Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

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Gwen K.

Humain(e)

Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

lundi 27 décembre 2021, 15:48:58

C'était un dimanche comme tous les autres. Synonyme de défouloir pour Gwen qui n'en pouvait plus de sa semaine. Elle avait passé ses journées à arpenter les couloirs de l'administration, de bureaux en guichets, à la recherche d'un emploi, voire d'attributions d'allocations qui pourraient correspondre à sa situation. Mais rien de positif n'était ressorti de ces heures à batailler avec des fonctionnaires impassibles, sauf une convocation au commissariat du quartier de La Toussaint pour insultes à un binoclard qui l'avait prise de haut. Ses soirées n'avaient pas été calmes non plus puisqu'elle enchainait les petits boulots par ci par là pour subvenir au minimum nécessaire de la vie qu'elle menait. Kaito, son "grand frère", était handicapé et ne bougeait pas de leur petit appartement. Ses soins médicaux leur coutaient à peu près tout ce qu'elle gagnait. Ils nageaient dans une galère pas possible.

Gwen était fatiguée, stressée, nerveuse. Chaque fin de semaine signifiait une sévère engueulade avec Kaito qui lui demandait de le laisser, qu'elle puisse vivre sa vie de jeune femme. Bien sûr, elle le pourrissait copieusement à raconter des conneries pareilles, puis ils se faisaient la gueule une bonne partie du samedi.

Le dimanche permettait à Gwen de fuir le bordel ambiant de Seikusu pour se rendre dans la campagne proche où s'élevaient quelques massifs montagneux, sans atteindre toutefois des hauteurs extraordinaires. Malgré tout, ces lieux abritaient quelques parois extrêmes bien connues des alpinistes. C'est de l'une d'elle que Kaito était tombé, brisant son corps pour toujours. Il s'agissait d'un mur très difficile à négocier, avec peu de prises, demandant une endurance surhumaine. Jusqu'à présent, Gwen n'avait jamais réussit à le passer, même quand son désir de revanche lui brulait les tripes. Elle s'y frottait tous les dimanches, c'était sa manière à elle de se vider l'esprit de toute la merde qui s'y accumulait. Son niveau d'escalade était remarquable, elle était une sportive accomplie, mais "le mur" la tenait toujours en échec.

Ce matin là, elle avait prit le bus avec tout son équipement (une des rare chose précieuse qu'elle possédait) et s'était faite déposée au pied des pics d'où partaient de nombreux chemins de randonnée pédestre. Elle n'était pas seule. Le bus s'était vidé de sa cargaison de citadins avides d'air pur. Beaucoup de randonneurs étaient déjà partis à l'assaut des sentiers, les parkings à proximité étaient déjà bien remplis. Gwen se glissa dans la colonne de marcheurs et bifurqua sur un petit layon après une vingtaine de minutes de marche. L'ensemble des personnes continuerait sur les chemins dégagés. L'endroit vers lequel elle se dirigeait n'intéressait qu'elle.

Il faisait beau et quand elle s'arrêta, elle avait devant elle une formidable paroi de pierre grise et lisse qui semblait défier le ciel. Gwen se tenait sur un ensemble de grands rochers plats sur lesquels elle prenait parfois un bain de soleil, quand elle redescendait.

Sans perdre de temps, elle alla déposer son équipement au pied du mur  et se prépara. La zone était plus ou moins dégagée de toute végétation, le minéral prédominant, mais autour, la forêt interdisait aux passants du chemin principal de voir ce qui s'y passait. Il faisait chaud et le soleil se réverbérait sur les dalles de pierre, l'aveuglant légèrement.

Elle quitta son hoodie gris, son pantacourt en jean et ses sneakers pour ne rester qu'en cuissard et brassière croisée. Elle s'étira, laissant le soleil caresser ses mollets, son ventre, ses épaules, ses bras et son visage. Un journée idéale pour vaincre son ennemi de toujours! La jeune sportive passa ses doigts dans ses cheveux courts et bloqua derrière son oreille la longue mèche blonde qui lui couvrait souvent l'œil droit, tout en sachant qu'elle n'y tiendrait pas ... Le geste était naturel, et inutile.

Elle passa son baudrier, prépara ses cordes, appliqua de la magnésie sur ses mains et après avoir revérifié ses équipements, se hissa jusqu'à la première prise.

Quinze minutes plus tard, elle était en nage et restait suspendue d'une seule main à cinquante mètres du sol. Elle négociait facilement la première partie mais arrivée aux quarante mètres, le niveau technique requit devenait terrifiant. Elle bloquait toujours au même endroit. Elle parvint à poser ses pieds bien à plat sur la paroi, utilisant les crampons de ses chaussons d'escalade, et chercha au dessus d'elle une prise qu'elle ne trouva pas.

Putain c'est pas vrai!! Y'a rien pour monter là haut!

Toujours la même réflexion. A cet endroit, la paroi s'inclinait négativement et les grimpeurs se retrouvaient à lutter durement contre la gravité. Gwen savait qu'il y avait à portée de main une corniche qu'on voyait d'en bas. Mais pour l'atteindre, il fallait sauter. Et quand le poids du corps tire vers le bas, c'est quasiment impossible à faire.

J'vais lâcher ... j'y arrive pas!!!!

A bout de force, Gwen tenta le tout pour le tout et s'élança en poussant sur ses jambes.

"Meeeeeeeerde!!! Non ... Putain! J'y suis arrivée!!!"

Du bout des doigts d'une seule main, elle s'accrochait désespérément à la pierre dure qui lui cisaillait la peau. Epuisée, elle pendait, défiant le pan incliné du regard. Et puis elle lâcha. Ses muscles étaient tétanisés.

"NON!!! PUTAIN DE MERDE!!!! FAIS CHIER!!!"

Elle n'était jamais montée aussi haut et c'était une victoire en soi. Le dernier point d'amarrage de son assurance était plus bas que d'habitude puisqu'elle s'était hissée plus haut. Le choc de la retenue vibra dans ses reins et elle cria de douleur avant de se rabattre durement sur la paroi dans un mouvement de balancier.

"Aouch!!"

Merde ça fait mal! Elle se laissa pendre le temps de récupérer et de reprendre ses esprits. Dos au sol, elle s'abandonna, bras et jambes ballants, tête en arrière, yeux fermés.

Quand elle les rouvrit, devant elle, la forêt s'étalait à perte de vue, splendide colorée de toutes ces nuances de verts. En bas, la réverbération sur les dalles de pierre l'aveuglait un peu. Elle plissa les yeux.

Tiens ... y'a quelqu'un.


Un grimpeur comme elle, avide de sensations fortes? Elle en connaissait quelques uns, des types sympas. Gwen se recala dans son baudrier et descendit rapidement en quelques bonds jusqu'au sol où elle dégrafa son équipement. Avant de tout ranger, elle fit quelques pas en direction de l'homme qu'elle avait vu.

Ah non ... c'est pas un grimpeur ... et il n'a pas l'air ... bizarre.

"Bonjour! J'espère que vous n'avez pas ri quand je suis tombée."


C'était dit d'une voix enjouée, cool, sans provocation, juste pour dire quelque chose.

Oh ? Il dessine?

"Qu'est ce que vous faites?"

Elle s'approcha, curieuse.


Bando

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 1 lundi 27 décembre 2021, 20:52:04

Pour beaucoup, le dimanche est de ces jours où il est bon de ne rien faire, de tout débrancher et d’enfin se laisser aller, d’évacuer l’amertume d’un quotidien morose sinon angoissant. Pour moi et ça depuis longtemps, ce n’est rien de plus qu’un jour comme les autres, alloué à la flânerie, à l’observation et à la réflexion, quelle qu’elle puisse être. C’est bête à dire, mais lorsque l’on travaille seul, à son bureau ou ailleurs, il devient vite difficile de discerner une période d’une autre. Tout alors demeure dans la discipline que l’on s’impose et, vite, l’on finit par s’enfermer, à vivre et revivre inlassablement des jours qui se répètent. Attirante est la vie « d’artiste » pour certains, morose et compliquée elle n’en demeure pas moins.

C’est bien pour cela que, plus que de m’imposer un rythme de travail, j’en étais venu, depuis quelques mois, à m’imposer un rythme de sorties, de visites et d’excursions en tous genres. Je stimulais mes méninges ou m’en donnais au moins l’impression, laissant au placard la culpabilité que je ressentais parfois à l’idée de quitter mon bureau. Pour moi qui avais toujours écrit l’aventure pour la vivre, ne serait-ce que par procuration, c’était là de sacrés chamboulements. Mais aussi déboussolant que ça pouvait me paraître au début, je ne pouvais cacher l’excitation qui pouvait parfois me tenir lorsque je décidais de m’en remettre au hasard, aux aléas. J’abandonnais mon besoin de contrôle et apprenait pas à pas à laisser faire les choses, à laisser les idées venir sans avoir à les bousculer. Je rencontrais et échangeais, m’abreuvant du savoir et des anecdotes de ces autres pour mieux les écrire, pour mieux les comprendre.

Chaque changement ne s’opérant toutefois pas en un jour, je ne manquais pas d’emporter un carnet de notes ou de croquis avec moi. On ne sait jamais. Déformation professionnelle oblige, à la moindre idée, au moindre instant de vie suscitant mon intérêt, il me fallait noter, lui donner une place, le figer dans le temps, l’enfermer dans sa propre petite bulle en un instant T. Quelque part, en y réfléchissant, c’était un peu comme si j’inscrivais tout ça avec violence dans ma mémoire, plutôt que de vivre vraiment ce dit instant. Bon, ok, j’avais encore quelques progrès à faire quant à ce qui est de relâcher la pression.

M’essayant à tout, ne serait-ce que par curiosité sinon pour me trouver une véritable passion, j’avais récemment fait l’achat d’une vieille américaine de collection. Une voiture, j’entends, qu’on n’détourne pas mes mots de leur sens. L’idée m’étant venue de coucher sur le papier l’histoire de deux amis sur la route, je m’étais plus ou moins intéressé à la mécanique... avant de vite fait faire appel à ami s’y connaissant plus que moi. Quelques semaines de bricolage, quelques verres bus et quelques discussions sympas m’avaient d’ailleurs bien mis sur la piste de ce à quoi je voulais que mon prochain livre ressemble. Ça avait été un projet un peu casse-gueule, mais bon, une fois tout ça terminé, j’en étais content. Et puis... j’avais une super caisse maintenant.

Voilà qui nous amène donc à ce dimanche, l’occasion de faire une première virée sur la route, sous cette météo si chaleureuse en cette saison. L’occasion de m’imprégner un peu, les cheveux au vent, de cette chose follement grisante qu’ont l’air de ressentir tous ces types dans les films, lorsqu’ils fuient le monde pour vivre leur vie, la vraie, pendant une heure et demi.

