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Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

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Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 30 vendredi 11 décembre 2020, 17:52:27

Damascus prit de plein fouet la petite poupée qui se jeta dans ses bras. Sous le choc, ils dérapèrent dans la boue et il se retrouva assit dans une mare terreuse avec Alecto sur les cuisses. Elle avait le visage marqué et parlait difficilement.

"Arrête ! Fais moi voir !"

Il la prit par le menton et observa son visage. Ca irait pour l'instant.

"Tu as ce qu'il nous faut ? ..... Qu'as tu fait ?"

A sa réponse il éclata de rire.

"Petit corbeau des tempêtes hein ? Bon, il ne faut pas traîner ici."

Le camp autour d'eux entrait en ébullition. Les soldats jaillissaient des tentes, armes en mains. La pluie battante avait couverte la clarté des cris aussi ne savaient-ils pas s'il s'agissait d'une attaque ennemie ou d'un quelconque autre drame. La confusion était complète. Un homme passa en courant près d'eux et faillit les embrocher avec sa hallebarde. Pour ne pas arranger les choses, la pluie redoubla et ils furent instantanément réduits à l'état de serpillère. le démon hurla pour se faire entendre.

"On charge ce qu'on peut sur les chevaux et on file!"


Un éclair zébra le ciel suivi d'un deuxième plus proche. Un piquet de leur tente céda sous le poids de l'eau accumulée dans le dais et leur abri s'effondra en un tas de toile informe. Dessous, damascus récupéra ce qu'il put en jurant et se débattant. Quand il eut retiré tout leur barda, il constata comme il le craignait qu'ils ne pourraient pas tout emporté. Lui pouvait vivre avec peu de choses mais Alecto le pourrait-elle ?

La diction gênée par la pluie frappant ses lèvres, il colla sa bouche contre l'oreille d'Alecto.

"Nous n'avons plus que deux chevaux, choisis ce qu'on prend avec nous !"



------------------------------------------------------------------------------------------



Possibilité d'emport : 55 points maximum

- 1 couverture de voyage : 10 pts
- 2 nattes : 2 x 5 pts
- 8 outres d'eau (1 outre/jour pour deux personnes) 8 x 2 pts
- 8 rations quotidiennes (1 ration/homme/jour) 8 x 2 pts
- 4 rations d'avoine pour les chevaux (1 ration/cheval/jour) : 4 x 2 pts
- 2 lourds manteaux de voyage : 2 x 4 pts
-  Nécessaire à feu : 5 pts
- Ustensiles de cuisson : 4 pts
- Toile étanche 3m sur 3m : 8 pts
- Effets de rechange : 6 pts
- Piquets de bâche : 4 pts




Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 31 vendredi 11 décembre 2020, 20:39:46

A bout de souffle, et se laissant gagner par la panique, Alecto grimaça dès que le Démon lui releva le visage. Sa mâchoire était gonflée et le sang peinait à sécher dans cette averse torrentielle, mais la seule information importante restait à lui délivrer.

« Oui, oui, j’ai les cartes ! » Fit-elle avec un demi-sourire rendu gauche par l’ankylose de sa joue. Et dans le chaos ambiant, chercha à résumer au mieux… mais étrangement, elle se sentait honteuse.

« J’ai mis le feu au camp… c’est euh… Je n’ai pas eu le choix, je vous jure. Mais je crois que le Légat, et aussi son Second, sont morts. Enfin. Le Second, c’est sûr. » Elle fronça le nez quand Damascus éclata d’un rire enjoué, comme si toute cette pagaille n’était pas un drame. Ce qui la rassura, en réalité.

Comme il n’était pas temps d’en rire ensemble, et qu’elle sursautait à chaque hurlement ou course d’un groupe de mutins dans cette guérilla anarchique, il ne lui fallut pas le lui répéter deux fois, et elle se mit en branle. Les éléments se déchainaient, laissant les deux voyageurs dans un état misérable et Alecto n’eut pas le temps de demander la raison pour laquelle ils n’avaient plus que leurs deux montures.

Ce détail l’ennuya, trempée, pataugeant, alors qu’elle rassemblait leurs affaires à la hâte sans réussir à faire de choix. Elle avait fourré dans sa besace ces trésors et aurait tout le temps plus tard d’avertir son Maître de ses petites trouvailles, en attendant, elle restait perplexe face à la quantité de possessions qu’ils devraient laisser derrière eux.

Il lui sembla impossible de voyager sans couvertures ni manteaux, et elle se refusait à laisser de côté les vêtements qu’ils avaient acheté ensemble à Nexus pour préparer ce périple. Quant aux outres et aux rations, c’était indispensable, évidemment : elle ne savait pas chasser et n’avait pas le talent nécessaire pour se nourrir par elle-même avec ce qu’ils trouveraient sur la route. Le bien-être de leurs serviables montures lui paraissant important, elle garda avec elle l’avoine qui leur plaisait tant. D’autant que les Contrées du Chaos ne vendaient aucun rêve culinaire, ni pour les bêtes, ni pour eux, dans son imaginaire. Et comme elle grelottait sous la pluie, impossible de se passer d’un nécessaire à feu, ça non.

Avec horreur, elle constata cependant que tout ceci représentait bien trop de volume et de poids pour leurs chevaux et paniqua. Adieux les couvertures de voyage, elle les poussa sur le côté, estimant qu’ils dormiraient sous le gros et chaud manteau. Un soupir de regret lui serrait le cœur, mais il était temps de déguerpir, autour d’eux le campement était mis à sac, à feu et à sang, et il ne faudrait pas longtemps pour qu’on les prenne à partie.

Elle harnacha au mieux sa jument que l’atmosphère rendait nerveuse, raclant la boue de son sabot. Même cette bête docile semblait avoir vécu une soirée hors du commun… Alecto caressa son encolure trempée où ruisselait la pluie drue en tentant de la calmer. S’enroulant dans son épais manteau, les cartes toujours bien à l’abri entre sa peau et son corsage, le Petit Corbeau grimpa en selle. Il était temps de s’enfuir, et pour cela, il faudrait talonner leurs destriers et rester bien en place : pas question de tomber maintenant. Au moins l’eau gelée apaisait sa mâchoire…

Sans un regard en arrière, ils prirent donc la fuite, laissant derrière eux bien plus que ce qu’ils avaient réellement perdu. Mais au moins, ils avaient ce qu’ils étaient venu chercher.

Il fallut galoper de nuit, sous l’orage, ce qui n’était en aucun cas une excellente idée. A chaque éclair, le Petit Corbeau sursautait, voutée sur sa jument pour éviter autant que possible la pluie qui battait son visage, l’empêchant de voir quoi que ce soit. En réalité, elle ignorait totalement la direction qu’ils prenaient, mais quand ils atteignirent, des heures après que la lueur des flammes de la garnison eut disparues derrière eux, un bosquet famélique, elle le vit comme la plus salvatrice des options.

Ce serait moins pire, du moins.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 32 samedi 12 décembre 2020, 23:57:22

Ils avaient pris des risques insensés. Chevaucher sous cet orage avait été d'une bêtise crasse mais ils n'avaient pas eu le choix. Ils s'étaient extirpés du camp avec le plus grand mal. Le matin se lèverai sur un monceau de cadavres. Comme il le pensait, une petite étincelle avait suffit à déclencher ce déchainement de violence. Etre aux milieu d'un camp d'une armée en pleine rébellion était comme s'asseoir sur les couilles d'un dragon, très dangereux. Et la petite étincelle en question était à ses côtés, dans le même état que lui. Alecto s'en était bien sortit, heureusement. Il éprouva une pointe de fierté, sentiment très égoïste en l'instant.

Le ciel était déchaîné. Les intervalles entre les claquements des éclairs se rapprochaient, la pluie était plus dense, c'était une véritable apocalypse qui s'abattait sur eux. Les deux échappés erraient presque au hasard. Damascus craignait un drame. Qu'un cheval se brise une patte ou que l'un d'eux tombe et se rompe le cou, la situation devenait critique. Le bosquet qu'ils devinèrent dans le rideau d'eau fut la meilleure chose qui puisse leur arriver mais ils déchantèrent vite. Les arbres fins et parsemés n'offriraient aucune protection et quand un éclair frappa et enflamma une souche à quelques dizaines de mètres, il fut évident qu'ils ne resteraient pas là, ils devaient continuer. Damascus guida sa monture contre le flanc de celle d'Alecto et hurla pour se faire entendre.


"On ne peut pas rester là !!!! Ca ne servirait à rien, il faut qu'on avance. Demain, ils nous chercheront!!!"

Même si les chances de les retrouver étaient nulles, le démon cherchait à s'éloigner le plus possible des forces de Nexus.

Quand ils sortirent du bosquet, ils s'immobilisèrent. A une centaine de mètres devant eux s'élevait la plus grande forêt du territoire. Sa lisière noire s'étirait dans la nuit, rempart végétal hostile et frontière naturelle de la cité libre.


"Nous y sommes, il faut y trouver refuge et attendre le jour !!"

