Retrouvailles angéliques [Cyanée]

Ce que Cupidon aimait, c’était voler. Filer dans le ciel, ne faire plus qu’un avec les éléments naturels, puis descendre en piqué, comme une flèche, avant de remonter, se mélanger aux forces de la nature… Elle volait au milieu des oiseaux, et, depuis le ciel, depuis les hauteurs, elle pouvait voir la beauté de Terra. C’était une curieuse sensation, car, quand on volait dans les airs, tout était beau, et, quand on descendait du perchoir, on voyait les à-côtés, comme si le regard qu’on avait des choses, depuis les hauteurs, était nécessairement déformé, et en inadéquation avec la réalité. Cupidon voyait une succession de forêts. Elle était au cœur de Terra, dans une région qui était bien éloignée de Nexus, ou des terres ashnardiennes, une immense et ancestrale forêt qui s’étalait à perte de vue. Depuis les airs, l’Ange aimait la regarder, cette forêt, et elle s’y rendait même fréquemment. Les hommes ne s’y étaient pas encore approchés, et seules quelques tribus elfiques et des nymphes la peuplaient, ainsi que des naïades et des fées. C’était un endroit encore marqué par une certaine forme de pureté, et l’Ange s’y était posée en toute sérénité, se perdant au milieu des arbres. Habituellement, elle aimait s’y reposer, sentir des licornes venir lui lécher la joue, ou converser avec des fées.

En ce jour, elle venait justement pour leur offrir quelque chose que les fées aimaient beaucoup. Amadouer des fées n’était pas forcément très évident, car elles étaient d’un naturel très timide. Ainsi, pour les convaincre de lui parler, Cupidon avait utilisé l’argument de la nourriture, ainsi que sa douceur naturelle, et, depuis lors, à chaque fois qu’elle venait, elle avait pris pour habitude de leur rapporter à manger. Les fées avaient beau aimé les fruits et les feuilles, il s’avérait, en réalité, qu’elles étaient, au sens du positif du terme, très gourmandes.

Cupidon amenait donc avec elle un sachet de bonbons, qu’elle tenait dans une main, lorsque, en se rapprochant, elle sentit…

*Que… Qu’est-ce que ceci ? Cette aura, cette force ?*

Troublée, elle resta suspendue en hauteur, remuant faiblement des ailes. Oui, Cupidon sentait quelque chose, un quelque chose qui lui était familier, qui lui rappelait… Les Cieux. En tant qu’Ange, elle pouvait sentir les autres Anges, et, là, ce qu’elle sentait, était une force qui s’apparentait énormément à un Ange. Troublée, elle se mit donc à descendre, en suivant cette délicate signature, cette aura, ce qui la rapprocha d’une grande étendue d’eau, un beau lac situé en plein milieu de la forêt.

*Curieux… Ça vient de là.*

Cupidon se rapprocha lentement, flottant dans les airs, descendant vers le lac…

Depuis qu’elle avait posé ses valises dans ce grand lac, Cyanée dégustait chaque jour qui passait. À vrai dire, elle n’avait pas vraiment d’occupations si ce n’était de … Tenir compagnie aux fées et autres naïades de la forêt. Aussi, elle s’était faite de belles amies sirènes. L’avantage d’avoir été accepté dans une forêt si magique et enchantée. Sa vie ne pouvait être plus belle ! Les journées étaient paisibles. La petite sirène angélique donnait le sourire à tout le monde et, pour le dire, la venue d’une créature comme elle avait fait sensation dans le coin. Elle était bien vu par la majorité des habitants de cette forêt ; les sirènes la considéraient comme leur sœur. Les naïades, pareilles. Les fées l’adoraient aussi car elle était toujours prête à leur faire plaisir.

En somme, un cadre idyllique, qui convenait à la perfection à notre sirène. Toutefois, vint un jour où une venue inattendue survint. Une visite inopinée, à laquelle Cyanée n’aurait jamais pu s’en douter. Pourtant, les années étaient passées et son cœur saignait toujours autant de son manque. Du manque de son amie d’enfance, de sa très chère Volupté, avec qui elle avait un peu perdu le contact. Ô combien avait-elle souffert les premières années sur Terra, alors qu’elle était perdue et sans nouvelles de son amie. Volupté, devenue Cupidon, était sa lumière autrefois ; son phare qui la guidait et qui la faisait vivre ! C’était la première personne réelle qu’elle avait fréquenté. Elles étaient amies depuis leur plus tendre enfance ! Ce n’était pas rien.

Vint donc un jour où Cyanée, alors en train de terminer une petite confection spéciale, dans son petit coin au fond du lac, sentit une délicate odeur. Oui, une odeur même dans l’eau. Tous ses sens se mirent en éveil, alors qu’elle tenta de capter d’où cela venait. Ce n’était pas une odeur dans le sens olfactif, mais plus dans le sens … Émotionnel. Elle ressentait une présence, une forte bien agréable présence. Son esprit mit un peu de temps avant de venir fouiller dans sa mémoire, lui remémorant ainsi qu’il y avait certaines créatures qui pouvaient émettre de pareilles choses. *Un Ange ?* S’interrogea-t-elle, laissant ce qu’elle était en train de faire pour remonter vers la surface. Cependant, ce fut à ce moment précis où elle sut que cette journée allait être la plus belle des journées qu’elle n’avait passé depuis tant d’années … Ses yeux s’ouvrirent grand quand elle posa le regard, alors qu’elle était toujours sous l’eau, sur la silhouette.

*Non … Par les Cieux c’est … HIIIIII !!!* Pensa-t-elle, affichant alors un énorme sourire alors qu’elle s’excita subitement. Ses yeux s’ouvrirent grand, et sa nageoire se mit à virevolter dans tous les sens alors qu’elle s’élança aveuglément vers la surface. Son cœur battait si fort qu’elle aurait cru qu’il allait lui sortir de la poitrine. Il battait fort d’excitation et de plaisir ! Car cette silhouette, rien ne pouvait la tromper là-dessus ; c’était Cupidon ! Surexcitée, Cyanée, tel un dauphin, surgit subitement de la surface et vint se jeter corps et âme sur l’Ange, la poussant abruptement dans l’eau alors que son corps lui rentra dedans, en voulant la prendre directement dans ses bras. *SPLATCH* Entendit-on, alors que Cyanée retomba lourdement dans l’eau, avec Cupidon entre ses bras. Trop heureuse, trop excitée, elle ne se rendit pas compte que Volupté ne pouvait pas respirer sous l’eau. Elle l’étreignit du plus fort qu’elle le pouvait mais finalement, elle ne retint pas plus d’une ou deux secondes sous l’eau.

« VOLUPTE !!! » S’écria-t-elle, se mettant alors à la bombarder de bisous partout sur son visage, tout en continuant de la câliner toute contre elle. Son état d’excitation et de joie était à son paroxysme ; et ce n’était pas la suractivité de sa nageoire qui allait dire le contraire. Quand elle bombardait le visage de Cupidon de bisous, ce n’était pas une métaphore ; tel un pivert, Cyanée la piquait chaudement de partout avec ses lèvres. Son nez, ses joues, sa bouche, tout y passait ! « Mhhhouuaaa ! Je dois rêver, je … Non t’es réellement là ! Ma petite chérie, ma bien-aimée !!! » Dit-elle de sa voix toute douce, arrêtant ses bisous pour un moment avant de lui faire un énorme câlin, fourrant sa tête dans son cou. « Oh … Tu m’avais tellement manqué !!! » Déclara-t-elle, tout sourire, se lovant complètement contre sa tendre amie. Oui, les retrouvailles ne faisaient que commencer !

Cupîdon se posa sur le rebord du lac, en sentant une très curieuse empreinte en émaner.

