Fameuse démonstration que celle-ci. La postérité retiendrait sans doute Les Métamorphoses d’Ovide puis, peut-être, cette piteuse métamorphose à vide ; celle advenue sans même un rien dans l’estomac. Réclamer tant de son corps, quand les forces vous faisaient défaut, conduisait inexorablement à la panne sèche, à la débandade. Débandade, ce fut bien le mot juste. Car après qu’Eugene fut témoin de la prouesse avortée, le malheureux eut comme soudainement le mât en berne, bien que celui-ci manqua pourtant de rompre tissus et braguette un instant plus tôt. Son désenchantement avait été cinglant. Il l’avait vue, cette nymphe enchanteresse, s’avilir d’une graisse touffue – et pas là où il fallut – jusqu’à ce qu’elle prit tout partout sur elle l’allure d’un mâle adipeux. La débâcle de cette bien sinistre performance permit fort heureusement de surseoir au dégoût du captif qui, de cette prestation inachevée, s’en trouva davantage victime qu’il n’en avait été le témoin. Non, décidément, ses dieux à lui étaient bien incapables d’un tel exploit pareil à celui qui s’était accompli sous ses yeux dépités. Et de cela, il les en remerciait du plus profond de son cœur, car suite à cet instant qu’il jugea tragique, dame Marmelade n’avait que mieux confirmé à ses yeux sa qualité de sorcière.
Ne se fût-il pas trouvé sur le cul le temps qu’elle se modula sous ses yeux, qu’il en serait tombé à la renverse.
Toutefois, et contre toute attente, l’effondrement incomba à la belle qui, un instant avant qu’elle ne se réceptionna sur son ravissant derrière, avait pourtant perdu de sa superbe pour la retrouver le temps qu’elle chût. Sans grâce, mais sans vacarme, il lui sembla que le sol s’était comme dérobé sous ses pieds nus. Elle avait alors achevé son brusque affaissement d’un coup d’un seul, subitement assise à même le sol, ainsi que s’était trouvé son codétenu face à elle. Or, non contente de s’en tenir à une position déjà bien fâcheuse, elle étendit la disgrâce ainsi que son corps tout entier. De force pour se maintenir assise seulement, pour l’instant présent, elle en trouva si peu qu’elle se résigna apparemment à tomber plus bas, sans gloire aucune, désormais affalée de tout son long sur le sol. Quand bien même ne pouvait-elle plus tomber plus bas, déjà échouée du haut de ses deux mètres, sa déchéance s’avéra encore loin du terme de sa totale infortune.
Si elle n’eut en tête à présent que son échec à ruminer, c’était car elle était trop impudique pour concevoir l’indécence qui la caractérisa pour l'heure. Digne fruit d’une nature généreuse, la nymphe arboricole ne concevait sans doute pas quel effet son innocente et somptueuse nudité, ô combien révélée après cet épisode honteux, pouvait avoir sur les hommes. Car effet il y eut.
À la trouver là, rendue indécente et obscène bien malgré elle, Eugene n’eut soudain que trop de délices à contempler pour ne plus savoir lesquels l’alléchaient le mieux. Pareille à la chute d’un ange, le revers de la Crazille donna naissance à un beau diable venu rugir depuis le bas-ventre de son compagnon de cellule. À ce spectacle qui se présenta à lui, comment eut-il pu seulement y être insensible, alors qu’elle apparut totalement révélée à qui la contempla ; à la fois si pure et si offerte aux appétits qu’elle suggéra.
Le pagne feuillu ayant couvert ses dernières pudeurs avait ainsi fait son temps, libérant derrière lui un fruit qu’on trouva exquis rien qu’à le scruter. Ce que ne se priva pas de faire Eugene. Car autant que sa mâchoire extérieure s’était décrochée de quelques centimètres, ses binocles lui avaient glissé le long du nez tant il se trouva désarmé par la sublime apothéose de la métamorphose. Ainsi privé d’un écran opportun afin de couvrir là où bifurqua son regard, le nigaud halluciné ne ne gêna cependant pas pour mirer l’intimité entrouverte, captivant regard et concupiscence d’un rose suggestif dans ce qu’il avait d’excitant. Sans qu’il ne sut exactement ce qu’il observait, sa mémoire défaillante l’ayant privé de ses souvenirs les plus essentiels, Eugene crut discerner, entre ces lèvres délicates entrouvertes à la verticales, des promesses de bonheur véritable. C’était à présent qu’il la voyait dépouillée jusqu’à la dernière feuille qu’il la sut déesse plutôt que sorcière. La démonstration de force de la dryade, finalement, s’était avérée plus convaincante qu’elle ne le crut.
