Prologue [PV]

Elle se sentait trépasser, presque mourir, quand ses longs doigts fins se glissèrent le long de son cou. Elle ne calculait pas vraiment la scène, et n’avait pas le courage de lui répondre pour le frapper, les faire reculer, l’empêcher de lui faire du mal. Mais aussitôt, elle comprit facilement ce qu’il avait l’intention de faire. Dépassée par les événements, la jeune fille voulut répliquer, faire stopper un instant ce bourreau qui lui faisait subir les pires plaisirs vicieux. C’était sans compter sur le destin, qui ne l’entendait pas de cette oreille.

En un éclair, elle se retrouva dans une position des plus déconcertante. Chaque parcelle de sa peau réclamait la suite, mais par pudeur, sans doute, elle voulait remuer ses bras pour lui dire d’arrêter. L’excitation était à son comble aux fin fonds de la jeune fille. Le souffle brisé, elle se laissa d’abord faire, hésitant entre encourager et faire cesser cette histoire.

Un nouveau cri passa outre ses lèvres tandis qu’elle se sentait clairement « empalée » sur le sexe de Jones. Elle se pressa contre lui, se blottissant contre sa peau  chaude et brûlante, tandis qu’elle repliait ses jambes écartées derrière le dos de Jones, comme pour ne plus le lâcher. Elle s’efforçait, toujours, de faire moins de bruit, calant son visage au niveau des clavicules de l’homme. Ses mains, auparavant pendantes, se rejoignaient maintenant contre le dos de Jones, l’agrippant du bout des doigts, l’éraflant de ses ongles fins.

Les soupirs devenaient des gémissements qui, doucement, se transformaient en cri. Bien malgré elle, qui avait une peur panique de la sentence qui lui tomberait dessus.

Il savoure cette sensation, ce plaisir, cette vague grisante de contrôle sans faille... En cet instant, il sait pourquoi il vit, pouquoi il est né. Les sons, les odeurs, la douceur sans limite du corps de la jeune fille, la chaleur de son ventre, et la douleur, jouissive, de ses ongles raclant sa peau...

Mais il prend sur lui pour retrouver le contrôle. Sa tache est loin d'être terminée, et il lui faut garder la tête aussi froide que possible. Toujours, Jones, mettez-vous bien ça dans le crane. Il repousse les vagues de son désir, et se concentre sur Cyanne. Le chasseur estime qu'il a assez joué avec son corps, et il est temps -plus que temps- qu'il la laisse s'épanouir à sa manière, contrôler son désir comme elle l'entend... Pour mieux lui faire gouter son joug lorsqu'il en aura l'occasion. Ses mains se retirent, relâchent les seins, la gorge de la jeune fille et se glissent sous ses fesses en un prise ferme, assurée. Sans qu'elle ne puisse rien y faire, il accélère le rythme de ses vas-et-viens... Il la soulève, la guide par la force de ses bras à la rencontre de ses puissants coups de rein... Il la pénètre, toujours plus profond, toujours plus fort... Avec cet élan, cette régularité aussi implacable que la force des marées. Il s'enivre de son corps, de sa chevelure... Il fait durer cet instant délicieux le plus longtemps possible. Elle est douce. Elle est comme un fétu de paille emporté par le vent. Mais déjà, il la libère. Sciemment, il lui rend peu à peu le contrôle, la relève de son emprise... Il lui donne la possibilité de se rebeller, de tout arrêter... ou de l'accompagner dans cette chevauchée vers le plaisir. Leur plaisir.

Il cherche la bouche de Cyanne, et lui coule un doux, un langoureux baisé.

Les yeux écarquillés, la bouche ouverte.

Le corps de la jeune fille recevait, accueillait les coups de reins de Jones, qui chaque fois semblait aller plus loin, plus violemment en elle, taquinant les parois de l'intimité de la jeune fille. Certes, les coups étaient violents pour elle, mais elle s'en délectait avec une douceur presque inhumaine. Elle sentait son sang couler en elle, tout comme son épiderme qui devenait plus sensible, minutes par minutes. Elle ne pouvait pas se retenir de réagir par gémissements, par cris étouffés légérement, par griffures sur son dos.

