Amélie était sûrement suicidaire, oui, en acceptant de suivre Zéphyr. Après ce que la jeune femme venait de vivre, la prudence la plus élémentaire aurait, au contraire, dû l’inciter à fuir, et à laisser cette jeune créature à la peau blanchâtre seule. Seulement, ce n’était pas la façon de procéder de la jeune Française. Elle était inquiète pour le sort de Zéphyr, et... Eh bien, après voir frôlé la mort en sa compagnie, elle n’avait pas envie de se dire qu’elle avait fait tout ça pour rien. Et puis... C’était comme dans le film E.T., la situation était... Tout simplement cool ! Amélie s’avança donc, évitant soigneusement les rues trop bondées, ou se dépêchant de les traverser vite. Quand on était une SDF, on apprenait à se fondre dans le décor. Pour autant, avec sa compagnonne disposant d’une queue caudale, Amélie ne passait pas inaperçue, et se dépêchait donc, faisant signe à Zéphyr de la suivre sans s’arrêter.
En chemin, Zéphyr lui expliqua qu’elle avait la capacité d’absorber les pouvoirs d’autres personnes au contact. Maintenant qu’Amélie voyait Zéphyr sous ses yeux, elle pouvait tout à fait admettre qu’il existait des individus dotés de capacités surnaturelles, même si c’était, pour elle, une grosse révélation.
« On approche, Zéphyr, c’est près du port... »
Elles s’avancèrent dans une ruelle qui descendait, et s’approchèrent d’une rue. Les deux femmes avaient quitté la Toussaint, pour rejoindre des entrepôts et des docks. Il y avait moins de curieux ici, et, mis à part quelques camions qui se déplaçaient et des ouvriers sortant du boulot pour retourner chez eux, les deux femmes purent avancer plus librement. Le port de Seikusu longeait la zone industrielle, un ensemble d’entrepôts et d’usines qui avaient fleuri après la guerre. Cependant, du fait de la crise, beaucoup de ces structures avaient fermé, sans trouver de repreneurs. Le repaire d’Amélie se trouvait donc dans l’un de ces entrepôts, et c’est là qu’elle se rendit.
La jeune femme passa à travers une clôture, à un endroit où la clôture était déchirée, et aida Zéphyr à passer. Les deux filles marchèrent ensuite sur un terrain vague, de l’herbe et de la friche poussant de manière chaotique. Amélie s’approcha d’une porte sur un côté, et l’ouvrit à l’aide d’une clef, puis se retourna vers Zéphyr, en lui souriant délicatement :
« Bienvenue chez moi, Zéphyr... »
Ses amis n’étaient pas encore là, et Amélie s’avança dans un sombre couloir, jusqu’à rejoindre une ancienne salle de réunion, réaménagée en squat. Le long des murs, dans le couloir, on pouvait d’ailleurs voir divers tags. Ensuite, elles arrivèrent donc devant l’ancienne salle de réunion, où il y avait des objets divers et variés. Un caddie faisant office de meuble, un radiateur portable, qui fonctionnait grâce à une batterie, et plusieurs matelas avec des couvertures. Amélie s’approcha d’une lampe, et appuya sur le bouton, éclairant la pièce.
« Voilà... Ce n’est pas le grand luxe, mais, ici, on est tranquilles, au moins... » indiqua-t-elle.