Le paquet de clopes en main, un très léger flottement s’installa tandis que je proposai la marchandise à ma nouvelle pote d’un soir. Qu’est-ce qui lui prend ? Mes cigarettes ne lui reviennent pas ? C’est vrai qu’il y a sans doute plus esthétique et de meilleure qualité sur le marché, mais tout de même. Proposer ma camelote est toujours un moment stressant, et je suis immédiatement soulagée lorsque Alessandra fouille dans ses poches pour me sortir l’oseille.
Un sacré billet avec ça. Elle n’est pas du tout au courant du prix du marché ou bien quoi ? Je cligne des yeux devant cette masse de fric inattendu, mais accepte rapidement de faire l’échange, pliant le papier n’importe comment pour le fourrer dans ma poche. Elle n’avait pourtant pas le style du pigeon, mais je n’allais tout de même pas rechigner quand l’occasion se présentait aussi facilement. Avoir un beau petit cul ne protégeait pas des arnaques, pensai-je.
« Ah, carrément… Bah écoute, j’veux bien mais en plein festival… » Déclarai-je en tournant la tête à droite et à gauche. « J’vois pas de coin tellement isolé, et derrière les coulisses ça doit être plein de gerbe. »
Une de mes cigarette roulée file directement entre ses lèvres, visiblement Alessandra a l’habitude d’en consommer, et à vrai dire, je trouve justement qu’elle a la tête de l’emploi. Repoussant mon verre vide sur le côté, je l’observe se lever la cloque au bec pour se faufiler derrière moi et me mettre carrément la main au cul. Plutôt cash et aventureuse comme nana. Au moins comme ça c’est clair, on n’est pas là pour se faire des politesses et elle drague avec la subtilité d’un bulldozer de chantier.
« Ok, ça t’plait on dirait ce que tu touches, hein ? » Ricanai-je sans faire mine de me dégager de son emprise.
Bah ouais, après tout je peux comprendre, j’ai un cul d’enfer et on me l’a toujours dit. Ma petite fierté en somme. Hop, je n’ai pas le temps d’en rajouter que la belle toxico me chope le poignet et m’entraine je ne sais où. La vache, elle a une sacrée poigne la donzelle, bien plus que je ne l’aurai imaginé de prime abord. L’endroit où elle m’entraine m’apparait assez évident, et je suis agréablement surprise de voir combien Alessandra a l’air impatiente d’y arriver.
Tout ça est carrément précipité, mais honnêtement vu le numéro que j’ai pêché, ça ne m’étonnes pas tellement. Au contraire, ça me plait et je ne peux pas m’empêcher de sourire quand Alessandra ouvre la porte du van, me poussant aussitôt à l’intérieur. Intéressant comme endroit. Je ne sais pas du tout à qui il appartient, mais en déambulant dedans, ça m’a l’air plutôt confortable et surtout très tranquille. C’en est excitant en fait, et sa manière de poursuivre la discussion pimente carrément les choses.
« T’as de quoi t’en occuper de mon cul au moins ? »
Cela dit, maintenant que nous étions si proches, je venais juste de remarquer combien la belle était grande, mais vraiment bien plus grande que moi. Et sans que je ne sache réellement pourquoi, j’ai vaguement un mauvais pressentiment comme si tout cela cachait quelque chose d’autre. En y réfléchissant, je venais de me faire entrainer dans un van isolé par une femme rencontrée cinq minutes plus tôt au détour d’un verre de vodka et d’un paquet de clopes.
Vu comme ça, une pointe d’inquiétude naquit finalement dans mon esprit. Mais je n’avais pas réellement le temps d’y songer puisque sans plus de cérémonies, Alessandra m’attrapa la main une nouvelle fois, l’autre sur mes fesses, pour me coller littéralement entre elle et le mur. Un peu de violence et de domination ne m’a jamais déplu, mais quelque chose dans son attitude me rendait légèrement méfiante. Appelez ça le sixième sens de la dealeuse.
« Fournisseur ?... Woh, attends t’es dans le business aussi ? Hé… ! » Échappai-je de surprise, n’ayant qu’à peine le temps de causer avant d’être presque balancée de force sur une chaise. Vu sa force, je restai prudente et ne bronchai pas d'un pouce.
D’accord, là c’est inquiétant. Naturellement, j’étais parfaitement au courant de l’existence d’autres concurrents dans mon petit business de la drogue, mais je n’aurais jamais imaginé tomber par hasard sur l’une d’entre elles. En y repensant, c’était probablement une énorme connerie de ma part de lui avoir proposé la marchandise, et je réalisai combien cette situation pour vraiment mal tourner pour moi. Autant dire qu’il devait nécessaire de jouer serré, très serré même.
« Hé, relax, hein… » En vrai, elle me paraissait beaucoup amical d’un coup, et je n’avais pas envie de terminer la journée aux urgences ou pire. Par mesure de sécurité, je restai immobile, coopérative et presque sage.
« J’ai plusieurs fournisseurs mais c’est pas en ville… Ils sont à Nexus, mais j’sais pas si tu connais. En fait, j’suis une indépendante, juré, j’vends juste deux, trois trucs quand j’ai l’occasion mais j’peux dégager si ça t’arranges, pas besoin d’me casser la figure, hé. »
Heureusement que mes nerfs étaient solides après toute ces années à négocier avec des brutes et des tarés, sinon j’aurais sans doute paniqué. Mais je n’avais aucune raison de mentir, n’ayant personne à couvrir et si changer de zone pouvait m’éviter de terminer dans le fleuve… Autant coopérer. Cependant, est-ce que ça allait suffire ? Difficile à dire dans la mesure où Alessandra n’avait pas l’air de plaisanter et je commençai réellement à me demander si elle n’était pas dans la mafia.
« Ok… J’te jure que j’voulais pas marcher sur ton terrain donc j’peux me barrer quand tu veux et rendre le fric. Après avoir fait une compensation peut-être ?... » Déclarai-je en levant ma main libre, la posant carrément sur son entrejambe.
Ce n’était pas très subtil certes, mais avant cet interrogatoire, nous en étions bien là non ? Tiens, d’ailleurs, mes doigts rencontraient une curieuse bosse entre ses jambes. La savoir disposer de la même particularité anatomique que moi m’arrangeait en fin de compte. Autant y aller cash.
« Une pipe, ça montrera ma bonne volonté non ? »