Porté par le vent, par la route et par le hasard des noms de bourgades qui défilent sur les panneaux, je m’éloigne donc sans vraiment savoir où je vais, ne me plaisant seulement qu’à choisir mon trajet au gré de ces paysages que je trouve attrayants. De virages en virages et de bois en forêts, je m’éloigne de Seikusu pour profiter de ce bol d’air frais qui se purifie toujours un peu plus alors que je gagne les hauteurs escarpées. J’emprunte ces routes que les touristes doivent prendre en masse lors de leurs vacances, mais finit rapidement par me perdre ailleurs, là où les tracés finissent pour laisser place à la terre. Des chemins de traverse, là où les gens se font rares, des coins plus discrets, plus secrets peut-être, mais où la vue me coupe davantage le souffle... Je vais là où me dicte mon instinct, là où les lieux semblent matcher à mon imaginaire du voyage. Je ralentis de plus en plus pour observer, me penchant par la fenêtre pour regarder au loin, par delà ces boucles dangereuses formées par le passage des hommes.

Je finis par me poser, là, là où seuls quelques randonneurs essoufflés se retournent pour admirer la carrosserie rutilante de mon bolide, tout droit sorti du garage. Enfin je me gare, entre ces quelques 4x4 suréquipés, devant appartenir à des habitués du coin, sinon à des locaux.

« Pfouuu »

Un grand soupir quand enfin je quitte mon siège, bien décidé à me dégourdir les jambes. L’air est frais, bien plus respirable qu’ailleurs ici, où le temps semble n’avoir d’emprise sur rien. Vu d’ici, le monde... enfin, « mon monde » me semble tellement loin. Il n’y a personne. Seul le bruit du vent dans les feuilles, seul le chant des oiseaux. Il n’y a que l’horizon. Et la vie qui s’y étend.

S’ils m’avaient vu, tout porte à croire que les gens qui me connaissent ne serait-ce qu’un peu ne m’auraient pas reconnu aujourd’hui. Ici, sans immeuble et bibliothèques à ma portée, vêtu d’un simple t-shirt blanc qui me collait au corps, d’un short beige et de baskets. Ouais, beaucoup seraient étonnés de savoir que j’avais au moins un short dans ma penderie et qu’il pouvait parfois m’arriver de laisser de côté mes habituelles et sobres chemises. Nan, j’arborais aujourd’hui un look très détendu, à croire que la mécanique m’avait transformé, je m’étais même laissé aller à en oublier le rasage depuis quelques jours. Des lunettes d’aviateur sur les yeux, un petit sac en cuir en bandoulière... je n’avais désormais plus que l’air du touriste lambda, de ceux que l’on croiserait partout.
Vous savez quoi ? Je ne trouvais pas ça si mal.

Enfonçant mes pieds dans ces sentiers délaissés, je me perdais plus encore, me prenant même à siffler en croquant quelques végétations et éléments quand cela me paraissait bien. J’ignorais ce que je cherchais, ce que je faisais. À vrai dire, ça n’avait pas grande importance. Si je suivais une thérapie, nous dirons simplement que ce genre de choses en faisait partie.

Mes mains effleuraient la roche qui dominait par-delà la forêt. Prudemment tout de même, je m’avançais et explorais, tentant le diable parfois en me penchant là où le vertige aurait pu vite me gagner, si toutefois j’y avais été sujet. Une nouvelle et grande inspiration, j’avais trouvé mon coin. Là, en bordure de la forêt, face à l’immensité du vide et proche de ce pic qui s’étendait, de ma perspective, jusqu’aux cieux. Sur le tronc d’un pin jonchant le sol je prenais place, puis... j’attendais.

Je griffonne ces trucs sans queue ni tête qui me viennent à l’esprit, note des mots, des ensembles de mots, sans véritable sens. Simplement, je me laisse gagner par ce m’entoure, sans me trouver capable pour autant, de dénicher une idée qui pourrait être bonne. Machinalement, je couche l’encre sur le papier, comme je l’ai toujours fait.

Puis enfin... Quelque chose. Peut-être.
Des éclats de voix, quelques pierres qui roulent et s’entrechoquent en chutant d’une corniche. De mes yeux, je cherche brièvement, jusqu’à trouver la provenance de ce qui, d’un coup d’un seul, était venu briser ce silence. Des cordes, sur cette immense façade, une présence que je n’avais même pas ressentie tant l’escalade s’était faite sans bruit, dans la concentration la plus totale.

Admiratif devant la combattivité des sportifs, comme à mon habitude, je finis par tout arrêter, ou presque. Mes yeux ne quittent alors en rien la scène se jouant face à moi, mes doigts faisant le reste sans mon consentement. Du peu de talent que je possède en dessin, je griffonne encore, capturant à l’encre l’instant. Mes muscles se tendent avec ceux de la grimpeuse, que je devine être une femme au son de ces cris qu’elle émet. Pendu avec elle au-dessus de ce gouffre infernal, j’observe jusqu’au climax. Je ne manque rien, par curiosité ou bien par empathie, impressionné par ces prouesses dont je me sais bien incapable.

Puis c’est la chute.
Je me lève d’un bond, mais la jeune femme se relève aussitôt, reprenant ses esprits en un éclair et chassant son apparente frustration pour vite revenir à une étonnante bonne humeur, lorsqu’enfin elle m’aperçoit. Me voilà presque gêné, désolé pour elle, alors que je comprends bien vite qu’il doit s’agir là d’un échec douloureux.

« Hum... bonjour. Nan, nan nan, du tout ! Au contraire même. Rien d’cassé ? »

Me laissant approcher, je tends mon carnet dans la direction de cette jeune inconnue que je découvre. Puisqu’elle avait atterrie dedans, je n’allais pas le lui cacher... ce serait bizarre, non ? Ou bien le fait de l’avoir dessiné l’était-il ?

« Oh, euh... je dessinais. Un peu. Enfin j’essaye. Je crois. »

Adressant un sourire amical à la jeune femme, je la toise pour savoir tout de même à qui j’ai affaire. Son air sympathique me met tout de suite en confiance. Malgré les quelques bleus et éraflures que je devine sur sa peau, ses traits sont fins, très doux, même. C’est une très jolie femme, en forme... et plutôt bien faite, je dois bien l’admettre. Forcément, que je le veuille ou non, dans cette tenue, je devine bien vite toute la générosité de ses formes délicates, qu’elle semble avoir musclées et endurcies. Je m’retiens de m’attarder là où mes yeux curieux se seraient d’habitude arrêtés si elle n’était pas en train de me dévisager, m’aidant vite de mon carnet pour cela, même si, sur celui-ci, il semble qu’il y ait des détails de son anatomie que je n’ai pas omis de représenter.

« Vous m’avez fait peur là-haut. J’sais pas comment vous faites. C’était... impressionnant. »
« Modifié: lundi 27 décembre 2021, 23:18:02 par Bando »

Gwen K.

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 2 mardi 28 décembre 2021, 11:12:05

A force d'être dépendante des individus qu'elle est amenée à rencontrer, Gwen décèle souvent les personnalités derrière les masques affichés du quotidien. Elle s'est spécialisée dans la détection des pervers, des narcissiques, des chieurs, des mauvais et autres faux-culs. A trop fréquenter l'administration nippone et les patrons d'établissements avares, elle ne se trompe que très rarement quand à la vérité de la personne qu'elle a en face d'elle. Mais de masque, cet homme n'en a pas. Il est un livre ouvert sur qui il est et ne diffuse aucune émotion négative. Il a l'air doux, timide ... non, pas timide, retenu! Son regard n'est pas pétillant mais lourd de nostalgie ... non décidément, pas de nostalgie mais plutôt d'envie d'autre chose. Un rêveur! Sans que cela ait une connotation péjorative. Gwen, elle, rêve de tout et tout le temps, et surtout de trouver un moyen de changer de vie. De quoi peut-il bien rêver? Elle ne définit pas son statut. Il ressemble à n'importe quel randonneur local, sauf qu'il est étranger. Son accent est tangible, et ses quelques mots prononcés, relativement fluides. Il inspirait la confiance, ce qui par ce dimanche de repos, ne venait pas irriter la jeune femme. Se coltiner un gros lourd sur son lieu de pèlerinage hebdomadaire l'aurait mise en rogne. Physiquement, il était agréable, et elle était presque de sa taille. Il n'avait pas la musculature d'un sportif assidu mais ne devait pas avoir honte quand il fallait passé un maillot de bain. Elle lui sourit de toutes ses dents et allait lui répondre quand un piaillement attira son attention. Son ami du dimanche, un petit écureuil qui lui était familier, se tenait sur une souche, près du couple et regardait d'un air méfiant cet inconnu qui accaparait sa compagne favorite. Il sautilla sur place et piailla encore une fois un cri strident d'avertissement envers l'importun. Gwen rit.

"Tu es jaloux!!!!! Attends ...."

Du bout du doigt, elle lui gratta le ventre et la petite bête émit un gargouillis rassuré. Il lui avait fallu des mois pour que le rongeur se laisse presque apprivoiser, à grands renfort de noisettes. Un bruissement dans les buisson fit fuir le prétendant et Gwen ramena son attention sur son interlocuteur premier qui lui tendait toujours un carnet.

"Non, rien de méchant, juste quelques bleus et entailles, mon quotidien ..."

C'était vrai. Il n'y avait pas que l'escalade qui marquait sa peau. vivre dans le quartier de La Toussaint était un combat permanent. Les agressions y étaient fréquentes et Gwen ne dérogeait pas à la règle. Sauf que la teigneuse qu'elle était sous ses airs mignons ne se laissait pas faire. Elle savait cogner et encaisser et n'avait aucune pitié pour les emmerdeurs. Ensuite, quand il fallait se barrer, elle courait vite et son agilité à grimper n'importe où l'aidait beaucoup.

Elle répondit évasivement à la troisième tirade de l'homme tandis qu'elle prenait le carnet pour s'apercevoir que c'est elle qu'il dessinait.

"Bah, avec l'habitude on s'y fait ... et puis je grimpe en sécurité."

Il griffonnait un peu, si essayait? Gwen n'avait aucun talent artistique et trouvait que cette modestie ne collait pas à sa représentation. La scène captée était le moment où elle s'apprêtait à bondir pour attraper la corniche. La tension de son corps était palpable et même si l'on ne voyait pas son visage, on le savait crispé. Les lignes de ses muscles hyper sollicités par l'effort lui donnait un aspect sec mais baraqué. Une panthère prête à jaillir. Le dessinateur s'était laissé aller à quelques détails gracieux sans être exagérés mais ... bien présent. Le cuissard était vraiment moulant ... et la poitrine de la jeune femme qui se décalait à ce moment-là rappelait que la gravité était plus forte qu'elle ... Le résultat était réaliste, et sexy.

"Oh ...."

Gwen  leva les yeux.

"C'est moi ..."

T'es trop nulle ma grande, bien sûr c'est toi, t'as trouvé que ça à dire?

