Mens sana in corpore sano. La doctrine antique était une philosophie de vie pour Alexandre, qui s’était toujours efforcé d’entretenir son corps. Il n’était pas un simple vampire, ni un vulgaire homme d’affaires, mais un véritable soldat. Sur Terre, il manipulait la loi. Sur Terra, il commandait des troupes, gérait des domaines, une armée, et s’entraînait donc régulièrement. De fait, il pratiquait la boxe, et aussi des techniques visant à utiliser ses talents vampiriques. Nul doute que, ce soir, tout ça allait lui sauver la vie. Initialement, Alexandre pensait que ce Lycan avait été envoyé par l’un de ses ennemis, un clan vampirique rival, mais, en voyant les attaques désorganisées de la bête, uniquement motivées par la rage, il en vint rapidement à une toute autre conclusion.
*Une bête errante, un Lycan qui ne contrôle pas sa lycanthropie... Peut-être s’attaque-t-il instinctivement à moi parce qu’il a senti mes gènes vampiriques... Après tout, l’hostilité entre nos deux races est légendaire.*
Très prudent, Alexandre optait pour une attitude de combat défensive. Le Lycan avait les moyens de le mettre en pièce, et, tandis que le combat s’instaurait, les pupilles d’Alexandre avaient viré au rouge, ce dernier usant de ses pouvoirs magiques pour tenter de contrôler le Lycan, de l’apaiser, d’influer sur son rythme sanguin pour ralentir le seffets de sa lycanthropie. Si les vampires avaient historiquement pu contrôler de grandes meutes de loups et de Lycans, avant les révoltes, c’était précisément parce que, grâce à la magie rouge, ils pouvaient influer sur les mutations lycanthropiques.
Le combat ne se résumait pas qu’à de l’hypnose. Alexandre feintait, esquivait, et contre-attaquait à chaque fois, décrochant des uppercuts, des coups de pied, énervant à chaque fois la bête. Les rugissements du Lycan le laissaient toutefois indifférents, ce qui n’était pas el cas de ses vêtements. Sa chemise ne fut plus qu’un souvenir quand le Lycan le prit par surprise, bondissant en s’appuyant sur un lampadaire, et découpa sa chemise, entaillant également la chair d’Alexandre, renversant l’homme. Ce dernier posa une main au sol, et serra les dents, voyant son sang couler sur le sol.
« Hmmmm, saloperie... ! »
La douleur éclata en lui, et le Lycan, semblant ragaillardi par ce coup, attaqua de plus belle Alexandre, le chargeant. Un coup renversa le vampire au sol, qui vit le Lycan le surmonter, les dents du monstre filant vers son cou. Fort heureusement, Alexandre leva les mains au même moment, et posa ses deux mains sur son museau, retenant son visage. Le Lycan rugit, claquant des dents dans le vide, déchirant partiellement les gants... Puis Alexandre fit lui-même sortir ses griffes vampiriques, et les planta dans la tête du Lycan, faisant précipitamment reculer ce dernier.
Alexandre se releva ensuite rapidement, et le combat se poursuivit ensuite. La bête commençait à s’épuiser, signe que la magie d’Alexandre devait probablement commencer à agir... Ainsi que l’épuisement naturel du Lycan. Alexandre eut ainsi la surprise de voir le Lycan s’arrêter... Et révéla la présence d’une superbe femme, qui finit à genoux, épuisée.
*Oh... Une femme...*
À son corps défendant, un Lycan mâle était difficile à dissocier d’une femelle... Surprise, la femme glissa quelques mots, et s’écroula ensuite sur le sol. Restant silencieux, Alexandre s’approcha lentement. Il ne tâta même pas son pouls, car il le sentait déjà, mais s’efforçait surtout de se calmer. Du sang coulait de ses lèvres, son pantalon de soirée était déchiré ici et là, sa chemise était en charpie... Ses blessures commençaient déjà à cicatriser, fort heureusement, et il observa le corps de la femme.
*Je devrais la tuer par précaution... Mais mon clan n’a plus de Lycans, et je connais la puissance de ces bêtes. Il aurait suffi que cette créature soit davantage formée, et ne gaspille pas ses talents...*
Toutefois, avec les hurlements qu’elle avait poussé, le temps leur était limité. Alexandre récupéra donc son téléphone portable, et appela son chauffeur.
« Oui... Changement de plan, mon ami, je ramène une femme... Très particulière. »
Plus tard...
Quand Natacha se réveilla, elle dut rapidement prendre conscience des sangles retenant ses poignets sur les barreaux d’un lit. Un élégant lit installé dans une belle chambre, avec un feu de cheminée qui crépitait dans l’âtre. Entre le lit à double place et la cheminée, il y avait une peau de bête de loup, comme une triste ironie de la situation... Et un homme qui se tenait là, aussi nu que la femme, sa longue chevelure tombant le long de son dos. D’autres sangles retenaient également les chevilles de la femme, son corps enfoncé sous la couverture, mais, surtout, elle avait un collier autour du cou, avec une gemme rouge vive incrustée dessus.
L’homme qui lui tournait le dos entretenait les flammes en déplaçant les bûches, et, sans même se retourner, lui parla :
« Ne m’en veux pas, j’ai pris la liberté de te mordre, et d’insuffler un peu de mon sang en toi. Rien de bien dangereux, mais suffisamment pour, grâce à cette gemme magique fixée à ton cou, pouvoir contrôler ta mutation. »
Alexandre se releva alors, et se retourna. Les flammes éclairèrent son corps nu, et on pouvait encore voir, sur son torse, quelques lignes, correspondant à l’attaque de la femme. Les flammes éclairèrent également son sexe, tandis qu’il se rapprochait du lit. Sa main s’approcha alors, et il fit une petite démonstration de ses pouvoirs, ses yeux virant de nouveau au rouge. Immédiatement, Natacha ne put parler, et sentit même le contrôle de son corps lui échapper. La main d’Alexandre s’approcha de son visage, et il força les lèvres de Natacha à s’ouvrir, puis sa langue à sortir et à lécher le bout des doigts de l’homme.
« Tu vas me dire qui tu es, pourquoi tu m’as attaqué... » ordonna-t-il ensuite, d’une voix douce, en retirant ses doigts, et en redonnant à Natacha le contrôle de son corps.
Mentir n’était évidemment nullement dans ses intérêts...