Bien sûr, Onyx avait parfaitement entendue, ainsi que ressentie contre sa tête, le cœur de Siegfried s'emballer quand elle se jeta contre lui. Elle aurait presque trouvé ça touchant de l’entendre, mais, connaissant le personnage, la belle louve se disait qu’il avait été surpris par son joli coup de maître. Ou alors, elle hypothésa que c’était cette mission qui le stressait un peu. C’était possible ça ? Lui ? Être stressé ? Mmmmmmh… Ça lui paraissait improbable ça… Et elle savait que ce n'était pas son rythme cardiaque habituel, l’ayant parfois entendu en étant très proche de lui pendant des missions. Mmmmmmh… Ouais, il avait dû surement être très surpris par ce qu’elle venait de faire, pas moyen qu’il soit stressé confiant comme il est, ça, elle en était presque certaine, presque ! Donc, c’était sûrement son petit jeu qui l’avait un peu déstabilisé, en tout cas, c’était fort plaisant à penser pour la demoiselle.
Mais la jolie noirette ne s’attendit pas à la contre-attaque de son binôme, oh non ! C’est elle maintenant qui eut son petit cœur qui s’emballat, encore ! Après les mots doux, les gestes tendres ! Mais il essayait de la tuer, c’était ça l’idée ? Ça l’énervait, ho oui ! Ça l'agaçait car ses réactions étaient du génie, il savait y faire et c’était vraiment bien joué, on pouvait pas faire plus authentique aux yeux de tous. Mais, ça l’agaçait aussi, car elle savait que c’était faux, bien entendu, comme leur petit jeu, mais… C’était rageant toute cette tendresse, aussi fausse et utile soit-elle, cette douceur qui, durant un instant, lui faisait un bien fou, avant de lui faire l’effet opposé, en pensant à ce qu’elle n’avait jamais eu et n’aurait jamais.
Pourtant, étrangement, elle n'avait pas envie que ça s’arrête tout de suite, elle aimait ça, ses bras autour d’elle, qui l'enlaçaient, et sa main, qui caressait ses cheveux, qu’elle en frémissait de ses grandes oreilles tant c’était agréable. Et ça, c’était pas elle qui l’orchestré, ses oreilles avaient réagit naturellement. C’était d’ailleurs ce qui la trahissait souvent, ne réussissant pas toujours à contrôler ces dernières, mais… Avec un peu de chance, son cher binôme n’aurait rien vu ou aurait pensé que c’était du jeu d’acteur, comme un peu plus tôt avec ses oreilles basses et son regard larmoyant. Et alors qu’elle se laissa presque aller dans ses bras, fermant ses petits yeux en profitant, sans jamais l’avouer, elle pouvait sentir la chaleur de son corps contre elle, sa musculature sous ses vêtements, son parfum, duquel elle essayait d’identifier les divers fragrances qui le compose, trouvant son parfum agréable d’ailleurs, alors qu’elle continua à poursuivre son script comme si de rien n’était, même si sa voix s'adoucit de plus en plus dans ses paroles.
Mais, la contre-attaque de Siegfried était loin d’être finie, évidemment. Et, quand elle entendit le clou de son spectacle, c’est elle qui eut un léger bug en rouvrant les yeux, bien lové contre lui à se faire dorloter. Ses mots étaient faux, oui, elle le savait, mais… Ça l’étonna, grandement, se disant qu’il faisait fort sur ce coup-là. Comment allait-elle contre-attaquer maintenant ? Elle était incappable de dire ces mots-là, totalement incapable… Autant elle savait jouer la comédie quand il le fallait, mais dire « je t’aime »… C’était compliqué pour elle, beaucoup trop compliqué… Ça l’a ramenait à trop loin, à sa vie d’avant disparue et oubliée, à ses mots qu’elle n’avait jamais entendu de qui que ce soit et qu’elle avait tant cherché à avoir pendant des années… Saperlipopette ! Elle était faite comme un rat là, enfin, comme une louve prête à être transformée en fourrure ! Comment faire, réfléchis ma grande, réfléchis et vite ! Le laisse pas gagner ni prendre le dessus, surtout pas ! Sinon il risque de fanfaronner et parrader fier comme un paon ! Allez… Fais un effort, nom d’une pipe en bois, bouge toi !
Et c’est là que l’illumination la frappa ! Ni une ni deux, elle se colla encore plus à lui de tout son corps cette fois. Puis, la louve vint se presser contre l’exorciste, frottant sa tête contre son torse en fermant ses yeux toute timide. Ensuite, elle desserra ses petites mains de sa chemise, venant les faire glisser sous son manteau, puis, elle les plaça dans son dos en s’y agrippant. Et d’une voix timide mais toujours emplie d’émotion, elle lui donna le coup de grâce.
