«
Il y a bien quelqu’un ici... »
C’était un rêve qu’Ivy faisait depuis quelques temps, depuis sa longue mésaventure avec son ancien mentor, qui l’avait amené à retourner en contact avec le
Green*, cette force fondamentale de la Nature liée à la flore. En plongeant à l’intérieur, Pamela avait découvert, dans l’inextricable tissu du
Green, une chose particulière, une irrégularité liée à la forêt où Kyli était née, cette forêt qui avait été reconstruite par deux Alraunes, Lily et Raune, avant qu’elles ne la quittent, un sanctuaire de végétation isolé des grandes villes. C’était là qu’elles avaient utilisé la mouille de Pamela pour fertiliser une magnifique fleur, à partir de laquelle Kyli était venue au monde. Et Pamela avait senti
quelque chose, ce qui l’avait amené à faire plusieurs rêves, à elle ainsi qu’à Kyli, les amenant finalement toutes les deux à se rendre là-bas.
Kyli et sa mère se rendaient donc à l’orée de cette grande forêt, toujours aussi luxuriante. Avant le passage des deux Alraunes, cette forêt était abandonnée, moribonde. Maintenant, elle était très grande, peuplée d’animaux, et Pamela s’y aventura. Dès qu’elle entra dans la forêt, elle sentit, tout comme Kyli, qui était maintenant avec elle depuis quelques mois, une
présence.
«
Il y a une Alraune qui vit ici, renchérit-elle.
Mais... Comment est-ce possible ? »
Un tel tour de force était assez exceptionnel, et même impossible. Lily et Raune n’avaient conçu qu’une seule Alraune, Kyli, et, quand Pamela était partie, le cocon était vide. Pour autant, ses sens ne mentaient pas. Elle caressait une fleur, sentant la connexion avec le
Green, percevant la présence d’une Alraune... Une présence familière, mais qui n’était pas nocive, comme avait pu l’être
Harvest, ce monstre végétal qui était à la Flore ce que le cancer est à un organisme. Ici, c’était une présence... Positive, bénéfique, comme Kyli.
Indéniablement, elle était de sa famille, ce qui ne manquait d’étonner Ivy. Lily et Raune auraient-elles conçu un autre cocon ?
*
Mais non... Non, je l’aurais senti quand je suis venue chercher Kyli !*
Pamela ne savait plus quoi en penser, et Kyli semblait aussi surprise qu’elle. Après ce que les deux filles avaient vécu, cette ultime nouvelle était un sacré choc. Ivy se redressa rapidement, et posa sa main sur la tête de Kyli, ébouriffant les cheveux de sa fille.
«
Allons voir ton cocon... Nous trouverons peut-être des explications sur ce qui s’est passé. »
Une Alraune naissait de manière très différente d’un être humain. Pour la faire naître, il fallait une fleur particulière, de la magie, un endroit très pur, et des fluides sexuels, le sperme et de la cyprine. On mélangeait les deux dans une fleur pour la fertiliser, et, avec l’aide de la magie, une graine formait, puis devenait un chrysalide, donnant peu à peu naissance à une Alraune. Ivy avait fourni la mouille, et Lily et Raune le sperme. Ivy comprenait encore très difficilement le processus de procréation d’une Alraune, et était fascinée de voir comment la magie pouvait modifier l’écosystème d’une planète.
Pamela sentait la magie ruisseler ici. Il y avait beaucoup d’animaux, qui n’avaient pas peur d’elles, ce qui amena rapidement Pamela à comprendre que l’Alraune ici était sa fille. Les Alraunes étaient les Reines des forêts, et commandaient à la flore et à la faune. Ivy vit ainsi plusieurs chevaux les observer, et elle se rapprocha de l’un d’eux, venant caresser son museau, déposant un baiser sur sa crinière, puis grimpa ensuite sur ce dernier, avant d’inviter Kyli à le rejoindre.
Le cheval s’ébroua ensuite, et fila au galop, passant le long d’arbres, de rochers, jusqu’à se rapprocher d’une clairière où, jadis, Kyli avait vu le jour... Et, à la surprise de Pamela, il y avait...
*
Un cocon ?!*
Ce n’était pas le cocon de Kyli. Celui-là était en train de flétrir, mais ne pouvait être celui de Kyli. Médusée, Ivy dut cligner des yeux à plusieurs reprises, comme pour se convaincre qu’elle n’était pas en train de rêver, et qu’il y avait bien, là, sous son nez, un
autre cocon. Elle descendit du cheval, s’en approchant lentement, et attrapa l’un des flancs du cocon, une grosse feuille qui se déchira entre ses mains, signe que l’Alraune devait errer depuis plusieurs jours, au moins.
*
Mais... Comment c’est possible ?!*
Pamela en était tellement éberluée qu’elle n’arrivait même plus à parler !
* :
Cf. RP « Réunion familiale ».