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Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

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Damascus

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La route royale n'avait de royaux que les quelques derniers kilomètres menant à la cité. Le pavement bien ordonné permettait une avancée rapide des attelages et des drains assuraient une bonne évacuation de l'eau en cas de pluies. La largeur de l'ouvrage autorisait le croisement des flux sans provoquer de ralentissements et à certains endroits, une bande encore mieux couverte était réservée aux courriers rapides. Des échoppes, boutiques et auberges habilement placées, ponctuaient le rythme de progression des voyageurs venus dépenser leur argent et plus encore. Des agents de la cité libre devançaient les offices de la ville pour préparer les marchands à s'acquitter des taxes et impôts obligatoires à toute transaction tandis que des gens d'armes, étincelants dans leur armure d'acier veillaient à la sécurité de tout un chacun.

Plus loin en revanche, et bien que les murailles de Nexus soient toujours en vue, la voie se dégradait lentement. Les pavés taillés avaient depuis longtemps disparu pour laisser place à une terre sèche et poussiéreuse en été et à une rivière de boue les jours pluvieux. Les bâtisses aux enseignes vernies laissaient place à des étals plus sommaire faits de bric et de broc ou des êtres peu scrupuleux cherchaient à refourguer l'objet de leurs larcins. Les agents de l'Etat encore visibles tenaient plus du malandrin corrompu que du représentant de l'institution et aucun homme d'arme ne surveillait la foule. La guerre contre la dictature d'Ashnard coûtait cher et l'entretien de la voirie et de ses abords n'était pas la priorité des dirigeants de Nexus en ce moment.

Néanmoins, ces premiers paysages passaient rapidement. La route était droite et le flux de voyageurs important dans les deux sens. Du fait de cette proximité permanente entre itinérants, la sécurité était plus ou moins assurée par l'effet de masse. Bien sûr, personne n'était à l'abri d'un vol ou d'un petit assassinat mais ça n'allait pas plus loin. La plaine était morne, dédiée à la culture des céréales et à l'élevage des animaux à viande. La production actuelle était principalement achetée par l'Etat pour ses armées en campagne. La population civile, elle, subsistait à partir de produits principalement importés donc, très onéreux. Les temps étaient durs.

Damascus et Alecto s'étaient immiscés dans le courant quittant Nexus et avançaient d'un pas régulier dans la poussière que soulevait les sabots de leurs montures. Comme le démon l'avait expliqué à sa protégée, ils s'étaient engagés sur la partie de la route qui ne changerait pas jusqu'à ce qu'ils la quitte. Le premier soir, ils avaient loué une petite chambre dans une auberge appelée "La Royale". Le repas dans la salle bondée avait été correct et ils avaient même eu droit à un spectacle de saltimbanques. Les clients avaient été invité par la troupe à se lever, danser en couple en tourbillonnant et changeant de partenaires avant de terminer par un numéro burlesque qui avait provoqué un fou rire général. Damascus rit, pourquoi ne pas en profiter un peu ? Et eut même à retrouver Alecto qu'il avait perdu dans la foule agitée. Complimentée par un groupe de marchands joyeux, elle dépareillait dans cet univers populaire.

Le lendemain les vit chevaucher sans pause jusqu'à la tombée de la nuit. Le démon souhaitait au plus vite passer les affres de cette route surchargée. Couverts de poussière, ils purent bénéficier, contre monnaie,  chacun à leur tour, d'un demi tonneau d'eau pour se laver. Pour cette somme dérisoire, la vieille femme qui leur frotta le dos leur assura que seuls une dizaine de voyageurs s'y étaient trempés avant eux. Voyager de nuit étant déconseillé, ils choisirent de s'installer à proximité d'une caravane d'orientaux et préparèrent leur campement, s'apprêtant à dormir dehors.
La lune pointa brillante à l'horizon quand un domestique enturbané vint à eux.


"Mon maître Saïf Ibn Tazief n'a pu de sa place que remarquer la présence d'aussi nobles voyageurs. Il vous invite à le rejoindre, si vous le voulez bien, à partager son repas et une soirée de contes et légendes tous plus extraordinaires les uns que les autres."

S'inclinant le plus bas possible, il indiqua aux deux voyageurs la direction où près d'un brasier, un homme en robes chatoyantes ouvrit les bras en signe d'invitation, inclinant la tête.

"Alecto, il semble qu'une belle nuit nous attende. Faisons honneur à cet homme. De plus, nous pourrons sûrement obtenir des informations quand à l'itinéraire à emprunter."

L'homme se leva à leur approche. Il avait un port altier, fin, grand, avec un visage d'aigle. Une fine moustache ciselée barrait sa lèvre supérieure. Ses robes étaient luxueuses et des chefs d'œuvre de joaillerie couvraient ses mains. Sa voix claire était ferme et il se dégageait de l'individu une culture assurée. Autour de lui, un contingent de valets et des gardes armés s'affairaient à préparer la nuit à venir. Un mouton rôtissait, excitant les papilles des lieux à la ronde. Une jeune femme souriante leur proposa de l'eau fraîche pour se rincer les mains et leur servit dans des timbales dorées un liquide rouge et délicieusement revigorant.

"Mes amis bien le bonsoir! Ne prenez pas cette invitation pour une démonstration maladroite d'un riche marchand cupide en chasse d'une bonne affaire, mais comme la sollicitation d'un homme curieux de la nature du monde et qui souhaite partager cette soirée avec des gens de bonne tenue et qui pourraient égayer une nuit solitaire."

L'homme respirait l'honnêteté mais aussi l'assurance d'une forme de puissance dut à un savoir  ancien. Cela se lisait dans ses yeux.  Damascus répondit :

"Et bien Mawlana, nous acceptons avec plaisir votre invitation. Je me nomme Damascus, héraut d'une terre lointaine, et voici Alecto des Cimes Noires, ma muse et inspiratrice de bien des passions."

Damascus s'inclina en retour, laissant à la jeune fille le soin de saluer à sa manière.

"Oh oh ! Vous connaissez nos titres ? J'en suis flatté! Mais appelez moi Saïf, comme si nous nous connaissions depuis longtemps, installons nous ! Et je vous conterai les histoires de mon pays et j'écouterai avec avidité les mythes de vos terres lointaines et découvrirait avec joie ce que sont les Cimes Noires."

Il frappa ses mains l'une contre l'autre et aussitôt, une farandole de serviteurs joyeux s'organisa pour et les installer dans de confortables coussins, et les servir en mets et breuvages et  s'assurer que tout leur convienne.

"Ecouter l'histoire de Hatiff le chamelier qui par une nuit d'été, fit un vœu des plus étranges .........."

Damascus, du coin de l'oeil, observa Alecto et ses réactions à ce spectacle nouveau. Il sourit. Le résultat en valait la peine.
Satisfait, il repensa à sa petite présentation. Qu'il improvise ne serait que bénéfique. Il laisserait Alecto se débrouiller avec ses "Cimes Noires". Il était temps qu'elle s'en sorte seule, apprenne à mentir et sourire en même temps. Elle aurait la nuit pour s'entraîner.





Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 1 dimanche 29 novembre 2020, 18:25:31

Les débuts de leur épopée étaient vécus chez la jeune Esclave comme un calvaire… Elle n’était que souffrance, le bas de son corps meurtrit par les mouvements de sa monture, le haut fourbit de courbatures à devoir se tenir droite, en tentant de suivre l’ondulation qui résonnait mal dans ses épaules le long de sa colonne vertébrale. Cependant, à aucun moment elle ne s’en plaint, notamment car elle estimait qu’elle n’avait pas à déranger son Maître pour des broutilles.

Il prenait soin d’elle, et la nuit à la Royale avait été ce qui s’approchait de sa première nuit d’ivresse… Se permettant boisson et danse, elle avait découvert le plaisir immense de se laisser aller à suivre la musique et les rires, sans arrière-pensées moralisatrices et sans le besoin viscéral de se punir de ressentir la joie extrême et idiote de la foule, des chants, de la liesse générale.

Comme une enfant, elle avait sautillé et virevolté sans réfléchir, et comme une adulte, elle s’était surprise à apprécier un ou deux regards plus insistants lorsqu’elle se déhanchait. Le petit Corbeau en avait développé une excitation inexpliquée, qu’elle avait assouvi en sautant au cou du Démon, assoiffée de ses baisers.

Mais les kilomètres parcourus le lendemain lui remémorèrent amèrement combien elle était novice pour l’équitation, malgré la docile carne qui la conduisait plus qu’elle ne la dirigeait elle. Alecto rêva d’un lit douillet, mais savait qu’il fallait s’attendre à un chiche campement, qui ne serait pas le dernier de leur voyage… Alors, de manière inespérée, l’invitation de ce riche oriental fut accueillie dans son esprit comme un miracle délicieux.

« Je vous ferai honneur. » Répondit-elle simplement à son Maître.

Et elle ne fut pas déçue en apercevant leur hôte. Il dénotait dans cette route pleine de faquins malpropres, et elle se demandait combien de caravanes étaient nécessaires pour transporter un tel palais mouvant. Les nombreuses parures de ce Sultan émerveillèrent la petite Esclave, qui en ressentit immédiatement une envie étrange, de celle qu’elle ressentait chez ce gros porc Gras, lorsqu’elle désirait voler ses biens. Elle déglutit, et s’inclina en une révérence mille fois exercée face aux Maîtres, à merveille. Il avait fallu suffisamment de coups pour qu’elle parvienne à un résultat satisfaisant, et désormais, elle maîtrisait l’étiquette. Du moins, celle de Nexus…

Elle rougit, encore penchée, lorsqu’elle entendit les doux mots du Démon la qualifiant. Comment expliquer que chaque compliment la recouvrait d’un satin doux et délicat, forgeant davantage sa vanité jadis inexistante. Qu’il mente ou enjolive la réalité ne lui venait même pas à l’esprit, cependant. Elle voulait suffisamment y croire pour tout prendre pour argent comptant.

« Votre hospitalité et votre présence nous honorent, Seig… Saïf. » C’était… difficile. Elle n’avait guère l’habitude d’être si familière, mais c’était une demande, et pour l’Esclave, seul ceci comptait. Elle obéirait.

Installée dans des coussins moelleux et épais, Alecto prit le temps d’observer le bal des serviteurs qui les comblaient de mets exotiques. Si elle avait déjà observé ces petites pâtisseries chez Tadéus, la majorité de ce qui leur était servi était une découverte pour elle, tant en forme qu’en goût. Peu aventureuse jadis, elle s’essaya à ce qui lui paraissait le plus étrange, soucieuse également de ne pas offenser leur hôte si généreux.

Les histoires de ce Marchand étaient merveilleuses. Alecto avait toujours aimé les contes, et elle avait les yeux brillants d’intérêt, la voix de l’homme l’envoutant. Elle lui trouvait un charme qu’on ne perçoit pas à Nexus, et un charisme indéniable, d’autant lorsqu’il narrait avec détail les aventures sorties d’un songe oriental.

