« Les humains … les créatures … ces choses … ces mortels … tous … Ils sont tous des ignorants, des abrutis finis. Tous ne savent que se battre mutuellement … comme des enfants dans un bac à sable. La guerre … le bien … le mal … Des notions si futiles qui les mèneront à leurs pertes. Tous … Les mortels veulent tous le pouvoir, dans la majorité des cas … Tous stupides … Jusqu’au dernier … Désirez-vous tant devenir l’être suprême ? Mais … jusqu’où … iriez-vous pour obtenir ce pouvoir ? Ou plutôt ... ce fardeau … »
1. La naissance de l’homme.
Je pleurais, j’avais froid … tellement froid. Des bruits autour de moi, des bruits de pas, des voix que je ne comprenais pas. Forcement … je venais de naitre. J’étais au sol dans une marre de sang. Ma mère était épuisée … et en colère en même temps. Je l’entendis lentement se redresser, se saisir d’une chose reliée à moi pour le déchirer. Elle était brutale, n’hésitait pas à me bousculer alors que j’hurlais à plein poumons mon premier cris sous la peur. La femme râlait en se redressant, elle me regarda, me prit dans ses bras et grommela encore comme si je lui pompais l’air. En fait … c’était le cas … j’avais pourris plusieurs mois de son existence.
- Ferme là, sale bâtard !Tels étaient ses premiers mots vis-à-vis de moi. Mais, cela peut vous paraitre étrange, mais entendre le son de la voix de ma mère m’a calmé Immédiatement. Un bâtard ? Oui … je l’étais parfaitement. En réalité, ma mère est ce qu’on peut appeler une putain, une catin, une pute bref … une prostituée. Mon père était de la fine fleur royale, il n’était pas prince ni roi mais il était très proche de ces derniers. Oui. Un noble. Elle m’avait donc donné naissance dans les bas quartiers de ce village. A Morguna, une des nombreuses villes des terres d’Ishar, dans le monde de Blueshine. Le nom qu’il avait donné à leur monde, à leur planète si vous préférez. Blueshine était vénéré comme un dieu pour certains qui peuplaient son monde. Tous des humains … a quelques exceptions près en fait …
Ma mère se redressa après s’être libérée du placenta. J’étais rempli de sang, de liquide amniotique et d’un petit duvet de graisse. Comme dans tout accouchement normal. Je me ruais vers ses seins pour boire à ceux-ci, la jeune femme me regardait avec haine. Je le ressentais, cela me blessais … mais je n’avais que elle sur qui compter. Elle me laissa boire, me cacha avec un tissu qu’elle ramassa par terre. Je ne m’attendais pas à ce que ma vie soit si dure …
Les semaines et mois durant, je tombais régulièrement malade. Ma mère prenait peu soin de moi. Quand je toussais, elle m’écartait d’elle. Je l’entendais dire sans cesse que j’étais un monstre, que j’étais un fléau pour sa vie. Bien qu’avec la vie qu’elle menait, forcément … qu’un jour elle aurait un gosse sur les bras. Mais je devais faire avec … telle était la dure loi de la nature. Elle avait mis du temps à me donner un nom … Finalement, elle m’appela Griffith en référence à mon père qui portait le même nom. En même temps, cette petite guenon n’était pas capable de compter sur ses doigts ni réfléchir correctement. Juste bonne à baiser. Ça par contre, elle le comprenait très bien.