Le démon descendit de selle et invita Alecto à en faire autant. Tenant les rênes courts, ils traversèrent l'espace restant à pied. L'orage gronda plus fort encore, comme furieux de perdre deux victimes de sa colère. Dès qu'ils passèrent la première ligne d'arbres, l'atmosphère fut tout autre. La forêt endormie contenait le vacarme de l'orage loin, au dessus leur tête. L'air était lourd et oppressant et aucun bruit naturel ne perturbait le silence pesant. Il émanait de cette forêt une impression d'immobilité éternelle comme si tout ce qu'ils voyaient ou devinaient avait toujours été là. Etrangement, la pluie aussi ne passait pas les hautes couches de feuillage, ruisselant sûrement le long des troncs par des voies invisibles. Seules quelques gouttes s'écrasaient sur l'épaisse couche de feuilles sèches qui tapissait le sol. C'était une forêt ancienne et les troncs des arbres étaient aussi gros et tortueux que des citadelles humaines. Sous cette démesure, les racines s'entrelaçaient, émergeant de la terre et formant des arches et des architectures complexes.

Les deux aventuriers s'engagèrent dans ce dédale végétal et très rapidement, Damascus trouva un endroit qui lui convenait. Nichée dans le creux d'un tronc, une cavité naturelle pouvait abriter les chevaux qui trop heureux de se retrouver au calme et protégés de l'eau froide se laissèrent faire sans bruit. Une fois les montures déharnachées, Damascus et Alecto les frottèrent à l'aide de grosses feuilles sèches. Preuve de l'épuisement des bêtes, celles-ci se couchèrent, chose qu'elles ne faisaient que très rarement.


"Nous ne ferons pas de feu Alecto, changeons nous et viens près de moi."


Quand ce fut fait, le démon avait amassé suffisamment de feuillage séché pour les isoler du sol. L'un contre l'autre, ils se couvrirent de leur manteaux et se réchauffèrent comme ils le purent de cette manière.

"Dormons! Nous ne monterons pas la garde, qu'importe, nous sommes épuisés. Récupérons et perdons du temps pour mieux repartir. Demain, je t'expliquerai où nous sommes."
 

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 33 dimanche 13 décembre 2020, 00:37:02

Alecto masqua la déception de ne pas s’arrêter au plus vite dans ce miteux bosquet, mais le tonnerre et surtout le départ de feu furent assez convainquant ; d’autant que dans ces conditions et son état, le Petit Corbeau était tout disposé à obéir aveuglément à son Maître. Il fallait avouer qu’elle se sentait étrange, l’adrénaline retombant déjà et la laissant trop sensible à tout ce qui se passait autour d’elle. Affaiblie, elle crut pleurer quand il fallut continuer à chevaucher sous l’orage qui la terrifiait, mais tint bon.

Mais ils avaient bien fait de prolonger leurs efforts, et dès qu’ils franchirent la frontière de cette forêt ancestrale, l’Esclave se sentit étrange. Rassurée, évidemment, puisque les bruits des éléments qui se déchaînaient avaient miraculeusement stoppés, mais aussi lourde et mal à l’aise. Le silence était pesant et soudain, elle se sentait totalement étrangère à ce lieu… Et pour cause, sortir de Nexus était une grande première, cet endroit l’impressionnait, dans une dimension mystique.

Suivant le Démon comme son ombre en frissonnant, l’abri que leur offrit la souche lui tira une larme, épuisée. Le contre-coup fut brutal, elle qui espérait un bon feu pour réchauffer ses os trempés, et elle en aurait pleuré de désespoir si la fin de sa phrase n’avait pas été salvatrice. La simple perspective de se retrouver contre Damascus lui donna l’énergie suffisante pour se dévêtir, étendre ce qui étaient des serpillères désormais pour espérer qu’ils sèchent un peu, et mettre à l’abri les précieuses cartes.

Alecto faisait peine à voir, avec sa mâchoire qui gonflait et ses cheveux collant à son crâne comme son front, lorsqu’elle rejoignit son Maître pour se blottir dans ses bras en serpentant sous les épais manteaux de voyage. Ses bras l’enlacèrent avec conviction, et son contact l’apaisa. Elle avait envie de pleurer. Elle ne savait pas exactement pour quelles raisons : avoir de nouveau tué un homme, au moins, entraîner la mort d’autres, et peut-être Optio qui s’était montré gentil avec elle. Pour avoir charmé avec insolence et d’avoir éprouvé un plaisir pervers à se faire épier par un homme qu’elle avait ligoté juste avant ? Pour s’être fait humilier par Artus, puis battre ? Pour avoir mis le feu à une garnison de sa Nation ?
Pour avoir accompli la mission donnée par son Démon adoré, sans démériter, se surpassant et allant au-delà de ses limites pour lui plaire ?

« Je… Je peux monter la g… » La voix molle et éreintée du Petit Corbeau n’était pas nette et à mesure qu’elle parlait, ses paupières se fermaient. Alors qu’elle sombrait dans un sommeil lourd et sans rêve, ses doigts agrippèrent Damascus comme pour lui interdire de s’éloigner.

Elle dormit longtemps. Du moins était-ce l’impression qu’elle avait. Et quand on l’éveilla, ses sourcils se froncèrent pour bougonner, lançant les épaules pour se dégager et repousser quiconque la dérangeait dans ce délicieux sommeil. Encore cinq minutes.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 34 dimanche 13 décembre 2020, 22:35:48

Le démon ne put deviner l'heure qu'il était quand il s'éveilla. Dans cette forêt, les sens étaient perturbés et les repères tronqués. En revanche, ce qu'il ressentait bien, c'était son estomac hurlant famine. Le grognement de protestation qui s'en échappa rappelait qu'il n'avait pas mangé depuis un moment. Alecto dormait toujours. Damascus se décolla d'elle et se leva pour s'étirer. Il se sentait presque bien, ils avaient dut dormir de nombreuses heures. Les chevaux attendait calmement, debout . Ils avaient déjà rongé les mousses épaisses qui poussaient, bien tendres, dans leur abri. Leur attitude  indiquait une proximité relativement sûre. Un danger les aurait agités.

Le démon fit un inventaire rapide de leurs possessions. Alecto avait privilégié l'approvisionnement et elle avait bien fait. La traversée de cette forêt prendrait du temps et il ne comptait pas se nourrir d'écorce et de glands. Le tour de leur abri ne lui apprit pas grand chose. Il faisait clair à présent bien que la clarté soit réduite par l'épaisseur du feuillage très haut au dessus de leur tête. Des quelques  pas qu'il fit pour découvrir les environs, il constata qu'ils s'étaient aventurés dans un gigantesque entrelac d'arbres énormes dont les branches et les racines s'entremêlaient sauvagement. La démesure de ce décor frappait l'esprit. Au sol, l'air était tiède, cela expliquait pourquoi ils avaient si bien put dormir.

Alecto dormait toujours. La jeune femme avait payé cher l'obtention des cartes. Il était temps qu'elle se lève. Damascus s'accroupit à ses côtés et repoussa un pan du manteau pour libérer son visage. Une ecchymose violacée marquait son profil. Ce ne serait pas la dernière. Il effleura sa joue.

"Alecto, il est temps de te lever, si tu continues comme ça, on te retrouvera toute sèche dans quelques dizaines d'années."

Pendant qu'elle se préparait, il observa attentivement les cartes.

"Tu as fait un travail remarquable" lanca t'il. "Viens voir"

Il déplia la carte au sol.

"Regarde bien, le camp de Nexus est là et la route qui mène à la forêt ici. Nous ne l'avons pas atteinte donc je pense que nous avons coupé par là. Je ne sais pas précisément où nous sommes mais pour essayer de trouver ce chemin que l'armée a emprunté en se repliant, il est plus sage de revenir vers la lisière et la suivre jusqu'à ... cette ruine, là, en bordure! Nous resterons en retrait de la lisière pour bénéficier de la protection des arbres. Si les mutins nous recherchent, autant les éviter. Allez, préparons nous."

Il s'occupa des chevaux mais sans les nourrir. Encore tout près de la plaine verdoyante, ils essaieraient de leur trouver un coin pour brouter, et par la même, économiser les rations d'avoine.

Le ciel s'était apparemment dégagé, enfin!

Alecto terminait d'accrocher une sacoche à sa selle quand il se glissa derrière elle, la prenant par les hanches. Il l'embrassa dans le cou et reprenant son air de mercenaire narquois, le même que lorsqu'ils s'étaient rencontrés la première fois, il lui glissa :


"Tu sais que tu es excitante, toute abimée que tu es? Une vraie guerrière qui a fait ses preuves ! On ne devrait pas partir que je te prendrai ici sans aucune retenue."


Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 35 dimanche 13 décembre 2020, 23:22:33

Alecto avait froncé les sourcils et bougonné, tentant vainement de récupérer la chaude couverture que constituait son manteau. Elle se sentait bien trop apaisée dans la moiteur de leur abri, avec le silence naturel pour lui garantir la sérénité… Mais la voix de Damascus la tira de cet état de torpeur, et à contre-cœur, le Petit Corbeau se redressa, comme on déplie une vieille veste fripée par les ans. Des courbatures se rappelèrent à son bon souvenir, et elle grimaça, avant de bailler en approchant de la carte qu’elle avait recopié.

A la lumière du jour, elle trouva son trait bien trop brouillon, et il y avait des taches d’encres disgracieuses… Mais elle souvenait parfaitement des conditions dans lesquelles elle avait tracé ces lignes, et estima le résultat chanceux. Et puis, le compliment de son Maître valait tout l’or du monde… Elle en tira une fierté qui lui chauffa les joues, la rendant immédiatement guillerette. Et lui donnant la force de se lever complètement et attaquer cette journée sous les meilleurs auspices.

Visiblement, leur objectif était une ruine et ils allaient profiter du couvert de cette forêt extraordinaire… Levant le nez au faîte des gigantesques arbres qui la constituaient, Alecto se sentit minuscule et insignifiante. Vulnérable, aussi.
Mais, allons, elle cilla et se remit au travail.