Captivée, elle se rendit compte que son histoire avait prit fin quelques instants après, perdue dans ses pensées. Mais se rendit compte que les regards étaient tournés vers elle… Sursautant, elle tourna immédiatement ses grands yeux bleus vers son Maître, comme pour savoir ce qu’elle était censée faire. Mais le visage du Démon ne lui fut d’aucune aide, et pire, un mouvement de menton lui indiqua qu’elle avait à prendre la parole.

Jamais à l’aise lorsqu’il s’agissait d’être au centre de l’attention, le petit Corbeau déglutit, en portant à ses lèvres la coupe dorée pour en boire un contenu au goût de miel, dans l’espoir que cela lui donne du courage.
Saïf avait évoqué les Cimes Noires, par faute des mensonges de Damascus… Elle ignorait si ce lieu existait vraiment, et cela la plongeait dans un silence perturbé. Elle n’avait rien lu à ce sujet, n’avait pas de référence, ni d’ordre à exécuter. Mais elle sentait le regard du Démon sur elle, il attendait qu’elle lui fasse honneur, et il voulait que la soirée soit productive. La crainte de décevoir son Maître lui noua l’estomac.

« Oh. » Fit-elle finalement, reposant lentement sa timbale, comme pour gagner du temps.

Elle n’avait jamais su mentir.
Même cacher la vérité était pénible, même pour faire le ‘bien’. Mais dire la vérité serait trahir Damasnus, et le faire passer, lui, pour menteur. Elle ne pourrait jamais s’y résoudre. Il devait être fier d’elle. Ce soir, comme à chaque minute de son existence. Alecto se leva, prenant son courage à deux mains, et lissant son chemisier.

« Les Cimes Noires sont… » Elle manquait d’imagination. Saïf semblait suspendu à ses lèvres, augmentant son appréhension. « … Une contrée montagneuse. Et Sombre. »

Le Marchand cilla, suffisamment intelligent pour déceler le trouble de la jeune femme, et Alecto le perçu. Elle paniqua.

« Je. Veuillez m’excuser. Je ne peux pas ! » Lança-t-elle alors d’une voix plus aigüe, avant de sortir en courant, escaladant les coussins en travers de sa fuite, et bousculant une servante qui renversa le contenu de son plateau près de son Maître, l’éclaboussant.

Alecto courut en grimaçant, cet effort réveillant les douleurs de la monte, et se réfugia près de son cheval, se cachant derrière un tonneau d’eau de pluie où s’abreuvaient les deux animaux.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 2 mardi 01 décembre 2020, 11:39:19

La gifle claqua, sèche, et résonna dans la nuit silencieuse. La seconde fut aussi brutale que la première. Et celle qui suivit encore assomma presque Alecto.

Les chevaux, nerveux, s'ébrouèrent dans l'obscurité tandis que le démon relevaient la jeune femme par les cheveux.


"Tu m'as fait honte ce soir. Tu as déshonoré ta condition et bafoué l'invitation de notre hôte. On insulte pas un oriental sans en payer le prix et je ne te défendrai pas. Saïf réclame un morceau de toi comme dédommagement!"

La fureur de Damascus était palpable. Ses yeux brûlaient, ardents, et des volutes fumeuses s'échappaient de la commissure de ses lèvres figées sur un sourire mauvais. Il avait un mal fou à se contrôler et son essence de démon cherchait à s'échapper de ce corps humain. L'envie de dépecer cette petite sotte était irrépressible. Sa prestation embarrassante avait jeté un froid dans la relation des deux hommes que le démon, avec mille précautions, avait soigneusement rétablie en usant de tout son charisme et maints mensonges, eux, bien fondés. Les orientaux étant susceptibles, une punition serait nécessaire.

Un oiseau nocturne croassa non loin. La nuit était calme autour du campement de la caravane. Une douce bise balayait les vastes étendues de la plaine endormie.

Quand le démon tira sa dague de sa ceinture, il ne savait toujours pas si Alecto survivrait à sa colère. Il fit courir la pointe de l'arme le long du cou gracile.


"Je vais lui offrir une de tes oreilles!"

Il la força à s'agenouiller devant lui et d'un mouvement sec, exposa le côté droit du crâne de la fille. il fourailla dans la masse sombre de ses cheveux et d'une torsion, étira une longue natte qu'il trancha proprement. Grognant sourdement, il résista à l'appel de la mutiler mais entreprit de lui raser le crâne de ce côté là. De la tempe, en passant au dessus de l'oreille et s'arrêtant à l'éminence pariétale. Certaines nations sauvages de marins du nord arborait ce style de coupe.

"C'est la dernière fois que tu échoues Alecto! A la prochaine erreur, tu iras nourrir les chiens de mon Père pour l'éternité. Maintenant, si tu ne veux pas faire l'effort que je te demande, essaye au moins de montrer que tu aimes te faire baiser. Déshabille-toi !


Une fois fait, il la traîna jusqu'aux pieds de Saïf qui attendait impassible. Le démon lui tendit la natte de cheveux tranchée et l'homme, sans même un regard pour la souillon, jeta l'objet d'excuse dans le feu qui crépita. Puis d'un geste de la main, il désigna un demi-fût. Le démon y projeta Alecto.


"Offre ton cul et montre nous ce que tu sais vraiment faire !"

Sortant de la nuit et s'exposant aux lueurs des flammes, une file de serviteurs mâles nus vint silencieusement se mettre en place derrière la jeune femme. C'étaient les mêmes qui riaient quelques moments plus tôt. Là, ils ne souriaient plus, une punition allait avoir lieu. Alecto, avachit contre les planches de bois arquées, se tenait à quatre pattes. A l'approbation de Saïf, le premier serviteur se pencha sur elle et la sodomisa d'une longue poussée brutale. Il vint rapidement et se répandit en elle. Le suivant fut moins rapide, celui d'après plus violent, un autre lui cracha sur le dos tandis que tous, les uns après les autres ruinaient son fondement. Ils étaient nombreux.

Damascus, lui, conversait à nouveau aimablement avec le riche oriental. Il ne se retourna qu'une fois pour lancer.


"Je ne t'entend pas apprécier ta récompense Alecto! Serais-tu déçue de l'amabilité et du raffinement de notre ami ?"

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 3 mardi 01 décembre 2020, 20:38:41

La joue d’Alecto la brûlait, et dès qu’elle eut constaté dans quel courroux son Maître était plongé, elle voulut protester.

« Je ne voulais pas… » Mais les jumelles de la première gifle la firent taire, et les suivantes la laissèrent sans voix, et presque sans conscience. La violence douleur qui arracha son cuir chevelu lui fit pousser un gémissement suraigu, mais les mots du Démon furent plus brutaux encore pour la jeune Esclave.

Elle pleurait.
Le lourd tribut réclamé par Saïf énoncé par Damascus la terrifia, et elle se convainquit que jamais son Maître ne lui ferait de mal, jamais il ne la mutilerait pour le bon plaisir d’un étranger… Elle s’étouffa en constatant qu’elle se trompait lourdement et, jusqu’au bout, cru véritablement qu’il lui découperait l’oreille sans une once de pitié. C’était là ce qui lui faisait le plus mal, en réalité, mais les choses s’enchaînaient trop vite pour qu’elle réussisse à réfléchir à autre chose que les pics douloureux et les secousses.

Pourtant, lorsqu’elle comprit, plusieurs minutes après le début de son scalp, ce que faisait Damascus, Alecto ressentit une frayeur telle, qu’elle devint parfaitement immobile, là où peu de temps avant, elle était secouée de sanglots et de tremblements. La crainte qu’il ne la coupe, dans son entreprise furieuse, la rendit blême comme une défunte, et en elle, s’opérait un bien étrange chamboulement. Le Petit Corbeau n’avait jamais renssenti l’orgueil de se mirer dans une glace et d’en apprécier le reflet, l’idée saugrenue de se trouver jolie, attirante, et d’avoir découvert combien il était agréable d’être admirée lui était jadis étrangère mais… Depuis le Glyphe, elle se surprenait à aimer l’attrait qu’elle pouvait avoir pour les regards plus appuyés, développant une petite vanité naissante, qui grandissait à mesure qu’elle s’affirmait.

Alors, elle se sentait horrifiée du physique qu’elle arborerait, alors qu’elle voyait tomber des mèches entières de ses longs et beaux cheveux noirs. Elle serait laide, songea-t-elle avec effroi. Assurément. De fait, vexée, elle développa à mesure de son traitement capillaire violent une sorte d’animosité. Les sanglots de panique et de douleur laissèrent place, imperceptiblement, à quelque chose de plus sourd.

Et pire, les paroles crachées par son Maître à propos de son échec et des conséquences d’un éventuel prochain la firent frémir certes, mais la colère naissait de ces menaces. Elle n’avait jamais ressenti la colère, avant. A l’encontre de quiconque, d’ailleurs, même si elle s’était surprise à avoir une haine dégoûtée du Gras en sa demeure. Jamais, non jamais, elle n’avait pu développer de haine, ou de rancune, vis-à-vis de ses Maîtres. Et ce, quel que soit le traitement qu’ils administraient à leur possession docile.
Alecto courbait l’échine, ne ressentait pas d’émotions brutales, en bien comme en mal.

Et ce qui naissait en elle la chamboulait, comme toute nouveauté, son corps et son esprit ne savaient comment le gérer. Fort heureusement, son ire était à peine germée, et restait sagement contenue en elle, sans même qu’elle arrive à la définir clairement.

La sentence tomba, et Alecto ne s’en étonna pas… Quelle que soit la faute, les hommes n’avaient en tête que cette pulsion, et ne songeaient qu’à asseoir leur pouvoir par la domination de bas instincts… Si elle avait été plus assurée, et il n’était pas à douter que le Glyphe le lui permettrait plus tard, le petit Corbeau aurait ricané à l’entente de ce châtiment.

Mais pour l’heure, l’Esclave avait le cœur meurtri de cette déception qu’elle avait causé à son Maître. Celui qu’elle admirait et qu’elle chérissait avec tant de ferveur s’était montré dur avec elle, n’avait pas montré la clémence qu’elle avait espéré… Et un espoir déçu entraînait trop souvent de douloureuses conséquences dans les sentiments que l’on voue à quelqu’un…

Cependant, obéissante, elle ne dit mot et se dévêtit avec minutie. Ses joues étaient rouges des violences infligées, et lui brûlaient encore.

