La flèche l’atteignit à l’épaule, mais sans le stopper plus que ça. Tandis que son sang glissait de son épaule, le vampire bondit en avant, une vitesse prodigieuse, ses dents pointues pointant hors de sa bouche, son visage figé dans une grimace redoutable, et les longues griffes figurant à la place de ses ongles tranchèrent dans l’une des jointures de l’armure, faisant fuser le sang, tandis que le spadassin tentait vainement de retenir la fuite, posant la main à sa gorge. Sans attendre plus longtemps, et avec cette rapidité meurtrière, Bran attrapa le couteau de combat figurant à la ceinture du mort en sursis, et le lança sans plus attendre, visant l’arbre depuis lequel la flèche était partie. Un soupir s’échappa des lèvres du franc-tireur quand la pointe du couteau s’enfonça dans son crâne, perçant son armure légère, le faisant tomber en arrière.
Des bruits de sabots se firent alors entendre sur sa gauche, et, jaillissant entre les arbres, Bran eut le temps de voir un immense tigre à dents-de-sabres débarquer. Il avait un pelage rouge, et ses dents claquèrent dans le vide, le manquant de peu, le vampire ayant bondi sur le côté. Juché sur le monstre, un homme pointa alors vers lui une arbalète miniature, tenant dans une main, mais dont le carreau était imbibé de poison, et la décocha. Bran, les yeux injectés de sang, bondit sur le côté, et le carreau l’effleura sur les hanches. Un poison redoutable, assurément, mais il était un vampire, et était, par nature, très résistant aux empoisonnements.
« Ces terres sont nôtres, bâtard ! » hurla le dresseur, furieux.
Le tigre rugit à nouveau, et bondit encore vers Bran, le heurtant au ventre. Le vampire tomba sur le sol, et vit la gueule béante du monstre se dresser au-dessus de lui. Avec ses mains, il tenta alors de retenir la bête en l’attrapant par ses deux dents proéminentes, sentant la mâchoire du monstre claquer près de son visage, sa salive tombant sur son nez. Le tigre se redressa, puis tomba vers le sol, envoyant le corps de Bran s’écraser par terre, puis il le balança ensuite. Le valeureux vampire s’écrasa à toute allure contre un tronc d’arbre, un choc qui aurait normalement tué n’importe qui, a fortiori quand on se battait torse nu.0 Cependant, la constitution du vampire était très élevée, et il se contenta de secouer la tête, le corps ayant atterri au milieu des feuilles, dans cette jungle épaisse qui entourait la colonie de Nachtheim.
D’étranges phénomènes magiques avaient lieu dans le coin, et il faisait notamment nuit perpétuellement à Nachtheim, d’épais nuages noirs recouvrant la zone. En soi, ce n’était pas si surprenant, car Nachtheim se trouvait à l’extrémité de l’Empire, le long de la province de Tonnefoudre, l’une des dernières limites du monde connu et civilisé avant les Malterres de la Discorde, au-delà même des lointaines Marches Impériales. Tonnefoudre était une région très particulière, animée par des phénomènes magiques intenses, et Nachtheim était l’un de ces phénomènes.
Sire Costos était l’un des chefs de la région, un individu dont la famille avait toujours été un soutien de l’ancien Empereur, Ram Aballah, plus connu sous le sobriquet du Roi Cramoisi. Il venait désormais de clairement montrer qu’il ne soutenait plus l’Empereur Mordret, se ralliant à son prédécesseur, l’Empereur Fou, qui, disait-on, s’était réfugié dans les Malterres. Costos avait violé l’édit impérial qui reconnaissait Nachtheim comme colonie indépendante d’un État souverain et allié, autorisant par ce biais le commerce. Pour Costos, Nachtheim lui revenait de droit, et il avait mené une procédure judiciaire pour que la justice reconnaisse Nachtheim comme une occupation illégale de son territoire. Hélas pour lui, les juges impériaux avaient estimé que le partage territorial sur lequel s’appuyait Costos était nul, car reposant sur un édit datant de l’époque de l’Empereur Fou. Une décision que Costos n’avait pas accepté, et qu’il manifestait en menant une attaque contre Nachtheim.
