inscription timide

C'était son premier jour d'école, sa tante l'avait déjà inscrite au lycée. Miuccia marchait à petits pas contemplant les couloirs sombres, sa courte jupe remontant le long de ses cuisses galbées. Elle entendait le bruit élégant de ses jolies chaussures à talons marteler le sol. Ce bruit la rassurait. Elle tenait à tout prix à ne pas manquer d'assurance dans ce long couloir qui menait dans le bureau de la directrice, vers une nouvelle vie. Elle ne pensait à rien, elle entendait juste ses talons racler le sol à un rythme régulier :
tac tac tac tac tac...

Elle s'arretta devant la porte attentive à un éventuel bruit qui viendrait du bureau.
Miuccia se passa machinalement la main dans les cheveux vérifiant qu'aucune mèche rebelle ne viendrait gacher le minucieux soin qu'elle avait pris le matin même pour se coiffer. Elle espérait que cette vieille jupe étroite ne remonterait pas trop si inattentive, elle ne prenait pas le soin de la lisser du plat de la main.
Elle frappa à la porte, entendit un "Entrez!" plutot sec et entra.
La vaste pièce qui s'offrait à son regard était vaste et lumineuse. Son regard s'arretta sur l'imposante directrice, au milieu de son bureau remplit de piles et de monticules de papiers et de dossiers en tout genre.
Rougissant tout à coup elle sentit de l'air sur ses cuisses et d'un mouvement fébrile elle fit descendre l'étoffe tout en maudissant cette bougresse de jupe et tentant de garder contenance. Elle fit un sourire rayonnant à la directrice et se présenta :

" bonjour Madame, je m'appelle Miuccia Oscar, je viens de France et ma tante Mme Odeshi m'a déjà inscrite dans votre établissement".

La directrice jeta un regard amusé sur les mains de Miuccia toujours prete à contenir cette éffrontée de jupe qui n'attendait qu'un instant d'inattention de sa propriétaire pour remonter subrepticement.
La directrice comme si elle si attendait pris quelques fleuilles de papiers en haut d'une pile et lui tendit.

"Voila Mademoiselle et bienvenue parmi nous".

Après le bavardage propre à l'arrivée d'un nouvel élève ( réglement, plan du lycée...etc) et les salutations d'usage, elle sorti du bureau se sentant pousser des ailes, l'avenir était aussi rose qu'il le prétendait. Miuccia referma délicatement la porte et s'élança dans le couloir...

Le retour au lycée, c'était quelque chose après deux ans d'absence. Les filles de mes anciennes classes étaient pour la plupart encore là, bizarrement, et elles qui m'ont toujours ignoré auparavant, les voila en train de me regarder avec admiration jusqu'au moment où, dégouté par ce changement qui n'était lié qu'à mon physique, je leur lançai des regards sombres. Je me suis dirigé vers l'administration et la secrétaire, qui avait été ma mère adoptive, avait hurlé sa joie de me revoir vivant, au point de se jeter sur moi pour parsemer mon visage de baisers maternels. Ça dura un moment, puis elle me libéra, pleurante et pourtant si heureuse. Lorsque je lui ai demandé de me réintégrer à l'école, elle m'a dit d'aller voir la directrice. Après tout, c'était son rôle d'accepter ou de refuser un étudiant qui a disparut pendant deux ans, faisant croire à tout le monde qu'il avait tout simplement disparu. En fait, le lycée était ma seule piste pour retrouver mon esclave portée disparut depuis six mois déjà. Elle m'avait dit qu'elle reviendrait d'elle même, mais je me méfiais des autres maîtres auxquels elle aurait pu prêter ses services et qui auraient osés la maltraiter.

La directrice ne mit pas une minute pour me laisser reprendre mes études, puisque ma mère adoptive l'avait harcelée pendant une heure auparavant pour que ça se passe ainsi. La fin de la journée arriva et on me rendit ma chambre aux dortoirs pour que j'aie un lieu pour dormir. Si vous désirez savoir comment j'ai pu payer ma réintégration, c'est simple: L'alchimie, du papier et du colorant ^^.

