Parmi l’un des effets secondaires du
rakyat, les scientifiques d’Hoyt avaient réalisé que, chez les cobayes ayant une consommation soutenue et durant depuis quelques années, il pouvait se produire une réaction chimique tout à fait fascinante. Bien sûr, ça ne fonctionnait pas chez tous les cobayes, mais, dans le cas où l’effet secondaire avait lieu, pendant la durée d’effet de la drogue, l’organisme humain ne réagissait plus aux sensations nerveuses. Autrement dit, pendant quelques instants, la drogue inhibait toute sensation de douleur. Le sujet était alors atteint de ce syndrome, rarissime, qu’on appelait
insensibilité congénitale à la douleur, une maladie extrêmement rare, généralement de cause génétique, et qui empêchait à un individu de ressentir la moindre forme de douleur. Il pouvait poser sa main sur un four sans ressentir aucune douleur, se mordre la langue sans avoir mal... Une bénédiction qui était en réalité une terrible malédiction, car, si le corps n’émettait pas de douleur, la souffrance, elle, existait. Des enfants pouvaient donc se blesser grièvement sans en avoir conscience, ils ne pleuraient pas quand ils saignaient, car ils étaient incapables d’avoir mal. C’était effrayant en temps normal... Mais, en temps de guerre, c’était terriblement monstrueux.
Vaas, avec la fumée qui l’enveloppait, et la musique qui brayait, se croyait dans une espèce de jeu vidéo. Un niveau bien bourrin dans «
Killing Vaas », un FPS déjanté où le principe était de buter tout le monde. Là, putain, mec, c’était tout simplement
GÉANT ! Des formes grotesques débarquaient sous son nez, et il tirait en rigolant, sans trop savoir qui était l’heureux élu. Le
rakyat continuait à agir en lui, et Skrillex s’évanouit dans sa tête, tandis qu’il n’entendait plus rien que les accents magiques de
Panjabi MC, une musique parfaite quand on était en plein trip’. Des espèces de sauvages l’attaquaient armés de machettes, et il tirait, les voyant exploser dans des volutes joyeuses de fumée.
Un petrovski s’approcha alors de lui, tenant un Uzi, mais il fut alors abattu par un homme de Vaas avant que ce dernier ne puisse se tirer, provoquant un bref élan de lucidité en lui.
«
Tu m’as volé mon frag’, enfoiré ! Enculé de spammeur de merde !! Le scoring, t’y penses au scoring, cheater de merde ?! »
Et *
BANG !*, la justice divine s’abattit sur le sale voleur de score. Ça, Vaas en avait horreur, il voulait rester en tête du classement ! Il avait fait un
perfect jusqu’ici, et il comptait bien continuer ! Ça, aucun tricheur à la con ne viendrait le faire chier pour réussir la partie ! Rechargeant son fusil à pompe, il s’approcha alors, et vit une sorte de gros nounours se rapprocher, en lui chantant une comptine. Curieusement, l’ours avait une sorte de trompe rose avec de grosses dents, et Vaas trouva ç atellement grotesque qu’il ne pouvait s’empêcher de rire.
«
Ha ! Vous avez vu sa gueule, à ce mec ? Wooow, putain, mec, crois-moi, la chirurgie zesthétique, même avec tout l’or des putains d’Incas, ça suffira pas ! Nan, ‘là, ‘faut abandonner la loterie du siècle, et directement viser le trésor des Pharaons. Mais j’emmerde Christophe Colomb, ou... L’autre pédé, là, Charlemagne, ou j’sais plus qui... Bref, navré, bro’, on a pas le temps d’aller faire un tour chez Momie-Khéops ! Laisse-moi t’aider, voyage express jusqu’à Saint-Pierre, 3615 Vaas à vôt’ service ! »
En réalité (même si parler de «
réalité » devenait ici un concept très creux, Vaas ignorait s’il parlait vraiment, ou s’il pensait... Mais est-ce que ça faisait vraiment une différence ? Ce qui était sûr, c’est que les mélanges n’étaient jamais très bons, surtout quand on mélangeait un fumigène à une drogue expérimentale. En tout cas, le tir fusa, et le brave gérant de l’entrepôt, ou, plutôt, l’ours-avec-une-trompe-rose-d’éléphant-et-des-dents-pointus vit sa tête exploser, et Vaas lui souffla un baiser en le voyant s’élever vers d’autres cieux.
«
+100 points bonus pour avoir tué ce gros truc moche ! NUMBER OOOONNE !! Woooooooooooow... C’est qui, le patron, les branleuses ?!! »
Après mûre réflexion, les hommes de Vaas durent se convaincre qu’amener une PlayStation 4 pour jouer en compagnie de Vaas à des jeux violentes lors des planques n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. Et, s’il fallait faire passer un message de prévention en ce moment, ce serait de dire, les enfants, qu’il ne fallait pas jouer à un jeu comme
Call Of Duty en fumant du
rakyat, et que...
Mais arrêtons toutes les bandes, car le regard de Vaas s’illumina en voyant une Ange bleue débarquer alors, tenant dans sa main...
«
Un POMPON ! Le pompon de la Vierge-Marie ! Soyez béni, Seigneur et tous les putains d’enculés d’Anges ! C'est le POM-PON ! »
Vaas visa alors le « pompon », consistant en réalité dans le détonateur que Solace tenait, en sortant le pistolet qu’il tenait à sa ceinture... Et c’était sans doute ça, le plus effrayant, avec le
rakyat. Tout en vous faisant planer dans le monde des éléphants roses, chez certains sujets exceptionnels, comme Vaas, il n’altérait pas certaines de ses capacités cognitives, et tendait même à les améliorer, notamment ses réflexes ou son acuité visuelle, au détriment de sa santé mentale... Même si, en réalité, parler de «
santé » en évoquant le mental de Vaas n’était rien plus qu’un oxymore.
Mais le pompon était là, et il n’allait pas laisser un autre putain de
cheateur le lui voler ! Regardez, mais regardez, putain ! Une Ange avec des ailes bleues le tenait, et un gros néon clignotait à côté, en disant : «
TIRE-MOI DESSUS ! ».
+1000 points d’expérience !!Vaas ne réfléchit pas à deux fois, et récupéra le score final.
Il tira sur le détonateur.
Et ce fut l’heure du feu d’artifice !
Toute bonne fête se finissait par un feu d’artifice, non ?