Qu'est-ce qu'il foutait là, sérieusement ? Ren se donnait l'impression d'être un cosmonaute débarqué de sa fusée sur un monde complètement inconnu, aux moeurs inédites et sérieusement handicapantes pour la vie sociale telle que les esprits sains se devaient de l'envisager. Plus qu'un bar, l'Assmazing lui semblait être un zoo. Il était là, seul humain marchant dans un marécages où s'ébattaient les créatures les plus déglinguées du règne animal. Depuis le petit couloir qui marquait l'entrée et cachait le vestiaire, le jeune homme s'était engouffré dans une salle pas encore pleine en ce début de soirée, ce qui laissait voir l'état du club. Les putes s'alignaient sur le mur opposé à celui contre lequel courait le bar, certaines occupées à se galocher à côté d'autres qui en étaient à se trémousser suggestivement en mettant en valeur leurs corps cintrés dans des habits aussi moulants que courts. Une d'elle était d'ailleurs à genou, affairée à sucer violemment un étudiant qui était entouré de deux potes dont la travailleuse du sexe branlait les queues.
L'espace central était occupé par de vieux canapés qui se trouvaient face à des tables basses, où discutaient les clients en sirotant bières, cocktails et champagne de mauvaise qualité. Certains alignaient le plus naturellement un rail de poudre blanche pour le sniffer entre deux échanges, sifflant une fille au passage qui répondait soit par un geste obscène soit par un bon vieux doigt d'honneur. Ca niquait sur les banquettes du fond, ou un type se faisait pomper par un autre tout à côté d'un couple probablement illégitime qui se galochait comme des morts de faim. Putes et mac naviguaient ça et là, comme les serveuse en tenue de soubrette qui n'avaient rien à envier aux quatre filles qui se déshabillaient sur la piste, baisant les barres de strip collantes de sueur, de salive et de fluides diverses.
Ren en vint à déglutir difficilement. Extrêmement mal à l'aise dans cet univers de macaques débiles et dégueulasses, il baissa la tête et fila vers le bar en espérant que ce dernier fut un îlot sûr... Ce en quoi il n'avait pas tout à fait tort, si on excluait le dealer qui revendait quelques sachets de poudre et le gars qui venait de vomir son cocktail sous l'hilarité de deux ou trois filles, qui avaient vu les chaussures d'une de leur comparse se faire recouvrir de dégueulis. Charmant. A vous soulever le coeur.
Le jeune homme commanda timidement un gin-tonic -le genre de truc que Giorgio n'avait jamais entendu à la réclame depuis qu'il des lustres et servit le minet en affichant un sourire tout à fait odieux. Ce gamin n'avait rien à foutre là et il avait plutôt intérêt à déguerpir avant qu'une des prédatrices du coin ne lui tombe dessus... Comme Belinda, qui venait d'arriver et ne tard pas à jeter son dévolu sur Ren.
- Salut mon Loulou ! Je m'appelle Belinda. Ca te dirait de me payer un coup à boire ? J'adore le Label 5... Et les jolis garçons comme toi !
...Qu'est-ce que c'était que ça ? Son esprit lui souffla que c'était une gangurô -en bon japonais, Ren n'ignorait pas l'existence de cette caste sociale- mais en resta en mode bug. Naviguant en eaux troubles entre la pute de ruelle et la jolie fille plutôt bien foutue sous les fringues cradingues et le maquillage plus qu'abusif, la nana était à l'exact opposé de ce qui faisait une femme bien selon les critères de Ren.
Trop poli pour l'envoyer se faire foutre d'une punchline bien sentie et bien trop coincé pour lui proposer de se faire baiser en échange d'un shot de Jack Daniel's (l'idée ne lui vint même pas une seule seconde à l'idée), Kekô se retrouva à bafouiller. Peut-être qu'elle lui ficherait la paix si il se montrait gentil ? Poli et racé, Ren ne lorgna pas sur le décolleté gonflé au plastique. Ou peut-être juste une fois, l'espace d'une seconde.
- Je...euh...oui, oui...pourquoi pas ? Il fit signe au barman et demanda à ce qu'on serve Belinda, posant quelques billets sur le comptoir. V-vous... vous venez souvent par ici ?
Il se voyait mal ne pas faire preuve d'un peu de politesse, allant même tendre la main à la gangurô dans un sourire mal assuré, qu'il noya dans une gorgée de son gin-tonic. Une amie de Belinda arriva derrière elle dans l'entremise et lui attrapa violemment les seins pour lui glisser à l'oreille que "cette salope de Sayaka venait de gerber sur la bite qu'elle suçait, cette conne" tout en partant d'un rire goguenard empuanti par l'alcool et la queue qu'elle venait probablement de se foutre au fond de la gorge. Ren détourna le regard, espérant que l'intervention suffirait à Belinda pour l'oublier. C'était sans compter Honey, l'amie qui lui palpait les nibards comme d'autres se serraient la main.
- Il est mignon, l'minet... Y'a des mecs des bureaux d'à côté dans les chiottes Belinda, ils lâchent un peu de thunes pour une langue dans l'glory des chiottes du fond. On va s'chercher un petit billet ?