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Un petit palais plein de surprises ~ Gerd & la Clairière des Muses

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Gerd

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    Sorceleur de l'Ecole de l'Ours, sur la Voie depuis un demi-siècle au moins. Il connaît son métier et vend ses compétences contre monnaie sonnante et trébuchante. Vous êtes un monstre gentil ? Prouvez-le ! Votre cible n'est pas un monstre ? Ca se négocie ! Vous avez un joli minois et une fente entre les jambes ? Gare au lumbago !
Les arrêts de Gerd à Nexus étaient relativement rares. La prédominance des fanatiques de l'Ordre Immaculé, la présence de nombreux mages et le grand calme de la politique locale, peu propice aux contrats occasionnels en comparaison d'Ashnard, n'avaient pas de quoi attirer un mutant dont le genre avait été condamné par la moitié des institutions majeures de la cité tentaculaire depuis sa naissance.
Mais la mégalopole gigantesque était assez grande pour s'y perdre et le centre de commerce faisait qu'il était franchement plus simple de venir à Nexus que de faire tout le tour des territoires et dépendances de son empire à la recherche d'ingrédients locaux que l'on trouvait de toute façon dans la capitale.
Il faisait donc escale sur place de temps en temps en prenant soin de cacher autant que possible sa nature aux locaux. Il abandonnait, par exemple, sa manière caractéristique de porter ses armes et dissimulait glaive en argent et médaillon. Des lunettes aux verres fumés, accessoire de marin et d'alpiniste devenu un objet de mode, lui permettaient de cacher ses pupilles verticales. Dans la cité elle-même, il laissait aussi son armure au vestiaire de l'hôtel où il s'arrêtait, privilégiant un long caftan d'un vert sombre et une ceinture dorée.
Il passait ainsi pour n'importe quel capitaine corsaire ou commandant mercenaire à succès venu dépenser sa part de butin aux commerces de la grande cité marchande.

D'un côté, dissimuler ainsi sa nature le frustrait et tendait à le mettre en colère mais, d'un autre, il avait, dans ces conditions, la possibilité d'expérimenter la vie d'un être humain normal. On ne l'abordait pas comme on abordait Gerd le sorceleur. On ne lui parlait pas de la même manière également. Il était vite accepté, vite inclus. On le flattait sur sa carrure et on lui demandait de quelles batailles venaient les cicatrices qu'il ne pouvait dissimuler, alors qu'en temps normal cette même carrure pouvait le faire voir comme une véritable menace pour toute une communauté.
Il faisait bon d'être humain pour quelques jours. Et plus les jours passaient plus il ralentissait sa frénétique recherche d'ingrédients alchimiques très spécialisés pour profiter un peu de la ville et de ses plaisirs.
C'est au hasard d'un commerce de plantes médicinales qu'il avait fini par porter son attention sur la Clairière des Muses. Il avait déjà entendu quelques discussions à ce sujet, ou de loin de façon fugace, mais cette fois il s'était retrouvé impliqué directement dans une discussion sur le sujet, apprenant des choses sur l'endroit et sa localisation. On disait que c'était un nouvel établissement mystérieux, à la fois ravissant et inquiétant où, disait-on, on trouvait tout ce qu'on désirait à condition d'en avoir la bourse et les manières.
C'était tout à fait le genre d'endroit où Gerd se voyait finir son escale nexusienne, avec ce qui lui resterait de l'argent qu'il avait alloué à ces vacances bien remplies. Et c'est en y pensant qu'il passa ses derniers jours à rayer les derniers effets de sa liste, vouant un dernier jour à aller voir ce fameux palais bourgeois reconverti en... en quoi, au juste ? On n'était pas très précis sur ce que faisait l'endroit. C'était ce qui disait à Gerd que l'endroit avait de grandes chances d'être un bordel. Il en serait certain en y arrivant.

Il avait emprunté la large impasse, dominée par la masse brillante du Palais d'Ivoire, et l'avait remontée jusqu'à arriver à son bout et se retrouver face aux hauts murs et aux lourdes portes de l'établissement. L'enceinte avait été récemment rafraîchie. Elle était coquette. Et ses portes, bien que lourdes, étaient si bien ouvragées et décorées que ce qui faisait penser aux défenses d'un fortin provincial avait ici les allures d'une frontière vers un royaume enchanté. Le sorceleur comprit ce qu'on voulait dire en parlant de l'ambivalence qu'inspiraient ces lieux de l'extérieur. Les délices de l'existence semblaient se cacher là-dedans, mais la frontière semblait bien gardée.
Qu'importe : tout commerçant parlait le langage de l'argent et il lui restait un beau pesant. Il pouvait, pensait-il, se présenter à la porte sans crainte.
Et il se saisit de la cordelette d'un carillon pour la tirer. A l'intérieur, une série de petites cloches donnèrent un signal à une personne que Gerd ne tarderait pas à découvrir.
Gerd ··· sorceleur de l'Ecole de l'Ours

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Re : Un petit palais plein de surprises ~ Gerd & la Clairière des Muses