Elle rougit légèrement malgré elle. Les traits de crayons accentuaient vraiment l'imaginaire de l'homme. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle se savait attractive et il n'avait rien fait de mal, si ce n'est de trouver l'inspiration en la regardant faire. Elle lui rendit son carnet.

"Vous dessinez vraiment bien, c'est très réaliste. On me sent prête à sauter."

Elle avait chaud et son visage ruisselait. Au moins, son aspect sexy devait disparaitre sous les grosses gouttes de sueur qui perlaient sur sa peau.

"Je reviens! J'ai soif!"

Elle abandonna l'homme pour récupérer ses effets, lova rapidement ses cordes et entassa son matériel dans son sac. Elle s'habillerait plus tard, elle devait sécher avant. Elle ramena le tout à l'ombre et revint près de l'inconnu. Ils s'assirent sur les dalles chaudes, elle, sur la serviette qu'elle venait d'étendre et avec laquelle elle s'était épongée. Elle commença à étirer ses muscles endoloris, rituel important et nécessaire pour se garder en bonne condition physique.

"Vous venez souvent par ici? C'est un endroit assez peu connu des randonneurs. Parfois nous sommes deux ou trois à nous essayer à cette paroi."

Elle laissa son regard errer sur le mur de l'échec. Une fois encore, elle avait échoué, comme si une entité supérieure lui refusait l'accès à sa revanche. Son visage se ferma. Elle détestait échouer et elle détestait ce pan de falaise qui lui avait prit une partie de son bonheur. Peut être que son destin était de tout rater après tout. Sa vie était merdique depuis le début et aucun signe n'indiquait de changement. Son cafard disparut quand l'homme bougea, rappelant sa présence.

"Je m'appelle Gwen, mais je suis japonaise malgré les apparences ... que vous avez si bien dessinées."

Une petite pique pour le fun.

"C'est la première fois que j'inspire une œuvre alors acceptez que j'en profite un peu hein?"

Elle passa des jambes à la partie supérieure et étira ses abdominaux dans un geste expressément glamour et naturel. De toute manière, une femme qui s'étire, c'est toujours sexy ...

Sur l'autre page du carnet, elle avait remarqué des paragraphes, des annotations, des ratures, des questions.

"Vous êtes écrivain? Artiste? AAAHH! Je comprends la balade, vous recherchez l'inspiration dans la contemplation de la nature et ... j'ai tout gâché ..."

Elle fit une mine toute contrite bien qu'elle n'en pensa rien, c'est lui qui était sur son territoire sacré à elle.

Ses étirements étaient terminés et elle s'allongea sur sa serviette pour un bain de soleil. Elle farfouila dans son sac et en sortit une paire de lunettes stylées de sport, bas de gamme, et les posa sur son nez.

"Là aussi, vous allez me dessiner?"

Elle rit.

"Allez!! Je plaisante! Faites pas cette tête, je ne vous en veut pas du tout."

Il était intéressant, très naturellement, et l'aubaine de pouvoir parler avec quelqu'un à qui elle ne devait rien était rare.

Bando

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 3 mercredi 29 décembre 2021, 16:05:18

Mon carnet tendu à l’attention de la jeune inconnue, je découvrais avec elle avec quel souci du détail mon inconscient s’était donné à sa représentation. Profitant du fait que son attention soit un instant capté par le petit animal piailleur, je prenais un peu d’avance en observant comme mes traits avaient pu être lourds, légèrement insistants sur le tracé de ses courbes. Sans m’en rendre compte, j’avais été flatteur, très flatteur. Sans pourtant me faire mensonger sur la question.

Tout en relevant parfois la tête vers elle, tout sourire en l’observant s’occuper avec soin de la petite bête, mes yeux allaient et venaient entre le croquis et la réalité. Je me surprenais moi-même de voir à quel point mon cerveau avait fait une bonne part du travail à ma place, constatant avec quelle précision j’avais « rendu justice » à sa généreuse poitrine, au galbe de ses hanches et de ses fesses bombées par l’exercice, comme par le port d’un baudrier si serré. J’en rougis même un peu, quelque peu honteux de voir comme je n’avais rien omis de ce corps follement attrayant, taillé avec soin comme pour me plaire atrocement. M’attardant à la regarder, je m’avouais en effet que la jeune fille avait tout pour être de celles qui sont « tout à fait mon type ». Levant les yeux au ciel quelques secondes, je détournais vite le regard, lui tendant toujours ce carnet... avec toujours plus de gêne désormais.

« Oh... merci. Ouais, je sais pas... je crois que c’était un moment décisif, ça m’est venu comme ça. »

Un dernier sourire et, pfouuuuu... je lâchais la pression en la regardant s’éloigner pour ranger ses affaires. Reposant mon carnet, je ne l’observais désormais que du coin de l’œil, un peu curieux certes, mais maintenant persuadé qu’il fallait que je me tienne loin de mes crayons. Au moins pour quelques temps.

À son invitation, je m’installais avec elle sur les dalles de pierre brûlantes, sur lesquelles le soleil faisait son office avec force. Sans un mot, je tapotais du doigt sur ce maudit carnet, le regard suivant la direction qu’avait pris le sien, songeur. J’observais alors le sommet rocailleux qui nous dominait tant, puis revenais à elle... avant que ce ne soit elle, qui revienne à moi, à son tour.

« C’est la première fois. À vrai dire, je m’étais jamais aventuré dans cette partie de la région. Mais c’est apaisant... c’est calme, tranquille. Je comprends qu’on ait envie de venir là pour décompresser. C’est tellement... sauvage. »

Fronçant légèrement les sourcils à l’écoute de sa gentille provocation, je me repris à réfléchir. Ça faisait longtemps que je n’avais pas donné mon nom à quelqu’un. Mon... vrai nom, j’veux dire. C’était étrange d’ailleurs, de se cacher sous un alias, de ne plus dissocier l’homme de l’artiste, de laisser les deux faire corps, de s’oublier. Mais, pour ce que je pouvais en penser, je me disais bien qu’après tout, c’était peut-être mieux ainsi. Le garçon que j’avais été n’avait plus grande importance désormais.

« Ouch. Touché. Je me disais bien, vous faites une très belle japonaise... »

Détournant les yeux pour ne pas afficher cette once de gêne qui m’habitait, je regardais en face, pensif, ne sachant encore pas trop quoi répondre à sa présentation. Repliant mes genoux tout contre moi, je tourne de nouveau la tête vers elle, regardant comme son visage se tordait en d’adorables rictus. Elle semblait bien se plaire à se payer ma tête.

Mes yeux glissant tout contre son corps, je la regardais, là, tout proche de moi, le ventre découvert. Je profitais de son effort pour l’observer, pour retourner détailler son corps, voir comme sa fine musculature se contractait et se décontractait de nouveau. J’observais ses cuisses qui s’étiraient, moulées dans ce short fin qui sculptait en détail toute la partie basse de son corps. Puis je montais, parcourant son abdomen ruisselant. Mes yeux furetaient tout contre sa poitrine lourde et imposante, profitant de quelques tâches formées par sa sueur pour détailler plus encore les contours affolants de cette zone dont j’étais si friand. Je glissais tout contre ses bras, contre son cou... puis, je secouais vivement la tête, surpris quand elle reprit.

Rapidement je regarde ailleurs, faisant semblant de rien tandis qu’elle s’allonge sur sa serviette, si proche de moi.

« Perspicace, je dois l’avouer. Il y a de ça, oui... fallait... que je change d’air, je crois. Un peu comme vous. »

Glissant un nouveau regard discret dans sa direction, du coin de l’œil, j’affiche une nouvelle moue légère quand elle revient à la charge en un nouveau pique à mon attention.

Finissant par m’étendre, comme elle, tout contre la pierre chaude, je me tourne vers elle, quelque peu joueur.

« Ah ! C’est possible. Mais j’attendrais un moment de faiblesse pour ça. Quand vous n’me verrez pas. »

Mes yeux revenant accoler à ses cuisses fermes, je souris légèrement, levant me carnet pour me le remettre sous le nez.

« À moins que vous ne preniez la pose un moment. Vous savez... ça fait un moment que j’ai arrêté les cours, mais, de mémoire, être modèle ça paye bien. Dans des écoles, ou aux Beaux-Arts. C’est... un peu contraignant, mais ça se fait. J’suis sûr que vous auriez du succès. »

Poussant un léger souffle, je me repositionnais, dos contre la pierre, le regard perdu dans le vague. Je revoyais les séances de peinture, de nature morte, de paysage, de nu... Je n’avais pas été le plus talentueux des élèves, mais puisqu’il ne s’agissait pas de ma spécialité, ça me suffisait amplement.

Gwen K.

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 4 jeudi 30 décembre 2021, 10:59:22

Prendre la pose? L'idée lui parait ridicule sur le moment. Personne ne l'a jamais apprécié pour autre chose que ... certains détails vraiment personnels et purement physique. Du coup, elle jette un regard soupçonneux à l'homme qui ne s'est en retour, pas présenté. C'est vrai que les lignes de son dessin sont particulièrement appuyées sur les courbes  très féminines de la sportive. Et puis certains de ses regards coulés en douce ne lui ont pas échappé, malgré, elle le reconnait, le fait qu'il tente de ne pas clairement la "mater" comme un mort-la-faim. Est-ce de la gêne teintée de timidité? Ou tout simplement, le comportement d'un homme respectueux des autres, mais un homme quand même, avec un imaginaire bien masculin.

Non, elle se fait des films et à tendance à se méfier de tout. Gwen préfère rester sur son premier ressenti positif et sourit en retour.

"Euh ... c'est sympa mais je ne saurais pas faire. J'ai jamais fait ça et puis ... Enfin, voilà, j'ai pas la ligne pour ce genre de trucs et puis, je serais super gênée ... Ce serait désastreux."

Elle se redresse sur ses coudes, contractant ses abdos d'acier. Ses épaules saillent, les fibres musculaires pressant sous la peau.

"Et puis qui irait acheter un truc pareil? Y'a tellement de modèles si parfaits qu'un garçon manqué ferait plus rire qu'autre chose!"

Invariablement, son esprit ramenait tout à l'argent. Un portrait, à moins que ce soit pour offrir, n'était réalisé que pour être vendu. A force d'être dans le besoin, elle calculait tout ce dont elle pourrait tirer bénéfice. L'homme ne pouvait pas deviner qu'elle vivait à flux tendu, d'autant plus que son matériel d'escalade coutait cher. Maintenant c'est à peu près tout ce qu'elle avait de valeur. Lui, ne présentait aucun signe indiquant un confort de vie particulier mais semblait tout simplement à l'aise comme il était. Elle eut honte de penser à ce genre de chose. Sa vie était vraiment nulle. Une ombre avait voilé son visage le temps de cette courte réflexion mais elle se reprit.

"Vous êtes loin d'être obèse ... et je vous aurais proposer d'essayer de grimper une autre paroi que je connais, plus facile, pas loin d'ici ... mais nous n'aurons pas le temps. Je suis là tous les dimanches donc si l'envie vous dit ... plus tôt qu'aujourd'hui ..."

