Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

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Alecto Nemed

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    ~Esclave de Thiana Gian~
    Petite, passe inaperçue. Cicatrices, ou traces de brûlures sous les bras, près du cou, bref, un peu cachées.
    Crédule, extrêmement pieuse, facilement impressionnable et très discrète, elle va rougir si vous continuez à la regarder ainsi !

Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 15 samedi 05 décembre 2020, 18:03:08

Les mots du Démon l’aiguillonnaient, et le désir grandissant rendaient ses gestes plus intenses, la faisant soupirer puis gémir légèrement. Elle vivait pleinement chaque va et vient qu’elle produisait le long du membre dur, enserrée par le tentacule avec délice, fermant les yeux pour savourer davantage.

Elle prit ce qu’il dit pour des encouragements, mais sursauta lorsque la situation lui échappa, sentant ses chairs écartées violemment par l’instinct animal de son Maître qui, s’il fallait une preuve à ce qu’elle venait de lui murmurer, n’avait su se maîtriser. Il perdit le contrôle en la prenant brutalement, Alecto poussant derechef des cris étouffés tant elle était submergée par sa bestialité. Il la possédait tout en aboyant, ses muscles contractés dans l’effort décuplant l’adoration dans le regard clair du Petit Corbeau.

Ballotée au gré de ses coups de reins déchaînés, Alecto n’avait pas le temps de réfléchir, elle se laissait portée par le plaisir et lançait la tête en arrière avec délectation lorsqu’il s’enfonçait si profondément qu’elle hoquetait, souriant même, tirant parfois sur un rire délicieux de constater comme sa vision se faisait floue sous les assauts.

Et puis, la fraicheur de la pierre dans son dos, le corps fourbu et la sensation d’être tout autant vide, que pleine. Pour la jolie Poupée, l’indescriptible émotion d’avoir contenté son cher Maître, qui lui laissait ce regard dévoué. Elle soupira d’aise… Mais quelque chose en elle était incomplet. Cillant, elle se redressa et l’observa alors qu’il lui réclamait ses conclusions sur son discours.

Alecto réalisa alors qu’il avait retourné la situation et avait pris le contrôle. Alors même qu’il l’avait encouragée à agir tel qu’elle le souhaitait, elle, puisqu’il avait évoqué la nuit où elle avait abusé de son corps si attirant, inconscient… Damascus ne lui avait pas laissé le loisir de le posséder elle, pourtant. D’un sens, c’était flatteur : en quelques caresses, et quelques mots susurrés, elle avait provoqué le Démon, et sans trop se fatiguer. Cela devait supposer qu’elle avait un certain pouvoir, sur lui, certes.

Mais il ne lui avait laissé aucune liberté, n’avait semble-t-il, pas considéré qu’elle pouvait mener la danse.

N’était-ce pas, après tout, son rôle de Maître ?
Une partie d’elle en était convaincue, et elle esquissa un léger sourire à l’homme, les instincts dociles en elle se cachant derrière cet état de fait rassurant. Il prenait ce qu’il voulait, il en avait le droit, peut-être devrait-elle s’estimer heureuse de ce qu’elle avait déjà réussi à voler, cette nuit-là ?

Mais une partie d’elle, infime, grognait que non.
Qu’elle avait droit d’affirmer ses désirs, et tant pis s’ils n’étaient pas tels que Damascus les voulait. Il réclamait une femme offensive, percutante et vulgaire, et si cela ne convenait pas au Petit Corbeau, après tout ? La nuit de l’Incident de la Caravane, elle avait pris son plaisir, son plaisir à elle, comme elle l’entendait, et c’était la première fois qu’elle pouvait se le permettre. Pas une audacieuse provocatrice, pas une catin dévergondée, juste elle, juste Alecto.

Et pire, quelque chose souffla à son esprit
‘Et tant pis si cela ne lui convient pas.’ Et elle manqua une respiration, horrifiée de ce qu’elle venait de penser.

Immédiatement, le Petit Corbeau récita une leçon d’une voix délicate, mais où l’on percevait son trouble.

« J’apprendrai Messire, dans peu de temps, je serai telle que vous le désirez. Je serai entreprenante et effrontée, querelleuse et irrévérencieuse, et vous regretterez la molle et ennuyeuse Alecto tant je vous épuiserai, et que les nations se disputeront mes baisers. »

Un rire prometteur accompagna ses paroles, et elle entreprit de se laver, de nouveau, pour repartir parfaitement propre. Cependant, en elle, la graine germerait. Peut-être un léger ton de reproche avait-il pu être relevé dans sa voix, puisqu’elle avait comme l’amère sentiment qu’il la voulait différente, et que, d’un sens, elle ne voulait pas être changée… Elle voulait changer, si elle le souhaitait, et quand elle le voudrait. La laisser se faire violer pour lui apprendre à mentir et s’affirmer, lui tondre les cheveux dans un accès de colère, la menacer de la tuer ou de la mutiler parce qu’elle avait agi en harmonie avec ses convictions et ses désirs…

Toute la chevauchée, elle resta silencieuse, tout ceci tournant en boucle dans son esprit, au point qu’elle en développa une migraine. Le glyphe lui laissant son libre-arbitre lui compliquait la vie, elle qui avait l’habitude de suivre aveuglément des Chefs ou des Dogmes. Fort heureusement, la halte pour la nuit fut la bienvenue, et s’occuper des montures étaient salvateur : ainsi occupée, elle n’eut plus le temps de réfléchir.

Fourbue, et se sentant étrange, elle s’était assise en tailleur près du feu, mais observer les flammes la rendait trop grave. Le spectacle de la voie lactée fut réconfortant et lui offrit un répit, tout comme l’annonce de ce qui les attendait : au moins, elle ne ruminait pas.

« Les officiers commandent… » répéta-t-elle, presque pour elle seule. Et elle soupira sans s’en rendre compte ; les amadouer voulait dire les charmer, et elle commençait à croire que Damascus n’avait que cela en tête quant à son utilité dans leur entreprise. Mais rapidement elle se reprit. Non. C’était ainsi, elle était heureuse de le servir, et si cela entendait qu’elle séduise des armées, elle le ferait sans rechigner.

« Ne pourrions-nous pas nous procurer quelques insignes et galons ? Ce serait nous, les officiers. » Elle esquissa un sourire complice, toute pensée de rébellion effacée, dès qu’elle croisa son regard gris. « Vous devriez commander des légions entières, ce ne sont que des hommes, et vous êtes un Démon. »

Comme si elle n’avait jamais émis une bribe de doute en elle, Alecto semblait convaincue que Damascus était digne d’être au-dessus de ces vulgaires mercenaires à la solde des royaumes. De misérables royaumes, en comparaison avec son Maître.

« Je les mettrai à vos pieds. » Souffla-t-elle alors, comme métamorphosée, ou suivant de manière très assidue ses apprentissages, en s’approchant pour poser sa bouche sur la sienne. « Dussè-je me laisser prendre par tous les soldats. »

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 16 dimanche 06 décembre 2020, 16:08:41

Le champ de bataille était couvert de corps de toutes sortes. Le terrain rocailleux était imbibé de sang et les cicatrices des combats ne s'effaceraient pas avant des millénaires. Les armées divines commandées par des Célestes trop sûrs d'eux avaient marché sur les Monts Ecarlates, haut lieu de culte satanique et principal accès terrestre à l'une des Porte des Enfers. Leurrés par une succession de manœuvres habiles du général en chef des armées démoniaques, les anges avaient pris d'assaut les pentes des volcans quand une marée inhumaine, sortie des cratères fumants les avait submergés sous le nombre. Certes les créatures du Mal étaient tombées par centaines de millier mais des rangs divins, aucun n'avait rejoint la maison de Dieu. 
Une cohorte infernale terminait d'achever les blessés ennemis et au milieu d'eux, immense et rougeoyant, se tenait fièrement victorieux, Damascus, le supra-démon. Dans sa main vibrait quémandeuse de plus de sang encore Scylla, son épée de feu. Dans l'autre, il tenait les six ailes du Séraphin qu'il venait d'abattre. Premier échelon du premier degré de la hiérarchie céleste, le Séraphin avait opposé une résistance farouche que le démon avait maté aux termes d'un combat titanesque. L'essence de l'ange n'irait pas rejoindre son père puisque Scylla l'avait corrompue à tout jamais. Levant ses yeux où se reflétait une incroyable cruauté, l'immense démon écarlate contempla son œuvre macabre et le succès de ses armées.

La voix si délicieuse d'Alecto avait ravivé les souvenirs du démon à bien des ères passées. Oh oui si tu savais Petit Corbeau comme j'en ai commandé des légions et combien j'en ai remporté des batailles. Mes cohortes ne s'inclinaient pas, elle vainquaient ou mourraient en allant de l'avant. Les débris de régiments qu'ils croiseraient le lendemain ne méritaient même pas le titre de troupe de guerre puisqu'ils se repliaient après une multitude d'échecs militaires. Damascus avait besoin de leurs cartes et de leur approvisionnement, s'il en restait quelque chose. Qu'ils crèvent donc s'ils sont si couards pour se battre, sur leur terre qui plus est.

Le démon approvisionna le feu avec le peu de bois qu'il restait et s'allongea à côté de sa compagne, tirant sur eux une couverture de voyage légère mais chaude. Le vent ne se calmait pas et malmenait les flammes qui peinaient à résister. Damascus n'éprouvait pas le besoin de se reposer, tiraillé par ses pensées belliqueuses. Se  tournant sur le côté, il observa le visage fin d'Alecto. Le glyphe s'excitait beaucoup ces derniers temps, réceptacles des humeurs et pensées de la jeune femme. Qu'elle se pose tant de questions était normal pour une humaine. Les humains réfléchissent toujours trop.
Il caressa sa joue et glissa sa main sur une hanche souple.