*C’est bizarre, on dirait...*

L’Ange réfléchissait lentement, et tourna la tête, en voyant, entre les arbres, plusieurs licornes. C’était un endroit extrêmement magique, et Cupidon, en tant qu’Ange, était proche de la Nature. Les animaux magiques n’étaient pas effrayés par elle, et elle laissa une licorne s’approcher, en venant caresser sa corne, qui se mit à luire. La corne d’une licorne était un ingrédient très prisé par les alchimistes, car il s’agissait d’un très puissant artefact magique. Cupidon trouvait ça triste, que des gens puissent chasser des animaux si majestueux juste par appât du gain. Cependant, et alors qu’elle caressait la licorne et son museau, Cupidon s’étonna de sa docilité. Certes, il y avait son empreinte angélique, mais la licorne y semblait... Comme habituée.

En conséquence, Cupidon fronça les sourcils, avant de tourner sa tête vers la forêt.

« Qui est-ce qui te rend si heureuse, ma belle ? Est-ce qu’il y a un autre Ange par ici ? »

Elle observa la forêt en se concentrant, puis se retourna vers l’eau. Elle se rapprocha du rebord, tout en délaissant son sachet de bonbons sur un rocher. Il y avait des mois qu’elle n’était pas venue dans le coin, et elle inspecta le rebord du lac. C’était un vaste lac, très grand, qui abritait de multiples gisements magiques se trouvant dans les fonds sous-marins. Un jour viendrait où les humains iraient jusqu’ici, et pilleraient ces fonds, s’attaquant aux cristaux magiques... D’aucuns pouvaient trouver ça navrant, mais, d’un autre côté, les ressources étaient faites pour être utilisées. Rien n’était jamais facile, et, en l’état, ce qui intriguait surtout Cupidon, c’était cette aura qu’elle sentait dans l’eau.

Fronçant les sourcils, elle vit alors des bulles se former à l’eau... Puis une forme jaillit hors de l’eau, l’attrapa, et, dans un petit cri de surprise, Cupidon tomba dans l’eau.

« HÎÎÎÎÎÎÎÎÎ !! »

Quelques plumes flottèrent sur la surface, et, assez rapidement, Cupidon se retrouva à l’air libre, où une sorte de folle surexcitée se mit à l’embrasser de partout.

« HAAAAAA... !! »

Les ailes de Cupidon se mirent à battre précipitamment, et elle reconnut alors clairement la femme se trouvant là.

« Cyanée ?! Oh... CYANÉE ! »

Ce fut ce que Cupidon lâcha avant toute une série de baisers fusant à toute allure sur son visage. Oubliant les plumes roses qui flottaient autour d’elles, elle se mit à serrer fort sa belle Cyanée, n’en croyant pas ses yeux. Voilà donc cette empreinte qu’elle avait ressenti. Comment avait-elle pu ne pas la repérer plus tôt ? Cyanée ; c’était Cyanée ! Son amie d’enfance, cette sirène aux gènes angéliques qui se trouvait dans les Élysées, et qui, un beau jour, en était parti.

Cupidon ne l’avait pas vu depuis bien trop longtemps comme ça. Lorsqu’elle était devenue une Ange, elle avait été voir Cyanée, et lui avait annoncé qu’elle reprenait le flambeau de son père, et, à ce titre, irait dans les mondes inférieurs. Elle et Cyanée partageaient la même curiosité pour ces autres plans, et Cupidon pensait que c’était grâce à elle que Cyanée était partie... Et, sur Terra, elle avait choisi de s’installer dans un endroit qui ressemblait énormément à l’Élysée.

« Cyanée, ma douce Cyanée ! Oh, je n’arrive pas à croire que tu sois là, c’est si... Haaann... !! »

Elle lui donna alors plusieurs baisers sur les joues, et la serra encore, fort, dans ses bras.

« Mais je m’appelle Cupidon, maintenant. Tu ne m’avais jamais vu avec mes ailes, je crois... Tu trouves qu’elles me vont bien ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu voulais explorer Terra ! »

Quelles retrouvailles magnifiques !

En matière de retrouvailles, on ne pouvait faire plus magnifique ! Cupidon, ici, dans le lac perdu de Cyanée … Oh, c’était trop beau pour être vrai ! Les deux amies d’enfances s’étaient enfin retrouvées. Cyanée aimait énormément sa petite Cupidon, et la revoir après tant de temps, ça ne pouvait que lui faire un bien fou. Plus même ; un plaisir immense, infini ! Aussi infini que la beauté de Volupté. La sirène bombarda sa grande amie de bisous, couvrant tout son joli visage. L’Ange répliqua en la câlinant à son tour, donnant ainsi à la créature marine une des plus merveilleuses sensations au monde. Se faire faire un gros câlin par Cupidon en personne ! Qu’est-ce qui pouvait être mieux que ça ? Rien ! Cyanée ne voyait rien qui pouvait égaler une pareille chose.

Se frottant toute contre elle, Cyanée finit toutefois par cesser son attaque de bisous en tout genre. Son amie avait fortement battu des ailes, faisant gicler beaucoup d’eau. L’effet de surprise, sans doute ! Mais au final, elle avait reconnu quasi instantanément la créature. Ce qui lui bien entendu énormément plaisir. En contrecoup, Cupidon se mit à embrasser généreusement ses petites joues, faisant rougir et rire de manière enfantine la sirène qui, même après tout ce temps, adorait toujours autant qu’on lui fasse tout pleins de bisous ! Elle avait une bouille à baisers, donc pourquoi s’en priver ? Elle se laissa embrasser avec le plus grand des plaisirs, son grand rire cristallin apportant une grande touche de candeur dans l’action.

Cupidon finit toutefois par lui dire qu’il fallait l’appeler ainsi, désormais. Et non plus Volupté. Aux yeux de Cyanée, Volupté avait une valeur plus sentimentale car c’était sous ce nom qu’elle avait connu sa petite ange adorée. Mais soit, si elle se faisait appeler Cupidon désormais, alors Cyanée n’avait aucun droit d’en faire autrement. Elle hocha vivement de la tête, acquiesçant aussi sur le fait qu’elle ne l’avait encore jamais vu avec ses ailes. Ses belles et ses majestueuses ailes rosées qui flottaient derrière son dos. Cyanée porta son regard dessus, et la première impression fut claire ; coton ! Ses ailes, elles avaient l’air d’être aussi douces et délicates que du coton. Bien évidemment que cela lui allait à ravir. Tout allait à Cupidon. Tout était beau et délicieux sur elle. « Elles te vont à ravir ma chérie ! Elles sont si belles … Comme à ton image. » Lui dit-elle, avant d’entendre sa deuxième question.

Oui, Cyanée était venu sur Terra pour explorer. Et oui, elle l’avait fait ! Bon, elle n’avait pas exploré tout Terra, mais elle avait déjà fait un bon bout de chemin. Pourquoi était-elle ici ? Car … Elle avait élu, pour le moment, domicile dans ce lac qui lui a plu. Cette forêt toute entière l’a émerveillé, et depuis elle se refuse à la quitter. « Oh, j’ai exploré pas mal ! Mais, c’est grand Terra … Très grand. J’ai élu domicile ici-même, pour le moment, car … L’endroit est le plus agréable que je n’ai jamais vu jusqu’à présent. C’est un cadre si enchanteur, que je n’ai pas pu y résister … Mais, je fais de grands voyages ponctuellement ! » Lui répondit-elle, avec un grand sourire aux lèvres. Qu’est-ce qu’elle était heureuse, si heureuse d’avoir retrouvé Cupidon … C’était tout ce qui lui manquait. Son amie, sa seule et unique véritable amie. Cupidon, c’était toute une part de sa vie. Toute une part de son être, et de ce qui la constituait ; après tout, elles s’étaient fréquentées pendant de nombreuses années, quand elles étaient dans les Elysées.

