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De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

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Anakha Baley

Créature

Merde merde Merde !

Le sol vibrait.
Pas à cause du vent ou de la pluie — non. C’était la cadence lourde d’une chose énorme, bien trop proche.

Un coup d’œil en arrière lui suffit pour graver l’image dans son esprit :
Quatre mètres au garrot, cuirasse d’écailles sombres, six pattes puissantes labourant la terre, soulevant des mottes de boue à chaque impact. Une tête effilée, faite pour frapper, encadrée par deux cornes recourbées vers l’avant comme des crocs inversés, prêtes à l’encercler. Des ailes membraneuses, lourdes, battaient paresseusement, projetant feuilles et poussière à chaque mouvement.

Ah, la Sale…

Le rire léger au bord du lac lui revint en mémoire. L’éclat amusé, la phrase innocente — “Bonne chance !” — et cette silhouette qui s’éloignait sans se retourner. Juste assez pour que la colère monte… mais pas assez pour lui faire oublier qu’une masse d’écailles était en train de défoncer la forêt derrière lui.

Les arbres éclataient comme du bois sec. Chaque impact résonnait jusque dans sa cage thoracique. À gauche, un tronc fendu net. À droite, un autre arraché de ses racines.
Des branches basses lui fouettaient le visage, les ronces giflaient ses flancs, mais l’uniforme noir tekhan, usé par des campagnes qu’il préférait oublier, encaissait encore. La veste entrouverte claquait à chaque foulée, sans freiner ses mouvements. Il ne suffirait pas à le protéger d'un nouveau coup de cette masse de muscle, d'écailles et de cornes

Il pensa un instant à se retourner, à faire face. Mauvaise idée. On n’affronte pas ça de front sans être suicidaire. Il lui faudrait un angle… un obstacle… quelque chose.

Derrière lui, la respiration de la bête se fit plus forte. Pas haletante : profonde, régulière, presque tranquille. Comme un chasseur qui sait déjà que la proie ne lui échappera pas. Un souffle chaud, saturé d’odeur métallique et de chair, se mêlait à l’humidité de la forêt.

Anakha accéléra, sentant le goût du sang dans sa bouche. Les vibrations se rapprochaient.

Puis la racine traîtresse.
Le monde bascula. Rouler, amortir, se redresser… trop tard.

Dos contre un arbre, souffle court.

Et la bête arrivait.
L’espace se remplit du martèlement furieux de ses six pattes. Les cornes baissées visaient sa poitrine. Les ailes claquèrent, non pour voler, mais pour stabiliser la trajectoire. Le choc était déjà là, à moins d’un battement de cœur.

… Et merde.

Deirdre

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 1 mercredi 13 août 2025, 12:32:53

Deirdre écarquille les yeux et cherche à se souvenir. Là... Non. Ce n'est pas cela. Elle venait de donner un ordre à cinq de ses meilleurs mercenaires afin d'évaluer la situation aux frontières du territoire démoniaque car les humains lui avaient fait parvenir une missive inquiétante. Une de ses Mains d'Argent était en mission longue et le second, le plus fonceur mais aussi le plus protecteur lui avait malicieusement dit qu'il refusait de diriger l'équipe. Puis vint l'espèce de brume noire épaisse qui sépara la commandante des siens. La jeune femme eu juste le temps de s'assurer d'être en possession de prendre sa besace de voyage contenant sa tenue de rechange. Rien d'autre. La sang mêlé se réveilla bien dans une forêt, mais une forêt qui ne ressemble pas à la sienne.

Observation. Une forêt plus ou moins inhospitalière pour qui n'est pas habitué ou qui ne sait pas se défendre. Toutefois, vu la senteur qui s'en dégage, la plupart de ces arbres viennent d'être coupés. Un instant ! C'est pire que cela ! Ces donneurs d'oxygène et de purification ont été comme arrachés. Quelque chose de gros. Non pitié ! Pas cela ! Faites que ce ne soit pas un dévoreur de magie ! Pas cette bête démoniaque quasi impossible à abattre. Pourvu qu'il n'y ait pas de victimes ! Allons ! Il faut se reprendre ! Il n'y a qu'une façon de le savoir. Suivre les traces et intervenir en cas de besoin. Elle n'a pas le choix. L'ange-fée a juré sur son sang de toujours défendre quiconque en a besoin. Comme elle ne sait pas où elle se trouve, il lui faut mieux d'absorber ses ailes, de se faire passer pour une humaine tant qu'elle n'est pas en confiance, et capuche de sa cape bien enfoncée sur sa tête pour ne pas dévoiler la couleur de ses cheveux qui pourraient ne pas paraître "normal". Par réflexe, la supérieure tâte ses hanches pour s'assurer de la présence de ses lames. La voilà qui perd l'équilibre. Ca vibre fort. Que faire ? User de ses ailes ou d'y aller en courant ? Non, la sécurité avant tout car si la jeune femme se met en danger avant d'être sur les lieux, elle sera dans l'incapacité d'apporter son aide. Donc autant y aller en courant tout en faisant attention au terrain accidenté.

Le bruit sourd d'une chasse presque trop tranquille. Cela lui rappelle lorsqu'il y eu un lycan en pleine rage chassant un démon. Un chat jouant avec une souris. Ce n'est absolument pas le moment de se rappeler de tout cela. Il se peut que quelqu'un soit en danger. Oh ! De la boue, de la poussière et des feuilles juste devant elle ! Deirdre n'est pas loin. Elle le sait, le sent. Il y aurait un élémental d'air avec la grosse bestiole ? Ou est-ce la bestiole elle-même ? Non. Ce n'est que la deuxième option. L'hybride court de plus en plus vite presque à en perdre haleine, tout en dégainant ses lames. Ca y est ! La semi ange la voit, La Bête ! Elle est prête à charger, et ce n'est pas sur un arbre. Plus de temps à perdre ! La combattante fait une dernière accélération puis se laisse glisser entre les deux protagonistes de l'affaire. Dei' se redresse à moitié. Un genou au sol, un plié. Charybde et Scylla croisées au-dessus de sa tête.

"TU ne passeras pas ! TU as assez fait de mal comme ça !" *sort la commandante en essayant de faire léviter son adversaire. Echec critique, l'animal est trop lourd et pourvu d'ailes.*

"Abritez-vous vite si possible !" *dit-elle à la victime sans se retourner, gardant un œil sur la bestiole.*

Contre cet adversaire imposant, pas d'autre choix que d'utiliser son sort de dévastation. Sa tornade, histoire d'éloigner l'animal d'eux. Alors celle qui se fait passer pour une humaine lève la tête et regarde le ciel puis murmure dans une langue qui n'est connu que d'elle. Ou presque.

"Accrochez-vous !" *prévient-elle rapidement. Pile au moment où la tornade arrive. Tentant de décrocher La Bête.*

Il est vrai que pour le moment la fausse humaine ne se préoccupa pas spécialement de la victime, mais la jeune femme n'a qu'une chose en tête. La sauver coûte que coûte. La Bête commençant enfin à décoller, Deirdre se redresse et fonce sous elle afin d'entailler en croix l'épaisse peau de son adversaire, et ce avant que la tornade ne se dissipe, puis s'écarte vivement pour laisser retomber l'animal. La commandante se met en garde dite "cavalier", attendant la prochaine charge de l'ennemi.
« Modifié: mercredi 13 août 2025, 13:55:37 par Deirdre »

Anakha Baley

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 2 mercredi 13 août 2025, 23:49:36

… Merde.
Tout alla très vite. Trop vite pour réfléchir, mais pas assez pour que les sensations se diluent.
Le sol se cabra sous lui.  il glissa sur le côté, se jetant hors de la trajectoire de la bête. Affalé comme il l'était,ce n'était pas chose facile. Un craquement brutal, comme si la terre avait décidé de l’expulser. Son bras gauche prit l’essentiel de la charge. La masse qui le heurta avait la densité d’un bloc de pierre lancé à pleine vitesse. L’os éclata dans un bruit humide, une chaleur poisseuse se répandit le long de son flanc. Pas une douleur qui brise, une douleur qui informe. La limite était claire. Intégrée. Il continuait.