Réponse 1 mercredi 22 février 2023, 13:22:55





L'aube caressait doucement les toits de Nexus de sa chaude couleur orangée. Le ciel avait quitté ses habits de brume de la veille pour laisser à l'astre solaire le loisir d'y passer tranquillement ses doux rayons. La journée avait bien commencé. Aux premières lueurs du jour, Edmund avait pris ses sacs de jute et autres panières, suivi par Droekor. Ils n'allaient pas se remplir et se porter tous seuls. Le cuisinier était sorti pour une seule chose : trouver les meilleurs ingrédients pour faire les plus fantastiques des mets pour la Clairière. C'est que certains étaient de véritables gouffres pour ce qui est de la nourriture, bien qu'ils agissent toujours avec manière. Si lui n'était pas là pour offrir son corps aux clients et autres dames, il ne lésinait pas sur son travail pour satisfaire la clientèle des Muses, ainsi que cette petite famille. Mais il avait beau être fort, il ne pouvait porter toute la marchandise à lui seul. C'est pourquoi il avait demandé de l'aide au Colosse, qui avait bien évidemment accepté. Après tout, c'était pour lui remplir l'estomac dans un futur très proche. Une fois rentrés, discrètement et sans gêner personne, Edmund partit se réfugier dans la cuisine, bien à l'écart des autres afin d'éviter que les bruits des casseroles et des odeurs de nourriture n'incommodent les Muses et la clientèle. C'est certain, la Clairière sera rassasiée pour le repas du midi et le dîner.

Le reste des Muses vaquaient à leurs occupations. Les clients qui avaient passés la nuit dans l'enceinte de la Clairière se réveillaient doucement, prenant le temps d'étirer leur corps fatigué et de profiter du petit déjeuner, toujours bien entourés par les Muses. Duncan avait pris soin d'attendre que les hommes de la bâtisse soient présents pour effectuer tranquillement sa ronde habituelle autour du muret qui entoure le terrain de la Clairière. Il faut dire qu'il y avait certaines personnes qui  avaient osé franchir les limites. Qu'ils viennent de bas quartiers que des hautes sphères de Nexus, leur obsession poussait ses gens à se rapprocher des Muses par tous les moyens possibles. Parfois, les exclure, leur interdire l'accès à la Clairière ne suffisait pas. Ils se croyaient tout permis. Céleste avait ordonné à Duncan de les laisser franchir les murs, si ça leur chantait, mais une fois que cela était fait, le chien de garde était tout à fait en droit d'arrêter ces personnes. Il n'y avait plus qu'à les conduire devant Céleste pour notifier l'infraction, puis les emmener à la milice la plus proche. S'il fallait passer devant la justice ? La mère maquerelle ne le craignait absolument pas. Elle faisait tout pour protéger les siens, quitte à mordre des personnes bien plus hauts placés qu'elle. Il était connu que Dame Albame n'était pas une femme qu'il fallait chatouiller.

Cela faisait maintenant quelques temps que Shahina travaillait pour la Clairière. Elle était considérée comme une Muse, mais n'en était pas vraiment une à la fois. La jeune femme s'appliquait quand elle aidait Edmund en cuisine, faisant le service silencieusement, mais toujours le sourire doux aux lèvres. De ses doigts graciles, elle offrait de son don pour la musique pour l'ouïe fine des Muses et des clients qui les accompagnaient. Le plus souvent, c'est elle qui accueillait les arrivants dans la bâtisse. Et tiens, on dirait que la cloche tint dehors. Parée d'une robe fluide d'un ton lavande, révélant le léger teint hâlé de sa peau, Shahina se redressa pour s'avancer vers la double porte en bois sculpté. Arrivée devant l'entrée, la demoiselle tira sur le loquet puis la poignée, pour faire face à ce nouveau client avec le sourire.

" Bonjour, messire ! Bienvenue à la Clairière des Muses ! Je suis l'Accueillante. Veuillez me suivre jusque dans le salon principal. "

S'il y avait bien une règle à respecter particulièrement, en premier lieu dans la Clairière, c'est que les Muses étaient appelées par leur surnom. Seuls Edmund, Duncan et Céleste donnaient leur véritable identité. Il fallait protéger les Muses et cela commençait par leur identité première.

Shahina prit la peine de refermer correctement la double porte une fois que Gerd pénétra en l'enceinte de la Clairière. Devant eux se tenait un immense bâtiment en U, des plus distingués. L'intérieur de ce U menait à l'arrière, dans un jardin majestueux mais pour le moment, invisible pour les yeux du client. Le bâtiment, d'un ton éclatant de pureté, comptait deux étages. De multiples fenêtres ouvragées permettaient à la lumière de bercer correctement chaque pièce du bâtiment. L'intérieur est tout aussi beau que l'extérieur. Est-ce bien là une maison de courtisanes ? Les murs sont d'un blanc éclatant, parés ici et là de tentures colorés, notamment d'un rouge lie-de-vin. Le carrelage, d'un ton blanc granit est somptueux. Au loin, on entend quelques fois étouffés. La jeune blonde s'arrêta à l'entrée du bâtiment, passant devant un long comptoir de bois clair, finement gravé. Toujours avec le sourire aux lèvres, Shahina le questionna.

" Avez-vous une quelconque arme, messire ? Je dois vous les confisquer si vous souhaitez aller plus loin dans la Clairière. Nous consignons les armes en lieu sûr, le temps de votre visite en ces lieux. En contrepartie, nous vous laissons un bracelet que nous vous attachons autour du poignet, afin de dire que vous avez quelque chose à récupérer à la sortie. "

L'Accueillante se faisait la plus douce et diplomate possible. Duncan, ayant remarqué qu'un nouveau client était arrivé, s'approcha de Shahina, saluant d'un petit hochement de tête Gerd. Monsieur Artgal n'était présent que s'il y avait une altercation. Il arrivait que des clients étaient mécontents de devoir se séparer de leurs armes. C'est tout à fait normal, mais c'était pour la sécurité des Muses. Alors Duncan se postait à l'entrée, près de Shahina pour pallier à tout débordement. Il était toujours bien habillé, dans son long manteau bleu ceinturé. L'homme d'âge mûr était le seul à porter une arme sur lui, mais il était rare qu'il soit obligé de l'utiliser. Cela faisait partie de son rôle au sein de la Clairière. Son mutisme et son allure droite suffisaient largement à taire toute querelle.