Elle admira une dernière fois ses somptueuses ailes, puis une idée lui vint en tête. « Oh, moi aussi j’ai quelque chose à te montrer ! » Lui dit-elle subitement, en lui assénant un tendre bisou sur la pointe de son nez. Elle se précipita vers le rivage, faisant battre vivement sa nageoire. Elle s’aida de ses bras pour se hisser en dehors de l’eau, révélant ainsi son corps qui, depuis la dernière que son amie l’a vu, était devenu adulte ! Ainsi, hors de l’eau, elle se concentra un peu puis, son petit tour de magie opéra. Ses écailles commencèrent à rentrer en elle, dessinant sur leur passage deux formes bien distinctes. Tout se passa rapidement, et dans un petit éclat de poussières bleues, Cyanée fit disparaitre totalement sa nageoire … Pour afficher des jambes. Oui, Cyanée avait développé la faculté de pouvoir marcher sur terre ! De quoi découvrir d’avantage Terra. Toute fière et souriante, elle regarda Cupidon pour voir sa réaction. « Elles sont belles mes jambes n’est-ce pas ? Allez, dis-moi qu’elles sont belles !!! » Dit alors la sirène – devenue naïade – en souriant largement à son amie, en agitant ses jambes vivement, comme une enfant.

Ses jambes étaient … Effectivement belles. Douces, fines, sa peau était aussi lisse que celle d’un bébé. Des jambes agréables et légères, s’inscrivant dans la droite lignée de la philosophie physique de Cyanée.

Le Multivers était décidemment bien petit. Cupidon n’aurait jamais pensé retrouver Cyanée sur Terra, mais… Après tout, pourquoi pas ? Parmi toutes les dimensions parallèles qui existaient, Terra était l’une des plus accessibles, un monde féérique où, comme Cyanée l’avait remarqué, il existait encore quelques endroits merveilleux. Le Multivers recelait d’autres mondes encore plus magiques, mais Terra était une terre riche et diversifiée. Cyanée la rassura donc en lui disant que, si elle vivait ici, dans ce lac, elle avait commencé son exploration de Terra. Cupidon en sourit, rassurée. Avait-elle rencontré les royaumes océaniques ? Où s’était-elle rendue ? Qui avait-elle rencontré ? Son cœur battait la chamade, et Cupidon avait mille questions à la bouche.

Cyanée était son amie d’enfance, et, au-delà de ça, sa meilleure amie ! Elle l’avait rencontré quand elle s’appelait Volupté, et que, fascinée par l’eau du lac, elle s’y baignait… Jusqu’à ce qu’elle ne manque de se noyer. C’est comme ça qu’elle avait appris que Cyanée l’observait depuis déjà quelques temps, et, même quand Cyanée l’avait sauvé, elle n’avait pas osé s’approcher. Quand Volupté en avait parlé à ses parents, Psyché lui avait indiqué que c’était normal, car les sirènes étaient, au moins ici, très timides. Elles aimaient beaucoup chanter, mais elles étaient tellement habituées à vivre dans les profondeurs sous-marines qu’elles n’osaient pas s’approcher des gens de la surface. Pour la convaincre de venir, Volupté avait alors utilisé du chocolat, en récupérant auprès des artisans nains, et l’avait déposé devant le lac. Elle s’en rappelait encore avec amusement. Elle revenait tous les matins pour constater que, pendant la nuit, le chocolat avait disparu, et elle avait continué sur cette lancée. Progressivement, les deux jeunes filles s’étaient ainsi rapprochées, pour ne plus se quitter pendant des années.

Et puis, elles avaient grandi, et se retrouvaient, maintenant. Cupidon devait bien l’admettre ; revoir Cyanée, ça lui faisait un petit pincement au cœur. Elle s’en mordilla les lèvres, avant de voir Cyanée lui faire une surprise. Elle sortit alors de l’eau, et Cupidon eut la surprise de voir sa longue queue se transformer.

« Oh… »

Béate d’admiration, Cupidon  vit de belles jambes, douces et fines, se mettre à pointer à la place de la douce et écailleuse nageoire de Cyanée. Stupéfiant !

« Tu t’es découvert de nouveaux pouvoirs magiques, ma belle… »

Cyanée remuait ses jambes devant elle, provoquant de petits clapotis sur l’eau, et Cupidon l’arrêta alors en en attrapant doucement une, et déposa un doux baiser sur le bout de ce pied, puis remonta un peu.

« Oui… Elles sont à ton image ! Belles et douces ! Tu dois faire tourner bien des têtes quand tu te promènes ainsi… »

Cupidon le disait en connaissance de cause. Même quand elle dissimulait ses ailes, son essence angélique impactait sur les gens qui l’entouraient. L’Ange lui sourit alors, et sortit de l’eau. Ses vêtements étaient trempés, mais ce n’était pas bien grave, ça ne la dérangeait pas. Revoir Cyanée, voilà, en réalité, qui était infiniment plus palpitant que le sort de ses vêtements !

« Je suis heureuse de te voir, Cyanée… Je ne m’attendais pas du tout à te retrouver ! Je me demandais où tu étais passée, d’ailleurs… C’est vrai que je me suis absentée un peu, le temps de devenir un Ange, mais, quand je suis revenue, tu n’étais plus là. On m’a dit que tu étais partie explorer ailleurs… »

Souvent, Cupidon s’était demandée si Cyanée n’était pas partie la chercher, elle, avant de se dire que Cyanée avait toujours été curieuse de tout. Et, dans l’Élysée, il existait beaucoup de Portails et de Failles, des héritages de la Guerre contre les Grands Anciens et du Grand Conflit.

« Alors, tu as été où, à Terra ? Qu’est-ce que tu as vu ?! »

Oui, Cupidon était curieuse !

Faire tourner des têtes, ça elle pouvait en être sûre ! Seulement voilà, Cyanée n’y avait jamais songé. En vérité elle cohabitait avec des êtres qui, comme elle, étaient pures. Elle ne savait pas si sa beauté leur faisait tourner les têtes à ces personnes-là mais, elle savait qu’ils l’appréciaient beaucoup. Quand elle était venue ici, et qu’elle s’était faite acceptée, on l’appelait toujours par des petits qualificatifs en rapport avec sa beauté. Cyanée aimait cela bien entendu, car qui n’aimerait pas se faire flatter ? Mais, cela n’avait en rien changer au fait qu’elle considérait les fées et les naïades encore plus belles. C’étaient ses amies, et elle allait souvent passer du temps avec. Il y en avait qui étaient plutôt sérieuses, mais heureusement, il y avait des fées, et même des naïades, qui étaient très joueuses !

Elle se souvient encore des beaux après-midi qu’elle passait avec elles, à faire jouer, à cueillir des fruits, à s’occuper de diverses façons amusantes ! C’étaient des souvenirs en or ! Mais là, le souvenir de Cupidon était bien au-dessus. Il n’avait pas de valeur tangible, tant il était précieux. Raison pour laquelle elle éprouvait un plaisir comme jamais auparavant à retrouver son amie d’enfance. Ses joues rougirent doucement quand Cupidon vint auprès d’elle, posant doucement une main sur sa jambe pour la faire arrêter de se remuer. Et puis, son petit bisou sur son pied était si touchant … C’était tout Cupidon, les petites attentions et gestes doucereux ! Cyanée la regarda d’un œil très affectif et doux, alors que l’Ange remonta, sortant de l’eau.

Elle complimenta la sirène et lui dit, justement, qu’elle devait bien faire tourner des têtes. Ce à quoi la créature des eaux sourit et prit un petit air songeur. « Du moment qu’elle fait tourner ta tête, je suis contente ! » Lui répondit-elle de sa douce petite voix. Volupté lui stipula qu’elle était heureuse de la revoir, mais qu’elle ne s’attendait pas à la retrouver, en réalité. Elle s’était demandée où était-elle passée, et que quand elle était revenue, Cyanée n’était plus dans son lac, au temps de sa vie aux Elysées. Cela voulait donc dire que la sirène avait manqué le retour de son amie … Un petit sentiment de culpabilité l’envahie à ce moment-là. Peut-être aurait-elle dû l’attendre ? Du moins, plus qu’elle ne l’avait fait. Mais, c’était du passé. Il fallait se concentrer sur le présent, car maintenant, elles étaient à nouveau réunies !