La voix fendit le tumulte. Un ordre clair, net, précis, qui traversa la violence ambiante. Il leva les yeux, et la vit.
Silhouette gainée de noir et de cuir, cape relevée par un vent étranger à ce monde, deux lames jumelles dressées comme un avertissement. La posture parlait d’habitude, de contrôle, compacte, centrée sur elle-même, mais prête à éclater dans toutes les directions. L’air autour d’elle avait une densité inhabituelle, comme si la tempête naissait en elle.
Et, sans qu’il le décide, son regard effleura la mécanique de son corps : ossature fine mais ferme, équilibre dans chaque geste, éclat d’un regard clair et calculateur. Ses instincts souterrains réagirent. Pon…
Pas. Le. Moment.

Accrochez-vous !
Il n’eut qu’une seconde pour obéir. Sa main valide claqua contre l’écorce de l'arbre le plus proche, doigts enfoncés dans le bois humide. La tornade explosa. Pas un vent normal — un mur d’air compact, palpable, hurlant, qui chercha à l’arracher de là. Les fibres du bois gémirent sous ses doigts.
Un humain normal, d'un poids normal, aurait été balayé net. Mais lui… dense comme un morceau de métal, ses muscles encaissaient. Le vent cinglait sa peau, tirait sur sa veste, fouettait ses cheveux. Chaque inspiration goûtait la boue humide, la sève fendue, et ce métal salé qu’il connaissait trop bien : du sang.

Le hurlement du vent couvrit presque celui de la bête. Il la sentit se débattre, ses six pattes cherchant prise sur un sol labouré par sa propre course. Les ailes lourdes battaient à contre, brassant l’air pour contrer la force qui la soulevait. Elle n’était pas conçue pour voler — seulement pour stabiliser ses charges.

Puis la pression céda. Juste assez pour qu’il lâche.
Le courant l’attrapa, pas vers le vide, mais vers sa cible. Ses bottes frappèrent une écaille noire comme de l’obsidienne humide, et son corps suivit. Dans un craquement sec, l’os vivant se réorganisa sous sa peau : des lames blanchâtres jaillirent du côté extérieur de ses avant-bras, courbes comme des croissants inversés, affûtées à en découper l'air même. Ses mains restaient libres, doigts prêts à se refermer sur une prise.
Un frisson de puissance remonta sa colonne. Il s’écrasa sur le dos de la créature, s’y ancra comme une épine vivante.

Il frappa. Des coups brefs, latéraux, cherchant les articulations, les zones où l’armure d’écailles se chevauchait mal. Chaque impact faisait jaillir une pluie de sang sombre, épais, chaud. La créature hurla, le dos se voûtant dans une vague de muscles sous ses pieds.
Un premier tressaut violent le souleva presque. Il se plaqua à plat ventre, la joue contre une écaille humide, les doigts crochés dans un interstice. Un deuxième soubresaut secoua tout son corps, comme si elle voulait le briser par la seule force de son roulis.

Elle bondit sur le côté, heurta un arbre, l’écorce éclata sous le choc, mais il resta agrippé. Sa main droite, libre, se referma sur une crête osseuse, pendant que la lame de l’avant-bras gauche labourait encore. Le sang rendait tout glissant, poisseux, et la puanteur métallique lui emplissait les narines.
Pour un instant, il crut qu’elle pliait. Mais la masse sous lui n’avait rien d’un fauve à abattre vite. C’était un bastion sur pattes.

Elle s’ébroua. Pas un simple frisson — une onde qui le fit décoller d’une poignée de centimètres, ses pieds quittant les écailles avant de retomber lourdement. Les ailes battirent juste assez pour alimenter le mouvement, brassant l’air dans un souffle qui coupa le sien.

Et alors, elle le sentit encore. La résistance sur son dos.
Ses yeux fendus se levèrent vers Deirdre. Pas de peur. Pas même de haine. Une attention fixe, pesante, presque évaluatrice. Comme si, au milieu de sa rage, elle avait identifié celle qui comptait vraiment.
Le grondement qui suivit vibra jusque dans les côtes d’Anakha. Les six pattes martelèrent à nouveau le sol, dessinant un nouvel axe d’attaque. Cette fois, la prochaine charge ne viserait pas l’intrus accroché à son dos.

Il faut l’aveugler ! Distrait-le !

Il n’était pas certain que ses mots franchissent le tumulte… et pourtant, ils s’insinuèrent dans l’esprit de Deirdre, clairs, impérieux, comme s’il les lui avait annoncé dans le calme d'un salon de thé. Sans qu’il en ait conscience, la pensée avait franchi l’espace autrement que par la voix.

Sous lui, la bête se cabra violemment, secouant la tête, ses six pattes labourant la terre dans un chaos de projections. Les ailes battirent, non pour prendre l’air, mais pour la stabiliser dans ses contorsions. Anakha se plaqua contre elle, cherchant à progresser vers l’avant malgré les secousses.

La tornade dissipée, l’animal s’ébroua avec rage, secouant feuilles et poussière. Ses yeux reptiliens se tournèrent vers Deirdre, l’éclat de menace plus vif que jamais, comme si l’ange-fée venait de signer son arrêt de mort.

Deirdre

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 3 jeudi 14 août 2025, 13:17:44

Dans le tumulte de sa tempête, l'élémentale cru entendre un craquement d'os. *Et merde !* pensa-t-elle sans relâcher son attention sur elle. Cela ne vient pas d'elle, c'est sûr. Cela vient de la personne pour qui elle intervient. Ce n'était pas prévu. Là d'où elle vient, les siens ont un peu plus de temps en terme de secondes pour se mettre à l'abri. Ici, c'est différend. Tout va vite. Très vite. Tant pis ! La jeune femme est tout de même capable de rapidement s'adapter également.

La Bête fait minimum le double de sa taille et la tempête de la commandante sans mercenaires est encore active. Pour preuve, quelque chose vient de passer au-dessus d'elle. Son ou sa protégé(e) du moment à n'en pas douter ! A entendre les bruits, il/elle se retrouve sur l'animal et a l'air de se défendre. *Oh non ! Pas cela !* La sang-mêlé doit se reprendre ! Heureusement qu'elle ne s'apitoie pas sur son sort. Ce n'est absolument pas une simulation ni un rêve. C'est un cauchemar bien éveillé. Mais ça, ça la connaît également. Quoique fasse l'étrangère, sa tempête la suivra. Ce serait tellement plus facile si l'adversaire était un démon. Ce serait vite plié. Deirdre allait courir vers le torse de La Bête pour seconder son binôme du moment mais ce n'est pas possible car devancée, empêchée par une giclée de sang sombre lui frôlant le visage. L'odeur lui confirme que ce n'est pas un démon. Non elle ne glissera pas !

L'étrangère peut user de sa sorte de télékinésie afin de retirer l'individu du dos de la bestiole et le déposer en sécurité un peu plus loin à condition que ce soit dans son champ de vision.

Il faut l’aveugler ! Distrait-le !