Alecto se retrouvait à quatre pattes à la merci d’une file de serviteurs qui, un par un, vinrent procéder savamment à son humiliation. La douleur des coups et de son corps écartelé par leurs membres de diverses tailles n’était finalement rien, comparé au désarroi qui lui lacérait les entrailles : Damascus se pliait aux désirs d’un étranger à son propos. Il l’avait déjà vendue à Tadéus, mais ce n’était pas comparable, pour elle, puisqu’ils avaient tous deux intérêts à amadouer le Gras.

Une lueur d’espoir, vicieuse, l’éveilla alors qu’elle brinquebalait au gré des coups de butoir comme une poupée de chiffon qui ne se débattait en rien ; Son Maître était-il satisfait de la voir ainsi prise comme un animal par tous ces mâles différents, sagement disposés en file en attendant leur tour de détruire ses fesses ? Elle tourna les yeux vers lui, ses larmes ayant laissé des sillons clairs sur son visage rouge et poussiéreux…

Le Démon en la regardait pas.
Il discutait avec Saïf, elle vit l’Oriental ricaner à ce qui devait être un bon mot, et lui répondre en parlant joyeusement avec les mains.

Damascus ne la regardait pas.

Ce nouvel espoir brisé vint à son tour nourrir la petite étincelle colérique qui venait de naître dans ses tripes, à mesure que son cœur se brisait. L’aimant comme un chien se dévoue à son Maître, elle apprenait nouvellement à se rendre compte des injustices de son traitement.
Un assaut plus violent fit se cogner son visage contre le bois, et plutôt que gémir et pleurer, elle grogna légèrement, en fronçant le nez.

Pourtant, sa relative rébellion s’arrêta au moment où la voix du Démon retentit pour aboyer des ordres. Pour la première fois de sa vie, elle fut tentée de ne pas obéir. Elle y songea. Le défier.

Puis, aussi subitement, elle ouvrit la bouche et sa gorge libéra un gémissement rauque et long, digne des meilleures cantatrices de bordel, venant perturber le chant des succions diverses, suintements et claquements. Alecto ronronna son désir, d’abord timidement, sentant l’homme qui lui ravageait l’arrière s’exciter de l’entendre, et lui asséner une violente claque sur la fesse rebondie.

Pourtant, aucune passion ne l’assaillait, et elle se trouvait trop perturbée par ces sentiments éparses, sourds et inconnus, pour tirer la moindre envie, ou le moindre plaisir pervers de la situation. Un tout jeune adolescent, sans doute moins âgé qu’elle, s’approche face à elle, tenant une coupe et une cruche de simple facture, et elle crut, naïvement, qu’il s’agissait d’un rafraichissement pour l’aider à supporter son châtiment…

Il n’en était rien, et il lui envoya au visage le contenu du verre, tout en déversant une eau trop chaude pour ne pas la brûler sur son dos souillé. Immédiatement alors qu’elle criait, le gamin raclait sa peau avec un gant d’un crin rêche, semblable à celui qu’elle s’imposait en cilice jadis, sans doute pour retirer tous les fluides visqueux et odorants qu’elle venait de se prendre sur la croupe, le dos, jusque dans ses cheveux par un homme long et fin, qui l’avait particulièrement apprécié.

Alecto sentit sa rage monter d’un cran supplémentaire, devenant plus nette.

Cependant, elle tourna de nouveau dans une contorsion son visage vers le couple de nababs qui festoyait tranquillement sans même se préoccuper de son sort. L’amertume lui coupa le souffle. Elle posa un regard où perlait la déception sur le beau et raffiné visage de son Maître.
Comment pouvait-il être insensible aux misères qu’elle subissait, et ce, même si elle l’avait déçu ? Saïf valait-il plus que sa ‘muse’, l’ ‘inspiratrice de bien des passions’, son ‘petit cœur’, sa ‘précieuse nymphe ténébreuse’… son Petit Corbeau.

Enfin, l’adolescent qui avait semblé prendre un malin plaisir à astiquer sa peau sans ménagement prit la place du grand et mince serviteur si généreux en foutre, et à alors qu’il pestait derrière elle, d’un déficit de vigueur sembla-t-elle deviner, enfonça plusieurs doigts en elle, vexé. Sans aucun mal, il fut sans doute déçu de passer en dernier, tant le passage étroit ne l’était plus, et pesta à nouveau dans le duvet qui lui servait de barbe, avant de frapper sa fesse avec plus de force encore que les précédents. Il était furieux de lui-même, et passa ses nerfs sur l’Esclave, oubliant la présence des Maîtres.

D’un claquement de langue, Saïf se rappela à son domestique qui sursauta, s’inclina plus bas que terre, et sur un regard de son Propriétaire, acquiesça avant de se placer face à Alecto, un sourire narquois aux lèvres.


- Il dit que tu dors à la belle-étoile, Putain. Murmura-t-il.

Le Petit Corbeau leva les yeux sur lui, se redressa en laissant dégouliner semences et fluides blanchâtres le long de ses cuisses. Elle débordait. Chancelante, elle eut du mal à prendre son équilibre, mais constata qu’elle était plus grande que l’Adolescent. Cet état de fait lui donna l’assurance nécessaire pour rester droite face à lui, quelques instants.

« Je ne reçois d’ordres que de mon Maître, Puceau. » Rétorqua la jeune femme dont le côté du crâne rasé lui donnait tout à la fois un air misérable et effrayant.

Il sembla désirer avec force la gifler, mais se souvenait se trouver non loin des nobles hommes qui conversaient. Alecto avait parlé entre ses dents d’une voix sèche et froide, pleine d’une rage glacée nouvelle. Des gouttes de spermes tombèrent dans la flaque entre ses jambes, le temps au garçon de la jauger, pour finalement retourner auprès de l’Oriental et lui glisser quelques mots à l’oreille, en s’inclinant.

Saïf resta impassible, congédia d’un mouvement semblable à la chasse d’une mouche importune, et souffla à son invité.


- Je ne saurai m’interposer entre un Maître et son Bien. Fit-il avec un geste faussement humble.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 4 mardi 01 décembre 2020, 23:14:59

Quand Alecto obéit et s'adonna à un simulacre de plaisir, le démon en fut grandement satisfait. Non pas qu'il apprécia le spectacle mais concernant le sexe, seul son plaisir comptait. En revanche, les  étapes que la jeune femme franchissait maladroitement revêtaient pour lui une importance capitale. Le glyphe d'Alecto pulsa, et tel un espion des plus efficient, inonda l'esprit du démon d'un torrent d'informations et de  sentiments contradictoires, nouveaux et  prometteurs. Quand la jeune femme comprendrait son nouvel état, l'accepterait complètement et le maîtriserait, elle pourrait comme lui utiliser ce lien souverain pour se river à sa conscience. Qu'elle le déteste un peu, bah .... Qu'elle doute de lui, qu'importe! La dureté du voyage qui s'annonçait resserrerait leur "affection".

En effet, les informations fournies par Saïf Ibn Tazief n'auguraient en rien de bonnes nouvelles. Les ravages de la guerre entre Nexus et Ashnard rendaient toute expédition périlleuse. Et ce, dès les jours prochains, quand leur itinéraire les ferait dévier de la route royale.

Quand un jeune serviteur zélé s'autorisa plus qu'il ne l'était à punir et humilier la jeune femme, Damascus estima que et la punition, et la courtoisie d'apparence s'achevaient. Aux commentaire vipérin que le riche oriental lui porta, il répondit en susurrant:


"En effet, en effet ... il serait fou de s'interposer entre la Mort et sa Faux ..."

Le démon se redressa et d'un geste, intima au jeune serviteur de le rejoindre. Celui-ci ne put qu'obéir à l'injonction, sous le regard curieux de son propre maître. Damascus s'approcha d'Alecto, droite et superbe dans sa colère.

"Tu as couvert ton échec premier d'une réussite qui m'exalte Alecto. Ne vois pas en mon comportement une hostilité ou un désintérêt quelconque. Seule ta condition m'importe, et pour que tu l'élèves, je ferai tout ce qui est nécessaire. Tu es plus forte que tu veux bien le croire, et si je te pousse dans tes retranchements, c'est pour que tu en reviennes grandie."

Puis violemment, d'une main,  le démon saisit le  serviteur et enfonça ses doigts dans le visage juvénile.

"Et toi, il ne t'appartenait pas de t'autoriser ces travers" gronda t'il d'une voie d'outre tombe.

Dans un rugissement d'une noirceur atroce, il incanta et crispant les serres crochues qu'étaient devenus ses doigts, il arracha lentement l'âme du garçon à son enveloppe de chair. Mince filet spirituel, l'esprit torturé lutta, tentant de se rattacher à son cocon mortel, étirant les chairs distendues et sifflant de souffrance. La vision effroyable de cet être vivant, boursouflé, gonflé par l'effort de son âme était abominable. Le visage du domestique s'élongeait atrocement, les os craquants, les yeux giclant de leurs orbites. Les dents se déchaussèrent et une humeur immonde, son cerveau en bouillie, jaillit de ses lèvres et de ses narines.

Plus effrayant encore, l'apparence originelle du démon se superposait à son corps humain, terrifiante, le Mal dans son état le plus pur, nimbé de flammes démoniaques. Damascus lâcha un rire dément et sans effort apparent fini d'arracher l'âme  du corps frêle du jeune homme. Celle-ci cessa la lutte dans un hurlement de désespoir et, abandonnée, se tint à la merci de son tortionnaire, flottant telle une brume prête à se dissiper. D'un souffle brûlant, le tyran des Enfers l'enflamma et dans une volée d'étincelles pétillantes, ce qui avait été vivant s'éteignit pour l'éternité.
Des personnes du campement, aucunes, gardes compris, n'étaient restées, ayant fuies dès les premiers hurlements. Seul Saïf, près de son feu, se tenait pétrifié, murmurant :


"Djinn .... Djinn ...."

Sans un mot, Damascus délaissa l'enveloppe vide et mutilée du jeune garçon et ayant recouvrer son apparence normale, prit Alecto dans ses bras pour rejoindre le lieu tranquille où ils s'étaient installés initialement. Après quelques pas, il vacilla. L'énergie nécessaire qu'il avait puisé dans son essence démoniaque pour s'adonner à cette démonstration de pouvoir lui faisait maintenant défaut. Il aurait pu en mourir. Réellement. Il avait fait l'erreur d'extérioriser son aspect satanique alors qu'il lui manquait l'essentiel vital de sa condition.

Il vacilla à nouveau, épuisé, avant d'enfouir son visage dans le cou de sa protégée et de murmurer pour lui-même.

"Quelle erreur j'ai faite...."

Se remettre de cette exubérance lui prendrait quelques jours et il n'avait pas de temps à perdre.
Comme pour marquer sa désapprobation, un autre oiseau nocturne croassa.




Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 5 mercredi 02 décembre 2020, 10:24:33

Elle pensait que ses derniers mots lui auraient attiré davantage d’ennuis, en réalité, loin de s’imaginer que, finalement, le Démon ne se contente de sa prestation douloureuse.