Durant toute ma jeunesse d’ailleurs, je l’entendais ramener des clients dans le taudis dans lequel nous habitions. Il n’y avait que deux pièces : la pièce centrale qui faisait office de chambre à couché et une pièce de quelques mètres carrés à peine, sans fenêtre où elle rangeait toutes crasses, ses linges souillés. Et pendant que madame s’amusait et se faisait prendre comme une salle chienne, moi, je devais attendre là … sagement et à l’écouter gémir. Je ne pouvais sortir que quand le client était parti. Elle m’a mise là très jeune, que je sois malade ou non. Cette femme n’éprouvait rien pour moi et malgré tout, moi, je l’aimais. C’était ma mère, je ne pouvais pas la blâmer parce que je n’en avais tout simplement pas conscience. Plus je tombais malade durant mes premiers mois de vie, moins je le devenais à l’avenir. Et en grandissant, j’avais appris à connaitre ma mère, savoir quand elle rentrait avec un client, les heures, combien de temps et tous les jours j’attendais ans cette pièce sale qui puait affreusement…
J’avais sept ans ce jour. Ma mère ne se préoccupait toujours pas de moi. Cela faisait longtemps qu’elle ne me nourrissait plus. J’avais alors plusieurs choix … soit de me nourrir de ses restes ou trouver par mes propres moyens. Je faisais très souvent les deux. Ce jour-là, j’étais de sortie, comme le trois-quarts de mon temps. Ma mère m’avait donné quelques pièces d’or en m’ordonnant de ramener de quoi manger ce soir … Pff … encore pour ma gueule. Mais je le ferais, pour ma mère. Je me déplaçais alors tranquillement dans les rues du quartier marchand de Morguna. Le vent souffla fort à un moment, j’entendis toutes les femmes râler que leurs robes ou leurs chemises se faisaient soulever par le vent. Cela me fit assez rire. Moi j’avais la chance d’avoir un pantalon en lin de couleur brunâtre et une chemise blanche légère encore sur mon corps grâce à une ceinture au bas de mon ventre. J’avais de petites chaussures en cuir à mes pieds. Une main sur mes magnifiques cheveux blanc, immaculées comme la neige. Mes yeux étaient d’un beau bleu, le bord de mes iris était plus foncé que l’intérieur plus clair. Mon regard pouvait paraitre profond. Ma peau était d’un ton très clair, satinée, douce et pure comme encore la peau d’un bébé. Mon visage, lui, n’était pas très carré si on pouvait le dire. Même si je n’étais qu’un enfant, les gens avaient tendance à me prendre pour une fille. Ce qui n’est clairement pas le cas … je suis un garçon de naissance. Cependant, il est vrai que j’avais – et aie toujours-
cette apparence un peu androgyne. Les adultes ne se gênaient absolument pas pour bousculer les enfants, moi compris, même si les femmes adoraient me regarder, disant sans cesse que j’étais choux et j’en passe. D’autres me crachaient dessus, connaissant mon lien de parenté avec l’une des putes de la ville. La prostitution était très très mal vue. Les malheureuses qui se faisaient attrapées étaient soit pendues, soit brulées, soit lapidées en publique. Les enfants compris, je vous laisse imaginer une partie de stress que j’avais... De temps en temps je jouais avec les autres enfants de mon âge mais pas aujourd’hui. Les courses … il fallait que j’achète de la viande et des fruits. Le poisson était moins cher aujourd’hui … je me suis dis que cela ferait plaisir à ma mère de manger un peu de cette animal qui vit dans l’eau et les rivières. Comme le fleuve qui n’était pas loin de la ville ! Je n’avais pas encore eu la chance de sortir de la cité pour m’y rendre …
Je m’arrêtai un instant et leva mon regard. J’observais le château du noble, plus en hauteur, qui gérait cette ville et cette région. Mon père y habitait, jamais il n’avait rendu visite à ma mère. Il ne devait surement rien à en avoir à foutre d’une pauvre pétasse comme elle … encore moins de savoir qu’il avait un bâtard comme fils … Cependant, quand je regardais cette demeure qui était éclairée par les rayons du soleil, je ne pouvais m’empêcher d’avoir un rêve. Moi qui n’avais connu que le malheur et la crasse, je rêvais d’atteindre aussi un jour ce château, ce statut de noble … Pouvoir régner sur une partie des terres et, pourquoi pas, sur toutes les terres possible ? Un simple sourire s’esquissa sur mes lèvres. Oui … un magnifique rêve d’enfant.