Son idée d'intervention est interrompue par un ordre qu'elle prend plutôt pour une demande. Il n'y a qu'une seule façon de détourner l'attention de cet animal. De la lumière dans les yeux. *Soupir* La jeune femme va devoir dévoiler sa véritable nature et être vue comme une curieuse bipède. Sur son monde cela ne la dérangeait pas. Ici c'est un peu différent. *Très cher animal, ton monde brutal s'arrête ici !* pense la jeune femme en arrêtant sa tempête, rabaissant sa capuche dévoilant ses longs cheveux bleus, retirant calmement la fibule de sa cape la laissant tomber au sol dans le sang. Tant pis, la jeune femme trouvera bien un point d'eau plus tard pour la laver.

Ce qui est bien dans un sens, c'est que les arbres détruits permettent d'avoir une vue dégagée sur le ciel. Tranquillement ses ailes sortent du dos de Deirdre et se déploient au maximum. La lumière de la voûte céleste se reflète sur ses plumes cristallines. Si cela n'est pas la meilleure des distractions afin d'aveugler l'adversaire, alors l'hybride ne mérite pas son rang. La semi-ange dirige la lumière vers les yeux de La Bête, ignorant si le binôme l'est aussi. La combattante, sans replier ses appendices plumés, fonce d'un coup vers l'animal, Charybde et Scylla toujours en main. Dans un saut pour atteindre la tête, la jeune femme plante ses wakizashis dans les yeux de l'adversaire sans aucune compassion avant de retirer vivement ses lames. Puis une deuxième fois. Juste avant que ses pieds ne rejoignent le sol. La pratiquante du bushido sait que ses lames ne sont normalement pas faites pour cela, mais si on prend la peine d'y réfléchir une seconde, c'était pour défendre un être.

"Que ton monde soit apaisé et ton esprit soulagé de rejoindre les tiens !"  *fait la jeune femme en serrant les dents, ne sentant que maintenant le contre-coup de son atterrissage après avoir planté ses armes dans les globes oculaires.*

Malgré la légère douleur de sa cheville, Deirdre se met en garde basse sans desserrer les dents à cause du hurlement soudain du blessé écaillé. Elle sait que l'animal n'a pas encore rendu son dernier souffle, à moins que justement il ne soit en train de le faire. Néanmoins, la sang mêlé espère que tout va bien pour l'humanoïde.

Anakha Baley

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 4 vendredi 15 août 2025, 03:17:45

La lumière éclata dans son champ de vision, presque douloureuse.
Pas la lumière crue d’un éclair ; celle-ci avait du poids, une texture. Elle se brisait et se recomposait sur des ailes déployées comme des armes, chaque plume cristalline jetant un éclat qui aveuglait autant la bête que lui. Un instant, il resta suspendu à cette image, le vent accrochant sa cape et le sang dans l’air jouant comme un filtre rouge sur la scène.

Puis le rugissement de la créature le ramena.
Aveugle. Blessée. Mais pas domptée.

Il n’hésita pas.
Les muscles de ses cuisses protestèrent quand il remonta le long de son dos, muscles tendus, chaque bond accompagné du grondement sourd de la bête, le corps penché, les bottes cherchant l’adhérence sur l’armure d’écailles glissantes. Ses lames d'avant-bras jaillirent dans un craquement intime, familier, un mélange de soulagement et de tension, se plantant dans la chair du cou de la créature. Il les sentait comme un prolongement nerveux, prêtes à trancher.
Il glissa, équilibre précaire, jusqu’à sentir la lourde vibration du souffle chaud dans la gorge de l'énorme créature. La jointure sous la mâchoire. L’endroit où la carapace cédait à la chair.

Il frappa.
Deux fois.
Un choc sourd, la résistance tendineuse, puis la cession brutale. Le sang gicla, chaud, visqueux, poisseux sur sa joue et son cou. Le hurlement qui suivit vibra jusque dans sa cage thoracique, interrompu par un gargouillis, la gorge se noyait dans son propre sang.

Il vit le mouvement presque trop tard.
Le flanc qui se jette pour l’écraser, l’instinct qui hurle de bouger. Il se laissa tomber, roula sur l’épaule valide, sentit le souffle massif passer à quelques centimètres, tandis que la créature tentait à son tour de lui rouler dessus. La boue gicla sous l’impact, lui projetant des éclats jusqu’aux dents.

Debout. Respirer.
La bête, désormais, pissait le sang par la gorge. Pas assez vite pour s’écrouler, mais suffisamment pour que le temps joue en leur faveur.

Alors il recula, élargissant la distance, poisseux de sang et de boue. Ses yeux cherchaient les signes : l’aile gauche battait moins fort, le corps oscillait, mais les naseaux s’ouvraient grands, happant l’air comme pour y lire un chemin.
Le moment où la bête la capta fut tangible. L’odeur, peut-être. Ou ce froissement d’ailes. Ou le chant métallique de ses lames encore humides. Quoi qu’il en soit, la cible était choisie. Une bascule imperceptible dans son corps. Le souffle retenu. La tension avant le bond.
Elle fonçait sur la fragile petite fée qui l'avait si gravement blessée.

Le sol vibrait. Chaque foulée envoyait des ondes jusqu’à ses mollets. Anakha jura, déjà en mouvement, courant en parallèle de la trajectoire. Ses bottes s’enfonçaient, chaque pas exigeant plus que ce que ses muscles voulaient donner. Mais il savait où viser.

Il bondit.
Sa main valide crocheta la base de l’aile gauche, le cuir vivant sous ses doigts, tendu, rugueux. Le cri qui suivit lui éclata presque dans l’oreille. La lame de son avant-bras remonta dans un arc net, sectionnant fibres et tendons dans un craquement humide.
La membrane se tendit, puis se déchira par pans irréguliers.

La bête vrilla de douleur, mais l’élan était là.
Anakha sentit ses bottes quitter le sol, emporté dans le mouvement. Ses doigts brûlaient sur leur prise, la traction menaçait de lui déboîter l’épaule. Chaque battement d’aile tirait sur ses muscles comme une corde de torture.

Il tira encore, lacéra, cherchant la torsion. Il voulait quelques degrés, juste assez pour briser la ligne de charge. Pour que la créature venue à son secours ait cet espace vital.
La douleur dans ses bras se mélangeait à l’adrénaline brute, à ce frisson qui lui montait le long de l’échine. Un mélange de calcul et d’instinct animal. Il ne pensait plus à tuer, juste à détourner, protéger, gagner deux secondes de plus.

Il ne savait pas si ça suffirait.
Mais il ne lâcha pas.

Deirdre

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 5 vendredi 15 août 2025, 12:59:45

La voix entendue plus tôt, pressante et brève comme un coup de lame, était bien celle d’un homme. L’ange-fée en a désormais la certitude. Elle n’a jamais été douée pour jauger les tailles ; la plupart des mercenaires la dominaient de plusieurs têtes, rares étaient ceux qui pouvaient la regarder d’égal à égal. Pourtant, de ce qu’elle aperçoit dans la mêlée, lui et elle partagent le même regard : un éclat d’azur qui ne vacille pas face au tumulte.

Ses gestes sont précis mais alourdis par la blessure ; on devine le guerrier dans son sang, mais on sent la faille dans sa chair. Deirdre le voit, le sent : sous ses ailes diaphanes, frémissantes comme l’aube sur une mer encore sombre, veille une forteresse meurtrie. Elle pourrait s’offusquer de cette ombre protectrice, mais l’heure n’est pas aux états d’âme : il faut frapper. Vite. Laver le sang et la boue viendra plus tard.

L’animal fond sur elle, masse d’instinct et de rage. La haute gradée brise sa garde pour essuyer ses lames d’un geste sec, puis se prépare à charger.