Assurément, il ne la prendrait pas pour une truite bien que la prestation de la demoiselle se fut achevée sur une queue de poisson. Eut-elle été cette truite qu’elle se soupçonnait d’être que, son spectateur, rendu très attentif par ce qu’il fixait obstinément, ne serait alors pas resté mué comme une carpe, à la regarder avec de grands yeux de merlan frit.
La sylphide, désormais révélée, ne tenait ni de la truite, et encore moins du thon alors que sa posture étendue et lascive ne pouvait guère qu’évoquer le désir même chez le plus impuissant des honnêtes hommes. Eugene n’était ni honnête homme et encore moins impuissant, en attestait l’excroissance patente et ostensible qui cherchait si âprement à lui sortir du futal. Elle dévoila tant de bienfaits, cette créature sylvestre, que son voyeur souffrit de se sentir si à l’étroit dans ses accoutrements. Marmelade, ainsi retournée à son plus strict état de nature, en était alors si belle que cela en était douloureux à contempler.
Revenu à lui à force que la douleur de l’étroitesse lui rappela que la réalité existait par-delà l’attrayante tanière à régals qu’il lorgnait si ouvertement, l’amnésique, troublé plus que de raison, tressaillit presque alors qu’il remit correctement ses lunettes de soleil devant ses yeux. Ne sachant pas que faire des sensations venues le tirailler du cœur aux gonades, il savait cependant d’instinct qu’il faudrait leur trouver un exutoire. Car ces sentiments, pour intenses qu’ils s’avéraient être à présent dans sa chair, ne lui dictaient plus sa conduite en devenir, mais la lui hurlaient.
Plus question alors de l’agonir de qualificatifs déplaisants. La sorcière n’était plus. Elle était la déesse, la seule qu’il daignerait jamais vénérer du fait que les atouts charnels qu’elle exhiba avaient conquis aussi facilement son corps que son esprit. Marmelade avait un corps à ébranler la foi d’un zélé. Sa foi, entre autres choses.
Précisément parce que ses instincts – toutefois tempérés par quelques rudiments de raison – lui désignaient sa marche à suivre, Eugene savait pertinemment qu’il ne pouvait se contenter de la reluquer, aussi plaisant pouvait s’avérer l’exercice. La chose lui était en effet si insupportable de bienfaits qu’il lui fallut déboutonner et descendre la fermeture éclair de son pantalon sans toutefois s’en délester. À présent contenue par la seule élasticité de son caleçon, son supplice lubrique s’en trouva apaisée. Délesté de la douleur comme contrecoup du plaisir qui l’habitait, l’esprit maintenant clairsemé à moitié, le nigaud réagit enfin, peut-être une minute après que sa compère se fut effondrée devant lui et l’ait si bien ravi de sa délectable indignité.
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Ça… ça va ?Une question con pour commencer, ne serait-ce que pour marquer le coup et, au moins, simuler l’empathie ; ou en tout cas l’inquiétude. Du cas de la dryade, Eugene s’en sentit tellement concerné qu’il n’attendit pas qu’elle lui répondit avant qu’il s’en alla potasser son « carnet-bible ». Des pages qui s’ouvrirent à lui, il en raya d’un trait auguste et sec tout ce qu’il avait jamais pu écrire des dieux. Par-dessus, il en dresserait plus tard la panégyrie de sa déesse trouvée, devenu monothéiste priapique après que révélation fut faite des beautés de ce monde. Il s’en était fallu de deux lèvres délicatement entrouvertes et muettes pour qu’il trouva le chemin de la déraison à travers l’avenue de ses errances libidinales.
De sorte à ce que ce nouveau fervent se montra secourable à l’entité divine, apparemment devenue son seul horizon pour l’heure, celui-ci effeuilla les pages de son calepin pour y trouver ne serait-ce qu’un rien de connaissances médicales. Il perpétra ainsi ses recherches à l’index de la lettre « P ».
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Précoce… Prédateur… Préférence… Préliminaire, ah, voilà « Premiers soins ».Se serait elle trouvée à l’article de la mort qu’elle aurait eu le temps de mourir cent fois d’ici à ce qu’il trouva la marche à suivre. À sa rubrique « Premiers soins », le dévot n’y trouva d’ailleurs qu’un renvoi orienté plus loin dans son index. Il y était en effet inscrit « Premiers soins : Se référer à
Jouer au docteur ». Le médecin amateur, alors qu’il découvrit l’affaire d’un air déconfit, trouva en supplément une vignette autocollante afin d’illustrer ses recommandations.
Le jeu de piste se poursuivit donc alors que, plus au sud, sa raideur licencieuse ne perdit pas une once de rigidité, encore émoustillée par la seule fragrance de cette nymphe étalée tout devant lui.