Le lendemain, je me promenai dans l'école. La journée était pas si mal, au moins, il ne pleuvait pas et il faisait chaud (Bien qu'humide -_-). En me promenant un peu, j'entendis de petits bruits de talon hauts. Il se rapprochait puis vlan, une demoiselle me rentra dedans, sans me faire le moindre mal, mais le choc la fit tomber. Alarmé et par réflexe, j'agrippai son haut et elle fut attirée contre moi, lui évitant une chute qui aurait pu la blesser. Un peu rouge, je la regardai, la décollant de moi.

-Euh... pardon... vous n'avez rien? Je ne vous ai pas fait mal?

Cette demoiselle était très belle et j'en fus très étonné. Elle n'était pas là à mon départ, ayant enregistré le moindre élève de cette école dans ma mémoire ô combien performante. Elle semble si fragile que je m'inquiétais de ne pas lui avoir brisé un poignet. J'ai pourtant des réflexes hors-normes, alors pourquoi je ne l'ai pas amorti, ce choc?

Miuccia regarda d'un air éberlué les fleuilles volantes qu'elle tenait à la main, qui par un étrange caprice volaient déjà au loin, mue par l'envie de se faire la belle, caractéristique principale des fleuilles. Elle leva alors ses longs cils recourbés vers le bel inconnu et bredouilla dans sa barbe (si elle en avait eu une, et je suis sure que c'est précisement ce qu'elle aurait souhaité pour masquer une rougeur fleurir sur son doux visage) :

" euh...je...oui naturellement tout va bien..."

car la scandaleuse beauté froide de l'inconnu l'avait profondement remuée. Puis dans la minute elle se demanda se qu'elle faisait si près de lui, dans ses bras à le regarder avec toute l'admiration du monde et qu'il serait plus que tant de se débarrasser de cette étreinte inopinée.

 Elle se dégagea d'un coup sec réalisant que cette apparition merveilleuse était avant tout un mâââââââle et ayant en même temps quelques flash/éclairs/souvenirs ( vous savez bien, les réminiscences proustiennes...) en se rappellant de tous les vieux dégoutants qui lui bavaient presque dessus en l'observant danser casi nue dans toutes les plumes du cabaret ce qui était pour elle l'antichambre de l'Enfer de la Répugnance Même.

Cependant, sa brusquerie lui joua un mauvais tour, sa stricte chemise par laquelle le bel inconnu l'avait rattrapée était restée dans sa main.
Il l'a regardait très amusé.
Elle pensa encore dans un éclair de lucidité à rabattre sa maudite jupe qui en avait profité comme toujours, et qui  flirtait à présent avec le Très Haut de ses cuisse.
Elle pensa que vraiment elle avait une malchance infinie aujourd'hui, qu'il y a des fois ou elle ferait mieux de rester dans une pièce close à regarder des émissions japonaises supides et à hurler à la mort plutot que de se retrouver si près d'un parfait inconnu (mais beau comme le Lac des Cygne^^) presque nue comme un ver.
Elle respira à fond et d'une voix qu'elle voulait la plus calme possible elle braqua son regard mordoré dans les mirifiques yeux bleus de l'inconnu et demanda:

"Salut, je m'appelle Miuccia, tu peux me rendre ma chemise?"

puis réalisant tout à coup la catastrophe de sa chemise déchirée de bout en bout, elle écarquilla ses yeux et ajouta d'une petite voix en cachant la dentelle pourpre de son soutien gorge:

"au fait, dis moi tu n'aurais pas un nécéssaire à couture??"

Et elle réalisa en ayant parlé que sa requete était parfaitement stupide.

Je n'ai jamais été aussi embarrasser de voir une femme se retrouver dans une telle situation devant moi.  Je souris à sa demande. Ouais, c'était peut-être bizarre, mais je me promenais toujours avec du fil et une aiguille dans mes poches. On ne sait jamais quand on va ruiner un habit ou quand vous allez vous blesser, non? Je sortis le fil blanc et l'aiguille, gardant le vêtement dans ma main.