"NON !" *lâche-t-elle par réflexe, en voyant son compagnon d’armes improvisé se jeter dans une manœuvre insensée.*

Se sacrifie-t-il ? Cherche-t-il à lui offrir l’espace vital pour frapper ? Ou bien est-il, comme elle, incapable de laisser une tâche inachevée ? L’impression d’un adieu lui vrille l’âme. Refusant cet écho funeste, la demi-fée s’élance, ignorant la douleur à sa cheville et l’irrégularité du sol. Dans un battement rageur, elle prend son envol pour se placer à la hauteur de l’aile de la Bête, saisit le jeune homme et le projette avec bienveillance cinq mètres plus loin grâce à sa volonté de fer et à sa télékinésie.

"Je prends le relais. Vous avez assez donné !" *dit-elle d’une voix où l’autorité danse avec la douceur.*

Elle ne lui laisse pas le choix. Puis, dans le même élan, se glisse derrière l’aile monstrueuse et enfonce Charybde et Scylla dans la jonction où l’aile rejoint le dos — ce point faible universel de toute créature ailée. La Bête hurle : un cri rauque, fendu de douleur, qui lacère l’air et fait chanter ses tympans d’un sifflement continu. L’odeur métallique du sang se mêle au souffle glacé qu’elle invoque, sa brise cinglante s’engouffrant dans la gorge béante du monstre pour trouver son cœur. Elle frappe alors la dernière entaille : celle qui ne laisse pas de répit.

L’ennemi s’effondre sur son flanc lacéré. Deirdre retire ses lames, absorbe ses ailes dans un éclat de lumière et roule au sol, évitant de justesse le corps inerte. Ses pieds effleurent presque la carcasse encore tiède.

Anakha Baley

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 6 samedi 16 août 2025, 12:28:19


La carcasse encore frémissante de la Bête exhalait une chaleur lourde, saturée de sang et de poussière. Les nerfs claquaient par à-coups dans ses pattes, comme si elle refusait encore d’admettre sa chute. Projeté au sol pendant que l'être féérique gérait seul le mastodonte, Anakha resta planté là quelques instants, haletant, le bras gauche pendu contre son flanc, réduit à une masse informe qui battait douloureusement au rythme de son pouls. La douleur ne criait pas. Elle informait. Elle lui répétait, froidement, où la limite se trouvait.

Il inspira profondément, et une perception plus intime se glissa dans son esprit : les fibres de chair qui s’agitaient déjà, tentant de se ressouder, l’os qui cherchait à repousser comme une racine fracturée. Le processus était en cours. Son corps réparait. Mais pas assez vite. Pas pour ce monde. Pas pour ce combat. Sans aide, il lui faudrait des heures, peut-être même plusieurs jours, avant de retrouver l’usage complet de son bras. Trop long. Beaucoup trop long.

Il détourna enfin les yeux de la bête pour les poser sur elle.

Elle roulait encore au sol, ses lames maculées de sang sombre, ses ailes disparues dans un éclat qui laissait dans l’air comme un parfum de lumière. La cape souillée, la cheville marquée, mais debout intérieurement. Pas abattue. Pas même brisée. Juste fatiguée d’un combat trop court et trop violent. Elle l'avait géré d'une main de maître.

Il s’approcha, chaque pas crissant dans les débris d’écorce et les branches brisées. La tension dans son bras éclaté tirait tout son côté gauche vers le bas, mais il ne ralentit pas. Pas question de donner à voir une faiblesse. Pas question d’offrir ça.

Il tendit son bras valide vers elle. Si elle voulait s'en saisir, la poigne était ferme, brute, plus proche d’un arrachement que d’un soutien délicat. La tirer debout, rien de plus. Pas un geste tendre. Pas un secours enveloppé. Juste une nécessité.

Il fut tenté de dire qu'il aurait pu se débrouiller seul. Mais honnêtement, elle l'avait tiré d'un fort mauvais pas.

Et dans le même temps, son regard s’attarda.
Il n’aurait pas dû. Mais il le fit quand même.

Sous la poussière et le sang, elle était belle. Ses traits frappaient avec une netteté presque insolente, comme si le chaos autour d’eux n’avait pas le pouvoir de les altérer. Ses cheveux reflétaient encore les éclats de lumière qu’elle avait déchaînés, et son corps portait cette densité de force, cette tension contenue, qui ne pouvait appartenir qu’à une combattante.

Son ventre se serra. Pas de désir conscient, pas d’élan romantique. Simple mécanique animale. Son corps réagissait, stupide, à la présence d’une femelle forte et belle. À la chaleur qu’elle dégageait, à l’éclat de sa peau encore vibrant du combat. Ses instincts le poussaient déjà vers elle, et ça l’agaçait. Toujours la même histoire : frapper, survivre, reproduire. Comme si tout ce qu’il était ne se résumait qu’à ça.

Et pourtant… il adorait ça.
Ces instincts, cette lutte, cette ivresse brutale du combat et de la chair. Le refus de mourir, la morsure des coups, le goût métallique du sang dans sa bouche ; il en vivait autant qu’il en souffrait. Et il savait qu’il ne renoncerait jamais vraiment à ces activités, même si son corps l’exaspérait par sa simplicité animale.

Joli combat...
C'était sa façon, laconique, de montrer son appréciation de ses talents de combattante.

Son regard remonta vers elle, s’ancrant dans le sien. Pas un regard appuyé, pas une demande claire. Juste une insistance mesurée, une question contenue. Il avait vu. Les ailes, la lumière, le pouvoir qui n’appartenait pas à une simple guerrière. Et il lui faisait comprendre qu’il s’en souvenait. Qu’il voulait savoir. Mais qu'il ne poserait pas la question. Pas tout de suite. Pas maintenant.

Car lui aussi portait ses ombres. Lui aussi avait des choses à cacher. Et il n’avait aucune envie qu’elle commence à poser des questions, pas alors qu’il savait qu’il ne pourrait pas en donner les réponses.

Alors il resta là, main tendue, regard accroché au sien. À elle de décider si elle voulait la saisir.
Mais son regard, lui, avait déjà parlé.

Deirdre

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 7 samedi 16 août 2025, 15:08:34

Deirdre demeure quelques instants immobile, son souffle heurté battant encore contre sa poitrine. Devant elle, la main tendue du jeune homme paraît plus un ordre qu’une offre. Poigne brute, dépourvue de douceur, mais solide comme la roche — et elle sait que c’est là une main de guerrier, forgée pour se battre, non pour caresser.

Elle hésite, non par fierté, mais parce qu’accepter revient à reconnaître qu’elle n’est pas seule dans cette lutte. Pourtant, après avoir rangé ses lames contre ses hanches, elle finit par saisir cette poigne, aussi fermement que lui. L’élan la redresse, et, dans ses yeux, brille un éclat mêlé d’épuisement et de défi.

Vous vous êtes bien battu.” *dit-elle, sa voix rauque encore marquée par le combat.* “Je pense que peu d’hommes auraient tenu face à La Bête.” *sort la sang mêlé tout en retirant sa main de celle de l’inconnu.*

Ses prunelles glissent sur lui, détaillant son épaule brisée, la tension dans ses traits, cette manière obstinée de défier la douleur plutôt que de la subir. Et malgré elle, son regard s’attarde un peu trop longtemps. La demi-ange veut croire que c’est seulement parce qu’il a combattu avec force et courage. Mais au fond d’elle, quelque chose d’autre vibre, une chaleur sourde qui ne ressemble ni à la fierté ni à la simple reconnaissance.

La combattante détourne un instant les yeux, comme pour se protéger d’elle-même, puis ajoute, plus bas :
Mais votre bras… Ne jouez pas trop avec vos limites. Même les plus forts tombent, s’ils s’acharnent à ignorer leurs blessures. J’en sais assez dessus.