"Je sais ce que tu ressens. Ne me demande pas comment, je le sais, c'est tout. Je te l'ai déjà dit mais je te le répète en toute franchise, tu m'es précieuse, je tiens à toi. Je ne te demande pas de devenir la pire des débauchées mais là ou nous allons, tu ne survivras pas si tu ne te montres pas sous un jour plus différent que le tien. Luxure, vice, meurtre, dépravation ... tel est mon monde et crois-moi, on peut y être bien. Cela peut paraître effrayant mais je veux que tu y sois à mes côtés. Et pour cela, pour y accéder, tu dois être forte, rusée, audacieuse, séductrice, et sans peur."

Il rajouta avec un petit rire malicieux.

"Oh mais je sais que tu adorerais te faire prendre par tous les soldats."

Il lui posa son index sur le bout du nez.

"Tes gémissements de plaisir de ce soir les ont déjà avertit de notre présence."


Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 17 dimanche 06 décembre 2020, 17:58:18

Alecto garda le nez en l’air, observant le ciel alors qu’elle n’osait pas croiser le regard de Damascus. Non pas qu’elle était effrayée, mais il fallait admettre qu’elle était mal à l’aise qu’il ouisse percevoir si nettement ses troubles, et qu’il soit plus lucide, lui, de ce qui se tramait en elle. Le Petit Corbeau ne savait mettre de mots sur ses réflexions floues, et que le Démon, lui semble les sentir et en discuter sans gêne, la perturbait.

Mais à vrai dire, même les graines de la rébellion en elle furent charmées par sa voix, et par les doux mots qu’il prononçait, sincères ou non. Qu’il puisse mentir ne lui venait pas à l’esprit, elle était profondément disposée à le croire, et se savoir chère à ses yeux l’emplit d’une large euphorie bienheureuse, soufflant fatigue et doute.

Avec une lucidité exquise et simple, Alecto baissa le regard de la voûte céleste jusqu’au gris de ses iris, et esquissa un sourire d’une honnêteté à tout rompre.

« Vous me voulez à votre image pour mon bien, et mon bien sert vos desseins. »

Au contact de son index sur son nez, elle le fronça comme une ingénue, et gloussa légèrement. Elle se demandait véritablement si elle apprécierait se faire passer dessus par une armée entière… Et repensa aux serviteurs de Saïf. Non. Pas comme cela.
Elle cilla en voulant répondre, car elle venait de toucher du doigt ce qui véritablement faisait la différence. Sa Volonté. Son humiliation était imposée, un traitement dicté par un Oriental, un étranger à leur cercle, sans doute loin d’être parfaitement dictée par le Démon. Alors que s’il le suggérait, ou si elle se doutait que cela puisse être bénéfique à leurs affaires, Alecto se donnerait à quiconque pourrait les aider, et… peut-être apprécierait-elle, en effet. Le Petit Corbeau frissonna à cette pensée.

Tendant le bras vers lui, elle repoussa une longue mèche de cheveux noirs qui s’était détaché de son catogan. Et fronça les sourcils. Immédiatement, elle se redressa avec souplesse, tourna dans son dos, et entreprit de remanier la tenue des liens qui enserraient sa chevelure d’ébène, en de petits gestes élégants, maîtrisés, satisfaits de l’ordre qu’ils mettaient.

« Il me plairait que vous soyez présents, dans ce cas. » Lui répondit-elle comme si ses instincts maniaques n’avaient pas coupé leur conversation.

« Avez-vous… aimé me voir châtiée par tous les serviteurs de Saïf ? » Cette question tournait en boucle dans son esprit, et prononcé son nom la dégoûtait. Elle y aurait trouvé quelque réconfort, à vrai dire, sachant son Maître excité du spectacle qu’elle donnait malgré elle.

Mais elle l’avait vu converser avec le Marchand, et se désintéresser de son sort, jusqu’à ce que l’adolescent ne se montre trop hargneux…

Alecto repensait à sa dernière phrase ; avait-elle tant crié lorsqu’il l’avait prise avec autant de bestialité ? Quelque chose la titilla, et elle gigota un peu derrière lui, finissant le joli nœud dans ses cheveux, et restant dans son dos.
Elle se demandait si elle serait capable de lui faire perdre le contrôle en d’autres circonstances… A des moments gênants ? Ses lèvres se pincèrent, pour éviter de sourire et glousser, à cette réflexion. Mais il faudrait qu’elle ait la réponse. Cette sorte de pouvoir qu’elle avait sur lui, il fallait qu’elle le teste, pour pouvoir l’exploiter, un jour… Sait-on jamais.

Saurait-elle un jour lui imposer ce qu'elle voulait, elle ?

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 18 dimanche 06 décembre 2020, 21:33:36

"Non"
"Non je n'ai pris aucun plaisir à te voir violer par tous ces hommes. J'ai en mémoire chacun de leur visage. J'avais besoin des informations de Saïf. Quand cette quête sera terminée, si tu le veux, nous les retrouverons tous et ils paieront. En fait, nous les retrouverons quoi qu'il en coûte."


C'était un fait simple que le démon venait d'édicter. Ces hommes mourraient de leurs mains, c'était acquis.

"En revanche, si tu y avais pris du plaisir, alors j'en aurais été satisfait. Oh ? Que je sois présent quand tu t'adonneras à une orgie ? Alecto, Alecto .... cherches-tu à m'exciter alors que nous devons nous lever tôt ? J'ai connu une succube, Anela je crois, qui passa deux jours à baiser comme une folle avec un groupe d'esclaves qu'elle s'était achetée pour l'occasion. Il était quatre vingt si je me souviens bien. Elle en était ressortie ravie, et eux, un peu moins de cinquante .... L'effort en a tué une partie..."

Le démon se perdit dans la narration d'anecdotes de ce genre dont beaucoup le firent rire. Celles incluant les nains étant les plus hilarantes. Dans les profondeurs des Enfers, le sexe était aussi répandu que prendre son repas ou assassiner son voisin. Un climat chaud s'instaura sous la couverture. Damascus se prit à décrire les Enfers à Alecto. Enfin, la partie 'agréable' des Enfers. Celle des niveaux où les palais et les citadelles écrasaient par leurs splendeurs les constructions humaines. La partie où les champs de torture et les steppes putréfiées n'étaient pas visible. La partie réservée aux élites démoniaques. Lui-même possédait toujours son immense forteresse, protégée par une myriade de protections magiques que seul le Diable en personne saurait désactiver. Il en énuméra tous les aspects, des colonnes de marbre pourpre aux murs et arches taillés dans des pans massifs de montagnes-diamants. Les sols étaient de cristal bleu, aussi résistant au chocs qu'un bouclier d'acier et le jardin aurait pu servir de modèle pour celui d'Eden. La salle des trophées ... non ... pas besoin d'en faire la description.

Alors qu'il parlait, un tentacule, toujours le même trop curieux, vint visiter l'entrejambe d'Alecto. Damascus le rétracta d'un grognement. Lui qui n'était pas un bavard confirmé prenait ce soir un réel plaisir converser avec sa compagne.

Il s'arrêta soudainement.


"Je sais je sais je sais !"

"L'armée de Nexus, c'est certain, manque de tout. Nous pourrions nous présenter comme associés de Tadéus Kervipar, ce généreux citoyen, richissime marchand de son état et prêt à soutenir l'effort de guerre de ces braves soldats en leur convoyant des approvisionnements issus de ses propres stocks. Oui c'est cela ! Il nous faut, de quoi écrire, du papier, on peut imiter son sceau qui apparait sur ton acte d'achat."


Le démon fouilla dans une sacoche et en sortit une dé de cire à bougie.

"Ca suffira ! Alecto ... Ah ! je n'ai pas de plume ni d'encre! Il se leva, je vais nous trouver ça chez nos voisins de la briganderie. Je reviens. Tu sais bien écrire ? Il faut un texte au vocabulaire riche, professionnel et ennuyeux à mourir!"

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 19 dimanche 06 décembre 2020, 23:07:53

En réalité, Alecto passa la plus délicieuse des soirées. Ecouter Damascus lui décrire une sorte de monde qu’elle n’avait aucune idée de représentation hormi celles des tableaux dans les Temples, était épatée par ce qu’il faisait vivre par ses mots. C’était difficilement imaginable pour un être humain aussi vulgaire qu’elle, ignorante jusqu’à peu que les ‘Démons’ fussent bien réels autrement que pour faire peur aux Croyants.

Elle ne connaissait rien aux succubes, et de mémoire, on lui avait interdit de lire les ouvrages qui traitaient des Enfers et ses créatures, dans la bibliothèque du Sanctuaire où elle avait été élevée… Cependant, le Petit Corbeau fut tant captivé par ce récit à la fois terriblement excitant, et parfaitement effrayant, qu’elle n’osa en rien demander ce qu’était cette créature. A bien y réfléchir, ce devait être une bête assoiffée de luxure, pour épuiser autant d’esclave lors d’orgies. Se mordant la lèvre, elle se sentait énorgueillie des douces paroles promettant sa vengeance et dès lors, la petite Poupée eut pour Damascus un regard, il est vrai, fou de dévotion. De reconnaissance, également.

