Tout braquage de ce type qui se respecte est censé être court et rapide pour un tas de raisons. Déjà parce qu'il y a beaucoup de passages dans des endroits de ce type et surtout parce qu'aujourd'hui tout le monde filme tout et qu'on ne sait jamais si un passant peu alerter les flics sans qu'on ne le sache. C'est d'ailleurs pour cette raison que les deux criminels du jour commencent à s'engueuler.
- On fait quoi ? Il y a quasiment que dalle dans la caisse !
- J'sais pas, moi. J'ai récupéré des bijoux sur cette conne. Regarde !
- C'est pas mal... Mais ça suffira pas.
- Je sais. On est dans la merde.
Le fait de gueuler me permet de mieux entendre ce qu'ils se racontent et à première vue ça pue les dettes. C'est limite si je ne vais pas les plaindre car je suis déjà passé par là plusieurs fois.
D'un coin de l'oeil je remarque une nana complètement flippée et je décide de m'approcher d'elle pour passer le temps. Si jamais ces deux-là ont un semblant de cervelle ils ne vont pas faire de vieux os et se tirer en troisième vitesse avec ce qu'ils viennent de récupérer.
- Salut ! Comment va ? Je peux ?
Je n'attends pas vraiment sa réponse pour m'accroupir à côté d'elle comme si le braquage n'avait pas lieu. Après ce n'est qu'une supposition de ma part, mais j'ai un énorme doute sur le fait que le pistolet qu'ils possèdent est un vrai. Le Japon ce n'est pas les USA et seuls les gangs ou les groupes avec un certain poids possèdent ce genre de matos. Les deux couillons du coin pourront, au pire, mettre la main sur des répliques de bonne qualité ou des pistolets à air comprimé. Qui feront quand même un mal de chiant si tu te prends une bille.
L'instant qui suit, le mec à la machette débarque et commence à gueuler comme un possédé.
- Hé, toi ! File ton blé !
- Il y avait des clients au fond ?
- Ouais !
- Putain ! T'es censé vérifier ce genre de truc avant !
- Ouais, ouais ! C'est bon, on s'en branle !
- ...
- Et toi, aboules le fric ! Tu m'as pas entendu, connard ? Et la gonzesse aussi !
Mon regard se tourne vers le braqueur qui donne l'impression d'être sous substance vu qu'il tremble comme une feuille. Je le soupçonne même de transpirer comme un phoque là-dessous malgré que le clim tourne à plein régime.
- Non... Je vais pas faire ça.
- C'est bien, donne... Hein, t'as dit quoi là ?
- Que je vais pas te filer mon fric.
- Mais... Tu te fous de ma gueule ? Je déconne pas ! Donne !
- Non !
- PUUUTTTAAAIIIINNNNN !
Le type commence à s'énerver de plus en plus et ses doigts enserrent davantage la machette qu'ils tiennent avec difficulté. Si l'envie de trancher quelque chose devait le démanger avant, il a désormais clairement envie de passer à l'acte.
- Tu fous quoi ? Faut qu'on se casse !
- Mais cet enculé... Il...
- Rien à foutre !
- Urgh... Toi, pétasse, balance ton sac !
- Lui donne pas.
- MAIS.... PUTAIN ! J'VAIS T'EXPLOSER !
- Je crois surtout que tu devrais te tirer si tu veux pas finir chez les flics.
- Grouille, on se casse !
- Non, mais, il, je.... Si je te croise je te bute !
L'un d'entre eux semble être moins con que son complice. Sauf qu'il a été trop lent vu que des sirènes de flics se font entendre au loin. Les mecs n'ont désormais que deux options : se barricader à l'intérieur ou se tirer. Quitte à prendre un otage en route.
Le plus intelligent ordonne alors à son partenaire de prendre la nana au fond du magasin avec lui comme sécurité pendant qu'ils tenteront de se barrer. Au pire ils l'a balanceront dans un coin pour gagner du temps.