Il n'était pas tard mais il lui fallait retourner jusqu'à l'aire de passage du bus, et le dernier ne passait pas si tard et c'était bien dommage. Elle se mit à genoux pour farfouiller dans ses affaires et intérieurement, se figea. Il allait la voir comme elle était réellement, avec ses fringues nulles de tous les jours.

Elle lui sourit. Qu'est ce qu'elle souriait aujourd'hui ... Peut être qu'il allait se lever, lui dire un truc sympa et partir. Mais non, il était trop bien élevé pour ça. Arrghhh fait chier!

Elle passa donc directement son hoodie informe et usé, son pantacourt en jean délavé d'avoir été trop porté, et ses sneakers dont le bout était tout râpé et décoloré. Elle passa à son poignet une montre premier prix gagnée dans une fête foraine il y a des éons. Elle s'assit ensuite et fit ses lacets. En tirant dessus, l'un d'eux céda.

"Merde!"

La honte ... Elle fit un nœud pour le faire tenir, il y en avait déjà d'autres ... Pathétique. Gwen se morfondait dans sa médiocrité sans oser regarder l'homme dont elle sentait le regard posé sur elle. Elle rougit, horriblement gênée et tenta de faire comme si de rien n'était. Nan ... ses oreilles la chauffaient, vraiment la honte. Du coup, elle se leva vivement e jeta son sac sur son épaule. Vite passer à autre chose!

"Faut pas trainer, le dernier bus ne tardera pas trop et Seikusu à pied, c'est loin!"

Elle s'avança, le forçant à la suivre par la même occasion. Elle n'avait pas pensé au fait qu'il ait put avoir sa propre voiture. Elle voulait noyer ce moment de gêne et éviter toute question embarrassante. Elle babilla sans interruption tout le long du chemin, commentant la nature et les bienfaits du sport et quand ils arrivèrent à la route, il partit tout naturellement à gauche vers le parking, et elle à droite vers l'arrêt de bus situé plus loin. Ils s'arrêtèrent et hésitèrent en même temps.

"Oh! Vous ... vous êtes venus en voiture ... Et bien, à bientôt peut être, vous savez ou me trouvez. Merci pour votre présence agréable!"

Ok! Dimanche prochain, prévoir un pantalon correct, un t-shirt potable et demander à la voisine du même âge une paire de chaussures décentes!
Elle s'éloigna en faisant un signe amical de la main.

"Ca m'a fait plaisir de vous rencontrer!!!!"

A ce moment-là, le bus la dépassa et disparut après un virage tout proche.

Meeeeerde!!!!!!!!!!!

Elle détala aussitôt et après une course effrénée, ne put que constater qu'elle était dans la mouise. La plupart des randonneurs avaient dut partir plus tôt et l'arrêt du transport avait été bref. Elle n'en vit que les feux rouges s'éloignant rapidement.

"Putain! Fais chier!!!"

Elle avait pour des heures à rentrer. Elle hésita. L'homme était peut être encore au parking, mais non. Elle avait eut son lot de déconvenues pour la journée. Elle rabattit sa capuche sur sa tête, fourra ses mains dans ses poches et prit le chemin du retour en marchant sur le bas-côté de la route. Les anses de son sac lui cisaillaient déjà l'épaule. Elle allait garder les marques pendant un moment.

Dans le ciel, le soleil commença sa descente.

Bando

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 5 jeudi 30 décembre 2021, 15:01:26

Il était surprenant de voir comme, à mes mots, la gêne sembla si soudainement gagner la battante qui se tenait à mes côtés. Enfin, « surprenant », après tout je ne la connaissait pas. Disons que cela ne la rendait à mes yeux que plus complexe, et donc intéressante. Je comprenais à ses mots comme elle ne semblait pas se tenir elle-même en haute estime. Je sentais le poids du regard qu’elle se portait, ô combien elle n’était pas de celles à se dire valoir le coup. Je la sentis très tendue, d’un coup, perdue dans ses pensées. Sans doute ne m’écoutait-elle plus, d’ailleurs.

« J’parle pas d’peindre Mona LIsa non plus. Poser, c’est un exercice. Pour le modèle comme pour l’élève. Vous avez de l’endurance, de jolis traits... nan, m’est d’avis que vous plairiez à beaucoup de sculpteurs, aussi. Et puis, pour ce qui est de l’oeuvre... je pense que vous seriez surprise de ce que les gens achètent. Faut pas s’en faire pour ça... Aaah, décidément... »

Qu’elle m’ait entendu ou pas, ma voix s’était tout de même faite plus douce, un temps :

« Vous ne devriez pas avoir peur qu’on vous regarde. »

Non, sans doute n’avait-elle rien entendu. Sa remarque suivante était bien trop déconnectée de tout le reste. À vrai dire, elle était déconnectée de tout, tout simplement, mais elle me fit rire un moment. Baissant les yeux pour les poser en direction de mon torse, je me regardais un temps, interrogateur.

« Haha ! Oui... euh... nan, enfin j’en donne pas l’air j’ai l’impression. »

Vite et à ma grande surprise, la jolie blonde s’était relevée, reprenant avec elle ses affaires pour enfiler en toute hâte son pantacourt abimé, me faisant comprendre qu’il était temps pour elle de s’en aller. Était-il déjà si tard ? Ou peut-être avais-je dis quelque chose ?

« Oh. Euh... pourquoi pas. Je ne serai pas contre un peu d’exercice je crois... »

Nan mais qu’est-ce que je racontais, moi ? Sur un mur d’entraînement, en intérieur à la rigueur, pourquoi pas, mais... Mouais. La prochaine fois réfléchis avant d’ouvrir la bouche.
Mes yeux toujours sur elle, je notais comme son regard se faisait fuyant, alors qu’elle se couvrait de ces habits amples. C’était... à mon sens, comme si, ce moment terminé, elle en venait à se parer d’une carapace épaisse et bien trop lourde, pourvu que personne ne décèle ce qu’elle était en dessous. Elle se cachait, n’avait déjà plus grand chose à voir avec la sportive que j’avais aperçue plus tôt. Une part de moi, que je fis vite taire, regretta d’ailleurs quelque peu sa tenue si moulante.

La laissant se préparer tranquillement, je me levais à mon tour sans rien dire, me décidant à repartir moi aussi. Après tout oui, la journée touchait à sa fin et ma promenade avait bien assez durée. La ville était loin. Déjà à cette heure, je savais que je ne serai pas rentré avant la nuit.

Nous raccompagnant mutuellement, nous marchions quelques minutes, sans trop se dire grand chose, bien étrangement. Je ne su dire vraiment pourquoi, mais l’ambiance s’était chargée d’autre chose. La gêne de la jeune femme s’était faite un peu contagieuse et, surtout, je ne voulais pas la mettre davantage dans l’embarras.

J’acquiesçais joyeusement à ses mots et finis par la gratifier d’un petit sourire, alors que nous décidions de nous séparer.

« Moi aussi, ça m’a fait plaisir. Qui sait... peut-être à dimanche prochain, alors. »

C’était un peu déçu que j’étais parti de mon côté, pour aller retrouver ma vieille mustang déjà couverte de terre ça et là. Une cigarette face au soleil qui se couchait sur les hauteurs et je m’en allais, faisant vrombir le moteur à nouveau pour doucement reprendre la route.

Le soleil lentement disparaissait et au loin, les premières lueurs artificielles de la ville venaient à colorer le paysage. Il ferait vite frais par ici, je me dis donc qu’il était l’occasion d’essayer le chauffage. Un peu de musique, quelques bouffées de tabac au volant, cheveux au vent... De nouveau, je me laissais porter.

Mon air changea toutefois subitement lorsque, au loin, parmi ces lumières dansantes, j’apercevais les phares rouges du bus qui passait par là. Je fus sans doute rapide sur ce coup là, à le trouver déjà étonnamment éloigné sur ces routes pourtant pleines de virages et de boucles à n’en pas finir. Il était tout bonnement impossible que celui-ci ne soit parti qu’il y a cinq minutes à peine et donc... quand bien même elle aurait prit quelques raccourcis de son cru, il me paraissait d’autant plus improbable que Gwen l’ait attrapé.

Il me fallut manœuvrer quelque peu difficilement tant la route n’était pas bien large, mais au bout de quelques instants seulement, j’avais fait demi-tour, au moins pour vérifier, on ne sait jamais, que la jeune femme ne s’était pas retrouvée seule, à devoir se taper des dizaines de kilomètres à pied pour rentrer, en montagne, avec des chaussures qui ne semblaient déjà pas vouloir l’accompagner plus longtemps.

Ça ne manqua pas.

Je reconnus vite cette silhouette couverte de ce hoodie gris. Ouvrant la fenêtre, je me permis un petit signe de la main et vins m’arrêter à sa hauteur. Je me penchais pour ouvrir la portière passager, affichant une petite moue compatissante, sans non plus la prendre en pitié, hein.

« Vous aviez prévu d’escalader dans le sens inverse pour rentrer ou bien j’peux vous déposer quelque part ? »

Posant ma sacoche à l’arrière, je débarrassais le siège passager pour faire un peu de place à la jeune femme.

« Mettez vos affaires à l’arrière et v’nez vous asseoir. Si vous restez comme ça, vous n’serez pas rendue avant demain midi. »

Gwen K.

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 6 jeudi 30 décembre 2021, 16:16:49

Son accès d'énervement passé, Gwen avait envie de pleurer. Ce con de chauffeur était passé plus tôt de deux minutes sans se soucier des conséquences de son avance. Rien n'allait. Elle ne passait pas une journée sans vivre une contradiction irritante. La tête ailleurs, elle ruminait son malheur en marchant d'un bon pas. Dans quelques heures, elle ne serait plus aussi vive. Bien plus loin, très loin en fait, Seikusu se préparait pour la soirée. Elle commençait déjà à scintiller. Il allait falloir faire attention à marcher en bord de route. Justement un moteur gronda tout proche et elle se décala plus dans les herbes. Engoncée dans sa capuche, elle ne réalisa pas tout de suite de qui il s'agissait. Sans rien connaitre en voiture, elle sut quand même deviner que celle ci, massive, n'était pas de fabrication locale. Et le ronronnement du moteur changeait de celui des petits moteurs japonais.

Tiens ... un touriste qui a pitié?

Elle fronça les sourcils avant de les relâcher subitement.

"Oh ..... coucou!"

Décidément ma grande, tes éléments de surprise sont limités ...

"Salut! Euh .... l'homme sympa qui n'a toujours pas donné son nom."

Cette petite connerie la détendit. Elle avisa la ville au loin, puis la voiture, puis encore la ville. Ca la dérangeait de passer pour une quiche, comme ça, seule sur ce bord de route avec son sac mais il y avait vraiment beaucoup de chemin à faire pour rentrer.

"J'ai pas eu de bol, j'ai raté mon bus."