Un silence s’installe, lourd mais pas hostile. Deirdre se surprend à soutenir de nouveau son regard. Dans ses yeux, l’hybride  perçoit une ombre, une question qu’il n’oserait pas poser, et sut qu’il avait vu ce qu’elle tente de cacher : ses ailes, sa lumière. Elle ne cille pas. Mais, au creux de son ventre, quelque chose de confus se serre. Est-ce l’écho du combat partagé… ou autre chose ? Elle-même ne saurait le dire.

Deirdre, Commandante de mercenaires. A votre service.” *se présente-t-elle tout en hésitant à répondre à la question muette du regard du jeune homme.*

L’hybride n’a que quelques pas à faire pour reprendre sa cape laissée au sol. C’est un peu douloureux mais cela partira certainement plus rapidement que pour celui qu’elle avait voulu protéger. La jeune femme ajuste sa cape sur ses épaules et laisse son regard glisser sur l’horizon, sur la Bête désormais immobile. Pas de mots doux, pas de gestes tendres. Juste la guerrière qu’elle est, l’ange-fée qui reprend son souffle, prête à continuer, toujours prête à se battre malgré l’épuisement.

Mais, en silence, elle note quelque chose. Un respect mutuel, une connexion fugace avec un autre qui semble porter ses propres ombres, ses propres secrets. Et pour la première fois depuis longtemps, elle ne repousse pas complètement ce frisson. Elle le range soigneusement dans un coin de son esprit, comme on conserve une arme précieuse : prête à s’en servir si nécessaire, mais jamais exposée inutilement.

Anakha Baley

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 8 lundi 18 août 2025, 16:06:49

La poigne d’Anakha, ferme et solide, arracha Deirdre du sol. Pas d’hésitation, pas de gestes vides : juste la force brute, ajustée à ce qu’il fallait pour la remettre debout.

Son regard accrocha le sien au même instant.
Des yeux clairs, traversés d’un éclat obstiné qui vibrait encore de la fureur du combat. Et il n'y lut… pas de condescendance. Pas de pitié. Un compliment. Sobre, sans emphase, mais bien réel. “Vous vous êtes bien battu.

Il eut un bref ricanement, à peine un souffle. Pas moqueur, mais teinté de cette ironie rugueuse qui lui servait de carapace. Il ne dit rien. Mais elle avait dominé le combat et, au final, l’avait mis hors de danger comme un gosse trop téméraire, plutôt que de le garder dans ses pattes.

Ses yeux se détournèrent un instant vers la carcasse, puis revinrent vers elle, plus sombres.
"J’aurais sans doute fini piétiné si vous n’aviez pas été là."

Mais votre bras… Ne jouez pas trop avec vos limites. Même les plus forts tombent, s’ils s’acharnent à ignorer leurs blessures. J’en sais assez dessus.

Il regarda son bras qui pendait encore, lourde masse douloureuse. Il inspira profondément, serra les dents, et ajouta d’une voix plus basse :
"Mon bras ... ira mieux... Même si ça prendra du temps"

Il s’aperçut alors qu’il tenait encore sa main. Il la relâcha enfin, et son regard glissa malgré lui sur ses traits. La force de ses épaules, la densité de son corps prêt à repartir, la netteté insolente de ses traits… Une belle femme. Trop belle pour que son corps reste neutre. La raideur qu’il sentait depuis la fin du combat se rappela à son bon souvenir. Toujours la même mécanique idiote : frapper, survivre, désirer. Il détourna brièvement les yeux, comme pour se reprendre, puis revint à elle avec une expression plus contrôlée.

Un silence s’installa, épais, coupé seulement par le gargouillis humide du cadavre du mastodonte.
Deirdre, Commandante de mercenaires. A votre service.

Cela ne justifiait pas grand chose. Mais c'était un début. Une mercenaire donc. Ses troupes étaient-elles à proximité ? Il prit un temps pour répondre de sa voix grave, un rien rauque :
"Anakha. Baley"

Il hésita. Donner une fonction ? Qu'était il ? Il ne pouvait décemment se prétendre soldat Tekhan. Outre le fait qu'il douta maintenant de l'avoir jamais été, se balader seul ici l'estampillerait déserteur assez sûrement. Et il préférait ne pas être vu ainsi. Surtout par une jolie mercenaire.
"Aventurier."

Le mot sonnait creux dans sa bouche, comme une étiquette trop étroite. Mais il n’en donna pas plus. Pas pour l’instant. L'uniforme ne laissait pas de doute sur sa provenance, mais au moins ne s'infligeait-il pas l'étiquette de lâche.

Il reprit, plus pragmatique :
"Si vous avez un camp pas loin, je serais bien aise d’y demander asile pour la nuit. Le temps que ça…" il hocha la tête vers son bras gauche, "se refasse. Je peux payer, ou me rendre utile. Sinon… il y a une rivière par là." Son menton désigna l’est, un peu plus loin. "Une cascade pas trop loin. On pourrait s’y reposer. Mais pas question de suivre la piste de cette saloperie."

Son pas le rapprocha d’elle. Lentement, il passa son bras valide derrière son dos, son bras à elle derrière sa nuque, le glissant contre son flanc pour la soutenir. Pas une caresse, mais la proximité fit naître une chaleur troublante entre eux. Ses doigts effleurèrent la ligne de sa taille, glissant jusqu'à sa hanche, d'un geste naturel mais presque sensuel.
"Appuyez-vous sur moi, si vous voulez marcher. Je crains de ne pas pouvoir vous porter, malheureusement."

Ses derniers mots étaient dit avec le sourire. Il doutait que même avec un jambe en moins, la guerrière eut accepté de bon grès de se faire porter.

Elle boitait ostensiblement, et ne souhaitait visiblement pas garder ses ailes déployées. Pourquoi ? Leur utilisation était-elle limité ? Quelque part, ce n'était pas ses affaires, et il préféra se taire. Elle parlerait si elle le souhaitait. Son contact lui était doux, et elle était légère comme une plume. C'était plus un plaisir qu'une corvée.
« Modifié: lundi 18 août 2025, 16:15:03 par Anakha Baley »

Deirdre

Créature

Le bref ricanement d’Anakha arrache à Deirdre un sourire discret. Pas un éclat franc — elle s’y refuse toujours. Le contrôle, chez elle, est une habitude forgée à coups de regards pesants et de méfiance constante. Ses origines ne lui ont jamais permis d’être autre chose qu’une exception à surveiller. L’unique ange-fée de son monde, dans un univers où les siens auraient préféré l’éteindre plutôt que l’accueillir.

Pourtant, dans ce campement perdu qu’elle a quitté bien malgré elle, elle avait trouvé des semblables d’un d’un autre genre : des êtres rejetés qui avaient appris à faire bloc, non pas hors-la-loi, mais hors des chaînes.

Elle observe à la dérobée le mouvement du jeune homme : ce détour de regard vers la carcasse, puis ce retour vers elle, ombre sombre au fond des yeux. Reconnaissable, trop bien. Une blessure ancienne qu’elle connaît, mais dont elle se garde bien de juger.

"J’aurais sans doute fini piétiné si vous n’aviez pas été là."

Il peine à l’admettre, mais elle l’entend comme un remerciement. Son propre sourire s’adoucit, imperceptiblement.

Son regard la ramène à sa blessure. Elle n’a jamais eu le don de guérir, et un instant, elle s’en attriste. Mais ce regret se dissipe vite : ses parents lui ont offert autre chose. Le combat, la défense des faibles, la maîtrise du vent. Des armes qui l’ont façonnée, qui font d’elle ce qu’elle est. Fatiguée parfois, mais vivante.