Puis il cesse de la maintenir ainsi, il cesse de la retenir, de la contrôler. Elle sentit son cœur rebondir, craintive que tout cesse brusquement, alors que tout commençait à monter en elle. Et elle accepta son baiser, encore timide cependant. Ses sens étaient obsurcit, peu clairs, elle ne savait plus réfléchir par elle-même. Elle continua de rester contre lui, bougeant de plus belle, comme pour mieux recevoir ses coups, sa bouche descendant le long de son cou, sur ses clavicules, ses joues, lui offrant milles et uns baisers papillonnants.

Tout à sa joie de la sentir répondre à ses coups de rein, il ne peut s'empêcher d'en accélérer le rythme, lui arrachant des petits cris à chaque fois que leurs corps s'entrechoquent. Il apprécie ses baisés, ses caresses et ses griffures le long de son dos. Il se repait de son odeur, de sa peau parfumée, si sensible contre son torse... Elle s'est complètement abandonnée à son propre plaisir, refoulant au fond d'elle son instinct de conservation. Aurait-il pu en être autrement?

Mais soudain, il sent les mains de Cyanne descendre le long de son dos. Caresses passionnées, chaotiques alors que le plaisir la ronge... Des doigts goures, qui s'agrippent en vain... Et effleurent la crosse du Sig Sauer. Ils tâtonnent, réalisent avec stupeur qu'il s'agit bien d'une arme à feu. Une exclamation qui se perd dans un cris... S'il ne réagit pas, il est possible qu'elle décide de tenter sa chance. Mais il sait comment l'en empêcher, comment la priver de tous ses moyens. Toi, ma belle, il est tant que tu jouisses...

Il accélère encore ses coups de boutoir, et serre de toute ses forces les fesses de la jeune fille. La force de ses bras la soulève en cadence, l'emprisonne dans son étreinte effrénée... Il n'en faut pas davantage. Déjà, ses gémissement se transforment en cris de pur jouissance, son corps, son sexe est assaillit de spasmes saccadés, de plus en plus violents. Une question de seconde, à présent. Et il a une promesse à tenir...

Avec horreur, elle sent une main puissante se refermer sur sa gorge, et serrer, serrer si fort qu'elle a le souffle coupé. Érogène Jones maitrise la technique à la perfection. Priver le cerveau d'oxygène au moment de l'orgasme. De quoi doubler, tripler son plaisir. De quoi la faire littéralement mourir de jouissance, et l'arracher aux portes du paradis dans un orgasme d'une heure au moins.

Essaye un peu de l'attraper, maintenant.

Il n'y avait pas lieu de réagir davantage en cet instant précis. Tandis que montait en elle une chaleur singulière, un sang nouveau, et que son cœur battait de manière violente, elle sentait les secousses accélérer. Elle sentait qu'elle allait venir, c'était un délice. Elle ne se souvenait pas que c'était si bon, ce genre de choses. Elle comptait savourer cet instant, ce cadeau, quand elle sentit qu'il ne comptait pas la laisser ainsi.

La promesse morbide lui revint à l'esprit.

Elle voulut crier, répliquer, le frapper, que sais-je, mais ses sens étaient chamboulés. Elle qui s'attendait à jouir en bonne et due forme, de manière conventionnelle ... Elle appuya ses poings contre le torse de Jones, essayant de la blesser, mais les coups qu'elle donnait n'étaient pas glorieux. Son corps continuait de remuer, le plaisir de monter, et elle sentit en elle la crainte d'y rester. La crainte que cet orgasme frappe si fort qu'il la tue sur le coup, et qu'elle ne puisse pas répliquer à cause de son étourdissement dû à cette main sur son cou.

- No ... on ... bégaya t'elle sourdement, partagée entre le plaisir et la peur.

Elle se mit, brusquement, à se tendre, tandis que le liquide de l'orgasme coulait légérement entre ses cuisses, en feu. Tout son corps était un brasier. Elle avait l'impression que le plaisir, qui d'habitude ne dure qu'un instant, s'éternisait cette fois en elle. Sa respiration était bloquée, et tout son corps ondulait, remuait, se tendait.

-Oh si...

La pression sur la gorge de Cyanne ne s'atténue pas. Pas le moins du monde... Est-ce que tu vois ta vie défiler devant tes yeux, petite proie sans nom? Quelle est la pensée qui traverse les brumes de ton orgasme?... Tu te dis peut-être que les livres ne finissent pas toujours bien, et que les beaux jeunes hommes ténébreux ne s'intéressent pas forcement aux princesses pour les bonnes raisons...