-Laissez-moi réparer mon erreur. Ca ne prendra qu'une minute.

Je regardai le vêtement, constatant que seule les coutures avaient sauté. À une vitesse plutôt surprenante, je pris le fil, l'attachai à l'aiguille puis je me mis à coudre. Cette vitesse, ce n'était pas l'entrainement qui me l'a conféré, mais seulement l'habitude de bouger rapidement et avec précision. Je commencé par la manche, la rattachant au reste du vêtement en totalité. C'était si bien exécuté qu'on ne voyait pas les coutures que je venais de faire. De cette même vitesse d'exécution faramineuse, je rattachai les trous fait par mes ongles. Les dégâts étaient réparés avec une attention rare. Je la regardai et je lui tendis son vêtement.

-Je suis désolé de l'avoir endommagée. J'espère que cette réparation me vaudra votre pardon, mademoiselle.

En fait, ce n'était pas totalement de ma faute, mais je m'inclinai tout de même. Il aurait été vain de vouloir s'obstiner à savoir qui était le responsable, puisqu'on l'était tout les deux. Je me redressai et je lui fis un beau sourire. Je sentais des auras de jalousie dans mon dos et je compris que des filles venaient de voir ce que j'ai fait et pour qui je l'ai fait.

La jalousie, un si décevant poison et pourtant, tant de personnes le ressentent couramment et s'y conforme, certains trouvaient cela légitime, d'autres mignons, mais plus que tout, c'était ridicule.

Miuccia le regarda d'un regard interloqué. Le bel inconnu pouvait sentir toute l'admiration et l'incompréhension dans l'éclat fauve de ses yeux.

"... et bien je euh..."

Un petit moment passa avant qu'elle ne se rende compte de l'état totalement inapproprié dans lequel elle était: ses cheveux défaits lui faisaient une crinière folle retombant sur son corps souple et gracieusement dénudé.
Ils étaient si près que l'inconnu lui faisant face ne pouvait que voir les contours de son exquise poitrine enserrée dans cet écrin de dentelle pourpre, son ventre ferme, la jupe froissée qui remontait laissant appercevoir un petit triangle de dentelle ouvragé également pourpre.

Elle entendit des rires en cascades et ces rires lui glacèrent le sang. En un instant elle réalisa le ridicule de sa situation, les attroupements formés autour d'eux et la Très Vilaine Réputation qui allait la suivre. Zut, pensa t'elle j'ai tout raté aujourd'hui, pourtant tout allait si bien au tout début...

"Ce n'est pas ce que vous croyez!!! C'est un accident!"

dit elle d'une voix forte à la cantonade. Les regards braqués sur elle , presque perceptibles sur sa peau nue, la brulait comme des langues de feu.
Elle lui arracha presque la chemise des mains en parlant très vite, le regard toujours braqué sur lui:

"Merci pour tout, vous êtes extraordinaire, je n'ai jamais vu quelqu'un coudre aussi vite que vous , c'est parfait, mille merci, c'est fou quand même, encore merci, et désolé..."

Elle se rhabilla aussi vite que possible, lissa comme à l'accoutumée sa fichue jupe des mains et entreprit de rassembler à la va vite les feuilles à grand renforts de gestes inutiles. Sa maladresse déchainaient les moqueries la rendant encore plus pataude et elle finit par chuter sur le sol rendu glissant par le nettoyage qu'il y avait eu dans la matinée, combiné aux talons hauts.
Avant qu'il n'ait pu parvenir jusqu'à elle, Miuccia s'enfuit en courant le plus vite possible pour se cacher laissant la moitié des feuilles derrière elle.

"Lamentable" pensait t elle,"je suis lamentable".

Alors là, c'était insupportable. J'allais essayer de l'agripper pour ne pas la laisser fuir et lui demander pardon, mais ma main se perdit dans le vent. Je la regardai s'éloigner puis je me mis à trembler. Pourquoi ces idiotes et ces connards existaient-ils? Je me retournai très lentement et je regardai les autres. Une horrible aura de meurtrier se dégagea de moi, un terrible avertissement. Je ne fis pas un pas vers eux que plus aucun son ne sortait de leur bouche d'imbéciles finis.