" Je me dois aussi de vous demander votre nom, ainsi que d'enlever vos lunettes. Tout visage doit être découvert. Encore une fois, c'est pour la sécurité des Muses. Dame Albame y tient beaucoup. Tout sera bien gardé en lieu sûr, messire. "

Sur le comptoir, l'Accueillante dépose un livre de cuir rouge avec un emblème dessus, allez savoir quoi. Elle l'ouvrit délicatement et à l'aide d'encre et d'une plume, elle y inscrit la date et l'heure du jour. Elle attendra pour inscrire le nom du client, et récupérera ses biens lorsqu'il se décidera à le lui donner.

Gerd

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Re : Un petit palais plein de surprises ~ Gerd & la Clairière des Muses

Réponse 2 vendredi 24 février 2023, 05:29:51

Un petit brin de femme adorable avait fini par arriver pour lui ouvrir et Gerd la considéra avec intérêt et curiosité. C’était son premier contact avec l’intérieur si mystérieux de l’édifice et il essaya de juger, à la présentation de la beauté qui l’accueillait, à quoi s’attendre exactement. La toilette, le charme et l’usage d’un surnom rappelait les usages de beaucoup de maisons closes à travers la face nexusienne de Terra–Ashnard ne s’embarrassant guère de nommer les morceaux de viande destinés à ces tâches–et sembla lui confirmer sa conclusion première.
Pour autant, il ne se montra pas grossier. Il suivit le code qui semblait présider, et l’appeler messire conviait à se comporter comme tel ; en tout cas, comme une version aussi proche de l’idéal du gentilhomme que possible, car les sires en étaient rarement.

« Merci, Mademoiselle. Je vous suis. »

Il suivit la jeune femme à l’intérieur et découvrit la réalité. Le petit palais citadin qui avait été approprié par le maître des lieux était splendide. S’il ne voyait pas les jardins d’ici, il voyait bien l’élégance classique de la bâtisse qui n’avait jamais été une de ces anciennes forteresses fluviales reconverties en palais de princes fortunés, comme ailleurs en province.
Il s’agissait de la parfaite expression d’un certain style de luxe et d’opulence qui en disait long sur le genre de standing dont l’établissement pouvait vouloir se revendiquer. Nous étions loin de la maison close classique, discrète et ouverte à tous. Ici, il faudrait faire patte blanche et, pour tout dire, Gerd ne fut guère surpris de voir Duncan apparaître au moment de son enregistrement, l’homme austère faisant immédiatement comprendre qu’il se chargerait sans délai de tout trublion manquant à la paix des lieux ou s’en montrant indigne.
Tandis qu’il découvrait et analysait le gardien, le sorceleur incognito délaça son glaive de sa ceinture, puis se baissa pour tirer un couteau de sa botte. Il les plaça sur le comptoir en douceur. Il faillit donner des précisions sur son glaive et demander qu’on en prenne particulièrement soin, mais c’était là un réflexe qu’il ravala. Évidemment, on prendrait soin de ses biens.
Enfin, il lui fut demandé de décliner son identité et de retirer ses lunettes. Il affecta un silence de plusieurs secondes, considérant les conséquences venant avec la révélation de ses pupilles de mutant. Et puis, il se fit une raison : les établissements de ce genre, qu’importait leur standing, ne faisaient pas de politique. Ils recevaient des clients prêts à dépenser pour se faire plaisir. Il finit donc par porter sa main à ses lunettes.

« Évidemment. Voici. »

Il les retira et les tendit à l’Accueillante, croisant son regard de ses yeux d’ambre aux pupilles verticales.

« Quant à mon nom, vous pouvez noter Gerd. Juste Gerd. »

Et puis, un détail le frappa tandis qu’il repensait à ses paroles. Il plissa les yeux en essayant de s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une erreur. Il avait connu une jeune prostituée sur la Voie. Il l’avait vue plus d’une fois. Une fille bien, ambitieuse, fière de sa personne et de son corps enveloppé, qu’il n’avait pas recroisé depuis des années. Il s’était demandé ce qu’elle était devenue. Elle utilisait toujours son prénom à l’époque, mais il avait fini par connaître son nom : Céleste Albame.

« Excusez-moi, vous avez bien dit Dame Albame ? Céleste Albame ? »
Gerd ··· sorceleur de l'Ecole de l'Ours

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Shahina, dans un calme olympien, patienta jusqu'à ce que le nouveau client dépose ses affaires, notamment ses armes, ainsi que ses lunettes noires, afin de les consigner de côté. Prudemment, elle fixa son interlocuteur, ne serait-ce qu'un millième de seconde, pour comprendre pourquoi il avait caché son regard. C'est en voyant ses pupilles fendues qu'elle réalisa la chose. Bien qu'elle, ainsi que la Clairière, se fichait des races qui pouvaient venir dans l'établissement, la jeune femme avait entendu quelques histoires qu'avait raconté Céleste sur les sorceleurs. Pourtant, il ressemblait à un homme comme un autre. C'est Duncan qui semblait plus sur ses gardes, malgré le fait que ce client avait déposé ses armes.

Toujours avec le sourire, Shahina prit avec délicatesse les lunettes, ainsi que le glaive et le couteau du client, allant dans une pièce derrière, invisible pour l'homme. En réalité, elle avait installé les possessions de l'homme dans un petit coffre-fort. L'Accueillante revint alors au comptoir avec un petit bracelet. Il était fait d'un cuir rougi, brodé en son milieu de fil doré. Elle invita le client à tendre son poignet, pour qu'elle le lui lace avec douceur.