« Je voudrai m’occuper moi-même de Saïf. » Avait-elle murmuré entre ses dents lorsqu’il avait évoqué les retrouvailles, après leur quête. Elle se força à ne pas ajouter ‘si vous le voulez-bien’, puisqu’elle tentait d’appliquer les préceptes que le Démon avait édicté plus tôt. Sans demander la permission… Cela n’était encore pas à sa portée, sans de gros efforts. Mais cela viendrait, car, au fond d’elle, Alecto était convaincue qu’elle comptait, que son avis était important, et qu’elle devait agir telle qu’elle le souhaitait, elle, et personne d’autre.

Le Palais de Damascus devait être somptueux, et à la hauteur du puissant infernal qu’il était, qu’elle voyait en lui. Elle adora qu’il se livre ainsi et sentait sa poitrine chauffer, au point que lorsqu’elle sentit le chatouillement d’un tentacule aventureux, elle se laissa immédiatement aller à pousser un soupir, prête à écarter les jambes ; Elle était comme, envoutée par sa voix, et l’envie de son corps si proche sous cette couverture enflammait ses sens, comme s’ils étaient seuls au monde.

Un sursaut accompagna le timbre tonitruant de son Maître, la faisant se redresser d’un bond alors qu’il venait vraisemblablement de trouver un plan infaillible pour qu’ils entrent sans peine dans la garnison de soldats. C’était une stratégie rusée, et cela marcherait, songea-t-elle, loin cependant d’être très douée en tactique de ce genre, puisque n’en n’ayant aucune expérience.

« Oh, oui. » Son regard devint lumineux, de braise, même, mais il n’y avait pas que du désir cette fois. Elle était excitée par ce stratagème qu’ils élaboraient et où elle se sentait bien plus importante que son rôle habituel consistant à offrir son corps à n’importe qui. Elle jubilait, lorsqu’il réclamait qu’elle écrive et alors, d’une voix assurée comme métamorphosée, elle se jeta sur sa besace brodée, en sortit le nécessaire volé : parchemins, flacon d’encre, plume ouvragée, même un porteplume et …

« Je vais mériter une belle récompense, Messire. » Susurra-t-elle en levant devant le nez du Démon le sceau gravé du Porcin Marchand amateur de reliques. A vrai dire, elle n’avait pas imaginé que cela lui serait utile, mais il était très joli, et elle avait eu l’occasion de le prendre sans risquer de se faire voir lorsqu’elle était alitée… La gravure en creux représentait deux pièces de monnaie, la face présentant un éclair, et le pile dessinant une clé pleine de sorte qu’elle paraissait, une fois imprimée dans la cire, être sombre. C’était un travail minutieux, mais pas une pièce de maître, et le Gras devait en posséder tant qu’il n’avait sans doute pas remarqué son absence.

Elle fit danser le sceau devant le visage de Damascus avec un sourire ravi, ajoutant avec une sorte d’orgueil nouveau.

« Je sais rédiger des contrats commerciaux, des lettres d’amour, les notifications d’huissiers pour solde de taxes, les bilans financiers et des cantiques de l’Ord… » Elle se stoppa, sa poitrine venant de lui faire mal, comme une aiguille qu’on lui aurait enfoncée, fonçant les sourcils sous le coup. Mais c’était immédiatement effacé.

Alecto revivait. Elle se révélait bien droite et fière, le visage plein de prestance et le regard vibrant d’assurance. Sans attendre tant elle était enthousiaste, elle cala un rouleau de parchemin sur sa besace épaisse qui ferait office d’écritoire, et disposa ses ustensiles avec un plaisir qui irradiait de tout son être. Elle avait toujours aimé l’odeur des ouvrages et du vélin, et avoir l’occasion de montrer l’étendue de ses talents à son Maître la rendait folle.

La plume en main, la pointe déjà trempée dans l’encre noire, et plongea ses yeux dans les siens. Pour un peu, elle aurait fait voler tout ce petit secrétaire de voyage pour lui sauter à la gorge, mais Alecto savait aussi combien il lui serait délicieux de dessiner ces lettres.

« Je vous écoute, que voulez-vous dire, je transformerai vos mots, ils n’y verront que du feu. »

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 20 lundi 07 décembre 2020, 17:34:26

«Généralissime,

Nexus vit aujourd'hui des temps troublés. Les hordes barbares d'Ashnard sont à nos portes et seule, face à elles, se dresse l'élite de nos vaillantes armées. Vous représentez le seul rempart entre ces monstres assoiffés de sang et les enfants de notre cité. Nous savons les sacrifices et les souffrances que vous endurez. Nous savons la bravoure qui est la vôtre et avons confiance dans la force de votre bras. L'acier et la volonté de votre armée nous sauvera de ces légions infâmes.

Mais la guerre n'épargne pas les braves. Mes agents m'ont informé des pénuries en subsistances que vous rencontrées.

Moi, Tadéus Kervipar, marchand de mon état, m'engage à vous soutenir à la mesure de mes moyens. A la rédaction de ce message, j'organise la préparation d'un convoi lourd qui vous apportera réconfort. Je prévois de vous parvenir du vin, des provisions en quantité. Un troupeau de bœufs suivra également. J'ai dépêché des coursiers prévenir mes comptoirs de mettre à votre disposition des fournitures pour équiper vos troupes.
Je n'attend pas de remerciements, ma démarche est citoyenne. Je vous demanderai juste, si vous le voulez bien, d' accorder à mes amis associés et messagers le meilleur accueil qui soit. Car après vous avoir délivré ce message, ils devront rejoindre mes établissements du Nord et se frayer un chemin par delà les hordes sauvages.

En vous souhaitant victoires et gloire éternelle,

Citoyennement vôtre

Tadéus Kervipar»


Cela devrait aller. Le plan était simple et reposait énormément sur le moral des soldats. Les officiers seraient sûrement heureux d'annoncer cette nouvelle à leurs hommes, et pourraient bénéficier d'un répit supplémentaire avant les premières rebellions ou problèmes de discipline.

Dès les premiers mots, Damascus avait observer Alecto. Elle était différente lorsqu'elle écrivait, laissant sans ambigüité s'extérioriser ses ressentis. Elle pouvait froncer ses sourcils, cherchant la manière appropriée de poser une phrase tout comme sourire d'une fine approche.

Il la laissa faire, confiant en ses talents et adossé à son rocher, attendit qu'elle termine. il en profita néanmoins pour étayer ses pensées.


"Je pense que ça se passera bien. Alecto, je te laisse carte blanche pour nous faire passer cette étape sans encombres. Tu seras l'envoyée de Tadéus et moi ton garde du corps. Ils seront surpris de voir une femme, même peut être méfiants mais tu sauras embrasser cette situation, je te fais confiance. Ce sera pour toi une nouvelle épreuve, un test que tu ne devras qu'à toi-même. A partir de maintenant, je te laisse les rênes de notre destin."

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 21 lundi 07 décembre 2020, 23:20:46

Alecto avait rédigé, dessinant les lettres avec une attention méticuleuse, traçant les formes, s’arrêtant pour lever les yeux au ciel, la plume contre la joue, en réfléchissant aux tournures de phrase, se relisant souvent.
Son poignet était souple, ses gestes d’une grâce pure, et tout son être semblait être harmonieux lorsqu’elle agissait ainsi. Elle y prenait un grand plaisir, et cela la rendait invincible. Elle n’eut pas besoin de demander conseil à son Maître, et lorsqu’elle estima que cette missive était idéale, la jeune femme se releva, tira le parchemin, et lui en fit lecture en marchant de long en large.

A vrai dire… elle n’attendait pas l’assentiment du Démon, mais plutôt qu’il soit fier d’elle et qu’il savoure l’élégance des paragraphes, la finesse des idées soufflées comme le plus méticuleux des scribes que pouvait posséder le Porcin Tadéus. Quel imbécile, d’avoir préféré sa bouche à son verbe, alors qu’elle lui proposait de devenir sa biographe…

A cet instant, le document terminé, le sceau apposé avec aisance tant elle était habituée à la chose, et replié dans un carré de cuir fermement noué, Alecto se sentait piquée par l’excitation, un désir qui l’enflammait profondément et elle avait une furieuse envie de ce corps infernal… Ces sensations nouvelles, que le glyphe encourageait là où jadis elle se réfrénait, semblaient difficiles à contrôler. Elle le dévorait des yeux.

Mais il venait de souligner comme il la laissait maîtresse de la situation, et cette confiance qu’il mettait en elle et ses actes agissaient comme un contre-sort efficace. Le Petit Corbeau se faufila de nouveau dans la couverture chaude afin de dormir un peu… Mais Damascus à côté était un aimant brûlant. Ses pensées peinaient à s’évanouir pour lui permettre de trouver le sommeil, elle avait des visions érotiques en tête, qui la perturbaient, et d’un coup, elle tendit la main vers lui, n’y tenant plus.

Au dernier moment, son geste s’interrompit, sa main se crispa dans le vide, tremblant nerveusement, symbole de la lutte qui opérait en elle.

Ils se lèveraient tôt et elle avait à être en pleine possession de ses moyens le lendemain. Elle ne devait pas se laisser distraire par le Démon, elle était clairement dans un état fiévreux anormal… Inspirant, expirant, lentement, Alecto fit revenir son bras docilement, ferma les yeux, le front en sueur, et chercha à se calmer en murmurant.

