De telles sueurs froides, ça avait le don de vous faire dégriser ! Toshiro s’était planté dans les grandes largeurs, et, alors qu’il s’apprêtait à sortir, Miho le retint brusquement. Le jeune homme s’arrêta rapidement, extrêmement nerveux. Que dire ? Que faire ? Si Miho révélait cet incident aux autres, sa femme le crucifierait sur place ! Elle lui reprochait assez souvent d’avoir des érections spontanées, « l’appétit d’un babouin adulte », comme elle le disait parfois ironiquement. Et Kenja avait briefé le couple sur sa sœur, expliquant qu’elle était tout l’inverse d’elle-même, très classique, et... En fait, pour le dire simplement, Kenja leur avait dit qu’elle était « coincée ». Toshiro déglutit donc lentement, puis se retourna vers elle.
Silencieusement, il devait réfléchir à la suite, et se massa l’arrière du crâne.
« Euh... Ben... Je ne sais pas si l’heure ou le moment sont bien indiqués pour parler de ça, Miho, mais... »
Toshiro se rapprocha d’elle, et, tout en évitant soigneusement de la regarder, par peur de lire sur son visage le dégoût ou la répulsion qu’il pouvait lui inspirer, il reprit :
« Je... Je t’ai dit que j’avais fait des études aux États-Unis, hein ? Tu sais, je... Je suis historien, et... Enfin, ce n’est pas l’heure de te faire un cours, Miho, mais mes parents ont grandi avec cette vision décomplexée de l’érotisme et du sexe. Tu sais, euh... Enfin... Le Japon n’a pas été marqué comme l’Occident par la culture chrétienne, par l’idée que le sexe soit quelque chose de mal, une sorte de péché originel, qui ne peut être purifié, lavé, que par le mariage. C’est... Ce sont des normes occidentales qu’on impose aux Japonais, et... Enfin, je pense que ça explique en grande partie pourquoi notre peuple a un taux de natalité extrêmement bas. »
Même à travers cette séance volée, on pouvait voir pourquoi Hako était tombée amoureuse de Toshiro. C’était un beau parleur, un véritable intellectuel. Il n’en avait pas l’air comme ça, mais le jeune homme avait réussi de brillantes études. C’était d’ailleurs lui qui, au sein du couple, avait le salaire le plus important.
Toshiro reprit encore :
« Enfin... Tout ça pour dire que, traditionnellement, on ne voit pas chez nous le sexe comme quelque chose de mal. C’est pour ça, je pense, que le sexe est si librement admis chez nous qu’en Occident, qu’on en plaisante, qu’on fasse de l’humour là-dessus, et... Enfin voilà. Moi et Hako sommes très libres là-dessus. On s’aime, mais on sait aussi qu’on ne doit pas voir le sexe comme quelque chose de mal par nature. D’ailleurs, pourquoi est-ce que le sexe serait nécessairement mauvais ? »
Le jeune homme secoua la tête, et regarda finalement Miho, en lui souriant légèrement :
« Mais bon... Je suis vraiment désolé, Miho, je t’assure. Je... Je te promets que ça ne se reproduira plus jamais, tu peux me croire ! Je... Merde, je me sens vraiment trop con... Je t’assure que je voulais pas penser à mal avec toi ! »
Sur ce point, il se voulait sincère !