" Ce bracelet indique aux Muses que vous avez des propriétés mises de côté, et que vous n'avez plus d'armes sur vous. "

Une fois fait, elle inscrivit le nom du client sur le livre devant elle. Gerd. Ce n'est pas commun et c'est la première fois qu'elle entendait ce nom, alors il était vraiment nouveau client. Shahina releva la tête, observant l'homme lorsqu'il la questionna. La jeune femme haussa un sourcil, perplexe.

" Euh...Oui. Dame Céleste Albame, c'est bien elle. C'est la propriétaire de la Clairière des Muses. "

Son questionnement était suspect. Peut-être avait-il rencontré la mère maquerelle bien avant qu'elle ne crée la Clairière ? Possible. L'Accueillante ne connaissait pas le passé de sa patronne. Céleste avait toujours été très discrète sur sa vie, même avec les Muses...C'est alors que Duncan sortit de son mutisme, s'approchant solennellement de Gerd, toujours droit comme un piquet. Son ton n'est guère menaçant, mais il semble détaché, voire froid.

" Si vous souhaitez voir Dame Albame, je peux vous conduire jusqu'à elle. Dans le cas contraire, l'Accueillante peut vous mener jusqu'au salon, afin d'y choisir une Muse. "

La moustache de l'homme de main pouvait presque frémir. Il n'était pas rare que des hommes cherchaient à rencontrer la propriétaire des lieux, aussi bien pour bénéficier d'extra selon leur rang social, mais également parce que Dame Albame était une femme célibataire, par choix, et qui dirigeait un prestigieux établissement. Même s'il ne s'agissait là que d'une maison de courtisanes, elle faisait partie de celles les plus en vogue dans la capitale, pour ne pas dire la meilleure. Céleste Albame n'était pourtant pas une femme facile. Que ce soit en affaires ou en amour, elle était une cible très difficile à atteindre. Le seul moment où elle faisait preuve « d'amour », c'était envers ses Muses, qu'elle protégeait énormément...

Gerd semblait vouloir rencontrer la « maîtresse de maison ». Duncan salua simplement Shahina, avant d'inviter le client à le suivre. Même en déambulant dans la Clairière, Monsieur Artgal en imposait. Il semblait droit, fier. Sous sa posture et ses vêtements, on pouvait ressentir tout l'entraînement militaire qu'il s'était imposé durant sa vie, et qui, sûrement, s'y obligeait encore aujourd'hui.

Tout était magnifique dans ce bâtiment. Si l'entrée de la Clairière était somptueux, le reste n'était en reste. Avant de rejoindre les escaliers qui menaient à l'étage, le drôle de duo était passé une masse de rideaux bleus tirés. Derrière, on avait pu entendre des voix, certains rires aussi. Les Muses étaient au grand salon, là où les clients venaient en premier lieu pour choisir une ou plusieurs courtisanes pour passer le temps avec elles.

Les escaliers étaient faits d'un carrelage très clair, presque similaire au marbre, surplombé d'un tapis de couleur crème aux bordures dorés. L'étage était du même ton que le rez-de-chaussée. Le choix de blanc/crème était voulu, bien évidemment, mais qui aurait pu s'attendre à une bâtisse si propre, alors qu'avant, il s'agissait d'un simple bordel, avec des chambres remplis d'immondices ? Personne. Les couloirs ne sont ponctués de couleurs que par les quelques meubles, ainsi que les tentures, tableaux et plantes les décorant.

Une porte double, d'un bois très clair, finement gravé (-tout comme son encadrement-), donnait une fin nette à ce long couloir, dans l'un des embranchements en U du bâtiment. Duncan toqua à la porte, attendant une réponse de la mère maquerelle avant d'ouvrir. Passant le premier, il prit soin d'expliquer la situation, inclinant doucement la tête respectueusement vers Céleste.

" Mes excuses, Dame Céleste. Un client souhaiterait s'entretenir avec vous. Il se nomme Gerd et semble vous connaître.

Si l'intérieur du bâtiment est d'une blancheur éclatante, le bureau de la propriétaire est d'un ton plus sombre. Plus neutre, le sol est fait d'un parquet somptueux, les murs d'un bois plus foncé que le parquet. N'oublions pas son bureau, tout de bois aussi, est d'un noir doux, gravé. La pièce semble séparée en deux : d'un côté, le véritable bureau, sûrement pour faire de la paperasse, de l'autre côté, un petit salon, meublé d'une table basse colorée et de fauteuils de cuir. On sent alors l'ambiance sérieuse de cette pièce, qui sert réellement aux affaires et rien d'autres.

La jeune femme se redressa de derrière son bureau, se levant de sa chaise. Céleste Albame portait une robe qui la couvrait plus que ce qu'on pourrait attendre d'une mère maquerelle. Teintée de plusieurs couleurs violines, elle ne faisait apparaître que très légèrement son cou et un peu les rondeurs de sa poitrine en son milieu. Elle est fendue sur la longueur de sa jambe gauche, mais cela est très peu visible si Céleste ne marche que peu.

" Très bien. Tu peux nous laisser, Duncan. "

L'homme de main de la Clairière salua une nouvelle fois Céleste. Avant de se retirer, il invita Gerd à pénétrer dans la pièce, refermant la porte derrière lui et retournant à son poste. La femme à la chevelure de jais observa donc son invité, avant de hausser les sourcils de surprise. Ses paupières papillonnent un instant, semblant être prise dans son inconscient. Mais la métisse se reprit assez rapidement.

