Sur la chaussée, un homme massif en bleu de travail terminait de décharger du matériel de l’arrière de sa camionnette estampillée «
Swooosh » (avec 3 o), puis s’éloigna du véhicule en poussant un petit chariot roulant, garni de nombreux outils de ménage. Esquivant les nombreux passant autant qu’il le pouvait, il percuta tout de même la jeune femme de l’épaule, avant de s’excuser platement.
« ‘Scusez ‘moizelle. C’est les foutues roues de ce truc, elles se coincent tous les dix mètres. » Puis il poursuivit son chemin vers le bâtiment, en pestant contre son attelage.
Une fois qu’il fut hors de portée, Logan sortit de sa poche le pass qu’il venait tout juste de subtiliser. Cora Travers. Il se retourna brièvement pour vérifier que l’employée ne s’était rendu compte de rien.
Mh, mignonne. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Logan avait des doigts plutôt agiles, ce qui couplé à des réflexes surhumains, avait rendu la tâche plutôt aisée. La jeune femme ne figurait pas au rang du personnel disposant du plus haut degré d’habilitation, mais ce serait suffisant pour ce qu’il avait à faire. Il reprit sa route, et salua d’un signe de tête les vigiles qui l’invitèrent à emprunter le portique de sécurité. C’était le moment fatidique. Ses os en adamantium risquaient d’être repérés par le scanner à haute performance de Neo-Genetic. Fort heureusement, le SHIELDl’avait équipé en conséquence, puisque la boucle de sa ceinture contenait un brouilleur électronique, qu’il activa en pressant discrètement l’interrupteur.
« Allez-y monsieur, passez sans le chariot. Ah, merde ça plante encore, ‘chier. »
Encore ? Décidément, Logan avait de la chance. Affectant un air surpris, il s’arrêta net, et pivota pour faire demi-tour.
« Vous voulez que je repasse ? » Le vigile du PC sécurité semblait ennuyé. Le protocole interdisait en effet l’accès du personnel non-sécurisé. Son humeur ne s’arrangea guère lorsqu’il constata que le résultat du scan était identique. Il se leva de son siège et contourna le comptoir.
« Je suis désolé, mais je vais devoir vous fouiller. C’est la procédure. » « Pas de problème », grogna le vieux mutant, en levant docilement les bras, tandis-ce que le vigile le palpait sommairement, visiblement guère enthousiaste.
« Z’avez l’air de pousser à la salle. Vous devriez vous reconvertir dans la sécurité, ‘croyez pas ? » Logan grimaça un semblant de sourire.
« Heu ouais, j’vais y penser. » L’homme consentit à le libérer.
« ‘Pouvez y aller, n’oubliez pas vot’ chariot. » Une fois dans l’ascenseur, Logan expira longuement. Le plus dur était fait. Le Wolverine poussa le bouton du huitième étage, le premier niveau d’une dizaine à abriter les laboratoires de Neo-Genesis. Lorsque la sonnerie retentit, il s’engouffra dans un long couloir vitré. Le rapport de mission indiquait qu’une caméra infrarouge lui faisait face, droit devant, mais qu’en prenant la prochaine intersection, il échappait à la vidéosurveillance.
812, 813… 814. Il frappa à la forte une fois. Deux fois. Pas de réponse. Il présenta le badge de Cora devant le boitier de détection, et pénétra dans le bureau sitôt que le voyant vira au vert, tirant son chariot à l’intérieur. Bien. Comme leur contact le leur avait expliqué, il s’agissait d’une salle ou l’on rangeait temporairement les rapports d’expertise écologique préliminaires, quoique cela puisse bien vouloir dire. Simplement, l’un de ces dossiers n’était pas un rapport d’expertise, mais un dossier médical, dissimulé à dessein par un employé repentant des sévices qu’il avait participé à infliger au dénommé
« Kenzo Abenabe », qui était officiellement décédé deux mois plus tôt d’une crise cardiaque dans l’une des cliniques détenues par la firme. L’obtention de ce document, couplé au témoignage du médecin devait être suffisant pour organiser une perquisition de grand ampleur, susceptible de mettre en lumière les activités illicites de l’entreprise. Il mit rapidement la main sur le dossier, renommé Ebanabe, et noyé au milieu des centaines de rapport classés à la lettre E.
Ah, enfin. Il le glissa à l’intérieur de son bleu de travail.
« Monsieur ? Je peux vous demander ce que vous faites ici ? »
Dans son dos, quelqu’un. Le vieux mutant n'avait pas été suffisamment attentif. Logan fit volte-face, avec une lenteur calculée. Un trentenaire, voûté par les heures de travail le regardait avec un mépris certain.
« Je cherchais les chiottes. La porte était ouverte, alors je me suis dit que c’était probablement là ». Il ne put s’empêcher de sourire, malgré les risques encourus.
« Mais je me suis trompé. Alors je vais m’en aller ». Il s’approchait de l’employé d’un pas tranquille, affectant la plus complète décontraction.
« Donnez-moi le dossier. Je crois que je vais devoir appeler la sécurité. » L’homme ne semblait pas vraiment se rendre compte que la situation n’était pas à son avantage et que l’intru qui se dirigeait vers lui était une masse de muscle et de nerfs.
« Je pense que tu vas devoir me laisser passer. » Le type se rengorgea, mais Logan ne lui laissq pas le temps de rétorquer quoique ce soit. Le revers de sa main s’écrasa sur la tempe de l’avorton qui s’effondra aussitôt. Logan le tira avec précaution à l'intérieur, l'éloignant de la porte.
« Bon. » Il fallait qu’il fasse vite. Abandonnant son chariot, il enfonça sa casquette sur son front, fourra ses mains dans les poches et enfila le couloir.
Ding.
Merde, c’est la meuf de tout à l’heure… Avec un peu de chance, elle passerait son chemin.
Au poste de vidéosurveillance, 1SS
Hiro est un ancien flic. Un ripoux qui a tiré 5 ans pour proxénétisme. Mais il avait un sacré flair, qu’il possédait encore Lorsque Logan a franchi le portail de sécurité pour se diriger vers l’ascenseur, il s'était redressé sur son siège en rapprochant son gros nez de l’écran.
« Hé, Makoto, regarde-moi ce mec. »
Son collègue daigna lever le nez de son téléphone portable pour jeter un coup d’œil à l’inconnu, sur lequel les portes se refermaient déjà.
« Et alors ? Il est clean non ? Smith l’a fouillé. Bon, il a l’air costaud, mais y’a rien de suspect là-dedans »
« Ça mon pote, c’est pas juste un malabar. Je mettrais ma main à couper que c’est un ancien militaire, ou un truc du genre. En plus je te rappelle qu’on a validé individuellement chaque employé de Swooosh, après enquête. »
« Ouais, et ce gars n’est pas sur la liste ». Makoto a compris. Il prend le talkie-walkie. Les consignes de Neo-Genesis sont très claires dans ce genre de cas : mieux vaut prendre le risque de se tromper. Il s’approche de Hiro, regarde les écrans par-dessus son épaule, retrouve l’inconnu sur la caméra du 8ème.
« Envoyez une équipe au huitième. Le suspect porte un bleu de travail, une casquette et est potentiellement dangereux. » Il s’interrompt, semble réfléchir un instant puis ajoute. « Usage des armes non-létales sans sommation autorisé. »