Sans blagues? Tu fais pas ça pour le plaisir?

Elle n'avait jamais eu de voiture, bien évidemment trop cher pour elle aussi elle prit soin de poser son sac sans rien racler sur la banquette arrière et elle s'installa à côté de lui à son invitation. La portière était lourde à refermer et elle tira fort pour la claquer. Elle bidouilla sa ceinture, la clipsa et le laissa redémarrer.

"Merci ...."

Elle enleva sa capuche et arrangea comme elle put ses cheveux en bataille. Au contact de cet homme, sa féminité se réveillait et elle tentait de faire ce qu'elle ne faisait presque jamais. Ne pas poser ses pieds sur le tableau de bord, ne rien dire de stupide, se présenter correctement. Elle se tenait droite et discrètement, essayait d'observer son visage dans le rétroviseur du côté passager. Bien sûr, elle ne voyait rien et quand leurs regards se croisèrent, c'est elle qui baissa les yeux. Elle n'était plus sur son territoire mais dans le sien à lui. La teigneuse qu'elle était d'ordinaire se sentait toute petite sur ce grand fauteuil rétro qui sentait bon le cuir. Ses doigts glissèrent le long des lignes du siège. Cette voiture devait coûter cher. Coûter cher? Il était hors de question qu'il la dépose dans son quartier pourri et encore plus devant son immeuble "vraiment" pourri. Là, elle ne pourrait pas cacher ce qu'était son existence. Il fallait qu'elle trouve un truc pour qu'il la débarque plus tôt mais très vite, elle ne sut plus où ils étaient. La route n'était pas celle qu'elle connaissait. Le trajet du bus était différent.

"Et si vous me racontiez un peu ce que vous faites ici? Vous en savez beaucoup plus sur moi que l'inverse."

Elle était paumée, cherchait à se repérer. Elle l'écoutait, bien sûr, et posait des questions mais cherchait activement une solution à son problème. Et comble du comble, il était charmant, légèrement piquant quand il le voulait, agréable à écouter, drôle même car elle rit sincèrement, mais il était riche, la voiture le prouvait, elle l'avait décidé.

"LÀ !!!!!"

Son cri le fit piler. Elle pontait une station de métro, enfin, un truc à côté en tout cas.

"Ici c'est parfait!! Merci!!"

Vite fuir cet habitacle accueillant et foncer chez toi prendre une douche et réfléchir à tête reposée. Elle n'était pas insensible et savait que lui non plus.
Elle s'éjecta de la voiture et reprit comme si elle était essoufflée, juste avant de claquer la portière.

"On s'voit dimanche! Merci! C'était bien! Merci!"

Et elle fonça directement s'engouffrer dans la station de métro,  où quelques secondes auparavant, elle ne voulait pas qu'il la voit y entrer et paya un ticket avec les quelques sous qu'elle avait dans la poche de son hoodie. Et c'est seulement dans la rame que ....

Merde!!!! Mon sac!!!!!! il est resté dans la voiture!!!

A trop vouloir aller trop vite ... Elle se décomposa sur son siège, se sentant toute nue. Là encore, elle eut envie de pleurer et rabattit sa sempiternelle capuche sur ses cheveux. Arrivée chez elle, elle était d'humeur massacrante et ne voulut pas parler avec Kaito. Elle espérait que dimanche prochain, ils puissent à nouveau se rencontrer et qu'i aurait la gentillesse de lui ramener ses affaires. Elle réfléchit à ce qu'il y avait dans le sac. Son équipement d'escalade bien sûr mais aussi la petite boite en plastique où elle gardait ses papiers , un fond de monnaie ridicule et quelques bêtises, son vieux téléphone portable qui aurait fait honte à n'importe quel smartphone premier prix et ... des sous vêtements de rechange.

La douche fut expédiée et elle s'assit sur son lit, accablée, la tête entre les mains. Est-ce qu'il sentirait sa culotte? Non, pas son genre, et gentil comme il l'était, il se pointerait surement ici. Elle avait dans sa petite boite une facture détaillant son adresse jusqu'à son appartement. Il pouvait frapper à la porte la minute suivante. Catastrophe!

Un prince s'était-il déjà enfui à la vue du taudis de sa princesse? .............



Bando

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 7 vendredi 14 janvier 2022, 19:47:43

Que voilà une balade bien... étrange et quelque peu courte. Trop courte.
La jeune femme embarquée, nous restions à nos places respectives sans trop bouger, sans trop dire quoique ce soit, ne nous contentant que de discrets regards étonnamment réservés. Elle m’avait bien sûr remercié, mais aussitôt était-elle montée qu’une petite gêne s’était installée entre nous. Allez savoir pourquoi, je ne la sentait pas très à l’aise. Pas qu’elle soit effrayée, intimidée ou quoique ce soit, non... mais au-delà de quelques mots balancés un peu futilement, en guise de simples politesses, la voilà qui semblait sur la défensive, en retrait, bien moins assurée qu’elle ne l’avait été plutôt, armée de tout son matériel. Ainsi avais-je donc affaire à une grande timide ?

Bon, faut aussi dire que je n’suis sans doute pas non plus des plus expansifs, de ceux le plus à-même de briser la glace, si ce n’est qu’en lui retournant quelques petits sourires.
J’avais mis un peu de musique, histoire de meubler et m’étais donc contenté de rouler tranquillement en direction de la ville tout en suivant ses indications, ce jusqu’à ce qu’enfin, elle daigne tenter une approche. Puisque nous arrivions aux abords de la ville, autant dire qu’il était grand temps !

« Oh, euh... je m’balade, j’imagine. On peut dire ça. »

Voilà les seuls mots que j’eus le temps de répliquer, avant qu’elle ne me coupe d’un coup. Je pile net et me gare sur le bas côté en mordant sur le trottoir. Aussitôt fait, voilà que Gwen vient démontrer un comportement plus surprenant encore, s’empressant de prendre ses affaires avec elle pour sortir comme une furie. Avait-elle l’esprit ailleurs ? Peut-être avait-on loupé une sortie et c’est seulement maintenant qu’elle s’en rendait compte... Je n’comprenais pas très bien. Après toute la route qu’on venait de se taper, ça ne m’aurait certainement pas gêné de faire un crochet supplémentaire. C’est pas comme si j’avais plus important à faire non plus. Je pouvais bien faire ça.
Bon ben, tant pis.

« Ok ! À... »

La porte venait de claquer. C’était presque vexant.

« ... dimanche. »

Puisqu’elle semblait déjà se presser de rejoindre sa destination, sans même se retourner, j’avais aussitôt repris mon chemin sans en faire grand cas. Un petit coup d’œil dans le rétro dans sa direction en partant et... hop, elle disparaissait par l’embouchure de la station de métro pas loin. Sérieusement ? Bon, peut-être était-elle tout bonnement méfiante à l’idée de se faire raccompagner jusqu’à chez elle. Après tout, je pouvais bien la comprendre. On ne sait jamais sur qui on tombe, j’imagine.

Je bifurque au prochain croisement et... merde. J’ai beau être là depuis toujours, je dois bien avouer que j’ai pas souvenir d’être déjà passé par ce coin. Cette ville est tellement grande. Me v’là paumé. Ah bah bravo. Super.

Un soupir de circonstance et j’me gare de nouveau sur le bas côté, quelques centaines de mètre plus loin. Le temps d’sortir mon téléphone, de mettre en route mon appli GPS et... Il me fallut pas longtemps pour réaliser. C’est vrai qu’elle était sortie sacrément vite, sans rouvrir l’autre porte à l’arrière, maintenant que j’y pense. Un nouveau soupir et je récupérais son sac pour le faire passer à l’avant.

« Gwen, Gwen, Gwen... vous m’faites des blagues, hein. »

La main sur le zip de sa fermeture, je l’ouvrais sans aucune mauvaise intention, convaincu que j’y trouverai sans doute quelque chose. Un numéro de téléphone, quelque chose du genre. Il ne me fallut d’ailleurs pas longtemps pour que je tire de là son portable. Autant dire que, numéro ou pas, sur ce coup la belle avait été tellement tête en l’air que je n’allais pas être bien avancé. Nan, sérieux... J’allais vraiment devoir attendre dimanche prochain pour lui rendre tout ça ? Ses affaires d’escalades, ses... vêtements ? Ça risquait d’être problématique, j’en avais bien peur.

Fouillant avec un peu plus d’insistance, j’avais en partie vidé le contenu du sac sur le siège passager, remettant le tout à sa place au fur et à mesure du petit tri que j’faisais. Un haut par-ci, une petite culotte par là... un soutif...  Wow. Merde. Le tenant entre mes doigts, je n’avais vraiment pas pu m’empêcher de me faire plus observateur avant de le ranger lui aussi. Ces bonnets étaient... sacrément profonds. Quoi, E, F ? Ok, oui, j’avais remarqué que la nature avait été généreuse avec elle, mais il y avait vraiment des trucs pareils broyés sous sa brassière ? Pfoouuuuuu... Merde alors. Sans doute rougissais-je rien qu’à y penser, me remémorant au passage le galbe incroyable de ses fesses charnues, arrondies par des années de sport intensives, que son baudrier mettaient en avant en grandes pompes... Stop ! On arrête ! Je me dépêche de ranger le tout bien au fond du sac, sous le reste pour faire comme si de rien n’était et... je me remettais à des choses plus sérieuses, plus convenables et plus proches de notre objectif premier, dirons-nous.

Ah bah voilà ! Bon, je n’irai pas dire que ce travail était digne d’un véritable inspecteur, mais j’avais quand même bien fini par trouver un truc. Une facture. Impayée, pour le coup. Du genre de ces rappels qu’on vient vous foutre en pleine poire quand ça fait déjà quelques temps qu’on attend d’vous un certain versement. Bon, c’était pas non plus mes affaires mais, ça, plus le reste, il ne m’en faudra pas plus pour rassembler quelques-unes des pièces du puzzle.

Rentrant dans mon GPS l’adresse que j’avais trouvée sur cette dite facture, me voilà reparti. J’sais pas c’qu’elle faisait dans la vie mais bon, je pouvais bien imaginer comme une semaine sans son téléphone pouvait s’avérer gênant de nos jours. Puis bon, si elle ne m’ouvrait pas, au moins pourrais-je trouver un moyen ou un autre de lui laisser ses affaires quelque part, en lui glissant un mot dans sa boîte aux lettres.

Phares tout allumés dans cette nuit qui s’annonçait déjà bien noire, je quittais déjà une bordure de la ville pour une autre, me contentant de tourner sur le périph. Je m’approchais de la Toussaint, de ces quartiers que les gens du centre disaient « moins top », pour ne pas sortir d’autres qualificatifs plus fâcheux. C’est vrai que la municipalité ne semblait pas trop s’attarder sur la réfection des infrastructures par ici... mais bon, j’connaissais pas mal de gens chouettes qui venaient de là. Enfin quelques-uns. Ok, le cadre était moins chaleureux, les bâtiments un peu plus vieux et sans doute encore un peu loin de leur prochaine rénovation, mais bon. C’était un quartier comme un autre, nan ?