" Oh...Je ne m'attendais pas à de telles retrouvailles. Bienvenue à la Clairière des Muses, cher ami. "

Un sourire se dessinait sur le visage de la métisse, ourlant doucement ses lèvres pulpeuses. Céleste croisa ses bras sous sa poitrine, venant s'asseoir délicatement sur le bord de son bureau. Elle ne dévia pas son regard, fixant le sorceleur de ses yeux aux reflets dorés.

Gerd

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Il était assez normal que l’Accueillante se montre perplexe à sa question. Il devait être assez rare que des clients, surtout de nouveaux clients, se mettent à appeler sa matrone par son nom complet en affichant un sourire. Gerd aurait très bien pu se tromper, mais ces lieux, ce nom… Céleste était encore bien jeune, s’il avait bien compté les années, mais elle avait des rêves et de l’ambition, et si quelqu’un avait pu fonder cet endroit et trouver un personnel à la hauteur du défi… Il n’avait guère de doutes sur son identité. Ce n’était pas qu’un simple hasard, il en était certain.
Le garde avait pris le relais avec un prudent détachement pour lui proposer de l’accompagner, et le sorceleur hocha la tête.

« Je vous suis. »

Il prit sa suite après un dernier regard et un hochement de tête envers l’hôtesse au pseudonyme bien choisi, et se tut sur le reste du chemin. Il connaissait les gens comme cet homme, et il lui rappelait sa propre personne par certains aspects. Ce type vivait pour servir et protéger les gens qui méritaient ses talents selon son point de vue. La paye était sûrement bonne ici, mais le fait qu’il prenne si sérieusement son travail dans un tel établissement montrait qu’il était là par conviction et pas pour les gains. Il avait l’air d’un homme bien.

La bâtisse était splendide et, à bien y regarder, tout semblait neuf ou presque neuf. Il y avait eu de gros travaux ici, et on s’était donné du mal pour que le résultat soit impeccable et égale ou surpasse la splendeur des hôtels particuliers bourgeois. En effet, comme les attirer et vider leurs bourses sinon en leur vendant du rêve ? Certains préféraient toujours les établissements douteux et les filles pas cher, mais beaucoup étaient prêts à mettre le prix pour un cadre et un service de qualité supérieure. N’était-ce pas ce pour quoi était venu le sorceleur ?
Au bout du chemin, une double-porte. Gerd s’arrêta à distance respectable et laissa le garde faire son travail, ne repérant que le ton plus sombre de l’intérieur de la grande pièce qui terminait l’étage de cette aile. Il ne s’avança que lorsqu’il fut annoncé et qu’on lui laissa la place de se glisser à l’intérieur. Il découvrit alors les lieux en détail de ses yeux perçants et passa du salon au bureau avant de la voir.
Dans une tenue qui aurait fait pétiller les yeux de la jeune prostituée nomade qu’elle avait été, elle se leva et fit le tour de son bureau en congédiant son employé. Le sorceleur observa la jeune femme avec des yeux légèrement arrondis. Elle avait coupé ses longs cheveux épais et affichait une dignité quasiment princière, mais il la reconnut. Ses traits n’avaient guère changé. Ses yeux étaient, peut-être, un rien plus durs, mais ils étaient inimitables. Enfin, les lignes plantureuses de son corps rappelèrent immédiatement à sa mémoire les moments passés ensemble au hasard de la Voie et il sourit au moment même où elle le reconnut.
Il nota le sourire sur les lèvres charnues qui avaient tant aimé et partagé, et il sourit lui aussi, les coins de ses yeux se plissant dans de petites ridules. Même lui ne pouvait fuir l’âge, pourtant Céleste ne pourrait sans doute remarquer de différence chez lui, sinon, peut-être, une nouvelle cicatrice ça ou là si elle les cherchait. Et il approcha lentement, en gardant une distance respectueuse : elle était chez elle et maîtresse des lieux, pas la fille nomade qui louait son corps pour la nuit aux abords du camp ou à l’arrière d’une étape routière.

« Merci, mon amie ! Je ne l’aurais pas cru si on me l’avait dit, moi non plus. La Voie a su croiser nos chemins plus d’une fois, mais… »

Il jeta un regard sur la pièce à nouveau. La surprise et l’admiration pouvaient se lire sur son visage.

« Je ne pensais pas que tu aurais fait tant de chemin depuis la dernière fois. C’est incroyable ! » Il plissa les lèvres et les yeux d’un air faussement suspicieux : « Tu n’as tué personne pour l’acte de propriété, hm ? »

Quand bien même, aurait-il réagi en mal ? Il n’avait pas caché les détails de son métier et de ses à-côtés à la jeune femme et elle devait bien s’en souvenir aujourd’hui. Au bon prix, sa lame pouvait être aussi dangereuse pour un noble de haut rang que pour un monstre puant. Ce n’était pas pour rien que Gerd avait dissimulé son identité depuis son arrivé à Nexus : le passage d’un sorceleur rimait trop souvent avec un faits divers tragique ; même si moins ici qu’à Ashnard, par exemple.
Il ricana pour souligner la plaisanterie et s’arrêta à quelques pas de la splendide matrone, passant les pousses dans la ceinture de son caftan et posant son regard dans le sien. Le métissage avait fait des merveilles chez Céleste et ses iris naturels dépassaient en originalité les siens. Il n’y avait rien d’étonnant à son succès, en réalité : un bon mécène et une bonne gestion financière lui auraient suffi.

