Deux grands yeux jaunes aux iris rougeâtres, se glissèrent dans l'orée de la forêt afin d'y pénétrer et de fouler ce lieu si paisible. Un environnement hostile et aventureux pour bons nombres de personnes, qui n'osent entrer dans cette demeure florale. Les arbres y sont nombreux, les fourrés denses et le sol par endroit difficilement praticable à cause des racines et des rochers. Un chemin accidenté et ardu, rendant peu aisé l'accès aux plus beaux coins de la forêt. Pourtant, ses grands yeux continuent d'avancer sans embûches, menés par deux paires de pattes puissantes et glorieuses qui portent ce corps canin avec légèreté. Une louve, fière et digne avançant tête relevée, déambulant dans ce territoire qu'elle considère comme le sien. Même si cela n'est réellement le cas, mais l'on ne peut nier sa connaissance de l'environnement ainsi que son apaisement. Le bout du museau relevé, elle hume l'air en flairant chacune des odeurs de la forêt. Elle semble placide et paisible, si ce n'est, un brin ennuyé par ce moment un peu trop tranquille. La solitude commence à se faire ressentir au fil du temps qui passe, et ni les constellations, ni la flore de ce lieu, n'était d'une compagnie élégante pour la louve. Si au départ elle s'en était accommodée, le manque de familiarité et de présence lui pèse.
Ainsi, allongée sur un rocher éclairé par l'astre luisant, la louve se veut pensive et rêveuse. Une rêverie, accoster par une noirceur soudaine. La lueur de la lune se dissimula un instant, par le passage d'un nuage. Un nuage ? Étrange, le ciel en était pourtant vierge. Ses iris rouges se relevèrent, et se dilatèrent en percevant une silhouette bien étrange passant dans le ciel. Deux grandes ailes imberbes de plumage, ce n'était donc un oiseau. De toute évidence, cet être était bien trop grand pour cela. Une étrangeté, qui piqua à vif la curiosité de la louve.
La canidé ne pouvait laisser échapper l'instant de se divertir, et se décide à suivre cet être étrange qu'elle perdit pourtant rapidement du regard. Les feuillages ne permettait une visibilité pour une bête cloîtrée au sol. Quel dommage qu'elle ne puisse elle aussi déployée de large ailes et fouler le ciel.
Marchant tranquillement, un clapotement dans l'eau attisa son attention. Serait-ce la créature ? Doucereusement, la belle louve s'approcha à tâtons, prolongeant son museau au travers d'un fourré. Son regard perçut cette silhouette humanoïde, immergé dans l'eau du lac, et trouvant repos sous l'eau tombante de la cascade. L'angle de sa position, ne lui permettant pas de voir aisément le trait de cette personne. Il serait certainement plus recommandable de tourner les talons, et de passer son chemin. Chose, que notre jeune louve ne semblait pouvoir faire. D'ailleurs, la voici qui avance doucement, se rapprochant de cet être qu'elle n'avait encore jamais vu dans les parages.
En avançant, sa fourrure vrombit sur son dos. Ses pattes s'allongèrent, son museau se rétracte. En quelques secondes, l'animal à quatre pattes, se redressa sur deux jambes bien humaines, à la même allure que son corps se muta en une jeune femme. La belle ne parvint à taire cette curiosité, ne voyant que le profil de celui qui se plaisait dans l'eau. La cascade l'empéchait de bien le voir, mais quelques éléments lui sautèrent aux yeux. Une carrure qui paraissait musclée, une chevelure obscure... Qui était-il ? En tous les cas, il ne semblait remarquer la présence de la jeune femme non loin de lui. Son ouïe, sûrement obstruée par l'eau claquant sur son dos. La belle en profita pour approcher l'amas de tissus qu'il avait laissé de côté. Sa dextre emportant l'un des tissus jusqu'à son visage, inspirant l'odeur qui s'en dégage. Un doux parfum, une odeur assez particulière et prenante à la fois. Jamais encore, elle n'avait humé cette fragrance. Il n'était pas humain, c'était certain... Cette senteur, elle l'appréciait, et cela semblait faire émaner quelques sensations étranges dans sa poitrine, et vers son bas-ventre. Elle semblait prise au piège de sa propre curiosité, et voulait à tout prix connaître celui qui en était l'auteur. Il est devenu à présent, une curiosité, une convoitise.
Reposant les vêtements au sol, elle se glissa un peu plus loin dans l'eau qui la couvrit jusqu'à épaule. Il était là, non loin d'elle, mais toujours à semi immergé sous la cascade. La jeune femme ne vit son visage, et se trouva dans l'angle mort de ce dernier. Légèrement derrière, elle s'avança pas à pas, avec douceur. Plus elle s'avançait, plus son cœur semblait battre avec puissance. Elle devait savoir qui était celui qui porté cette odeur si exaltante. Son but ne fut toutefois pas de se faire remarquer, ne sait-on jamais s'il devait être hostile ? Penchant la tête doucement, ses oreilles pointées vers l’individu, son esprit lui interdit d'avancer plus, mais son corps semblait aimanté par lui, continuant de s'en approcher avec douceur.