-Si vous osez vous foutre d'elle une autre fois, que ce soit devant moi ou en secret, je vous jures sur tout ce qui est mauvais sur cette terre que je fais de vous les prochains locataires du cimetière.

À peine eu-je dit ces effrayantes paroles qu'ils ont déguerpi dans demander leur restes. Pour appuyer mes dires, le sol agrippa violemment la jambe d'un des élèves qui s'était moqué de la demoiselle et qui l'avait souillée de son regard de rat en manque. Je me retournai, le laissant comme ça, et je courus rejoindre la demoiselle, suivant les feuilles qu'elle avait laissée tomber. Je ne tardai pas à la trouver derrière un casier, plutôt loin de l'endroit, mais bon. Doucement, je l'enlaçai. Cette fille avait suffisamment souffert pour ne pas avoir besoin qu'on se moque d'elle et qu'on lui fasse du mal. Elle qui avait l'air si fragile l'était aussi à l'intérieur et comme quoi les blessures morales prennent plus de temps à guérir que les blessures physiques (J'en sais quelque chose, pour un mec dont les blessures ne mettent pas une seconde à se refermer), je savais qu'elle ne voudrait surtout pas souffrir ici aussi.

-Je suis désolé pour cet évènement... vous pouvez me blâmer si vous le désirez, mademoiselle... pour tout ce qui vient de se passer...

Et en un instant il était près d'elle, elle avait eu à peine le temps de se cacher, qu'Il était là.
Elle était recroquevillée sur elle-même emurée dans sa honte et en un éclair oubliant toute cette situation des plus ridicule, la question fusa d'elle même à brule-pourpoint:

"mais comment avez vous fait pour me retrouver si vite?"

Elle était si étonnée de le voir si beau , si merveilleusement étrange et si prévenant (toutes les fleuilles à la main) qu'elle voyait en la personne de ce jeune homme enroulé autour d'elle, la cristalisation de tous ses désirs cachés. Oubliant sa timidité, Miuccia s'enhardit à poser son doux museau dans l'encolure de son col et rêva pendant une seconde dans les agréables effluves qui s'en échappaient. Elle braqua ses yeux dans les siens, s'empourpra de tant de hardiesse et lui murmura:

"mmmmmmmeeeerrcccciiiiiiii."

Elle voulu alors lui parler et masquer son immence admiration mélée de désir qu'elle sentait poindre au creux de sa frèle poitrine et lui demanda:

"dites moi, je suis nouvelle dans l'école, pourriez-vous me faire visiter? Et...quelle indélicatesse!!!! Je ne me suis même pas enquis de votre prénom???"

Elle était un peu bizarre ou alors très stressé... ou alors c'est juste moi qui n'est plus normal. Enfin, peu importe. Elle semblait surprise de me voir apparaitre ainsi et surtout étonnée que l’ai trouvée. Quand elle me posa la question je lui souris gentiment et lui rendit les feuilles que j’avais récupérée en courant vers cet endroit.

-Vous les aviez échappées. Je n’ai eu qu’à les suivre pour vous trouver.

Je lui tendis les feuilles, gardant mon sourire sur mes lèvres. Alors que je m’apprêtais à partir pour poursuivre mes recherches, la demoiselle me demanda de la guider dans cette école. Puis, elle me demanda mon nom. Je la regardai et je réfléchis. Est-ce que j’ai vraiment envie de lui donner mon nom ? Bah, pourquoi pas ? Je lui souris.

-Je me nomme Kamui Meisa. Puis-je vous demander le vôtre ?

En fait, je le savais déjà par un malheureux coup d’œil à ses feuilles alors que je les ramassais, mais la politesse exigeait cette demande, or, je suis un gentleman, alors, j’obéis. Je l’entrainai poliment à me suivre, exerçant une pression sur son dos pour l’y inviter. Je me devais de rester agréable, mais c’était un peu dur, vu que je devais retrouver Abigaëlle, et que j’en étais très préoccupé.