- Mon petit … approche … vient écouter les paroles d’une vieille dame …Mon regard bleuté se tourna sur les cotés. Je mis quelques instant avant de trouver cette personne qui semblait s’adresser à moi. Je la vis sourire. Oui, cela semblait bien être moi qu’elle appelait. Pour être sur, je me pointais du doigt. La vieille dame, habillée d’un grand manteau brun et la tête cachée par une grande capuche, approuva puis me fit signe d’approcher. Ce que je fis en toute innocence. Elle m’indiqua de m’assoir, ce que je fis. « Tend moi la main » qu’elle me demanda, ce que je fis aussi. J’étendis ma main droite qu’elle se saisit doucement. Mon dieu, elle avait les mains toutes fripées ! Qu’elle devait être vieille … Mes yeux l’observèrent, je ne voyais pas son visage, juste ses lèvres et les peaux de ses joues pendre un peu avec quelques tâches foncées dessus. L’âge bien présent. Ses lèvres se mirent lentement à sourire alors qu’elle passait son index contre les lignes de ma main.
-Je vois … un bel avenir … remplit de bataille et de gloire en ton nom … Je vois … Oui … Un très bel avenir … Un bel avenir ? Vraiment ? J’en restais quelque peu étonné … Comment un gamin comme moi ? Avec une telle situation aurait pu avoir … un avenir si honorable ? Même si je n’avais que sept ans, j’étais capable de me poser ce genre de question. J’étais bien plus mature que tous les autres enfants de mon âge. On me le reprochait souvent, de réfléchir comme un adulte. Mais eux avaient facile de dire cela de moi … Se débrouiller pour vivre … ils ne savaient sûrement pas ce que c’était. Du moins … si ils devaient un minimum se débrouiller, ce n’était pas comme moi.
La vieille femme se tourna, semblait fouiller dans ses poches. Je la regardais avec intention avant de regarder ma main. Des lignes … comment avait-elle fait pour réussir a … lire là-dessus ?
- Tiens, mon petit …Mon regard se redressa. La vieille dame tenait un objet bien curieux au bout d’une corde sombre. C’était un collier avec une …
amulette si on pouvait appeler cela ainsi ? Elle me le tendit, je le pris et l’observa de plus près. C’était une amulette rouge comme le sang, de forme ovale pourvu d’un nez, d’une bouche et des yeux fermés, tous mis de façon désordonnés. Cela ne ressemblait pas à un visage du tout … Je vis l’un des yeux s’ouvrit. La pupille et iris était bleuté. Je ne sursautais pas, je restais.. Impressionné et enjoui !
- C’est l’œuf des rois conquérants. On raconte que ceux qui le portent auront un bel et grand avenir en échange de leur propre sang … et qu’il porte chance …Un porte bonheur en somme ? Génial ! Même si ce n’était que du pipo … cela remplissait mon cœur de joie et d’espoir ! J’aurais peut-être plus de chance ? Enfin ? Ce serait si … Magnifique bon sang ! Mon vœux le plus cher en cet instant était que ma mère m’aime, enfin comme une véritable mère … Je gardai précieusement l’amulette en main, remercia la dame qui ne me demandait aucune pièce d’or. Cool ! Bon … il était tard … je devais encore acheter la nourriture moi … Je me relevai et je partis rapidement faire mes emplettes, attachant par la même occasion ce collier pour le moins commun à ma gorge.
Je revins au soir à la maison. Je déposais alors tout les légumes, fruits et viande sur la table. Ma mère arriva, elle semblait … heureuse sur l’instant ? je la vis commencer à préparer le repas, sans rien me dire comme d’habitude. Je m’assis simplement dans un coin et la regarda faire. Doucement, elle me dit avec une voix … étrangement calme et douce, chose qu’elle n’avait jamais fais par le passé.