L’homme, assurément, n’était pas une menace à négliger, et c’était aussi pour ça que Mélinda avait tenu à ce que Bran reste sur place. Sa petite sœur avait beaucoup dépensé dans cette colonie, et, outre cela, elle soupçonnait Costos de s’être allié avec les mêmes ennemis que ceux qui l’avaient attaqué, le clan Nefarius, un puissant clan vampirique d’Ashnard, qui avait attaqué Mélinda sur Terre il y a quelques semaines, la rendant amnésique suite à une attaque qui avait dégénéré.
*Et me voilà, face à un tigre qui fait bien trois tonnes...*
Le tigre était une créature de la région, qui se mit à grogner, et bondit à nouveau vers Bran. Ce dernier, agenouillé sur le sol, bondit sur le côté, fit une roulade, et atterrit près du spadassin qu’il avait égorgé précédemment, et récupéra son épée. Le tigre attaquait à nouveau, et Bran esquiva, et frappa en tournoyant avec son épée. Il sentit une résistance, et entendit le chevalier ennemi hurler de douleur quand la moitié de son bras jaillit sur le sol.
« Haaaaaaaaaaaa... Enfoiré... !! »
Le tigre décampa rapidement, et Bran le laissa filer, reprenant son souffle. De la sueur coulait le long de son corps, ainsi que quelques lignes de sang.
Cette petite patrouille repoussée, Bran se dirigea vers les plus proches groupes sanguins, et débarqua devant Theorem. Il avait remarqué que ce dernier aimait écouter de la musique en se battant, comme une manière de déconcentrer ses ennemis, car, contrairement à Bran, il ne se fiait pas aux sons pour identifier ses ennemis, mais à son odorat. Le puissant vampire admettait volontiers que Theorem l’avait surpris. Lui qui n’avait vu en lui qu’un hangar à bites s’était avéré, lors de leurs séances d’entraînement, un redoutable bretteur, bénéficiant, outre de son agilité et de redoutables capacités d’analyse, de son Slime noir.
La zone était toxique, et les soldats de Costos avaient été surpris par les plantes toxiques de la jungle, eux qui étaient plus habitués à rôder près des plaines de Tonnefoudre. Theorem avait épargné un seul homme, et traînait au milieu du carnage, claironnant de joie, le Slime remuant un peu sur lui. De fait, quelques tentacules retenaient l’un des soldats de Costos, qui, les yeux écarquillés, tentait en vain d’hurler, un tentacule serré sur ses lèvres. Bran hocha lentement la tête devant l’attention de l’homme, et lui sourit même, puis s’approcha... Et lécha sa joue, avalant un peu du sang qui se trouvait dessous.
« C’est une délicate attention, Theorem... Et une superbe tuerie. »
Lui avait fait moins de meurtres, mais tomber sur un gros tigre, ce n’était pas non plus une mince affaire. Néanmoins, il approcha de l’homme, et les tentacules se retirèrent. Le soldat commençait à pleurer, essayant vainement de supplier Bran. Ce dernier l’attrapa par la gorge, et le souleva, puis le plaqua contre un arbre, et alla le mordre, plantant ses crocs dans son cou, sans chercher à le ménager.
« HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA... !! »
Le soldat hurlait comme un dément, tandis que Bran avalait son sang, et trancha la veine, avant de le relâcher. Le sang restant fusa de la gorge du soldat, et Bran, qui avait bu salement, se retourna vers Theorem, les lèvres couvertes de sang, un regard de prédateur sur les lèvres... Et une érection déformant sensiblement son pantalon en cuir.
« Tu sais l’effet que le sang a sur moi, hein ? Je parie même que tu l’as fait exprès... Il est vrai qu’il a fallu que je te remette sur pied, je ne t’ai pas baisé comme il faut... Et tout ce sang, ce combat, ça a dû réveiller quelque chose en toi, non ? »
Bran se rapprocha de lui, ne faisant rien pour réprimer son érection.
Pourquoi l’aurait-il fait ?