L’Esclave avait hâte de révéler au Démon l’étendue des trésors qu’elle avait emportée, en plus des précieuses cartes, de la garnison militaire. En réalité, elle s’imaginait déjà combien il serait fier d’elle, et par anticipation, en songe pendant qu’elle repliait manteaux et paquetages, se sentait prise d’une émotion délicieuse, mêlant l’orgueil et la passion. L’idée même de satisfaire Damascus la laissait toujours autant béate d’adoration, une sorte de plénitude comme elle l’avait connu autrefois dans des moments de communions dogmatiques.

Elle sanglait fermement un bagage à la selle de sa jument lorsqu’elle sursauta du contact du Démon contre son dos. Son baiser la fit frémir et fondre bien trop vite pour ne pas attester d’une emprise déjà tout acquise. Et cette voix… qui lui souffla à l’oreille si proche, la rendant folle…
Damascus soufflait clairement sur des braises déjà bien prises, attisant le feu, pour l’éteindre en quelques mots. Elle se mordit la lèvre, fermant les yeux en restant immobile.

« Vous… » La respiration infernale fit remonter un frisson le long de sa colonne vertébrale, l’ébranlant avec délice, alors qu’elle n’arrivait pas à savoir ce qu’elle devait faire. « Vous êtes… fier de moi ? » Murmura le Petit Corbeau, qui rien qu’à prononcer cette phrase, laissa échapper un gémissement.

C’eut été risible de voir l’état d’émoi dans lequel elle était plongée instantanément, alors que Damascus n’avait fait que chuchoter à son oreille en se collant à elle. Contrairement à leur première rencontre, Alecto était bien différente, et lui était totalement attachée. Il en résultait un attrait irrésistible qu’elle ne savait décrire ou expliquer. Les jointures de ses doigts blanchirent quand elle serra bien fort la sangle de la sacoche pour se raccrocher à la réalité.

« Si nous… si nous ne partions pas tout de suite… Nous hm… nous serions rattrapés plus facilement par. Par les mutins. Ce. » Elle ferma les yeux pour se concentrer. « Ce serait dommageable pour notre sécurité. » Ils avaient parfaitement raison : il était in-dis-pen-sable de partir sur le champ. Leurs bagages étaient harnachés, les chevaux prêts, il ne manquait plus que les cavaliers… Il aurait été terriblement imprudent de céder à leurs pulsions.

Mais lentement, aux antipodes de ce qu’elle venait d’articuler avec peine, elle se cambrait pour rencontrer son bassin… Si sa raison avait parlé, son corps, lui était loin d’être de son avis.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 36 mardi 15 décembre 2020, 12:45:47

"Oui ce serait dommageable pour notre sécurité en effet."

Le démon mesurait le désir d'Alecto et s'en voyait satisfait. Bien que lui aussi aurait voulu repousser leur départ d'au moins une heure, ils devaient continuer.

"Peut être ce soir me montreras-tu comment tu t'y es prise pour t'accaparer ces cartes et moi en retour pourrais-je te montrer comme je suis fier de ta réussite."

Il palpa le fessier de la jeune femme et dans un effort de volonté se décolla d'elle. Il lui jeta un regard de braise où elle pouvait lire tout ce qu'il avait envie de lui faire.

La forêt était toujours aussi silencieuse quand ils se mirent en route. Le gigantisme des végétaux leur permettait d'évoluer à cheval sans difficultés. De jour, l'endroit était moins effrayant que la nuit bien qu'un climat pesant les accompagne tout du long. A l'orée de la forêt, ils découvrirent le découvert par où ils étaient arrivés. L'orage avait inondé les creux et couché les hautes herbes. Aucun soldat de Nexus n'était en vue. Ils longèrent la lisière aisément, gardant la protection des premières lignes d'arbres, beaucoup moins imposants que les mastodontes sous lesquels ils s'étaient reposés.

"Ca va Alecto ? Tu arrives à contrôler tes envies? Tu sais que j'apprécie la manière que tu as de t'enhardir?"

Après un laps de temps relativement court, ils atteignirent la route qui traversait la forêt de part en part. C'était plus un gros chemin qu'une voie large et facilement praticable. Bien qu'elle soit dégagée sur les premières dizaines de mètres, la voie disparaissait rapidement sous une voûte végétale dense. De nombreux débris, vestiges de la retraite précipitée de l'armée de Nexus, jonchaient le sol.

"Cet  itinéraire ne m'inspire pas. Si les troupes d'Ashnard étaient à leurs trousses, nous tomberons dessus. Certes, nous pourrions voyager plus vite mais l'issue en serait incertaine. Les soudards de Nexus sont une chose, les barbares d'Ashnard en sont une autre. Regarde cette ruine là, à la limite de la forêt et du découvert. Il y a un sentier qui serpente et qui se perd ici, près de cette rivière. Nous pourrions déjà aller jusque là puis nous aviserons. Nous irons moins vite mais j'espère sans avoir de mauvaises rencontres. Continuons."

Ils franchirent la route. L'impression d'être observés fut intense à ce moment-là, comme si les esprits de la nature se délectaient de ce butin à venir. Une heure après, ils abordèrent un muret délabré. Cette enceinte délimitait les ruines qu'ils devaient atteindre. De ruines, il s'agissait d'un ancien monastère dont il ne restait qu'un souvenir. Les lieux avaient dû être grandioses du temps de leur splendeur.  L'édifice principal, écroulé, était plus grand à lui seul que le domaine de Tadéus. Quelques salles avaient été préservées des dégâts du temps et présentaient des fresques d'une rare beauté, bien que très abîmées. Au centre, une fontaine de marbre blanc, miraculée, se dressait encore, libérant encore un filet d'eau limpide qui remplissait ses vasques par un savant système de pompes cachées et silencieuses.

"C'est étrange ....."

La voix du démon résonna dans ce haut lieu de culte du passé.

"Il y a quelque chose de pourri ici, laissons boire les chevaux et repartons, le sentier doit être quelque part au Nord de l'enceinte extérieure."


En effet, une effluve nauséabonde s'échappait de cavités sombres directement creusées dans le sol de ces salles pavées. Des traces de griffes  marquaient la pierre autour de ces trous et bien qu'ils ne fussent pas très larges, il s'en échappait une noirceur terrifiante.

Damascus savait maintenant qu'il ne fallait pas perdre de temps mais leurs rations étant réduites, autant faire boire les chevaux ici, et recompléter leurs outres aussi. Il goûta l'eau de la fontaine et estima qu'elle était potable. Il aurait senti un enchantement ou la présence de poison. Alors que les bêtes s'abreuvaient, un long cri déchira le silence et se répercuta, atroce, le long des murs. Les chevaux frémirent et se rapprochèrent de leurs maîtres. Un son issu d'une gorge déchirée s'échappa d'un des trous, tout proche, avant qu'une créature décrépie ne s'en extirpe. Cela avait été un homme. Des restes de tissu accrochés à ses membres rongés indiquaient un dignitaire religieux. Un collier rouillé auquel pendait une croix se balançait à son cou écorché. Les tons grisâtres de sa peau étaient tâchés de pustules bruns en grande quantité. Les yeux blancs voilés n'exprimaient rien. La créature poussa un nouveau cri, se redressa et d'un pas trainant se dirigea vers Alecto.

Le crissement de la lame que le démon retira de son fourreau parut pur dans ces lieux lugubres.

"Des goules ..... ne les laisse pas te blesser, ta chair pourrirait instantanément!"

Il allait s'interposer entre la jeune femme et le monstre quand d'autres apparurent, rampant hors de leurs antres.

"Défends toi! Elles sont lentes! Tranche les membres, ils sont mous. Après, coupe les têtes."

Le démon se souvint qu'elle n'avait que sa rapière. Merde !

"Le cerveau est leur point faible!"

Une chose se jeta sur lui et il la décapita d'un geste. Il recula prestement et accula les chevaux dans un coin qu'il pourrait défendre. Quand il leva les yeux, une dizaine de créatures le séparait d'Alecto. Il s'élança l'arme haute.


Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 37 mardi 15 décembre 2020, 14:14:10

Alecto s’était mordu la langue avec ferveur pour ne surtout rien répondre et en aucun cas, faire de mouvements irresponsables, dès lors que son Maître lui eut confirmé qu’ils devaient être raisonnables, et revenir dans le droit chemin sans s’en écarter. C’était une torture qu’elle connaissait, pourtant, mais l’Esclave avait l’habitude d’être sa propre frustration, d’engager elle-même sa droiture à l’encontre de ses passions. Jadis, elle était passée maîtresse dans l’art de tout refouler, de souffrir en silence de ces pulsions dévastatrices qu’elle retenait, étouffait, tout le temps.

Le glyphe lui rendait la tache difficile, elle devait faire des efforts bien plus conséquents, et les mots du Démon n’aidèrent en rien… Elle frissonna à la seule idée d’être au soir, souhaitant alors que cette journée, voyage, rencontre, affaire peu importait, passe le plus vite possible. La perspective de sa récompense faisait vibrer l’intérieur de ses cuisses, et elle se rendit compte que quelques mots et évocations suffisaient à la rendre fiévreuse.

Il fallait pourtant se calmer, et loin d’y parvenir aussi facilement -en apparence- que le Démon, Alecto cru fondre à la vue de ce regard infernal qui lui promettait mille tourments délicieux. Damascus avait l’art de souffler le chaud et le froid dans son cœur, comme dans son corps, et elle s’en trouva durablement émue, passant le début du voyage silencieuse, trop occupée à respirer lentement pour faire retomber la pression.

