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[Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

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Thanasia

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[Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

mercredi 06 novembre 2024, 17:55:43

Pour tout le Rien, le silence et le froid que recelait l'espace sidéral, la Base Spatiale compensait  par l'agitation bouillonnante qu'accumulait son enceinte métallique.

Sanctuary.

Une super-forteresse autonome, un oursin d'antennes avec ses plates-formes de canons superposées en rizières, prêtes à déchirer l'espace de milliers de tonnes d'acier explosif contre le premier Formien qui oserait en franchir les senseurs.

Depuis un cockpit en phase d'approche, tout semblait bien calme. La lumière blanche de l'espace irradiait la carcasse de la cité flottante, celle de l'éternel trafic des engins spatiaux suivant des routes invisibles autour d'elle.

Mais en connectant son casque, l'espace s'allumait soudain d'un flux saturé d'annonces automatiques, d'instructions de navigation, d'échanges entre pilotes et contrôleurs de vol, du timbre monotones des traducteurs automatiques ou du cliquetis mystérieux de langues jamais entendues auparavant.

L'opérateur aguerri basculait alors sur son canal vocal désigné à l'aide de sa console et s'enregistrait auprès de l'Autospace Traffic Controler. Big Mama, Overlord, NMEMNYS de son vrai nom : l'intelligence artificielle contrôlant tout sur Sanctuary.

Quelque part dans l'espace, à moins d'un millier de kilomètres, une fissure violacée déchire le vide et recrache la carapace d'un vaisseau, toutes turbines lancées à fond.
Un orage de foudre retient la cuirasse et tente de l'accrocher depuis les entrailles de la fracture. Elle tente à tout prix d'avaler ce qu'elle vient de perdre, quitte à briser l'objet de ses convoitises. Mais d'un coup de gouvernail expert,  l'engin s'arrache à cette fissure magnétique qui, vaincue, se referme aussi brutalement.
Héritant de la poussée maximale des moteurs, le vaisseau dérive en diagonale. Puis son nez pivote et bascule pour s'aligner vers Sanctuary. Il envoie une première transmission dans la voix composée de sa pilote.

« VKT-99-911 pour ATC – Victor Kilo Tango – Surgissement sans calcul dans votre second anneau de détection. Confirme allié. A vous. »

La tonalité artificielle du Trafic Controler grésille un instant avant de répondre.

« VKT-99-911, bien reçu – Confirme allié - "Moniteur", appareil enregistré - Veuillez confirmer votre approche. A vous.»

« Approche confirmée. Requête de plate forme intermédiaire - Durée intermédiaire – 11ème secteur de maintenance civile. A vous. »

Nouveau bruit d'interférence d'une seconde environ, comme un simulacre de réflexion.

« Accordé/Accordé/Accordé. Maintenez vitesse de croisière jusqu'aux marqueurs de décélération.
Puis, intégrez voie IL-21 depuis les balises de trafic autorisées. Puis, suivez voie IL-21 jusqu'à jonction APP30. Puis, suivez JL-63 jusqu'au niveau -13. Puis, quittez JL-63 depuis les balises de trafic autorisées. Puis...
»

«  Ouais, ouais, ouais, ouais... » Abrège la pilote en ignorant la suite du laïus automatisé qui s’égrène toujours dans ses oreilles, rétablissant la poussée en direction de Sanctuary.
Le Moniteur, car c'était son nom, accélère de manière formidable, sans même corriger la dérive de trajectoire initiée à la fermeture du portail et la masse blanche de la Base s'agrandit en silence derrière l'affichage projeté du poste de pilotage.

Le Moniteur, surchargé par son saut dans le multivers, libère des éclairs violets qui arquent à la surface du fuselage, faisant trembler l'habitacle et disparaître brièvement les informations de vol.
 
De nombreux voyants s'allument à un rythme alarmiste dans l'espoir d'attirer l'attention sur les diverses saturations du système.
Leurs efforts sont ignorés ; Inclinée dans son fauteuil suspendu, Thanasia garde le bras tendu vers un boîtier fixé au plafond, le regard vissé sans passion sur l'indicateur de distance avec Sanctuary, accélérant vers le zéro à mesure que grimpe la vélocité.

La station prend bientôt des proportions dramatiques dans le hublot. Le calculateur cesse de proposer des trajectoires d'esquives, n'affiche plus qu'un message BREAK sur son écran.

« Survitesse, surv...* » Ses doigts gantés poussent l'interrupteur, éteignant au passage la plupart des voyants d'alarme. Thanasia pose ses pieds à plat sur le palonnier, juste avant d'enclencher une brutale inversion de poussée.

Son siège de pilote avance d'un mètre pour amortir le freinage.
Illuminée par l'échappement des tuyères de recul, la carlingue gémit avant de gronder comme le tambour d'une machine à laver.
Puis la vitesse chute enfin.
A quelques distances de la voie IL-21, le Moniteur amorce un très grand virage pour s'aligner en parallèle du trafic.

Entre les balises, la circulation spatiale est dense mais fluide.

Le train des vaisseaux défile sans hâte en ordre serré, dévoilant des engins parfois très simples et d'une beauté fonctionnelle, parfois d'une forme étrange et éclatante de couleurs, témoignant d'une culture ou d'une fonction spécifique.
Les modèles de série qui se suivent portent des logotypes de compagnies tributaires de Sanctuary . Mais l'absence flagrante de standardisation prouve que beaucoup viennent des quatre coins de l'univers et souvent d'autres plans du réel. Certains vaisseaux ont des optiques ou des pattes organiques. Des poils, parfois.
Tous suivent les antennes lumineuse qui tracent leur voie dans le vide spatial.

La navigation autour de Sanctuary s'organisait grâce à ce réseau de voies ceinturant la station, reliant la Capsule, Sanctuary et ses milliers de portes entre elles afin d'éviter blocages et collisions.

Mais plutôt que de s'intégrer au trafic, le Moniteur accélère.
Et à peine dépasse-t-il les balises d'insertion qu'un petit drone de circulation le prend en chasse. Les systèmes du vaisseau-espion spoofent sans effort la signature radar de leur poursuivant et la copient. Le petit drone, plus apte à distribuer des amendes qu'à la guerre électronique, abandonne la chasse, pensant soudain qu'il se poursuit lui-même.

Le Moniteur navigue sans obstacle le long de la IL-21, un arc électrique zappant une antenne lumineuse lorsqu'il passe à proximité.
Parvenu à une jonction, sorte de portique flottant, le vaisseau plonge pour rejoindre une autre route, plusieurs niveaux plus bas. Quelques robots autonomes s'arrêtent pour observer la course de l'engin mais aucune poursuite n'est lancée.

Enfin, le Moniteur parvient devant une des multiples portes menant au onzième secteur de maintenance civile.
C'est une zone réputée mal desservie et mal fréquentée, où la qualité des services et des pièces varie du pire au médiocre ...A moins de connaître les bonnes personnes ou d'y avoir vécu ; alors un monde de raretés à des prix abordables et à la provenance douteuse s'ouvrait à vous pour peu que vous sachiez où chercher.

Le Moniteur abandonne son déguisement radar et s'immobilise, toujours secoué d'éclairs violacés, dans l'axe de l'entrée rectangulaire.

« VKT-99-911 pour Porte 317 – Appareil enregistré demande accès à onzième secteur de maintenance civile pour atterissage. » réclame la pilote.

Deux tourelles orientent leurs vénérables canons quadruples – braqués comme des pieds de table – en direction du vaisseau. Le temps d'un scan, puis la première répond d'une voix aussi accueillante qu'un compacteur industriel.

 « VKT-99-991, accès refusé. Surcharge énergétique excédant les niveaux autorisés, réduisez votre... »

Un éclair sauvage arque sur la coque et frappe la première tourelle de plein fouet, l'envoyant valser sur plusieurs tours.

« … Surcharge énergétique descendue à un niveau réglementaire. Accès autorisé. » décrète la seconde boule de canons avant de retourner dans son axe.

Aucune agression détectée.
Diagnostic : survoltage spontané.
Sans système d'armement, le Moniteurest innocenté par le portail et immédiatement, une nuée de petits automécanos pullulent sur la tourelle hors-service.
Insensible, le Moniteur pénètre au pas dans l'enceinte pressurisée de Sanctuary, illuminé par les gyrophares de la porte. Ses réacteurs atmosphériques prennent le relais.

Le onzième secteur de maintenance civile s'accrochait au dessus du vide dans toute la disparité de ses structures métalliques. En dessous, les neuf autres secteurs. Au dessus, les dix autres.
Il s'agissait d'une sorte d'anneau périphérique, de puits extérieur logé dans un espace entre le corps de la station et son blindage externe.

Solidement boulonnées aux parois verticales s'alignaient des unités d'habitations huileuses, des plates-formes de ravitaillement, des hangars d'assemblage, des cales sèches, des commerces bas de gamme, des réservoirs de gaz, des monte-charges, des pipelines...
Et à ces premières structures s'en accrochaient d'autres, et le tout s'étalait sur des kilomètres de haut, bercé par le trafic interne qui le montait, le descendait ou en faisait le tour.

Tout ce bruit résonnait sourdement contre l'arrondi du blindage externe, contre lequel il était interdit de construire. Un chiffre Onze gigantesque y était inscrit, dominant les plates-formes de transit qui lui faisaient face, l'endroit choisi pour faire halte par le Masterclass et son équipage.

Ses trains sortis, le Moniteur traverse plusieurs voies de circulation et, épargnant les véhicules des surcharges qui le parcourent encore, descend avec pesanteur vers le carré d’atterrissage voisin. L'air vibre et chasse sous ses spots lumineux et ses propulseurs atmosphériques.

Le vaisseau-espion touche le sol avec la délicatesse d'une ballerine ivre, malgré ses systèmes défaillants. Puis il endort ses turbines dans un sifflement de plus en plus lent et grave.




Le murmure se poursuit alors que chuinte la porte latérale. L'escalier d'accès se déplie et la silhouette noire de la pilote apparaît dans l'encadrement.

Une sensation de malaise exhale alors du sol. Elle démange la voûte plantaire, remonte dans les jambes et bloque le souffle dans la poitrine.
L'instinct de survie, qui s'éveille face au danger, se met en marche à la vue de cette petite femme, sans armes dans sa combinaison simple et serrée.

Elle rappelle une peur latente, irrationnelle, comparable à une fuite de carburant dans un arsenal. Et chaque faux mouvement pourrait provoquer l'étincelle.

La moindre interaction avec cette femme pourrait mener au pire. Mais pourquoi cette impression ?
Légère comme une plume, la demoiselle emprunte seule les marches qui l'amènent sur le tarmac. Elle n'est pas armée mais le danger vient d'elle, de derrière ses yeux glacier reflétant un éclat surnaturel. Ils épellent un désastre futur, imminent mais qui peut être évité.

La demoiselle remonte la longueur de son vaisseau vers le cockpit.

Pour ceux qui gardent leur sang-froid, ils peuvent saisir que le malaise est artificiel. Il vient par vagues ; des pulsations d'autorité émises par l'inconnue auxquels l'instinct réagit. Elles semblent à peine volontaires de sa part, spontanées.
Même lorsque son regard croise celui de Marston, l'espace d'une demi seconde, il peut sentir un poids tomber sur sa nuque athlétique, comme si une main fluette, presque indépendante, l'incitait à baisser la tête.
Thanasia ne s'arrête pour quiconque et cela ne dure qu'un instant, mais Marston sait qu'il fait désormais partie d'un tableau de valeurs dans cette petite tête mystérieuse.
Les moins résolues parmi l'équipage du Masterclass n'y résistent pas d'ailleurs. Marston en surprend à détourner le regard et chercher nerveusement une occupation.

L'officier reconnaît cette attitude de vieux mercenaire, masquant sa vivacité derrière une négligence feinte.  Une vie passée à fuir ou à traquer, selon ses circonstances personnelles. Ceux qui savent que chaque être comporte une menace qui peut être évaluée.

