Machiro déplore la réduction brutale de ses effectifs. Hayao et Aki… Feyre qui n’a pas pu récupérer l’équipement ! Il se tourne ensuite vers Seiko mais à son tour, elle est partie de son poste avec Mori. Où a-t-elle a juste disparu ? Pour ramener tout le monde, va falloir se sortir les doigts du cul !
Fidèle à lui-même, il prend les rênes et aboie ses ordres.
« On se divise en trois groupes : Emi et Kagari, vous allez chercher Mori et Seiko. Ibiki et Hiro, essayez de retrouver Feyre, Hayao et Aki ! Et Nobuo, tu restes avec moi. On sécurise notre sortie.»
Tout le monde s’exécute… À l'exception d'Emi. Elle n’est pas prête à mourir et fonce bêtement vers le portail fermé. Or, comme précisé, ce dernier ne s’ouvre qu’une fois toutes les 666 minutes. Sa tentative échoue… Elle passe à travers et tombe dans une crevasse, derrière.
Une mort à l’image de sa stupidité et de son désespoir.
Une main lasse s’écrase sur le visage de Machiro. Dans quel foutoir se sont-ils mis ?
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Sous les ordres du chef, le premier groupe de récupération se met en marche. Ils ont quitté leur poste sans un mot alors que tout le monde s’affairait à préparer ce casse légendaire ! Ibiki est un homme connu pour son sang-froid à toutes épreuves ; pourtant, des premiers signes de colère se manifestent depuis quelques minutes. En effet, il est le seul à partager le secret des amants après les avoir surpris, occupés.
Pour lui, leur disparition ne relève que d’un besoin grossier et inapproprié d’être en tête-à-tête. Ainsi, plus calme et indulgent qu'à son habitude, le voleur se prépare à leur passer un véritable savon.
A côté, marche Hiro, connu pour être la commère du groupe de voleurs. Le secret des amoureux transits risque bien de s’évanouir aujourd’hui. Pourtant, dans ce lieu hostile, une compagnie n’est pas de refus.
« Ils sont allés jusqu’où putain ? »
Les râles d’Ibiki sont coupés quand d’étranges bruits se font audibles. Les deux hommes se précipitent ; Hiro le premier, le regard envoûté.
La scène est bien loin de leur imagination. Mori est jetée, à genoux devant une étrange créature, la tête enfoncée entre ses cuisses ; il se délecte de son nectar offert. Seiko est éloignée de quelques pas, bloquée contre une paroi rocheuse et besognée par une autre bête.
Terrifiant, le démon de plus deux mètres obsède le regard effrayé d’Ibiki. Par chance, il est tellement occupé à sa satisfaction qu’il n’aperçoit les deux intrus, nouvellement arrivés. Le second est occupé ; à l’image de Mori, son esprit a bien vité cédé à la tentation. Il l’a rejoint pour satisfaire la succube gratifiée d’un nouvel amant.
Il ne reste que lui de sain d’esprit. Sa seule chance est de prévenir Machiro. Or, les démons ont toujours un coup d’avance. A peine retourné, un incube lui barre la route.
« Tu comptais aller où, mon mignon ? »
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Kagari est l’un des plus anciens. D’une quarantaine d’années, le voleur possède un charme préservé et mûri par les années. Il est patient, compétent et un excellent bras droit. C’est pour cette raison que la mission la plus complexe lui a été accordée. Seul ou accompagné, il la mènerait à bien.
Par malchance, il a été l’un des premiers à être remarqué lors de son arrivée. Alors que les démons se partageaient la petite expédition, une princesse infernale mettait le grappin sur lui, réservant cette proie à son usage personnel. Le japonais est loin de se douter qu’il se jette dans la gueule du loup.
Enfin. Il a bien rapidement rejoint le plateau en contrebas, d’une course rapide. La première idée est de rattraper Feyre, ralentie par sa méfiance des lieux. Ensemble, ils chercheraient Hayao et Aki, dans la mesure du possible. S’il désire, comme Machiro, ramener le plus de monde, Kagari est ni suicidaire ni stupide. Il ne se mettra guère en danger pour une âme perdue.
Ainsi, il arrive bien vite au niveau des affaires abandonnées. Devant lui, la silhouette étrangère de la recrue s’approche du palais. Aurait-elle une piste ? Leurs vies passent avant cette rose… Mais l’adrénaline est présente, l’échec est difficile à accepter des Hommes de leur trempe.
« Feyre ! FEYRE ! »
Ses appels sont sans réponse. Sa voix s'éraille à force d’ingérer le soufre et sous ses efforts pour arriver rapidement jusqu’à elle.
Kagari n’abandonne et à son tour, il s’immisce par la grande porte. Or, la jeune femme a déjà disparu et il doit à son tour éviter les serviteurs affairés.
«
Par ici, Kagari ! »
Une voix similaire à l’étrangère se fait audible. Quelque chose cloche, il le sait. Pourtant, il est irrémédiablement attiré et s’engouffre dans les couloirs à l'opposé de Feyre.
Nul ne doit déranger le Prince et sa proie. L’homme téméraire tombe entre les griffes de Jezabel. Par chance, ou peut-être pas, au bout de son chemin, il trouve Hayao enchaîné à un mur. La succube apparaît derrière lui ; les ailes déployées et sa queue caudale le saisissant à la nuque.
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C’est un véritable bordel. Feyre est loin de se douter de la sentence de ses partenaires du jour, ni de ce qu’il l’attend. Mais plus l’humaine s’approche du palais, moins le soufre enflamme ses poumons. Une sensation étrange enveloppe son corps dans un état second ; son désir s’éveille. Ce n’est guère la première fois que de soudaines envies inappropriées se manifestent au milieu d’une mission. La dernière fois, elle avait été à deux doigts de coucher avec un ami sur le lieu du casse… Une sacrée soirée !
La suédoise ne se méfie pas des réactions poussées de son propre corps et encore moins de l’homme. Oui, elle aurait dû réfléchir à deux fois ! Mais son discours est plausible. Le majordome semblait savoir ce qui les attendait ; ils étaient peut-être pas la première équipe envoyée. Un homme, dans sa situation, fait sens. D’autant plus que ses connaissances des démons sont bien limitées. Qui l'aurait cru capable de prendre une apparence aussi rassurante et désirable ?
«
J’arrive ! Attends-moi. »
D’un pas confiant, Feyre le poursuit. Mais il a disparu, à l’intérieur du palais. L’effluve aphrodisiaque est plus forte, plus intense qu’auparavant. De ses pupilles voilées par la luxure, elle cherche l’inconnu qui l’a conduite. Sa trace est difficile à repérer… Et des servants se manifestent. Elle court et se dissimule de justesse derrière un pilier.
Merde ! Il est où ?Peut-être qu’il a été capturé en tentant de l’aider ?
Avant que l’humaine n’envisage le pire, elle croit voir sa silhouette s’engouffrer dans un couloir et décide de le suivre. Or, le palais est un véritable dédale dans lequel il est bien aisé de se perdre.
«
Hé ! Tu es encore en vie ? Tente Feyre, à voix basse sans trop d'espoir. »