« Je suis heureux pour toi ! Tu as construit quelque chose de fantastique. Et tu es encore si jeune ! Ça te fait quoi ? Trente ans ? »
Gerd ··· sorceleur de l'Ecole de l'Ours

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Un doux sourire ne quittait guère ses lèvres. Qui aurait pu croire que la matronne retrouverait un de ses anciens clients entre ses murs ? Cette rencontre faisait remonter bien des souvenirs chez Céleste. Peu de gens avaient connu Dame Albame lorsqu'elle n'était qu'une jeune fille, vivant avec son clan selon les aléas de leurs voyages. Il lui arrivait de vendre son corps, lorsque les temps sur les routes étaient des plus difficiles. Elle chantait et dansait également, se donnait en spectacle et attirait fortement les hommes...Céleste fronça un seconde les sourcils et ramena une mèche de cheveux derrière son oreille, histoire de chasser certaines pensées de par ce geste.

Il est vrai que la mère maquerelle était devenue une toute autre personne. Son corps avait toujours été bien en formes, sans être exagéré, tout en étant pas commune, les femmes cherchant à être des plus fines et des plus légères. Céleste avait toujours accepté ses hanches larges et ses cuisses pleines, tout comme ses monts de chair arrière et avant. Sur ce point-là, rien n'avait changé. Mais elle s'habillait plus élégamment. Adieu les friperies et autres haillons des temps du clan, bonjour aux beaux habits et magnifiques robes dignes de la petite noblesse. La presque trentenaire avait beau être plus couverte qu'à l'époque, elle attirait toujours autant, si ce n'est plus. Et ça, ce n'était que physiquement...

Plus jeune, c'était une vraie pile. Peut-être était-ce dû aussi au fait qu'elle vivait avec des gens du voyage, à toujours bouger de point en point sans réellement souffler ? Elle était rayonnante, et elle l'est toujours. Son visage séduisant s'illuminait de par son sourire mais aussi à travers ses yeux brûlants. Sa posture était plus droite et surtout, elle semblait bien plus calme. Céleste ressemblait plus à une dame, celle de la haute-bourgeoisie qui côtoierait la noblesse. Bien que rebelle étant plus jeune, la jeune femme avait gardé ce côté fier. Oui, ce menton haut, cette posture, tout signifiait que la mère maquerelle était devenue une femme qui ne se laissait pas faire et qu'on devait respecter...

" Le temps n'a guère d'emprise sur toi, mon ami, ou alors très peu. Tu n'as pas changé d'un poil. Je pourrais en être presque jalouse. "

Toujours installée contre son bureau, Céleste observa son interlocuteur, impressionné d'un tel changement chez la jeune femme. Le sourire de la mère maquerelle ne fit que s'agrandir, cet air fier prenant le dessus, tout en étant à la fois amusée, puis faussement outrée.

" Moi, tué quelqu'un ? Pour qui me prends-tu ? Mais qui sait ? ..."

Dame Albame haussa ses épaules, tout en gardant son sourire. Voulait-elle semer le doute ? Possiblement. Voulait-elle le taquiner ou le choquer ? Fort probable également. Et elle n'en rajoutera pas plus pour le moment. Gerd a beau être un ancien client, il n'en reste qu'une simple connaissance. Même les plus proches amis de Céleste ne connaissent pas tout d'elle. La mère maquerelle était ce genre de personnes qui préféraient garder des secrets pour se protéger.

" Tu arrives un an trop tôt, mais tu es près du compte. J'imagine que demander l'âge d'un sorceleur est une question saugrenue..."

La jeune femme se redressa un instant pour retourner derrière son bureau, afin d'avoir accès à l'armoire. Elle en sortit une seconde tasse, avec une petite assiette. Prenant la petite théière, la belle demoiselle versa du liquide brun et brûlant dans cette tasse, la poussant légèrement vers son ami.

" Café Yirgacheffe, venant de l'étranger. Tu m'en diras des nouvelles..."

D'un geste de la main, Céleste invita son ami à prendre place en face d'elle si l'envie lui prenait. Ou peut-être avait-il envie de rester debout et proche de la demoiselle ? Elle n'en était nullement impressionnée ou embêtée, si cela était le cas.

" Bien des années se sont passées. Que deviens-tu, depuis ? Et qu'est-ce qui t'a amené entre les murs de ma Clairière ? "
« Modifié: samedi 13 mai 2023, 10:41:09 par La Clairière des Muses »

Gerd

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    Sorceleur de l'Ecole de l'Ours, sur la Voie depuis un demi-siècle au moins. Il connaît son métier et vend ses compétences contre monnaie sonnante et trébuchante. Vous êtes un monstre gentil ? Prouvez-le ! Votre cible n'est pas un monstre ? Ca se négocie ! Vous avez un joli minois et une fente entre les jambes ? Gare au lumbago !
La jeune Céleste était clairement là. Physiquement, la matrone n’avait guère changé en comparaison de la fille de joie qui se vendait dans sa roulotte avec un sourire et un appel chantant. Et si elle s’était assagie et s’était intégrée à ce monde qu’elle avait intégré, affichant les ors et la stature d’une grande dame nexusienne, ce sourire, fier, qui rallumait le pétillant de son visage et de son regard, était toujours là. Elle savait bien d’où elle venait et comment elle en était arrivée là et la pétulante nomade pouvait bien se réjouir derrière la confortable propriétaire.
Joueuse, elle avait gardé le mystère sur ses secrets, et Gerd les avait respectés avec un sourire malicieux. Peu lui importait en vérité. Ils n’avaient jamais beaucoup parlé. Il avait parlé, sur l’oreiller, une fois leurs corps en sueur enlacés dans ses draps satinés, sans jamais trop en révéler, et Céleste, elle, n’avait rien laissé fuiter. On pouvait penser connaître quelqu’un à cause d’une expérience commune, un matelas partagé quelques fois en l’occurrence, mais cette impression était bien souvent illusoire.
Comme elle lui faisait le cadeau de dévoiler son âge, peut-être pouvait-il en faire autant ? En tout cas, autant qu’il en soit capable.