Courante chez les gunslingers bourrus, il la trouve plus rare chez les demoiselles fluettes aux allures d'assassin pour une technocabale occulte, du genre à hanter les conduits de ventilation d'un hôtel pour étrangler un dignitaire avec une corde de piano. Du genre à piloter seule un vaisseau de guerre électronique déclassé et à se balader en combi moulante de type « je peux devenir invisible, grimper aux murs et survivre dans le vide spatial avant de sauter dans une petite robe cocktail.».
Tout simplement parce que ce genre de  gens évitaient d'attirer l’œil.
Cela dit, toutes choses considérées, atterrir dans cet étage délabré de la station pouvait constituer une forme de discrétion.
Les choses que la demoiselle semblaient être paraissaient trop évidentes pour qu'elle le soient vraiment.  Pourtant elle n'inspirait aucun air de tromperie apparente.

Elle longe son vaisseau jusqu'à hauteur du cockpit et au delà, constatant avec dépit les travaux de maintenance invisibles qu'elle allait devoir pratiquer. Deux petites créatures trapues en combinaison de mécano accourent sur le tarmac, portant au dessus de leur tête une large buse de carburant. Mais dès que la pilote se tourne vers eux, ils changent brutalement de direction et retracent en sens inverse le chemin laissé par le tuyau qu'ils traînaient dans leur sillage, boa paresseux dont la queue aboutissait à un réservoir rempli - à n'en pas douter - du fuel le plus goudroneux qu'on pouvait se procurer. A un prix d'ami, bien entendu.
L'aura réprobatrice de l'inconnue avait suffit pour réponse. Mais si les deux escrocs persistaient dans leur contestable commerce, c'est qu'il existait assez de naïfs pour les payer.

Soudain, de la voie d'accès au tarmac – celle qui menait aux droit aux portes vers l'intérieur de la station – plusieurs véhicules produisent une embardées et filent à vive allure vers les vaisseaux.

Mauvaise nouvelle. Les deux chariots de tête sont remplis de cyborgs anti-émeute.
Quand aux troisième, c'est un châssis d'un canon rotatif de 30mm qui se stabilise sur Thanasia en vrillant.

« Contrevenante ! Vôtre vaisseau correspond à plusieurs registres d'interdiction prioritaire ! Déclinez votre activité et préparez vous au processus de privation de liberté ! » aboie le haut-parleur du chariot renforcé, de la voix nodulaire du cyborg responsable.

Le voilà, le désastre épelé par la présence de l'inconnue ! Cet étalage de puissance de feu ne semble pas émouvoir la demoiselle, mais le Masterclass et son équipage sont droits dans la ligne de tir de l'énorme canon rotatif. Au moindre geste brusque, l'équipement peut cracher plusieurs dizaines de munitions perforantes de la taille d'un pied de table, transformant Thanasia – et tout organisme au delà - en nuage de poussière rose et tout équipement en râpe à fromage.

Les cyborgs avaient amené un foutu système anti-vaisseau pour confronter la pilote. Ils ressemblaient à un groupe privé, mais pourtant, ils utilisaient du matériel d'assaut conçu par les forces automatisées de la Station. Et toutes leurs armes utilisaient des lasers d'acquisition, même le canon avait un équipage. Alors pourquoi MNEMNYS utilisait-elle un proxy pour régler ce problème et pas directement ses systèmes robotiques ?

Thanasia fait un pas en avant.

Les projecteurs des chariots tournent au rouge. « Arrière ! »

« Ecoutez moi, pantins sans cervelle ! » Répond Thanasia, laissant entendre sa voix couroucée.

Elle active le datapad sur son poignet, pianote un peu puis projette un document holographique qui s'affiche sans doute dans les casque de l'équipe d'assaut. Son geste de main avait bien failli les faire tirer.
Un silence, quelques brèves délibérations, puis avec la même rapidité qu'ils étaient apparus, le contingent se rassemble et rebrousse chemin à vive allure.

La demoiselle se retourne avec la grimace d'une sang-bleu contrariée par les serviteurs d'une maison étrangère qui ne l'ont pas de suite reconnue.

L'affaire résolue, elle revient à grand pas et entreprend d'ouvrir un panneau de maintenance sur le ventre de son vaisseau. Pour ce faire, elle doit pousser et grimper sur un caisse car, à l'exception de la poupe, le corps du Moniteur disposait d'une importante garde au sol qui permettait de circuler sans peine en dessous.

Une accumulation de fumées dues à un incendie électrique s'échappe dans les airs lorsque s'ouvre la bouche d'acier. Les flammes sont éteintes mais les dommages sont là.
Alors la vampire se met au travail. Elle rentre chercher une caisse à outils flottante et grimpe sous la carlingue. Elle semble soudain bien seule, agrippée au dessus du vide, entreprenant les travaux de maintenance d'une équipe entière de mécanos. Elle n'a clairement pas l'équipement adéquat et la tâche semble retorse, mais pourtant ses gestes sont sûrs. La pilote sait ce qu'elle fait.
Après avoir tiré trop fort sur un câble, tout un boîtier s'arrache avec et s'éclate sur le tarmac en dessous.

Pendue façon chauve-souris, la vampire passe un appel :

« Brdl'k, je suis sur Station. Secteur de maintenance. Oui, on discutera plus tard j'ai besoin de pièces. »

Elle raccroche et continue de compulser les sites de surplus, la tête en bas sur son datapad, une moue absente sur le visage alors que défilent les images sous ses yeux.
« Modifié: mercredi 06 novembre 2024, 18:15:24 par Thanasia »

Jack Marston

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    Description
    Jack est un ancien militaire devenu chasseur de primes. Après avoir un temps servi sur le Masterclass sous les ordres de son frères d'armes Spike Masters, il a décidé de prendre son indépendance et il trace avec optimisme et positivité de primes en galères à travers l'espace et, parfois, les dimensions.

Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

Réponse 1 jeudi 14 novembre 2024, 00:30:47

« Alors… A quoi tu penses, mon grand ? »

Zoe avait pris son temps avant d’aborder le sujet épineux, tirant profit du temps que lui prenait l’enregistrement de la cargaison débarquée avant de valider son envoi pour vente à un intermédiaire de confiance. Elle avait insisté pour que Jack soit présent afin de les protéger, elle et les caisses, mais la vérité était qu’elle voulait tirer les choses au clair.

Depuis des mois, le second et le capitaine, Spike, s’éloignaient doucement mais sûrement. Les opérations du Masterclass ne rencontraient que peu de succès. Il faut dire qu’ils avaient passé plus de temps à accumuler les frais d’ancrage qu’à chasser des primes, ce que Jack avait fait à tour de bras, embarquant avec sa Lina, son vaisseau personnel, dans des aventures en solitaire parfois très dangereuses, mais profitables, tenant le navire à flots sans pour autant voir le moindre changement positif ; au contraire.

Le Masterclass se désagrégeait, et ce n’était pas que le fait de leur discorde. Spike refusait de bouger en dépit des harangues de son frère d’armes et on ignorait pourquoi. Zoe ne pouvait pas naviguer et elle voyait bien les comptes flirter avec le rouge de plus en plus sûrement. Quant à Lana, elle avait laissé tomber ses opérations et avait elle aussi commencé à travailler de son côté, comme collectrice et vendeuse d’informations. Elle commençait à se faire de l’argent et il était de plus en plus improbable de la retrouver à bord en cas de départ. Jessica, elle, ne quitterait pas le rafiot tant qu’il tournerait, mais même elle s’ennuyait comme un rat mort sans rien d’autre que des contrôles et de l’entretien de routine. Allegra, elle, était encore un cas à part : elle mettait ses compétences à profit dans une clinique à chaque arrêt. Pour elle aussi, pourtant, cet arrêt interminable ouvrait de plus en plus la voie à un engagement plus officiel.

Le Masterclass perdait son âme et Jack le sentait. Cette fois, Spike et lui avaient eu une dispute vraiment compliquée. Il avait appris ses aventures avec une créature intangible, une autre Jessica, d’ailleurs, et avait voulu savoir de quoi il s’agissait. Il n’avait pas aimé son ton et il lui avait demandé ce que ça pouvait bien lui foutre. Tout était sorti, d’un côté comme de l’autre, mais, au final, ça n’avait rien donné : Spike refusait de s’expliquer ou de donner un cap à son équipage. Même Jack ne pouvait pas tenir un équipage absent et las. Il songeait clairement à sortir Lina pour de bon et à acter son départ.

« C’est une sale affaire, » lâcha-t-il avec lassitude avant de tirer les dernières lattes de sa cigarette et de la jeter hors du ponton. « On n’en sortira pas indemnes. Je n’aimerais pas devoir être celui qui prononcera les mots fatidiques. »

Avec un pincement ému, la navigatrice vint poser une main sur son bras, avant de l’entourer du sien et de s’y coller à la manière d’une chatte.

« Personne ne t’en voudrait. On t’aime parce que tu es ce que tu es, Jack. »

Il inspira profondément avant de soupirer doucement, puis il se tourna vers elle et l’enlaça tendrement un instant. Se reculant, il hocha la tête avec émotion en détournant les yeux et la remercia du bout des lèvres. En temps normal, ce geste aurait initié un petit jeu qui aurait conduit à des galipettes réconfortantes à bord une fois leur travail terminé, mais le sort en voulut autrement.

Lorsque le Moniteur était arrivé, tout le monde avait senti, instinctivement, que quelque chose était sur le point de se passer. C’était comme une tension qui s’était abattue sur le quai et avait frappé chaque personne subitement, causant l’arrêt des activités et un suivi hypnotique des événements. Mais Jack avait surmonté la tétanie comme il avait surmonté tant de fois celle précédant l’assaut des tranchées ennemies pendant des années.

« Zoe, finis de… Zoe ! Finis le compte et envoie ! »

La navigatrice, secouée, hocha la tête. Elle avait fait traîner les choses. Elle avait déjà fini de toute façon, et elle signa électroniquement le bon d’expédition avant que les chariots portant les chargements se mettent en chemin automatiquement vers la réserve de son contact. D’un signe de tête, il la renvoya à bord d’un air sévère, et il revint avec attention au cas du sinistre vaisseau. Il semblait endommagé ; assez sérieusement endommagé. Et, une fois posé, il révéla son personnel navigant, ou, en tout cas, une personne du bord.

Le tremblement flottant dans l’air s’accrut et le chasseur de primes sentit un frisson descendre son échine en suivant des yeux celle qui était descendue. A première vue, elle n’était pas impressionnante : petite, fine, souple, l’humanoïde aux cheveux gris cendrés laissait cependant planer un sentiment viscéral. Malgré les apparences, elle était un prédateur. Elle ne transpirait pas qu’une assurance martiale évidente que reconnut immédiatement le vétéran sur elle, mais aussi cette tranquillité mortelle que pouvaient transpirer certains prédateurs incontestés dans leurs milieux, comme le lion sur Terre. Il ne savait pas ce qu’elle était, mais elle était dangereuse, et tous le savaient à un niveau instinctif.

Quand il croisa son regard, Jack sentit la sensation l’écraser subitement. Il faillit bien trembler et glapir, mais il parvint à se contenir et, lorsqu’elle passa à autre chose, il sentit l’impression se dissiper, puis revenir, moins forte, puis se dissiper encore, puis… Il cilla. S’agissait-il d’un mécanisme naturel ou artificiel ? Avait-elle des phéromones particulières ? Des pouvoirs psychiques ? Ou un émetteur d’ondes particulier ? Sa curiosité, piquée au vif, l’aida à sortir de sa torpeur et à suivre les choses de façon plus analytique. Quand elle congédia les petits attrape-touristes et géra l’intervention musclée des forces de sécurité de NMEMNYS, l’intelligence artificielle, sans doute générale, qui contrôlait cette station pléthorique, il fut complètement captivé.

Il ne savait pas qui était cette femme, pour peu qu’elle soit sexuée, mais il devait la connaître ! Et puisque les robots avaient dit qu’elle était recherchée à plus d’un endroit… Jack sortit soudain une tablette de sa poche et entra dans un registre libre de recensement des primes en vigueur, ici, ailleurs, partout. Il entra les spécificités du Moniteur et de l’inconnue et en sortit un dossier qui lui tira un sifflement. Il reconnaissait un dossier gonflé et bancal quand il en voyait un, mais tout de même, il était sacrément touffu, et ça, c’était impressionnant.