-Ce soir, je suis de sortie. Mais j’ai demandé à quelqu’un de veiller sur toi cette nuit.Heu … comment ça ‘veiller sur moi cette nuit’ ? Quelle mouche l’avait piqué ? Pourtant, elle m’avait déjà laissé plusieurs fois à la maison, seul la nuit alors qu’elle allait s’amuser dehors. Pourquoi elle disait cela ? Je le sentais étrangement mal … Et puis ce sourire … je crois que c’est la première fois de ma vie que j’ai douté de ma mère …
Le repas se fit sans plus. Ma mère me donna le tiers de ce qu’elle avait cuisiné, le reste, plus copieux, était pour elle. J’avais appris à manger peu, j’avais un petit estomac et heureusement que cela me satisfaisais amplement ! J’entendis alors quelqu’un frapper à la porte, la nuit était déjà tombée depuis une bonne vingtaine de minute. Ma mère sourit et se leva, partant ouvrir la porte. Son regard semblait remplit de joie, saluant la personne qui venait de toquer avant de la laisser rentrer. C’était … un garde de la ville. Ma mère me regarda et me dit simplement que mon baby-sitter était arrivée et qu’elle allait pouvoir partir en ajoutant, juste avant de sortir, de bien m’amuser. Pardon ? Bien m’amuser ? Pourquoi je devrais …
Le garde sourit, ferma bien la porte et s’avança vers la pièce principale. Il retira dans un premier temps son casque, puis le reste de son armure afin de se retrouver en chemise de lin et sous-vêtement du même textile. Sa peau était sombre, noire, ses muscles bien visible. Il avait quelques cicatrices sur le corps et son visage … je m’en souviendrai pendant longtemps. Il me regardait avec un sale sourire … Et s’approcha de moi.
- Et bien … je suis heureux de voir que ta mère n’est pas que bonne à baiser … tu es à moi … toute cette nuit mon bichon. Ta mère … t’a vendu pour cette nuit … rien que pour moi …M’avoir vendu pour cette n … Bon sang … Elle … elle n’avait pas osé ?! Elle m’avait réellement vendu ? A un parfait inconnu ! Je me suis mis à tenter de me barrer, je le sentais très mal. Mon instinct de survie me disait de partir, et il le faisait bien … quand j’ai vu ce qu’il m’a fait après … il m’avait attrapé par la cheville et plaqué au sol, me bâillonna la bouche et attacha les mains via des cordes qu’il avait constamment sur lui. Mon visage se tourna vers lui, la terreur dans le regard. Lui me regardait avec un sombre sourire alors qu’il enleva mon pantalon sans gêne comme le sien. Je ne voyais pas bien ce qui se passait, il faisait nuit, nous n’avions pas de lampe mais la douleur que je ressentis en cet instant n’était comparable à rien d’autre. Le garde abusait purement et simplement de moi. Cette nuit … fut le début de mon cauchemar. Je venais d’avoir Sept ans …
Des jours durant, même des semaines, ma mère me vendait à des hommes pour une somme de dix à vingt pièce d’or. J’avais mal … Si mal, j’en étais venu au point de craindre les nuits … Comment ma mère pouvait-elle … en être arrivée là ? Que lui avais-je fait bon sang ! Mon amour pour elle, lentement se dissipa … Cet amour devenait lentement de la haine. Je compris alors que je ne pouvais compter que sur moi-même, qu’il n’y avait que comme ça que j’évoluerais … Ce soir, je devais être surveillé par un autre client. Encore … Ma mère n’était plus là depuis quelques heures, le client frappa et entra. Je relevais lentement mes yeux au dessus de mes bras et je le regardais. Ce sale fils de pute … je le reconnaissais … encore un des gardes. Je me levais simplement et m’en approcha pour le saluer. Le garde sourit simplement, me tapota la tête comme un chien.
