« Vous, qui venez d'une des plus anciennes et puissantes familles des Enfer, Keleth, vous... me demandez comment vous devriez réagir ? Moi, une humaine, créature encore plus inférieure qu'une Succube, aux os fragile et au corps facilement cassable ? »
Bon, la démone ne savait clairement pas si la jeune humaine venait de faire cela exprès, mais elle venait de gagner de bien bons points à ses yeux, non seulement parce qu'elle venait de prouver par ces quelques paroles qu'elle avait très bien comprise ce qu'elle venait de lui dire, mais aussi qu'elle faisait preuve d'une vive intelligence, préférant ne pas répondre à sa provocation des plus directes, pour se contenter de rester analytique. Succube du désert ? Elle ne méritait pas un surnom qui mettait autant en doute son intelligence, sa capacité à faire la part des choses, mais surtout, de ne pas se laisser porter par un orgueil qui aurait tout résultat de lui porter fortement préjudice, étant donné que la démone aurait eut tôt fait d'agir si elle avait osée prendre la mouche, était autant de chose qui ne manquait pas de lui plaire, elle qui pourtant avait tout fait pour s'attaquer à son image, ou à sa prétendue supériorité en ce pays de sable fin, et de chaleurs étouffantes. Elle ne semblait toutefois pas avoir finie de s'exprimer, et c'est avec un calme certain que Keleth attendit que celle-ci reprenne sa parole laisser en suspens, sans baisser son arme, ni même chercher à faire le moindre mouvement, qu'il soit agressif ou pacifiste, car elle ne cherchait rien d'autre, dans le fond, que de découvrir toute la nature profonde de cette femme, de comprendre ce qu'elle faisait pour mériter un sobriquet aussi étrange, et aussi peu acceptable à ses yeux. La suite ne tarda pas à la surprendre, mais pour autant, ce ne fut pas non plus pour la mettre en colère, bien au contraire :
« Malgré la puissance, nous ne sommes jamais préparés a ce que l'avenir peut nous réserver. Je suis considérée comme l'une des magiciennes les plus belles et les plus puissantes de ce monde... Vous faites partie d'une des familles démoniaques les plus anciennes et les plus puissantes. Je n'ai pas su me préparer pour votre arrivée... Mais vous n'avez pas su vous préparer pour cela. »
Un choc. Pas de ceux physique bien entendu, mais c'est avec un sentiment des plus malaisants que la femme sentit soudainement les lieux se plomber, perdre de leur cachet sous l'effet d'une force étrange, profonde, sauvage, et qui n'eut tôt fait de la prendre pour cible, lui tombant dessus comme une chape de plombs, lui tournant la tête, et l'amenant à perdre l'équilibre. Les mots qu'avaient prononcée la dynaste n'avaient été que peu compréhensible pour la démone, qui pourtant connaissait nombre de dialecte de par son ancienneté surprenante, et c'est avec ce bien étrange constat qu'elle sentit ses forces s'évanouir, sa forme terrestre ayant tôt fait de lui faire comprendre que le lien avec sa forme démoniaque était en train de se rompre à une vitesse folle, et de la couper de sa puissance naturelle pour l'abandonner à une faiblesses des plus handicapantes. Elle chuta, mollement, glissant du trône de manière presque comique, le souffle court, tandis que son arme lui glissa des mains quasiment immédiatement pour aller rebondir au sol avec un tintement des plus significatif, celui de la déchéance, une déchéance qui ne lui plaisait pas trop, mais qui pourtant la fit sourire, alors même que sa vision troublée la laissait bien incapable de se défendre. Non seulement cette femme en avait dans la caboche, mais surtout, elle ne se laissait pas faire, et si on l'agressait, elle ne réagissait pas de manière directe, mais cherchait plutôt à remettre un peu les pendules à l'heure, rétablissant le rapport de force entre les deux entités, non sans paraître jamais violente. Et honnêtement, le fait que ses lèvres s'étirent en un fin sourire, ni narquois, ni feint, était en somme une sorte d'aveu : elle la félicitait.
Elle la félicitait de ne pas être qu'une humaine idiote se gaussant d'un surnom qui la rapprochait d'un monde démoniaque inférieur, et de le prouver par des actes qui la poussait, pour le coup, à mettre genoux à terre... ou fesses plutôt, vue la position ridicule dans laquelle elle était. Cette femme n'était pas qu'un petit être indécent et inintéressant... Elle était belle d'une insoumission qui la charmait, et qui la poussait à en savoir encore plus !
