Tout le monde savait qui était Alastar. Sa réputation n’était plus à faire. Hédoniste, libertin, il n’était pas surnommé « Diablotin » pour rien. C’était effectivement un coureur de jupons, connu pour sa grande immaturité… Mais il n’était pas comme Vierna semblait le penser. Pendant que la démone elfique continuait à coucher avec sa servante, Alastar s’était redressé. Il n’avait eu aucune difficulté à retirer les sortilèges le restreignant, et attrapa un pichet de vin, avant de la regarder, nu, un verre à la main.
« Tu me blesses, Vierna… Cette réputation que tu as de moi. Est-ce parce que je fais de l’humour que je suis mésestimé ainsi ? »
Il but encore un peu, et se déplaça, faisant léviter un fauteuil, et s’assit devant le lit, face aux deux femmes. Vierna léchait les cuisses d’Alina, et la queue caudale d’Alastar se déplaça, allant caresser tendrement le visage de l’esclave.
« Je connais le nom et le pedigree de chacun de mes enfants. Que crois-tu donc ? J’ai beau en avoir toute une flopée, je les suis tous. Je ne prétendrais pas être là continuellement pour eux, mais… Je sais qui ils sont, et, quand ils sont en âge, je leur dis la vérité sur leurs origines. Tu peux me croire ou pas, mais aucune de mes amantes ne s’est plainte de moi. Au contraire, elles sont toujours très heureuses de me revoir. »
C’était parfois difficile, car Alastar tombait souvent sur des femmes possessives, comme Vierna, mais il leur montrait rapidement que l’Incube était libre… Et il les baisait tellement bien qu’il arrivait toujours à se faire pardonner. Pour le reste, il disposait tout simplement d’agents, et chaque agent suivait quotidiennement ses fils et ses filles, et l’informait en cas de difficulté. Ainsi, expliqua-t-il à Vierna, quand l’un de ses enfants se perdait, ou était dans une mauvaise situation, il se débrouillait pour le sortir de là.
« Dernièrement, par exemple, l’une de mes filles s’est perdue en forêt. Les gens du village avaient organisé une battue, sans grand espoir de la retrouver. Je me suis déplacé en personne, et j’ai retrouvé ma précieuse. Alors, je ne suis peut-être pas là à chaque goûter d’anniversaire, mais je veille continuellement sur eux. Disons que je fais confiance à leur mère pour leur enseigner tout l’amour nécessaire, et, là aussi, je suis rigoureux. En réalité, vois-tu, c’est les mères qu’il faut blâmer, car je leur donne le choix. »
Il but encore un peu, avant d’expliquer ce qu’il avait en tête :
« Soit elles l’élèvent elles-mêmes, et je pourvoirai à tous leurs besoins matériels et financiers, de sorte qu’elles seront rentières toutes leurs vie, soit elles ne s’en sentent pas capables, et j’emporte mon enfant avec moi pour l’élever au Palais. Par contre, si ce sont elles qui décident de l’élever, je tiens à ce que mon enfant ait une très bonne éducation. Crois-tu donc que je laisserais mes petits souffrir ? Une fois, je suis tombé sur une junkie qui avait juré de se soigner et de veiller sur mon bébé. Autant te dire que, quand j’ai appris qu’elle continuait à forniquer dans un boui-boui infâme, et que mon bébé dormait au milieu de détritus, j’ai revu les termes de notre contrat. Aujourd’hui, elle pourrit dans les grottes du Cercle de la Gourmandise. »
Le ton d’Alastar se faisait d’un coup moins amusé, comme si remettre en cause son sérieux quant à l’éducation de ses enfants ne manquait pas de l’agacer.
« Alors, ne parle pas d’avoir des enfants avec moi si c’est pour te rebiffer ensuite et m’accuser ensuite de choses infondées. »
Un plaisantin, certes… Mais, même avec Alastar, il y avait des limites à ne pas franchir.