« Mensura- Quoi ? »
Trop tard, la dame l’avait embarqué, encore déshabillée, mesurée sous toutes les coutures. Puis, rhabillée. En un rien de temps. Et elle avait parlé très clairement en travaillant : Et vous que allez être vraiment jolie dans cette tenue, et que votre mari est vraiment aux petits soins, et que c’est une pièce unique, et qu’elle était chanceuse…
Pour Kara, cela avait été d’une rapidité surprenante, mais il devait en être différent pour Souta. Lorsqu’elle le rejoignit, elle se sentait vraiment étrange ; L’impression de ne rien contrôler depuis un petit moment déjà, presque désagréable, et la sensation d’avoir été flouée… Pourtant, son accompagnateur du jour est égal à lui-même, enfin, comme ce jour-ci, car elle pensait encore qu’hier, elle avait vu son jumeau maléfique.
« Euh, on peut parler ? »
Mais visiblement, Souta avait d’autres projets, et elle le suivit, peut-être finalement assez heureuse de ne pas avoir eu de conversation pénible. Elle réalisait petit à petit qu’il venait de lui offrir la robe la plus géniale de la terre, comme ça, juste parce que… parce que quoi, au juste ? La jeune femme n’était pas certaine de savoir ce qui se tramait dans sa tête à lui, il était trop bizarre. Mais complexe, et simple à la fois.
Dans le parking, Kara hallucina en ouvrant grand la bouche. « Han, la vache… » souffla-t-elle en admirant le bolide. Son appartement miteux était une façade, c’était pas possible autrement, il dealait une drogue pour les riches du show biz, c’tétait obligé. Même si c’était un prêt, comment pouvait-il avoir des amis qui étaient capable de dépanner de leur voiture de luxe ?
« Oh merde, mais moi si on me prête une caisse, c’est une voiturette sans permis… »
Peut-être juste que c’était une voiture volée. C’était sûr. En montant, l’odeur du cuir lui monta aux narines, mais ce fut à peu près tout ce qu’elle perçut de l’habitacle, que déjà Souta fondait sur elle, dans un mouvement aussi naturel que dans la cabine, pour poser sa bouche sur la sienne.
Immédiatement brûlée par ce contact, Kara garda les yeux ouverts dans un premier temps, prise de cours, mais son corps lui avait l’air de ne pas douter une seconde. Lui rendant son baiser avec une sorte de délivrance qui la fit soupirer, elle se sentait pourtant pétrifiée par l’étrangeté de la situation. Pourquoi, pour lui, cela semblait tout ce qu’il y a de plus normal ? Son cerveau cogitait encore trop, alors que sa respiration s’accélérait sous les caresses de cette main qui s’aventurait à des endroits sensibles, la faisant frissonner et réagir au quart de tour.
Il semble difficile pour elle de contenir, déjà, ses soupirs, alors qu’elle réussit enfin, après un bon moment, à fermer les paupières et se détendre. C’est l’instant choisi par Souta pour lui rendre sa liberté, se détacher de ses lèvres, alors qu’elle tire le cou comme pour le retenir, en vain.
Ses yeux s’ouvrent de nouveau lorsqu’il parle, dans un instant flou.
Il attend quelque chose d’elle. Elle se persuade qu’il n’est pas calculateur, mais sa vision faussée des hommes la pousse à croire qu’il a tout orchestré. Pourquoi avoir demandé le prêt d’une voiture ? Pourquoi vouloir la couvrir de présents si onéreux ? Il tente de l’impressionner ? Lui est-elle redevable ?
Rah, elle pense trop, alors que son rythme cardiaque est encore en émoi, soulevant sa poitrine à un rythme irrégulier et chaotique.
Elle l’observe, intensément, les joues rendues rouges par l’excitation qu’elle ne peut nier après ce baiser, se mord la lèvre. Que risquait-elle à se laisser aller maintenant ? Était-ce qu’un gros risque, au pire, s’il avait vraiment tout organisé juste pour avoir quelques faveurs de sa part ? Est-ce que ce n’était pas sacraliser quelque chose de naturel ? Kara fronce le nez et grogne, agacée par ses propres réflexions absurdes.
Revenant planter son regard dans le sien, elle s’approche de son visage et fronce les sourcils d’un air misérablement menaçant.
« ‘Me fais pas de mal. »
Insiste-elle, avant de souffler d’une petite voix mal assurée. « S’il te plait. »
Elle a beau trop penser, s’angoisser sur des broutilles, l’épisode de la cabine d’essayage l’a excitée, l’a chamboulée. Vibrer ainsi, même pour rien, avait été délicieux… C’était assez chouette de se sentir aussi vivante. Et même s’il était bizarre, Souta ne la laissait pas indifférente… Le regard qu’il lui lançait lui rappela qu’il avait posé une question. Et elle passa sa langue sur la bouche de ce psychopathe, l’œil instantanément brillant, comme si elle se métamorphosait.
« Va pour un petit dessert… » Murmura-t-elle en venant ficher ses lèvres contre son oreille, repoussant ses cheveux délavés, puis glissant son nez le long de son cou pour venir mordiller sa clavicule. Encore trop peu sûre d’elle, ses mouvements n’étaient pas aussi fluides, elle se retenait, sans doute parce qu’elle avait trop de questions en tête…
Pourtant, la main qu’elle venait de passer sur l’épaule puis le torse de Souta semblait indiquer une sorte d’impatience avide. Il avait une plastique de rêve, et sentir ses muscles, sous le tissu, la fit souffler par le nez comme une midinette. Aller, Kara, profite…
Dévorant son cou désormais, ses doigts d’infiltrèrent sous son t-shirt pour sentir la chaleur et le relief tellement séduisant de son buste. Les arts martiaux ça Elle pressait sa main et suivait les creux de ces pectoraux avec délice, le désir montant à mesure qu’elle se collait à lui du mieux qu’elle pouvait dans cette voiture. Enfin, la peau brûlante, son visage suivit sa jugulaire pour revenir l’embrasser avec une hargne qui attestait de la victoire significative que venait d’obtenir ses pulsions par rapport à son cerveau.