« Vous pouvez évidemment me faire du mal, Keleth... Vous pourriez vous débarrasser de mes capacités magiques, je n'en doute pas, le temps que vous me tuez à main nue ou avec une quelconque lame. Cependant, dite vous ceci : vous ne savez pas ou se trouve ce dont j'ai invoqué. Ce n'est ni un démon, ni une créature magique... C'est quelque chose de bien plus ancienne et plus puissante que vous ne l'êtes. Nocif pour vous... Comme pour moi. Comme pour le monde entier d'ailleurs, je dois en présumer.
- Je serais bien inconsciente de répondre par la positive. Je ne sais ce que vous avez appelée à votre aide, Eris, mais le fait est qu'il s'attaque à mon lien matériel en ce monde, amenant par là nombres de limites que je ne peux combattre. »
Alors que la dynaste s'exprimait, la démone ne manqua pas de ressentir la pression terrible sur ses épaules s'évanouir, marque de l'absence d'utilisation de l'objet dont elle venait de faire usage pour la maîtriser, et la ramener un peu à sa place. Elle ne s'était pas préparée à ceci ? C'est vrai, elle n'avait pas imaginée que le lieu serait capable d'être sous l'influence d'un objet assez puissant pour permettre un bannissement rapide, et même si elle ne pouvait ainsi attenter à sa vie, sous quelques forme que ce soit, cela l'ôtait de toute potentielle attaque envers Eris, ce qui toutefois n'était pas gênant dans l'immédiat. Keleth n'était pas une démone liée à la magie, pour être même honnête, elle était quasiment incapable d'en faire usage, ne pouvait se concentrer que sur les aspects mineurs de ses pouvoirs hérités par le sang. En revanche, cela lui avait permise d'être tout à fait invincible face aux formes de mysticisme direct, les sorts projetés à son encontre ne pouvait même lui infliger le petit dommage... Mais ce n'était pas le cas de l'objet dont la Dame des Sables faisait usage, car il s'appliquait à la zone entière, ne cherchait pas à l'amoindrir elle, mais venait plutôt éloigner le palais de la belle femme aux cheveux d'ébène des raccords démoniaux, scindant les deux plans, et donc ôtant la présence de Keleth en ces lieux. Soit cette chose était douée de conscience, soit Eris avait une grande, très grande connaissance en démonologie, et pour l'instant Keleth ne pouvait pas trancher, si bien qu'il ne fit rien d'autre que se relever tranquillement une fois ses forces récupérées, et renvoya la lame à son fourreau, avant de rameuter les deux pièces de forge à son flanc, non sans laisser un léger sourire parfaire l'expression plus calme de son visage :
« Suivez-moi. On va parler de cela... Dans un endroit plus calme.
- Je n'ai pas de raisons de refuser. Ouvrez donc le chemin, je vous suis sans intentions belliqueuses, ne craignez rien. »
De telles paroles auraient tôt fait d'êtres douteuses, et la démone en avait bien conscience, mais elle tenait toujours ses paroles, elle ne comptait pas lui faire de mal, et elle n'avait pas non plsu de raisons de le faire, car elle lui avait déjà prouvée une chose qui était bien suffisante pour qu'elle lui accorde nombre de clémences : Non seulement elle n'avait rien de la succube, mais elle était aussi loin de ces humaines qui ne se laissaient aller qu'à la protection de leurs gardes, et autres petits préférés prêt à tout pour défendre leur muse ! Elle ne vint donc rien faire tandis qu'elle suivit cette femme d'une rare beauté dans les différents couloirs du domaine, se glissa en sa compagnie dans les arrière-salles, bien moins décorées dans le fond que le reste des lieux, moins clinquants, mais tout aussi appréciables à l’œil, avant qu'elles ne finissant par atteindre une large salle munie de plusieurs meubles, mais surtout d'une bien longue table, où reposait une paire de couverts sûrement laissés là à l'attention de la maîtresse du domaine. Charmante, élégante, reposante aussi dans le fond, étant donné que la pièce semblait recouvrer un peu du cachet des premières parties du lieu que Keleth avait visitée, elle ne manqua pas d'ailleurs de contempler cela avec une certaine tranquillité, loin d'être impressionnée encore une fois, mais reconnaissant quand même le travail qui y avait été produit pour la qualité de l'ensemble. De son côté, Eris avait déjà prit part à sa place autour de la table, s'y étant installée d'une manière bien calme, avant de se permettre quelques propos que la démone vint à ouïr d'une oreille intéressée.