Il fallait avouer qu’elle se sentait étrange dans cette mystique et ancestrale forêt, comme si elle n’était pas à sa place. Un sentiment qu’elle avait souvent eu, depuis qu’elle avait quitté le Sanctuaire où elle avait vécu, mais cette fois, c’était impressionnant et écrasant. Tentant de faire bonne figure, elle esquissa un sourire lorsque son Maître la félicita et se soucia de sa bonne condition, mais sa voix avait trahi combien elle peinait à se remettre de ces quelques instants, anodins, mais puissants pour elle.

« J… oui oui. » Avait-elle répondu, mentant cette fois sans mal.

Son état se calma d’un coup, dès qu’ils eurent franchi la route, et pénétré dans les ruines. A vrai dire, elle se sentit, elle, étrange dans ces lieux, une sensation spirituelle qui lui rappelait quelque chose d’enfouis en elle. La fontaine, immaculée, lui arracha un sourire admiratif et naïf, et elle fut trop aveuglée par cette lumière et la vision apaisante de cette pièce pour percevoir le noir tableau décrit par Damascus.

Elle songea qu’il exagérait, sans doute bien trop sombre comme devaient l’être les Démons… Alecto se serait laissé bercée avec joie, comme appelée par la quiétude mystérieuse et anormale du lieu. Buvant l’eau claire et fraiche, remplissant les outres, elle soupira d’aise mais manqua de s’étouffer quand le cri ébranla sa tranquillité. Sursautant, essuyant son menton trempé en grimaçant de la douleur réveillée à sa mâchoire, le Petit Corbeau écarquilla des yeux horrifiés à la vue de cette créature immonde et agressive.

L’apparition de ses confrères lui arracha un cri strident, et d’instinct, fit coulisser sa rapière de son baudrier. Pourtant, Alecto n’avait jamais été en véritable situation de s’en servir dans pareilles conditions, et aurait tremblé de peur s’il n’avait pas fallu immédiatement réagir pour ne pas succomber.

Piquant dans le tas, aveuglément d’abord, elle grognait son envie furieuse de vivre à chaque mouvement chaotique. Loin de réussir à appliquer les leçons de son Maître dans la bataille, elle s’essoufflait vite, et reculait toujours plus, au point de sentir sous ses talons la pièce usée d’une colonne. Le cerveau, le cerveau, songea-t-elle avec une lueur d’esprit dans le regard, reprenant une légère maîtrise de son instinct de survie qui agissait à l’aveuglette sans réfléchir.

Elle esquiva de peu une volée de griffes qui voulait l’atteindre au visage, les mouvements de goules bien moins rapides que les siens malgré les courbatures, et elle lança le bras avec une sorte d’élégance trop peu brutale, mais parfaite pour son arme, transperçant une bouche grande ouverte, sans que cela ne semble chatouiller la créature.
Le cerveau, bon dieu.
Alecto pinça les lèvres, pesta entre ses dents en retirant sa fine lame, pour venir de nouveau piquer son dard dans l’œil, avec une efficacité bien plus grande.

Avec souplesse, elle virevolta pour contourner ses assaillantes décharnées, et revenir près de Damascus. Peu expérimentée dans le domaine, elle hésita à prendre les devants, mais entretemps, les goules s’étaient retournées enfin, et revenaient vers eux, les bras en avant en hurlant.

Avec sa longue aiguille, elle peinerait à se débarrasser d’elles, songea-t-elle, cherchant à éviter de céder à la panique, et la présence du Démon lui garantissant sa protection ; Cependant, l’idée même que les créatures s’attaquent à son Maître lui retournait l’estomac et la faisait enrager. Au point qu’elle s’élança au-devant de ces choses infames, s’accroupissant pour en faire tomber plusieurs par le balayage de sa jambe tendue, et leur garantir plus de latitude pour trancher membres ou têtes grâce à la lame épaisse de Damascus.

Ce fut largement plus efficace, et bientôt deux goules restèrent animées, grognant et sifflant. Laissant la plus proche du Démon à son Maître, elle jeta la pierre la plus grosse qu’elle ait pu trouver et porter sur la seconde, mais la visée l’empêcha de la toucher à la tête. Pourtant heurtée à l’épaule, la retardant grandement pendant que son corps décharné s’arrachait en craquant en faisant prendre son bras aux lambeaux de peau grise, la goule avançait imperturbable vers le Petit Corbeau.

Son apparence était perturbante, la croix qu’elle portait faisait frémir Alecto, qui se trouvait troublée par la créature, désormais que l’adrénaline lui laissait un peu de répit, puisqu’elle savait qu’ils en sortiraient victorieux… La goule trébucha sur la tête tranchée d’une consœur, et l’Esclave s’ému de cette triste mais sordide condition.

« Q… Ne… n’y a-t-il aucun moyen pour les… sortir de là ? Les… les sauver ? » Souffla-t-elle, en attrapant tout de même une seconde pierre pour s’assurer quelques défenses. 

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 38 mercredi 30 décembre 2020, 23:06:26

D'un dernier revers nonchalant, Damascus décapita la goule qu'il avait en face de lui. Ils s'en tiraient bien. Ces créatures peu rapides n'avaient pas été nombreuses. Dans certains endroits de Terra, elles constituaient des armées entières. Alecto avaient pris des risques considérables mais le démon ne lui reprocherait pas. Si elle n'avait été que griffée, en quelques jours, elle aurait terminée comme ces horreurs. La jeune femme , une fois de plus, s'était montrée surprenante et avait contribué à leur petite victoire. L'amas de corps tranchés à leur pied était nauséabond et la dernière chose animée glissa en avançant maladroitement. Le démon tendit son épée à l'horizontale et plaça la pointe de la lame sous le menton décrépit. La créature s'immobilisa, sûrement guidée par un sursaut de conscience ancien. Seule la Mort ne craint pas la Mort.

"Non, rien ne peut être fait pour les sauver. Ces hommes ont succombé à leurs démons et à leurs vices et ils ont été châtiés de la sorte pour cela. Ils n'étaient sûrement pas aussi pieux qu'ils le faisaient croire. Leur punition aura été exemplaire. Il se pourrait même que ce soit leur Dieu qui les ait sanctionnés."

D'une torsion du poignet, il égorgea la créature maudite. Du plat de sa lame, il l'amena au sol, la tête en appui sur une pierre plate.

"Perce lui le cerveau! Elle a voulu de dévorer, tu n'aurais pas aimer."

Les deux compagnons ne restèrent pas plus longtemps dans cet ensemble fantomatique. Peut être d'autres créatures plus dangereuses erraient dans ces couloirs en ruine. Les chevaux s'étaient abreuvés et les outres étaient pleines. Damascus prit son cheval par la bride et coupa au plus court pour rejoindre la face Nord du complexe donnant directement sur la forêt.

Dès qu'ils franchirent l'enceinte de l'ancien monastère, un murmure désolé résonna le long des pierres grises. Une incitation à revenir sur leurs pas et profiter d'une bonne nuit dans ce lieu saint. L'enchantement était ancien et n'eut aucun effet sur eux. Ils s'assurèrent que l'équipement des chevaux était bien arrimé et les montèrent. Damascus tendit un doigt vers un gros arbre sous lequel on pouvait deviner le début d'un sentier.

"Tiens, regarde, c'est là que ...." Un crissement de corde qui se détendit l'interrompit et le carreau qui se ficha dans son épaule le fit culbuter par dessus l'encolure de son étalon.

Un hurlement brisa la quiétude de l'endroit.


"Ils sont là ces bâtards !! Hector en a eu un!!"

Quatre soudards surgirent de l'angle d'une chapelle effondrée tandis qu'un cinquième œuvrait à réarmer son arbalète. Ces hommes portaient les couleurs de Nexus et devaient être à leurs trousses depuis l'épisode de l'incendie de leur camp.

Merde! Damascus ne les avait pas vu venir. Un pied encore chaussé à l'étrier, il s'agrippa aux rênes de sa monture et lui cogna dans les côtes pour la faire avancer.


"ON DÉGAGE ALECTO!!"

Le cheval nerveux cabra violemment, entrainant le corps du démon dans les airs avant de le projeter au sol. Damascus hurla de douleur, frappa de nouveau sa monture qui rua et détala, par chance, vers le sentier. Balloté sur le côté du cheval, complètement désarçonné et seulement retenu par un bout de cuir et de métal, Damascus heurta une racine de son épaule blessée et hurla de plus belle. Dans la confusion, il faillit se faire piétiner par le destrier d'Alecto. Derrière eux, leurs poursuivants s'arrêtèrent en vociférant à l'entrée de la forêt. pas question de s'aventurer une fois de plus là dedans. Un carreau fusa et effleura Alecto pour finir sa course dans un tronc épais. L'arbre tressaillit, comme vivant avant de s'immobiliser à nouveau.
Les chevaux finirent leur course effrénée quelques dizaines, ou centaines de mètres plus loin. En forêt, les distances étaient trompeuses. Autour d'eux , l'univers végétal imposait de nouveau sa lourde sérénité. Le décor qui les entourait était le même qui les avait abrité la nuit précédente. L'étalon noir claqua du sabot, anxieux. A ses côtés, au sol, Damascus avait depuis longtemps quitté le monde conscient pour s'enfoncer dans les limbes de la douleur. Le carreau d'arbalète s'était brisé dans ses chairs et le fier démon était dans un état pitoyable, ravagé par cette cavalcade sauvage ... hors de sa selle.