Son regard revint sur elle qui, une fois la sécurité partie, avait ouvert une trappe et disparu temporairement dans un nuage de fumées froides toxiques. Qu’est-ce qui était vrai dans son dossier, comme dans son aura ? Le chasseur de primes las et fatigué savait reconnaître une opportunité en la voyant, et il se sentait stimulé à l’idée de sonder l’objet de ses interrogations. Sur la base, il ne pouvait rien faire, mais elle non plus à priori. Ainsi, il pouvait toujours tenter de l’approcher, et il avait une idée de la manière dont il pouvait le faire. Il avait déjà attrapé un sac d’outils pour s’avancer vers le Moniteur quand un composant entier tomba de la trappe ouverte et s’écrasa sur le ponton. Il marqua un arrêt surpris avant de continuer d’un pas prudent, puis s’avança en entendant qu’elle passait un appel.

Il passa sa tête par la trappe pour voir la tête grise suspendue en train d’inspecter une tablette, manifestement en train de chercher des pièces détachées. Il l’observa quelques secondes avant de la déranger enfin :

« Vous savez ce que vous cherchez ? Trouver son bonheur au bon prix est presque impossible sans les bons tuyaux. »

Leurs regards se croisèrent et Jack combattit la soudaine sensation de vulnérabilité et de peur le prenant. Manifestement anxieux et incertain, il déglutit avant de se redresser avec un sourire goguenard.

« Je m’appelle Jack. Et si tu as besoin d’aide, je veux bien te donner un coup de main. »
« Modifié: mardi 06 mai 2025, 03:26:30 par Jack Marston »
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Thanasia

Créature

Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

Réponse 2 dimanche 04 mai 2025, 19:23:49

« Vous savez ce que vous cherchez ? Trouver son bonheur au bon prix est presque impossible sans les bons tuyaux. »

« Mh ? Ah, toi. » relève Thanasia lorsque l'officier l'aborde, comme s'ils s'étaient déjà présentés.
La tension s'estompe des épaules de Jack. Il y avait une catharsis à s'approcher d'un monstre et à le voir bailler. Si le jeune penseur préfère l'indifférence du fauve à son appétit, le vieux sage se garde bonnement d'entrer dans l'enclos.
Mais Jack n'était pas un vieux sage. Il était venu caresser le danger sous le menton. Et d'une certaine façon, Thanasia s'apprêtait à le laisser faire.

« Je m’appelle Jack. Et si tu as besoin d’aide, je veux bien te donner un coup de main. »

La vampire se rit de sa proposition avec un air d'intense supériorité. Ce qui donnait un résultat étrange, dans cette position.

« Je suis Thanasia, et je ne reçoit d'aide de quiconque ! » déclare-t-elle triomphalement. « Ce que je veux, je le prend. Et à toi, misérable, j'accorde l'honneur de me servir de marchepied aussi longtemps qu'il me plaira. »

Alors, la petite vampire, toujours assise à l'envers, attrape le rebord de la coque d'où elle pendait et laisse tomber ses jambes.
Son agile demi-cercle est stoppée par le visage de Jack rencontrant son ventre. A l'impact, ses jambes s'enroulent autour de son cou comme les pistils d'une plante carnivore.
Elle l'avait transformé en escabeau aveugle.
Cette petite chose était si convaincue de sa grandeur et du règne qu'elle détenait sur autrui qu'elle l'exerçait avec décontraction.
Bien installée, elle est de retour à sa tâche. La créature aux manières de sale gosse continue de pérorer, s'adressant à lui sur le même ton qu'une vieille dame insistant pour être appelée mademoiselle.

« Me demander si je sais quelque chose... Misérable... » Répète-t-elle à nouveau d'une voix neutre, sans colère ni mépris. Jack n'était rien de spécial pour la demoiselle et il aurait pu jurer qu'elle s'adressait à tout le monde ainsi.

« Il n'y a rien que je ne sache pas, sache le.
Et ne bouge pas sans raison ! Si je laisse un fragment de câble dans le cerclage, je t'enferme dans la soute. »


La paire de cuisses pressée contre ses joues ne semblait pas fort musclée, pourtant Jack sentait qu'il n'aurait pu les écarter pour se libérer, même s'il l'avait voulu.
Après avoir démonté un panneau bas, la demoiselle aux cheveux gris s'assied sur sa tête, libérant ainsi sa vision.
C'était un fardeau, mais pas un fardeau désagréable de par son étonnante légèreté.
Mais surtout du fait que sa combinaison constituait, indubitablement, sa seule couche de vêtements.

Jack pouvait ressentir chaque contraction dans ses muscles de cuisses et tout ce qui se trouvait entre deux, directement perché sur son crâne.
Puis il put sentir la forme précise de ses pieds à travers le tissu étanche lorsqu'elle se mit debout sur ses épaules.

La demoiselle ne chômait point et connaissait bien les entrailles de sa bête. Les boîtes à fusibles encrassées qu'elle étripait soigneusement semblaient vraiment old tech.
Ce vaisseau, bien que vieillissant, avait l'âme d'un bolide de naguère. Et il sentait comme tel, au delà de l'arôme de feu électrique. Plus personne n'utilisait ce genre de manchon polymère...

Quelques instants plus tard, un vieux chariot de transport arrive à grande allure dans la voie d'accès, chargé de caisses de matériel et de ravitaillement..Le véhicule ralentit à peine en atteignant les plate-formes d'atterrissage et s'arrête juste devant Thanasia et son échafaud humain. Aucun cyborg anti-émeute, cette fois.
Une créature, vêtue d'un manteau crasseux d'huile, de brûlures de chalumeau et de traces de bitume tourne ses appendices vers eux. La créature ressemble à un paquet de vers de terre, roses et très propres, chacun ayant la taille d'un bras s'affinant vers l'extrémité. Certains tentacules actionnent le volant, d'autres les pédales et le reste semble décidé à sonder l'espace alentours.

« Brld'k, pitoyable et tortueux courtier, tu m'apportes ce que je t'ai commandé, correct ? »

Jack peut dès lors confirmer que nul n'échappait aux épithètes assassins de la créature perchée sur ses épaules. Ce n'était pas contre lui, mais à l'attention de tous. Et puis, Thanasia semblait gagner en aplomb avec l'altitude.

Le sac organique de Brld'k dont provenait tous les appendices produit un code sonore mélodieux.

« C'est bien, sors donc tout. »

Une autre mélodie : « Nous verrons plus tard, persistante créature ! Je n'ai pas oublié tes fameuses "méthodes de paiement alternatives" ! Elles me laissent toujours avec le sentiment que c'est moi qui devrait être compensée. »

Troisième son insistant.

« Oui, oui, nous avons un accord. Va en paix, maintenant, hors de ma vue ! »

Le monceau tentaculaire laisse échapper une sorte de rire complice, détache son chargement et quitte la piste au volant de son engin.

Une fois les disjoncteurs débarrassés de leurs câbles brûlés et de leurs prises fondues, Thanasia entreprend de brancher les fils de remplacement, jusqu'à éteindre la dernière diode rougeoyante.

Thanasia tombe gracieusement des épaules de Jack et inspecte sa marchandise.
Elle soulève quelques boîtes et se retourne, constatant d'une grimace leur frappant écart de taille. Toute fanfaronnade de sa part aurait perdu en impact à cet instant.
La petite vampire considère la coque hors d'atteinte, Jack à nouveau, très brièvement, avant de préférer une échelle télescopique qu'elle déploie sans mot dire, contre le rebord de la trappe.

Masquant sa petite blessure d'orgueil, elle chasse l'officier d'un petit geste de la main.

« Bien, tu as fais un escabeau convenable, mais tu es congédié à présent. Allez, ouste, laisse moi œuvrer. »

La demoiselle grimpe son échelle, chargée de plusieurs boites et disparaît en rampant vers le système hydraulique.
Dans le chariot de livraison à côté de Jack, les pièces qu'elle a commandé ne sont pas toutes des raretés introuvables. Il reconnaît de nombreuses pièces compatibles avec les systèmes du Masterclass.

Le dossier de primes qu'il avait parcouru lui revient à l'esprit.
Il occultait de nombreux détails mais certaines informations étaient sûres. Le Moniteur indiquait sobrement "vaisseau espion" et "capacité de voyage multiversel". La pilote était classée comme "Haut potentiel de destruction matérielle", "instable", "imprévisible".
Confirmant ses craintes, il était recommandé noir sur blanc de ne pas engager de poursuite dans des zones urbanisées.

Elle était classée en Tier 8 dans les systèmes alignés, ce qui l'installait au même registre que certains terroristes de masse. Pourtant le nombre de ses victimes était marqué "Inconnu". Ce qui était peu commun ; Même pour les profils les plus obscurs, le dossier s'accompagnait toujours d'une vague estimation.
Aucun effort de falsification ne serait parvenu à un tel résultat. Le dossier était à trous, vague certes, impliquant une importante rétention de données en haut lieu, mais ce "Inconnu" semblait sincère. Malgré toutes les destructions causées par Thanasia, l'existence même de victimes était inconnue.

Plusieurs affaires chaotiques étaient liées à la Station Spatiale.
Malgré leur ampleur, chacune était classée et aucun montant de prime n'apparaissait dans l'historique.

« Funérarium ! » peut être entendue pester Thanasia, qui se croit seule, à présent.

Si les systèmes électriques pouvaient se réparer seule, les intrications des systèmes hydrauliques constituaient  une autre paire de manches.
« Modifié: dimanche 04 mai 2025, 20:55:38 par Thanasia »

Jack Marston

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    Jack est un ancien militaire devenu chasseur de primes. Après avoir un temps servi sur le Masterclass sous les ordres de son frères d'armes Spike Masters, il a décidé de prendre son indépendance et il trace avec optimisme et positivité de primes en galères à travers l'espace et, parfois, les dimensions.

Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

Réponse 3 mardi 06 mai 2025, 06:28:36

Si Jack ne s’attendait pas à ce que la fille l’accueille avec un sourire et les bras ouverts, il ne s’attendait pas à… ça. Thanasia lui répondit avec tant d’autorité et de dédain qu’on l’aurait crue sortie d’un roman de cape et d’épée où, évidemment, elle figurait une reine parfaitement hors-sol méprisant le reste de la société. C’est choqué par cette répartie d’un verbiage inattendu qu’il ne réagit pas à temps à son acte. Souple, rapide, légère, elle le percuta sans presque qu’il la sente mais, lorsqu’il voulut, évidemment, par réflexe, se dérober à cette intrusion soudaine et non-désirée, il sentit ces jambes fines mais terriblement toniques le maintenir, lui interdire de bouger, le sommer de garder sa place. Il réalisa avec un frisson qu’elle aurait pu lui briser la nuque d’un tour de hanches si elle l’avait voulu, son corps réagissant presque instantanément à tout signe de fuite. Il ne pouvait que se résoudre à ne pas bouger, résignation par laquelle il pouvait au moins respirer entre des jambes plus détendues, ou, du moins, moins occupées à songer à l’éliminer.

Et, sans que son action lui paraisse le moins du monde déplacée, il l’entendit se remettre au travail, bien mieux installée qu’avant de toute évidence. Surtout, il l’entendit maugréer contre lui, malgré les cuisses légèrement pressées sur ses oreilles. D’abord, Jack se sentit insulté, et il se braqua sérieusement mais, à l’entendre, quelque chose piqua son intérêt, et il se fit la remarque que la petite Thanasia, si jeune en apparence, parlait comme une vieille conne s’adressant à un jeune l’aidant à traverser la route : comme si le monde et le destin de tous les êtres le foulant lui appartenaient par droit d’aînesse.

Ainsi, Jack se calma et réfléchit, songeant à son dossier, son long dossier pour une fille qui ne semblait pas avoir atteint la trentaine encore. Et, plongé dans ses pensées, il sentait contre lui le corps de la chasseuse solitaire comme si elle avait été nue contre lui. Il sentait bien la matière synthétique de sa tenue contre sa peau, mais, cette sensation à part, elle épousait si bien sa peau qu’il pouvait sentir la moindre pulsation nerveuse, le moindre tressaillement musculaire parcourant son ventre plat ou ses cuisses fermées tandis qu’elle s’affairait. Lorsqu’elle se leva sur sa tête, il sentait non seulement nettement la pression de son bassin sur son crâne, mais il pouvait deviner le creux lui annonçant ses fesses autant que le petit coussin moelleux qui lui annonçait… Bref. C’était assez intimidant. Il n’était pas du genre timide, mais une telle désinvolture le prenait décidément de court.