« Je ne vous décevrai pas, cette fois. »

Ce faisant, elle dormit, de manière assez agitée, ses songes troublés par des rêves orgiaques de succubes et de démons, où un immense porc rôtissait sur une broche au centre de la scène de débauche chaotique.

L’aube l’éveilla avec la sensation d’être humide, ce qu’elle constata, se remémorant ses fantasmes nocturnes. Sans attendre cependant, l’air plus grave, elle avait déjà replié tout leur modeste campement lorsque Damascus fut prêt.

Alecto accorda un soin particulier à sa mine, tressant ses cheveux en nattes qui, habilement nouées et retombées, cachaient partiellement sa tonsure disgracieuse. Elle c’était vue, dans le reflet du ruisseau, et en aurait pleuré tant elle s’était trouvée laide… Aussi, le Petit Corbeau avait laissé sa tunique ouverte sur un décolleté probant, pour attirer le regard sur une partie de son corps qui, selon elle, n’était pas aussi repoussant que son visage.

Des perles de métal dans ses tresses et quelques bijoux attesteraient de sa condition d’émissaire d’un riche marchand. Ils chevauchèrent, elle suivant la monture des ténèbres jusqu’à arriver proche de la garnison en question… Là, elle talonna sa jument pour aller au-devant de Damascus, prenant immédiatement son rôle.

L’Esclave n’était pas à l’aise. Elle allait mentir.
Mais, contrairement à sa prestation devant Saïf, elle avait été consultée par le Démon, et avait prit part à la supercherie… Il avait fait une erreur en la prenant de cours sans l’avertir, mais cette fois, c’était radicalement différent. Et Alecto n’était plus la simple suivante de son Maître, elle était, elle, l’Officielle.

Elle s’approcha en tête, le dos bien droit, la stature d’une noblesse étonnante, que lui conférait sa grâce simple et naturelle. Improviser n’était pas son fort, aussi avait-elle eu le temps du voyage pour songer à ce qu’elle dirait, répétant son texte intérieurement, afin de camper au mieux son personnage. La crainte était présente, mais quelque chose en elle chassait le doute. Ils réussiraient, elle le savait. Elle avait cette foi. Cette foi qui la rendait intouchable.


« Salutations, l’ami. Loin de moi l’idée de déranger les exceptionnels héros qui protègent avec bravoure la glorieuse nation de Nexus, contre ces chiens d’Ashnard, mais … » Elle se redressa, sur son cheval. Des trois soldats misérablement en poste pour la garde de ce qui était une des entrées du camp militaire, l’une semblait avoir du mal à entendre, l’un avait un œil crevé disgracieux, et seulement le troisième avait l’air de pouvoir tenir le choc, s’ils avaient été des brigands.

« … Mais j’ai là une missive de la plus généreuse importance à porter à la connaissance de votre Général. »

Le troisième, alerte, les observait d’un œil méfiant, même si Alecto perçu quelques coups d’œil à son décolleté. Elle s’efforça de garder la tête haute, et leva légèrement l’étui léger où se trouvait le parchemin falsifié.

Puisqu’il demandait qui les envoyait et qui était cet homme en armure, l’Esclave eu le réflexe de répondre d’elle-même, alors qu’elle allait attendre que Damascus, son Maître, prenne la parole.

« Je suis l’émissaire de Tadéus Kervipar. Oh, et lui ? » Elle tourna les yeux vers le Démon, se retint de lui sourire en le trouvant exquis, et renchérit. « Mon garde du corps. Les routes ne sont pas sûres, vous en conviendrez. Mais… Je n’ai plus rien à craindre, désormais que me voici entourée de courageux soldats. »

L’homme n’avait pas l’air sensible à la flatterie, mais il considéra Damascus, alors qu’il avait clairement hoché la tête en entendant le nom du Marchand.

On leur permit l’accès et ce fut la femme qui fut missionnée pour les conduire jusqu’au Général. Cependant, par mesure de sécurité, elle les laissa à pieds, et devant une tente qui, d’allure, ne semblait pas être celle du plus haut gradé militaire présent. Alecto ne connaissait rien aux insignes martiaux, et ne reconnut pas les armes du Légat qui secondait le Général.

On les fit poireauter de longues minutes, au point que la jeune femme commença à craindre qu’on ne les ait pas cru. Tournant les yeux vers son Maître, elle fut surprise par la pluie qui tomba, drue, d’un seul coup comme la mousson. Tout le camp militaire se mit en branle, on courait mettre les quelques tonneaux ouverts à l’abri, les denrées, les armes sensibles… Et ce fut leur sauf-conduit.

Le pan rouge de la tente s’ouvrit et une main les invita à entrer prestement.


- Allons, allons, qu’on ne nous accuse pas d’avoir laissé dehors sous l’averse l’amie de Tadéus Kervipar.

Le Légat était un homme très grand, au point qu’Alecto dut lever haut la tête pour voir qui parlait ainsi. Son armure attestait des batailles endurées, et les sutures sur son nez, le cocard, les bandages à son épaule jusqu’à sa main, témoignaient qu’ils n’avaient pas été vainqueurs souvent.

Elle s’inclina immédiatement, portant la main au porte-document.

« Je saurai témoigner à mon bon ami Tadéus de votre compassion à mon égard. » Et elle se redressa sans attendre qu’on le lui autorise, ce qui était en soit, un effort colossal. Le Légat n’était cependant pas confiant de nature, il les observait de ses petits yeux bruns.

Il se présenta, rapidement, et tendit la main, pour vérifier le fameux document invoqué. Alecto tendit donc la missive au dénommé Octavius Optio, second du Général Tisza. Après une brève lecture, Optio se laissa lourdement choir dans un fauteuil, comme si un soulagement comme un harassement brutal venait de l’assommer.


- Par tous les dieux, c’est inespéré.

Le Petit Corbeau réprima l’envie de sourire victorieusement, et de lancer un regard complice au Démon.

- Le Général Tisza n’est pas visitable aujourd’hui. Vous avez dû faire une longue route, je vais vous assigner une tente, hm, rien d’aussi riche que ce que possède le Gr… hm, votre ami, mais lorsqu’il sera visible, le Dux prendra attache avec vous pour …

Il s’interrompit, semblant seulement maintenant remarquer la tunique dénouée d’Alecto, laissant peu de place à l’imagination quant à la forme et la taille de sa poitrine. Pourtant, immédiatement, il reprit, droit dans ses bottes.

- Pour un contrat en bonne et due forme.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 22 mardi 08 décembre 2020, 22:56:03

Damascus haussa un sourcil. Aiguillonant les flancs de sa monture, Alecto venait de le dépasser sans même un regard, la tête haute et bien droite sur sa selle. La nuit avait été courte mais productive. Le démon avait découvert une facette de sa compagne qu'il ne connaissait pas. Ecrire la transcendait, l'illuminait. C'était la seconde surprise, la première ayant été la découverte du larcin de la jeune femme. Il ne s'en serait jamais douté.

La jeune femme avait prit avec sérieux le rôle qu'il lui confiait et présentait depuis leur lever une mine grave. Elle s'était préparé minutieusement et son choix de présentation était ... parfait.

A l'approche du camp des forces de Nexus, le constat de Damascus fut plus alarmant que ce qu'il avait prévu. L'installation des troupes s'étaient faite à la va-vite, sans ordonnancement, preuve manifeste d'un manque de commandement. Des soldats dépareillés trainaient, certains sans leur arme. Un imbroglio de tentes s'étalait à perte de vue. Ce qui avait été une fière armée n'était plus qu'un troupeau grouillant et démoralisé.

Les trois loques qui gardaient l'accès à ce champ de tristesse ne posèrent pas de problèmes. Quoi ? Même pas un sergent pour les contrôler ? Alecto jouait son rôle avec aisance, le mensonge bien posé étant agréable à écouter.

"Oh, et lui" Il frémit intérieurement ayant l'impression d'être rabaissé au rang de ceux qui les contrôlait. Diablesse va ! La nonchalance avec laquelle la jeune femme le désignait était insupportable ... mais délicieuse. Il l'avait cherché après tout.

Une guerrière les conduisit à travers le camp et Damascus put une fois de plus constater l'ampleur des dégâts. Il ne serait pas surpris qu'une épidémie se répande ici eut égard aux conditions d'hygiènes désastreuses. Il releva que les diverses infirmeries de campagne qu'ils passèrent étaient surchargées, les morts étant stockés pêle-mêle à l'extérieur avant d'être incinérés sur des bûchers non loin de là. Quelques groupes d'hommes faisaient rôtir des rats sur leurs dagues au-dessus de feux misérables. Ces rongeurs pullulaient, ajoutant au climat local le dernier stade de la saleté. Néanmoins, une zone non loin de là restait à peu près propre et ordonnée. Des chariots y étaient parqués à l'écart de la troupe et  surveillés par des gaillards plus frais et robustes que la soldatesque précédente. Ce devait être les derniers stocks de vivre, précieusement protégés des vols et rapines des régiments affamés.

Attendant devant la tente d'un responsable, Damascus fit part à voix basse de ses observations à Alecto. Pour confirmer ses dires, un gros prêtre tonsuré sortit de la zone protégé, une miche de pain sous le bras et un morceau de fromage entre les dents. Les hommes d'en bas le regardèrent méchamment. Une pluie glaciale s'abattit, synonyme de tourmente pour l'officier qui les accueillerait. Etre trempés en plus d'avoir faim n'améliorerait pas la discipline dans le camp.