Puis, vint toute une série de question qui la fit sourire de plus belle. Des questions qu’elle allait répondre copieusement, tant que cela satisferait la curiosité de sa meilleure amie. « Hummm … J’ai été dans plein d’endroits ! J’ai visité beaucoup de royaumes océaniques. J’ai fait la connaissance de plein de créatures, qui étaient parfois comme moi, des sirènes. J’ai vu des merveilleux coins, qui étaient de toute beauté … Bon, et des endroits un peu moins jolis, aussi. J’avais commencé par écumer les eaux des principaux royaumes, et je peux dire que même dans l’eau, les endroits sont différents. Les créatures et peuples habitants les eaux Papuannes sont différents que ceux habitants dans les eaux Ashnardiennes ! Enfin, y’a pas beaucoup de lac et de mer à Papua mais, ça m’a suffi. Terra est gorgée de lieux magnifiques qui valent le détour ! je n’ai même pas tout exploré … En fait, malgré toute ces années, je n’en suis qu’au début je crois. » Dit-elle, avec un grand sourire aux lèvres.

Oui, elle en avait vécu des choses ! Elle ne pouvait pas tout raconter d’un coup à Cupidon, ça serait trop long et peut-être trop ennuyeux. Mais, elle avait fait tout pleins de choses, et avait rencontré tout pleins de monde. Son amie la sirène piranha en était le meilleur exemple ! Hariette et elle, même si elles semblaient différentes, étaient de superbes amies qui savaient bien s’amuser quand elles étaient réunies ! Attention à ne pas être dans les parages quand le duo est dans la place. Ainsi, Cyanée avait eu une vie chargée jusqu’à présent. Mais à vrai dire, ce qu’avait fait Cupidon l’intéressait beaucoup en retour, et elle n’hésita donc pas à lui demander. « Et toi ma puce ? T’as dû faire vraiment plein de choses en devenant une Ange ! Racontes-moi !!! » Lui demanda-t-elle d’une voix enjouée, prenant d’ailleurs en otage son bras avec le sien. Elle déposa un petit bisou tout tendre sur son épaule, avant d’adopter une position qu’elle adorait prendre, quand elle était avec Cupidon …

Elle se pencha et vint s’allonger le long de l’herbe fraiche, posant sa tête sur les jambes de son amie. Elle lui sourit chaudement, et attendait maintenant impatiemment qu’elle lui raconte une histoire ; son histoire !

Cupidon sortit à son tour de l’eau, et s’assit sur le sol, face à Cyanée. La perte de ses plumes ne la choquait pas trop, elles étaient déjà en train de repousser. Le bout de ses pieds flottait dans l’eau, et elle était à côté de Cyanée. Dans le passé, Volupté se rappelait avoir les jambes dans l’eau, avec Cyanée qui faisait des ronds, lui offrant des prouesses aquatiques, avant de lui demander si elle avait déjà été dans les cites angéliques. Oui, pour autant que Cupidon s’en souvienne, Cyanée avait toujours été, comme elle, très curieuse. Elles étaient faites pour s’entendre, et, quand ses parents avaient appris que Volupté s’était fait une nouvelle amie en la présence d’une sirène, ils avaient été enchantés.

Quand une personne devenait Ange, généralement à la suite de son décès, elle oubliait tout de son ancienne vie. Cupidon, elle, avait été plus chanceuse, parce qu’on ne l’avait pas tué, ce qui faisait que, quand les Anges avaient révélé ses gènes angéliques (hérités de son père), Cupidon était née, mais avec la mentalité et les souvenirs de Volupté. De cette manière, elle n’avait jamais oublié son amie, et elle savourait maintenant encore plus de la revoir. Cyanée était encore plus belle et plus attachante que dans ses souvenirs, et elle lui expliqua que son voyage, pour l’heure, était surtout aquatique. Elle avait nagé dans les eaux ashnardiennes, avant de rejoindre la vaste mer intérieure au sein d’Ashnard, qui reliait Papua à d’autres provinces impériales. Cette zone était une sorte de « nœud » impérial au centre de l’Empire, abritant certaines des plus riches provinces impériales, Papua étant l’une des extrémités.

Cupidon connaissait Papua. De fait, elle en revenait, après sa rencontre pleine de romantisme avec une courtisane, Mélonye  Harubaal. Il était peu probable que Cyanée ait été jusqu’au Palais Royal, car, même si la capitale était au bord de la mer, il y avait énormément de monde. En revanche, elle avait déjà rencontré des royaumes océaniques. Avait-elle été jusqu’à Arcnos, qui se trouvait au large de Nexus, et qui était un important royaume océanique ? Ce qui était fascinant dans Terra, c’est que la vie s’exprimait partout, aussi bien sur terre que dans les airs (Caelestis, Vapeur), dans les mers, et même dans le sous-sol. La vie était partout, diversifiée, riche... Bref, fascinante !

Tout en lui demandant des nouvelles, Cyanée alla se coucher sur ses genoux, et l’Ange sourit, venant caresser ses cheveux.

« Hihi, c’est vrai que j’ai toujours aimé t’avoir sur mes genoux, Cyanée... »

Ce n’était sûrement pas elle qui irait le nier ! Elle caressait donc doucement ses cheveux, sa main glissant dessus, venant ensuite gratter tout doucement sa peau. Petite, elle avait adoré sentir les écailles de Cyanée sur son corps. C’était un petit plaisir, tout simplement, mais dont elle ne se lassait pas.

« J’ai aussi été à Papua... J’ai été dans le Palais Royal, et j’y ai rencontré une courtisane très gentille, qui était secrètement amoureuse de sa Princesse. J’ai trouvé ça terriblement romantique ! »

Elle sourit donc, avant de poursuivre.

« Pour le reste, je voyage beaucoup sur Terra... J’aimerais bien rencontrer la Reine de Nexus, mais les Anges ont une relation particulière avec Nexus, et je ne peux pas y entrer n’importe comment. Quant à Ashnard... J’ai volé près de la capitale une fois, car j’y avais senti la présence d’une Ange, mais... Ce n’est pas un endroit où j’aurais envie de vivre. »

Clairement pas ! Trop de démons ! Même s’ils n’étaient pas liés aux Cercles Infernaux, un démon restait quand même un démon, il fallait s’en méfier ! Cupidon sourit lentement, avant de fixer la surface du lac, puis regarda à nouveau Cyanée.

« En tout cas, tu as su te trouver un repaire très agréable... Dire que je comptais juste voir les fées. Je ne m’attendais vraiment pas à te trouver, et... Oh, je suis heureuse de te voir, ma Cyanée ! »

Se penchant vers elle, Cupidon lui délivra, à son tour, un baiser... Car, si Cyanée était fan de baisers, l’inverse était vrai pour Cupidon ! En tant que Volupté, elle adorait déjà qu’on l’embrasse, alors, sous l’identité de Cupidon...

Le simple fait de poser à nouveau sa tête sur les jambes de son amie donnait à Cyanée une excellente humeur. Cela lui rappelait immanquablement son enfance en sa compagnie, où elles passaient parfois des après-midi ainsi, à se raconter leurs histoires dans cette position. Cyanée adorait quand Cupidon passait sa main dans ses cheveux, et qu’elle la dorlotait de cette façon … Elle était si attentionnée envers elle, que ça l’avait marqué à vie. Elle était un concentré de douceur et de gentillesse … Forcément pour quelqu’un comme la sirène, ça faisait effet. Ainsi donc, alors qu’elle avait ses yeux braqués sur elle, son corps se détendit quand elle sentit la douce main de son amie d’enfance passer dans sa longue chevelure, tout en grattant tout doucement sa peau. Cyanée était très friande de ces attentions, en particulier quand ils venaient de la part de Cupidon.