Contre lui, il sent le corps de Cyanne lutter pour une nouvelle bouffée d'air, pour se défaire de l'orgasme dévastateur qui la paralyse, pour avoir sa chance... Sa chance d'attraper le Sig Sauer, probablement. Seulement, petite, cela n'arrivera pas. Je suis le plus fort, et tu es vaincue. Tes coups sans force m'ont laissé de marbre. Regarde comme tes muscles ont cessé de te répondre, comme bientôt ils cesseront de remuer... Déjà, tu te laisse glisser dans les ténèbres, les ténèbres brûlantes de ta jouissance. Tu t'y perdra, fillette. Tes sens t'ont été arraché, et ton esprit s'est encore enfouit un étage plus profond. Tu n'as plus conscience de souffle, de mes bras qui te serrent, de mon membre en toi, qui poursuit cruellement son va et vient... Tu es seule, perdue dans cette fabuleuse explosion dont tu rappèlera toute ta vie. Car j'ai décidé de te laisser vivre, petite proie. Mais tu n'en sauras rien avant de reprendre conscience, et à ce moment là, je serais déjà loin.

Ses doigts se relâchent, et il laisse l'air envahir les poumons de la jeune fille. Elle est molle, absente. Comme une poupée désarticulée. Avec un luxe de précautions, Érogène Jones la soulève, et l'allonge délicatement sur le sol. Respiration régulière, pouls normal, compte tenu des circonstances... Son visage crispé de plaisir est la dernière trace de l'enfer délicieux qu'elle est en train de traverser. Il sourit, se penche, et dépose un doux baisé sur sa joue. Ce n'est qu'un rêve, petite proie. Un rêve terrible et merveilleux dont tu finira par sortir. Il ramasse le T-shirt de Cyanne et s'en sert pour la border.

Érogène Jones se relève, passe son propre T-shirt et boucle son pantalon. Son érection est intact, mais il se moque de sa propre jouissance. Ce n'est pas de cette manière qu'il assouvit ses pulsions ; le corps immobile de Cyanne peut en être témoin... De plus, la nuit ne fait que commencer. Il trouvera bien une autre victime pour lui accorder ce petit bonus. Déjà, il se met à siffloter.

La porte s'ouvre, laissant un faisceau de lumière crever l'obscurité. Silhouette de sa proie sur le sol, à laquelle il jette un dernier regard amusé avant de la refermer.

Une fois dans le couloir du métro, il se mêle à un groupe qui se dirige vers la sortie. Érogène Jones, prédateur conquérant, les cheveux encore en bataille, et sur sa peau l'odeur d'une victime. Bientôt celle d'une autre. Et pourquoi pas cette femme à l'écharpe bleu, qui se dandine quelques pas devant lui?

-J'ai deux amours, mon pays et Paris...

Le réveil ne fut pas accompagné d'une gueule de bois. Mais ses membres, elle le sentait, étaient ankylosés. Son coeur, son corps, mêmes ses pensées semblaient être courbaturées.

A tâtons, elle chercha son téléphone portable. Il s'éclaira, doucement, gracieusement, lui permettant d'analyser le lieu. Elle poussa un long soupir en le voyant, cet endroit, en ce voyant, dans cet endroit, dans cette tenue, dans cette position. De manière peu agile, elle se leva, et passa sa main sur son front. Epuisée. Elle se sentait épuisée.
Comme si tout son être venait de recevoir une décharge inimaginable de plaisir. Son corps en était encore, d'ailleurs, émoustillé ... Elle toussa, comme pour vérifier si elle était encore vivante, et passa sa main sur son cou, rougit par l'étranglement. Reprendre l'air pur, la vie habituelle, allait être plus compliqué que prévu ... Elle passa, à nouveau, sa main sur son front, et attrapa du bout des doigts ses vêtements.
Et les enfila un à un.
Puis sortie, sur la pointe des pieds.

Elle mit son téléphone dans sa poche, avec, dans son esprit, ancré à jamais, le visage de ce garçon. Le recroiserait-elle ? Elle l'espérait. Ou pas. Elle demanda une cigarette à quelqu'un, qui accepta avec un sourire, et savoura le tabac nuisible qui envahissait ses poumons. Si elle s'y mettait, il était possible qu'elle le retrouve ... Elle était assez habile pour cela ... Avec un sourire, elle accetpa cette idée, et reprit sa route. Il faisait jour. Elle avait dormie, toute la nuit, nue, dans cet endroit ... Cela l'amusa presque.