Au moins, la sentir se mettre debout sur ses épaules lui permit de passer outre ces sensations, et il osa baisser les yeux au sol, notant la quantité de matériel à jeter et à remplacer. Et quel matériel ! S’il n’était pas mécanicien, tout le monde mettait les mains dans le cambouis, dans leur vaisseau, et un paquet de pièces de son enfin semblaient vraiment anciennes, donnant du poids à la thèse de son très grand âge.

L’arrivée de Brld’k le tira à ses songes, et il avisa la masse improbable avec un regard à la fois contrit et triste. Il avait malheureusement connaissance de cette race, et une ancienne conquête de la station l’avait, il y a quelques années, largué au profit d’une de ces choses. « Tu ne comprends pas, » lui avait-elle dit. « Avec lui, c’est autre chose ! » Et, si, il comprenait bien ce qui était différent et ce qui pouvait l’exciter là-dedans, mais… Il avait eu du mal à comprendre véritablement ce qu’elle lui trouvait au-delà à l’époque, et il ne comprenait décidément pas plus aujourd’hui. Il eut un frisson en se demandant si la station en comptait plus d’un, ou si c’était Brld’k qui lui avait sifflé cette fille.

De son échange avec Thanasia, il n’enregistra que l’essentiel, comme il était occupé à réfléchir et à se remémorer son passé. Il comprit la teneur de leur commerce et de leurs rapports, et il nota bien le langage tout aussi crasse qu’elle employait envers lui. Au moins, il pouvait maintenant être assuré que le mépris grabataire de la chasseuse ne concernait pas que lui, mais probablement l’ensemble de l’univers.

La créature partie, la fille sans âge descendit enfin de ses épaules, et Jack, libéré de la pression de son emprise plus que de son poids, pris une seconde avant de faire rouler ses mécaniques et de se craquer la nuque, soulagé d’un poids figuratif. Il soupira d’aise et, ceci fait, considéra de lancer à cette Thanasia qu’elle n’avait pas à le traiter ainsi, mais son regard contrarié le fit se raviser. La voyant tirer une échelle de la carlingue, échelle qu’elle aurait pu utiliser dès le départ, donc, il subit son congé sans pincettes et resta là, pantois, à la regarder se hisser avec des caisses diverses à l’intérieur de la trappe technique.

Pour une première prise de contact, c’en était une qu’il n’oublierait pas de sitôt ! Il ne s’attendait absolument pas à une situation pareille. Surtout, il ne s’attendait pas à subir ainsi. A être dépossédé ainsi de cette puissance, de cette force qui le tenait usuellement au-dessus de la mêlée. A être, en somme, intimidé. Mais le contenu de son dossier faisait plus de sens. Entre la sensation viscérale que son approche causait à tout un chacun, cette puissance latente dissimulée dans ce corps menu, léger et souple, et l’autorité ancienne et lasse qu’elle possédait… Il avait des raisons de déduire que Thanasia n’était pas Humaine. Humanoïde, certes, mais pas Humaine.

Songeur, toujours, il n’était pas parti. Et ses yeux se posèrent sur le matériel qu’elle avait commandé. Il avait vu des pièces d’apparence bien vieillotte tomber de la trappe tandis qu’elle se tenait sur lui, mais, si certaines pièces de rechange était proprement antiques de son point de vue, son appareil avait clairement bénéficié de mises à jour au fil du temps. Son œil fut attiré par un joint identique à celui d’un échangeur de puissance du Masterclass, et il défila ensuite pour reconnaître quelques références et des pièces plus familières que le reste. Levant la tête vers la carlingue endurcie par les épreuves, il se demanda ce que le Moniteur avait bien pu traverser ; et, surtout, depuis combien de temps. Et il se demandait si qui que ce soit pouvait réellement maîtriser une machinerie si multigénérationnelle et complexe.

Un soufflon curieux, mais rageur, clairement frustré, lui répondit depuis l’intérieur de la trappe, résonnant d’un air cryptique, véhiculant son ancienneté tandis que le poids de sa vétusté se faisait sentir. Jack ne savait même pas quoi faire de ce mot. Il comprenait l’idée, la colère contrite derrière, mais le mot lui-même…

Il entendit des coups, une lutte mécanique à l’intérieur, et, après une brève réflexion, déterminé à obtenir des réponses à ses questions, il soupira et s’engagea sur l’échelle. En deux temps, trois mouvements, il passait tête et épaule à l’intérieur, et il repéra vite la petite silhouette aux cheveux cendrés en train d’essayer de forcer le desserrage d’un vérin pneumatique. Il n’avait aucune réelle idée de l’architecture interne mais, à en juger par ce qu’il voyait, le Moniteur avait un train d’atterrissage robuste et le mécanisme hydraulique avait été détruit. S’il n’y avait eu les ancrages gravitiques de Mnemnys, elle aurait eu bien du mal à se poser où que ce soit sans dégâts supplémentaires. Elle avait eu, pour ainsi dire, de la chance.

Après l’avoir brièvement observée, Jack se permit de se racler la gorge, la surprenant dans son ouvrage, avant de s’adresser prudemment, mais tranquillement, à elle :

« Je sais que tu sais tout et que tu n’as pas besoin d’aide, mais on ne desserre plus un vérin comme ça depuis avant ma naissance. Il faut utiliser le poinçon de ta clé pour enclencher le… Tu sais quoi ? Sans prétendre que je sais mieux que toi, je pourrais te montrer. »
--

Thanasia

Créature

Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

Réponse 4 mercredi 14 mai 2025, 16:58:59

Un raclement de gorge. Allongée sur le flanc, Thanasia baisse les yeux vers l'auteur de ce bruit.

"Mh ? Ah, encore toi." dit son sourcil gauche, dressé sans effort sur son arcade.

Une fois de plus, Thanasia relève simplement la présence de Jack.

Son retour n'évoque ni moue, ni frustration chez la créature. Il n'élicite aucune réaction.
C'était un événement qui appartenait au domaine du probable. Il pouvait survenir, et il était survenu.
Jack en vient à se demander ce qui pourrait la surprendre, cette petite dame. Il semblait que même un coup de feu lui aurait arraché ce lever de sourcil.

Et de ce simple regard, une réalisation sourde enfle chez le commandant en second:
Si cette rencontre avec la pilote l'avait secoué, laissé pensif,  Thanasia, en le chassant plus tôt, avait immédiatement relégué Jack au passé, dans les limbes de sa mémoire.

Elle l'avait congédié sans vraiment y penser, comme on chasse du pied un caillou en marchant. Comme on s'amuse peut-être à le voir rebondir, mais sans s'attrister de le voir s'évanouir à jamais.
La vampire l'avait écarté du bout de sa chaussure  mais Jack, plutôt que de disparaître, s'était obstinément retrouvé sur son chemin. Et en passant les épaules dans cette écoutille, Jack a la brève mais très vive impression ...d'être un caillou.

C'était un sentiment fascinant, creusant sourdement les tripes : Celui de n'être rien dans les yeux bleus d'autrui.
On ne regarde pas de haut un caillou. On ne le méprise pas. On ne s'agace pas de sa présence. On la constate simplement.
Jusqu'au moment où le caillou se met à parler, et que vous vient la fantaisie de le glisser dans votre poche.
C'est le second sentiment qui saisit l'officier. Le frisson de susciter enfin l'intérêt dans les yeux du prédateur.


« Je sais que tu sais tout et que tu n’as pas besoin d’aide, mais on ne desserre plus un vérin comme ça depuis avant ma naissance. Il faut utiliser le poinçon de ta clé pour enclencher le… Tu sais quoi ? Sans prétendre que je sais mieux que toi, je pourrais te montrer. »

Thanasia inverse le sens de sa clé et prend connaissance du poinçon, apportant un crédit silencieux à ses conseils, puis elle finit d'écouter Jack, un sourire vil poussant ses commissures vers ses pommettes.

Une main se pose sur sa hanche, l'autre étale ses doigts à la base de son cou.

« Pauvre ère. Si tu reviens me servir, c'est que tu désespères de prouver que ton existence vaut davantage qu'un marchepied. Comme je te comprend ! »

Même allongée, les pieds vers lui dans cet espace sans repères, la petite demoiselle parvient à donner l'impression de le surplomber.

« … C'est décidé ! Tu m'appartiens jusqu'au retour en marche de ce vaisseau ! Viens à moi et prouve ta valeur, nous avons fort à faire. » déclare-t-elle en lui présentant la clé.

Thanasia, visiblement, éprouvait un plaisir impérial à décréter l'asservissement d'autrui. Et il était rare qu'un humain lui offre cette opportunité deux fois en si peu de temps. Elle s'en félicitait.

Tu m'appartiens. Viens à moi. Ses mots résonnent entre les oreilles de Jack et pulsent derrière ses yeux.

Un sentiment familier s'empare de lui : L'emprise de la créature.
Mais ce n'est plus la crainte de naguère, ni son aura silencieuse qu'il ressent. C'est le pouvoir de sa voix .

Tu m'appartiens.
L'écho lui démange l'intérieur du crâne, comme si les ongles pointus qui ornaient chaque doigt de sa combi grattaient les sillons de sa matière grise.
Viens à moi.
La pulsation forme une vision tunnel entre lui et la pilote, et le monde autour d'eux s'efface comme au passage d'une gomme.

Jack le sent, il n'a perdu aucune faculté de décision malgré l'influence de Thanasia ; Son expérience de soldat l'avertit de ces œillères. Et il ressent toujours l'agacement et l'absurdité désuète de ces déclarations de servitude.

Pourtant il se met à ramper vers elle. Quoi qu'elle veuille prétende, c'est lui qui avait choisi de proposer son aide. Et son arrogante réponse n'était qu'une façon détournée de l'accepter.
Mais il ne parvient pas à se défaire de cette impression, celle d'avoir été ramassé entre ses doigts pointus sur le chemin rocailleux.
Il n'a que trois mètres à parcourir sur les coudes, mais ils lui en semblent dix sous l'intense regard bleu qui ne le quitte pas, la clé à poinçon balançant au bout de ses petites griffes.

Un seul coup d’œil à son sourire narquois suffit pourtant à lui en donner le cœur net : Elle ne lui a pas jeté de sort. Elle n'a même pas essayé.  Cette force qu'il ressent glissait passivement entre ses mots, donnait du pouvoir à sa voix et étayait cette arrogance exceptionnelle.

Mais cette attraction a quelque chose de personnel, cette fois ci, contrairement à son aura d'intimidation dédiée à tous. Aussi capricieuse soit cette petite peste sans âge, Jack s'était senti choisi. Pour la "servir", certes, mais choisi. Quasi dérobé à l'équipage du Masterclass.
Par sa volonté, ce "Tu m'appartiens" lui avait rendu le Moniteur  immédiatement familier, presque accueillant.
Peut être était-ce un "bienvenue" subliminal, enseveli sous huit couches de supériorité aristocratique ?

Mais dans ces quelques secondes qu'il lui faut pour ramper jusqu'à Thanasia et saisir la clé, la traction surnaturelle de ses mots s'est évanouie. Il distingue à nouveau clairement ses environs. La trappe d'accès est juste là,  derrière ses jambes, et il sent qu'il pourrait rebrousser chemin dès maintenant, quoi qu'en dise la petite terreur.

Mais à quoi bon ? La petite terreur ne dit plus rien. Pas même une petite pique raillant son obéissance prétendue.
Maintenant que Jack est là, son attention est entièrement dévolue à l'agencement mécanique au dessus d'eux.
Les voilà allongés épaule contre épaule, faute de place, à contempler cette horlogerie noircie comme on s'installerait sous le ciel nocturne.

Thanasia n'a qu'un regard de plus pour l'officier en second alors qu'il desserre le vérin. Elle hoche la tête. En effet, voilà qui était plus rapide.
La pilote se redresse et enfonce manuellement le piston dans son logement. Le cylindre chromé s'arrête aux deux tiers, même en forçant.