Un sourire cristallin, presque enfantin s’imprima sur ses lèvres alors que son amie lui raconta brièvement une de ses histoires. Elle aurait ainsi voyagé à Papua, et aurait fait la connaissance d’une courtisane amoureuse de sa maîtresse … Romantique, c’était bien vrai ! Les histoires comme celles-ci donnaient aussi le sourire à Cyanée qui avait un peu hérité de ça de Cupidon. À force d’être proche d’elle et de la côtoyer, la sirène avait aussi finit par aduler l’Amour sous toutes ses formes, et à l’aimer. De ce fait, l’histoire de cette courtisane était donc toute mignonne à ses yeux, et sans doute partageait-elle le même sentiment que Cupidon vis-à-vis de cela. Elle poursuivit en racontant qu’elle aurait bien aimé rencontrer la Reine de Nexus, mais que cela était très difficile … Ce qui était compréhensible quand, effectivement, on se souvenait de la relation qu’avait Nexus avec les Anges.

Finalement, Cupidon sourit et fit la remarque qu’elle ne s’attendait pas à voir Cyanée ici. Ce lac, cette forêt, c’était en effet son petit coin de paradis ! Nul doute qu’un jour allait venir où la sirène le quitterait, car elle était une voyageuse dans l’âme … Mais en attendant, elle s’y plaisait et avait posé ses valises. C’était un lieu si enchanteur et si beau. Comment ne pas simplement déguster la vie dans un cadre aussi apaisant et serein … Certes, tout le monde avait des problèmes et être aussi sereine que Cyanée était difficile. Mais voilà, elle avait su comment trouver le bonheur avec le peu qu’elle avait ! C’était la clé de tout ; savoir se contenter et vivre avec ce qu’on a. La sirène finit toutefois par sentir ses joues rougirent quand sa belle amie se pencha et vint lui déposer un délicat baiser sur ses lèvres. « Humm … » Couina-t-elle de sa petite et doucereuse voix, se laissant délicieusement faire par ce geste plein de chaleur. Les baisers de Cupidon ne lui avait jamais autant manqué … Le gout de ses lèvres était tout simplement parfait.

Sucré, doux, suave … Le gout était tout ce qu’il y avait de plus exquis au monde. Ainsi, Cyanée sentit avec plaisir la douceur de ses lèvres rencontrer les siennes, autant que son parfum et sa texture. Ses mains vinrent prendre avec soin les joues de sa Cupidon, les caressant en toute sensualité et tendresse. Le baiser finit toutefois par se terminer, laissant une Cyanée toute rêveuse et souriante. « Tes baisers sont toujours autant enivrant, ma chérie … » Lui déclara alors la sirène, qui attendit un peu avant de se redresser. Mais elle ne bougea pas longtemps puisqu’elle partit s’asseoir sur les genoux de son amie et plaça ses mains sur ses épaules. « Je n’ai jamais cessé de penser à toi … Ma petite Cupidon, que je chérie plus que tout … » Lui susurra-t-elle, avant de s’avancer pour venir lui déposer un respectueux baiser sur son front. Ses lèvres goûtèrent à la douceur et au parfum paradisiaque de sa peau, lui donnant encore plus envie de lui faire des câlins et des bisous partout ! Elle sourit chaudement puis la prit fortement dans ses bras, passant ceux-ci dans son dos pour la coller fortement contre elle.

« Oh ma puce je suis si heureuse ! » Lui dit-elle alors qu’elle la serra fortement contre elle, nichant une de ses mains dans sa longue chevelure pour doucement placer sa tête contre sa poitrine. Cyanée déposa tendre baiser sur le dessus de sa tête, dans belle tignasse rosée, puis se lova contre. Oui, avec Cyanée il y avait beaucoup de câlins et de papouilles ! Surtout quand il s’agissait de sa Cupidon adorée … Mais en ramenant la tête de sa chérie contre sa petite poitrine, elle était indirectement en train de lui faire une demande assez particulière ...

Cupidon et Cyanée étaient de grandes admiratrices des baisers, et c’était précisément ce que Cyanée fit à Cupidon, après son baiser sur ses cheveux. Cyanée se pencha en effet, leurs poitrines se serrèrent, et Cupidon frissonna au contact de la douce peau trempée de la femme sur son corps. Elle sentait ses mains se poser sur ses épaules, et enlaça à son tour Cyanée, frémissant doucement à chacun de ses baisers, que ce soit sur son front, ses joues, ses cheveux... Dans ses souvenirs, elle se souvenait de ce penchant très prononcé de Cyanée pour les câlins et les tendresses. Ensemble, elles se faisaient d’innocents câlins pendant des heures, à l’époque. Cupidon, en effet, était vraiment une caricature de jeune femme poétique et romantique, une femme qui adorait les histoires d’amour qui finissent bien, les déclarations romantiques... Elle aimait bien ce côté-ci de l’humanité, comme si, pour compenser leurs mauvais penchants, ils rivalisaient d’ingéniosité pour se montrer leur affection mutuelle. Elle avait notamment vu cette vidéo où un programmeur informatique annonçait à sa petite-amie qu’il l’épousait en inventant un jeu vidéo où elle devait sauver une femme, et où, à la fin, dans les crédits, son homme lui demandait sa main. Cupidon avait trouvé çà tellement touchant qu’elle en avait pleuré comme une madeleine !

L’Ange de l’Amour était ainsi, et elle frotta son nez contre la nuque de Cyanée, remontant jusqu’à sa joue, l’embrassant à son tour, gloussant contre elle.

« Tes câlins m’avaient manqué, Cyanée... »

Ses ailes allèrent d’elle-même se déployer pour s’enrouler autour de Cyanée, comme pour maintenir davantage la femme contre elle. Ensemble, elles formaient un couple atypique, et, alors que Cupidon s’absorbait contre elle, elle entendit soudain du bruit sur sa droite.

Tournant la tête, car intriguée par ce bruit, elle sourit alors en voyant que des petites fées étaient agglutinées autour de sons achet de bonbons.

« Oh, elles n’ont pas attendu, celles-là... »

Elle regarda alors Cyanée, et une petite idée perla alors dans son esprit. S’excusant auprès des fées, elle tendit sa main, et usa de sa magie pour attirer à elle le sachet, laissant quelques bonbons aux fées qui filèrent rapidement dans la forêt. Le sachet atterrit ainsi à côté de Cupidon, qui en sortit un bonbon.

« J’ai découvert ces choses en arrivant à Terra, et je ne pensais pas que ce serait aussi bon. Est-ce que tu en as déjà goûté, Cyanée ? Ce sont... Des bonbons ! »

Cupidon lui sourit, et lui tendit le bonbon, l’invitant bien entendu à le prendre dans sa bouche.

De doux souvenirs remontaient à l’esprit de Cyanée alors qu’elle était en train de câliner sa dulcinée. Les souvenirs d’elles, en train de se faire de longs câlins innocents pendant des heures complètes ! Des souvenirs d’elles en train de jouer dans l’eau, ou de s’amuser tout court. Cyanée et Cupidon avaient un fort passé en commun, et tout cela refaisait surface alors qu’elles se lovaient l’une contre l’autre. La sirène combla le visage de l’Ange de bisous, que ce soit sur ses gourmandes petites joues ou son nez, ou même son front ou ses cheveux. Cyanée adorait toujours autant le contact de la peau de son amie à ses lèvres ! C’était toujours un pur régal. Et outre le gout, le simple fait de faire des bisous à Cupidon était un pur plaisir. Ainsi donc, elles poursuivirent jusqu’à ce que Cupidon frotte doucement son petit nez contre celui de la sirène, qui sourit très tendrement. Elle lui déclara que ses câlins lui avaient manqué, ce qui était réciproque.