« Moi aussi mon amour… Moi aussi… Même si… Je ne trouve aucun mots assez forts pour te dire tout l’amour que j’ai pour toi… Il n’existe aucuns mots en ce monde pour te le dire… »
Et bim bam boum ! Problème contourné et contre-attaque trouvé ! Quel soulagement pour elle ! Et quelle joie aussi, se disant que ce coup-là, il l’avait sûrement pas vu venir ! Et bah tiens, cadeau, avec les compliments de la maison ! Elle était contente d’elle, encore oui, et elle avait hâte aussi, se demandant curieusement et avec joie comment il allait faire, est-ce qu’il allait essayer de contre-attaquer à son tour verbalement, ou juste se contenter d’être silencieux et souriant pendant son étreinte. Haaaaa, elle était très curieuse, oh oui, ce petit jeu l’amusait énormément, même peut être un peu trop, m’enfin, fallait bien prendre plaisir quelque part hein !
Donc, après ce petit manège plus ou moins prolongé, il fut temps de revenir à l’objectif de leur mission, dont une grande partie se trouvait dans le plateau de l’apprentie vendeuse. Une fois libérée des bras de Siegfried, Onyx le suivit sagement en restant à ses côtés, sans dire un mot, le laissant totalement gérer cette histoire.
Oui, elle lui faisait confiance sur ce coup-là. C’est lui qui avait initié cette idée, c’est lui qui avait proposé cette adresse, c’est lui qui connaissait le mieux le maître joaillier de la boutique, donc, elle se disait qu’il était le plus qualifié d’eux-deux sur ce coup-là. Pendant ce temps, la jeune femme de l’établissement restait bien calme et souriante, attend qu’on la solicite, ce qui ne tarda pas, même si la question qu’on lui posa en premier amont la surprit un petit peu.
« Heu… Ho il n’y a pas de mal monsieur ! Je… Ça fait deux ans que je suis apprentie ici monsieur… »
Répondit-elle simplement en souriant, un peu prise au dépourvu, ne sachant quoi rajouter d’autres. Même penser à demander le pourquoi de cette question, cela ne lui était pas venue à l’esprit, tant la question du brun l’avait surprise. Mais la suite ne tarda pas à la surprendre aussi ! C’est presque inquiète qu’elle le regarda, l’écoutant parler à la brunette à ses côtés, déglutissant discrètement en l’entendant parler aller voir la concurrence.
Bien entendu, la jeune apprentie n’était pas au courant des méthodes de « paiement » entre son maître et Siegfried. Et, savoir qu’un potentiel client comme lui, qui pouvait mettre les moyens pour aller chez un concurrent si réputé et onéreux, pourrait aller investir ailleurs, serait une perte énorme pour la boutique ! Alors qu’elle s’apprêta à essayer de prendre la parole pour lui dire qu’elle allait chercher d’autres spécimens à l’arrière boutique, elle fut devancé par le beau brun. Sa phrase emplie de sympathie à son égard fit mouche, venant la toucher et la pêche tel un poisson qui a mordu à l'hameçon.
« Ho non monsieur, ne dites pas ça ! Je… Ne vous inquiétez pas, en général les clients ne le demandent pas, puis… Vous aviez d’autres choses plus importantes à penser avec madame ! »
Dit l’apprentie en riant un peu nerveusement, avant de sourire attendrie par eux deux en les regardant, tout en ayant un petit regard crispé à l’idée de perdre un tel client.
« Je m’appelle Doris, et… Je vous assure, monsieur, madame, que je ferais tout pour répondre entièrement à vos besoins et que vous soyez satisfait pour vos alliances de mariage. Je… Je vais aller chercher les autres spécimens que nous avons en arrière-boutique, je reviens tout de suite, veuillez m'excusez. »
Une petite révérence rapide, et voilà l’apprentie vendeuse qui tourne les talons en filant à toute vitesse dans l’arrière-boutique. Nos deux futurs mariés se retrouvent donc de nouveau seuls, devant patienter sagement jusqu’au retour de cette vendeuse si dévouée, restant tout deux silencieux ou presque. À un moment, les oreilles d’Onyx se mirent à frétiller sur sa tête, un sourire amusée se dessinant sur son visage, alors qu’elle leva sa main à ses lèvres. Puis, elle se mit à rire doucement quelques instants, toussant ensuite discrètement, avant de lever des yeux vers son binôme en le regardant amusée, murmurant tout bas d’une voix aussi amusée que son regard.
« Je crois que votre vieil ami est très heureux de vous revoir mon cher époux adoré… »