Elle n’avait pas quitté des yeux l’adolescent qui s’était montré si vil avec elle, mais dès que Damascus s’était approché d’elle, Alecto l’avait abandonné sans aucun regret, et l’aura de son Maître attirait tous ses regards… Sa proximité la rendit soudainement plus sereine, comme s’il caressait sa colère savamment, par sa seule présence. Elle cilla lorsqu’il s’adressa à elle.

Aurait-il laissé faire ces exactions violentes uniquement pour lui donner une leçon ? La cruauté du geste empoignait son cœur, mais à la vérité, les quelques compliments qu’elle entendait de cette voix qui la faisait frémir d’adoration endormaient petit à petit le moindre ressentiment. Il avait ce pouvoir, sans qu’elle en ait conscience, et le charisme puissant du Démon la ramenait lentement mais surement dans le ‘droit’ chemin de sa possession.

La scène qui suivit électrisa le Petit Corbeau ; les premiers instants, elle crut simplement que Damascus allait châtier le petit puceau de quelques coups, puisqu’elle estimait qu’il ne voudrait pas tuer le serviteur du Marchand oriental. Mais la suite lui donna tort.
Son regard ne pouvait se détacher du visage qui se brisait et des volutes tordues de douleur, c’était fascinant dans l’horreur, alors que les yeux de la jeune femme étaient écarquillés par l’effroi, tout comme l’éblouissement. Pouvait-on réellement arracher ainsi l’âme sans aucun effort ?

Ses grandes billes bleus et luisantes glissèrent sur le Démon, dont l’apparence la fit frémir, tout à fois de terreur et d’admiration, tant le magnétisme infernal résonnait dans sa cage thoracique via le glyphe qui tambourinait.

Mais dès que le crâne craqua et que la cervelle s’écoula en répandant d’immondes parfums, Alecto ferma les yeux, tournant la tête sous l’horreur des sons si particuliers qu’elle craignait de ne jamais oublier. C’était de loin le spectacle le plus effrayant qu’elle ait vu de sa courte vie.

La petite voix pétrifiée de Saïf attira son attention, et elle entrouvrit les paupières pour l’observer. Son visage épouvanté avait quelque chose d’attirant… Le Petit Corbeau comprenait l’attrait que cela procurait aux créatures si cruelles. Il y avait quelque chose de satisfaisant là-dedans. Alecto lui sourit, doucement, comme si elle était bienheureuse de son sort, de la leçon qu’il prenait en pleine figure… Il avait ordonné que sa Maisonnée lui passe dessus. Elle trouvait le retour de bâton assez peu équilibré à son encontre, mais il ne lui appartenait pas de faire quoi que ce soit en propre.
Un jour, songea-t-elle, elle se vengerait de Saïf Ibn Tazief.

Doucement, elle s’était trouvée portée hors du sol par son Maître, ne lâchant pas des yeux le Nabab avant qu’ils soient suffisamment hors de portée pour qu’elle s’attarde sur le visage de son Maître, si près du sien.

Son contact l’avait apaisée. Mais elle perçu immédiatement le trouble comme s’il s’agissait du sien. Elle le prit dans ses bras, le laissa caler son nez dans le creux de son cou, glissa une main dans ses cheveux pour l’y maintenir. Le Démon avait une apparence misérable et tremblante, il tenait à peine debout…

« Là… Là… » Murmura le Petit Corbeau, en l’étendant sur leur paillasse de voyage, avec une douceur prévoyante.

Etrangement, et bien qu’elle se sente instinctivement impactée par son état physique et mental, Alecto trouvait Damascus d’une beauté sans nom ainsi vulnérable. Elle l’allongea sur le dos, poussa délicatement ses longs cheveux noirs de son visage l’albâtre, toujours en l’admirant intensément. Elle songeait qu’il nécessiterait qu’on appose quelques linges mouillés sur son front, mais l’Esclave se sentait incapable de s’éloigner de lui dans ces conditions. C’était comme si le lien qui les unissait c’était resserré au point qu’elle ne put le quitter pour le moment… Comme si son devoir était de le protéger le temps qu’il faudrait.

Et pourtant, sans expliquer ses gestes, ses mains vinrent dégrafer les attaches de sa veste, un à un, sans se presser. Avec la même minutie, et dénoua le haut de son pantalon, le mettant à nu malgré la nuit fraiche. Qu’il frémît ou non, la petite Poupée au crâne dépouillé, sale et odorante, sentait en elle monter le désir de profiter de sa stature vulnérable, jusqu’à passer ses mains sur son corps, gagnant son entre-jambe qu’elle caressa doucement.

Elle se surprit même à songer qu’il serait trop faible pour lui interdire quoi que ce soit.
Sans doute cette colère, certes apaisée, avait-elle laissé quelques velléités de vengeance. Il l’avait punie lorsqu’elle était faible, et honnête. Pour ‘son bien’ ?

Son bien à elle, soudainement, Alecto le souhaitait aussi.
Un sentiment si nouveau… Penser à elle-même avant les autres. Avant… son Maître ?

Malgré la faible énergie du Démon, son corps réagit à ses attentions délicates, et lorsqu’Alecto estima que son membre était suffisamment prêt à la recevoir, elle le chevaucha et, lentement, s’assit petit à petit sur cette hampe démoniaque, centimètre par centimètre, jusqu’à s’asseoir en soupirant.

Une constatation la fit gémir ; qu’important combien d’immondes gourdins l’avaient violée, détruisant ses fesses. Cette fois, entre ses lèvres, le sexe de Damascus qui l’envahissait n’avait aucune comparaison possible avec ce qu’elle venait de vivre. Ainsi en communion, s’intéressant étrangement peu de l’état de son Maître, Alecto se mit à onduler, doucement, à son rythme.

Son rythme à elle.
Ils ne faisaient qu’un, et le glyphe dans leurs deux poitrines vrombit. Le Petit Corbeau prit le temps qu’il lui fallait, oscillant entre langueur et intensité, au moment qu’il lui convenait, gémissant avec discrétion, poussant parfois de petit son rauque, tantôt aigus, tantôt étouffés.

Lorsqu’elle sentit l’extase l’envahir, elle lança la tête en arrière, se raidit et les convulsions la secouèrent. Une énergie doucereuse la gagna en même temps qu’un épuisement apaisé et délicieux. Elle s’affala sur le torse du Démon, le laissant intacte entre ses cuisses, sans se préoccuper du plaisir éventuel qu’il aurait pu ressentir…

Un délicat sourire semblait impossible à retirer de ses lèvres, alors que ses doigts dessinaient des arabesques sur sa clavicule, partageant sa chaleur moite au corps faible de Damascus. Elle l’embrassa de manière presque prude, inspirant son parfum avec délectation.

« Dors, mon Beau Damascus, je vais m’occuper de toi. »

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 6 jeudi 03 décembre 2020, 08:26:44

Damascus dormit dix heures, fait bien inhabituel. A son réveil, la caravane des orientaux avait disparu. Il se redressa pour aussitôt se recoucher sur sa natte de voyage. Son crâne le lançait comme s'il allait exploser. Un long moment et toute l'affection d'Alecto furent nécessaires pour qu'il puisse enfin ouvrir les yeux sans avoir l'envie de vomir ses tripes. D'humeur sombre, il retrouva la vieille bique et son baquet d'eau brunâtre pour se débarrasser des miasmes de la nuit. Il s'était réveillé nu et soupçonnait sa compagne de s'être fait plaisir, profitant de sa faiblesse. Grand bien lui fasse ! Il mit un moment à recoller les pièces du puzzle nocturne et quand tout fut clair, il se jura de ne plus prendre de risques aussi insensés avant d'être complètement redevenu lui-même. Le temps de se préparer au départ, le jour avait bien avancé. Le long de la route, des voyageurs de toutes les contrées se pressaient vers leur destination. Cette masse vivante compacte obstruait la voie aussi durent-ils chevaucher au pas un long moment et même par endroits, guider leurs montures par la bride en marchant à leurs côtés. Ce fut long et éreintant. Le soir venu, ils firent halte à proximité d'un convoi militaire, en toute sécurité et grignotèrent quelques fruits secs et de la viande séchée. La journée du lendemain, tout comme celle d'après, fut identique à la première. Ils avalèrent de la poussière, s'arrêtèrent peu, vidèrent leurs outres d'eau pour les remplir à nouveau à la fin du jour.

C'était sans fin et pourtant cela ne faisait que peu de temps qu'ils avaient quitté Nexus. Les bêtes, même la monture docile d'Alecto, devinrent irritables. Les deux voyageurs sombrèrent dans la morosité et passaient même des heures sans s'adresser la parole, se laissant mener par le courant humain.

A l'aube d'un jour nouveau pourtant, le paysage changea. Les cultures et élevages laissèrent place à des friches éparses et de petits bois touffus. Le terrain aussi devint plus vallonné. La route se rétrécit pour devenir un gros chemin et les rangs de voyageurs s'essaimèrent. Il fut enfin possible de galoper et les chevaux s'en donnèrent à cœur joie, trop frustrés de cette première partie de voyage. Ce fut aussi l'occasion pour Damascus de rire à la vue d'Alecto cramponnée au pommeau de sa selle et ballotée au gré de la chevauchée.


"HO ! HO !! Tiens bien tes rênes! Garde le dos et les épaules droits et détendus, jambes et hanches relâchées ! Oui c'est bien continue comme ça, et accompagne le mouvement et le rythme du cheval!"

Elle apprenait et apprendrait vite, auquel cas, elle souffrirait le martyr. Le soir de cette première journée de liberté, il ne fut pas question de se reposer de suite. Ils prirent abri dans un bosquet d'arbres feuillus et odorants. Un tapis de mousse épaisse leur garantirait une couche presque confortable pour la nuit. Damascus apprit à Alecto comment étriller son cheval et s'occuper de son bien-être avant celui du cavalier. Dans l'esprit du démon, leur relation n'était pas celle d'un maître et de sa possession. Il s'agissait plutôt d'une communion "naturelle" où l'un dominait l'autre parce que c'était dans l'ordre des choses. Alecto n'était pas captive, elle pouvait le quitter .... même si le glyphe l'en empêcherait insidieusement. L'essence du démon étant naturellement orientée vers le Mal, elle ne l'empêchait néanmoins en rien de pouvoir être agréable, joyeux, aidant ou même à l'écoute.

Après s'être occupés de leur monture, et juste avant la tombée de la nuit, Damascus trouva une petite clairière dégagée.


"Allez Alecto, tu as choisi une rapière alors En Garde ! Il est temps de faire de toi une guerrière infernale et ........... non, non, pas comme ça tu vas te blesser et hey attention ... me blesser aussi ! Je t'aide, laisse-toi faire."