« Mph. Irrécupérable. J'en sors un neuf, dévisse les suivants. » La vampire glisse hors de son champ de vision.

Ce vaisseau avait été conçu par et pour des mécaniciens. Presque tout est à portée de bras pour Jack, même si le grand gaillard aux épaules athlétiques ne pourrait même pas s'asseoir dans ce réduit. 

La vampire, bien plus svelte, se glisse où il ne peut aller. Elle réapparaît et grimpe sur lui, s'asseyant à califourchon sur son torse, puis elle insère un piston neuf à la place de l'ancien.

Ainsi se déroulent les minutes et les heures qui suivent. Difficile à dire sans consulter une montre dans cet espace clos où seul leur parvient le bourdonnement sourd et confortable du trafic extérieur.

Les cliquetis métalliques sont ponctués ça et là par les impacts sourds de leurs déplacements contre la surface du conduit.
Ils travaillent à quatre mains, s'attaquant au catalyseur multiversel du Moniteur accroché au plafond, sous le pont du vaisseau. C'est un arbre à came très complexe, mais que la dame blanche connaît par cœur.
Lorsqu'elle n'est pas à cheval sur Jack ou perchée en tailleur sur son buste, elle s'allonge sur lui, souvent pour l'assister sur une pièce basse, ou consulter tranquillement sa tablette. La demoiselle effectue plusieurs autres commandes à son courtier tentaculaire, la tête posée sur le pectoral de son serviteur.  Elle ne cesse d'aller et venir avec de nouvelles pièces, se servant de lui comme d'un matelas.
Malgré ses coudes et ses genoux, il y a une aisance à sentir Thanasia se déplacer sur lui. Les membres de la voyageuse ont une manière étrange d'exercer leur poids contre ses côtes ou ses abdominaux. C'est une pression ferme et progressive, laissant aux muscles le temps pour se contracter. A plusieurs reprises, son genou se plante dans l'aine de Jack ou glisse entre la naissance de sa cuisse et de son entrejambe sans provoquer l'agonie redoutée.

Ils progressent vite, toujours plus profondément dans le ventre du Moniteur. Les mains gantées de Thanasia opèrent leurs extrémités pointues autour de celles de l'officier, telles deux petites veuves noires. Branchements, emboîtements, démontages ; Sous le catalyseur, la température se stabilise dans le réduit chauffé par les sous-systèmes, réactivés l'un après l'autre. Malgré son vêtement très serré et son rythme de travail, pas une goutte de sueur ne vient faire briller le front pâle de la demoiselle.

Tout séjour prolongé sur la station vous enjoignait à plus ou moins suivre le cycle temporel en vigueur pour votre espèce. A défaut de quoi, vous risquiez de vous réveiller à l'heure où ceux de votre race se couchaient.
Dehors, au loin, des alarmes d'usine annoncent une fin de période de travail. Les haut-parleurs de la station résonnent dans une langue féminine désincarnée.

«Alerte de cycle normalisé. Occupants de station propriétaires de glandes pinéales, sécrétion de mélatonine naturelle ou artificielle recommandée. Projection de l'activité bipède sur ce cycle : moins quarante-quatre pour-cent. Superviseurs, planifiez en conséquence. »

Il se faisait tard.

Presque en rythme, Thanasia verrouille le carter du catalyseur multiversel et le long arbre mécanique s'éveille en fredonnant. L'espace de maintenance se constelle de petits grains violets jusqu'ici invisibles. Le puissant système aspire lentement les résidus d'énergie multiverselle incrustés dans la coque après le saut tumultueux. Ils se séparent des surfaces auxquels ils s'étaient incorporés et lévitent tous vers le cylindre aimanté.

Dans ce nuage de lucioles violettes, à califourchon sur son ventre, Thanasia baisse les yeux vers son serviteur avec une interrogation silencieuse, et peut être une once de satisfaction.

« Tu n'es pas encore libre. Il nous reste une tâche à accomplir. Suis-moi. » Dit-elle en lui assenant une tape sur le flanc.

Une distance s'est fermée dans sa voix. De simple caillou, elle lui parlait maintenant comme on s'adresse à un cheval ...ou à sa monture. Il y avait du progrès.

La pilote solitaire passe au dessus de son visage et ouvre un compartiment derrière la tête de l'officier. Ce qu'il devinait être l'extrémité du conduit de maintenance menait en fait à un tambour à la verticale. L'ouverture pratiquée dans le flanc du cylindre permettait tout juste à Jack de s'y introduire sur le dos, puis de s'y asseoir en tailleur.
L'intérieur rappelait un lave-linge au format d'une cabine d'essayage, trop petite elle aussi pour tenir debout. Les parois percées de ventilations et de dissipateurs thermiques dorment dans la lueur des diodes rouges.
La vampire se lève et ouvre un boîtier au plafond.

« Éteint... Éteint... Arrêt d'urgence. En attente de courant... » marmonne-t-elle.

Elle désigne les différents systèmes éteints autour de Jack.

«Il lui faut un redémarrage contrôlé et ces interrupteurs n'ont pas de label. Tends l'oreille. Quand tu entends un grésillement électrique, tu as cinq secondes pour trouver la fixation sinon il faut recommencer la séquence. »

Un par un, le duo coordonne la remise en route du module. Les diodes passent au vert, puis un néon blanc illumine enfin l'intérieur chromé.

« Et voilà. » chante Thanasia en retombant agilement sur ses fesses, assise face à Jack entre ses grandes jambes qu'il ne pouvait même pas allonger. Tous les systèmes du Moniteur se mettent à ronronner avec une vigueur nouvelle. Autour d'eux, on entend des tuyaux se contracter, des plaques métalliques se dilater.

« Tu as déjà entendu l'histoire du cargo en transit vers Grand Désert ? Celle des clandestins qu'on avait retrouvé cachés dans ces mêmes refroidisseurs, à la fois carbonisés et congelés ? C'est une vieille rumeur. Mais elle est vraie. » Thanasia claque la trappe d'accès, qui se verrouille, et les systèmes du cylindre s'activent. « Les tarifs des mécanos qui grimpaient dans ces machines ont décollés et n'ont jamais vraiment redescendu depuis. En tout cas sur la Station. » Un souffle d'air froid se glisse dans la nuque de l'officier. « Alors que tout ce que tu risques... » Un air brûlant s'ajoute au flux glacial et se mélange jusqu'à créer une température acceptable dans l'espace vide. « … c'est un plaisante brise. Jusqu'à ce que le pilote allume les moteurs, et là, nous serons morts. »

A ces mots, Thanasia se laisse glisser par terre et, comme sur un bureau, abat ses gambettes sur l'épaule de Jack, les pieds dressés au plafond. « L'avantage ici, c'est que la pilote, tu l'as devant toi. »

Comme matérialisés du néant, la vampire fait rouler une cigarette et un briquet très fin entre ses doigts. Le petit jet de plasma fait rougeoyer le bout du rouleau de papier noir. La fumée, elle, est happée bien rapidement par les évents du recycleur, un courant d'air circulaire passant dans leurs cheveux.

« Je nous ai enfermés le temps du cyclage automatique. On est tranquilles pour quelques minutes. »

Avait-elle fait cela uniquement pour prétexter une pause tabac ?
Une autre cigarette en papier noir se matérialise entre ses doigts comme un tour de passe-passe. Avec son liseré rouge au niveau du filtre, on ne les trouvait certainement pas dans le commerce.

« Tu fumes ? »






« Modifié: mercredi 14 mai 2025, 17:38:17 par Thanasia »

Jack Marston

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Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

Réponse 5 jeudi 10 juillet 2025, 07:59:01

Son retour avait produit l’effet d’une bombe silencieuse. La réaction de la pilote mystérieuse avait frappé l’ego du chasseur de primes avec la violence d’une enclume tombée du troisième étage. Ce n’était pas qu’elle se fichait pas mal de son intrusion ou de sa présence ; elle ne le remettait déjà même plus. La réalisation rapide avait été comme une exécution pour l’orgueil de l’Humain, qui se trouva sonné en son for intérieur, interdit, sans trop savoir quoi faire. Il ne savait qu’une chose : il se sentait appelé, mais elle se fichait bien de sa réponse. Il faisait l’expérience d’une sensation nouvelle : celle de n’être rien. Il pensait l’avoir vécue à l’armée quand, sur le front, on les envoyait en mission-suicide, mais il comprenait qu’il n’en était rien. Et, subitement, il aurait donné cher pour pouvoir être le peu qu’il avait représenté à l’armée.

Heureusement pour la survie de sa vanité, son petit conseil technique avait, lui, produit un effet. La fille se fichait de lui, mais elle voulait réparer son vaisseau, et il semblait qu’il ait les connaissances techniques pour le faire. Soudain, les neurones ennuyés se connectèrent dans la tête de la vampire et elle le replaça à son rôle littéral de marchepied, tandis qu’elle le promouvait, avec dédain et fourberie, au rang de possession le temps des opérations. Jack aurait dû se sentir insulté et protester, riposter, s’en aller… Mais il y avait cet appel, ce phénomène inexplicable d’attraction en lui, qui prenait le contrôle et tordait sa psyché, le poussant à se réjouir de pouvoir être à elle pour quelques heures au moins.

L’appel, justement, se renforça subitement. Sans qu’il le sente venir, il l’avait pris aux tripes et, cette fois, il lui semblait qu’il pouvait entendre la femme aux cheveux cendrés l’appeler. Il la voyait, et savait qu’elle ne bougeait pas les lèvres, et sentait que ce n’étaient pas ses oreilles qui écoutaient, mais il ne comprenait pas le phénomène qui enregistrait directement en lui le signal, la commande impérieuse de ramper vers elle. Maintenant. Il n’était pas devenu bête et le déserteur en lui sonnait une clochette d’alarme, reconnaissant les mécaniques du contrôle et de l’asservissement hiérarchique, même sous cette forme exotique que Thanasia employait. Pour autant, le pouvoir était trop fort et, au-delà des soupçons et des principes, l’envie d’obéir se faisait simplement trop forte.

Il ne s’était pas vu ramper jusqu’à elle, pourtant il avait le souvenir de l’avoir fait. Il était à la fois révulsé par ce fait, et heureux que son aide ait été acceptée. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Dans sa tête, quelque chose tournait, lui donnait le vertige. Peut-être la lutte le vidait-elle de son énergie, ou bien cette imprégnation psychique seule perturbait-elle le fonctionnement de ses centres cognitifs, et même de son oreille interne. Il n’en savait rien. Il ne savait rien, Il savait, en revanche, qu’il voulait utiliser cette clé pour l’aider, et qu’il en était ravi.

Et puis, comme elle était arrivée, la sensation désagréable et omnipotente disparut. Il se sentit chanceler, comme bouleversé par cette disparition soudaine, et il récupéra toutes ses facultés. Il fit immédiatement le point en s’agitant frénétiquement : la fille, la clé, le vérin, la sortie, le sourire de la fille, son sourire narquois aux canines trop longues, son sourire qui le confortait dans son utilité et sa légitimité à être là, à être vu, à pouvoir l’aider, à l’approcher. Il se mit soudain à douter de tout ce qu’il avait ressenti et il se trouva bien con de devoir s’expliquer ce qu’il s’était passé. De toute évidence, il avait subi une sorte de malaise, mais tout allait bien, n’est-ce pas ?

A son grand désarroi, et à son plaisir, étrangement, les choses se passèrent ensuite de manière naturelle, et comme s’ils avaient toujours travaillé ensemble. A demi-couché, ou demi-assis, il s’occupa de desserrer les vérins tandis que la fine et agile créature qui l’avait presque terrifié se mettait à se glisser dans les interstices et les passages étroites, emportant les cylindres hors service, en rapportant de nouveau, se glissant sur lui, coulant sa silhouette souple sur la sienne le temps qu’il remonte le tout avec les pièces neuves, avant qu’ils passent à la suite. Il y avait une espèce de familiarité tant dans leur synergie que dans leur proximité, et il n’aurait su dire comment c’était possible. Ils n’usaient pas de mots. Un signe, une inflexion, un geste du menton : le silence suffisait à leur labeur et ils avancèrent à un rythme rapide une fois les manipulations maîtrisées. Parfois, il lui semblait qu’elle le frappait, là, entre les jambes, mais il ne sentait rien. La présence de cette fille était juste imperceptible, ou plutôt, il pouvait sentir son poids-plume, et la caresse de son passage sur lui, mais il ne la souffrait pas, d’une certaine manière. Il n’y avait pas une pression trop forte ou un geste trop rude, et il l’acceptait sans broncher quand elle s’arrêtait sur lui pour passer commande ou consulter un élément du manuel du Moniteur alors qu’il continuait de bosser, et ce pendant des heures.