« Les tiens aussi … » Lui répliqua Cyanée, joignant le geste à la parole en venant prendre son amie dans ses bras. Cependant, les ailes de Cupidon se déployèrent et, dans leur incroyable douceur, vinrent s’enrouler autour de la jeune femme qui sentit comme un nuage doucereux caresser son dos. C’était que les ailes de son amie étaient aussi douces que sa personne. L’une contre l’autre, enfermées dans les majestueuses ailes rosées de Cupidon, les deux femmes étaient enfermées dans leur petite bulle à elles seules, et rien ni personne ne pouvait les déranger. Enfin, sauf des petites fées malicieuses qui avaient profité de l’instant pour venir piquer dans l’étrange petit sac qu’avait ramené Cupidon. Celle-ci finit d’ailleurs par ramener ledit sac à elle et après avoir donné leur part aux fées, elle sortit une petite curiosité la tendit à Cyanée.

« Des bonbons ? C’est un curieux nom … Non, je n’en ai jamais goûte ! » Lui répondit alors la sirène qui loucha sur la petite sucrerie que tenait Cupidon du bout des doigts. Cyanée sourit puis partit picorer, prenant le fameux bonbon en bouche. Et là, elle découvrait de nouvelles choses … « Hmm ! » S’échappa alors de ses lèvres, alors que le gout délicieusement sucré et doux de cette petite chose se propagea dans sa bouche. C’était une sucrerie visiblement artisanale, qui avait le gout de plusieurs fruits. Légèrement acidulé, du fait de sa forte contenance en sucre, surement. Cyanée semblait découvrir le feu à en voir son visage, alors qu’elle remuait le bonbon partout dans sa bouche. C’était si délicieux ! Si bon, si sucré ! « Mais, mais, c’est délicieux ! » Déclara alors Cyanée qui fut séduite par les bonbons. Son sourire enfantin et sa joie étaient plus que jamais présentes, alors qu’elle dégustait son petit bonbon.

Elle eut un petit rire cristallin, avant de regarder le sachet contenant les autres sucreries, puis d’en piquer une. Elle le tint au bout de ses doigts, et l’approcha alors des lèvres de sa Cupidon. Tout comme elle, elle désirait qu’elle goûte ! Mais, peut-être, voire surement avait-elle déjà dû tous les goûter … Pas grave, cela n’allait pas empêcher Cyanée de donner elle-même les bonbons à sa chérie. Quand Cupidon le prit, la sirène fut toute heureuse. Voir Cupidon se régaler, cela n’avait pas de prix. Puis, alors qu’elle était bien entre ses bras, elle se souvint de quelque chose. Elle aussi, avait un petit cadeau pour sa Cupidon chérie. « Oh, attends j’ai quelque chose pour toi aussi ! » Lui dit alors la sirène qui, avec un petit pincement au cœur, se délia de ses bras pour replonger dans l’eau. Même sans sa queue de sirène, la créature était capable de bien nager et de vivre sous l’eau. Rapidement elle atteignit le fond et s’engouffra dans une cavité sur la paroi, qui lui servait … De petite maison, en quelque sorte ! C’était uniquement une cavité où Cyanée avait la place pour s’endormir, au milieu de coraux fluorescents et majestueux la nuit.

Dans un coquillage, qu’elle gardait jalousement, elle avait enfermé un précieux présent pour Cupidon. Un présent dont elle rêvait de lui offrir depuis qu’elle l’avait obtenu. Ce jour-là était venu et Cyanée allait enfin pouvoir le lui donner ! Elle le prit donc, et remonta à la surface. Toutefois, alors qu’elle était encore immergée dans l’eau, elle demanda à son amie de fermer ses yeux. Quand cela fut fait, la sirène sortit de l’eau et alla se placer dans le dos de Cupidon. Son présent avait la forme d’un collier, qu’elle lia au cou de sa délicate amie. Quand elle eut terminé, elle revint se remettre sur ses genoux et lui demanda de rouvrir les yeux.

« C’est une perle ! Une perle que j’ai gardé pendant des années, rien que pour avoir la chance de l’offrir un jour … Et ce n’est pas n’importe quelle perle. C’est une Serië, une perle aussi rare que précieuse, qui me fut donnée par un prince d’un royaume aquatique … Elle a une immense valeur et elle a une particularité ; elle se met à émettre une lueur qu’on dit paradisiaque, quand son porteur ressent une forte émotion sincère … C’est pour cela qu’on dit que c’est la perle des vertueux, et des amoureux … » Lui expliqua alors Cyanée, qui était toute fière de son présent ! Même si, cela ne représentait pas grand-chose, c’était quand même un cadeau exclusif pour sa Cupidon adorée …

Voilà donc que l’Ange et la Sirène étaient en train de s’empiffrer de bonbons ! Cyanée était encore plus magnifique que dans ses souvenirs. Cupidon ne pouvait être que terriblement heureuse à l’idée d’être avec elle. Ensemble, elles retrouvaient les joies d’antan, leurs joies enfantines et insouciantes. Cupidon se rappelait de ces fois où elles s’allongeaient dans l’herbe, l’une à côté de l’autre, observant les nuages, en essayant d’y deviner les formes. Des licornes, des elfes, des arbres, on y voyait tout ce qu’on voulait ! Et là, sur un autre monde, bien différent des Cieux, elles se retrouvaient avec joie et sérénité. Cupidon avala joyeusement le bonbon que Cyanée lui tendit, et continua à manger. D’aucuns auraient pu arguer que ce n’était là que de la gourmandise, mais Cupidon ne pensait tout de même pas qu’on irait en Enfer juste pour avoir mangé des bonbons... Ou alors, il n’y aurait plus personne dans les Cieux !

En réalité, elle était souvent surprise par l’interprétation que les gens faisaient des Sept Péchés Capitaux. Ils prenaient chaque péché au sens littéral, sans essayer de comprendre ce que les Péchés signifiaient réellement. Un Péché capital n’était pas un acte, c’était plus une sorte de philosophie qui guidait l’intention d’une personne. La gourmandise sanctionnait par exemple tous ces gens qui accumulaient des richesses sans aucun partage, qui s’engraissaient, ces gros industriels véreux qui, sans se rendre coupable de vols, étaient très gourmands. Un péché capital, parce qu’il était, justement, capital, signifiait justement qu’il devait être important.

Cupidon songeait à tout cela, car, comme toujours, son esprit avait facilement tendance à s’évader, lorsque Cyanée annonça avoir une surprise pour elle.

« Oh, vraiment ?! »

Une surprise ? Cupidon sourit, toute émoustillée à cette idée. Les surprises, elle aimait ça ! Cyanée, sans plus attendre, bondit alors dans l’eau, l’éclaboussant sur les jambes.

« À tout de suite, Cyanée ! »

L’Ange de l’Amour déposa son sachet de bonbons sur un rocher, et attendit ensuite, en observant la surface de l’eau. Elle finit par fléchir les genoux, sa tête au-dessus de l’eau, posée à quatre pattes sur le sol, avec ses fesses plantées sur ses talons. Où était Cyanée ? Où était-elle passée ? À l’époque, Cyanée adorait lui donner des coquillages, des fruits de mer, des algues... Elle n’avait visiblement pas perdu cette habitude, et Cupidon finit par le sentir revenir, en souriant joyeusement sur les lèvres.

Mais, avant de remonter à la surface, Cyanée lui ordonna de fermer les yeux, ce qui ne manqua pas de l’amuser.