L'animal intelligent souffla par les naseaux et tourna sa tête vers Alecto, désormais maitresse de leur destin. Devant eux, le sentier continuait, s'enfonçant entre les arbres gigantesques.



Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 39 jeudi 31 décembre 2020, 00:30:24

« Oh non. » Elle se parlait sans doute à elle-même. « Non, non non. Non. Non, pitié. »


Il avait fallu qu’elle enfonce profondément son aiguille piquante dans l’orbite décharné et presque béant de cette créature immonde, afin d’obéir aux ordres du Démon, et anéantir la Goule jadis homme de foi. Les explications de Damascus ne l’avaient pas vraiment convaincue, elle songeait qu’il y avait sans doute un moyen de bénir cette place, mais étrangement, y penser la mettait mal à l’aise. Pourtant, lorsqu’il avait évoqué Dieu, son corps entier avait frémit, comme une ancienne sensation perdue qui lui semblait agréable.

Mais elle pensait aussi que Dieu pouvait punir de manière juste et les châtiments pouvaient paraître cruels aux Mortels comme elle. Ce n’était pas à elle d’en juger. L’adrénaline retombant alors que ses poumons semblaient en feu, elle sentit en ressortant sa rapière dégoulinante un haut le cœur la faire tressauter, et ses mains se plaquèrent sur sa bouche pour éviter tout inconfort.

Repartir de ce lieu la remplit cependant d’un profond soulagement, Alecto se sentait étrange ici, et la possibilité de croiser d’autres monstres, plus dangereux, la faisait frissonner discrètement. Silencieuse, elle courbait le dos pour tenter de chasser la vision de ce symbole de l’Ordre à la poitrine des Goules.


Et désormais, le Petit Corbeau avait les mains crispées sur les rênes de sa monture, la laissant pratiquement seule maîtresse de leur destination et fort heureusement, celle-ci possédait un fort instinct de survie, les mettaient tous quatre à l’abri de la forêt mystique. Alecto, elle, les yeux rivés sur le corps inerte de Damascus qui raclait le sol nonchalamment comme une poupée désarticulée, était horrifiée.

« Pitié, non… Messire… Maître. Réveillez-vous. »

Les chevaux avaient cessé de galoper aveuglément, prenant un bref et évident repos, alors que la jeune femme sautait au sol sans songer une seconde à prendre garde aux racines ou à la réception de sa chute. Elle se jeta sur le Démon, tira comme une forcenée sur l’étrier, grogna, pesta, en pleurs, qu’il ne veuille le libérer. La panique gagnait doucement chaque membre de son corps, elle tira en poussant un râle de furie entre ses dents, la boucle de métal relâcha le pied de son Maître.

Peu importaient leurs poursuivants, peu importaient les montures, peu importait toute la forêt autour ! Elle était incapable de penser à autre chose que sauver Damascus. Les gestes saccadés, vifs, brouillons de ses petits doigts qui ne savaient pas où commencer tâtonnaient pour déboutonner vestes trempées, chemises souillées de sang et protections, et dès qu’elle eut le champ libre pour constater la belle perforation de son épaule par le carreau d’arbalète, le Petit Corbeau cacha sa bouche pour se retenir de geindre de stupeur.

« Messire, je vous en prie, réveillez-vous. » Son regard s’intéressa au sentier, elle savait qu’ils devraient continuer pour se mettre plus en sécurité mais.

« Mess… Maître, s’il vous plait. » Suppliait-elle, ses larmes coulant sans discontinuer de ses joues, elle renifla, suffoqua même, cédant à la terreur.

Il fallait agir, il fallait qu’elle fasse quelque chose. Elle ferma les yeux, essaya de respirer lentement… Sa poitrine se levait bien trop rapidement, son cœur cognait contre ses tempes et elle tremblait comme une feuille. Réfléchis, Alecto… Tu as déjà lu quelque chose sur les blessures perforantes chez Amlach Varda, un Médecin de Nexus qui aimait les esclaves jeunes, ravit de les aveugler afin de les surprendre à coup de trique sèche. Il aimait aussi qu’on lui fasse la lecture, car ses yeux étaient parfois capricieux, vu son grand âge.

Fébrilement, elle roula en boule la chemise du Démon, déchira d’un coup de dents, du mieux qu’elle put, quelques bandes sales, fit de même avec le bas de sa tunique, plus épaisse, attrapa son outre. Une grande inspiration, et elle s’excusa en sanglotant.

« Pardonnez-moi, Maître. »

Son cœur battait trop fort, elle n’entendait plus rien et il se matérialisait dans son esprit une sorte de bulle les entourant. Elle cala la tête de Damascus sur ses genoux, assise sur ses talons, saisit d’une main tremblante le trait fiché dans la chair. Et tira, d’un coup sec, arrachant les muscles et projetant une gerbe de sang. Dans un geste vif, elle relâcha la pointe poisseuse et pressa de toutes ses forces le linge roulé en boule sur la plaie béante, y mettant tout son poids, à deux mains.

Elle eut un mal fou à le relever, il pesait un âne mort ainsi inconscient, redressé assez pour passer grossièrement les bandes de tissu pour comprimer et maintenir en place de drain. La fibre était immédiatement rouge, elle essuya ses larmes en laissant son visage maculé de sang.

Le hennissement de sa jument la fit sursauter, et elle sembla réaliser, se souvenir, où ils se trouvaient. Il leur fallait continuer leur route s’ils ne voulaient pas être de nouveau attaqués, et elle se redressa avec peine, mais ce fut une partie de plaisir en comparaison aux épreuves impossibles de la remise en selle de son Maître. Tenue aux tripes par la nécessité de survivre, de le protéger, de le sauver, même, Alecto ne cessait de pleurer de désespoir, mais ne restait pas inactive, n’abandonnait pas, et ne lésinait sur aucun effort.

Elle parvint, au prix de douleur et échecs nombreux, à ramener le corps de Damascus près d’une souche, y conduire son destrier, et l’y hisser, non sans lui ajouter quelques bleus dans l’affaire, mais un modeste tribut à la survie, songea-t-elle péniblement.

Elle mena alors les deux animaux par la bride sur le sentier, cherchant cependant à dissimuler les traces des sabots comme elle pouvait… Mais le Petit Corbeau était loin d’être une experte en camouflage. Alecto se souvenait que les poursuivants avaient semblés craindre de les suivre ici, et tendait l’oreille, frémissant à chaque bruit étrange, mais le silence pesant de cette forêt ancestrale ne laissait rien paraître. Au moins, songea-t-elle, serait-elle avertie bien avant qu’on ne lui tombe dessus.

Elle marcha longtemps, préférant rester pied à terre pour éviter les plus grosses racines ou faux-plats d’un sentier forestier peu entretenu, faisant parfois un détour pour s’assurer que les deux animaux seraient plus stables, et ainsi empêcher le plus possible au blessé d’être balloté à droite et à gauche.
Ses yeux ne faisaient que passer du chemin à son visage, la joue contre l’encolure de l’étalon ténébreux, inexorablement livide.

« Je vous en prie, Maître, ne mourrez pas. » Sanglotait-elle toujours, lui parlant tout le long de la route, tantôt sur un ton de désespoir, tantôt plus combattive. Elle lui narra combien son Palais serait luxueux et raffiné, les colonnades, les moulures, les dorures. Elle lui décrivit les toilettes cousues d’or et de nacre qu’elle porterait pour lui plaire. Elle évoqua la grandeur de sa légende, l’immensité de ses exploits, la légitime reconnaissance de tous envers sa si grandiose personne. Les mots étaient élogieux, assurément, mais venant du Petit Corbeau, ils étaient sincères, purs et justes.

« Et… rappelez-vous… Je dois vous montrer comment je m’y suis prise pour récupérer les cartes, Messire. Ce soir, avez-vous dit. »

Souffla-t-elle, les pieds douloureux, les jambes pleines de courbatures, sentant revenir un sanglot, mais ses yeux désormais trop secs. Elle avait suivi le sentier longtemps, elle ignorait comment savoir s’il y avait eu une bifurcation…

« Les cartes ! » Sursauta la jeune femme, dont l’estomac grogna. Il était temps de faire une pause, elle valait mieux nourrie et reposée, qu’épuisée et affamée, pour espérer sauver son Maître. Faire descendre Damascus de cheval ne fut pas beaucoup plus facile, contrairement à ce que l’on pourrait penser : elle n’avait aucune envie qu’il tombe tête la première, et savait qu’elle serait emportée par son poids… Aussi s’y reprit-elle à plusieurs reprises, ignorant les souffrances et la fatigue, jusqu’à parvenir à le déposer plus ou moins délicatement sur un lit de mousse qui crissait sous ses pieds.

Elle s’occupa des chevaux, retira sa chemise sous sa tunique, et remplaça l’amas informe sanguinolant par le linge propre à l’épaule amochée. L’hémorragie courrait toujours, mais elle ignorait comment agir. Le soleil devait décliner, car la fraicheur revenait les aiguillonner… Elle alluma avec peine un feu, couvrit Damascus de son manteau de voyage, et tenta de le faire boire. Son front était chaud, ses paupières avaient l’air de remuer très légèrement, comme si ses yeux, là-dessous, roulaient frénétiquement dans leurs orbites. Se penchant sur lui, elle posa sa bouche sur la sienne, puis sur ses paupières, cherchant à l’apaiser.