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Alors… Jockey… Joe Dassin… Joli minois… Jonc…, là, on y est, « Jouer au docteur ».Manifestement très inspiré lorsqu’il écrivit jadis cet article dont le caractère médical fut présumé douteux, sans qu’il ne sut d’ailleurs rien des motivations l’ayant conduit à sa rédaction, Eugene trouva même quelques schémas explicatifs afin qu’il fut en mesure de parfaire son instruction. À présent qu’il eut trouvé un formidable prétexte pour prodiguer ses soins, tant et si bien que ses joues s’empourprèrent, le guérisseur improvisé osa la médecine. Sa, médecine.
D’abord hésitant, puis aiguillé par l’ardeur qu’il avait au bout de l’abdomen, le primo-captif de la geôle se débarrassa du reste de pagne feuillu qui était resté au genou de la créature. Cette première intention préluda alors de ses soins en devenir, apposant déjà ses mains sur ce qui se trouva être rien moins que les hanches de son infortunée patiente. Profitant allègrement qu’elle fut allongée, il ne l’esquissait à présent plus seulement des yeux, ses doigts avides d'elle prenant désormais le pas sur son regard. Que sa peau fut douce à cette déesse, il n’en avait jamais douté, mais il se régala des mains jusqu’à l’âme de trouver sous ses doigts un corps si chaud tandis qu’il en parcourut audacieusement les courbes.
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Je… c’est… hésitait-il dans son improvisation du moment, nerveux de trouver ses yeux d'un rose pâle orné de cils soyeux,
c’est parce que vous êtes tombée sur le… sur les… vous êtes tombée dessus, quoi. Il faut… il faut masser pour que ça guérisse. Sinon, phase terminale et faut couper, ça pardonne pas..Eugene se prodiguait autant de soins à hasarder ses doigts le long des hanches de la divinité qu’il espéra lui être secourable. Découvrant – et avec quel plaisir – la chair gracile et ferme qu’elle avait aux hanches, il ne la frottait plus tant qu’il pétrissait doucement ses muscles. Le massage s’accomplissait tandis que, dans ce caleçon saillant, une vigueur y tremblait autant de rage que d’envie, trempant l’extrémité de son linge de quelques effusions impatientes.
Plus hardi, il longea alors la courbe de la nymphe convalescente pour dessiner de ses doigts les fessiers athlétiques dont il se plut tout particulièrement à faire connaissance. Bien qu’elle fut allongé sur le dos et ne révéla que les alentours de son renflement, l’infirmier libidineux ne démérita pas dans ses tendresses maquillées derrière une soi disant procédure médicale. Sa mine réjouie, la fermeté de ses caresses avides et, plus encore, cette virilité tendue sous un vêtement étiré, trahissaient son bon plaisir. Un bon plaisir qu’il ne rassasia cependant que du bout des doigts, savourant à présent sans borne et sans scrupule le grain de la peau ainsi que le tonus musculaire du doux cul-cul qu'il s'en venait flatter. Même s’il n’eut sous ses doigts que le galbe de la croupe pour se sustenter, il bavait presque au devant de cette divine carne dont il aborda ainsi les rivages à ses risques et périls. La licence l’avait perdu jusqu’à l'imprudence. Une qu’il dissimula néanmoins derrière un altruisme de bazar auquel personne ne put même faire semblant d’y croire.
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Voilà, voilààààà, susurrait-il alors autant à l’intention de sa patiente que pour s’enhardir.
Vous serez bien rétablie après ça, déesse.Penché sur elle tandis qu’il perpétrait son vice sous couvert de largesses curatives, Eugene la respirait à pleins poumons. Il la dégustait ainsi depuis ses sinus autant qu’il la savourait de ses mains et la dévorait des yeux. Un tel fumet de femme, aux relents boisés qui plus est, l’enivrait et ne l’encourageait qu'à mieux se fourvoyer. De cette nymphe affalée, il en aurait fait un repas, un dont il ne sut comment se rassasier, pour l’instant réduit aux modiques caresses qu’il lui passa le long du charnu.
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J’ai bien l’impression que vous vous réchauffez, Non ? C’est bien la preuve que vous êtes en train de vous rétablir, déesse. Je crois.À le dire, il se sentit aussi gêné qu’excité d'avoir formulé cette précision à voix haute.
Par deux fois déjà, il l’avait appelée « déesse », attestant qu’il s’était enfin subordonné devant le caractère divin de sa suppliciée. Mais la chaleur, à celle-ci, lui revenait-elle de s’être ainsi remise de sa chute, ou bien de la rage qu’un humain osa s’éconduire auprès d’elle comme Eugene persistait à le faire éhontément, sa bosse pénienne n’en finissant pas de remuer à mesure que ses doigts s’enfonçaient dans les muscles du séant qu’il s’affairait à rétablir.
Dorénavant qu'elle retrouvait contenance et vigueur, peut-être sa déesse aux prunelles rosies le châtierait du blasphème qu'il en était allé commettre à son endroit. Un qu'il avait perpétré sans vergogne et de ses pleines mains baladeuses.