Je finis un peu par comprendre alors que je me rapprochais doucement de ma destination. Immeubles un peu miteux, réverbères clignotants, quand ils ne fonctionnaient pas tout bonnement plus... Est-ce qu’elle avait honte ? Ça va. On s’en fout, non ? Elle devait pas avoir une super opinion de moi, si elle pensait que je ferai tout un cas de ce genre de choses. Ou bien était-ce de son image à elle, dont elle n’était vraiment pas fière ? Pfff... merde. Bon, pas la peine de la gêner davantage si ça n’la met pas à l’aise. C’est simple : je me gare, je sonne, je lui refile son sac avec un sourire, j’lui souhaite une bonne soirée... une bonne nuit, il est déjà presque minuit... puis j’me casse. C’est pas plus compliqué.

Arrivé à destination, j’me gare comme je peux, dans l’endroit qui me semble « craindre le moins ». Je prends le sac avec moi, je grimpe quelques marches deux par deux et inspecte les boîtes aux lettres. Le temps de trouver son étage puis... j’y retourne. Sérieux, pas d’ascenseur ? Bon. Ok, je reprends un peu sur moi et j’escalade, un peu moins en hâte cette fois. Sérieux, y a combien d’étages ici ? Un couloir, puis un deuxième... voilà, j’y suis. C’est cette porte. Je prends au moins une bonne minute pour reprendre mon souffle, arranger un peu mes cheveux et... je me lance ! Premier essai sur la sonnette. Deuxième essai sur la sonnette... J’entends rien. Bon, on est d’accord, j’aurai dû m’y attendre, hein ? Bien sûr qu’ça fonctionne pas, ça non plus.

Encore un p’tit soupir et, ok, cette fois on y va.
Je frappe, tendant le sac bien devant moi. Faudrait pas non plus qu’elle me voit le premier et s’alarme en pensant que j’l’avais suivie comme un tordu ou allez savoir quoi. 


« Euh... Gwen ? »

Gwen K.

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 8 samedi 15 janvier 2022, 18:49:09

Gwen n'était plus la fille dynamique qui avait accosté ce charmant jeune homme au pied de sa paroi à elle. Là, elle était Gwen l'endettée qui une fois revenue dans son trou, se morfondait dans un cafard insondable. Elle avait passé son antique pantalon de jogging qu'elle ne portait qu'à la maison. Il était rapiécé mais au moins super confortable et un t-shirt large qu'elle avait piqué à son frère. Elle ruminait sur son lit, consciente qu'elle allait faire face à une confrontation. Tellement habituée à être jugée sur son train de vie misérable, elle ne pensait même pas que sa nouvelle connaissance pouvait être différente des autres sur ce point. D'ordinaire, elle réagissait brusquement aux commentaires , aux critiques, aux moqueries ou aux regards condescendant. Elle était assez abrupte et se mettait facilement en colère mais là, face à lui, elle ne pourrait que ravaler sa honte et sa fierté. Il était gentil. Il avait été plaisant avec elle, elle avait apprécié sa compagnie et s'était même laissée aller à s'imaginer une jolie petite histoire.
Aussi, lorsqu'on frappa à la porte de son appartement, elle jaillit de son lit comme un ressort, le cœur battant la chamade. Elle cria.

"Attend!!! C'est pour m...."

Trop tard, Kaito passait par là à cet instant et venait d'ouvrir.

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Kaito dormait peu. Le fait d'être limité dans sa mobilité par son handicap le cloitrait à longueur de journée dans cet appartement. Et comme les ascenseurs ne fonctionnaient pas, chaque sortie était un véritable cauchemar. Gwen le portait à demi pour descendre les escaliers puis remontait chercher son fauteuil roulant et opération inverse au retour. Sa "petite sœur" ne se plaignait jamais, lui non plus, mais il savait bien que toute cette galère venait de son problème à lui. Le coût des soins médicaux au Japon coûtaient une fortune et tous leurs revenus passaient dans ces frais. Gwen avait à peine parlé ce soir, en rentrant, et faisait la tête allez savoir pourquoi. Il passait près de la porte quand quelqu'un avait frappé. Tout le monde se connaissait ici aussi il ouvrit sans crainte. Assis dans son fauteuil roulant, il se trouva nez à nez avec un sac qu'il connaissait bien.

"Non ... moi c'est Kaito, je suis son grand frère. J'imagine que vous rapportez ses affaires à Gwen."

Comment, pourquoi, à cette heure-ci? Qu'importait. il essayait de ne pas trop poser de question à sa tornade de sœur pour ne pas l'étouffer plus qu'elle ne l'était déjà. Kaito parlait d'une voix chaude. Il était l'ainé de Gwen de quelques années. Il avait été sportif de haut niveau avant son accident et conservait encore une stature assez carrée. Qu'il ne puisse plus se servir de ses jambes ne l'empêchait pas de continuer à muscler ses bras. Ses biceps étaient à l'image de son torse et de son cou, musculeux. Il s'entrainait tous les jours à soulever des poids de récupération.

Gwen déboula de sa chambre comme un gnou chargeant un lion.

"C'est pour moi !!!!"

Elle était rouge comme une pivoine, pas dans son état habituel. Elle paraissait essoufflée et bégaya un truc incompréhensible avant de se reprendre en se grattant la nuque et faisant un petit geste amical au nouveau venu.

"Euuuuh ... salut! C'est ... c'est gentil de me ramener mon sac . Tu as dû trouver mon adresse dedans?"


Ben oui idiote, tu crois quoi? Qu'il t'as suivi à l'odeur?

Elle prit une jolie teinte plus prononcée encore en repensant à ses sous-vêtements.

"Merci! On se voit dim...."

Elle lui avait prit ses affaires des mains et reculait déjà pour fermer la porte d'un revers de pied mais Kaito la bloqua . Kaito avait été animateur dans un centre pour jeunes et il en avait vu passer des centaines, issus de tous les milieux. Il devinait la nature des gens à les observer. Et ce qu'il avait vu de cet homme lui plaisait. Les yeux ne mentaient pas et ceux de l'inconnu était empli de bonté naturelle et de gentillesse, entre autres. Le "grand frère" se dit que filer un coup de pouce au destin était la moindre des choses qu'il puisse faire.

"Non non non! Vous allez entrer et nous allons vous remerciez comme il se doit. Surtout moi! J'aurais eu Gwen sur le dos toute la semaine avec cette histoire de sac! Vous m'épargnez des heures de complaintes! Entrez! J'insiste!"

Kaito fit exprès de peiner à tourner son fauteuil, histoire d'attendrir un peu le visiteur et l'inciter à ne pas refuser.

"Gwen! Prépare quelque chose à boire!"

"Mais ... on a rie..."

"Ah! Débrouille toi un peu!"

La jeune femme avait été prise de vitesse. Elle voyait très bien le petit jeu auquel s'adonnait Kaito et elle se promit de régler les comptes plus tard.
L'appartement était petit, défraichi, mais propre et entretenu même si tout ce qui le meublait, le strict nécessaire, n'était que de la récupération. L'entrée était aussi le salon et la salle à manger, et un coin était consacré à la cuisine. Elle s'activa à fouiller les trois petits placards de la cuisine et trouva par miracle une boite de sardines à l'huile et des trucs qui devaient être des espèces de biscottes. Elle dénicha deux bières bas de gamme qu'elle partagea dans trois verres qui n'avaient ni la même forme, ni la même couleur. Elle déplia un torchon troué sur la table basse devant l'unique canapé deux places de la pièce et s'assit à côté de l'étranger dont elle n'avait pas bien compris le nom, elle s'en rendait compte seulement maintenant, ce qui termina de l'enterrer. Kaito parlait déjà avec lui et elle attendit sagement de pouvoir en placer une, ce qui n'arriva que quand son grand frère lui posa une question.

"Hein? De quoi?"

"Je te demandais quand et comment tu as rencontré ton ami?"


Il reprit se tournant vers l'homme.

"Gwen est assez discrète et ne me raconte pas tout, surtout quand quelqu'un l'intéresse."

Bon ben ça y est ... je vais mourir de honte.


Elle tenta «habilement» de détourner la conversation en levant son verre.

"Merci pour tout, c'était une super journée!"


La bière était immonde ..............


Bando

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 9 samedi 15 janvier 2022, 20:27:12

L’accueil m’étant réservé fut plus surprenant qu’il ne me désarma vraiment. Moi qui m’disais que j’aurai sans doute échangé un ou deux nouveaux regards gênés avant de repartir, mes plans furent vite chamboulés, avec l’intervention d’un ami que je ne me connaissais pas encore.

Le portrait que j’avais déjà un peu dressé de la jeune femme, dans un coin de ma tête, ne fit que se compléter davantage et ce, sans qu’encore une fois, je n’ai à prononcer le moindre mot. Un frère d’à peu près mon âge, agréable, avenant et affichant un fier air protecteur, frappé, je le supposais, par les affres souvent bien incommodants de la vie... Un appartement dont l’intérieur, vu d’ici, semblait faire parfait écho avec l’extérieur... bref, ouais, les pensées fusaient vite sans que je ne désire apporter le moindre jugement sur la question. Mais au moins, je comprenais un peu. Du moins... je crois.

Me contenant d’acquiescer poliment, j’allais vite faire volte-face en voyant comme je mettais Gwen dans l’embarras. Elle ne voulait pas me voir là, c’était clair. Mais, comme je le disais plus tôt, ça, c’était sans compter l’intervention de son aîné. Bon, à ce compte là, que voulez-vous que je réponde ? Je crois qu’il aurait été impoli de refuser. J’étais assez réservé de nature et, de ce fait, je m’étais toujours étonné de ce surplus d’hospitalité dont certains faisaient preuve. J’avais toutefois remarqué à plusieurs reprises comme, tout aussi étonnamment, les moins fortunés étaient aussi ceux qui en offraient le plus. Non pas que je veuille les réunir sous une même étiquette, cependant, je crois pouvoir dire que cela se vérifiait. Infortunés financièrement ou bien manquant seulement de chance... il en était souvent ainsi.
Bon. Ok, vous m’avez eu. D’un petit sourire poli, j’entrais à la suite de Kaito, le suivant jusqu’au canapé sans manquer un léger coup d’œil que je portais en direction de Gwen, m’avouant un peu déçu de voir qu’elle avait troquée son shorty pour un bas plus large. Certes, il n’était pas bien difficile de deviner les formes de son fessier un peu large et musclé, mais ça n’avait rien à voir... Un peu plus tôt dans la journée, il m’avait paru si... stop.