"Mon bras ... ira mieux... Même si ça prendra du temps"

Elle incline la tête en silence, tentée de dire qu’elle aurait voulu agir plus tôt, mais les mots lui meurent sur les lèvres. À quoi bon ? Les faits sont là. Peut-être, après tout, que les dieux ont voulu qu’elle tombe sur lui à cet instant précis.

"Enchantée, Anakha Baley." *souffle-t-elle, et elle le pense vraiment. Pas simple politesse : un soulagement discret, presque intime.*

"Aventurier..." *répète-t-elle en écho, comme pour en tester la sonorité.*

Elle doute. Cet homme, à la carrure taillée par la discipline, semble bien plus qu’un simple voyageur. Mais elle ne relève pas.

Elle détourne brièvement les yeux, comme pour se protéger de ce qu’elle voit trop bien. Il est bel homme, oui, et son corps ne trahit pas un novice. Elle se surprend à observer un instant de trop avant de se rappeler qu’elle est étrangère en ce monde. Alors, elle se détourne.

Son cœur se serre un instant lorsqu’il parle d’asile. Elle inspire profondément avant de livrer la vérité, d’une voix calme et claire, mais marquée par une gravité douce :

"Anakha, vous n’êtes redevable en rien. Vous étiez protégé par hasard, non par devoir. Mais… je n’ai ni troupes ni campement ici. Pas dans ce monde. On m’en a séparée."

Un sourire franc finit pourtant par illuminer son visage lorsqu’il évoque la rivière et sa cascade. La perspective d’eau fraîche, d’un peu de repos, et surtout de retrouver un semblant de propreté la réchauffe.

Mais elle tressaille lorsqu’il s’approche. Trop près, trop vite. Ses réflexes manquent à l’appel : elle ne l’a pas senti venir dans l’air. Son bras passe derrière sa nuque, ses doigts frôlent sa hanche. Elle aurait pu l’arrêter. Elle ne l’a pas fait. Un frisson la traverse, trahissant une lutte intime qu’elle dissimule tant bien que mal derrière un sourire ténu.

"Merci." *souffle-t-elle enfin, dans un murmure plus fragile qu’elle ne l’aurait voulu.*

Alors, elle se laisse aller. Ses muscles, jusque-là tendus de méfiance, cèdent peu à peu à cette proximité étrange. Elle s’étonne de ne pas trouver le chemin trop court vers la cascade. Elle s’en excuse intérieurement : cette chaleur partagée n’est pas seulement pour le confort du blessé.

Un souffle lui échappe quand elle reprend, plus doucement :

"Je suis… une ange, d’où mes plumes. Et fée, d’où leur couleur. La seule."

Pas d’orgueil dans sa voix. Pas d’attente d’admiration. Juste une vérité déposée entre eux comme une pierre plate au bord de l’eau.

Lorsqu’ils approchent enfin de la cascade, ses instincts reprennent le dessus. Ses yeux balayent les environs avec prudence. Aucun danger. Un soupir de soulagement lui échappe, discret.

L'hybride le quitte presque à regret, s’écartant avec dignité. Même en boitant, elle préfère marcher seule quelques pas. Derrière un arbre, elle laisse retomber sa besace, se désarme, défait ses vêtements sans hâte, déploie ses ailes en silence. Ses cheveux bleus glissent sur ses épaules tandis qu’elle avance dans l’eau, son corps s’imprégnant de la fraîcheur de l’onde.

Et pour la première fois depuis leur rencontre, Deirdre se permet de ne rien dissimuler.

Spoiler (cliquer pour montrer/cacher)

Anakha Baley

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 10 mardi 19 août 2025, 10:42:08

Anakha ne répondit rien lorsqu’elle évoqua sa troupe perdue. Pas de mots faciles, pas de phrases toutes faites. Il n’en avait ni l’envie, ni le talent. À la place, il inclina simplement la tête. Un signe nu, mais chargé de ce qu’il ressentait : une compassion sans pathos, une reconnaissance silencieuse. Peut-être plus tard aurait-il des question. Pour l'instant il lui était simplement reconnaissant de sa confidence, et lui offrait le peu de soutiens qu'il pouvait.

Il vit la crispation de ses traits, la tension qui s’enroulait autour de ses épaules, prête à éclater… puis qui s’apaisa presque aussitôt, comme une vague refluant. Elle venait de se dévoiler, et c’était à son tour.

"Tu m’ouvres ton secret…" Sa voix rauque était basse, mesurée. "Moi, je n’ai pas cette clarté. Je ne sais pas qui je suis. Je ne sais pas... ce que je suis. Pas humain, de toute évidence..." Son regard se perdit un instant dans les profondeurs de la forêt. "Mais je commence à avoir des soupçons. Et ça ne me plaît pas."

Il n’en dit pas plus. Pas besoin. Elle avait son poids de mystère, il portait le sien. L’équilibre était là.

Quand ils atteignirent la rivière, il ralentit, scrutant l’orée des arbres. Ses yeux fouillèrent un instant les ombres, à l’affût d’une silhouette féline. La terranide qui avait fait basculer le combat. Il ne s’attendait pas à la voir ici, mais il resta méfiant. Ce monde n’offrait jamais deux fois la même chance.

Puis Deirdre s’écarta, choisissant un recoin à l’abri des regards. Anakha la suivit des yeux, par réflexe plus que par indiscrétion. Il vit ses mains détacher sa cape, déposer ses armes, faire glisser ses vêtements. Alors seulement il détourna le regard, s’attaquant à sa propre tenue. Sa manche gauche était un torchon, déchiré et collé par le sang séché. Il dut arracher la toile en charpie pour libérer son bras meurtri, un craquement de tissu ponctuant son effort.

Il ne chercha pas à la voir, mais ses yeux glissèrent, malgré lui, vers l’endroit où elle se changeait. Pas un regard appuyé, juste une fraction de seconde volée. Un éclat de peau claire entre deux mèches bleues. La cambrure d’une épaule. Rien de plus. Et pourtant, son ventre se noua.

Quand elle entra dans l’eau, nue, ses ailes déployées, ce fut comme si la rivière elle-même s’illuminait. La lumière des plumes glissait sur l’onde, tissant des reflets irisés qui dansaient autour d’elle. Éblouissante. Insolente. Glorieuse. Son souffle se fit plus lourd.

Alors, sans rien dire, il plongea.
D’abord pour lui. Pour sentir l’eau glacée le saisir, laver le sang, calmer la brûlure de ses muscles et de ses nerfs. Pour s’arracher au tumulte qui cognait encore dans son crâne. Mais il y resta. Plus longtemps qu’il n’aurait dû. Le manque d’air, il le sentait, simple information, pas une limite. Alors il s’y abandonna, avançant sous l’onde claire, retenu dans ce silence comme hors du temps.

Une part de lui voulait croire qu’il sondait la rivière, qu’il vérifiait qu’aucune menace n’y dormait. Mais au fond, il savait. C’était pour se donner un délai. Pour étouffer le tumulte de ses instincts avant de l’approcher. Alors il s’arrêta. Là, juste sous l’eau, à la contempler en secret. Les remous de ses ailes diffusaient une clarté étrange, presque irréelle. Chaque battement de son cœur vibrait jusque dans sa cage. Il resta ainsi de longues secondes, prisonnier de cette contemplation muette.

Enfin, il jaillit derrière elle, l’eau éclaboussant dans un bruit sec. Proche. Tout proche. Assez pour qu’elle sente la chaleur de son corps contre son dos, mais pas de contact franc. Son souffle, lourd, effleurait sa peau. Le sceptre de son désir irradiait une chaleur muette qui remontait le long de son dos.