« Tu te fais cachottière, Cyanée ! Mais... Soit ! »

Ce n’est pas comme si Cupidon pouvait lui refuser quoi que ce soit, de toute façon. Elle ferma donc les yeux, tout en retournant s’asseoir plus normalement sur le sol, et entendit Cyanée remonter à la surface. L’Ange souriait toujours, amusée comme jamais par cette situation, et conservait les yeux clos. Elle sentit Cyanée se déplacer dans le dos, et soupira légèrement en sentant l’eau lui tomber sur le cou et sur les épaules, puis sentit quelque chose s’enrouler autour de son cou. Elle sentait une lueur magique brûler contre son torse, et, quand la Sirène lui annonça pouvoir ouvrir les yeux, Cupidon le fit, et inspecta l’objet.

Elle lui avait donné une perle magique, visiblement très précieuse pour elle, une Sérië. Cupidon reconnaissait volontiers que le terme ne lui disait rien, mais, à l’idée d’avoir un cadeau si précieux, elle sentit son cœur s’emballer, tout en se mettant légèrement à rougir.

« Oh, Cyanée, il ne fallait pas, voyons ! »

Cupidon alla lui faire un nouveau câlin, la serrant fort dans ses bras, avant de déposer une nouvelle série de baisers sur son visage.

« Je te remercie beaucoup pour ce précieux cadeau !! Je te promets que j’en prendrais le plus grand soin possible !! »

Elle posa sa main sur la perle, et une vive lueur rosâtre et blanche émana alors de la perle.

« Ooooohhh... !! C’est... C’est si joli !! »

Encore un peu, et Cupidon en aurait eu des étoiles brillant dans les yeux !

Quel cadeau incroyable !

Cyanée était si fière et si heureuse d’avoir fait plaisir à son amie ! Voir la mine de Cupidon aussi souriante face à cette perle était tout ce que voulait la sirène, en réalité. Ses joues avaient même rougi un peu. Cupidon l’avait généreusement remercié en lui faisant un gros câlin et plein de bisous, ce qui était tout naturellement le meilleur moyen pour remercier quelqu’un comme Cyanée. Après ce bon gros câlin tout tendre, la femme aux cheveux roses retourna son attention vers la perle qui émit sa fameuse lueur, signe que Cupidon ressentait à ce moment-là, de fortes émotions. « J’aimerai bien dire que la perle est à la hauteur de ta beauté mais … Rien ne l’égal la tienne, en fait. » Lui déclara-t-elle, tout sourire. C’était qu’avec Cupidon elle n’avait pas à avoir peur de la bombarder de compliment, de douceur et de toutes ces choses. Cupidon était l’amour personnifiée, donc elle n’avait nullement à avoir des craintes. C’était un grand bol d’air frais, que de pouvoir parler librement ! Avec une personne que l’on aimait plus que tout au monde.

Ceci étant dit, Cyanée était une grande enfant dans l’âme et, comme tous les enfants, elle était toujours bourrée d’énergie. On voyait bien qu’elle était toute excitée rien que parceque Cupidon était là. C’était sa grande amie ! Ce n’était pas rien, c’était … La sœur qu’elle n’avait jamais eut, en quelques sortes ! Cyanée était trop heureuse, trop fière de pouvoir compter une telle personne dans ses amies. Ainsi donc, elle laissa planer un court silence, puis fit un gros câlin sur le côté à Cupidon. « T’imagines pas à quel point je suis trop heureuse de t’avoir fait plaisir, ma Cupidon … » Lui déclara-t-elle, avec en sus un gros bisou sur la joue. Mais, la sirène ne resta pas en place puis, après avoir contemplé son visage, sauta à nouveau dans l’eau. *SPLOUTCH* Entendit-on, alors que quantité d’eau vint éclabousser Cupidon. La sirène, très joueuse, s’écarta du bord mais en ne lâchant pas son amie du regard. Elle était très à l’aise dans l’eau, même sans sa nageoire.

« Vient barboter avec moi ! L’eau est très agréable … » Lui dit alors la sirène, sur un ton espiègle. Puis, elle n’attendit guère que son amie réponde pour lui faire passer un message. Poussant fort avec ses bras, elle brassa une bonne vague d’eau et la projeta alors sur Cupidon … Gentiment bien sûr, mais le résultat était que la pauvre Ange était toute éclaboussée. Cyanée venait de lui faire comprendre qu’elle voulait jouer avec elle dans l’eau ! Une bataille d’eau, en résumé. « Oups, je suis maladroite … » Dit-elle, avant de lancer une deuxième petite vague, désirant réellement que Cupidon saute dans l’eau et vienne lui faire payer ça ! Il fallait s’y attendre avec Cyanée ; elle était très joueuse. Dans le bon sens cela dit. Elle voulait tout le temps jouer, et ça ce n’était pas les naïades et les fées de la forêt qui diraient le contraire. Avec elles, Cyanée pouvait passer des après-midis entiers à jouer à cache-cache, à la bataille d’eau, etc. C’étaient des créatures aussi gentils et bon vivant qu’elle, donc il n’y avait aucun problème.

Et là, maintenant que sa Cupidon chérie était là, elle voulait absolument rattraper un peu le temps, et jouer avec elle !

Perdre des plumes, pour Cupidon, n’était pas grave. Du moins, ça l’était autant que quand on perdait des cheveux. Mine de rien, une paire d’ailes comprenaient énormément de plumes, et il était fréquent qu’elle se les enlève elle-même pour les donner à de jeunes enfants. Aurait-elle été moins candide qu’elle en aurait sans aucun doute fait commerce, car les plumes des ailes d’une Ange au cœur pur valaient une somme importante auprès d’alchimistes, ou de diseurs de bonne aventure, tant on réputait ces plumes comme étant de puissants artefacts magiques. Cependant, Cupidon était bien éloignée de telle considération mercantile, elle qui venait de terres où l’argent n’existait pas.

Face à Cyanée, elle se souvenait, bien entendu, de l’énergie incroyable dont Cyanée faisait preuve. Pour autant qu’elle s’en souvienne, la sirène était une femme impossible à calmer, toujours débordant d’énergie et de vitalité, une véritable pile électrique. Cuèpidon ne s’attendait pas à la voir se reposer, et la sirène resta fidèle à sa réputation en plongeant dans l’eau, invitant Cupidon à venir également se prélasser… En lui balançant des jets de flotte, une vague la recouvrant de la tête aux pieds.

« Oooh !! » s’exclama-t-elle, la bouche ouverte, ses lèvres formant un ‘‘O’’ des plus comiques. Tu… Tu vas me payer ça, attends voir ! »

Ses ailes se déployèrent alors, et elle s’envola de quelques mètres, avant de tomber comme une pierre, pliant les jambes contre son corps, joignant ses mains devant, se transformant ainsi en une sorte de boule, filant tout droit vers l’eau…

*PLOOOOOFF !!*

Une véritable vague se souleva au milieu du lac, repoussant Cyanée, avant que Cupidon n’en remonte rapidement, ses ailes ayant disparu, se rétractant dans son dos, afin d’éviter de recouvrir le lac de trop de plumes, et ce même si, d’ores et déjà, il y avait énormément de plumes qui flottaient, ici et là.

« Ça te manquait, hein, que je te coule ?! »

Énergique, Cupidon se rappelait, bien entendu, de toutes leurs parties endiablées dans le lac, quand elle la coulait en posant ses mains sur ses épaules, ou sur sa tête, avant de sentir Cyanée lui tourner autour. La spécialité de la nymphe était de la serrer à hauteur de ses jambes dans sa queue, pour la faire tomber dans l’eau, et ainsi l’emmener dans les profondeurs aquatiques.

Cupidon avait toujours aimé jouer avec Cyanée à la bataille de l’eau, et, même si elle savait qu’elle n’avait aucune chance, elle savait que la sirène était volontiers joueuse.