Une alarme les coupa alors qu’ils finissaient. Mnemnys annonçait ce qui pouvait s’apparenter ici au soir. Sans un mot toujours, Thanasia avait finalement réactivé la machine sur laquelle ils avaient fini par s’affairer, et Jack découvrit avec ingénuité et stupeur la beauté irréelle et incompréhensible du phénomène se déroulant autour de lui. Une voix lui soufflait qu’il n’était pas en danger, même s’il ne pouvait en être certain. Instinctivement, sans savoir s’il était influencé mais curieusement sourd à la méfiance, Jack faisait confiance à la femme avec laquelle il avait passé l’équivalent d’un long après-midi à travailler sans un mot, et qui semblait, à force de l’escalader et de s’en servir comme d’un escabeau, d’un futon ou d’une planche, l’accepter davantage à présent, comme si elle avait adopté l’outil satisfaisant qu’elle avait acheté, cependant. Et il en était étrangement content.

« Ça sera aussi curieux que… ça ? » demanda-t-il, sans espoir de réponse et avant de la suivre, ignorant qu’il avait sous les yeux une technologie qui allait redéfinir son métier au fil de rencontres inopinées, mais très lucratives.

Il se retrouva dans ce cylindre plein d’interrupteurs. Il ne comprit pas tout de suite à quoi il avait affaire tant le système lui paraissait archaïque, au point de lui être totalement étranger ; mais il comprit assez pour saisir quoi faire et il se remit au travail, malgré la fatigue, malgré la lassitude, les douleurs musculaires dues aux positions inconfortables prolongées. Il voulait finir, et il voulait la satisfaire. Peu à peu, comme il comprenait le fonctionnement de l’étrange système et trouvait avec elle la séquence à suivre, il fut frappé d’une réalisation : il était au centre de l’ordinateur central névralgique du Moniteur. C’était une structure colossale en comparaison de celles qu’il connaissait mais, même en considérant sa possible ancienneté, le superordinateur devait être très puissant pour contrôler tous les systèmes de pointe du bâtiment.

Et, lorsqu’ils parvinrent à tout relancer, enfin, et qu’ils furent témoins de la réinitialisation de l’unité centrale, Jack se relâcha enfin. Il n’avait pas le ton enjoué de Thanasia et il accusa surtout un soupir de soulagement mêlé à un léger gémissement douloureux. Il était fourbu, ou plutôt rincé par ses contorsions et ses poses pénibles prolongées. Même ici, il était en position de tailleur forcé, et heureusement que la fille ne pesait presque rien, car il aurait pu râler et se frayer une sortie en pestant dans le cas contraire. Il l’écouta parler dans un état presque second, sa fatigue l’empêchant de participer intelligemment. Mais elle sembla heureuse d’évoquer sa vieille histoire avec lui. Elle la racontait comme si elle avait vécu la période et, pourtant, si elle finit par résonner d’un vague écho dans la tête de l’Humain, lui y voyait une vieille histoire ; et un fait possible sur elle le frappa alors, ouvrant des possibilités sur son âge, et sur son histoire, et sur son passif avec ce vaisseau mystérieux, ancien, passé par des générations d’innovations et de développements, devenu une fresque grotesque et sublime d’ancien et de neuf sublimés dans leur cohabitation. Il l’observa d’un regard neuf, pensif, se demandant si elle avait acquis le Moniteur, à l’époque, à la sortie du chantier qui l’avait vu naître, ou si elle l’avait acquis lorsqu’il était encore un engin digne de son prix.

Bien sûr, la mention de la Mort le fit légèrement réagir. Lui, créature fragile et mortelle, s’en méfiait plus que tout depuis aussi longtemps qu’il pouvait raisonner proprement. Elle ne semblait pas y voir la moindre menace. Elle en aurait presque ri, à en voir son attitude, à en juger par son ton. Mais elle savait le mettre en confiance, et le mettre à l’aise. Dans la manière si familière et licencieuse qu’elle eut de s’étendre sur lui et d’allonger ses jambes sur ses épaules, il y avait comme une consécration de l’effort et de l’acceptation, l’intimité toute relative que l’on adoptait avec cet outil qu’on avait appris à louer pour sa fiabilité et qu’on tenait en mains précieusement en cherchant où le ranger soigneusement jusqu’au prochain usage après nettoyage. A sa manière, elle le moussait en continuant à se servir de lui et en le gratifiant, en quelque sorte, de la sensation de son petit corps fin, souple et soyeux sur le sien, qui ne manquait pas de commencer à éveiller, dans le repos, encore subtilement et indiciblement, lentement, mais sûrement, l’intérêt moins intangible et étranger d’une attraction différente et plus viscérale. Il n’en était pas distrait, pour le moment, se focalisant sur les cigarettes apparaissant comme par magie entre ses doigts. A sa question, il hocha la tête et tendit les doigts, cherchant à examiner le petit bâton curieux qu’elle lui proposait. Mais, avec son inconvenance habituelle, Thanasia le lui glissa entre les lèvres avec un sourire aussi malicieux que narquois et le lui alluma avant qu’il ait pu réaliser la situation. Par réflexe, il tira, aspira une bouffée, et rattrapa la cigarette précipitamment pour toussoter sous le regard inconséquent de la vampire. Il regarda la chose de près, comme si elle allait lui révéler ses secrets, mais il n’en fut rien, évidemment, et il lui faisait, toujours, et de manière inexplicable, confiance.

« C’est… inhabituellement corsé, » finit-il enfin par commenter, sortant de son mutisme. « Mais ça me rappelle la guerre. »

Il glissa un regard vers ses jambes, là où la pilote féline avait élu domicile, et il ne sut si elle était intéressée ou non par son histoire, mais il voulut l’évoquer tout de même.

« On faisait avec ce qu’on trouvait, et avec pas mal de contrebande. On avait droit à la sciure de bois, à la colle toxique, aux filtres en gaze… » Il ricana et pouffa, s’en souvenant avec une étrange nostalgie alors qu’il avait maudit ces années pendant bien longtemps. « Un jour, on s’est senti tellement mal qu’on a retrouvé notre vendeur. Quand on a menacé de lui enfiler un masque à gaz fourré de ses clopes à la place du filtre, il s’est mis à chialer et nous a payé le double de ce qu’on avait payé pour partir. »

Il marqua une courte pause avant de glisser, hésitant : « On l’a forcé à participer à la patrouille suivante. Les gars ne sont jamais revenus. »

Leur décision avait été lourde de conséquences. Mais on jouait avec les vies tous les jours, à l’époque. C’était juste une autre monnaie d’échange. On la pariait pour régler ses dettes et on finissait avec… ou sans.

La cigarette retrouva sa bouche et, la surprise passée, la bouffée passa bien plus facilement. La fumée alla mourir dans un évent, et il la regarda y disparaître pensivement avant de finalement reprendre la parole doucement :

« Merci, ce fut une plongée dans l’histoire aérospatiale contemporaine très instructive, » glissa-t-il pour souligner qu’il réalisait l’âge du vaisseau, et qu’il réfléchissait au sien, à elle. « Ton histoire, je l’ai entendue. De la bouche de vieux pour les vieux dequels l’histoire était déjà vieille. J’ai une question, Thanasia : tu as acquis le Moniteur en l’état, ou d’origine ? »

La question n’était pas innocente, porteuse d’insinuations assez lourdes. Il aurait été impossible que le Moniteur puisse naviguer avec ses pièces d’origine dans un passé raisonnablement récent. La réponse lui indiquerait peut-être si, finalement, il avait raison, et si la nature de Thanasia, d’apparence humanoïde, mais à la présence si particulière, était toute autre que ce que l’évidence voudrait leur faire croire.
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Thanasia

Créature

Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

Réponse 6 jeudi 07 août 2025, 01:59:53

Thanasia semble d'abord piquée par la comparaison entre son tabac et de la sciure, mais l'anecdote confirme qu'elle avait vu juste en considérant l'humain comme un ancien soldat, parvenu à se retourner après un déploiement perclus de traumas. Mr Ex-Marine bien ajusté.
Son sourire tordu se défroisse à mesure qu'elle l'écoute.

Quand le regard réminiscent de Jack glisse de ses jolies jambes, il tombe sur celui de la demoiselle à ses pieds et l'atmosphère entre eux change à nouveau.

Les sourcils de Thanasia sont dressés bien haut et son sourire s'étire placidement comme un air d'évidence lasse.
Jack a soudain l'impression de radoter, de lui avoir raconté cent fois cette histoire. Pourtant, pour la première fois, il sait qu'il a son entière attention, accompagnée de ce qui ressemble à de la bienveillance ( ? ).
Ce n'est pas de la compassion féminine. Pas celle qu'ont les femmes de l'arrière pour les histoires de soldats en permission. Ce n'est pas le soutien silencieux de l'ancien camarade autour d'un verre dans un tripot. Alors pourquoi la pilote lui donne-t-elle l'impression de déjà connaître intimement son histoire ?

Son air supérieur persiste dans son regard, avec bien trop d'aplomb pour qu'il s'agisse d'une posture suffisante d'officier de troisième ligne. Elle a, elle aussi, l'éclat discret des guerrières, mais pour qui les conflits des autres sonnaient comme des banalités.

C'était ça. Jack avait enfin trouvé une expérience commune à leurs existences si différentes : Ils étaient anciens combattants, tous les deux. Deux guerriers en temps de paix.
Ils avaient rencontré la brutalité du monde, vu le nuancier de ses horreurs.
Simplement, l'expression entendue de Thanasia démontrait qu'elle en avait observé plus de couleurs que lui.

A la question de Jack sur l'âge du Moniteur, Thanasia pouffe, amusée de le voir réaliser certaines choses. Elle croise les bras, cigarette entre les doigts.

« Tu as du toupet d'oser encore m'adresser la parole après avoir comparé mon tabac à de la vulgaire sciure. » Un évent capte son soupir en forme de nuage gris. « Je donne vraiment de la confiture aux cochons... » se lamente-t-elle.

Son sourire revient en même temps que son regard.

« Tu es dans un ISM Modèle Cinq, imaginé au beau milieu des tensions autour de... ce gros caillou bleu, là, au delà des systèmes indépendants. A l'époque, le moindre module offensif aurait brisé le cessez-le-feu entre les trusts. Pas le moindre canon sous cette coque. »

Le 'gros caillou bleu' ne pouvait que référer à Talenta, une planète sans atmosphère au delà de toute juridiction. Là se disputaient les intérêts de nombreuses compagnies minières, depuis maintenant plus d'un siècle.

« J'opérais dans le domaine de la subtilité, à l'époque. Mes employeurs aussi. Alors quand les salves de torpilles cinétiques sont revenues à la mode, ces engins ont atterri sur le marché gris. C'est devenu un outil de travail, puis une possession. »

Prononçant ces mots, son talon effleure l'oreille de Jack, d'une façon qu'on aurait dit machinale si elle n'avait pas soutenu son regard.

Thanasia semblait se soucier de peu de choses, mais elle tenait à ce vaisseau.
La pilote avait répondu à Jack en faisant mine d'esquiver sa question. En effet, quand "les salves de torpilles cinétiques étaient revenues à la mode" sur Talenta, les parents de Jack étaient encore enfants. Quand aux torpilles cinétiques, on les retrouvait parfois dans les musées dédiées aux guerres entre trusts ou dans les caches de petits seigneurs de guerre has-been.

Un râle électronique annonce la fin du cycle de recalibration.
Quittant sa parenthèse nostalgique, la demoiselle retrouve ses hauteurs joyeusement dominatrices.