« En grandes personnes, Keleth, nous allons discuter calmement de ce qui s'était passé et de ce qui aurait pu passer... A présent, dites-le-moi : d’où avez-vous entendu mon surnom ? Qui l'avait prononcer ? Des humains ou bien des Succube ?
- Permettez que je m'installes avant de vous répondre. »
Ses pas furent légers, silencieux, et elle ne manqua pas d'être un brin théâtrale quand elle vint à se poser sur la chaise qui lui avait été désignée, avant que sa posture ne se fasse plus sérieuse, plus directe à l'encontre de la belle dame du désert, ses deux coudes se posant sur la table avant que ses mains ne viennent se joindre de manière assez nonchalante, contrastant avec la posture plus directe de la femme. Ses mots, ceux qui vinrent, furent loin des reproches qu'elle avait déjà exposée, et pour être tout à fait honnête, portaient enfin une marque de respect envers cette femme qui avait prouver sa valeur il y a peu. Délicate dans ses propos, elle ne manqua pas d'ailleurs d'en profiter pour laisser son regard couler sur la femme avec un air qui laissait entendre son appréciation de l'esthétique de cette camarade de discussion, et si les conditions avaient été un peu différente, qui sait quelle genre de propositions elle lui aurait déjà faite... Sauf que l'heure n'était pas vraiment à se laisser aller à quelques rapprochements de peu de vertus :
« Pour être parfaitement honnête, les premiers échos me furent passés en enfer, car certaine des plus basses entités commençaient à se poser des questions, non seulement sur vos capacités relatives, mais sur la potentielle véracité de votre nature. Vous le savez déjà, je hais les succubes, elles n'ont rien pour me plaire, et cela m'as naturellement poussée à venir vérifier de quoi il en retournait... »
Elle laissa sa phrase en suspens, pour se redresser un peu, et pour se maintenir ainsi bien plus droite, bien plus impérieuse, chacun de ses mouvement s'exprimant désormais non pas dans l'agressivité, comme cela avait été le cas plus tôt, mais une forme bien plus claire de connaissances de manières princières, supérieure hiérarchiquement. Pour la première fois depuis leur rencontre, Keleth avait choisit une posture qui tenait de sa nature hiérarchique, explicitant par là sa bonne éducation, mais surtout qu'elle n'était plus là en tant que juge, mais bien plus en tant qu'une représentante de sa famille, qu'elle se devait d'honorer de son bon vouloir, de son bon parler, et surtout, de ses bonnes grâces envers une personne qui possédait elle aussi une véritable valeur. Il n'était pas certain qu'Eris le remarque, il n'était pas non plus certain qu'elle comprenne ce que ce genre de changement pouvait entendre sur la mentalité de l'Exécutrice à son encontre, et pourtant les fait laissait entendre qu'elle avait quand même réussi à passer d'une usurpatrice, d'une femme de peu de valeurs, capable de se souiller d'un sobriquet grotesque, à une femme d'importance aux yeux de la démone. Après tout, quoi de plus honnête que cela : Rare sont celles qui sont capable non seulement de se prononcer dans un verbe agile et clair, amis aussi de mettre Keleth à terre ne fusse qu'un temps. Et rien que pour cela, l'archi-démone se voyait mal de ne pas lui offrir le minimum de reconnaissance, chose qu'elle alla d'ailleurs exprimer avec un calme souverain, et un timbre mut par l'honnêteté la plus flagrante :
« Désormais j'en suis certaine, non seulement vous n'avez rien de ces choses déchues plus sottes les une que les autres, mais surtout vous avez de la valeur en tant qu'humaine, une valeur que je ne puis qu'exprimer avec respect, et en cela mes questions vont changer un tant soit peu : En quoi ce surnom vous convient-il ? Car d'autres manières, vous auriez sûrement tout fait pour vous en séparer, pour le condamner, ai-je tort ? Je vous en prie, expliquez moi donc ce paradoxe. »