La journée s'était déroulée sans trop de soucis au lycée. L'enseignant s'était même laissé aller jusqu'à participer à certaines activités au sein de plusieurs clubs. Comme ceux de baseball, de journalisme et... d'étude des mangas. Cette histoire de cosplay avait titillé quelque chose dans son esprit. A la seule particularité que le simple concept de se déguiser ne l'intéressait pas en soit. Tout du moins dans l'optique d'endosser le rôle d'un personnage de fiction. Non, son but était de s'habituer à cette idée en elle-même car il n'avait pas encore l'habitude de porter des uniformes pour ses missions futures.
Lors de son passage chez les élèves membres du club d'étude ces derniers lui ont parlé plus en détails de ce véritable mouvement de société qu'est le cosplay. Un aspect presque vital de la vie d'un otaku qui aime autant voir des personnes déguisées que de se déguiser eux-même. Lui parlant au passage de crossdressing, un principe consistant à des
hommes de se déguiser en femmes. Pas forcément avec une grande réussite vu le cliché en question mettant en avant les frères de certaines filles membres du club.
La grande revue du monde du cosplay incluait aussi une démonstration de la création de costumes et de boards de discussions tournant autour de la culture otaku. Le professeur n'étant pas un grand adepte des technologies ou des réseaux sociaux il nota la majorité des adresses procurées par ses élèves.
De retour chez lui il s'en alla prendre une douche avant de s'affaler ensuite sur le canapé de son salon. L'ordinateur portable du boulot sur ses cuisses, le téléviseur allumé sur la chaîné des actualités à quelques mètres de la table basse. Son canapé en avait vu passer des choses. Le fait qu'il soit encore entier et utilisable relevait presque du miracle.
Tous ces forums et sites dégageaient une passion assez impressionnante. Tenir à jour sur l'actualité du mouvement otaku, de ses évènements et surveiller ces communautés qui osent tous sous le couvert de l'anonymat ne devait pas être simple tous les jours. Surtout qu'une grande majorité des personnes fréquentant ce genre de sites sont des ados ou des jeunes adultes.
Quelques jours plus tard, les vacances étant toujours là, l'enseignant décida de rendre visite aux otakus avec lesquels il avait fait connaissance. Au fil d'une discussion l'une des élève proposa à Solis de répondre à une annonce concernant une mangaka qui cherchait de l'aide pour réunir des références. Une demande liée au monde du cosplay car celle-ci nécessiterait d'enfiler différents costumes et/ou uniformes. La jeune femme alla même jusqu'à répondre à la place de l'homme sans lui demander son avis.
La réponse fut immédiate :
Solis-sama,
Nous vous remerçions de l'attention portée à l'annonce pour le poste de Modèle pour référence. Votre proposition sera étudiée dans les plus brefs délais avec la garantie d'y répondre dès que possible.
....
Un homme le contacta ensuite pour passer un entretien téléphonique en lui posant de nombreuses question sur son activité professionnelle principalement. Force était de constater qu'il ne s'agissait pas d'un groupe d'amateurs. La maison d'édition derrière la mangaka devait avoir des moyens et sa futur probable patronne ne devait pas être une débutante.
Vinrent ensuite l'acceptation de sa candidature et le jour J. Celui de la rencontre avec celle qui serait sa patronne pour quelques temps dans ce nouveau domaine dont il ignorait tout. L'endroit indiqué sur l'adresse qui lui fut envoyée était assez particulière. Et pour cause, il s'agissait d'une pension et non d'un immeuble habituel avec interphone, codes et autres systèmes technologiques qui empêchent les gens d'entrer. L'accueil était occupée par une femme d'un certain âge qui demanda à l'homme de patienter quelques minutes... jusqu'à ce qu'une femme à la longue chevelure rose vint à sa rencontre. Il s'agissait clairement de la femme de l'annonce.
« Bonjour ! Oui, c'est bien moi. Enchanté de vous rencontrer. »Sans même perdre une seconde la jeune femme guida son collègue de travail dans une grande chambre. Puis alla s'installer sur une chaise avant de lui expliquer directement ce qu'elle attendait de lui pour les prochains jours. Pour finir par lui tendre un uniforme qui ressemblait clairement à celui d'un majordome. Solis se souvint alors d'en avoir vu un semblable dans un des mangas disponible dans les nombreuses bibliothèques du club d'étude des mangas du lycée où il travaillait. Peut-être que la mangaka dessinait des doujins, ces revues amatrices parodiant les séries à succès. Ou alors il s'agit d'un manga original sur l'époque victorienne ou mettant en scène des personnages venant de riches familles. Le genre que l'on retrouve souvent quand on aime inclure une riche héritière hautaine ou snob toujours accompagnée de son majordome. Mais bon, il était là pour poser et non penser.
« Oui, quelques uns. Vous préférez qu'on se vouvoie ou qu'on se tutoie ? Et je devrais porter ces costumes uniquement dans cette chambre ou également en extérieur ? Et je me change ici ou à côté ? Les deux me conviennent. »