Il aurait voulu l’entourer de ses deux bras, poser sa main gauche sur son ventre. Mais brisé comme il l’était, seule sa main droite pouvait se déployer. Doucement, il la leva, se penchant légèrement au-dessus d’elle, et effleura une de ses ailes. Ses doigts glissèrent avec délicatesse sur les plumes cristallines, attentifs, presque tremblants. Son souffle caressa l’épaule de la fée.

"Elles sont magnifiques."

Deirdre

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 11 mardi 19 août 2025, 14:29:12

Deirdre songe un instant aux mots d'Anakha. Peu importe ce qu’il est, les faits parlent d’eux-mêmes. Sa présence, sa force, sa constance… voilà ce qui compte.

Elle entend le plongeon derrière elle, un fracas d’eau brisée qui résonne dans le calme du soir. Ses yeux glissent aussitôt sur la surface miroitante,  cherchant sa silhouette comme malgré elle. Mais l’eau demeure lisse, trompeuse, reflétant seulement la pâleur des cieux. Est-il encore là, ou déjà ailleurs ? Cette attente éveille en elle une étrange fébrilité.

Lorsqu’il jaillit enfin derrière elle, la rivière semble elle-même s’élargir pour accueillir sa présence. Proche, si proche que son souffle effleure sa nuque, soulevant un frisson qu’elle n’ose contenir. Et puis sa main, hésitante mais ferme, se pose sur ses ailes.

Alors tout s’arrête.

Ses ailes… nul n’avait jamais osé. Elles étaient pour elle ce que l’âme est au cœur : fragiles, inviolables, secrètes. L’éclat qui la traverse n'est ni douleur ni gêne, mais une vibration intime, un vertige presque irréel. Comme si chaque plume devenait une corde vibrant sous ses doigts.

Elle ne bouge pas.

Au contraire, un léger frisson parcourt ses ailes, réponse instinctive, comme une caresse en retour. Ses paupières se ferment un instant, et la rivière semble s’emplir de lumière, la sienne et la sienne mêlées, dans une clarté irisée qui rappelle le clair de lune se posant sur une eau tranquille.

Quand elle se retourne enfin vers lui, leurs regards s’accrochent. Elle lit dans le sien la gravité, la brûlure contenue… mais aussi cette tendresse brute, sans masque, qui vibre plus fort encore qu’un mot. Sa gorge se serre, et elle souffle seulement :

"Anakha…"

Rien d’autre. Mais ce nom, porté dans un souffle, a la densité d’un serment.

Puis le monde se rappelle à eux.

Un craquement sec dans les bois. Un souffle rauque, guttural. Des ombres mouvantes, luisantes de crocs et de faim, se glissent entre les troncs. L’odeur âcre de bêtes affamées brise net la bulle fragile.

Déjà ses épaules se redressent, ses mains cherchent ses armes abandonnées au bord de l’eau. Ses ailes se replient dans un éclat discret, comme pour dissimuler le trouble encore vibrant. Mais une fraction de seconde, son regard reste ancré dans le sien — promesse silencieuse : cet instant n’est pas perdu. Nous le reprendrons… si nous survivons.
« Modifié: mardi 19 août 2025, 15:03:08 par Deirdre »

Anakha Baley

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 12 mardi 19 août 2025, 23:27:52

Anakha sentit le frisson courir sous ses doigts quand les plumes de Deirdre vibrèrent en retour. Une onde lui traversa la poitrine, brutale, déroutante. Son geste, téméraire, presque irréfléchi, n’avait rencontré ni rejet ni recul. Au contraire : elle l’avait accueilli.

Quand elle souffla son nom, ce fut comme une lame plantée droit au cœur. Lourde de sens, brûlante comme un serment. Devait-il répondre ? Ou risquait-il de briser la magie de l’instant ? Le monde trancha pour lui.

Un craquement sec. Un souffle rauque. Des ombres s’étirèrent entre les troncs, crocs luisants, faim animale. La bulle éclata.

Anakha resta une seconde de trop, front contre front avec Deirdre. Puis il rompit le lien et plongea vers la rive. L’eau éclata autour de lui, ses doigts heurtèrent la poignée d’une lame. Dans le même mouvement, il la lança vers elle. Le métal fendit l’air et atterrit juste devant ses mains.

Il se redressa pour saisir la seconde. Trop tard. Une masse le percutait. Un terranide-loup, gueule écumante, griffes sorties. Anakha n’eut que le temps d’interposer la lame du wakizashi. Les crocs claquèrent à quelques centimètres de son visage. Son bras valide tint bon, mais l’autre pendait, mort. La bête le clouait, à moitié dans le vide au-dessus de la rivière.

Alors seulement il vit ce qu’ils affrontaient.
Une meute entière de silhouettes hargneuses, gueules de loups, corps nerveux, tuniques de cuir. Leurs yeux jaunes brillaient dans la pénombre, avides de chair. Leurs grognements emplissaient la clairière, un orage de haine et de faim.

Et puis l’ombre se découpa.
Pas la plus grande. Pas la plus bestiale. Mais la plus terrible.
Un être plus petit, silhouette sèche, tendue comme un fil de soie. Oreilles de loup, queue battante, démarche fluide. Dans sa main, un katana dont la mince lame réfléchissait la lumière des astres. Pas un hurlement, pas un grondement : un silence coupant.

Il fit un pas ... et disparut. Réapparut plus loin, la pointe de son sabre encore vibrante d’un coup qu’aucun des deux n’avait suivi. Sa vitesse, inhumaine, était une menace en elle-même. La meute était un marteau. Lui, le scalpel.

Anakha plissa les yeux. Il n’avait rien vu. Rien senti. Mais son instinct lui hurlait que ce coup avait eu une cible. Pas eux, pas encore. Quelque chose d’autre. Une trace invisible, une cicatrice dans l’air que seul le temps dévoilerait.

Sa voix coupa l’air comme une lame :
"Vous allez mourir, marchands d’esclaves."

Pas un cri. Pas une insulte. Une sentence froide, inéluctable.
Puis, sans un geste de plus, il s’en retourna dans les ombres, comme si la meute suffisait à exécuter sa volonté.

Anakha serra les dents.
Sans son bras brisé, il aurait déjà rejeté le loup qui l’écrasait, ses crocs qui claquaient à un doigt de sa peau, la gueule gravement entaillée par l’arme de Deirdre ruisselante de sang. Mais chaque seconde le rapprochait de la chute, ses reins glissant sur la berge humide. Ses doigts crispés sur la garde empêchaient à peine les crocs de s’abattre. La créature semblait prise de frénésie et ignorer la douleur de la lame plantée jusqu'à l'os dans sa mâchoire.

Il jeta un regard à Deirdre.
Un éclat bref. Un ordre silencieux : Reprends tes armes. Tiens-toi prête.
Le reste… il s’en chargerait, quitte à plonger avec cette bête dans les flots. Son bras commença à changer.
« Modifié: mercredi 20 août 2025, 09:02:27 par Anakha Baley »

Deirdre

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 13 mercredi 20 août 2025, 12:18:11

Lorsque le front d’Anakha touche le sien, Deirdre a l’impression qu’un éclair se fige dans une plume. La brûlure et la douceur se confondent, une onde descend jusqu’à son bas-ventre, foudroyante, troublante. Son souffle s’échappe comme une plainte muette. Sa main hésite, tremble, avance vers sa joue… mais trop tard. Anakha rompt le lien et plonge vers la rive. Elle reste suspendue entre désir et frustration, le cœur déchiré par cet instant avorté.

