Spider-War [Part 1] ''The Great Hunt''

Otto Octavius était fidèle à elle-même. Sa présence était une hérésie en soi. Gwen savait comment il était devenu ainsi, en volant le corps de Peter dans le passé. Il était une hérésie spatio-temporelle, mais Madame Web avait clairement spécifié qu’il ne fallait pas le neutraliser, puisqu’il s’agissait du corps de Peter. Et, du reste, Otto était peut-être un super-vilain, mais luttant aussi contre les Inheritors. De ce fait, il devenait un allié par défaut, mais partisan d’une ligne forte, consistant à monter un groupe d’élite pour attaquer les Inheritors. Mais, en l’occurrence, l’idée de retrouver le vrai Peter ne l’encourageait guère, en ce qu’elle supposait qu’il le voyait comme un rival. Pour autant, Silk réagit rapidement, et au quart de tour, en s’insurgeant contre les propos d’Otto, ce qui amena ce dernier à froncer les sourcils, une grimace de dégoût sur le visage.

« Qu... ? Quoi... ?! »

Il secoua la tête, en se retournant vers elle, et brandit un doigt accusateur vers elle :

« Hey, la dinde ! Je fais partie de ceux qui voyagent tous les jours pour affronter nos ennemis, et recruter d’autres Spiders ! Ce sont des missions dangereuses, où je risque ma peau tous les jours. Comment oses-tu dire que je... ?
 -  Il suffit ! »

La voix, ferme, mais non moins posée, émana du dos d’Otto. Gwen vit alors Madame Web approcher, à bord de son fauteuil, qui lévitait légèrement. Les yeux toujours recouverts d’un bandeau, elle rejoignit la cuisine. Gwen avait bondi sur le mur, s’appuyant dessus avec ses jambes. Quoi qu’il en soit, c’était à Madame Web que revenait la décision finale, puisque c’était elle qui avait fondé ce sanctuaire.

Sa réponse fut des plus rapides :

« Gwen et Cindy ont raison, il faut que nous retrouvions le Peter de cette temporalité. Je ne laisserai pas ton animosité envers lui nous détourner de cela, Octavius. »

Le Superior Spider-Man autoproclamé ne répondit pas, mais continua à froncer les sourcils, manifestant ainsi sa désapprobation.

« Il peut être dangereux d’impliquer Cindy dans cette mission, vu son importance, mais je ne veux pas que ce manoir soit une prison. De plus, Cindy, tu seras appelée à te battre, tôt ou tard. Mieux vaut donc commencer rapidement.
 -  De toute manière, elle n’y ira pas seule, renchérit Miguel.
 -  Je parle avec elle, cela va sans dire !
 -  Idem pour moi ! »

Madame Web sourit légèrement.

« Je n’en attendais pas moins de vous. Otto Octavius serait parfait pour diriger votre escouade, consentit-elle en tournant brièvement sa tête vers lui, mais, au vu de ton animosité, je crains que cela ne rebute Peter.
 -  Pourquoi pas Aaron ? »

Les doigts de Madame Web se joignirent pensivement devant ses lèvres. Aaron Aikman était un autre Spider, un scientifique venant d’une autre dimension, futuriste, et portait un costume futuriste et cybernétique.

« C’est une bonne option, il doit être au laboratoire, en ce moment. »

Madame Web reporta ensuite son attention sur Silk :

« Tu es sûre de vouloir y aller, ma chérie ? Tu as été attaquée hier soir, tu as peut-être besoin de repos... »

Bien entendu, Cindy ne se laissait pas faire. Elle s’était insurgée contre cet étrange Spider-Man, qui n’était autre que Otto Octavius. À part du moment où elle avait entendu son prénom, la jeune femme s’était sentie mal à l’aise. Hors de question pour elle de manifester le moindre respect pour cet homme, même s’il était – injustement – dans le corps du Peter Parker de sa dimension. Elle s’était fait douleur pour ne pas le frapper. Heureusement qu’elle avait su se calmer, notamment grâce à Gwen.

Le petit échauffourée entre lui et elle allait continuer de plus belle si ce n’était grâce à l’intervention de Madame Web. Celle-ci survint et demanda aux deux d’arrêter. Bien entendu, Silk comprit et se tût, ne pouvant néanmoins s’empêcher de lancer un regard noir vers Otto. Un petit silence eut lieu avant que la femme à l’origine de ce lieu ne se prononce, finalement, sur cette mission. La décision fut sans appel ; il fallait remettre la main sur le Peter Parker de cette dimension. Cindy avait donc vu juste. Peter était un élément très crucial et important, dans la mesure où il avait réussi à vaincre un de leur ennemi. Mais aussi, car elle lui était redevable ...

C’était à son tour de venir le sauver. Et ça, personne n’allait l’en empêcher. Ainsi donc, Cindy allait pouvoir partir vers New-York, à la recherche de son Peter. Elle fut rapidement rejointe par Miguel et Gwen, qui se dirent alors prêt à l’aider, et à partir avec elle. Cela faisait donc une belle petite escouade ! La cerise sur le gâteau étant que ça ne serait pas Otto qui dirigerait cette même équipe, mais un autre Spider, que Cindy ne connaissait pas encore. L’intéressée sourit, puis regarda Madame Web quand celle-ci reporta son attention sur elle.

« Ne vous inquiétez pas, Madame Web. Je me suis très bien reposée cette nuit ... Ca faisait depuis longtemps que je n’avais pas passé une aussi bonne nuit, d’ailleurs ! » Déclara-t-elle, faisant un rapide et discret petit clin d’œil à Gwen. Pour une nuit, elle en avait passé une excellente. C’était bien entendu en grande partie grâce à Gwen et son accueil très chaleureux de la veille ...