M’installant à l’endroit que me désignait l’hôte de maison, je fis un petit effort pour ne me focaliser que sur lui. Pour deux raisons. Eh bien, la première, c’est simple, pour qui serais-je passé si j’avais fait semblant de l’écouter en matant sa jeune soeur ? La deuxième, elle, est moins teinté d’humour et un brin plus terre à terre, j’en ai peur. À dire vrai, j’appréciais bien ces deux là, je crois et, en aucun cas, je n’aurais voulu porter atteinte à leur fierté ou, à quoique ce soit. J’avais pas envie de poser mes yeux partout et de passer pour un fouineur... Je voyais bien et, je l’avais d’autant plus compris, comme ma présence ne mettait pas très à l’aise la jeune femme. Je n’avais juste pas envie de compliquer les choses plus encore. Le manège de Kaito n’était pas nouveau, pas bien subtil non plus, mais malgré ça, je n’me voyais pas m’imposer plus que de raison. Lui et moi discutions de tout et rien et je lui avais même déjà confié la nature de mon travail... seulement, sans vouloir paraître impoli, je savais d’ores et déjà que je ne resterai pas longtemps. Gwen revenait avec le nécessaire, ces quelques verres... Je lui adressais un nouveau sourire puis revenait à son frère.

La phrase qu’il lâcha ensuite me fit rougir. Sans doute. J’en sais rien. Nan, enfin... dans tous les cas elle me surpris et, je n’étais évidemment pas le seul sur qui ces mots eurent cet effet. Jetant un regard amusé mais compatissant dans sa direction, je me faisais une joie de répondre à la question posée plus tôt pour éviter tout incident diplomatique.

Gwen eut fait plus tôt, les joues déjà légèrement rosies.

Je levais mon verre pour trinquer avec l’homme, puis me tournais une fois de plus vers Gwen, toujours quelque peu amusé.

« Hum... ouais, c’était une très bonne journée. »

Une première gorgée de ce liquide infâme et je fis encore de mon mieux pour contenir toute remarque sur la question. Il était déjà tard. Si je n’voulais pas trop faire durer le supplice, il allait falloir que je me force un peu à boire tout ça en vitesse... Allez, une deuxième gorgée !

« Haa... hum. L’escalade. Je pensais dessiner des arbres, des oiseaux,... puis elle est tombée. C’était surprenant. Mais elle est douée. C’était cool à voir. »

Un nouveau sourire adressé à tous deux et je reprenais mon verre, déterminé à le vider pour de bon. Je m’en voulais un peu de penser comme ça, de partir aussi lâchement alors que j’avais été si gentiment invité... Mais je pouvais pas non plus m’imposer. J’imagine qu’ils devaient tous les deux bosser demain. Gwen en tout cas. Dans ce cas, autant ne pas m’ajouter à la somme de ses problèmes.

« Bon, allez. »

Le coude levé, j‘engloutissais le contenu de mon verre, faisant mon possible pour que celui-ci n’heurte pas trop mes papilles.

Gwen K.

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 10 dimanche 16 janvier 2022, 17:53:48

Kaito hocha la tête avec un sourire plein d'amertume.

"La fameuse paroi .... Elle tient Gwen en échec depuis ... mon accident. C'est notre Némésis à tous les deux. Je suis sûr qu'un jour, Gwen la franchira. Ce mur est la cause de tous nos malheurs. J'en suis tombé aussi mais j'avais commis une erreur de sécurité  que je paye aujourd'hui et pour toujours."

La réponse de Gwen fut abrupte.

"Arrête! Un jour, tu marcheras à nouveau! Tu as déjà fait des progrès!"

Kaito ne releva pas. Dès qu'ils parlaient de cette maudite falaise, ils s'embrouillaient. Il avait abordé le sujet juste pour que cet homme comprenne pourquoi Gwen menait cette vie. Il s'estimait responsable et voulait, bien avant sa propre santé, que sa petite protégée s'échappe de ce piège inexorable. Il faudrait bien qu'elle s'envole un jour mais pour l'instant, elle ne voulait pas en entendre parlé. Alors qu'elle se trouve au moins quelqu'un qui pourra la chérir ... et l'emmener marcher.

Gwen but une nouvelle gorgée. le goût de cette horreur était terrifiant. Comment Kaito pouvait-il boire une cochonnerie pareille?  Leur invité était remarquable de stoïcité face à cette épreuve et se montrait extrêmement poli. Gwen leva les yeux au plafond, Kaito en faisait trop, gentiment trop, et elle tenta d'aborder des sujets moins lourds. Mais quand Bando, oui c'est ça, Bando, fit comprendre qu'il allait partir en sifflant son verre, elle eut le réflexe curieux de poser la main sur sa cuisse pour le retenir.

"NON!"

................ silence, suspens, enterrez-moi! pourquoi? ................ Mais qu'est-ce que tu fais?

"Euuuuh ... tu ... Vous partez déjà?"

Elle fit un effort pour sortir du puit dans lequel elle venait de sauter. La remontée s'annonçait ardue. Que faire? Que dire? Elle ôta sa main de la cuisse de Bando et se jeta sur son verre pour le terminer avec une grimace.

"Oui, vous avez raison, il est tard et le quartier n'est pas sûr. Votre belle voiture va attirer des personnes pas recommandables et ce serait dommage qu'elles l'abime."

Qu'est ce qu'elle pouvait dire d'autre? T'as une copine ou quelqu'un à qui tu tiens? Sûrement oui, il avait le profil de l'homme qui n'était jamais seul bien longtemps. Elle se sentit bête comme jamais. Rien n'allait et depuis qu'il était entré, elle n'avait prouvé qu'une chose: elle était une cruche.

Et oui il allait partir. Et après s'être promis de se voir dimanche, l'avoir encore remercier,  écouter Kaito le saluer, la porte de l'appartement se referma et un graaaaaaaaaaand vide s'imposa à elle. Elle se laissa tomber à la renverse sur le canapé, une jambe sur l'accoudoir, mortifiée d'avoir été aussi nulle. Kaito attendait près de la porte et la regardait, goguenard.

"QUOI?"

"Il est sympa ton ...ami."

"ARRETE! On a juste un peu parlé et il m'a ramené en voiture."

"Il est mignon ... Il te plait?"


" ... "

"T'attend quoi?"

"Pour quoi faire?"

"Lui donner envie de pas oublier cet endroit."

" ... "

"Ce serait dommage. Moi, je l'aime bien."

C'était vrai. Gwen jaillit du canapé comme elle l'avait fait de son lit plus tôt et se précipita vers la porte d'entrée qu'elle ouvrit à la volée. Elle sortit en courant, revint en dérapant griffonner son numéro de téléphone sur un bout de papier qu'elle déchira d'un magazine et fonça dévaler les escaliers pieds nus, comme une malade.

"ATTEND!!"

Elle rattrapa Bando dans le hall en bas et s'écrasa contre lui alors qu'il se retournait brusquement.

"C'est ... je ..."

Elle lui tendit le bout de papier.

"Si jamais vous ne me trouvez pas dimanche prochain!"

Elle était essoufflée, plus par ce qu'elle s'apprêtait à faire qu'autre chose.

Elle se hissa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur sa joue ... ah non ... au coin de ses lèvres, on n'y voyait pas grand chose ...

"C'est ... pour faire oublier le goût de la bière."

Elle recula d'un pas, presque fière d'elle, le visage barré par un sourire un peu gêné et lui fit un petit signe de la main. Et puis elle détala, grimpa les marches quatre à quatre jusqu'à chez elle et fila s'enfermer à la salle de bain ...

Bando

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 11 dimanche 16 janvier 2022, 20:26:57

Aussitôt arrivé, aussitôt reparti. Si quelqu’un m’avait chronométré ce soir, on aurait presque pu jurer que j’avais cherché à fuir cet endroit. Disons que oui... et non.

J’avais vite senti, au fil de la discussion, comme j’avais touché un point sensible de leurs relations et de leurs tracas sans le vouloir. Kaito se confiait sans honte, l’air bien résigné, à l’inverse de sa « soeur ». Je sentais bien là les tensions qui devaient tirailler leur duo au jour le jour, tout ce qui devait les préoccuper et expliquer en partie leurs conditions de vie. Non pas que je veuille m’en attendrir et jouer la carte de la pitié, je n’pouvais décemment pas cacher éprouver plus de sympathie encore à l’égard des deux en les entendant mentionner tout ça. Je trouvais Gwen plus forte encore, malgré ces airs complètement différents qu’elle avait pris depuis mon arrivée.

Je restais discret à ce propos, mais ne loupais aucun de ces petits regards qu’elle me jetait, alors que l’étroitesse du canapé avait déjà bien renforcé toute promiscuité. Comme une ado, elle cherchait et fuyait à la fois, faisant montre de beaucoup d’intérêt sans pleinement l’assumer. Quelque part, ça avait son charme. Je crois bien que ça faisait longtemps que personne n’avait joué d’autant de timidité envers moi.
Et que dire alors, lorsque je me décidais à décoller ? Que dire de cette main chaleureuse qui m’avait agrippée la cuisse alors qu’elle semblât vouloir me retenir ?

Surpris par cet interruption soudaine, je n’en eus pas oublié de sourire gentiment en répondant affirmativement à sa question. En effet il était tard. Toutefois, peut-être serais-je resté plus longtemps, si seulement ce premier contact s’était fait un peu plus tôt... Je ne voulais pas déranger, ni m’imposer, mais c’est surtout parce que je ne la sentais pas à l’aise que je m’étais décidé à rebrousser chemin aussi vite. Si vite alors, qu’en moi, tout me disait de rester un peu plus...

Quelques dernières salutations, quelques promesses, dont celle de payer la prochaine tournée de bière et... hop, un peu à contrecœur finalement, me voilà redescendu en bas des marches, poussant un petit soupir qui dut bien résonner un peu dans ce hall immense. Quand d’un coup...

« Wooh ! »

On s’croirait dans un mauvais film. Je m’retournais à peine en entendant Gwen m’appeler en dévalant les marches que déjà, elle me rentrait dedans. Second contact. Rien de bien méchant, je n’allais pas non plus tomber à la renverse, mais voilà qui me surprenait bien. Une petite seconde à peine pour retrouver l’équilibre et pour garder bien en moi la découverte que je pensais avoir faite : elle n’avait rien sous ce t-shirt. C’est vrai ça, buvant les paroles de Kaito, je n’avais même pas remarqué ce... « détail ». Le t-shirt était grand, bien trop pour elle, ouais... mais quand bien même, maintenant qu’elle se trouvait face à moi, ça sautait aux yeux. Ils étaient énooooormes ! Vite, dans la pénombre, je replaçais mon regard en une direction plus appropriée.

Je prenais ce bout de papier qu’elle me tendait et l’ouvrait aussi vite, esquissant dès lors un petit sourire incontrôlé.

« Oh. Cool... Merci Gwen. »

Comment avais-je pu ne pas lui laisser le mien avant d’partir ? Oh, oui. C’est vrai... J’étais parti trop vite, me convainquant sans doute trop hâtivement que ma présence l’avait gênée. Cette fois, me voilà tout retourné à l’idée qu’elle ait fini par prendre les devants. Chouette.