*Ô clair de lune, pourquoi me rappelles-tu toujours ce que je ne dois pas avoir ?*

La guerrière reprend aussitôt le dessus. Ses ailes se réabsorbent dans son dos dans un frisson d’air, et elle se jette à son tour, fendant l’eau comme une flèche.

Quand sa tête émerge, une lame fend l’air. l'ange-fée la rattrape d’un geste sûr, l’instinct plus rapide que la pensée. Elle ouvre la bouche pour prévenir Anakha, mais aucun mot ne sort. Un seul cri jaillit, primal, incontrôlable :

"NOOOOOON !"

Alors la cicatrice à sa hanche se réveille, aiguillon brûlant qui pulse au rythme de sa colère. La peau menace de s’ouvrir, la magie de jaillir. Le danger n’est plus seulement autour d’elle : il gronde en elle. Ses doigts tremblent, ses veines hurlent, et une rafale invisible s’élève, prête à la déborder. L'hybride lutte, mord sa lèvre jusqu’au sang. *Retiens-toi, Deirdre. Ne le touche pas. Pas lui. Sa vie avant la tienne.* Mais la tempête ronge la barrière de sa volonté, chaque respiration est une bataille.

Ses yeux scrutent les ombres. Dix adversaires : silhouettes nerveuses, yeux jaunes, crocs dégoulinants de haine. Et puis… le onzième.

Il n’a rien du loup sauvage ni du mercenaire enragé. Plus petit. Plus sec. Mais chaque fibre de son corps vibre d’une tension qui glace le sang. Ses oreilles pointent comme des capteurs, sa queue bat un rythme calculé, non instinctif. Dans sa main, le katana n’est pas une arme : c’est une extension de lui-même. Sa lame reflète la lune, et son silence est plus tranchant qu’un hurlement.

Il disparaît en un pas. Réapparaît, lame vibrante, coup invisible que même Deirdre, maîtresse d’armes, ne parvient pas à suivre. Pas un mouvement perdu, pas une hésitation. Un duelliste. Un prédateur qui a fait de la précision sa cruauté. La sang mêlé le sait d’instinct : s’il n’est pas le plus grand, il est de loin le plus dangereux.

Alors le regard d’Anakha se plante dans le sien. Une injonction silencieuse. Un ordre. Elle y répond par une flamme indomptable. Confiance. Détermination. Rage contenue prête à éclater. Peu importe sa nudité. Il garde Charybde. Elle, Scylla et Messine. Cela suffira.

Elle bondit hors de l’eau, récupère sa dague d’un geste vif, et se place devant lui. Posture basse, agressive. Prête à frapper. Prête à briser quiconque s’approche de trop près. Prête à devenir son mur, sa lame, sa tempête.

Anakha Baley

Créature

Re : De Charybde en Scylla : Débuts Fracassants [pv Deirdre]

Réponse 14 mercredi 20 août 2025, 16:17:32

Anakha entendit le cri de Deirdre fendre l’air ; non pas un mot, mais un déchirement brut, assez puissant pour réveiller jusqu’à sa propre chair. La lame entre ses mains vibra, et il sentit son bras se tordre sous la peau. Les tendons brûlaient, les os craquaient, la transformation s’imposait à lui, impitoyable.

La mâchoire claqua, refermée sur l’acier. L'aventurier sentit la pression monstrueuse tordre ses muscles, mais il tint bon. Un grondement monta de sa gorge. Son bras se contracta, sa lame d’avant-bras jaillit, en même temps qu’il rabattait le wakizashi dans un seul et même mouvement. La mâchoire se fendit, éclat de sang et d’os, la gueule s’ouvrit en deux. Le terranide s’écroula, brisé net.

Il vit Deirdre, debout dans l’eau, ailes repliées, ses veines luisantes comme si la magie même cherchait à s’arracher hors de son corps. Elle tremblait de rage, de douleur contenue. Lui, de mutation. Deux tempêtes en miroir, s’appelant l’une l’autre.

Un instant, leurs regards se croisèrent. Et il comprit. Elle retenait son pouvoir comme lui retenait sa monstruosité. Chacun sur le fil de sa propre chute, chacun risquant de se perdre. Mais tant qu’ils restaient ensemble, il y avait une chance. Une promesse.

Soudain, elle fut à ses côté, interceptant un coup qui lui était destiné. Il sortit de sa contemplation.

Un hurlement fendit la clairière, et l’un des loups bondit, non pas sur Anakha, mais droit vers Deirdre. Elle leva sa lame, trop tard. Charybde siffla entre eux, interceptant les crocs d’un revers sec, arrachant une gerbe de sang à la gueule ouverte. Le corps s’écroula à ses pieds, et un souffle rauque s’échappa d’Anakha, presque animal.

Alors le duo prit forme.
Anakha frappait en cadence, toujours deux coups : le wakizashi d’abord, précis et brutal, puis son bras-lame qui venait compléter l’arc, martelant, déchirant, tranchant. Deirdre coulissait dans ses pas, bondissait à son flanc, frappait là où ses ouvertures apparaissaient.

Parfois il se jetait en travers d’un assaut pour dévier un coup de griffe qui aurait atteint son flanc. Parfois elle glissait sous son bras levé pour achever d’un revers de dague l’ennemi qu’il avait déjà fendu à moitié. Chaque mouvement se liait au suivant, comme une danse violente, instinctive, où leur nudité même semblait une armure de dignité.

Leurs corps se frôlaient, se heurtaient, s’effleuraient. Sa cuisse contre la sienne quand ils pivotaient ensemble. Son bras qui le frôlait dans un mouvement de volte. Son souffle sur son cou quand elle passait derrière lui pour transpercer un dos. Chaque frisson redoublait leur force, chaque éclat de sang les liait davantage.

La meute hurlait, bondissait, tombait. L’air vibrait de leurs grognements, de l’acier, du sang répandu. Mais dans le tumulte, une vérité s’imposait : leurs corps n’étaient plus deux, mais un seul.

Anakha rabattit le wakizashi dans la gueule ouverte d’un assaillant, tandis que son bras-lame transperçait une gorge dans le même élan. Le sang éclaboussa son torse. Leurs coups s’enchaînèrent, lame et chair, dans une danse brutale. Un instant, il croisa ses yeux. Pas un mot. Mais dans ce regard, une vérité nue : tant qu’ils marcheraient ensemble, ni l’un ni l’autre ne tomberait.

La meute hésita. Dix contre deux, et pourtant déjà six étaient au sol, peut-être pas morts, mais gisants, tordus, gorgés d’eau et de sang. Les grognements se firent plus graves, nerveux, presque tremblants.

Et c’est alors qu’il bougea.

Le chef.

Un battement de queue. Le katana se leva, mince lueur dans la pénombre. Son pas fut un éclair, un claquement sec dans l’air. En un instant, il était entre eux et la meute.

Le temps sembla s’arrêter. Ses oreilles vibrèrent, captant le moindre souffle. Il jeta un regard bref à ses hommes, un éclair de férocité mêlé d’inquiétude. Puis sa voix, basse, presque contenue, tomba comme une lame :

"Assez."

Il recula d’un pas, lame tendue, comme pour marquer une frontière. Ses yeux fendus, brillants, se fixèrent sur eux avec la certitude d’un jugement.

Anakha haletait, ruisselant de sang et d’eau, son corps encore frôlant celui de Deirdre. Ils étaient encore pris dans le rythme de la danse, cœur contre cœur, comme si la bataille avait fait d’eux une seule créature.

Le chef les détailla une seconde, le souffle court mais le bras stable. Et même s’il ne dit rien, tout son être exprimait sa haine et la joie qu'il allait avoir à l'assouvir.


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