-Ho mon petit nid de plaisir, c’est si gentil de …L’homme cessa de parler, un léger filet de sang coula de ses lèvres. J’avais localisé son épée à la ceinture, m’étais approcher innocemment pour qu’il ne se rende compte de rien. Et au moment où il s’y attendait le moins, j’avais pris sa rapière pour l’enfoncer dans sa gorge. J’avais du sang sur mes habits et mon visage mais je m’en moquais. Je regardais simplement le garde sans aucune émotion. J’en avais tellement marre de me faire défoncer le fion quatre jour sur sept, ce cauchemar … il allait enfin prendre fin après huit mois de malheur … Je retirai la lame, le garde s’effondra au sol en me traitant de sale chien, que je crèverai par ses compères … Je shootai alors dans son visage pour bien lui faire comprendre que j’en avais assez … Puis j’attendis , j’attendis le levé du jour. J’allais accueillir ma mère comme il se doit. Au petit matin, alors que les coqs chantaient le retour du soleil, une tête de femme gisait à la porte de chez elle …
2. L’âge d’or
Des années avaient passées. Je m’étais, depuis le temps, échappé de chez moi, de ma ville. Je m’étais entrainé durant de longues années à l’épée, j’avais appris à porté une armure. Onze ans s’était écoulés. J’avais rassemblé depuis le temps un petit groupe de personnes, on était devenu un groupe de mercenaire. On avait une certaine renommée même ! Certains nous qualifiait de brigands vu qu’on n’était pas des chevaliers, simplement des mercenaires et on n’était pas bon marché ensuite. Mais jusqu’à maintenant, perdu n’avait perdu contre nous ! J’adorais mes hommes, ils s’entrainaient chaque jours un peu plus pour me montrer à quel point ils étaient fort ! Ainsi que pour faire honneur à notre réputation. Nous étions tous jeunes, la moyenne était entre seize et vingt-cinq ans. Nous avions de tout ! Des archers, des attaquants à distant comme des mastodontes au corps à corps. J’en étais le chef naturellement, j’étais devenu imbattable sur tous les plans. J’avais affronté même certaines personnes pour les forcer à venir de mon cotés. Nous nous appelions : la bande du Faucon, les gens me connaissait même sous le nom du Faucon blanc. En rapport avec mon armure qui rappelait la forme d’un oiseau. Notre drapeau même avait une signification. Il s’agissait d’une épée ailée. Pour moi, elle représentait la persévérance et les sacrifices à faire pour atteindre son but. L’épée était la guerre et les ailes, le rêve.
Une nouvelle guerre se déclarait entre Ishar et Kal’daïr, le pays du sud. Nous avons entendu parlez que le roi d’Ishtar engageait des mercenaires pour les affronter. J’avais un petit sourire sur mes lèvres. Le moment parfait pour avoir les faveurs du roi … je n’avais pas perdu mon but : je voulais grimper les échelons, devenir important, être anoblis et, qui sait, peut-être régner ? Oui … c’était un rêve fou mais pas impossible. Je posais un instant ma main contre la plaque argentée de mon armure, derrière se trouvait encore mon amulette porte-bonheur. Je ne m’en séparais jamais même en allant me laver ou dormir …
Je fis signe à mes soldats de lever le camp, nous nous rendrions à Koral, la capital d’Ishtar…. Nous avons mis une petite semaine pour nous y rendre. J’ai appris sur place que l’armée du Kal’daïr n’était plus qu’a quelques jours d’arriver ici. Parfait … je m’empressai de proposer mes services à sa majesté, par un intermédiaire. Les avis étaient mitigés, les nobles conseillait leur souverain de se méfier de cette troupe du faucon et du faucon blanc, il n’était qu’un voyou parmi tant d’autres et qu’il n’avait que deux-cents hommes … Cependant le roi hésitait, je le voyais. J’avais ma réputation qui me suivait, notre réputation … les faucons n’avaient jamais perdu une bataille, jamais … Le roi finis par accepter. Si je réussissais, je recevrais une grande récompense … parfait. C’est tout ce que je voulais …
Le jour-J, j’avais préparé mes hommes sur le front, les hommes du royaume étaient derrière les miens, comme des froussards… Je regardais les hommes du pays voisins arriver. C’était du lourd effectivement … leur chevaux courraient à vive allure vers les miens. Je ne pouvais m’empêcher de sourire … Qu’aurais-je comme récompense si je venais à réussir cette guerre ? Cela ne faisait que me remplir de joie et d’excitation. Alors que les archers du royaume d’Ishtar envoyèrent leurs pluies de flèches, je lançais l’assaut à mes hommes. Ces derniers crièrent en cœur avant de foncer ensemble vers la troupe adverse. Le combat dura longtemps, mes hommes ne semblaient pas avoir trop de mal à repousser l’envahisseur. Moi, je tranchais leurs têtes comme de simple morceau de jambon … Je finis par vaincre leur chef en tête. Je n’avais perdu qu’une poignée d’hommes alors que nous venions de terrasser le quintuple de mes propres hommes. Les hommes de la capitale n’en croyaient pas leurs yeux. Comment une seule armée de deux-cent hommes avaient-ils pu faire un tel exploit ? Etait-ce réellement … de la ‘chance’ ?