« Tu n'as pas que les manières d'un cochon, tu en as aussi l'hygiène. Ribaud ! Tu ne quitteras pas cette coque sans que je t'introduise au principe même d'une douche ! »

Une fois de plus, Thanasia se vautre dans l'exagération à des fins purement blessantes ; L'odeur de transpiration sur Jack est à peine perceptible. Mais avant qu'il puisse rétorquer quoi que ce soit, la petite peste s'est déjà faufilée hors du cylindre métallique et grimpe des échelons qui avaient échappés à l'officier.
Dehors, dans le conduit de maintenance, toutes les lumières blanches sont rallumées et les diodes-système pulsent de couleurs saines. Ils avaient fait du bon travail, tous les deux.

« Allez, allez ! » insiste une voix familière depuis le pont supérieur.

__

Jack se hisse dans un long couloir tubulaire. Le seul couloir, en vérité, colonne vertébrale menant du poste de pilotage (qu'on devinait au delà du siège) à l'ascenseur de poupe.
Rien, de la disposition des portes, à l'absence de signalétique, jusqu'à l'agencement électrique n'obéissait au moindre standard spatial, présent ou historique.

Le Moniteur n'avait pas été construit pour passer un contrôle, mais pour emporter les modules furtifs les plus puissants de l'époque et les caser dans le plus petit vaisseau possible.
Placée entre lui et le sas arrière, Thanasia ouvre une porte coulissante dans la cloison et referme la trappe avec son pied.

« Douche. » annonce-t-elle en désignant le cabinet. « Et hâte-toi, il me reste à faire. »

Pour appuyer son propos, elle active le mode 'couvre-feu' sur un panneau adjacent, plongeant le vaisseau dans une atmosphère plus chaude et tamisée. Le doigt sur l'interrupteur, elle observe la réaction de l'humain comme s'il s'agissait d'une créature dans un vivarium.
Mais comme ce temps de réaction est supérieur à 1,2 secondes, Thanasia écarte Jack de son chemin pour se rendre vers le sas extérieur, sans doute pour ranger le matériel resté sur le landing pad.
En s'éloignant, elle s'étire avec lassitude, bloquant ses bras derrière sa tête.
« J'ai besoin d'un verre... » soupire-t-elle avant que la section de couloir ne se ferme derrière elle, 'emprisonnant' Jack dans la partie centrale du vaisseau.

Le vétéran se retrouve debout dans l'embrasure de la salle de douche.
Cette demi-portion l'avait déplacé d'une seule main. Le souvenir du verrou de jambes s'enroulant autour de sa nuque revient à l'esprit.

Dans le couloir, seul le bourdonnement familier du Moniteur subsiste pour lui tenir compagnie, remerciement implicite pour le labeur qu'avait exigé la réparation de ses systèmes vitaux.

__

La salle d'eau est loin d'être neuve mais il semble impossible qu'elle soit d'origine. Chaque bouton, chaque poignée est de trop bonne facture pour un vaisseau si peu axé sur le confort de ses occupants. Dans ce cabinet étroit, tout ce que Jack touche, sent et voit n'évoque que la nostalgie d'une époque révolue de l'aérospatiale.
La cabine de douche aveugle a de quoi rendre claustrophobe une fois qu'on s'y trouve nu et mouillé, mais l'impression de Jack doit être atténuée après des heures passées à ramper dans un réduit de maintenance. Le Moniteur s'étant lié aux citernes du spatioport, son eau est chaude et abondante. Pour autant, la quantité de bouteilles d'hygiène a de quoi faire hésiter. Lotion Fourrure, Huile pour Ecailles de type B, Dissolvant Mucus Tenace, Dix-huit en Un, Lave Membrane...
Jack finit par rassembler deux contenants labellisés For the Human dont la complexité des flacons en verre suffisait à annoncer le coût.

Le parfum est nouveau et étranger, passé de mode pourtant. Il sent (et seule cette étrange description lui vient à l'esprit) comme un ambassadeur du siècle dernier...

Lorsqu'il ressort, une serviette blanche l'attend à la place de ses vêtements. Ils ont tous disparus.
Une musique douce et discrète joue dans les speakers du vaisseau. Lorsqu'il actionne la porte de la salle de bain, serviette nouée en pagne, Thanasia passe devant lui dans le couloir. En guise de sous-vêtements, elle porte des bandes adhésives en fibre de carbone, faites sur mesure pour s'accrocher à la forme de sa poitrine et de son entrejambe.
Sa combinaison de vol noir n'est plus qu'un souvenir. Elle se déplace pieds nus, dévoilant avec nonchalance la blancheur de sa peau d'albâtre, la clarté de ses épaules, les formes pures et discrètes de ses jambes nues.

Entre ses doigts se balancent deux verres à pied en cristal. Son regard de côté vient trouver celui de Jack.

« Tes... guenilles t'attendent dans le cockpit, à côté de la sortie. Maintenant, hors d'ici, tu es congédié. »

Elle marque un silence alors que ses yeux bleu glace voyagent entre les gouttes qui perlent encore sur la poitrine du soldat. Elle sourit, sa hanche s'inclinant vers lui, le cristal tinte entre les verres.

« ...Ou bien reste. Et continue de me servir si tu y as pris goût. ♪ Rejoins moi en haut et admet ta soumission... avec tout ce qu'elle implique.»

Le sourire de Thanasia s'élargit jusqu'à libérer sa longue canine, accrochant sur sa lèvre inférieure. Ses pupilles auraient tout aussi bien pu tourner au rouge, à cet instant. L'officier avait pu déceler chez elle un intérêt pour son physique masculin, mais il se subordonnait à une soif indéniable. Il n'y avait pas d'autre mot pour la qualifier. Il s'agissait bien de cela : Jack lui avait donné soif.

Thanasia poursuit son chemin dans le couloir, laissant planer dans son sillage son parfum de promesses et de périls, à l'équilibre entre ses petites fesses blanches et ses ongles noirs et pointus.

Complètement indifférente au choix que suivrait le soldat, Thanasia atteint le bout de la coursive tubulaire et pose les pieds sur une plateforme qui la soulève vers l'étage supérieur. Après un instant, la plateforme revient à vide.

__

L'ascenseur emporte Jack à son tour à l'étage, dans le repère de la vampire.
Son regard découvre une large chambre aux cloisons arrondies autour d'un lit principal. Plus large que profond, cet espace avait dû autrefois servir de pont de commandement, à en juger par la longue baie vitrée dans son dos, zébrant la pièce de lumière extérieure à travers les stores. De l'usage précédent du Moniteur, il ne restait aucune autre trace.

L'officier se tient dans une chambre sobre mais luxueuse, arrangée autour d'un matelas ovale aux dimensions impressionnantes.
Les cloisons sont entièrement tapissées de compartiment de toutes tailles, s'ouvrant sur des casiers au contenu baignant dans une lumière blanche.

Alors qu'elle tire une bouteille de sa cave à vin, le mur de casiers, tout ouvert, se referme à l'unisson devant Thanasia, d'une simple pression de télécommande.
Mais Jack a le temps d'apercevoir leur contenu pendant une fraction de seconde.
Il est certain d'avoir vu un chevalet métallique fait pour y attacher un homme adulte en position fœtale, un panneau exhaustivement garni de membres aux formes et aux dimensions diverses, ainsi que les ceintures et harnais destinés à les équiper.
Il est sûr d'avoir aperçu une demi-douzaine de masques privant un à plusieurs sens, ainsi qu'une batterie de martinets et autres fouets plus ou moins rigides. Tout cela en moins d'une seconde. Un flash qui laisse songer avec effroi à tout ce que son cerveau n'avait pas eu le temps d'intégrer.
Chaque objet était noir comme dans une collection d'art, véritable arsenal de débauche en sommeil.

Mais bientôt, chaque tiroir clique calmement dans son logement, faisant tout disparaître hors de vue, comme après  un mauvais rêve. Thanasia revient vers lui. Un plateau d'argent en lévitation traîne dans son sillage. Il ne porte que les deux verres en cristal et l'inoffensive bouteille qu'elle avait sélectionné.

Avec deux gestes du poignet, Thanasia remplit les verres de moitié. Du bout des ongles, elle fait offrande du liquide bordeau à son 'serviteur', lui jetant un regard méfiant.

« Laisse le s'aérer, veux-tu ? »

La demoiselle s'éloigne en agitant le vin contre les parois transparentes de son verre, puis laisse ses notes subtiles envahir ses narines. Elle s'allonge au bord du lit et contemple le mâle resté debout, comme une impératrice admirerait une sculpture de marbre.

« Approche. » Encore ce ton surnaturel qui démange sa jambe de faire un pas en avant. Elle sourit, comme à chaque fois où sa langue s'apprêtait à se délier.

« Laisse moi être très claire. Tu ne mérites ni le contenu de ce verre, ni de respirer l'air de cette chambre... »

Alors qu'elle parle, son pied droit se tend vers le ventre de Jack et le caresse doucement. Elle boit une courte gorgée de son vin mystérieux.

« … Mais maintenant que tu es là, tu es à moi pour de bon. »

 Voilà trois fois que Thanasia déclarait Jack sa propriété. Mais cette fois ci, elle l'avait prononcé avec la langueur que provoquent les nudités partagées.

« J'ai hâte de découvrir ce que cachent ces muscles tendus. Violence ou douceur ?» Son pied droit remonte remonte entre ses pectoraux.

« Je m'en moque, tu m'entends ? Sauvage ou dressé, tu n'as qu'une seule consigne : Ne. M'ennuie. Pas. »

Le pied gauche de Thanasia atteint le pagne blanc qui se dénoue et choit au pied du lit. La vampire découvre avec satisfaction l'entrejambe de son 'servant'. Ses pieds ne perdent pas de temps à explorer sa virilité et appuyer contre ses testicules. Un rictus inquiétant apparaît sur le visage de la demoiselle.

« Si je te surprend ne serait-ce qu'à penser une phrase telle que: 'Je ne voudrais pas lui faire de mal.', je te tue, c'est compris ? »

Curieusement, là où il aurait pu s'attendre à l'agonie, les dix serres noires aux pieds de Thanasia chatouillent a peine la sensibilité de Jack. Elle repose son verre sur le plateau en lévitation, attirant l'oeil de Jack sur un discret flacon d'huile transparente qui lui avait échappé.

« Je donne vraiment de la confiture aux cochons... » soupire la demoiselle, dont les mains avaient machinalement commencé à se promener sur sa peau blanche.
« Modifié: mardi 19 août 2025, 21:29:44 par Thanasia »

Jack Marston

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    Description
    Jack est un ancien militaire devenu chasseur de primes. Après avoir un temps servi sur le Masterclass sous les ordres de son frères d'armes Spike Masters, il a décidé de prendre son indépendance et il trace avec optimisme et positivité de primes en galères à travers l'espace et, parfois, les dimensions.

Re : [Jack Marston & Thanasia ] Meeting In Transit

Réponse 7 mardi 30 septembre 2025, 19:16:01

Jack pouffa d’un rire léger quand Thanasia riposta à sa question par une diatribe courroucée. Non pas qu’il ne la trouvait pas dangereuse ; mais il commençait à comprendre comment elle fonctionnait. Le temps passé à travailler ensemble, cette proximité prolongée à l’intérieur de ce tube étroit, cet échange personnel… Il tendait à réaliser, au fond de lui, que quelque chose l’influençait au contact de la pilote sans âge, mais il ressentait d’instinct une sorte de rapprochement réciproque. Pour lui, c’était clairement une dévotion trop forte pour être tout à fait de son fait, même s’il n’avait pas la présence d’esprit de lutter contre en dépit de ce titillement instinctif au fond de lui. Pour elle, c’était un peu comme se faire à un animal de compagnie, lui semblait-il.

Puis, quand elle répondit finalement à sa question, il commença à en comprendre davantage. Les histoires qu’elle évoquait étaient effectivement très distantes, temporellement parlant. Elles l’étaient tant que l’importance que revêtait la situation à l’époque avait eu le temps de s’éroder, et que l’histoire elle-même avait rejoint bien d’autres engagements et points de tension éphémères et contextuels comme tant avaient parsemé l’Histoire de chaque peuple. « Talanta » ne dirait rien à l’Humain, même si l’évocation des torpilles cinétiques tiqua chez l’ancien militaire. Il se rappelait en avoir capturé une centaine dans une cache ennemie, après un assaut sanglant, et avoir entendu leur supérieur éclater de rire en leur assurant que, si ces antiquités étaient tout ce qui restait aux Eloniens, la guerre serait bientôt terminée.