Se plaçant derrière elle, le démon la guida dans sa posture de garde. Les jambes légèrement écartées, souple sur ses appuis, une main sur la hanche et la rapière tenue verticalement devant elle, un peu oblique vers l'avant.

"C'est pas mal .... bon, maintenant, tu as choisi une arme d'estoc, ca veut dire pour piquer et transpercer. Les fils de la lame sont coupants bien sûr mais il faudra que tu frappes de taille et vraiment fort pour entailler un adversaire. Tu n'en es pas là. Donc je répète, il faudra que tu piques."

Leur séance dura un moment et quand Damascus estima que les progrès furent satisfaisant, ils s'autorisèrent à s'allonger sur leur natte pour la nuit. Couchés l'un contre l'autre, isolés dans leur écrin de verdure, ils purent passer leur première nuit au calme depuis leur départ. Une lune d'argent veilla sur eux, tandis qu'une myriade de petites créatures nocturnes vint examiner avec curiosité ces envahisseurs d'un soir.

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 7 jeudi 03 décembre 2020, 13:30:40

Les jours de voyage étaient à la fois pires et meilleurs pour le Petit Corbeau. L’habitude de la monte lui donnait quelques répits agréables quant aux douleurs des premiers temps à cheval, mais les courbatures étaient toujours bel et bien présentes, et s’envenimaient faute de repos et confort nécessaires.

Outre cela, elle dormait mal depuis l’incident de la caravane de l’Oriental. Elle revivait tantôt son humiliation de manière disproportionnée, tantôt la vision de cette âme en peine la terrorisait suffisamment pour qu’elle s’éveille en sursaut au beau milieu de la nuit, réveillant ainsi également ses muscles douloureux par les heures entières sur le dos de son canasson. La sérénité lui revenait lorsqu’elle fouillait dans sa besace ses deux précieux trésors : le nécessaire à écriture volé, et la mèche de cheveux infernaux, qu’elle faisait glisser sur sa joue comme on l’eu fait d’un ourson pour se réconforter, enfant.

Ses poumons souffraient également de la poussière et elle n’avait pas l’habitude de ne manger qu’une quantité et une variété limitée de denrées… Thiana Gian avait toujours veillé à ce qu’elle soit appétissante, et Ysor le cuisinier, lui, était un jeune maître dans les arts culinaires. Ses plats lui manquèrent, quand elle arrachait une viande séchée dont elle ne raffolait pas. Elle rêvait de pâtisserie, et regretta presque celles auxquelles elle n’avait pas pu toucher chez Saïf…
Pas l’habitude non plus du manque de confort… Sa chambre dans la cave était modeste, mais elle possédait un toit, un matelas de seconde ou troisième main pourtant bien plus agréable que la fortune miteuse de voyage. Les ankyloses de la monte ne risquaient pas de s’évanouir, alors qu’elle y ajoutait les crampes des haltes…

Cependant, elle n’émettait évidement pas de complaintes. Ne réclamait aucune pause, même lorsqu’elle peinait à tenir correctement sa jument qui s’agaçait elle aussi de la longueur de leur périple. Alecto tout comme son Maître, passa par une phase sombre, et silencieuse, où l’esprit du Petit Corbeau voleta dans des songes éveillés où des dizaines de questions s’amassaient au sujet de Damascus. Questions qu’elle ne posait pas, les gardant pour elle, ou pour plus tard, peut-être.

Pourtant, lorsqu’il s’agit de se lancer au galop, là où sa monture sembla enfin revivre de se dégourdir les pattes, l’Esclave, elle, vécu bien mal cette expérience première. Elle était totalement dépassée par le rythme nouveau et les élans de la bête, ne maîtrisait rien, et ignorait comment elle était parvenue à rester dessus sans se fracasser le crâne, martelée par les sabots de l’animal.

Malgré ses efforts pour écouter les conseils du Démon, elle avait le sentiment d’avoir été une très mauvaise élève dans ce domaine… Que la leçon d’escrime n’effaça pas.

Cette fois, tenir une arme n’était plus une phobie, grâce au Glyphe… Mais ce n’était pas inné. Elle avait quelques réticences, et en entendant Damascus parler avec tant de vocabulaire, Alecto s’était rendu compte à quel point elle avait été préservée durant toute sa vie. Elle avait fait de son mieux, évidemment, mais il lui faudrait du temps. Temps qu’ils n’avaient sans doute pas… Décevoir le Démon avait été une expérience cuisante pour le Petit Corbeau qui, à chaque fois qu’elle y repensait, sentait de nouveau dans ses entrailles une petite braise s’allumer.

« Je ne pense pas être faite pour être une guerrière, vous savez… » Avait-elle soufflé, tournant son arme avec trop peu de maîtrise pour ne pas être un danger public. Néanmoins, dès qu’il se ficha derrière elle pour lui intimer les mouvements habiles de base, Alecto se dit que les apprentissages seraient agréables… Il était collé à elle, il l’envoutait de son parfum même après une journée de voyage, il parlait tout près de son oreille… C’était un délice.

L’énergie qu’il lui insufflait se ressentit dans ses gestes, plus assurés, où elle s’efforça d’être un miroir assidu, faute d’être naturellement douée pour les moulinets et les coups d’estoc.
Percer quelqu’un lui semblait loin, et elle se demandait si elle en avait envie, d’ailleurs. Cette pensée la travailla une bonne partie de la nuit, mais contrairement à son passé, elle ne rejetait pas cette hypothèse. Alecto n’était pas foncièrement cruelle ou vicieuse, mais elle estimait que plusieurs cas nécessitaient qu’elle tue, tranche ou pique, comme pour sauver sa propre vie, ou défendre son Démon…

Ce qui l’amener à s’interroger, encore et toujours, sur l’incident de la caravane. Sa vie était-elle en danger, alors qu’elle se faisait sodomiser par tous ces abjectes serviteurs ? Était-il intervenu au moment où cela devenait plus dangereux pour elle, ou juste parce qu’il en avait assez d’attendre ? Lui sauverait-il la vie, alors qu’il avait menacer de la tuer sans aucun regret ?
D’autres questions sans réponse qui continueraient de la hanter. Mais pour l’heure, la fatigue était trop forte.


 A l’aube, éveillée par les pépiements des oiseaux du bosquet, Alecto se leva en hâte, grimaça des courbatures toujours bien là, et ne fit pas de bruits, pour ne pas déranger son maître. Elle en avait assez des rations et des fruits secs, s’éloigna pour cueillir quelques baies qu’elle avait vues lors de leur entraînement dans la clairière, et revint avec un sourire qui attestait de sa jovialité matinale, en toute innocence.

La nervosité de leurs montures l’alarma cependant, et il lui fallut laisser en plan le feu qu’elle tentait de raviver pour s’approcher d’eux.

Elle n’avait jamais été très attirée par les bêtes, d’autant les cheveux qui étaient trop gros pour paraître attendrissant, pour elle. Trop dangereux, aussi. Chaque bout semblait risquer des fractures, ou pire. Sa jument soufflait avec agitation, tandis que le noir destrier de son Maître raclait le sol de son sabot, lui lançant des regards menaçants. Pourtant, Alecto fit un pas, il hennit comme pour la mettre en garde, mais elle tendit la main.

Pour la retirer immédiatement, par réflexe, alors qu’il avait les oreilles collées à l’encolure sous le coup d’une infernale colère, et qu’il tentait de la croquer.

« Hé ! » Pesta-t-elle. Aussi irritable que son maître, celui-ci, songea-t-elle, avant de murmurer doucement. « Tout doux mon Beau, je ne te veux aucun mal… » Sa voix était claire, régulière et tendre, et alors qu’elle continuait de parler calmement à l’animal, petit à petit, ses oreilles se redressèrent, ses accès hargneux cessèrent…

Assez pour qu’elle pose la paume de sa main sur son museau, et qu’il ne lui arrache pas de doigt.

Alecto ignorait comment elle avait fait, mais elle n’avait pas été paniquée en approchant les deux animaux, et avait osé toucher l’infernal destrier du Démon. Mieux encore, elle l’avait apaisé sans grande peine. Cependant, leur état était préoccupant, et après s’être assurée qu’ils étaient calmés, retourna vers Damascus pour s’agenouiller près de lui.

« Messire, levez-vous, je crois que nous ne sommes pas seuls. »

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 8 jeudi 03 décembre 2020, 18:12:13

Au son de la voix de la jeune femme, Damascus se réveilla aussitôt. L'information donnée aiguillonna son instinct de guerrier. Il se maudit. En tant normal il ne se serait jamais laissé surprendre. Il s'ébroua doucement et passa son pantalon et ses bottes. L'aube pointait à l'horizon tandis qu'une brume diffuse montait du sol jusqu'aux genoux. C'était l'heure où l'humidité pénétrait les premières couches des vêtements et refroidissait les voyageurs. Dans le lointain un rapace cria.

La clairière se tût subitement. Un écureuil rejoignit hâtivement son trou dans un tronc et un geai matinal s'enfuit à tire d'ailes. Tous ses sens en éveil, Damascus attrapa Alecto par le bras et la fit s'accroupir à ses côtés. Il murmura:


"Si ça va mal, tu coures à ton cheval sans te retourner et tu files tout droit jusqu'à la route."

Peine perdue, quatre silhouettes se manifestèrent à la lisière des arbres autour d'eux, dont une près des chevaux.

"Changement de plan! Prépare-toi à te battre pour ta vie."


Le démon tira son épée de son fourreau et se redressa, torse nu, évaluant la menace. Il ne décela aucune autre menace que ces quatre-là. Pas d'archers ou d'arbalétriers embusqués dans un buisson, c'était déjà ça ... Les marauds ressemblaient plus à des déserteurs qu'à des brigands de grand chemin. De quelle armée? Il n'en devinait rien mais tous portaient les mêmes pièces grossières d'armure mal ajustées et leurs armes étaient sommaires. C'était de la piétaille sans valeur pour qui le nombre faisait la force. Le plus jeune d'entre eux, un rouquin boutonneux armé d'une lance, restait en retrait près des chevaux du couple. Une jeune femme filiforme hésitait, cachée derrière une rondache et tenant un glaive court. Les deux hommes les plus proches étaient deux brutes épaisses brandissant l'un, une lourde hache de bucheron et l'autre, une épée longue de mauvaise facture. Sous leurs cervelières, leurs petits yeux noirs et méchants brillaient à l'idée de proies faciles.

Le plus grand des deux bourrus s'exprima dans un parler rocailleux et dénué de subtilités.


"Toi, le nobliau, tu poses ton petit couteau et toi, la pute, tu prépares ton cul si tu veux vivre."

Damascus grogna:

"Son cul est à moi et ta gueule ne me revient pas! Toi et tes merdes, vous dégagez!"