Je retournai alors au palais, acclamé par les gens de la capitale. J’avais fait très bonne impression mais et surtout mes hommes. Certains prenaient la grosse tête comme à leurs habitudes, d’autres se comportaient plus noblement. Moi, j’étais sur mon cheval, regardant femmes, hommes et enfants qui m’acclamèrent comme leur sauveur. Je souris tendrement, leur fis de petit signe en continuant mon ascension jusqu’au château du roi. Sur place, je reçus tous les mérites du roi et des nobles. Je fus invité à venir à un gala le soir même de la victoire. Ce jour là, par mon exploit, je fus proclamé chevalier du faucon blanc. J’étais anobli, j’avais un statut … mais cela n’en était pas encore assez … J’en voulais plus –Bien plus- …
Les années passèrent, je gravis dans la confiance du roi et des autres nobles. J’avais même réussis à attirer l’intention d’une des princesses du roi. Je flirtais bien entendu avec cette dernière en toute discrétion. Si j’en étais amoureux ? Ce serait mentir de dire oui … elle n’était qu’un pion sur mon grand échiquier. Car si j’arrivais à me marier avec elle, cela voulait dire que je serais le futur souverain et j’aurais atteint mon but ! Le temps serait long … mais j’y arriverai … Les combats contre Kal’daïr n’avait pas cessé jusqu’à ce que mes hommes arrivèrent à prendre la forteresse de Blinder qu’on disait imprenable. J’avais pris de gros risque, j’avais divisé mon armée en trois parties : deux s’occupait d’attaquer l’armée du fort en dehors de ses murs tandis que la troisième équipe, bien plus petite, avaient infiltré le fort pour priver ce dernier des derniers soldats restant. Une fois le fort en notre possession, l’ennemi fut entièrement déstabiliser puis éliminer par mes soins …
Une nouvelle victoire parmi mes hommes, un nouveau prix donné par le roi. J’étais devenu, moi et mes hommes, une des troupes royales. Nous avions le plus haut rang possible. Et dire que nous étions tous, de base, de la basse cours. Ce qui énervait fortement les nobles qui ne trouvaient pas cela tolérable ! Mais le roi était fier de nous, de moi, c’est tout ce qui comptait. Ce soir, le gala était réalisé en mon honneur. La majorité de mes commandants étaient présent avec moi, ils n’aimaient pas trop ce type de soirée et je les comprenais partiellement. Ils étaient mieux sur un champ de bataille que dans une salle à parler politique ou à se vanter de leurs exploits. Pour ma part, cela ne me gênais guère, tant que cela me permettait de gravir les grades et échelons …
Soudain je sentis la princesse me prendre la main et m’écarter doucement avec elle. Au milieu de toute cette foule, on ne fit pas réellement attention. La jeune femme semblait énervée mais dans le bon sens. J’avais ma petite idée sur ce qu’elle avait en tête … ce qui m’inquiétais le plus c’était … Si on nous verrait. La princesse n’était pas mariée, n’avait pas de prétendant mais c’était risqué. Ma tête aurait pu être mise à prix. Cependant, elle ne me laissait guère le choix. Comme redouté, elle m’embarqua dans sa chambre, me suppliant de passer cette soirée avec elle. Je soupirais lassement, tentais de lui expliquer que cela allait être difficile vu les conditions. Le gala n’était certes pas près d’être terminé mais si on se rendait compte de leur absence … Elle ne voulait rien savoir. La princesse me poussa sur le lit, me déshabilla et fit de même. Je souris simplement … et me laissa aller au jeu de la chair …
