– Vous êtes vraiment… incroyable, Elysia ! Si je fais affaire avec vous… ça voudrait dire que je n'aurai jamais besoin de me trouver un mari pour devenir femme au foyer… mais vous aurez sûrement vous-même de quoi me faire regretter le marché.
Élysia aurait pu pouffer de rire si ce n’était pas aussi vrai. Chaque pacte venait avec un prix, et parfois, le prix était autrement plus haut que la valeur de ce qu’elle offrait. Après tout, qu’est une vie normale ? N’est-ce pas mieux d’avoir une vie confortable et stable que de goûter à l’extrême plaisir d’une vie remarquable qui ne peut que s’effondrer de façon particulièrement spectaculaire ? Certains humains diraient que oui, mais d’autres… ah, ces pauvres humains. Même si la fin devait être infâme, beaucoup prendrait le ticket d’or, la pomme empoisonnée, si ce n’était que pour ne pas disparaître dans l’oubli et l’anonymat.
La tentatrice fit glisser ses ongles nacrés, très légèrement sur la joue de la jeune femme.
– Cela dépend de toi, chérie.
Elle n’aimait pas fixer les prix elle-même. Parfois, les gens acceptaient ses offres sans même penser aux conséquences. Ceux-là étaient facile à contrôler, à manipuler, et à récolter. Mais d’autres, bien que rares, avaient une certaine clairvoyance et trouvaient une façon d’éviter ce piège, soit d’instinct en sachant que rien ne venait gratuitement, d’autres par connaissance des faits.
– Alors… pour ces matériels compromettants… est-ce que vous avez un prix en tête ? Bien sûr, si vous voulez un paiement en nature… vous m'attirez suffisamment pour que nous puissions passer une bonne soirée ensemble.
Un plus sincère se dessina sur les lèvres d’Élysia à cette offre. Certes, on pouvait dire que le sexe n’était pas forcément un bon paiement, surtout quand les deux parties y prennent un plaisir commun, mais l’idée même de suggérer de vendre son corps pour une faveur ressemblait suffisamment à celle de vendre son âme pour, occasionnellement, amuser la tentatrice.
Le baiser échangé, Élysia se lécha les lèvres, goûtant la salive résiduelle de Myumi sur sa bouche, fermant un moment les yeux, comme si le goût de ce baiser était déterminant dans sa décision. Oh, et puis, après tout, pourquoi pas ? songea-t-elle. Si elle pouvait s’assurer de la chute de ses précédents clients et récolter leur déchéance, et laisser sa marque sur une petite mortelle toute mignonne, est-ce que cela ne satisfaisait pas ses critères ?
– Hm… si tu es sûre, chérie, je prendrai ce paiement, dit la tentatrice en frôlant les lèvres de la graphiste des siennes. Cependant, sois en garde ; je suis comme une drogue. À la fois très mauvaise pour toi, mais aussi irrésistible une fois consommée.
Enfin, la drogue ou le Macdo, on dira, mais la drogue a meilleure réputation que le Macdo.
Élysia retroussa légèrement sa jupe à la mi-cuisse pour permettre à ses jambes un peu plus d’écart et enjamba les cuisses de Myumi afin de s’y asseoir à califourchon. Elle glissa une main dans ses cheveux et retira l’épingle qui maintenait sa coiffure, à la fois pour un geste typiquement séducteur que pour mettre l’épingle d’argent de côté et éviter de le perdre, avant de se pencher sur la jeune femme et coller sa bouche à la sienne, ses bras venant s’enrouler autour de son cou.
– Tu vas devoir... dit-elle entre deux langoureux baisers. M’impressionner avec ton endurance et ta bonne volonté pour que cet échange en vaille la peine, chérie.
Heureusement, cette pièce était équipée en tout ce qu’il fallait pour réussir à ce petit plan ; au côté du lit, un menu était posé sur la table de chevet, et à l’intérieur se trouvait, certes, de la nourriture et des boissons, mais également tout un inventaire de jouets à acheter. Avec un petit coup de fil au service de chambre, Myumi pouvait trouver de quoi réaliser ses plus grands fantasmes, et Élysia n’était réfractaire qu’à très peu de chose. Elle avait donc tout en main pour tenir sa part du marché.
Une main d’Élysia se faufila alors sous le pull de Myumi et lui caressa le ventre, le flanc, et le dos, remontant vers le crochet de son soutif.