L'homme qui les invita à entrer portait les attributs d'un officier de haut rang. Son état ne variait pas de celui de ses hommes. L'empire d'Ashnard s'était déchaîné. Quand Alecto s'inclina, Damascus suivit, et attendit qu'elle se redresse pour le faire aussi. En retrait de la situation, le démon observait et enregistrait ce qui se disait et ce faisait mais aussi ce qui ne se voyait pas. Un légat seul en journée ? Pas d'ordres à donner, pas d'ordonnances ? L'armée de Nexus avait-elle été décimée à ce point ?

Le nom de Tisza ne lui disait rien pourtant il connaissait les héros de la cité libre. Qui était ce type pour laisser crever ses troupes ainsi ? Il faudrait qu'il ai une discussion à ce sujet avec Alecto, qu'elle ne soit vraiment pas surprise si cet homme ne réponde pas à leurs attentes, ou soit différent du glorieux général qu'il devrait être.

Au moins, ce légat allait-il dans leur sens. Le soulagement qu'il afficha en disait long et Damascus fut heureux qu'il pense a leur attribuer quelque chose de décent pour se lotir. Se cantonner à son rôle de garde du corps avait du bon, rien ne lui échappait. La chute vertigineuse de l'officier dans le décolleté d'Alecto fut un grand moment de bonheur.

Emboitant le pas à 'sa maitresse', il se concentra sur les aspects du camp qui pourraient leur poser problèmes par la suite.



Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 23 mercredi 09 décembre 2020, 00:00:44

Un autre soldat fut chargé de les guider plus en retrait, et comme elle se devait de jouer son rôle du mieux qu’elle le pouvait, la jeune femme marchait avait aisance sans fanfaronner, n’ayant en aucun l’air de laisser traîner ses yeux, ou ses oreilles, à des endroits indiscrets. Contrairement à son Garde du Corps. En chemin, elle conversa avec le petit homme trapu que le casque en soupière protégeait de l’averse contrairement à eux deux…

Même si le militaire n’avait pas l’air du tout de les apprécier, il se dérida un peu lorsqu’elle laissa entendre qu’elle ferait sans doute prochainement le bonheur de leurs estomacs. Tous ces gens semblaient affamés, et ce constat choquant Alecto d’une manière sans doute moins stratégique que Damascus. Il lui paraissait improbable que la cité où elle avait grandi soit défendue par une armée aussi misérable, lui faisant craindre une défaite qui n’aurait rien d’étonnant. Cela la touchait, plus qu’elle ne s’y attendait, tout comme l’état lamentable de cette garnison, chaque passage d’un rongeur la faisant frissonner. Elle les avait en horreur, mais les aboiements enragés d’un molosse lourdement attaché à une chaîne à leur passage la firent cette fois clairement sursauté et gémir.


- ‘trainez po trop près de celui-là, mam’zelle. L’a rien becté depuis des lustres.

Grogna le soldat en les conduisant par un chemin où quelques inutiles planches de bois ne réussissaient pas à constituer un rempart suffisant à la boue qui commençait à couler. Les pans des tentes étaient ruisselants, comme si la pluie tombait depuis des jours, et le ciel bas n’annonçaient aucune éclaircie. C’était triste, et morne à mourir. Le moral d’Alecto, tantôt si enthousiaste et excitée par cette aventure, en prit un sacré coup.

Avant qu’il ne leur indique le lieu plus ou moins sec où ils seraient à l’abri, le soldat glissa sans le vouloir une information capitale. Ils ne risquaient pas de rencontrer le Général Tisza tout de suite, vu son état. L’Esclave allait le questionner mais, se rendant compte qu’il en avait trop dit, il se renfrogna et leur désigna une tente avant de faire demi-tour et de patauger dans la gadoue en chemin inverse, grommelant.

Alecto courut se mettre sous le dais salvateur, constatant qu’un brasero malheureusement éteint n’avait en rien réchauffé l’atmosphère humide et froide de leur unique pièce de vie. Au moins les paillasses n’étaient pas directement sur le sol, et la pente était en leur faveur, ne charriant en rien les eaux noires dans leur direction. Il y avait cependant à parier que les baraquements de la piétaille étaient inondés…

Frigorifiée, elle sursauta quand un autre anonyme vint leur déposer leurs affaires, garantissant que leurs chevaux étaient aux écuries. Mais quelque chose de désagréable alourdissait son estomac, comme un funeste pressentiment au sujet de leurs montures.

« Vous croyez qu’ils les mangeraient ? » S’inquiéta-t-elle, lorsqu’ils furent seuls, et qu’elle se dépêchait de sortir de leur paquetage une couverture. S’ignorant comme souvent, Alecto revenait déjà vers son Maître pour l’éponger.

« Je déteste cet endroit… » Murmura-t-elle, en passant le linge sur les joues détrempées du Démon, comme si elle regrettait déjà l’excitation qui l’avait si bien accompagnée avant de passer les portes de ce maudit camp.

« Que pensez-vous de ce qu’il nous a dit ? Et que voulez-vous exactement à ces gens ? » Sa voix avait été un peu plus nerveuse, peut-être empressée, comme si déjà elle voulait que leurs affaires ici avancent, impatiente de le quitter alors qu’ils venaient d’arriver. 

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 24 mercredi 09 décembre 2020, 11:12:41

Bien que ce fut désagréable, la pluie et le mauvais temps arrangeaient leurs petites affaires. Les soldats préféraient rester dans leur tente, la visibilité à l'extérieure était mauvaise, les bruits s'étiolaient dans le cliquètement des ondées et les sentinelles s'emmuraient dans une mauvaise humeur qui n'aidait pas à l'attention. Espérons que ces conditions difficiles perdurent. Le petit groupe pataugea un moment, se dirigeant vers leur antre de toile humide. Bien que peu loquace, le soldat qui les guidait laissa échapper une information capitale. Le général Tisza ne serait pas en mesure de les recevoir. Tout reposerait donc sur les épaules du légat Optio. Le premier contact ayant été établi, il leur serait plus facile de préparer un plan. De plus, l'homme paraissait plus terre à terre qu'aurait pu l'être un général d'armée. Cependant, rien n'était à exclure.

Leur tente avait aussi mauvaise mine que les autres. Elle était fraîche, le feu serait difficile à allumer, heureusement les paillasses n'étaient t'elles pas détrempées. La partie basse du camp ressemblait à une marre immonde, eux,  auraient au  moins la chance d'épargner à leurs corps ce traitement épuisant. Dormir mouillé était une torture. Un autre soldat, ou plutôt un gamin vint leur apporter leurs affaires. Rien n'y manquait néanmoins, des traces de boue dans leurs sacoches indiquaient qu'elles avaient été fouillées. Quand à la question des chevaux, Damascus éprouva le même poids dans l'estomac qu'Alecto ressentait. Il perçut son trouble. Cette information perturbait la suite des évènements. En aucun cas, ils ne pourraient se passer de leurs montures. Il s'assit sur une paillasse et réfléchit.


"Oui bien sûr qu'ils les mangeraient, je n'ai vu aucun animal à viande dans le camp. Pas même une vieille carne de bât...."

"En effet, cet endroit est détestable mais il nous est nécessaire d'y rester le temps que l'on trouve ce dont nous avons besoin. Cette armée ne vaut en rien les autres armées de Nexus. L'élite ne se trouve pas là. Stratégiquement, cette position n'est pas prioritaire. La grande forêt vers laquelle nous nous dirigeons est une frontière naturelle redoutable. Nexus aura disposé des troupes aguerries sur d'autres régions plus amènes à être envahies. Il nous aurait été plus difficiles de franchir ces passages là. Ne te fies pas à ce que tu vois, les véritables forces de la cité libre n'ont pas encore été engagées dans le conflit contre Ashnard."


"Voilà ce que nous allons faire Alecto. Bien que cela ne m'enchante pas, nous allons nous séparer, dès à présent. La situation des chevaux m'inquiète, et nous ne pouvons nous passer d'eux. Je vais aller passer la nuit aux écuries et m'assurer que tout aille bien. Toi en revanche, tu auras une mission plus subtile. Profitons que Tisza soit absent et concentrons nous sur Optio. J'ai vu dans sa tente des cartes de la région avec les positions de ses troupes. Une autre indique la route sûre que son armée a empruntée à travers la forêt en se repliant. Il nous la faut. Je n'ai pas pu voir les autres en détails. Tu dois récupérer ces cartes! Non ! Tu dois recopier ces cartes. Les voler éveilleraient leurs soupçons. Fais bien attention à ne pas te faire déceler, j'aurai du mal à vaincre cette multitude pour venir te chercher. Il n'y a pas de temps à perdre, nous nous retrouverons ici demain matin, je garde nos biens les plus précieux avec moi! Prends ce dont tu as besoin avant que je parte."

Le démon posa un baiser sur le front d'Alecto. "Je te fais confiance."

Après s'être perdu trois fois dans le dédale de tentes, il trouva les écuries. Ou plutôt ce qui faisait office d'écuries. Des piquets en bois maintenaient en place des bâches qui, pleines d'eau, pendaient mollement en leur centre. Dessous, leur trois montures renâclaient, seules. Pas d'autres chevaux à proximité. L'arrivée impromptue du démon dérangea un groupe d'hommes qui se tenaient tout près. Ils grommelèrent à son approche, apparemment contrariés qu'il soit là. Il leur adressa un sourire carnassier, la main sur le pommeau de son arme et les remercia pour la garde qu'ils improvisaient auprès de ses montures. Les soldats se retirèrent, le regard mauvais. La nuit serait longue. Damascus chercha un endroit à peu près sec pour se poser et après s'être assuré que les bêtes mange leurs dernière ration d'avoine, il s'assit, couvert de son manteau et observa le rideau de pluie qui obscurcissait le ciel. La nuit serait très longue.

