Les lèvres abusées de la sorcières s’étirèrent en un rictus amusé alors qu’elle lui offre son regard le plus pervers à la mention d’être traitée comme elle le mérite. Elle l’observe un instant alors qu’il va chercher l’orbe délivrée par l’artefact, le dévorant de ses prunelles sombres comme si elle n’avait pas déjà été assez malmenée. Comme si son corps n’était pas déjà à deux doigts de décider d’hiberner pour récupérer.
Elle accepta sa main tendue, et l’aida comme elle le pouvait pour la hisser en station debout. Ses jambes la portèrent, mais sans grande conviction. Un rire bas lui échappe et elle lui rétorque aussitôt :
« Et tu es diablement plus séduisant ainsi luisant de mon plaisir, Sugar. »
Debout, tenant de justesse sur ses pieds, la brune tente de mobiliser un peu de sa magie pour les nettoyer sommairement. Mais elle doit être à court de jus. Ses sourcils se froncèrent. Elle n’aimait pas être ainsi privée de sa magie, mais le rituel avait dû tout consommer pour produire l’orbe. Elle accepte donc la veste que le colosse pose sur ses épaules, se retrouvant presque éclipsée par le vêtement qui lui donne l’air menue et fragile. Elle réprime un bâillement alors que les portes en pierre de la grotte s’ouvrent de nouveau.
Céleste prête à peine attention aux réactions des gardes et du scientifique qui les attendent dehors. Rien que mettre un pas devant l’autre demande un effort colossal. Aussi, quand elle remarque que les hommes de Randal ont installé leurs campement devant -ne sachant combien de temps leur patron resterait coincé à l’intérieur de la grotte-, la brune tourne un regard déjà voilé de sommeil vers son amant.
« Je vais probablement profiter un peu plus de ton hospitalité, Sugar. Très clairement, je doute déjà d’arriver jusqu’à cette tente. Alors retourner chez moi… »
Elle n’a pas l’habitude d’admettre ses faiblesses. Le mafieux doit le savoir, à force de la fréquenter. Alors l’entendre avouer à quel point elle est éreintée devrait lui indiquer que La sorcière lui fait confiance. Totalement, irrévocablement. Comme si effectuer ce petit rituel avait achevé de nouer ce lien tissé entre eux au fil des ans.
Titubant, claudicant, la pratiquante vaudou ignore les regards sur sa démarche de femme soigneusement démontée avec amour -luxure, stupre- et s’agrippe au bras du colosse pour chanceler jusqu’à la tente. Elle tomba plus qu’elle ne se pencha pour repousser la porte en toile, et elle finit par ramper jusqu’au matelas. La veste de l’homme finit par terre juste à côté. Mobilisant ses dernières forces conscientes, Céleste lève les yeux vers Randal.
« Je squatte ça juste le temps de récupérer, et je file ensuite, promet-elle. »
Puis, ses yeux se ferment. Sa tête se relâche contre les oreillers. Encore souillée, elle s’installe confortablement dans ce lit de voyage, grommelant faiblement jusqu’à tant qu’elle trouve une position confortable. Mais déjà, son cerveau est éteint et elle commence à récupérer. Si le mafieux la rejoint pour une sieste, elle se lovera contre son corps musculeux tel un chaton s’appropriant un coussin. Son souffle chaud s’écrasera contre la peau du colosse et elle lui paraîtra presque innocente ainsi vulnérable.
Et quand ses forces seront revenues, quand sa magie se sera régénérée, la brune se lèvera. Elle posera ses lèvres avec douceur contre celle de Randal avant de murmurer un mot et de les nettoyer tous les deux des fluides séchés qui commenceraient à faire des paillettes contre leur peau nue ou leurs cheveux. Puis elle s’esquivera en silence, sur la pointe des pieds. Elle sortira de la tente avec délicatesse, et aura la tête haute en passant devant les mercenaires montant la garde, aussi nue qu’au moment de sa naissance. Elle leur décochera un sourire aguicheur alors même que sa démarche était encore mal assurée, son corps se souvenant de la puissance avec laquelle le colosse l’avait délicieusement ruinée. Et finalement, elle ouvrirait son portail, l’orbe toujours protégée par la chemise de Dragunov -et qu’elle ne lui rendrait probablement jamais- avant de le franchir et de disparaître. Comme si elle n’avait jamais été là.
Si le mafieux ne la rejoint pas pour une sieste, elle l'embrassera goulûment avant de sortir de la tente de la même manière que s'il l'avait fait.