle ressentait là, les sentiments, les impressions que beaucoup d'humains auraient peinés à supporter, l'ambiance palpable fut trop lourde à supporter pour la mortelle anxieuse à propos de sa propre vie... Thanatos sentait avec aisance la flamme de cette vie bruler de toute sa force pour que son âme ne se désincarne...

Tu me connais mieux que quiconque... Mortelle...

Marquant une pause, Thanatos s'approcha de ses pas lents et légers, son ombre grandissait et engloba la jeune fille qui s'efforçait de sentir la lumière rassurante de l'astre lunaire...

Je suis tes peurs, tes craintes, l'effroi, tes frayeurs, tes hantises, l'inquiétude, ta lâcheté, tes affolements...

Proche d'elle, ses cheveux dansaient farouchement, ses pupilles toujours immergées dans ceux de la jeune fille...

Tes angoisses, tes horreurs...

Ses lèvres carmins longèrent sa joue pour s'attarder à son oreille, déversant son murmure glaciale...

Je suis le point d'exclamation à ton existence, Marine... Celui qui commande à la Mort, Thanatos...

Sa main alla cueillir sa joue pour s'enchevêtrer dans sa chevelure orangée, retirant ses lèvres pour étreindre celle de la mortelle, en un funeste baiser...

« Tu me connais mieux que quiconque... Mortelle... »

Marine vit l’homme s’approcher d’elle. Plus il avançait, plus l’ombre grandissait et venait englober la jeune femme. Elle avait l’impression que les ténèbres l’enveloppaient. L’atmosphère devenait de plus en plus étouffante.

« Je suis tes peurs, tes craintes, l'effroi, tes frayeurs, tes hantises, l'inquiétude, ta lâcheté, tes affolements... »

Affolement, le terme convenait parfaitement à ce qu’elle ressentait. Elle n’avait qu’une envie : s’enfuir. Mais elle était incapable de bouger. Elle était tétanisée.

« Tes angoisses, tes horreurs... »

A chaque mot qu’il prononçait, la peur de Marine s’amplifiait.

« Je suis le point d'exclamation à ton existence, Marine... Celui qui commande à la Mort, Thanatos... »

Ces mots achevèrent de la terroriser. Il se pencha vers elle et déposa un baiser sur ses lèvres.

*Le baiser de la mort*

La jeune femme savait qu’il disait la vérité. Il était la mort. Au moment où il l’embrassa, des larmes coulèrent des yeux de Marine.

*Vais-je mourir ? Suis-je morte ?*

Les lèvres de la mort étaient douces et chaudes paradoxalement à ce qu’il était.

Elle se dit qu’au fond c’était peut-être l’heure pour elle. Tous les crimes qu’elle avait pu connaître, il fallait bien qu’un jour elle les paie. Visiblement, c’était maintenant. Curieusement, cette pensée lui fit oublier sa peur. Elle était remplacée par le fatalisme. Si la mort avait décidé que son heure était venue, elle devait l’accepter. Pourquoi chercher à la fuir ? D’ailleurs on ne peut pas la fuir.

*On doit tous mourir un jour*

Elle regarda Thanatos droit dans les yeux.

« Je suppose que vous êtes venu me chercher. Je ne peux m’y opposer. Je ne suis qu’une simple mortelle après tout »

Elle sourit.

« Alors tuez-moi. Je suis prête »

Au final, c’était peut-être mieux ainsi.

*Les morts ne viendront plus me hantés. Les scènes de combat, les meurtres, le sang. Il est temps que je paie pour tout ça*

Elle croyait pouvoir changer de vie.

*On ne peut pas fuir son passé*