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 25 mercredi 09 décembre 2020, 13:25:42

Sa besace au côté, Alecto courbait l’échine sous l’averse, recroquevillée sous sa cape de voyage où perlait chaque goutte gelée. Ses bottes étaient crottées et il lui semblait que ses os eux-mêmes seraient bientôt trempés. Elle retrouva avec pleine la tente du Légat, l’absence de soldats dans les allées par ce temps la laissant tourner en rond en se morfondant.

Plus elle avançait, plus il lui était délicat de songer à cette armée miteuse, tant cela la mettait mal à l’aise, même si fort heureusement, les mots de Damascus avaient su la rassurer au sujet de Nexus. Sautant par-dessus des flaques immenses, elle se présenta enfin devant la tente du Légat. Des sons parvenaient difficilement de l’intérieur : il n’était pas seul, ce qui n’arrangeait pas l’Esclave. Mais l’intempérie empêchait de distinguer exactement la teneur de leur propos, alors qu’elle aimait tant épier derrière les portes… Elle s’annonça alors, se raclant la gorge, et ce fut un homme de large stature aux favoris broussailleux mais au font dégarni, le visage buriné par les rides, et l’œil perçant.

Optio s’adoucit lorsqu’il la découvrit, réclamant de son second, Artus, qu’il la laisse entrer rapidement. Elle était congelée et se débarrassa de sa cape détrempée, pendant que le Légat l’approchait d’un brasero qui tentait de réchauffer toute la pièce qui servait de bureau de commandement. Rapidement, Alecto repéra les cartes évoquées par le Démon, mais prit garde à ne pas se faire prendre pendant qu’elle les observait.

Elle n’avait aucune idée de la manière dont elle devait s’y prendre, afin de les recopier. Les voler lui semblait une bien meilleure option, plus facile, et étrangement pour elle, très excitante. Savoir qu’elle pourrait tenter de subtiliser ces documents sous les yeux de leur propriétaire la rendit frémissante, mais ce n’était pas le froid… Oh non, c’était l’envie, l’appel étonnant qui la titillait. Un cadeau du glyphe, ou simplement une vieille pulsion qu’elle n’avait jamais laissé s’exprimer ?

« Les quartiers où nous nous trouvons sont au sec, je voulais venir vous remercier en personne… » Comment l’amadouer, comment détourner leur attention, à tous les deux ? Le Petit Corbeau déglutit, sentant le regard froid du Second posé sans cesse sur celle, méfiant, soucieux. Loin d’être aussi avenant que le Légat. Ce dernier lui servit du vin chaud, et Alecto lui lança alors un visage et un regard des plus reconnaissant… Ce geste parut le troubler, comme si la moindre once de sympathie paraissait le troubler. Pas étonnant, vu l’affreux vétéran qui le suivait, et l’ambiance de mort de son campement.

Il fallait qu’elle ne laisse pas passer cette occasion.

« Et je… Je n’avais pas envie d’être seule. »


- Votre garde du corps ne vous suffit pas ? Grogna immédiatement Artus, coupant la parole à son supérieur. Alecto cilla et esquissa un sourire, en direction d’Optio seulement, d’un air complice.

« Vous conviendrez que la compagnie de dignitaires de votre stature est plus aimable que ce sombre sire peu loquace. »

Elle ressentit à la fois une sorte de piqûre à la poitrine comme si elle venait de blasphémer, et comme si tout à la fois, elle venait de s’alléger d’un poids. Optio ricana, et évidemment Artus pesta entre ses dents quelque chose d’inaudible.

- Quand aurons-nous les largesses de votre marchand ? Aboya de nouveau l’officier dont la présence du Petit Corbeau semblait véritablement le rendre haineux. Un tel déferlement la perturbait, mais le Légat leva une main calme vers lui pour le stopper.

- Quand un contrat sera signé. Artus. Nous n’avons pas pour habitude de faire les choses en dehors des règles.

Le regard glacial du Second fixa les yeux clair d’Alecto comme s’il sondait son âme, et il plissa les paupières en sifflant légèrement. Un tel dégoût la désarçonnait… Optio, lui, paraissait tout au contraire trouver en sa présence un regain d’espoir. Elle se laissa brûler par le vin avant de continuer à avancer ses pions.

« Vos nombreux aides de camp et échansons pourront peut-être rédiger à l’avance ce précieux document, de sorte qu’il n’y ait que la signature du Général à apposer. Mieux vaut ne pas tarder à conclure notre affaire, n’est-ce pas ? »

Le Légat parut gêné, cette fois. Ils n’étaient que deux dans la tente d’ordre, il n’y avait aucun aide de camp. Aucun serviteur, aucun bleu pour les servir. Et ceci n’avait pas échappé au Petit Corbeau, habitué aux hordes d’esclaves autour d’une personne importante. L’air grave, il se laissa à nouveau tomber dans un fauteuil qui grinça… Visiblement, sa façade ne tenait qu’à un fil, exactement comme cette garnison… Il faisait son possible pour tenir bon, pour sauver les apparences. Mais…

Compréhensive, douce et avec un sourire presque maternel, Alecto s’approcha de lui, la tête du soldat à la hauteur de sa poitrine, et posa une main compatissante sur l’épaule qui ne souffrait pas de blessure visible. Artus porta immédiatement la main à la garde de son épée, mais la situation ne paraissait en rien menaçante.

« Laissez-moi écrire pour vous. Hm, voici un bureau en pagaille… » Elle venait de s’installer derrière le petit secrétaire aux nombreuses cartes. Les effleurer la fit frémir de plaisir. Elles étaient à portée de main, mais… Artus ne la lâchait pas des yeux, et désormais, elle percevait également le regard attendri, peut-être désespéré, d’Optio. Elle mit de côté les cartes, en apparence pour les ranger et faire de la place, triant parfaitement celles qui les intéressaient.

Le Second se pencha vers son supérieur et lui murmura quelques mots à l’oreille, et le Légat paru choqué, il se leva et porta une voix moins avenante, fixa le côté de son crâne tondu, sa coiffure élaborée devenue misérable avec la pluie.


- On me rapporte que votre signalement correspond à un couple de bandits qui a semé la mort avec barbarie à plusieurs lieux. Que vous êtes sans doute armée, et mal intentionnée.

Il n’y avait pas grande conviction dans sa voix, mais Artus, lui avait les yeux pétillants de sadisme lorsqu’il la regardait, intensément. Elle savait que son Maître ne lui viendrait pas en aide. Il fallait qu'elle se tire de ce mauvais pas seule.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 26 mercredi 09 décembre 2020, 21:12:49

L'espace d'un instant, Damascus se dit qu'Alecto devait profiter d'un bon feu approvisionné en bois sec en son honneur, qu'elle devait apprécier le vin fort que le légat avait dut lui servir et que contrairement à lui, elle avait quelque chose à faire. Une pointe dans le bas du dos le força à changer de position et après plusieurs essais, parvint à trouver l'équilibre idéal entre douleur, ennui et lassitude. C'est à dire pas grand-chose de très engageant. La pluie ne paraissait pas vouloir s'atténuer et  le démon espérait que la bâche qui les protégeaient, lui et les chevaux, tiendrait le coup. Rien n'était moins sûr.

Le temps s'écoula lentement et Damascus n'avait aucun repère pour se douter de l'heure qu'il était. Trente minutes auraient pu passées comme deux heures. Malgré le froid et cette maudite pluie, il finit par sombrer dans une torpeur malsaine, demi sommeil où en vérité, ni le corps ni l'esprit ne se reposait. Et du repos, il en avait besoin. Depuis leur départ, il avait peu dormi. Ses périodes de sommeil étaient courtes. Il les alternait avec des heures de veille, assurant leur sécurité.

Une planche craqua, proche de lui. Il ouvrit un œil et sans bouger observa deux ombres s'approcher des chevaux. L'une d'elle tenait un coutelas dont le fil luisait par éclats, tranchant. Les deux hommes, sûrement des soldats chuchotèrent et l'un d'eux s'approcha de la longe de la bête de bât pour la dénouer.


"Il est peut être un peu tard pour vouloir promener mes chevaux." annonça t'il de sa voix métallique qui claqua dans l'obscurité.

Les deux comparses frémirent et détalèrent sans demander leur reste. L'un d'eux s'étala même de tout son long dans la boue après avoir trébucher contre un seau. Le démon se leva pour se dégourdir les jambes et s'approcha des chevaux pour les rassurer de sa présence. Il flatta leurs flancs, caressa leurs naseaux et prit le temps d'accorder à chacun quelques mots agréables. C'était désespérant. Il repensa au verre de vin d'Alecto et s'irrita, morigénant dans son coin. La prochaine fois, elle irait s'occuper des chevaux!

Peu de temps après, brusquement, tous ses sens se mirent en alerte. Une, puis deux, puis plusieurs silhouettes apparurent dans son champ visuel, à la périphérie des écuries de fortune. Il en devinait d'autres, dissimulées dans les ténèbres de la nuit. Ces apparitions fantomatiques étaient toutes armées. Quand l'une d'elle avança, le démon constata qu'il s'agissait d'un soldat à l'air famélique. Tous ces hommes avaient faim, et lui avait trois chevaux.