« Tu ne peux plus rien faire contre moi, maintenant, fanfaronna-t-elle, je suis une Ange ! Ce serait très irrespectueux de couler une Ange, tu sais… »

Oui, une bonne bataille d’eau ! C’était exactement ce que désirait Cyanée à ce moment-là. Elle se souvenait de toutes les fois où elle avait joué ainsi avec son amie, et qu’à chaque fois, c’était bien rythmé. Si Cupidon la coulait bien des fois, la sirène avait l’avantage du terrain. De ce fait, elle en profitait pour venir prendre au piège l’Ange en venant capturer ses jambes, puis en la coulant à son tour, jusqu’aux profondeurs des eaux. Ainsi, elle ne comptait pas se laisser faire et quand Cupidon fit un grand saut, et plongea avec force dans l’eau, elle fut poussée en arrière. Le temps d’essuyer son visage, et voilà que sa Cupidon adorée était dans l’eau, et osait même la provoquer. Pensait-elle réellement que parcequ’elle était devenue ailée, que Cyanée allait avoir de la retenue … D’autant plus que, elle avait une parade pour ce coup-ci.

« Humm … Non ! Moi, tant que je ne vois pas d’ailes … Il n’y a pas d’Ange ! » Déclara-t-elle, avant de brasser une grosse vague d’eau avec ses bras, la projetant sur Cupidon. Elle poussa alors un rire cristallin, avant de se ruer vers elle, afin de poser fermement ses mains sur ses épaules, pour tenter de la couler. Mais, c’était que Cupidon avait appris de ses erreurs et savait comment la contrer. Une petite bataille eut lieu entre les deux amies, et les rires s’entremêlèrent. L’eau éclaboussa tout et rien, le duel était très tendu. Mais, finalement, comme toujours, ce fut Cupidon qui gagna la première manche en finissant par enfoncer la tête de Cyanée dans l’eau et en la maintenant ainsi. On voyait des bulles d’air éclater à la surface, mais il ne fallait pas s’en faire ; Cyanée étant une sirène, elle pouvait parfaitement respirer sous l’eau.

Profitant de cela, elle se rua vers le corps de son amie et décida pour une fois de changer un peu sa méthode. Au lieu de venir enrouler sa queue autour de ses jambes – et puisque sa queue n’était plus là à ce moment-là – elle décida de se plaquer contre son ventre et d’enrouler ses bras à cette hauteur. Puis, elle la poussa vers le bas, de toute ses forces, afin de la tirer sous l’eau. « C’est moi qui ai gagné !!! » Dit-elle alors, entendant un gros plouf au moment où Cupidon passa sous l’eau. Cependant, elle savait que son amie n’était pas faite pour tenir longtemps dans un tel milieu. Mais là, elle avait une petite surprise pour elle ! Avant, elle lui faisait manger une espèce particulière d’algue, qui permettait de pouvoir respirer sous l’eau durant un certain temps. Depuis lors, Cyanée avait développer une capacité qui permettait de s’en passer.

Elle appelait cela ; le petit bisou magique. Cupidon allait rapidement découvrir pourquoi un tel nom. Quand elle fut sous l’eau, la sirène la prit tendrement dans ses bras, lui faisait un énorme câlin. Elle approcha son visage du sien puis, en souriant, vint à lui offrir un fougueux baiser. L’Ange allait découvrir ce que c’était de se faire des bisous sous l’eau … En l’occurrence, Cyanée lui offrit un énorme baiser, chaleureux, passionné. Mais, non seulement il avait pour but de simplement goûter à ses lèvres, mais aussi, de lui donner une petite faculté. Normalement, alors que le baiser se poursuivait, et que les langues se lovaient l’une contre l’autre, Cupidon devait sentir en elle … Quelques petits changements ! Normalement, des espèces d’entaille sur sa peau, à hauteur de sa poitrine, devaient apparaître ; exactement comme celles que possédait Cyanée sur sa poitrine.

C’était la preuve que le baiser avait marché ; Cyanée avait donné à Cupidon de quoi respirer sous l’eau, tant qu’elle serait dedans. Et puisqu’elle ne craignait plus l’asphyxie, Cyanée la câlina encore plus fortement, ne cessant pour rien au monde son petit bisou … « Hmmmmmmm !!! » Ronronna-t-elle, complètement in-love à ce moment-là.

Les batailles d’eau avaient été un moyen innocent de rapprocher les deux jeunes filles, quand elles étaient encore des enfants. Cupidon se souvenait encore de leur première fois. Elle était assise sur le rebord de l’eau, remuant ses pieds dans la surface du lac. Même aux Cieux, il pouvait parfois faire très chaud, et, en cette journée-là, une chaleur caniculaire régnait dans les forêts de l’Élysée. Cupidon était donc face au lac, quand Cyanée, constatant sa chaleur, l’avait éclaboussé. En retour, Cupidon l’avait éclaboussé en retour, et… Et voilà où, bien des années après, elles en étaient. Cupidon avait rétracté ses ailes. Elle pouvait se faire passer pour une humaine, notamment en réduisant aussi la taille de ses oreilles, mais, ici, elle se contenta juste de faire disparaître ses ailes. Elle se battit donc avec Cyanée, balançant de l’eau en retour, gloussant et s’amusant, jusqu’à pouvoir l’attraper, et, posant ses mains sur ses épaules, appuya fort. Elle les posa ensuite sur la tête de Cyanée, immobilisant cette dernière dans l’eau, qui arrivait alors sous les seins de Cupidon.

Ainsi positionnée, Cyanée étant à sa merci, remuant de droite à gauche, et Cupidon, qui savait très bien que la nymphe pouvait l’entendre dans l’eau, souriait en claironnant :

« Ah, tu vois bien, Cyanée ! Les Anges sont les meilleurs ! »

Elle se demandait ce que Cyanée comptait faire, lorsque, plutôt que de recourir à sa queue, Cyanée enroula ses bras autour de sa taille.

« Hey ?! Que… Aaaaahh !! »

Un cri de surprise s’échappa des lèvres de Cupidon, qui tomba ensuite dans l’eau. Elle cligna des yeux, voyant, au milieu de multiples bulles d’air remontant à la surface, le corps de Cyanée se pencher vers le sien. Si Cyanée pouvait respirer sans problème dans l’eau, Cupidon, elle, n’en était pas capable. De manière générale, les Anges n’aimaient pas l’eau. Il était difficile d’y voler avec les ailes. Cependant, les Anges avaient développé des sorts magiques pour pouvoir respirer sous l’eau, et même pouvoir se servir de leurs ailes.

Cupidon se demandait donc ce que Cyanée avait en tête… Puis son amie l’embrassa alors. Les yeux de Cupidon s’écarquillèrent sous la surprise, mais elle sentit quelque chose frissonner en elle, résonnant dans son corps. Sa vision s’affina, et, surtout, elle réalisa qu’elle entendait mieux les sons, et qu’elle pouvait respirer. Elle sentit également les entailles sur sa peau, à hauteur de sa poitrine, comme des espèces de branchies, et caressa sa peau à cet endroit, avant de mordiller davantage les douces lèvres de Cyanée, allant serrer ses bras autour de son corps. Sa main alla s’enfouir sur ses cheveux.

« Hmmmm… !! »

Si le baiser avait pu être innocent au début, afin de donner à Cupidon de quoi respire sous l’eau, le prolongement de ce baiser le fut bien moins , et exprimait le fait que Cyanée et Cupidon avaient toutes les deux grandi, et étaient devenues des adultes, avec des désirs différents de ceux qu’elles avaient ressenti jadis.

Le baiser finit donc pas se terminer, et Cupidon se retourna alors, maintenant néanmoins Cyanée dans ses bras. Le dos de la nymphe tapa contre le sol, et Cupidon la regarda en souriant.

« Toi aussi, tu as acquis des pouvoirs magiques, Cyanée… »

Restant au-dessus d’elle, Cupidon devait être belle à voir, avec ses longs cheveux qui flottaient dans l’eau.

« Je t’aime tant, Cyanée… Je suis tellement heureuse de te revoir ! »

Et, naturellement, cette phrase donna lieu à un gros câlin, le corps de Cupidon se serrant contre celui de la femme.