« Je veille sur toi, Mon Maître. »

Les bruissements de la forêt la terrifièrent alors. Elle était seule, et immobile. Une proie facile… Pour se donner du courage, elle saisit sa rapière, s’asseyant auprès de son Maître, convaincue qu’elle garderait son corps au péril de sa vie, s’il le fallait. Incapable de fermer l'oeil malgré l'épuisement, elle tenta d'étudier les cartes volées...

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 40 dimanche 10 janvier 2021, 18:13:34

La douleur est mère de toute naissance, ou renaissance. L'esprit torturé du démon vagabonde dans un monde qui n'est plus le sien depuis longtemps. En tant normal, Damascus y trouverait le pouvoir et l'énergie nécessaires à une régénération rapide et efficace de ses blessures mais d'avoir quitté les Enfers depuis si longtemps et sous une forme aussi fragile que celle qu'il porte l'a considérablement affaibli. Quelle ironie pour celui qui fut l'un des fondateurs de la grandeur du royaume de Satan que de devoir rechercher dans les contrées démoniaques un être aussi peu fiable que celui qui pourrait l'aider à réintégrer son enveloppe.

Car le corps dont s'occupait Alecto était déserté de toute forme d'esprit. Il s'agissait à présent d'une enveloppe organique vide, comme un hôte à la disposition de n'importe quel visiteur nécessiteux de passage.

L'élément éthéré qui représentait la dernière étincelle d'existence du démon flânait dans un dédale de couloirs sinueux sous la plus grande cité des Enfers. A la recherche de son ancienne amante, toute aussi âgée que lui et également grande conquérante, il remettait entre les mains de la démone son possible retour à une vie plus physique. Le spectre vaporeux atteignit les portes d'un palais d'obsidienne occupant une vaste caverne et défiant le temps de toute sa majesté. Ici siégeait Aezarah, grande porteuse de Mort et puissante parmi les puissants. Elle l'avait détecté depuis longtemps et les grandes portes noires s'ouvrirent les unes après les autres pour le guider jusqu'à la salle du trône où, sur le siège de pouvoir en os d'archanges, se prélassait la maitresse des lieux.

Nulle n'égalait en beauté et en perversité Aezarath, pas même Lilith, son éternelle concurrente. D'un geste nonchalant, elle se redressa tandis que deux incubes battaient lentement les restes d'ailes de séraphin au dessus d'elle pour apporter un peu d'air dans ces lieux étouffants.


"Damascus! On te disait mort depuis bien longtemps et voilà que tu te présentes devant moi en quête d'un soutien vital. Mon bel amant, qu'es tu devenus? Je me languissais de ta présence."

Sous entendu, fait très attention à ta réponse, je peux t'annihiler autant que te sauver.

"Aezarah, tu es telle que dans mes souvenirs, la plus belle et la plus désirable de toutes les créations de Père."

Sous entendu, tu me tues, Père te demandera des comptes et même le plus puissant des démons redoutait cette épreuve.

"Ton état fait peine à voir, tu m'en vois navrée. Seule une création de ton rang pourrait te régénérer intégralement. Mais ... le coût d'un tel enchantement serait faramineux."

"J'en suis conscient Aezarah. Et c'est en toute humilité que je te demande ce service. Je t'en serai redevable de la manière que tu souhaiteras."

"C'est une proposition alléchante ..." Elle ronronnait de plaisir à l'idée de le mettre à genoux. La diablesse!

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La réintégration de Damascus dans son corps humain passa par une succession de tortures et de douleurs où il s'enfonça dans des abîmes de souffrance comme même lui n'en avait jamais connu. La plupart n'avaient pas été nécessaires mais Aezarah avait toujours aimé infliger les pires tourments.

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Dans une réalité plus terrestre, Damascus ouvrit lentement les yeux, la promesse qu'il avait faite à la démone résonnant encore dans sa tête. La douleur qu'il ressentit était presque délicieuse après ce qu'il venait de subir. Il tourna difficilement la tête et laissa sa vision s'habituer à son environnement. Loin au dessus de lui, le jour se levait. Des cimes des arbres tombaient une multitude de créatures nocturnes, lilliputiennes et luminescentes qui rejoignaient les cavités des troncs pour se protéger des affres de la lumière diurne. Une douce tiédeur s'étendait au sol et il se sentait bien malgré son épaule immobilisée. Il se remémora les derniers évènements et grogna en se redressant sur un coude. A ses côtés; Alecto était recroquevillée en position fœtale, serrant sa rapière dans la pointe était posée contre sa hanche. Si elle se retournait, elle l'embrochait. Il écarta la lame fine et écarta les cheveux de sa compagne pour voir son visage. Elle avait sûrement dû gérer la situation comme il le fallait puisqu'ils vivaient toujours. Damascus s'étonna. Il y a peu de temps, il se serait réveillé d'humeur exécrable et l'aurait houspillée sans ménagement. A cet instant, il était fier d'avoir trouvé en cette jeune femme une sacrificiée qui serait de mémoire de démon, inoubliable.

Les chevaux sentirent l'éveil de leur maître et vinrent curieusement s'assurer qu'il s'agissait bien de lui.

"Alecto, arrête de dormir! Il est temps de continuer!"

Alecto Nemed

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 41 dimanche 10 janvier 2021, 23:08:37

Cela faisait deux jours. Deux jours entiers, oui, qu’ils avaient visité les étranges ruines aux Goules. Deux jours que les renégats de l’Armée de Nexus les avaient coursés. Et deux jours qu’Alecto avait tiré le trait de l’arbalète fiché dans l’épaule de son Maître.

A vrai dire, la première journée avait été éprouvante, la nuit sans sommeil pour elle. Elle avait sursauté à chaque bruissement de feuilles et chaque hululement. La forêt mystique regorgeait de vie nocturne, et le Petit Corbeau, lui, était effrayé par la simple pensée de pouvoir s’endormir seule en laissant sans surveillance son cher Démon. Alors, tant que le maigre feu le lui permettait, elle avait observé les cartes volées, son index parcourant les lignes comme on l’aurait fait sur la peau d’un amant, en penchant la tête, et en sursautant à chaque murmure.

Elle ne s’était éveillée en sursaut que lorsque sa jument était venue cogner son museau contre sa joue, comme pour s’assurer qu’elle était encore vivante, et qu’elle était en mesure de les nourrir… Les yeux à peine ouverts, la petite Esclave trouva un tel réconfort à caresser le nez de son cheval qu’elle en aurait pleuré de bonheur. Et comme elle s’occupait d’eux, pourvoyant à leur bien-être, la jeune femme s’était mise à leur parler comme elle l’aurait fait avec n’importe quel être humain un peu sympathique.

Trouver à manger. Elle mit la journée à y parvenir, puisqu’elle n’osait pas s’éloigner trop longtemps de Damascus, et par crainte de se perdre, également. Au moins avait-elle pu faire sécher leurs tenues trempées, constituer un stock de fruits à coque qu’elle peina à casser entre ses dents, avant d’avoir l’ingénieuse idée de briser la coque brune entre deux pierres… Ses doigts s’en souvinrent, mais elle agrémenta sa ration de noisettes croquantes !

Un réconfort maigre lorsque le jour tomba et qu’elle tenta de nouveau de faire boire son Maître, changeant comme elle pouvait son pansement de fortune, et qu’elle se retrouva de nouveau face à sa solitude, et son incapacité à savoir si son état s’améliorait. Elle avait espéré qu’il s’éveille avec elle au matin, et ses yeux qui roulaient toujours dans leurs orbites sous ses paupières agitées l’effrayaient. Comme un mauvais présage.

Au soir de cette journée seule et pénible, Alecto sombra dans un sommeil lourd, luttant jusqu’à la dernière seconde pour ne pas s’endormir près de lui, scrutant son visage pour déceler le moindre signe d’apaisement de son Maître. Elle était tombée le front contre son bras, pliée en deux, dans une position inconfortable. Position qui la tira du sommeil au milieu de la nuit, en sursaut, pleine de courbature, en entendant des pas louvoyer autour de la petite place mousseuse où ils se trouvaient. Les chevaux aussi l’avaient perçu mais ne semblaient pas nerveux, attentifs tout au plus…

Elle récupéra sa fine rapière et la serra contre elle, gardant les yeux ouverts sans rien y voir à plus de deux mètres, et finalement, sombra.

Quand la voix tant espérée la tira des bras de Morphée, Alecto poussa un hurlement en même temps qu’elle aspira une profonde goulée d’air dans ses poumons, comme si elle venait de revenir à la surface après une longue période d’apnée.

Elle s’était dressée d’un bond, lâchant son arme mollement, et se remit derechef sur ses genoux pour se pencher au-dessus du Démon. Ses yeux étaient luisants d’un rayonnant soulagement, autant que de larmes.

« Maî… Messire ! » S’exclama-t-elle en le redressant, comme prise d’une énergie fraiche, retirant le long manteau de voyage de son corps et constatant avec un plaisir non dissimulé que le linge sur son épaule n’était ni suintant, ni imprégné de sang, cette fois.

« Vous êtes vivant ! » S’extasia-t-elle encore, lui sautant au cou comme une enfant sans réfléchir. La taciturne Alecto semblait déborder d’allégresse alors qu’elle se remettait sur ses pieds, en nouant sa tunique à la hâte.