Les deux brutes chargèrent immédiatement en braillant, tandis que la jeunette tentait de se faire discrète pour amorcer une attaque vicieuse. Tout alla très vite. La grosse hache siffla dans l'air, prête à couper le démon en deux. Celui-ci se porta face à eux et souplement glissa à genoux sous l'arme massive. D'un coup net, il frappa de taille dans le creux  du genou et trancha les ligaments. Alors que l'homme beuglait de douleur en vacillant, le démon se releva et se retournant, décapita le soldat qui s'effondra dans un geyser de sang. Le deuxième n'eut pas plus de chance et maladroit, asséna un coup misérable de haut en bas, cherchant à pourfendre son adversaire. Damascus n'eut qu'à faire un pas de côté pour esquiver le coup et enfonça la pointe de son épée sous le menton de sa victime. Dans un craquement d'os, la lame ressortit par le sommet du crâne. Dans son élan, le démon virevolta arrachant son arme de la tête de l'homme et flanqua un taquet tellement brutal contre la rondache de la fille que la protection de bois éclata. La guerrière hurla de douleur quand son bras se brisa sous l'impact et tomba à genoux, lâchant son glaive. Plus loin, le jeune boutonneux pétrifié fit l'erreur de vouloir se retenir à la croupe de l'étalon noir. Le cheval au caractère bien trempé rua et frappant l'homme de plein fouet dans son armure de torse, l'envoya bouler, assommé, contre un arbre. Le combat n'avait pas duré plus de vingt secondes.

"Alecto, viens avec moi!"

Damascus saisit la guerrière blessée par les cheveux  et la traîna non loin contre un arbre. Elle hurlait et suppliait d'une voix aigue et désagréable, raclant le sol humide de ses talons.

"PITIÉ ! PITIÉ !! Je ne voulais pas, je n'avais pas le choix !!"

Sans rien dire, le démon fouilla dans la besace de la fille et en sortit deux cordelettes qu'il utilisa pour l'attacher à l'arbre, l'une enserrant son coup, l'autre lui liant les mains.

"PITIÉ !!!!! Je ... je pourrai vous servir comme vous voudrez ... même ... même avec mon corps !!!!!"

Elle pleurait, consciente que rien n'irait pour elle. Elle était jeune et aurait presque été jolie. Elle aurait dut choisir un autre métier que celui de la guerre.
Damascus s'accroupit devant elle, sortit sa dague et observa son visage.


"J'aime bien ton visage ..."

Tenant la dague par sa garde, il plaça la pointe de l'arme devant l'œil gauche de la fille qui cessa aussitôt de bouger et de parler. Elle tremblait comme une feuille.

"Alecto, tu entends ça ? Elle voudrait devenir ma chose à baiser, tu serais d'accord ? Il fit non de la tête.

"Si tu enfonces cette dague suffisamment dans son œil, tu perceras son cerveau et nous rendra justice. Elle nous aurait écharpé si elle avait pu."


Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 9 jeudi 03 décembre 2020, 20:34:38

Dès que Damascus fut debout, Alecto se sentit plus apte à surmonter ce qui viendrait. Pourtant, ses instructions quant à sa fuite vers la route ne lui convenaient en rien, il était hors de question qu’elle s’éloigne de lui, et voulut le lui faire savoir.

« Quoi ? Mais non je… »

Elle fut stoppée dans son élan par les quatre renégats qui faisaient leur entrée, cherchant à les encercler. Quatre contre deux, enfin, plutôt un et un boulet à sa cheville, le Petit Corbeau avait beau avoir déjà vu le Démon à l’œuvre, elle craignait que dans son état moins à même d’être glorieux, il ne réussisse à les sauver.

Alecto s’était emparée de sa fluette rapière, elle la tenait cependant d’une manière bien maladroite, indiquant sans doute sans peine à des soldats de carrière combien elle était inexpérimentée, et une adversaire facile. L’un de ceux qui paraissaient les plus dangereux siffla des insultes et elle serra les dents. Son cul ? Encore ? Qu’avaient tous ces hommes à le vouloir, ne pouvaient-ils pas faire abstraction de ce qu’ils avaient entre les jambes, pour une fois ? Elle n’était cependant pas en position de grogner, d’autant que, chaque fois qu’on la traitait de catin, elle se sentait autant peinée qu’agacée. C’était une insulte qu’elle n’avait jamais supportée, mais jamais elle ne l’avait vraiment montré, après tout.

Et pourquoi pas l’inverse ? Faisait-elle moins noble que le Démon ?
Le tonnerre dans la bouche de Damascus la recentra sur la réalité, alors qu’elle tremblait sans le vouloir ; pourtant, la panique qu’elle aurait habituellement ressenti était absente de ses entrailles, elle ne maîtrisait pas la situation, loin de là, mais accordait à son Maître une confiance suffisante pour agir tel qu’il le réclamerait. Et il avait dit qu’ils se battraient…

Alors que l’un se jetait sur le Démon, le second songea qu’elle serait facilement neutralisable, et s’avança vers elle en chargeant. Son épée en l’air pour chercher sans doute à la trancher en deux, il n’était pas des plus rapides, et dans un réflexe, Alecto fit un bond en arrière, se retrouva dans la trajectoire d’une giclée du sang du comparse décapité.

Sa vision brouillée, la jeune femme chercha à repérer l’adversaire, qui s’était tourné vers son Infernal Maître, et n’avait pas changé de tactique d’attaque brutale. Peine perdue, elle assista au spectacle rapide et morbide de sa fin, s’écartant cette fois pour éviter de reprendre une gerbe de sang sur son visage déjà maculé.

Alors qu’elle allait se diriger vers le pauvre adolescent inconscient contre l’arbre derrière les deux animaux nerveux qui gigotaient en tous sens, elle fut interrompue et ne put que suivre son Maître, obéissante, les jambes flageolantes face aux macabres scènes vécues, mais loin de s’en trouver excessivement émue, étrangement.

Il restait la femme, qui n’avait pas prit par à la bataille. Désormais ligotée à un tronc, Alecto prit le temps de l’observer en détail. Elle était finement musclée, il était étonnant qu’elle n’ait pas chercher à les attaquer, mais il fallait avouer que Damascus ne leur en avait pas laissé le temps… Elle était misérable, et soudainement, le Petit Corbeau ressenti de la pitié pour celle qui pleurait.

Une pitié qui tourna aussitôt les suppliques et propositions qu’elle sanglotait, et lorsque la voix de son Démon résonna, l’Esclave frémit. Il aimait son visage ? Ses yeux se plissèrent pour l’examiner de plus nettement, et une évidence lui sauta à l’esprit. La fille était quelconque, elle avait une cicatrice disgracieuse à la lèvre, et un lobe fendu. Elle n’était ni gracieuse, ni raffinée, elle avait les traits grossiers. Comment pouvait-il apprécier ce minois-là ?

La petite étincelle s’alluma.
Dès que le pommeau fut à portée, le Petit Corbeau s’en saisit docilement et prit la place de son Maître. Elle n’arrivait plus à retirer ses yeux clairs, où perlait la jalousie, du faciès de cette femme en pleurs qui s’efforçait de ne faire aucun mouvement, tant elle craignait pour son œil. Et pour sa vie.

Elle n’avait aucun charme.
Mais comme elle sentait sans doute l’animosité de son vis-à-vis, la guerrière tourna les yeux embués vers Damascus pour renchérir.


- Je ferai tout ce que vous voudrez, tout, regardez mes seins, ils sont à vous ! Tout, pitié. Pitié.

Puisque c’était une sorte d’invitation, Alecto piqua de la pointe affutée de la dague les attaches d’une brigandine mince, puis d’une chemise épaisse, et même de bandes autour de sa poitrine. La prisonnière pensa sans doute qu’elle avait une chance de s’en sortir et essaya de bomber le torse.

Le regard clair, devenu piquant, de la Poupée passa sur ses seins. De petites poires tombantes, ni appétissantes, ni rondes. Filiforme. Insipide. Alecto s’agaçait du haussement de cette poitrine que l’autre exposait avec espoir face à son Maître.


- Touchez-la !

Ajouta-t-elle dans une ultime tentative de survie désespérée. C’en était trop pour la Corneille, encore galvanisée par les sensations causées par l’attaque et sans pouvoir l’expliquer vraiment, presque excitée. D’un mouvement soudain et vif, elle replaça le poignard à l’exact endroit où Damascus l’y avait placé avant de lui céder sa place, et sans réfléchir, aveuglée par la jalousie et la hargne, enfonça de toutes ses forces, perçant l’œil d’un coup. Elle était tant emportée qu’elle enfonça la lame jusqu’à la garde, son poing cognant contre les sanglants épanchements qui avaient giclés.

Durant un long instant, elle resta ainsi, la main et le visage souillé dans une expression de haine, le bras bien droit, sentant la pointe bloquer contre le crâne, de l’autre côté… Mais quand elle sembla reprendre ses esprits, réaliser son geste, elle lâcha l’arme qui resta un petit moment accroché, puis tomba au sol, alors qu’Alecto reculait à quatre pattes, se redressait maladroitement, et se tournait en hâte pour rendre une bile aigre.

Elle avait tué quelqu’un.
Et volontairement.
Sa vie était-elle en danger, réellement ?
Mais Damascus le lui avait pratiquement demandé, ordonné ! C’était son devoir.

La paume plaquée sur sa bouche, blême, le Petit Corbeau se sentait nauséeuse, et réalisa à quel point le sang sur sa peau sentait mauvais. Avec un acharnement frénétique et dément, elle arracha des fourrés des feuilles pour frotter ses mains, son visage également, qu’importait les brûlures ou les réactions urticantes.

Elle avait tué quelqu’un.
Et… au fond d’elle, Alecto savait qu’elle avait aimé cela.
Et cela résonnait en elle, comme un souvenir lointain, et enfouit. Elle avait déjà tué auparavant.
« Modifié: jeudi 03 décembre 2020, 20:44:04 par Alecto Nemed »

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 10 jeudi 03 décembre 2020, 22:16:10

"Calme-toi! C'est bien Alecto. Cette garce aurait pu vivre mais il fallait que tu passes cette épreuve. Ce ne sera pas la dernière fois que tu tues un être humain. Et aujourd'hui ce fut facile, cette bande de minables ne valait pas  grand chose, nous n'avons pris aucuns risques. Assieds toi à mes côtés, je n'ai pas fini."

Damascus ramassa la dague et d'un geste sec du poignet, se débarrassa du globe oculaire qui y était encore embroché. La guerrière morte bougeait encore un peu, secouée de spasmes nerveux post-mortem. Du bout de la pointe de son arme, le démon entreprit de ciseler le contour du visage éteint, finement d'abord puis plus profondément dans les chairs, jusqu'à racler le crâne. Ensuite, méticuleusement, il découpa la partie supérieure en passant sa lame sous la peau et en râpant l'os facial. Comme cela, petit à petit, il retira la partie cutanée du visage mort qu'il roulait au fur et à mesure. Une fois ce travail macabre terminé, il posa l'objet de chair retourné sur sa cuisse pour en curer les bouts restants et au final ne conserver que le cuir mou. Il s'adressa au cadavre sur lequel grimpait déjà des colonies d'insectes attirés par le sang.