« Tu as raison, l’âge n’a guère d’emprise sur nous et nous ne le commémorons pas. Nous ignorions généralement notre âge exact en quittant les Écoles et je ne connais pas le mien –pas précisément–. Mais je dirais… environ quatre vingts ans. »

Et potentiellement plus. Il flirtait avec le triple de l’âge de la belle et en avait plus que le triple quand ils s’étaient trouvés la première fois. Elle n’avait jamais demandé, peut-être par pudeur ou peut-être par politesse. Puisqu’elle était maquerelle désormais, cette question ne risquait plus de poser de cas de conscience entre eux. Il était au moins normal qu’elle se soit montrée curieuse car, sans connaître sa nature, on ne lui donnerait probablement pas tellement d’années de plus qu’elle –et la Voie l’avait bien marqué–.
Tandis qu’il jouait avec l’arithmétique, elle s’était éloignée pour leur servir du café. Suivant son geste de la main, le sorceleur s’installa dans le fauteuil faisant face à celui de Céleste. Il lui adressait un regard étonné après qu’elle ait annoncé le nom du café qu’elle leur servait, mais il ne dit mot pour le moment. Il rapprocha la tasse de lui. Elle aurait presque eu l’allure d’une pièce de dînette entre ses gros doigts, mais il les utilisait avec une agilité qui ne rendait sa prise en rien maladroite.

« Bien des années, il est vrai. J’ai peur que ma situation n’ait guère évolué, contrairement à la tienne. Et ce compte de banque qui grossit ne m’inspire guère. A qui le léguerais-je ? »

Il était de notoriété commune, parmi les connaisseurs, que les sorceleurs étaient stériles. Parmi les connaisseurs comptaient les travailleurs du sexe, intéressés tant par ce détail rassurant que par le savoir qu’ils ne pouvaient porter de maladie. Cela pouvait expliquer qu’on passe à beaucoup leur caractère très entier, pourvu qu’ils payent d’emblée, dans les bordels de Terra. On ne trouvait guère de clientèle plus propre.
Au-delà de leur stérilité, la destruction de leurs écoles signifiait qu’il n’y avait même pas pour option de faire un legs en leur faveur à leur mort. Que faire de tout cet argent, alors ? Gerd y avait pensé :

« Alors, quand je m’arrête en ville, je m’amuse. J’en profite ! Tu me connais : je n’ai jamais aimé me coucher seul si j’avais une autre opportunité. Et on m’a beaucoup parlé de cet endroit ! Je ne savais pas que tu en étais la matrone, par contre. Il y a beaucoup de commérages et de mystères parmi les gens du commun, mais ça ne fait qu’éveiller ma curiosité. » Il sourit. « Alors, je suis venu voir quel genre de Muses hébergeait ta Clairière ! »

Il porta finalement le café à ses lèvres et le goûta. Ses lèvres se pincèrent et un nouvel éclat de curiosité s’anima dans son regard. Son sourire finit par s’élargir malicieusement.

« Tu sais que j’ai parcouru le monde en long, en large et en travers pendant longtemps. Le nom ne me disait rien et ce terroir ne me dit rien non plus. D’où as-tu dit qu’il venait, ce café Yirgacheffe ? »
Gerd ··· sorceleur de l'Ecole de l'Ours

-> complément de script sur les sorceleurs <-

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Légion

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    Maison de courtisanes sur Nexus.
" Tu ne fais clairement pas ton âge, et tu te tiens drôlement bien...pour un vieux débris. "

Juste une petite boutade, rien de plus. Ne vous avais-je pas dit que la matrone était taquine ? Céleste ne se défaisait pas de ce sourire qui lui ourlait les lèvres. Tandis qu'elle servait les tasses de café, son esprit vagabondait entre différentes pensées, notamment quelques souvenirs. Elle était si jeune, la petite Céleste, lorsqu'elle dût vendre son corps pour des plaisirs charnelles afin de gagner de quoi s'en aller, de quoi acquérir une nouvelle liberté...Le groupe qu'elle avait trouvé à sa presque majorité était nomade eux aussi, et il n'était pas rare de croiser des mercenaires en manque de compagnie sur les routes pour devenir des légendes. Il y en avait de tout genre. Des fois où la simple odeur de l'homme qui partageait sa couche lui donnait la nausée, jusqu'à des hommes plus doux, ayant la puissante envie d'épouser la métisse. Il y avait aussi Gerd. Il avait ce petit quelque chose de rassurant, bien qu'il était un massacreur de monstres, un des plus doués, avait-elle entendu dire parmi les nomades. Il savait aussi faire plaisir et se faire plaisir avec une femme. La jeune brune avait appris un peu plus avec lui...Dire qu'il avait autant

Papillonnant des paupières, dame Albame revint à elle, déposant la tasse de café devant son invité et elle-même. La rapprochant de ses lèvres charnues, Céleste souffla sur le liquide brun pour ensuite en goûter une lichette. En l'écoutant, la belle brune se rendit compte d'une chose : malgré l'ouverture de sa maison de courtisanes et de tout l'entretien que cela nécessite, lui avait vécu bien plus longtemps, avait traversé le monde, et comme il le dit si bien, il a dû ramasser un gros butin. Et ce n'est clairement pas en étant perpétuellement sur les routes que l'on dépense le plus d'argent.