« J’ai les cartes, je crois que j’ai vu un chemin, votre outre est pleine. Oh, j’ai des noisettes. Je crois que ce sont des noisettes. Je vais préparer les chevaux. Votre chemise est bonne à jeter. »

En réalité, elle avait déjà éloigné la dite-chemise poisseuse et rouge qu’elle avait enterré plus loin pour éviter d’attirer des prédateurs.

Certes, Damascus ne l’avait pas remerciée de s’être montré si prévenante et de l’avoir veillé jour et nuit pour s’assurer de sa bonne santé, mais jamais cela n’effleura l’esprit de son Petit Corbeau. Le bonheur inconditionnel de sa simple présence était suffisant à la combler, il lui semblait qu’il n’avait jamais été aussi beau qu’à cet instant. Et pourtant, le Démon revenait de loin, ses traits en attestaient.

Mais Alecto était déjà partie sceller leurs montures d’un pas guilleret.

Damascus

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L'avalanche d'émotions que le revenant lisait sur le visage de sa compagne lui extirpa un sourire fin qui étira ses lèvres discrètement. Oui il était vivant, oui il comprenait bien tout ce qu'elle venait de dire à un rythme si rapide, oui il fallait partir. La joie d'Alecto était contagieuse et bien que Damascus ne fut pas un homme d'allégresse, le dynamisme de la jeune femme irrigua en lui un sentiment nouveau qui le surprit. Tentant de l'effacer, il se leva douloureusement et étira ses muscles, encore nimbé des fragrances féminines qui venaient de l'enlacer. Autour d'eux, le petit matin prenait le pas sur la première aurore et une faune invisible se mit en mouvement. De petites bêtes piaillaient tandis que les premiers trilles d'oiseaux perdus dans les frondaisons se faisaient entendre. La majesté de cette forêt antique imposait une quiétude naturelle bénéfique aux voyageurs. Néanmoins, pour la connaitre un peu de précédents voyages, Damascus savait qu'il ne fallait pas se fier aux apparences et que leur traversée végétale ne serait pas de tout repos. Mais à ce stade, si "proche" des frontières de la grande prairie de Nexus, les dangers les plus mortels étaient plutôt rares. Les goules et autres monstres similaires ne comptaient pas aux yeux du démon.

Il faisait bon au sol, leurs affaires étaient sèches et Damascus examina sa blessure, constatant qu'Alecto avait fait du bon travail. La cicatrice qu'il garderait serait légère. Il s'apprêta ensuite de ses vêtements et équipements de voyage et tenta d'extraire son épée de son fourreau. Le geste le meurtrit même s'il ne dit rien. Il lui faudrait un moment avant qu'il ne récupère complètement et dans leur condition, c'était handicapant. Le cheval du démon s'ébroua et Damascus leva les yeux. Alecto, hissée sur la pointe des pieds, faisaient passer la lourde selle sur le dos du grand destrier. En deux pas, le guerrier se colla à elle, glissant ses mains sous l'ample haut pour venir emprisonner ses seins.


"Doucement, tu pourrais te blesser et il me faudrait sûrement m'occuper de toi......"


Le contact de ce corps chaud l'électrisa et il enfouit son visage dans la masse noire de la chevelure soyeuse. Il atteint rapidement le cou et la nuque de la jeune femme qu'il s'empressa de courtiser en mordillant et baisant la peau sucrée. Il lui pétrissait la poitrine, emboitant Alecto tout contre lui. Ses fesses fermes le frottant, annonçaient l'arrivée de la fin de leur jeûne sexuel, qui n'avait que trop duré. Le destrier noir tourna la tête vers eux et renâcla, comme s'il devinait ce qui allait se passer. Lui, avait envie à défaut de galoper, au moins de se dégourdir les pattes. Le démon retrouvait la fraîcheur de sa compagne et même si cette délicatesse était maintenant teintée d'odeurs d'aventures et de grands chemins, elle était tout autant désirable.

Il souleva la jeune femme par les hanches et bascula Alecto sur l'assise courbée de la selle. Ainsi exposée, il lui baissa ses braies de voyage et prit le temps de contempler ce charmant fessier avant d'y glisser sournoisement sa langue.


"La selle n'est pas attachée, si tu bouges trop, tu tombes ..."

Il ponctua son avertissement malicieux d'un coup de langue bien placé. La réaction de la sa petite princesse fit frémir le cheval, horrifié de servir ainsi de support à reproduction. Il frappa du sabot, intimant une libération immédiate !

"Attends encore un peu" intima le démon "Je n'en ai pas encore fini avec elle."

Lui écartant brusquement les cuisses, il s'enfonça dans la douce chaleur de son intimité et se reput du plaisir qu'elle sécrétait, sucant, léchant et tirant entre ses lèvres toutes les parties qu'il explorait.

Un petit écureuil curieux les observait, juché sur une grosse racine. Il piailla et certain de ne pas être dérangé, alla s'emparer de quelques noisettes que l'intruse avait collectée. Avant de remonter jusqu'à son abri perché dans les hautes branches, il s'arrêta à nouveau et piailla son assentiment au mâle qui corrigeait la femelle.


Alecto Nemed

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    Description
    ~Esclave de Thiana Gian~
    Petite, passe inaperçue. Cicatrices, ou traces de brûlures sous les bras, près du cou, bref, un peu cachées.
    Crédule, extrêmement pieuse, facilement impressionnable et très discrète, elle va rougir si vous continuez à la regarder ainsi !

Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 43 vendredi 06 août 2021, 15:09:53

Un sursaut figea le petit Corbeau au moment où les serres du Démon s’arrimèrent sur sa poitrine. Elle était si préoccupée par la nécessité d’être efficace et préparer leur départ, comme demandé par son Maître, qu’elle n’avait aucunement entendu Damascus se jeter sur elle. La voix suave et grave siffla à son oreille comme un roulement de tambour guttural et l’euphorie guillerette, infantile, qui l’avait envahie avant se mua sans attendre en un désir qui lui tordit les entrailles.

Ce fut si spontané et brusque, qu’Alecto elle-même s’en étonnait. Les sensations qui chauffaient désormais son ventre et son entre-cuisse semblaient s’éveiller après l’hiver, lui faisant monter le rouge aux joues. La voracité, mesurée mais intense, du Démon semblait la flatter, comme s’ils se retrouvaient enfin. Quelque chose lui brûla la poitrine, raffermissant le lien surnaturel entre eux, alors que les doigts démoniaques faisaient durcir la pointe de ses seins sensibles. Son esprit tenta bien de lui signifier qu’il avait dit qu’il fallait partir, et que perdre ainsi du temps était surement contre-productif, mais elle n’avait pas la capacité de réfléchir davantage lorsque son Maître se montrait si ardent.

Soulevée dans les airs si facilement, le Petit Corbeau lâcha un « oh » de surprise autant qu’il s’agissait d’un gémissement alors qu’elle comprenait dans quelle posture il venait de l’installer. La position était inconfortable, ainsi pliée, et elle sentit la noire monture émettre tout son mécontentement… La crainte d’être désarçonnée la fit trembler une seconde, mais le frisson se transforma en choc électrique, remontant de son sexe jusqu’à sa nuque, lorsqu’elle comprit que la sensation entre ses cuisses était la caresse de cette langue infernale qui s’insinuait dans son intimité.

Elle gigota un instant, puis s’immobilisa à la mise en garde… L’angoisse de tomber si elle faisait un geste de trop suffisait à la rendre prudente, mais plus encore, la menace soufflée par son Maître était convainquant. Pourquoi ces quelques mots avaient-ils réussi à l’exciter, alors qu’il la défiait et se montrait sans doute même cruel ? La pousser à se tordre de cette manière était la meilleure façon de la voir glisser maladroitement, ce qu’elle failli faire en sursautant dans un hoquet, sous les coups de langue sournois.

La tension de l’animal sous son ventre et les caresses du Démon créaient une situation incontrôlable où elle n’était que prisonnière, sans lien. La nécessité de ne pas bouger trop devint une telle contrainte qu’elle décupla immédiatement le feu qui ravageait ses reins. L’ardeur de son Maître la fit fermer vivement les paupières en lâchant un gémissement aigu, se rendant compte à quel point, déjà, son corps exprimait le désir fou qu’il pouvait insuffler en elle, sans peine. Ses cuisses ainsi écartées, à la merci de Damascus, Alecto tremblait à peine de peur de tomber, mais ses vocalises s’accéléraient à mesure que son Amant se montrait plus vorace.

Il semblait affamé, et elle subissait avec un plaisir qui la dépassait son festin. Plus rien autour d’eux n’existait pour le Petit Corbeau, qui ne vivait qu’au rythme des coups de langue, comme étonnée à chaque nouvelle sensation, plus forte, plus vive, plus intense. Le brasier trempait ses cuisses de salive et de fluides… Ses gémissements, pourtant, devinrent plus rauques alors que le Démon s’affairait, goulu, en la forçant à se saisir d’une main des crins du cheval. Ce dernier gronda et eut un mouvement d’encolure brutal, rongeant visiblement son frein pour obéir à son Maître malgré la colère qu’il ressentait. Plus Damascus faisait monter en elle une vague trop puissante à contenir, plus l’Esclave devait redoubler d’efforts pour se maintenir en place, se sentant dangereusement pencher en avant, les yeux toujours fermement clos.

Mais en elle, grondait un désir plus violent qui se réveillait à mesure qu’il envahissait son intimité trempée d’excitation, et que les sons de ses succions remontaient à ses oreilles. La jolie petite Poupée, perdue dans la forêt, veillant son Maître mourant, réalisa avec effroi qu’elle ressentait comme une envie de vengeance. Il l’avait abandonnée, entre vie et trépas, et elle lui en voulait d’avoir failli mourir… Un sentiment absurde, qui chauffait ses joues autant que ses cuisses, et qui petit à petit, prenait le pas sur la docile prisonnière de la langue infernale.