Gwen sourit légèrement devant le compliment de Cindy, fin prête à aller récupérer le Spider-Man de cette dimension. Que personne n’ait songé à le faire était d’ailleurs en soi une grande surprise, et ce surtout quand Gwen avait appris que l’homme avait déjà affronté un Inheritor à plusieurs reprises. Visiblement, le Peter Parker de ce monde était très particulier, et elle avait été furieuse, pour ne pas dire autre chose, d’apprendre qu’un super-vilain avait pris, à un moment, possession de son corps. Le Superior Spider-Man ne lui inspirait rien, tant il était arrogant et hautain. Certes, il était intelligent, un véritable génie, mais ça ne changeait rien à son insolence, à son comportement indigne, et au fait que Gwen mourait d’envie de lui en coller une.

Madame Web resta impassible face à la remarque lourde de sous-entendus de Cindy, et Miguel renchérit.

« Allons le briefer, on partira dans la journée, ça vous dit, les filles ? »

Gwen acquiesça, puis Madame Web tourna sa tête vers Otto Octavius.

« Toi et moi, nous allons devoir avoir une conversation, Otto.
 -  Oui, je crois que c’est nécessaire. Vous ne pouvez quand même pas sérieusement envoyer ces deux-là là-bas ? Si j’en crois votre prophétie à la noix, cette gamine est... »

Un nouveau filament de toile recouvrit le visage du Superior Spider-Man, son doigt brandi vers Cindy. Gwen termina sa phrase à sa place :

« ...Avec moi ! Alors, elle ne craint rien !
 -  Bon, ça suffit ! Venez ! »

Gwen partit avec Cindy avant que le ton ne s’envenime encore. Une fois dans le couloir, Miguel se massa l’arrière du crâne, visiblement nerveux.

« Loin de moi l’idée de vouloir vous conseiller ou vous imposer quoi que ce soit, les filles, mais, croyez-moi, vous devriez conserver vos forces contre les Inheritors plutôt qu’entre nous. Otto est un connard fini, mais, grâce à lui, nous avons pu sauver beaucoup de Spiders. »

Gwen bougonna. Elle avait bien du mal à faire contre mauvaise fortune bon cœur, surtout avec un type pareil. Pour autant, l’homme avait entièrement raison. Elle haussa donc les épaules, et ils rejoignirent ensuite un ascenseur.

« J’ignore qui a conçu ce manoir, mais je pense qu’il devait y avoir un abri antiatomique ici... Probablement datant de l’époque de la guerre. Seikusu était une cible de choix des Alliés, et la ville a d’ailleurs été ravagée en quasi totalité. »

Gwen s’était un peu renseignée sur l’histoire de la ville, mais aussi de ce manoir. Le trio entra dans un ascenseur ultramoderne, et elle fit quelques précisions utiles à Cindy :

« Il y a une cave à vins dans le manoir, mais, en-dessous, un ancien bunker militaire que Madame Web a réaménagé. On s’en sert de base.
 -  Octavius et Aikman ont utilisé les artefacts magiques de Madame Web pour nous relier plus facilement à la Grande Toile. Le système n’est pas aussi perfectionné que chez les Inheritors, mais c’est comme ça que nous avons pu sauver plusieurs Spiders. »

L’ascenseur s’ouvrit sur un couloir gris et métallique. Miguel s’avança le premier, et uns canner se dépêcha de les identifier. Plusieurs bips se firent entendre, puis une lourde porte s’ouvrit, menant à une rotonde centrale. Il y avait plusieurs départements, avec des lignes de couleurs peints sur le sol pour s’y retrouver.

« La ligne bleue mène au laboratoire, la ligne rouge à l’entraînement, et la ligne jaune aux Portails. »

Plusieurs Spiders étaient déjà en train de s’entraîner dans la zone d’entraînement, et Miguel suivit la ligne bleue.

« Le laboratoire comprend plusieurs pièces. Il y a un atelier, un laboratoire à proprement parler, et d’autres pièces. »

La base était en tout cas plutôt bien organisée, et Miguel s’approcha d’une porte. Il appuya sur un bouton à droite, et celle-ci s’ouvrit dans un sifflement par le plafond,  donnant sur une grande pièce centrale avec plusieurs bureaux. Une musique de rock country s’échappait de la pièce, que Gwen reconnut en souriant : Fortunate Son, de Creedence Clearwater River. Elle venait depuis une chaîne HI-FI, et un homme en blouse leur tournait le dos. Un individu excentrique, car il était sur le plafond, se tenant par les pieds, et tripatouillait une sorte de drone.

« Aaron ? Aaron !
 -  Hmmm... ? »

L’homme pencha la tête vers le bas, et, apercevant ses interlocuteurs, tourna la tête vers la chaîne HI-FI, coupant Tom Fogerty dans son chant soutenu. Aaron sauta ensuite au sol, et se redressa, observant Gwen puis Cindy.

« Eh bien, deux belles beautés de si bon matin dans mon bureau, me voilà verni ! Mesdemoiselles, dit-il brusquement en français, Aaron Aikman, pour vous servir ! »

Il leur fit un sourire chaleureux, avant de regarder Cindy.

« Toi, tu dois être...
 -  C’est bien elle, Miguel... The Bride. »

Aaron fit un léger sourire, très charmeur, et attrapa doucement la main de Cindy, l’embrassant sur la paume.

« C’est un honneur, vraiment. »

Gwen fronça légèrement les sourcils. Étrangement, qu’un homme se montre aussi familier avec Cindy... Tendait à l’agacer un petit peu. Elle n’en fit toutefois rien paraître, et espérait bien que cet homme leur serait utile...