Erogène Jones est assis à l'extrémité de la rame, quelque part entre une femme obèse et un jeune homme aux cheveux bleus, dont la mastication suffit presque à couvrir le bruit des moteurs. Épaules décontractées, jambes tendues, pieds croisés, il tire machinalement sur une mèche de cheveux en regardant dans le vague. Mentalement, l'agent de terrain en lui dresse la liste des tache de demain. D'abord, retirer du liquide pour s'acheter de nouveaux vêtements. Passer à son hôtel, peut-être prendre un bain, puis envoyer quelques CV trafiqués comme il sait si bien les faire. Il est passé devant le Lycée, plus tôt dans la journée, et ce qu'il a vu déambuler dans la court lui plait au plus haut point... Et comme par miracle, une annonce épinglée sur le portail : "recherche d'enseignant pour les cours du soir". Ne pas s'y intéresser de plus prêt relèverait de la faute professionnel... Et il faudra aussi qu'il repasse voir cette charmante bibliothécaire à la poitrine si généreuse. Celle qui ne l'avait pas lâchée des yeux de toute sa visite, et qui avait rougie comme une tomate lorsqu'il lui avait adressé la parole. Appétissante, et pleine de promesses...
Dans les profondeurs de son esprit, cette pensée fait écho, et réveille son désir. Cette bibliothécaire est certainement une bonne proie, mais pourquoi remettre à demain ce qu'il peut faire dès ce soir?
Un éclaire de pure vice passe dans ses yeux, lorsqu'il se redresse et laisse son regard parcourir la rame. Il détail, étiquette discrètement tous les spécimens féminins. Une demi douzaine d'étudiantes, la plupart parée et maquillées pour une sortie au karaoke. Une jeune femme avec un grain de beauté dans le cou, qui murmure quelque chose à l'oreille de son mari. Il la considère quelques secondes, en réprimant un rictus vicieux. Souvenir de Tokyo, une rame similaire... il avait poussé un mari sur le quai juste avant que les portes ne se referment, et avait baratiné sa femme en moins de deux arrêts. C'est un salaud, il a couché avec ma sœur et il l'a laissé tomber comme une vieille chaussette... Un porc lubrique, un infidèle sans cœur. venez donc boire un verre que je vous raconte en détail, et voyons quel moyen nous trouverons pour soigner votre tristesse...
Il continue son inspection. Gothopouf standard, ménagère aux yeux caves, serrant la main d'un mioche insupportable, femme d'affaire en tailleur, qui espère que personne ne la remarquera s'admirer dans la glace... Puis son regard s'arrête. Il vient de croiser celui de la jeune fille prêt de la porte. Un contact bref, aussitôt rompu, mais qui lui laissant un arrière goût étrange... Avec un nouvel intérêt, il l'examine de la tête aux pieds. Une beauté négligée comme il les adore, avec de jolis yeux et des jambes interminables... Elle a l'air perdue dans son propre esprit, et murmure ce qui ressemble à une sorte de chanson. A son grand regret, la mastication et le bruit du métro l'empêchent d'en entendre davantage. Soudain prit d'une réserve vaniteuse, il la quitte des yeux et reprends son inspection depuis le début. Érogène Jones l'a déjà choisie, une part de lui le sait parfaitement. Mais quel genre de prédateur serait-il s'il laissait le charme de cette femme prendre le dessus sur ses propres décisions? Lorsqu'il est revenu à la jeune fille, elle s'est assise, ses lèvres toujours en mouvement. Toujours la plus intrigante, toujours la plus désirable. Une touche d'originalité qui le fait saliver d'avance. C'est donc sereinement, froidement comme il se doit, que le grand chasseur la nomme victime de la soirée. Mesdames et messieurs, la séance est levée. L'accusée est condamnée l'unanimité à un gouffre de délices, et ce avant le lever du soleil. J'ai dit!
Il se décroise les jambes, et se place sous son meilleur profil. A travers ses mèches de cheveux sombre, il se met à la toiser d'un œil fixe, un œil dans lequel il allume une petite flamme. Tout dans son attitude signifie : Il n'est pas d'ici, il n'est pas des notres. Il est trop parfait. Il appartient à cette espèce supérieur qui peut avoir tout et tout le monde, mais n'a besoin de rien ni personne.
Tout un art, de faire passer tout ça dans un seul regard. Un art qu'il maitrise à la perfection.
Patiemment, Erogène Jones attend qu'elle le remarque à nouveau.
[HJ : Ca t'embête pas trop que j'écrive au présent? Je peux changer si tu préfère
]
[Edit HJ : J'ai tendance à grandement varier la longueur de mes posts, donc surtout ne te sens pas obliger de calquer le nombre de lignes ^^]