La suite, autant je ne m’y attendais encore moins, autant, à mon grand regret, je n’eus aucune prise dessus. S’approchant plus encore, je la vis se mettre à ma hauteur. Ses lèvres glissèrent à la commissure des miennes et... sur le moment, je ne fis rien. Putain quel con ! Quand l’idée me vint de l’attraper par les hanches et de vraiment l’embrasser, elle détalait déjà pour remonter, me laissant planté là, l’air complètement stupide.

« Merde ! »

Sachant que j’avais laissé passer ma chance, je me prenais aussitôt à pester en sortant de l’immeuble sans trop me presser. Il ne me fallut que quelques secondes pour reprendre le papier et enregistrer son numéro. J’avais aucune envie de voir la soirée s’arrêter là, mais... qu’est-ce que vous voulez qu’je dise ? Tout le long de la petite marche qui me ramenait à ma voiture, je n’eus de cesse de penser à elle en écrivant et effaçant toutes ces phrases d’accroche qui me venaient à l’esprit. Nan mais c’est vrai, c’est pas comme si j’allais lui dire que... en fait... eh bah... que j’avais envie d’elle. Là, oui, maintenant. On n’se connaissait pas, j’allais pas lui dire que j’voulais pas attendre dimanche prochain, encore moins que demain me paraissait déjà trop loin. Il y en avait, des occasions de se revoir cette semaine. Je pourrais l’inviter quelque part, échanger quelques messages même... ça suffisait. C’est juste que... j’sais pas. J’étais pas habitué à ça. Pour certaines raisons, les femmes qui me tournaient autour ne tournaient jamais longtemps autour du pot non plus. Mêmes amicales, bon nombre de mes relations avec la gente féminine avaient été de ce fait un peu « biaisées »... c’était comme ça. Et donc, moi de même, j’étais ainsi.  Je n’pouvais pas m’empêcher d’imaginer encore son corps, ses formes. J’avais l’urgente envie de la connaître, de l’avoir tout contre moi et de sauter quelques unes de ces étapes normées pour rendre notre nouvelle relation plus intime. Elle était douce, gentille et agréable... Puis, elle me plaisait. Je ne pouvais pas le nier.

Ne trouvant pas quoi lui dire, je finis par ranger mon portable l’air un peu déçu en continuant de traverser l’immense dalle bétonnée qui faisait face à son immeuble. Un peu de lumière attira vite mon attention et aussitôt, je trouvais réponse à ma récente question.

Un rapide tour chez l’épicier du coin et je me décidais à revenir sur mes pas, un pack de bières sous le bras. Traversant la dalle dans l’autre sens, je composais enfin ce premier message tandis que des mes yeux, je cherchais à trouver laquelle de ces fenêtres encore allumées pouvait bien être la sienne. Seulement six ou sept minutes avaient dû s’écouler depuis mon départ, j’espérais qu’elle n’était pas aussitôt allée se coucher.

« Ça te dis un dernier verre ? Promis, celles-ci sont meilleures. »

Un smiley clin d’œil et... c’est envoyé. N’entrant pas dans le hall, je restais alors dehors à guetter quelques minutes, les yeux rivés vers ces fenêtres. Je n’avais pas tant que ça envie de boire en fait, mais j’attendais... j’attendais au moins un signe, qui m’indiquerait peut-être que nous pourrions continuer la soirée en tête à tête. Sans vouloir délaisser Kaito pour autant...

Gwen K.

Humain(e)

Re : Dessine-moi ... une montagne! [Pv. Bando]

Réponse 12 dimanche 16 janvier 2022, 22:33:37

"Ton téléphone a vibré ..."

Gwen sortait de la salle de bain après s'être passée un coup d'eau sur le visage et lavée les dents. Un message? personne ne lui envoyait jamais de message à part Kaito mais ... il était là avec elle. Donc ... Elle sourit largement et allait taper une réponse quand elle se rappela que le "a" du clavier ne fonctionnait plus depuis longtemps. D'habitude, avec Kaito, elle tapait "*" à la place et ils se comprenaient. Pas question de renvoyer un message avec des étoiles partout, ça ferait trop bizarre. Elle ouvrit la fenêtre du salon et se pencha. i attendait là, en bas, un pack sous le bras. Elle lui fit un coucou, tapa dans ses mains, et lui fit signe de remonter.

Kaito attendait, hilare et ils n'eurent pas besoin de parler. Gwen fila dans sa chambre récupérer un truc ou deux puis s'enferma à nouveau dans la salle de bain. Ce fut Kaito qui encore une fois accueillit leur invité. Il se marrait. Quand les choses étaient claires, c'était toujours plus facile.

"Elle arrive, elle se fait belle."

Il était heureux. Heureux de la surprise que réservait cette soirée à sa petite sœur qui avait droit comme tout le monde d'avoir des instants normaux dans la vie d'une jeune femme. A nouveau, la table basse, le canapé, les verres différents. Personne n'avait touché aux sardines donc il les enleva ... par anticipation. Ils commencèrent à parler simplement, rien de trop personnel mais sans pour autant tomber dans la banalité. Quand Gwen sortit de la salle de bain, quelques minutes plus tard, ils riaient franchement. A défaut d'avoir une tenue de soirée, Gwen avait passé un jean presque neuf, bleu délavé, savamment abimé par un couturier passionné par les déchirures. Sans béer non plus, elle en avait aux genoux, sous les fesses, sur les cuisses. Elle portait un débardeur court à fines lanières qui dévoilait et son ventre dessiné, et ses épaules racées et musclées. Elle avait bien sûr passé un soutien gorge pour maintenir ce qu'il fallait en place. Elle n'avait pas eu le temps de se maquiller avec le peu de choses qu'elle avait mais elle avait au moins pu recourber ses longs cils et passer un peu de blush à lèvres couleur naturelle. C'était un échantillon qu'une fille lui avait donné et elle se félicitait de ne pas l'avoir utilisé. Elle s'était brossée les cheveux et comme d'habitude, sa mèche rebelle faisait des siennes mais elle savait que ça avait son petit charme. Elle était radieuse et déjà beaucoup plus à l'aise maintenant que l'épisode de "la découverte" était passé.

Elle adressa un nouveau coucou à Bando et rit en rentrant la tête dans les épaules avec une moue malicieuse quand son frère se retourna pour la regarder et émit un sifflement ravi.

Elle s'installa sur le canapé, les jambes repliées sous elle, et Kaito fit sauter les trois premières  capsules. Elle était sereine. Bando avait l'approbation de son frère et celui-ci ne se trompait pas quand aux personnes. Elle aurait pu s'inquiéter qu'elle puisse faire l'objet d'un "coup d'un soir" mais elle avait banni cette idée. IL n'était pas comme ça. Elle avait apprécié de ne pas avoir à supporté une condescendance mal placée, des coups d'œil gênés et autres désagréments. il se comportait normalement avec des gens normaux et le reste ne comptait pas.

La bière avait bien meilleur goût après l'horreur qu'ils avaient bu. ils ne recevaient jamais personne et c'était sympa d'avoir quelqu'un à la maison. Elle chuchota doucement en serrant l'avant bras de l'objet de sa joie.

"Merci d'être revenu ..."

C'était simple et franc. Ils parlèrent un peu de choses communes, beaucoup de sujets ouverts aux débats et passionnément ... de leurs passions. Sur la nature et l'escalade, Kaito et Gwen étaient intarissables. Le langage devenait rapidement technique et c'est le grand frère qui freinait sa sœur pour expliquer en détail au néophyte en la matière ce que ça signifiait. Deuxième tournée de capsules ... Ils écoutèrent avec avidité Bando parlé de ses passions à lui. Gwen buvait ses paroles les yeux brillants. C'était génial d'écrire. Elle n'avait jamais eu le temps de faire vraiment des études intéressantes mais l'idée de se poser à une table et de laisser libre court à son imagination pour transcrire une histoire sur un beau papier, ça la faisait rêver.

Au bon moment, à la bonne heure, juste quand il le fallait, Kaito eut sommeil et annonça qu'il allait se retirer pour se coucher. Qu'ils ne s'inquiètent pas, il tomberait comme une pierre... Gwen se leva pour un câlin et l'embrassa tendrement. Kaito ne dormait pas. Comme il sortait peu de l'appartement, sa vie était linéaire. il n'avait besoin que peu d'heures de sommeil. Souvent la nuit, il passait des heures à regarder la télévision jusqu'à la première aube. Il s'effaçait et leur laissait la place. Il serra la main de son invité et fit grincer son fauteuil jusqu'à sa chambre dont il prit soin de bien fermer la porte.
Gwen s'arrangea et fit face à Bando. Elle était assise en tailleur et ne sachant où mettre ses mains à cet instant, elle décida de s'accrocher à sa bouteille (vide) comme à une bouée.

"C'est ... une belle nuit. Ca fait longtemps que nous n'avions pas rit comme ça. Et plein d'autres choses encore..."

Elle suivait distraitement du doigt le cercle du goulot de la bouteille.

"Kaito t'apprécie beaucoup. Il est doué pour reconnaitre les bonnes personnes."

Et elle ajouta plus doucement.

"Moi aussi, je t'apprécie."


L'effort était colossal. Elle avait pensé à cet instant toute la soirée et ne savait pas comment dire la chose sans tomber dans le ridicule. Ils venaient juste de se rencontrer, le jour même, ils ne se connaissaient en rien mais ils étaient face à face dans son canapé. Il ne fallait pas nier les choses. Gwen n'en était pas à son premier petit copain mais avec les autres, c'était juste ... comme ça. Avec Bando, elle était bien et rassurée. Il était mature, posé et plein de qualités qu'elle ne demandait qu'à découvrir. Mais en attendant, est-ce qu'elle devait attendre, le connaitre mieux, s'intéresser plus à lui où en tout cas lui montrer son intérêt? Elle se remémora super vite leur rencontre, comme si ça s'était passé dans un autre monde. Il l'avait cueillie en pleine forme, sûre d'elle, conquérante et offensive. Là, elle s'était dévoilée bien différente et il était toujours là, pas déçu. Le tic tac entêtant de l'horloge en plastique du salon égrenait les secondes qui passaient. Elle sourit pour elle-même. Il était temps de remettre son baudrier et de repartir à l'assaut ... mais pas d'une falaise cette fois. Ni d'y mettre de la hargne. Il fallait que ça se fasse en douceur, ce qu'on lui avait rarement offert.

Elle eut un mal fou à le regarder dans les yeux mais y parvint. Elle plissa ses lèvres en faisant une moue craquante et suivit touuuuuut doucement de son index la ligne partant du poignet au coude de Bando qui était toujours assis de profil. Dans un livre, c'aurait été à l'homme de faire le premier pas par pure galanterie, ou folle envie mais là, Gwen aurait eu trop peur qu'il ne le fasse pas alors autant signifier que ............


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