Alecto se contracta, gémissant plus fort en faisant s’envolée une nuée de volatiles dérangés, alors que Damascus s’attardait sur un point sensible, la faisant suffoquer. Submergée, elle se rendit compte qu’elle connaissait cette sensation et savait désormais ce que cela signifiait… L’orgasme approchait, et soudainement, la nécessité d’agir lui fit l’effet d’une gifle. Il la ferait jouir, puis il lui dirait de terminer de sceller les chevaux, peut-être prendrait-il son plaisir avant cela, mais il se contenterait de lui dire de se rhabiller. Etait-ce ce qu’elle voulait ?

La petite voix de la Rébellion en elle souffla qu’elle savait de quoi elle avait envie. Qu’elle avait droit de réclamer, ou mieux, de le prendre. Sa voix fut d’abord éraillée tant elle avait couiné, mais audible après une toux sèche.

« Pl… plus fort, Messire. Encore. Aller, encore. » Ses paupières se relevèrent et le petit Corbeau chercha à prendre appui sur la bête pour se redresser, dans l’espoir de voir son Maître. L’imaginer la tête enfouie entre ses cuisses la fit soudainement gémir pour elle-seule, son visage si raffiné malgré les affres du voyage, ses traits si fins et élégants, sa peau luisante de son désir… Mais elle n’était pas dans une posture adéquate pour l’observer, et un grognement frustré accompagna ce constat.

La frêle et douce Alecto se sentit soudainement trop impuissante dans cette position, et se dandina, oubliant une seconde de trop, le précaire équilibre de sa situation. La scelle y répondit rapidement, glissant sans surprise pour lui garantir d’embrasser le sol.

Damascus

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Re : Prémices d'un voyage pas si tranquille [ PV Damascus / Alecto ]

Réponse 44 vendredi 06 août 2021, 23:58:51

Il resta plus longtemps qu'il ne l'aurait pensé le visage enfoncé entre les cuisses d'Alecto. La saveur sucrée qui en coulait de faisait que plus lui donner envie de continuer. Il la connaissait déjà par cœur et savait qu'elle était en proie à la damnation dès qu'il la touchait. Damascus ne s'était jamais demandé si autre chose que le glyphe en était responsable. La présence de la jeune femme à ses côtés était à présent une évidence habituelle comme si elle l'avait toujours été. Les millénaires d'existence du démon lui faisait relativiser l'importance de la proximité des relations. La genèse de leur histoire se perdait à présent dans le passé et seul comptait les objectifs du futur. Et même si dans ses plans, ce futur n'augurait rien de bon pour Alecto, il allait de l'avant car ses desseins étaient plus importants que tout le reste. Et pourtant, certaines choses changeaient. Durant leurs étreintes, il avait souvent éprouvé le besoin irrépressible de lui faire mal, de la mutiler, de l'entendre souffrir pour combler le chaos qu'était son essence de démon. Il avait toujours résisté, par souci de préserver cette enveloppe et cette âme fragiles. En cet instant où il prenait plaisir, même sournoisement à la soulager de ce désir physique, toutes ces horreurs et tortures avaient déserté son esprit. Alecto méritait une récompense pour ses attentions et il comptait bien honoré cette loyauté, sans toutefois poussé trop loin non plus. A donner trop et trop vite, le maitre perd la fidélité de sa chienne - citation misogyne d'Ashnard mais pourtant démontrable.

Damascus raffermit sa prise et décida qu'elle devait venir. Il accentua ses caresses et offrant à Alecto l'impression qu'il l'écoutait, enfonça son pouce dans le petit anus serré tandis qu'il atteignait la limite profonde que sa langue malmenait. Elle avait exiger plus et le résultat fut des plus divertissants pour les dizaines d'yeux curieux qui les observait. Alecto bascula la tête la première de l'autre côté du cheval et dû de conserver l'intégrité de sa tête au réflexe du démon qui la rattrapa par la cheville. A l'inverse des minutes précédentes, cette situation n'avait rien d'érotique. Damascus la laissa glisser doucement au sol avant de la lâcher et s'accroupit pour la regarder entre les pattes de l'animal.

"Alecto ..... ton corps commanderait-il à ton esprit? Ou bien cherches tu à t'échapper de mon étreinte? Si je ne suis pas assez bon, dis le moi."

Il sourit narquoisement. A l'évidence, Alecto allait balbutier un "messire" malheureux et rouge de honte, trouverait une astuce pour échapper au regard de son maitre.

"Rhabille toi! Nous baiserons plus tard. Tu méritais cette intermède. Prépare ta jument, nous partons."

Le démon s'affaira à terminer de seller son cheval qui pour la première fois, tenta de le mordre. Il s'agissait d'une juste revanche. Pour éviter de laisser sa compagne dans l'indécision, il ajouta quand même.

"J'aime ta fente, j'ai rarement goûté quelque chose d'aussi bon."

Il savait qu'elle ruminerait. Alecto voulait toujours plus et espérait à sa manière. Le démon s'en souciait un instant puis oubliait.

Quand ils furent prêts et après qu'il eut fermé son visage pour tuer dans l'œuf toutes éventuelles réclamations, Damascus, guidant sa monture par les rênes, passa en tête pour suivre le chemin qui serpentait entre les racines des arbres gigantesques. Au sol, la tiédeur était omniprésente et apportait un confort aux aventuriers. A croire que la pluie ne passait jamais les frondaisons car le tapis de feuilles épais qui jonchait le chemin était sec et amortissait leurs pas. Ils marchèrent, attentifs, un long moment dans ce décor surnaturel et végétal. Les chevaux suivaient sans renâcler, trop heureux d'éviter le poids de leur cavalier. Autour d'eux, l'entrelacement des racines formaient un labyrinthe inextricable sur lequel courait tout un écosystème merveilleux de petits rongeurs colorés à des insectes secrétant des substances lumineuses sous l'œil d'oiseaux de toutes tailles et aux plumages vifs. Les sols et troncs offraient des teintes brunes tournant parfois sur des orangés d'automne tandis que la verdure des hauteurs oscillait entre l'émeraude et le bleu turquoise. Les deux voyageurs étaient ridiculement petits lorsqu'ils passaient sous les arches millénaires et aussi épaisses que des murailles. Mais le chemin qu'ils empruntaient, lui, était encore plus vieux. Seules les feuilles le jonchaient. pas une pierre ni une racine ne le défigurait. Il semblait que la forêt avait grandi autour de lui, qu'il était le repère, le fil d'Ariane et qu'il ne fallait pas le perdre.

Avant la tombée de la nuit, ils atteignirent les hauts d'une ravine profonde dans laquelle le sentier disparaissait. Il s'en échappait des volutes fraiches, indiquant plus bas la présence de l'eau mais bien qu'il ne fisse pas nuit, l'obscurité régnait au fond. A cet endroit, les bois paraissaient beaucoup plus sombres qu'auparavant. Sur les pentes, les arbres étaient plus petits, plus gris aussi, comme recouverts de cendres. La limite de la verdure s'arrêtait à cette combe profonde qui n'appelait rien d'engageant.

Damascus n'avait aucune idée du temps qu'il leur faudrait pour la franchir et la carte indiquait des éléments sans notion de temps. Il repéra le trait qui signifiait la combe, loin, très loin de l'orée de la forêt qu'ils devaient atteindre.


"Allons-y, ne perdons pas de temps. Garde ta rapière à portée de main."

Le terrain s'avéra glissant et plus d'une fois, les chevaux glissèrent en hennissant d'effroi. Le contraste était flagrant ici par rapport au lieu où ils, où Alecto, avait établi leur camp. L'odeur de décomposition et d'humus était lourde dans l'air. Des nappes de brumes les isolaient l'un de l'autre par instant. C'est fatigués qu'ils atteignirent le fond. Un ruisseau rapide y creusait son lit, l'eau était claire mais les chevaux refusèrent de boire. La carcasse desséchée d'une grosse bête gisait tout près. Tout incitait à la prudence et pourtant l'attaque les surprit. Une pluie de fléchettes cribla les cuirs de Damascus sans les percer, et toute hurlante, une horde de petits humanoïdes se rua sur les deux intrus de tous les côtés. Ces petites créatures ne mesuraient pas plus de trente centimètres. Elles étaient nues, seulement couvertes de pagnes rapiécés qui ne cachaient pas leur maigreur. Leur peau était grise et leur visage étaient dissimulés derrière des masques de mort taillés dans de l'écorce. Ils étaient armés de lances de fortunes et de petites lames courtes. Seuls ils n'étaient rien mais en nombre, ils représentaient un danger mortel et ... ils avaient faim. L'épée du démon siffla et faucha les trois premiers, les coupant proprement en deux. Une nouvelle pluie de fléchettes vola et Damascus identifia des tireurs soufflant dans des sarbacanes.

"Evite les traits! Ils doivent être empoisonnés!"

La jument d'Alecto rua et une nuée de petits êtres fut propulsée dans les airs. Les petits corps brisés retombèrent au milieu des vagues de leurs congénères.

"Alecto bordel! Tue!"

Il la voyait, tout comme lui, débordée de toute part. Les petits monstres s'accrochaient à ses jambières pour la mettre au sol. Une fois encore elle allait devoir faire ses preuves.


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