Preuve de sa fortune, Seikusu disposait, le long de la plage, un parc d’attractions permanent. S’il tournait davantage pendant l’été, les jours ordinaires, il était toujours là. Le
Seikusu Funnyland Park, comme on l’appelait, comprenait de multiples attractions. Un simulateur, un palais des miroirs, un train fantôme, une montagne russe, une grande roue, un carrousel... C’était un endroit très apprécié des Seikusiens, et, pour le financer, chaque habitant payait une somme en plus sur la taxe d’habitation et sur la taxe foncière. Cette somme servait à payer les forains, mais aussi l’entretien du matériel. Pour fonder
Funnyland, le conseil municipal de Seikusu avait, il y a de cela des années, proposé des contrats de location permanents à une troupe de forains, au lieu des habituelles locations saisonnières lors du passage de la troupe. Cette dernière avait accepté, et, depuis lors, le
Funnyland s’inscrivait dans le paysage culturel de la « nouvelle Seikusu », une Seikusu qui ne se construisait pas autour du quartier de la Toussaint et de ses usines vieillissantes, mais autour d’activités relevant de l’économie de service.
C’était dans ce parc que le duo cherchait une Lapine. La première s’appelle Erica Zhang, et est la seule fille issue d’une portée de sept enfants. Moquée et brimée par ses frères, et irritée par ses parents, Erica avait fini par fuguer. Elle avait fini par voir une publicité pour rejoindre le Gang, et avait été à l’entretien d’embauche, devenant
Harley Queens. Ce soir, elle était en compagnie d’une autre Quintette, Carlita Alvarez. Plus vieille sœur d’une portée de quatre enfants, douée en mathématiques, et capable d’utiliser n’importe quoi en maths, Carlita avait comme parent une simple mère, une expert-comptable qui travaille à la maison, et qui avait développé son propre gang, tout en participant aux combats clandestins, ressentant visiblement un besoin de se défouler dehors, pour fuir une famille où tout le monde vivait à l’eau-de-rose. Carlita avait rejoint le Gang des Quintettes, et portait le sobriquet de
Carli Quinn.
Ensemble, elles accomplissaient une mission très importante du Gang : débusquer la Lapine blanche ! Les Quintettes interrogeaient toutes les
bunny girls de la région, ce qui avait d’ailleurs posé problème dans un casino détenu par des Yakuzas, où elles avaient té molestées. Les Quintettes avaient mené une action en représailles contre le casino en le vandalisant, sous la tutelle de leur chef, la fondatrice du Gang, Harley Quinn.
«
C’est pas possible ! s’exaspéra Queens.
Elle doit bien se trouver quelque part ! -
J’sens qu’elle est par là, j’le renifle... »
Se déguiser en Quintette ne leur avait attiré aucun problème, si ce n’est dans le casino. La police n’allait pas se déplacer pour une bande de jeunes habillés dans des tenues de clowns. Au Japon, quand les élèves n’avaient plus à porter l’uniforme scolaire, ils avaient pour habitude de s’habiller un peu n’importe comment. Dès lors, elles pouvaient s’habiller ainsi toute la journée, sauf pour les rares qui allaient au lycée.
Débusquer la Lapine n’était pas facile, et les Quintettes n’hésitaient pas à aborder les gens pour leur demander s’ils avaient vu une
bunny girl dans le coin. La réponse était souvent négative, et très souvent accompagné d’un regard lascif sur leurs décolletés. C’est ce qui finit par amener un homme à piéger la naïve Queens, en lui disant qu’il en avait vu une dans un coin.
«
Si, si, par ici ! »
Suspicieuse, Carlita le suivit, et les Quintettes se retrouvèrent ainsi isolées dans un coin, où l’homme leur sourit malicieusement, accompagné de deux autres loubards.
«
Vous savez que vos tenues de salope moulent parfaitement bien vos jolis culs ? glissa sournoisement l’homme.
-
Et toi, tu sais que t’as une p’tite bite ? » avait rétorqué Carlita.
Elle envoya son coude dans la tête d’un des hommes, avant d’envoyer son genou dans son ventre, pour le balancer sur le sol en le poussant par les épaules. Queens avait, de son côté, mordu la main près d’elle, mordant jusqu’au sang, avant de frapper son agresseur dans les testicules, puis d’attraper ses cheveux, et d’envoyer sa tête s’écraser contre son genou, faisant couler son sang. Quant au dernier, il s’était rompu en excuses, et Carlita, tout en malaxant ses poings, l’avait frappé, puis, pendant que l’homme comatait, l’avait déshabillé, pour jeter ses vêtements dans la mer. Et, tout en le déshabillant, elle avait regardé sa queue en grognant.
«
J’avais raison, comment il veut espérer violer quelqu’un avec une ‘teub pareille ? »
Après cette altercation, les deux filles retournèrent vers la rue principale de la foire, et, en la rejoignant, entendirent une femme grignoter une pomme sur leur droite, tout en dégageant un fort parfum. En tournant la tête, elles virent alors une superbe créature adossée contre un stand. Elle avait de longs collants blancs à talon avec un bord rose, un string rose, un corset blanc et rose, de longs gants blancs, de longs cheveux bleus clairs, un masque rose... Et des oreilles de lapin !
«
La Lapine ! C’est la Lapine ! »
White Rabbit croqua dans sa pomme, et tourna alors sa tête vers elles.
«
Coucou, les filles ! J’espère que vous n’avez pas été trop dures avec ces types, je les avais envoyés vers vous pour vous transmettre un message, mais... Les hommes, hein ! -
Co-Comment... ? C’est vous qui... ? -
Vous êtes donc bien la Lapine que la patronne recherche ? »
La jeune femme les observa silencieusement, une lueur amusée dans les yeux, un sourire espiègle se dessinant sur ses lèvres.
«
Peut-être... Qui peut le dire ? Tout ce que je sais, c’est que, si vous voulez que votre patronne m’attrape, mes chéries, vous allez aller la voir, et lui dire de revenir ici, une fois la foire fermée... Et nous jouerons ensemble, elle et moi. -
On peut aussi vous capturer de suite, et vous emmener la voir. »
Le regard désapprobateur de Queens n’avait nullement désorienté Carli, et White Rabbit, elle, leur sourit alors, et jeta sa pomme d’amour sur le sol, puis s’approcha des deux femmes. Chacune de ses mains alla alors caresser leurs nuques, les faisant doucement rougir.
«
Me capturer ? Vous deux ? Je vais plutôt vous donner une preuve que vous m’avez vu... »
Elle embrassa alors chacune des deux femmes, et glissa ses mains pour caresser leurs fesses, les maintenant contre elle, pour partager un baiser à trois. Et, alors que le baiser commençait à se prolonger, ses deux mains vinrent claquer chacune sur les fesses des deux Quintettes.
«
Bon, les filles... Rappelez-vous que le Lapin blanc a toujours peur d’être en retard, alors... Tâchez de vous dépêcher, car je n’attendrais pas toute la nuit ! »
Elle s’écarta alors, et leur souffla un baiser, avant de s’évanouir dans la foule. Les deux jeunes filles restèrent pantoises pendant quelques secondes, encaissant encore la soudaineté de cette apparition, puis se regardèrent ensuite toutes les deux...
«
Vite, on fonce chercher la Boss ! -
Espérons qu’elle soit bien à la planque ce soir, et pas chez Poison Ivy ! »
Vu leur état d’excitation, les deux filles ne survivraient pas à un séjour chez Ivy...