"Tu vois, je t'avais dit que j'aimais bien ton visage. Il nous servira à traverser cette partie du pays sans encombres."


Le tortionnaire se leva et tendit son œuvre à Alecto.

"Range moi ça au sec. Ce sera notre laissez-passer si besoin est."

Puis il se dirigea vers le jeune homme assommé et par l'empoignant par le col, le tira jusqu'au cadavre de la guerrière.

"Tiens .... ils ont pas un air de famille?"

"Je t'explique Alecto .... on va attendre un peu, le type va se réveiller et constater l'ampleur du carnage. On le laisse filer et dans une demie journée, toutes les bandes de coupe-jarrets de la région sauront ce que nous sommes. Je ne pense pas que nous serons beaucoup dérangés ces prochains jours."

Le sifflement d'un merle ponctua cette tirade  et sur la ligne d'horizon, un rayon de soleil perça l'atmosphère brumeuse de l'aube. Le démon alla vérifier les chevaux, et annonça qu'il avait faim. Il fallait qu'ils mangent avant de partir. Ils plièrent bagages puis attendirent patiemment, assis sur une souche, que le survivant se réveille. Quand ce fut le cas, le jeune homme se tint coi un moment face à la bouillie sanglante qui avait été sa compagne d'aventure puis vomit bruyamment avant de se lever et tituber vers le centre de la clairière. Là, il découvrit les corps des deux autres guerriers dont le plus costaud avait déjà été grignoté par un blaireau curieux. Là encore, il éructa et se vida à nouveau. Quand il vit Damascus et Alecto, il s'immobilisa et le démon lui fit un petit signe amical.

"Tu viens casser la croûte avec nous ?"

L'homme s'enfuit à l'opposé en hurlant et il disparut dans le sous-bois. Ses cris retentirent encore un peu au lointain.

"Nous partirons dans deux heures. Essaye de te reposer un peu. Viens...là oui, contre moi."


Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 11 jeudi 03 décembre 2020, 22:45:06

La voix du Démon la réveilla d’une sorte de transe, alors qu’elle restait prostrée en se balançant d’avant en arrière, lentement. Toute bribe de souvenir meurtrier s’envola. Mais la mémoire immédiate, elle, était intacte…

Elle peina à se mettre debout, ses jambes paraissaient refuser de la porter, mais revint s’asseoir, sagement, à côté de son Maître, tel qu’il le réclamait. Facile ? Ce fut facile ?
Elle cilla. La morte avait été attachée et Alecto, elle, était armée… C’était en effet d’une facilité déloyale. Elle-même s’était retrouvée dans des situations injustes, toujours en sa défaveur, et elle en avait souffert. Pourtant, la pitié qui lui avait effleuré le cœur était partie dès lors que l’amère jalousie avait empoigné son amour-propre.

Assise sur ses talons, bien droite comme elle savait le faire, le Petit Corbeau suivit méticuleusement les gestes de Damascus, avant de comprendre ce qu’il entreprenait. Aussitôt, elle détourna le regard. Fixant calmement le tas de baies qu’elle avait abandonné, et qui s’était trouvé piétiné dans l’assaut, elle entendit lentement chaque incision, la musique de la lame tranchante dans ce travail d’orfèvre délivrant une mélodie atypique, glauque et froide.

Découperait-on son visage, à elle aussi, à sa mort ?
Après sa panique nerveuse, la jolie Poupée maculée de sang était d’un calme à faire frémir. Elle contenait admirablement les émotions fortes qui l’avaient assaillie, dans la résilience qu’elle avait toujours possédée.

Cependant, ce fut impossible pour elle de rester impassible dès qu’elle reçut la peau de l’écorchée, tendue par son Maître comme s’il s’était agi d’un vulgaire butin quelconque. Alecto frissonna au contact de cette peau froide, lisse… si morne, inexpressive… Et soudainement, elle esquissa un petit sourire pour elle-même, comme se félicitant d’être la vivante, celle qui avait gagné ; Une triste fatalité, mais qui, étrangement, lui procurait une satisfaction perverse.

Il fallait avouer néanmoins qu’elle se sentait toujours nauséeuse, et ne tournait en aucune façon son regard vers le cadavre de leur victime, alors qu’elle emballait leur laisser-passer dans un linge propre, le pliant avec soin, et le rangeant dans l’une des sacoches de la selle du noir destrier que l’odeur du sang agitait.

Damascus lui récita son plan, et elle tourna vers lui un regard équivoque : elle le trouvait intelligent, rusé et sadique. Sans doute un trait typique des Infernaux… Elle qui avait jadis la tête farcie de chevaliers blancs, symboles de l’Ordre Immaculé, ne savait que peu de choses des Démons et leurs comportements. Au contact de son Maître, pourtant, il lui semblait qu’elle apprenait à le connaître… Tout comme il restait un véritable mystère.

Comment manger alors qu’elle avait encore l’estomac retourné par ce qu’ils venaient de vivre ? Elle se força, évidemment, puisqu’il était hors de question de reprendre la route sans avoir rien avalé… Mais l’appétit était absent, et pire, elle lançait des regards réguliers à la sacoche où se trouvait le visage mou…

« On me découpera le visage, à moi aussi, après m’avoir tué ? » Souffla-t-elle d’une voix terne.

Quelque chose l’horrifiait dans cette image. Elle se toucha les joues, se souvint qu’elle était poisseuse de sang, et s’éloigna sans attendre de réponse, pour une toilette succincte. L’eau froide la réveilla d’une sorte de torpeur morbide.

Quand elle reparut, l’endormi s’était éveillé et il les dévisagea comme un couple des Enfers. Alecto suivit son cri en tendant l’oreille, jusqu’à s’assurer qu’il était loin…

« Et s’il revenait se venger ? »

Sa question était posée avec naïveté, alors qu’elle savait que le Démon la voulait reposée pour repartir dans une paire d’heures. Mais sa tête était encombrée. Elle avait eu beau laver le sang, ses mains lui grattait. Ce sentiment d’être profondément souillée lui paraissait familier.

Pourtant, elle vint se lover contre son Maître, soulagée de sa douceur. Elle enfouit son nez contre son cou, inspira son parfum dans une profonde respiration qui lui vrilla les sinus. La clairière s’effaça. Les craintes aussi. Comme une enfant, elle l’enserra dans un demi-sommeil, comme pour s’assurer qu’il ne s’enfuirait pas. A elle. Il était à elle. Et toi, vilaine brindille, ton visage est à nous.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 12 vendredi 04 décembre 2020, 11:57:19

Damascus avait offert à Alecto une heure de repos en plus. Cela permettrait également au survivant du groupe de maraudeurs de diffuser le récit glaçant de la nuit auprès d'autres compères mal intentionnés. La brume matinale s'était levé et le petit bosquet où ils s'étaient réfugiés grouillait de vie. Sous un soleil léger, l'activité animale diurne reprenait son cours. Une harde de cervidés passa aux abords de la clairière, entrainant avec attention des faons nés récemment. Des écureuils roux sautaient de branches en branches à l'abri des prédateurs terrestres. Les mulots, musaraignes et autres campagnols faisaient leur razzia du matin, se goinfrant de baies, glands et champignons odorants. Une bise légère se leva, chassant les derniers nuages récalcitrants. Les trois chevaux terminaient de se repaître d'une herbe verte et grasse et se frappaient les flancs de leur queue pour exprimer leur satisfaction. Seule tâche à ce décor  rupestre, les corps des agresseurs, déjà rongés, autour desquels bourdonnaient des nuées de mouches.
Le démon réveilla doucement Alecto, lui titillant le bout du nez avec un épi duveteux. Comme toujours, quand elle était lovée contre lui, il ressentait le besoin de la prendre séance tenante pour assouvir ses pulsions. Il résista quand même à l'appel de la chair et se leva pour harnacher les chevaux et répartir leurs effets sur la bête de bât.

Ils quittèrent le sous-bois et s'engagèrent dans une succession de terrains sauvages où les herbes s'élevaient a mi-pattes des montures. Ils avançaient au pas mais sans rencontrer d'obstacles qui pourraient les ralentir. Par deux fois, le démon désigna à Alecto des silhouettes qui disparurent, assez loin d'eux.

Damascus était toujours affaibli par sa récente démonstration de force. Il sentait bien que ce corps humain présentait des défaillances qui pourraient s'avérer mortelles. L'escarmouche de la nuit avait été un épisode sans grand danger au final mais se battre contre des guerriers expérimentés où pire, des mages de bataille ou sorciers serait plus compliqué. Si lui était blessé ou tué, d'une manière ou d'une autre, il reviendrait des Enfers. En revanche, il ne pouvait permettre Que sa protégée subisse des dommages irréparables. Il avait besoin d'elle pour accomplir sa ..... finalité.

Chassant ses pensées, il laissa sa monture se couler près de celle de la jeune femme. Le démon lui décrit la région qu'il allaient traverser. Cette plaine herbeuse s'étendait sur plusieurs lieues encore, très verte et parsemée de bois et fourrés épars. Plus loin, une forêt épaisse barrait cette étendue et imposait l'horizon de sa masse sombre. De l'autre côté de cette forêt, encore située sur le territoire géographique de Nexus, se désolaient les landes dévastées, frontières des terres du chaos.

Mais bien avant cette forêt, Damascus révéla à sa compagne que Saïf l'avait informé de la présence des armées de la Cité. Ou plutôt des vestiges d'armées de Nexus. Enchainant les défaites militaires, ces troupes s'étaient repliées, occupant en grand désordre la bande précédant la forêt. Les officiers avaient les plus grandes difficultés à maintenir la discipline dans leurs régiments et les meurtres comme les vols étaient monnaie courante dans les rangs des soldats démoralisés. Il leur faudrait faire avec sans se mettre toute l'armée à dos. Mais ils n'en étaient pas là, le démon estimait qu'il croiserait les forces de Nexus d'ici deux jours.

Alors que le soleil brillait à son apogée, bien au dessus d'eux, ils s'arrêtèrent pour profiter de la présence d'un ruisseau où les bêtes s'abreuvèrent. L'eau coulait fraiche et claire aussi purent-ils se laver consciencieusement. Le liquide froid était électrisant. et le démon s'y plongea avec plaisir.


"Dis-moi Alecto, n'aurais-tu pas par hasard profiter de mon corps l'autre nuit pour assouvir tes désirs mmmh ? Il est peut être temps que tu  prennes sur toi et me fasse l'honneur de tes talents qu'en dis-tu ?"