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 27 mercredi 09 décembre 2020, 22:54:16

Acculée, Alecto garda son calme. Quelque chose venait de se passer en elle, lorsqu’elle avait réaliser qu’elle n’aurait aucun secours de la part d’un tiers. Elle qui avait toujours compté sur des Maîtres pour la guider et lui assurer protection -relative, selon- se retrouvait indépendante. C’était effrayant, mais elle comprenait que ses actes et ses mots seraient son seul salut. Il lui fallait se débrouiller seule. Pour elle-même, par elle-même.

Le Petit Corbeau afficha un visage désolé, et baissa les yeux humblement.

« Vos rapports auront oublié de mentionner que mon garde du corps est, en effet, un être sauvage et taciturne, qui donnerait sa vie pour sauver la mienne. » Elle souleva ses nattes pour montrer son crâne et alors qu’elle s’y était toujours refusé, déclara sans sourciller.

« Nous avons été pris en tenaille par quatre déserteurs de votre armée, l’une m’a attachée, l’autre m’a tondue, et les deux autres… » Elle se tut, baissant la voix de manière théâtrale, mais convaincante, puisque Optio leva la main pour lui interdire d’en dire davantage.

« Sans l’intervention de celui qui me suit, je n’aurais jamais pu vous porter cette chère missive de la part de mon ami Tadéus. » Il n’en fallait pas plus pour assurer au Légat de la légitime défense, mais Artus serrait la mâchoire et les poings, comme s’il regrettait qu’elle s’en tire si bien. Qu’avait-il donc contre elle ? La haine qu’il lui vouait ne sembler trouver aucune origine, et elle ne demeurait pas à l’aise en sa présence.

Il fallait qu’il ne soit plus un obstacle entre l’amabilité du Gradé et les cartes. Aussi était-il l’heure de jouer une carte qu’elle s’était refusé de poser dès son entrée… Ses grands yeux bleus fixèrent Optio, elle esquissa un sourire des plus purs.

« Mais s’il vous faut une preuve que je ne suis pas armée, j’espère qu’elle vous conviendra. » En parlant, elle dénouait les boutons de son corsage déjà bien échancré, et trempé. Ce fut rapide, il n’en restait pas tant que cela… Le Légat fut désarçonné mais visiblement emballé par ce geste, comme une oasis en plein désert. Le Second éructait d’une colère où le dégoût le disputait à la rancœur.

Une fois la chemise béante sur sa poitrine, la Poupée ouvrit les liens de son pantalon, l’abaissant à mi-cuisse en dévoilant son corps nu. Avec autant de soulagement que lorsqu’il avait lu la fausse lettre du Gras, Optio paraissait remercier le Ciel de cette vision, mais restait coi.

La nuit était bien avancée, elle n’avait plus tant de temps que cela pour recopier les cartes, et ne savait toujours pas comment elle s’y prendrait pour les obtenir. Cependant, gagner la parfaite confiance du Légat lui semblait une bonne avancée. Il leva une main, non pas timide, mais plutôt hésitante, vers son sein.
Vraisemblablement, la présence de son Second était moins perturbante que la vision de cette nymphe porteuse de tant de bonnes nouvelles. Faisant un pas pour lui forcer la main, Alecto se surprit à ressentir immédiatement une chaleur diffuse, dès que le soldat empoigna ce globe de chair lourd, délicatement comme s’il ne paraissait pas y croire.


- Légat Octavius Optio, vous n’y pensez pas !

Grogna derrière lui le Second hargneux qui paraissait sur le point d’exploser de fureur. Il fallait désamorcer ce piège rapidement avant qu’il ne soit un véritable problème. L’Esclave ronronna.

« J’en ai un deuxième, ne sois pas jaloux. » Mais Artus cracha au sol.


- Toutes des putains ! Même pas en rêve, trainée. Je ne suis pas aussi crédule que …

Oh, le Légat ne semblait pas assez aveugler par sa poitrine pour ne pas prêter attention au sérieux manquement de son officier. Il se tourna vers lui, lâchant avec regret le téton qu’il était en train de faire rouler entre ses doigts. La peste soit de cet Artus ! Alecto, aussi prestement qu’un pantalon au milieu des jambes le lui permettait, se mit entre eux deux, offrant sans doute au caractériel et misogyne Second une vue dégoûtante que ses fesses nues.

« Occupons-nous de lui, il a été un très vilain soldat… »

Elle se sentant de plus en plus à l’aise dans son rôle, mentait avec aisance, à son plus grand étonnement. C’était grisant… Et… les caresses du Légat l’avait, elle devait l’avouer, mise en appétit, la troublant. Dans sa poitrine, le glyphe vibrait imperceptiblement.

Octavius Optio se prit au jeu, visiblement excité par la situation, et parfaitement ferré. Il avait fait preuve d’abstinence depuis trop longtemps, et vu la situation, il serait soit mort, soit malade, soit pendu bientôt… Une nuit de débauche était une modeste lueur d’espoir…
Avec l’aide du Légat, Alecto attacha alors le Second à un fauteuil. Il ne se laissa pas faire, et voulut crier, au point que le Petit Corbeau lui enfonça un morceau de tissu humide dans la bouche en lui susurrant des mots doux à l’oreille.

« Ne t’en fais pas, tu ne seras pas en reste, mais la primeur revient à ton Supérieur. »

Pourquoi cette situation l’excitait-elle autant ? Elle s’étonnait de ses mots, de ses actes… Agir sans craindre d’être jugée par un Maître était une euphorie nouvelle, qu’elle croquait à pleines dents.

Artus gigotait, mais ce fut Octavius qui, libéré des grommellements de son Second, ne put plus attendre. L’homme froid et droit se transforma dès qu’il fut assurer qu’Artus ne tenterait rien, en lui sautant à la gorge pour lui dévorer le cou, ses mains palpant sa chair avec avidité. Mais le Militaire était visiblement empressé, trop au goût d’Alecto qui avait envie de ses attentions, et qui grogna lorsque l’homme la retourna, la pliant en deux pour affaler sa joue contre le secrétaire et la prendre subitement sans autre forme de tendresse.

Ses coups de reins du Gradé étaient pourtant délicieux. Loin d’être aussi sauvage que les assauts infernaux de Damascus, mais un simple humain ne pourrait rivaliser… Non, il était acharné, pourtant, et très expressif. C’était… Enivrant. Il gémissait, complimentant ses hanches et la forme de son postérieur qu’il jugeait même de divin. Il parlait, parlait… Quel bavard, et plus il discourait, plus la tête du petit Corbeau frottait contre les cartes, de plus en plus fort, de plus en plus vite.

Et le tout, sous le regard d’Artus qui exprimait la profonde aversion qu’il avait pour elle. Du coin de l’œil, elle le voyait tenter de bouger, écœuré et furieux… Et elle fut prise de surprise par un orgasme puissant, incontrôlable, qui convulsa tout entière, en hurlant dans un râle rauque et profond.

Rendu fou par l’extase de la jeune femme, Optio se répandit en elle, ne contrôlant plus rien, lâchant un soupir presque ridicule, et se retira d’elle en reculant comme un homme hagard mais bienheureux. Alecto prit quelques instants pour se remettre. Ses yeux se tournèrent vers le Second qui avait presque l’air paniqué, cependant qu’elle essuyait ses cuisses luisantes d’un linge, où gouttait déjà la semence de son Supérieur. 

« A ton tour. » Lui sourit-elle.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 28 jeudi 10 décembre 2020, 22:28:53

Il faisait déjà froid cette nuit-là mais soudainement, l'air devint glacé à mesure que la tension montait autour des chevaux. Damascus avait dénombré une trentaine de gaillards évoluant dans les ténèbres nocturnes. Les soldats affamés marchaient en cercle autour de la petite élévation où se trouvaient les écuries de fortune. Prudents, ils évaluaient la menace. L'homme qui se tenait entre eux et leur éventuel repas avait tout l'air d'un guerrier, et la lame qui pendait à sa hanche était de taille respectable. Bien qu'ils fussent munis d'armes simples, ils avaient pour eux le nombre et la convoitise d'un rôti de cheval bien juteux les rendaient hargneux.

Le démon savait que la situation lui échapperait d'une manière ou d'une autre mais rien qu'à l'idée de céder un pouce de terrain à ses parasites, son essence maléfique se révoltait. Se replier ou faire le jeu d'un adversaire ne lui posait aucun problème, quand le bénéfice en était gagnant. En revanche, penser à s'incliner dans ses conditions le hérissait furieusement.

Il dégaina son épée qui crissa en glissant hors de son fourreau, murmure annonciateur de mort et promesse de boucherie. Il pointa sa lame à l'horizontale, prolongement mortel de son bras et suivant le mouvement de ronde des soldats, les désigna un à un. Le message était clair. Il faudrait se battre pour manger. Son sang bouillait dans ses veines, quémandant la violence du combat.


"Je ne suis pas sûr que l'un d'entre vous veuille mourir ce soir."

Les soudards s'immobilisèrent, certains se concertèrent. L'un deux s'avança, aussi épais qu'un chêne, chauve et recouvert d'une cotte de maille rouillée. Il tenait entre ses gros doigts une lance de 8 bons pieds à la pointe aiguisée. Il parla d'une voix sourde.

"En effet monseigneur, aucun d'entre nous ne souhaite trépasser cette nuit, tout comme vous. Notre curiosité nous poussait juste à venir voir si l'une de ces montures étaient à vendre. Nous pourrions payer avec ... du bon acier de Nexus."