Elonia n’avait pas de difficultés d’approvisionnement, cependant. Ils avaient probablement retrouvé le stock et songé que ça serait utile quoi qu’il arrive, ne serait-ce que pour saturer les défenses anti-aériennes tanexiennes en permettant aux ogives plus modernes et efficaces de les passer. Bref : la guerre avait duré. Lina était morte. Jack avait déserté. Et la guerre était toujours enlisée sur une colonie élonienne ruinée.

Mais, si Thanasia était déjà une professionnelle spécialisée avant que les torpilles cinétiques « reviennent à la mode », Jack pouvait en tout cas estimer qu’elle était, effectivement, très vieille ; selon ses standards, en tout cas. Et probablement pas humaine ; ou plus vraiment. Elle était peut-être un robot. Ou quelque chose qu’il ne connaissait pas encore. Mais les sensations inhumaines qu’elle lui laissait évoquaient en tout cas quelque chose qui ne lui ressemblait pas.

Il était sur le point de lui demander ce qu’elle était quand le cycle se termina, et la Thanasia cassante et hautaine ressortit, avec son langage démodé et ses jugements ; même si le vétéran les voyaient maintenant différemment. Il se retint de pouffer, se tordit pour sentir ses aisselles à peine humides, et se fit presque jeter verbalement des lieux pour filer à la douche. Il aurait probablement pu lui rappeler qu’il avait une douche à son bord, mais elle ne voulait pas le laisser partir et, en toute honnêteté, il n’en avait pas envie. Leur contact durant ces dernières minutes avait été tellement…

Depuis les conduites techniques, Jack fit irruption dans la colonne vertébrale du vaisseau, découvrant l’intérieur, le vrai. C’était un bordel dénué de tout respect de quelque convention technique ou sécuritaire que ce soit. Ce vaisseau n’avait pas été inspecté depuis des décennies. Des décennies de customisation, de mises  à jour et de modifications pratiques sans que personne ne vienne lui signaler la dangerosité de certaines décisions. Elle était seule. Elle était vieille. Et était-elle seulement vulnérable à ces dangers ? Là était, peut-être, la vraie question importante.

Il n’eut pas le temps d’examiner les détails, cela dit. La belle cendrée voulait expédier la question de la douche. Pour quelque raison qui lui échappait encore, elle était soudain assez pressée, et il s’exécuta, poussé par cette drôle de sensation imposant constamment son autorité sur ses pensées, rendant ses exigences prioritaires. Il alla se doucher après avoir été écarté du chemin, cherchant à comprendre pourquoi elle passait subitement en mode couvre-feu. En fait, il avait bien une idée, mais elle était peut-être un peu trop prétentieuse pour la laisser s’imposer, puisqu’il commençait à se demander si elle n’avait pas hâte qu’il soit propre et nu pour pouvoir se le faire.

S’il savait ! Ses pensées l’occupaient trop tandis qu’il se glissait dans la cabine claustrophobique, mais notoirement confortable de la vampire. Sa tranquillité fut néanmoins perturbée par la découverte de la quantité de lotions spécialisées, et à priori destinées à une série d’autres espèces, qu’il put trouver là. De nouvelles questions se posaient, comme, par exemple : Thanasia était-elle une métamorphe, ou une chose du genre ? Il trouva des flacons apparemment pour humains, improbables par leur forme et leur conditionnement, et d’une odeur… ancienne. C’était à peu près ce que le vétéran s’imaginait lorsqu’il songeait à ce que devait se mettre son arrière-grand-père en sortant en boîte. C’était perturbant, une expérience nouvelle et propre à le désorienter. Pour autant, ce n’était pas non plus désagréable. Et sans doute s’était-il trop perdu dans ses recherches, ses questionnements et ses sens, car ses habits n’étaient plus là lorsqu’il tenta de les récupérer, trouvant une serviette blanche à la place.

« Ah… »

Quant Thanasia était-elle entrée ? S’était-elle rincée l’oeil en passant ? Il était un peu contrarié de ne pas l’avoir remarquée ; de ne pas savoir, aussi. Décidément, cette femme, quoi qu’elle soit, le perturbait. Et, comme il arrêtait l’eau consciencieusement, habitué des douches limitées comme tout voyageur, il commença à entendre la musique, légère et organique, s’élevant à l’intérieur du navire. Une hésitation le saisit avant d’attraper la serviette et de la nouer autour de sa taille : cette fois, il en était sûr, en fait, l’étrangère voulait de lui, à sa façon. Et son apparition à sa sortie ne lui laissa plus de doute, sertie comme elle était de bandes ne couvrant que les parties intimes de son anatomie, promenant sa sculpture svelte et fine à travers son vaisseau sans un brin de pudeur déplacée.

En la détaillant, il pouvait être sûr d’une chose : sa plastique était effectivement inhumaine. La perfection du grain de peau n’était pas juste absolue, elle était forcément naturelle. Même la chirurgie de restauration épidermique la plus avancée laissait des traces ou gardait le souvenir du temps. Il le savait pour avoir fréquenté, une fois, une femme bien plus âgée que son apparence et sa parole l’avaient laissé entendre. Comme toute autre chose, quelque chose semblait clocher chez Thanasia et, soufflant le chaud et le froid, deux coupes en mains, elle le défiait de s’en aller ou, au contraire, de se soumettre à ses plans pour la « nuit ». Et, ce faisant, son regard, pour la première fois, le détaillait avec intérêt, un sourire étirant ses lèvres fines perpétuellement figées dans leur amusement narquois. Il ignorait si elle s’était rincée l’œil, mais elle était d’humeur, et lui se savait au menu en tout cas.

Oh, il n’en était pas effarouché. Il était plus souvent chasseur que chassé, et sinon assez souvent à pied égal avec l’autre, mais il lui arrivait aussi d’être chassé et il n’y voyait aucune problématique humiliante, comme certains hommes mal dans leur virilité. Au contraire, il se sentit flatté, que cela ait à voir avec son influence ésotérique ou non. Sa voix lui semblait avoir chantonné, et sa dent, longue canine, s’était exhibée avec une voracité lubrique, chassant la curiosité de son développement inhabituel. Il la suivit du regard, pensif, détaillant ses courbes discrètes, son pas de fauve, ses griffes noires, humant son parfum qui frappait le fond de ses sinus comme s’il cherchait à attaquer son cerveau directement. Il se sentait chassé, en effet. Chassé, désiré, comme un plat de viande rouge. Oui, cette femme ne faisait pas dans la romance, ceci était clair pour lui aussi.

Naturellement, à peine la plateforme était-elle revenue à vide qu’il s’y était dirigé, laissant un dernier regard à ses vêtements, attendant près de la sortie, à proximité du cockpit, avant de les laisser pour prendre l’autre chemin. Le chemin de l’inconnu, de l’excitation. L’ancien pont stratégique du Moniteur avait été transformé en un véritable boudoir, repaire à la fois chambre, lupanar et donjon de la maîtresse des lieux. L’atmosphère s’en dégageant disait au moins cela de l’endroit. Ici, il n’y avait plus de trace du vieux navire de reconnaissance rafistolé et bidouillé. Thanasia y dévoilait son goût pour le luxe et ses affinités particulières. Obscurité et lumière se disputaient ici, et pas seulement pas la clarté des éclairages. Le contenu de ses casiers, s’il n’avait pu vraiment le détailler, lui avait sauté aux yeux comme un assemblage éclectique d’objets de plaisir. Il n’était pas surpris, plusieurs espèces ayant de très longues vies évoquant souvent la recherche de nouveauté venant avec l’ennui de l’accoutumance. Mais lui, où mettait-il les pieds ? Il n’était pas surpris, mais, peut-être, un peu intimidé.

Mais Thanasia, contre toute attente, se voulait rassurante maintenant, le prenant avec un mélange d’appréhension et de tranquillité tel qu’il avait transpiré durant leur travail commun, mais qui ne s’était alors exprimé que de manière silencieuse et réactive. Il avait pris la coupe entre ses doigts en hochant la tête, croisant son regard méfiant avec des yeux chargés d’interrogation. Il la regarda s’éloigner, imita ses gestes, s’arrêta lorsqu’elle lui ordonna d’approcher, et lui retourna encore ce regard interrogateur, se demandant quelles étaient les règles de l’accord qu’elle semblait avoir passé sans l’en informer. Pourtant, avant même de le réaliser, il se réalisait déjà rendu sans y penser, fronçant les sourcils, interdit. Il l’entendait parler, évoquer sa domination intrinsèque sur lui, et sentit le pied se poser sur lui, le caresser avec ce mélange étrange de légèreté et de puissance. Mais il se sentait aussi à moitié hors de son propre corps. Elle lui donnait des consignes en le parcourant du bout des orteils, et lui, s’il entendait, s’il enregistrait, était juste captivé par cette perte de contrôle lancinante, se sentant à nouveau tout en ayant l’impression de n’être qu’un invité dans sa propre enveloppe.

Il se retrouvait nu, palpé du pied, stimulé malgré lui dans un frisson lubrique, et ses yeux raccrochèrent les siens pour la première fois depuis sa brève absence. Il se demanda si elle pouvait lire dans ses pensées, et de la crainte le parcourut en frissonnant tout le long de son échine. Mais le frisson vint à ses reins pour se décharger dans son aine, éveillant son sexe flasque qui commença à palpiter, et qui commanda à tout son corps de pulser, irrésistiblement, au nom d’envies viscérales qui, certes, existaient en lui, mais semblaient lui avoir été arrachées d’une simple pensée étrangère, imposées à sa psyché. Un leitmotiv s’éleva en lui, se scandant en liseré de ses pensées, accroissant la chaleur montant de ses tripes, inondant ses songes d’un seul et même moto : il devait la servir, il devait lui plaire, il la voulait, il la voulait à s’en briser les lombaires. Bientôt, rien d’autre ne circula dans sa tête, et ce flacon d’huile posé là à son intention ne lui échappa pas, pas plus que sa destination.

Alors, influencé par la créature mystérieuse et affamée, comme possédé par une force nouvelle ayant pris le contrôle de son corps, l’homme se mit en mouvement. Ses gestes se firent soudainement résolus, tranquilles et assurés, et il se pencha pour attraper le flacon d’huile, qu’il souleva pour le déboucher et commencer à en écouler un filet sur la ligne de ses clavicules, avant de s’enduire de sa main libre, couvrant torse, épaules, nuque, bras, comme tout ce qui était atteignable, de cette huile de massage odorante et sensuelle qui l’échauffa en magnifiant sa plastique puissante, le faisant luire comme un excellent filet enduit de beurre. Quoi de plus approprié pour une femme gorgée d’appétit ?

Et puis, recroisant le regard de la petite créature, il s’avança encore vers elle, se faufilant malgré sa jambe, jusqu’à ce que son aine se porte au niveau de son mont de vénus. Il ne fit rien d’obscène encore, même si sa virilité, stimulée, bien qu’encore pendante, s’était gorgée de désir, grossie, presque ferme en main, son appétit palpable, et visible par les pulsations la parcourant régulièrement. Non, il croisa son regard avant de descendre les yeux à sa gorge, à son corps et aux bandes la couvrant. Il tendit les mains, attrapa ces dernières au niveau de son sternum et les déchirèrent d’un mouvement ferme, exhibant ses petits seins et découvrant buste et abdomen. La dominant ainsi, sans un mot, il leva le flacon au-dessus de sa silhouette et en laissa un filet s’écouler, s’écrasant sur elle et, à peine l’huile à même sa peau, une épaisse main chaude la couvrit, l’enduisant avec une sensualité brute, possessive, ne se gênant pas en parcourant tant son ventre, que les reliefs légers de sa poitrine, la massant avec une fermeté presque douce avant de s’arrêter, portant son attention plus bas, attrapant les bandes croisées à son pubis, tirant, encore…
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