D'une pichenette, il lui envoya une petite gerbe d'eau qui la glaca.

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 13 vendredi 04 décembre 2020, 13:52:13

Remonter à cheval voulait dire nouvelles douleurs, certes devenues habituelles, mais tout de même sourde, comme un vieux rhumatisme. Pourtant, elle avait dormi si lourdement, s’effondrant contre le Démon comme une masse, qu’elle avait agréablement profité des heures d’un sommeil réparateur, enfin. Cette énergie lui permit de savourer bien mieux le voyage qu’ils reprirent, réussissant de mieux en mieux à suivre le mouvement doux du pas de son cheval, et parfois même le trouvant agréable, comme bercée. Le soleil, cela-dit, semblait lui conférer une bien meilleure mine, et tenter d’effacer les immondes scènes passées.

Ecouter Damascus lui délivrer son savoir sur la région était une distraction qu’elle appréciait, Alecto avait toujours adoré les contes, et bien qu’elle sache qu’il s’agissait de faits réels et géographiques, la voix du Démon la portait toujours comme si elle pouvait voyager à travers ses mots, se figurant à l’avance ce qu’il décrivait. L’Esclave n’avait pas d’imagination en propre, mais savait d’une simple évocation, constituer d’autres images… Celles des troupes armées d’une armée en déroute ne l’enchantaient pas, pas plus que les terres du chaos, à vrai-dire.

Elle restait convaincue de n’être pas faite pour la guerre, ses talents restant concentrés sur les travaux lettrés ; écrire de belles lettres, tourner savamment des phrases diplomates, enflammer le cœur d’un amant, ou faire passer quelques menaces si besoin était… Mais manier l’épée, c’était une autre paire de manches. Pourtant, ils s’approchaient chaque jour un peu plus de cette échéance qu’elle redoutait, et craignant, dans l’état de son Maître, de n’être un fardeau plus qu’une aide. Et s’il lui arrivait malheur par sa faute ? Cette pensée lui faisait redouter le pire, et la hantait souvent ; comment pourrait-elle le protéger alors qu’elle ne savait ni attaquer, ni se défendre ?

Ces réflexions tombaient toujours sous un soupir fataliste, consciente de n’avoir ni réponse satisfaisante, ni solution à proposer pour le moment. Aussi, la halte près d’un ruisseau qui chantait lui permit de retrouver un sourire qui avait disparu alors qu’elle se noyait dans d’hasardeuses projections martiales.

Le petit tas de ses vêtements avait été parfaitement plié et ordonné, avec une minutie à la limite de la névrose, mais la satisfaction qu’elle en tirait la métamorphosait. L’eau était glacée, mais l’envie d’être propre gagnait ce duel largement, surtout après les affres de l’aube et le sentiment encore bien présent d’être profondément salie. Durablement.

Agenouillée sur une pierre plus grosse et plate, le Petit Corbeau se penchait pour récupérer l’eau froide et se frictionner en frissonnant, mais la sensation que l’onde lavait jusqu’à son âme la rendait plus sereine.

Elle sursauta, pourtant, lorsque Damascus l’interpella et elle ne put contenir un rougissement léger à l’évocation de ce qu’elle avait fait. Comment avait-il su ? Hm, à vrai dire, elle n’avait pas cherché à être discrète, et se souvenait parfaitement que, dans son état d’esprit indescriptible d’alors, elle n’avait fait qu’écouter ses envies.
Tournant ses deux billes claires vers lui, au bon moment pour se prendre en plein visage le liquide gelé, elle ne put retenir un rire cristallin. Mais quelque chose en elle se demandait toujours si elle n’avait pas eu tord d’abuser de son Maître, sans sa permission, et ce, même s’il ne paraissait pas le lui reprocher… au contraire.

« Oh… » Elle cilla, mais loin d’être mal à l’aise véritablement, le Petit Corbeau leva les yeux pour croiser le regard gris du Démon. « Je n’ai pas pu résister… Vous voir ainsi… » Alecto déglutit, la scène se repassant dans sa mémoire, ravivait les sensations vécues. « Vous étiez si… si attirant. »

Se disant, elle esquissa un fin sourire, que l’évocation de cette nuit rendait presque carnassier, et se releva pour venir contre lui. Il fallait qu’elle ‘prenne sur elle’ ? C’était tout autre chose que de profiter d’un homme inconscient, qui ne pouvait ni vous juger, ni protester, que d’oser se dévoiler telle qu’elle était, et comme elle le voulait, elle.

Se contenter d’être ce qu’il voulait était simple.

Sa paume glissa son l’avant-bras du Démon, lentement, et elle sembla chercher à se dédouaner. « Cela risque de vous déplaire. Je suis loin d’être aussi… bestiale, et fougueuse, que vous. »

Et pourtant, le désir était brûlant, commençait déjà à lui chauffer les pommettes, et l’intérieur des cuisses malgré l’eau froide que tentait de sécher le soleil sur sa peau. Sa main remonta le long de son bras, caressa du bout de l’index l’intérieur du coude en plissant les yeux avec une tendresse mièvre, avant de caresser son épaule, plus insistante puisque ce simple effleurement la rendait petit à petit plus électrique.

Mais comme le Démon avait semblé lui laisser carte blanche, et même souhaité qu’elle agisse telle qu’elle l’avait fait la nuit de l’incident de la caravane de Saïf, le Petit Corbeau continua de faire serpenter ses doigts le long de son torse, penchant la tête sur le côté à mesure qu’elle se délectait de cette vision dont elle ne se lassait pas. L’aura infernale avait cela de captivant, qu’elle commenta presque pour elle-même, quand sa main descendait sur l’entrejambe de son Maître.

« Vous semblez si froid et détaché… alors qu’à la moindre étincelle, vous explosez comme un volcan. » Il n’était jamais conseillé de donner son avis sur la personne qui la possédait, mais le glyphe, et l’envie de lui, déliait sa langue.

Elle ne fit qu’effleurer l’aine de Damascus, car aussitôt elle passa dans son dos, et couvrit ses épaules de ses paumes qu’elle venait de réchauffer en soufflant dessus, massant ses muscles avec douceur, insistants sur les nœuds qu’elle percevait sous la pulpe de ses doigts. Il paraissait tout le temps en parfaite maîtrise des choses, mais…   

« Vous n’êtes jamais détendu. Toujours au bord du précipice. » Un baiser souffla contre son cou, alors qu’elle avait dégagé ses longs cheveux noirs de sa nuque. « Vous ne supportez pas de ne pas tout contrôler, n’est-ce pas ? Et lorsque c’est le cas, c’est votre nature démoniaque qui prend le relai, pour affirmer votre prise… »

Elle ne parlait en aucun cas d’une manière défiante ou fanfaronne, au contraire, c’était comme si elle délivrait en toute honnêteté ses réflexions, et son admiration, et venant coller sa poitrine contre son dos, ses mains refirent le cheminement jusqu’à son sexe, le caressant doucement, en respirant plus fort contre son oreille.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 14 samedi 05 décembre 2020, 16:24:17

"Oui c'est vrai, le contrôle est tout. Et c'est d'autant plus excitant quand il t'échappe de la plus audacieuse des manières."

Damascus baissa les yeux sur les doigts d'Alecto caressant son sexe déjà raide. Un de ses tentacules s'éveilla et se lova autour du poignet de la jeune femme pour lui faire appliquer une pression plus vigoureuse.

"Bestial et fougueux ? C'est comme ça que tu me perçois ? Je me plais à l'entendre et c'est ainsi que j'aimerai te décrire également. Penses-y .... Tes seules limites sont celles que tu t'imposes."

Les caresses faisaient leur effet et sentir le corps de la poupée contre le sien éveillait un désir lubrique viscéral. Il frémit quand elle serra ses doigts autour de son gland et maintint l'étreinte de cette manière. Il tenta de résister.


"J'aime quand une femme assume ses désirs et plus encore, j'aime quand une femme cherche à me faire perdre ce contrôle ... avec son corps. Vois-tu ....."

Damascus se retourna d'un bloc, souleva Alecto et l'empala d'un trait, s'enfonçant au plus loin dans son fourreau brûlant.

"Vois-tu, la femme à laquelle je tiens devrait être beaucoup plus offensive. Elle pourrait me prendre en bouche où elle le voudrait et sans me demander ma permission, elle pourrait exiger que je la prenne séance tenante en place publique, elle pourrait se déchainer et danser nue dans une taverne pour provoquer la plus furieuse des batailles, et je me battrai pour elle. Elle pourrait faire de son corps mon temple. La vulgarité de ses mots passerait pour une douce mélodie à mes oreilles. Je ne suis pas un noble guindé Alecto, la violence des actes et des mots m'excitent, c'est ma nature, et la tienne aussi maintenant. Il n'y a pas de place pour l'hésitation."

Il la prit fermement par les hanches et lui administra un traitement tel qu'il venait de le décrire, cru et intense. Il frappait dur tout au fond d'elle, profitant de son corps souple. Il accéléra plus fort encore et en l'écrasant tout contre lui se répandit dans son ventre.

Il haletait et la reposa sur la pierre plate sur laquelle elle s'était lavée quelques instants plus tôt.


"Et donc ? Qu'as tu retenu de ce que je viens de t'expliquer ?

 Il lui sourit diaboliquement et lui laissa toute latitude de s'expliquer la demie heure suivante.

Plus tard, quand ils furent prêts à repartir, un vent du Nord s'était levé, couchant en partie les hautes herbes et sifflant dans les branches des futaies. Ils chevauchèrent d'un bon train jusqu'au soir où Damascus décida qu'il devait continuer encore un peu. Ils cavalèrent sous une lune d'argent, haute et brillante qui éclairait la plaine de sa splendeur solitaire. Quand les chevaux commencèrent à renâcler, ils établirent leur modeste campement à l'abri d'un rocher isolé et saillant. Les bois avaient disparu et le terrain montait à présent en pente douce.

Il faisait frais.

Damascus laissa Alecto s'occuper des chevaux et fit un feu suffisant pour les réchauffer avec le bois mort et les herbes qu'il put trouver aux alentours. Il attendit que tous deux furent assis pour annoncer les plans du lendemain. Les flammes dansaient au gré du vent, allongeant les ombres des voyageurs. Un ciel étoilé scintillant offrait à leurs yeux un spectacle d'une rare beauté. Une comète traversa l'espace laissant dans cette voûte magique une trainée luminescente.


"Demain, nous croiserons forcement les troupes de Nexus.  Notre objectif est simple, passer sans encombres et nous réapprovisionner si possible. Les soldats malmenés sont irritables ... et je n'ai qu'une épée. Nous privilégierons la diplomatie. N'oublie pas, les officiers commandent, ils doivent être nos interlocuteurs. Je suis sûr que tu sauras les amadouer, pour notre bien."



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