Il tapota le fer de sa lance avec affection tandis que tous resserraient leur étau autour des deux hommes. Damascus sourit cruellement, cette réponse engageait un processus qui offrirait aux Enfers de nouvelles âmes à torturer. L'homme ajouta cependant.

"Nous ne doutons pas de votre maitrise du combat à l'épée, monseigneur, aussi nous sommes nous parés, nous aussi, de nos meilleures armes. En ce moment, un groupe identique au mien se tient près de la tente du légat Optio. Si jamais l'un de nous meurt, votre jolie donzelle aura les mains tranchées et les yeux crevés. C'est aussi simple que ça."


Le démon serra les dents. La tentation de décapiter cette ordure était forte mais il fallait reconnaitre que cet homme avait bien ficelé son plan. Observation, analyse, action, victoire. Damascus fit un immense effort de volonté pour résister à ce que son être lui hurlait d'accomplir. Il en tremblait de rage, ce qui fit sourire son agresseur qui lui fit un petit geste désolé.

"Il va falloir faire vite monseigneur, nous avons faim. Vous pourrez fulminer plus tard."

Les rangs se resserraient plus encore, nombreux étaient ceux qui portaient une arme longue, désavantage majeur pour le démon. Quand il capitula, son teint albâtre avait presque viré au vert.

"Un seul cheval ! Si tu refuses, elle mourra mais toi aussi."

Le soldat se fendit d'une révérence.

"Je savais que nous trouverions un terrain d'entente. Nous sommes nombreux, il faut beaucoup de viande."

Le chef du groupe fit un geste et ses hommes firent quelques pas en arrière, indiquant une trêve. Damascus rengaina son arme et sans hésitation, se dirigea vers la bête de bât, la plus dodue. C'était une perte irremplaçable mais des trois chevaux, le seul sacrifiable. Il la désigna aux crèves-la-faim et récupéra l' harnachement et les sacoches vides, leur contenu étant dans la tente. Bien qu'inutile sans cheval, il ne laisserait pas cet équipement à ces pouilleux. Sans un regard pour les autres, il détacha ses deux autres montures et les entraina avec lui pour rejoindre la tente mise à disposition par Optio. Il ne l'avait pas atteinte qu'un hennissement de terreur retentit, suivit d'une ovation joyeuse.  Damascus vivait une humiliation comme il n'en avait pas enduré depuis des éons.


Alecto Nemed

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    Crédule, extrêmement pieuse, facilement impressionnable et très discrète, elle va rougir si vous continuez à la regarder ainsi !

Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 29 jeudi 10 décembre 2020, 23:38:43

Alors que le Légat se remettait difficilement de ses émotions, Alecto s’était agenouillée au pied du Second, dont le buste était attaché à un fauteuil légèrement plus confortable que ceux qui se trouvaient dans la tente qu’on lui avait mis à disposition. Toujours bâillonné, l’homme se débattait avec une farouche haine dans le regard, ses pupilles étaient deux billes rondes et noires lui lançant des éclairs…

Pourtant, électrisée par le plaisir qu’elle venait de prendre en pleine figure à la manière d’un raz-de-marée, le Petit Corbeau ressentait une sorte d’envie malsaine de faire bouillir cet immonde Artus. Parce qu’il l’avait insultée. Insultée de Putain. Et qu’il fallait que l’un paie pour avoir user, encore, de cette vulgarité envers elle, en souillant sa vertu. Vertu assez faible, actuellement, il fallait l’avouer, cependant qu’elle ouvrait le pantalon du bougre qui pestait en panique dans son bâillon.

Elle n’entendait pas ce qu’il disait réellement, mais cela ressemblait à des promesses de mort. Et Alecto se sentit puissante… C’était la seconde fois qu’elle ressentait l’envie perverse de posséder un homme qui ne pouvait pas réagir, et qui n’aurait pas son mot à dire, loin de là. Artus ne l’excitait pas en tant que mâle, le sexe qui pendait désormais entre ses jambes ne l’attirait pas, non… C’était comme un désir puissant de domination.

Le regard du Petit Corbeau scintilla de malice lorsqu’elle le prit en bouche, s’acharna de longues minutes…
Mais le membre restait mou et flasque.

Elle fronça les sourcils, cracha dans sa main, et l’astiqua avec une vigueur qui trahissait son agacement. Mais rien n’y faisait. Pire encore, Artus se mettait à ricaner en baragouinant des insultes. Elle se redressa, et la gifle siffla sur la joue mal rasée du Second.

« La ferme ! » Gronda-t-elle, mais il était hilare, et il riait en faisant balloter un membre toujours aussi serein. Véritablement dégoûté par sa présence. Elle n’avait aucune emprise sur lui… Alors que tous les hommes avaient eu, de près ou de loin, quelques envies en la voyant. Alecto déglutit, et aurait réitérer une baffe si le Légat, derrière elle, n’était pas venu se coller contre ses fesses. Au contraire de l’Officier, le Supérieur était, lui, très excité de nouveau.

Elle grogna, rendue bougon par l’humiliation, sans une once de désir désormais pour Optio, mais l’homme n’était pas de cet avis, et se frottait à elle avec insistance. Alecto peinait à réfléchir, tant la colère tapait à ses tempes. Il lui fallait du temps, et du calme. Luxe qu’elle n’eut pas, les épaisses mains du soldat passait le long de ses côtes, pour palper ses seins.

Elle allait le repousser nerveusement quand une violente douleur lui vrilla le tibia, la faisant se plier en deux sous le choc, pour se prendre un magistral coup de pied dans la mâchoire. Artus face à elle venait de trouver le moment opportun pour lui asséner de vifs coups de bottes, se relevant en cherchant à se défaire de ses liens comme un forcené.

Tombant à la renverse après l’attaque cinglante, Alecto échoua sur le Légat qui fut entraîné dans sa chute. Cependant, là où le Gradé offrit un atterrissage plus doux à l’Esclave, Octavius rencontra le coin du secrétaire, et dans un bruit sec, s’effondra, inerte.

Cet incident passa pourtant inaperçu pour le Petit Corbeau, qui se releva avec difficulté, rendue moins adroite par son pantalon à mi-cuisse, mais obligée de bouger afin d’éviter d’autres coups de pieds agressifs et fort heureusement rendus chaotiques par la rage de son assaillant. Elle voulut reculer, mais fut déstabilisée par le corps d’Optio, et dans un réflexe de survie, Artus ayant fini par briser ses liens et se jetant sur elle, Alecto dégaina le gladius du Légat au sol, qu’elle pointa droit devant elle.

En une seconde, les grognements du Second cessèrent. Embroché à la courte lame, son poids lui fit lâcher le pommeau et elle se retrouva, presque nue, entourée de deux gisants.

Sa première pensée fut de fuir, mais elle se souvint des cartes. Tentant de ne pas céder à la panique, encore galvanisée par l’adrénaline de cette attaque, Alecto se rhabilla à la hâte, et contourna le petit bureau, pour dérouler un grand morceau de parchemin. D’une main tremblante, elle superposa les documents et recopia sur la feuille vierge les lignes et contours du dessous.
Ce n’était en rien les meilleures conditions pour qu’elle cartographie correctement, mais il faudrait s’en contenter. Au dehors, un hennissement lui glaça le sang, la perturbant, laissant une tache se former sur le parchemin qui buvait l’encre. Malgré tout, elle transcrivit de manière plus ou moins lisible les éléments demandés…

Les documents roulés furent mis à l’abri dans son corsage, et elle prit le temps d’observer les deux hommes immobiles. Optio respirait toujours, mais perdait beaucoup de sang à l’arrière du crâne… La jeune femme fut prise de terribles remords, et eut un haut-le-cœur. Mais elle n’avait ni la place, ni le temps pour la pitié. C’était elle ou eux. Et le Petit Corbeau avait une mission… Et il ne faudrait pas longtemps avant que quelqu’un n’entre ici et constate ce qui c’était passé. Si on l’avait vue entrer chez le Légat, elle serait rapidement accusée… Il fallait agir vite.

Ses pas revinrent vers le secrétaire, qu’elle pilla : une bourse d’or, des lettres de marque, un ordre de mission, un sceau militaire, un compas et une petite boîte qui contenait du tabac. L’air grave, elle se pencha sur Octavius, posa un baiser sur ses tempes en s’excusant à mi-voix, et d’un net mouvement du pied, fit basculer le brasero. Les charbons ardents se déversèrent sur les tapis et les pans de tissus de la tente, les flammes se propageaient rapidement…

Dès lors, elle s’enfuit sans demander son reste, entendant déjà les cris et alertes au feu. Même sous l’averse, alimenté de la sorte, l’incendie serait pénible et causerait des dégâts irréparables… La cohue fut telle, que personne ne se soucia d’elle, et alors que le soleil semblait prêt à se lever, Alecto courut dans la boue, jusqu’à leur tente.

Un point de côté lui lacérait le ventre quand elle s’en approcha, à bout de souffle, avec son butin qui brinquebalait. Sa mâchoire la faisait atrocement souffrir, elle saignait et aurait un imposant hématome, mais elle avait sauvé sa peau. Du moins, pour le moment. Quand elle aperçut Damascus se diriger vers elle, tenant par la bride leur deux montures, elle ne réalisa pas qu’il en manquait une, et accéléra pour le rejoindre, en nage.

« Il… il faut partir, Messire. J’ai… » L’odeur accompagnait les cendres qui se déversaient avec la pluie en collant à la peau, et soudain, des cris plus haut se firent entendre, très nettement.


- Mutinerie !


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