Cordélia était tremblante, priant pour que personne ne la voit, pour que personne ne l'achète. Si seulement elle pouvait se faire toute petite... ou si un preux et courageux chevalier venait la sauver ! Non, là, elle rêvait complètement. Personne ici n'oserait libérer une esclave comme ça, devant tout le monde et à la vue de tous. Ce serait s'attirer gratuitement des ennuis pour rien. Les hommes qui accompagnaient le maître esclavagiste étaient entrainés, ça se voyait et ils veillaient au grain. La marchandise qu'ils représentaient était bien trop précieuse pour la laisser fuir. La jolie sirène réfléchissait tout de même à un possible moyen de s'éclipser. Mais il n'y avait aucune solution.
Beaucoup de monde s'était approché des cages. Nombreux avait été ceux intéressés par son cas et elle avait rougit en se sentant observée ainsi sous tous les angles. Heureusement pour elle, la majorité d'entre eux abandonnait l'idée de l'acheter en ayant eut vent du prix minimum demandé. Non, elle était décidément trop chère. Peut-être qu'elle ne serait pas achetée finalement ! D'un autre côté, si cela était le cas, le maître esclavagisme ne serait certainement pas content et il risquait de se défouler sur elle. Elle l'avait déjà vu faire de nombreuse fois et préférait éviter ça.
Il y avait tant de monde ! Cordélia n'était pas du tout à l'aise, ainsi enfermée au milieu de cette foule curieuse. Comment des être doués de sensibilités pouvaient rester de marbre face à une telle atrocité ! Comment pouvait-on laissé des choses pareilles se produire ! Réduire des frères et des sœurs en esclavage en toute impunité, comme on vendait des fruits ou des légumes ! La jolie sirène était écœurée par tant d'injustice et n'espérait qu'une chose : retrouver l'océan. Elle ferma un moment les yeux, essayant de s'imaginer au milieu des coraux, nageant parmi les dauphins, libre comme l'air...
C'est alors qu'elle entendit de nouveau une personne s'approcher. Cordélia ouvrit les yeux, curieuse et tomba sur une femme aux longues oreilles. Faisait-elle partie de cette race que l'on nommait communément "elfe" ? Elle n'en avait vu qu'une seule fois. Un esclave qui avait été vendu la semaine dernière. Mais celle-ci ne faisait à priori pas partie de la marchandise, mais plutôt des potentiels acheteurs. En effet, elle lui glissa qu'elle la ferait sortir d'ici une fois qu'elle lui aurait dit son nom. Sortir ? C'est tout ce qu'elle espérait. Bon, devenir une esclave n'était pas une idée enchanteresse, mais tant pis. Elle ne supportait plus cette cage ! Elle répondit donc d'une petite voix :
- Mon nom est Cordélia.
L'elfe s'éloigna alors pour marchander avec le maître esclavagiste. La jolie sirène les observa, accrochée aux barreaux, espérant que cette mystérieuse personne ait assez de moyen pour la sortir de là. Ils parlèrent un petit moment, semblant débattre du prix, puis finalement, l'elfe revint et ouvrit la porte de la cage. La sirène fut surprise, au fond elle avait cru que personne n'aurait assez de moyen pour l'acheter. Cordélia fut particulièrement touchée lorsque l'elfe la couvrit d'une cape. Elle s'empressa de refermer avec ses petites mains, de sorte à cacher sa nudité qui avait été outrageusement exposée jusque là. Elle bredouilla un petit "merci", rougissant, puis sa maîtresse lui demanda si elle avait soif, préférant attendre qu'elle soit en forme avant de discuter. La jolie fille des eaux était étonnée de tant de générosité. Elle avait cru à tort que tous ceux achetant des esclaves étaient mauvais et mal intentionnés. Ce n'était peut-être pas le cas finalement.
- J'aimerais un verre d'eau... s'il vous plait.
De l'eau. Elle aurait volontiers demandé un océan entier si cela avait été possible. Mais pour l'heure, un verre suffisait. Mieux valait ne pas déshydrater une sirène sous peine de conséquences désastreuses... Elle était donc rassurée de voir que l'elfe était soucieuse de son bien être et assez intelligente pour le deviner...