Cette femme le troublait. Indéniablement. De base, il était déjà inconscient de sa part de ne pas l’avoir tué, ou renvoyée aux autorités. La lycanthropie était une mutation dangereuse, un phénomène redoutable. Des vampires plus grands que lui et plus renseignés sur le sujet avaient été incapables de contrôler ce mutagène. Pourtant, il ne l’avait pas fait. Certes, il l’avait torturé. Un acte de bonne guerre, après l’attaque qu’elle avait faite sur lui, une tentative de lui montrer qu’il était le mâle-Alpha. Dowell avait peut-être commis une erreur en arrêtant si rapidement. Il avait eu le choix entre, soit continuer à la torturer, et prendre le risque de la mutiler, de la briser, soit opter pour une solution alternative, consistant à s’impliquer davantage. Que voulait-il donc avec elle ? Sur ce point, la réponse était facile : qu’elle soit avec lui. Qu’elle soit son amante, sa tueuse personnelle, sa garde du corps. Il la voulait, aussi bien pour ses formes alléchantes que pour sa haine, sa brutalité, sa sauvagerie. Ceci rendait délicat de la torturer, car il risquait surtout, à terme, de briser sa combativité, son ardeur.
Natacha était assez confuse, et soupçonna alors qu’il voulait une amante violente, brutale, sauvage. Elle ne tarda pas à en faire la démonstration, le masturbant légèrement, mais surtout douloureusement, arrachant au vampire quelques frissons. Ce dernier sourit en retour, sentant les ongles tranchants de la femme effleurer son sexe. Pas assez pour qu’elle le tranche (ce qui aurait été regrettable), mais suffisamment pour faire perler quelques gouttes. Lui, en retour, ne trouva rien de mieux que de poser l’une de ses mains sur les fesses de Natacha, serrant son cul, et caressa avec l’autre la joue de la femme.
« Je crois que j’ai autant envie de te baiser toute la nuit que de te tuer, ma belle… Il est rare qu’une femme m’inspire autant de sentiments contradictoires, tu ne trouves pas ? Nous sommes les représentants de deux races antagonistes, similaires et différentes. Tout dans mes gènes me pousse à te tuer, mais je m’y refuse. »
Il se pencha vers elle, et l’embrassa pendant quelques secondes. Son trouble, il le percevait aussi chez cette femme. Après tout, le simple fait qu’elle ne lui ait pas comprimé le sexe signifiait déjà, en soi, qu’elle n’envisageait pas de le tuer immédiatement. Le pire que Dowell avait à craindre, c’était qu’elle ne se transforme. À toute fin, il disposait dans sa chambre d’un redoutable cristal en dymérite, un minerai rare, une sorte de variante « pure » de l’obsidienne, qui permettait d’annuler les effets magiques environnants. Mais il ne savait pas si cela marcherait contre un Lycan, vu qu’il s’agissait d’une mutation génétique.
Quoi qu’il en soit, il rompit le baiser, et continua à caresser les fesses de la femme.
« Mais je crois bien que c’est ça… Je te veux comme tu es : belle, sauvage, violente, insoumise. Et, pour le reste, saigner ne me dérange pas. Je ne suis pas fragile comme un humain, la douleur… Elle fait partie de nous. Crois-moi, ma belle, lorsque tu auras vu à quoi ressemble le sexe entre deux vampires, tu comprendras de quoi je parle. »
Lorsque deux vampires couchaient ensemble, qu’ils faisaient l’amour de manière vampirique, le lit finissait souvent gorgé de sang. Ils se griffaient entre eux, se mordaient, se léchaient mutuellement pour panser leurs plaies, tout en continuant à s’ouvrir et à se griffer. Une véritable ode au masochisme, mais surtout au sang, ce liquide ancestral qui était pour les vampires un véritable Graal. En tout cas, Natacha pouvait sentir le sexe d’Alexandre se redresser doucement, devenant plus raide, jusqu’à taper contre ses cuisses.
Alexandre savait qu’il marchait en terrain miné, et opta alors pour rajouter une nouvelle condition à leur jeu :
« Je te veux comme amante, Natacha… Et je sens tes ondulations sanguines. Pour le dire plus simplement, je peux déterminer quand une femme contracte un orgasme, car son activité sanguine s’emballe énormément à ce moment. Alors… Voilà ce que je te propose, si tu es joueuse. Si je te fais jouir dix fois ce soir, tu resteras avec moi. Attention, et comprends-moi bien, il ne s’agit nullement de t’asservir, mais tu accepteras l’idée que je puisse te former pour que tu contrôles ta lycanthropie, et que nous refaisions l’amour ensemble. »
Dix orgasmes en une nuit… Le défi semblait plutôt relevé, et, en tout cas, illustrait l’orgueil démesuré du vampire.
« Si je n’y arrive pas, tu rentreras chez toi, et nous en resterons là. Mais, si tu me retombes dessus plus tard, je ne garantis pas de t’épargner, cette fois… »
Alexandre laissa planer quelques secondes, puis termina :
« On joue comme ça ? »