" Le léguer ? Je crois surtout qu'à force d'être sur les routes, tu ne profites pas assez de ton argent. Ce n'est pas en campagne que l'on dépense le plus d'argent. Et si vraiment tu souhaites léguer ton or à quelqu'un, j'imagine qu'en quatre-vingt ans, tu n'as pas dû te faire que des ennemis. "

Qu'il n'y voit pas une manière détournée de sa part pour récupérer cet argent. Céleste n'était pas ce genre de personnes, et surtout, si jamais il venait à le faire, elle n'en voudrait clairement pas, de cet argent. Sa vie n'avait pas toujours été rose. Dame Albame avait subi bien des sévices dont peu de personnes étaient au courant. Ce n'est pas des choses que la jeune femme partageait ainsi. Elle venait de loin, pour ne pas dire de la plus basse classe sociale, mais aujourd'hui, elle avait réussi à monter sa maison de courtisanes. Elle avait une famille qu'elle devait protéger. La mère maquerelle avait réussi tout ça de ses propres mains. Elle était fière de dire qu'elle s'en était sortie toute seule. Alors non, elle n'accepterait pas cet argent, même si les intentions de Gerd étaient sincères. Mais là n'était pas la question.

Toujours en discutant de son héritage et de la manière dont dépenser son butin, le sorceleur fit référence à la Clairière, cette nouveauté pour lui.

" Et bien, il y a toutes sortes de Muses. Des femmes comme des hommes, d'ailleurs. Mais je crois savoir que tu as une préférence pour les courbes féminines. Si tu m'aiguillais sur ce que tu aimes, je pourrai te proposer quelqu'un qui puisse accepter le plus si affinités, car c'est bien ce que tu recherches, n'est-ce pas ? Je peux également te faire le tour du propriétaire, si l'envie t'en dit de voir les lieux et rencontrer les Muses..."

Sur ce point-là, Céleste pouvait faire confiance à Gerd. Il n'avait jamais été violent avec elle, bien qu'ils eurent parfois des rapports de force lors de leurs rapports, mais il n'était pas méchant. Son statut de sorceleur faisait aussi qu'elle savait que les filles n'avaient aucune crainte à avoir sur la propreté de son engin, ni même sur la question de la contraception. Pas besoin de sort ou de potion. Ce « vieillard » ne pouvait féconder, c'est d'ailleurs une raison du pourquoi on ne voyait plus ces yeux d'ambre à la pupille fendue...Soudainement, elle releva les yeux de sa tasse et fixa son invité, toujours avec ce petit sourire en coin, taquine.

" Oh...Et ne réponds pas que tu me veux. Je ne suis plus la jeune nomade que tu as connu à l'époque. Il est très rare que j'accepte de partager ma couche avec quelqu'un...Même si je sais ce que tu vaux, mon ami. "

Gerd, malgré son grand âge, n'était pas un homme vilain, au contraire. Son allure, son charme, tout cela respirait l'aventure et la liberté. Certes, il y avait aussi parfois des odeurs de sueur et de sang mais...C'était ça aussi l'aventure, non ? Céleste était devenue beaucoup plus sélective sur qui aurait l'honneur de finir entre ses cuisses. Rares sont les hommes qui ont ce privilège. La jeune femme n'est clairement quelqu'un d'aigri. Disons juste qu'elle sait comment se rendre encore plus désirable, et aime à voir jusqu'où certains peuvent aller pour pouvoir passer du bon temps avec elle, ne serait-ce que pour une journée, une nuit ou même une heure ?

Mmh...Visiblement, le café piquait la curiosité du sorceleur. Elle avait vu dans son regard la surprise de cette saveur inconnue. Il est vrai que la jeune femme avait eu un mal fou à en quérir un petit paquet, de ce mets brun et il valait son pesant d'or, mais Céleste était une femme pleine de secrets...Elle répondit à Gerd avec le même sourire qui déformait les lèvres de son invité. Plein de malice.

" As-tu réellement découvert tout Terra ? Connais-tu chaque recoin ou même grain de poussière ? Je ne suis pas en train de remettre en question ton expérience de sorceleur ni de tes voyages à travers moult paysages mais...Le monde est sans cesse en mouvement. Une ville magnifique peut devenir ruines en une journée après une terrible bataille. "

La mère maquerelle continua dans sa lancée, prenant une lampée de café entre deux paroles.

" Peut-être vient-il d'un endroit que tu as connu et qui a changé. Dans tous les cas, je suis heureuse de te faire découvrir quelque chose. Après tout, il est rare de surprendre un sorceleur, encore plus quelqu'un de ta trempe. "

Il en fallait peu pour ravir la presque trentenaire, pour le coup. Toujours dans le jeu, elle posa sa tasse, croisant les bras sous sa poitrine, tout en faisant face à son ami.

" Je ne suis pas femme qui dévoile ses secrets. Je ne serai pas aussi désirable si j'étais une bavarde, n'est-ce pas ? "

Il est certain que si elle avait été une Muse à part entière, elle aurait eu pour surnom La Secrète, mais...À force de jouer ainsi avec les hommes, de les faire tourner en bourrique et de faire en sorte qu'ils la désirent encore et encore, Céleste Albame, même en n'était que la propriétaire des lieux, s'était vue obtenir un nouveau sobriquet : l'Intouchable...
« Modifié: mardi 25 juillet 2023, 16:49:56 par La Clairière des Muses »


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