Cette même nuit, j’étais assis sur le bord du lit et la regardais. La princesse dormait paisiblement … Mais mon regard se redressa vite. Des gardes étaient entrés dans la salle. Merde … comme redouté, on nous avait vu et entendu … vue comment elle criait cette petite chienne, cela ne m’aurais pas étonné mais là … c’était le cas que je ne voulais absolument pas voir ! Le roi entra peu de temps plus tard et cria au scandale, que c’était honteux que j’aie ainsi abusé de sa fille alors qu’elle ne m’était pas destinée. Il ordonna qu’on m’enferme aux cachots. Les gardes me prirent … j’ai cru voir mon monde s’écrouler …
Des jours ? Des semaines ? Des mois ? Combien de temps suis-je resté dans cet endroit puant … Pour moi, cela n’avais plus d’importance. J’avais tous perdu : mon honneur, mon statut mais surtout … mes rêves … J’étais au sol, mon corps entièrement nu. Le roi avait pris soin de me laisser aux mains d’un tortionnaire des plus dégueulasses à voir. Il représentait à lui seul la mocheté incarnée. Il avait utilisé sur moi tous les outils de tortures possible, m’avait brulé la peau, retirer cette dernière à certains endroit de mon corps. Mes poignets avaient vu leurs tendons sectionnés, mes tendons d’Achilles étaient aussi de l’histoire ancienne. Je pouvais à peine bouger mes doigts, mes mains et mes pieds. Mon corps était devenu extrêmement maigre … Je n’avais plus de paupières, il me les avait brulé comme mon visage méconnaissable. Il avait tranché mes cheveux, la peau sur mon torse n’était plus là. Cet enfoiré m’avait aussi coupé la langue et arraché plusieurs dents. Je ne pouvais plus parler, plus pleurer, dormir même était une véritable torture … J’avais encore mon collier autour du coup. Le tortionnaire me disait que cela m’allais bien, que c’était aussi moche que moi. J’avais un masque à l’effigie de mon ancien casque pour cacher mon visage … Mon regard bleuté observait vaguement le sol …
J’entendis du bruit, des hommes qu’on tuait sans remord puis la porte s’ouvrit.
- GRIFFITH !! - Seigneur ! Que … que lui ont-ils fait ?!Je … reconnaissais ces voix. C’étaient ceux de mes généraux. Ils étaient venus me sauver ? A quoi bon … je n’étais plus bon à rien … tous cela à cause … d’une pimbêche trop poussée par ses hormones … L’un d’eux me souleva, me regarda, me dit qu’ils allaient me sortir de là, me sortir de cette enfer. L’enfer … c’était la deuxième fois que je le vivais dans ma vie …
Ils s’empressèrent alors de sortir des cachots, prenaient soins de retourner à notre camp sans se faire repérer. Mais ma disparition fut vite constatée et on déclara l’alerte dans tout Koral. Les chariots de mes hommes étaient sur le point de passer les barrières des forts. Nous sortirent en peu de temps et, avec beaucoup de chances encore, tous eurent le temps d’être en dehors de la cité avant que les portes soient entièrement fermées. J’étais dans l’une d’elles. Chaque bosses, chaque secousses me faisais horriblement mal … qu’est-ce que j’avais envie de mourir sur l’instant …
3. L’éclipse, la naissance d’un dieu
Mes troupes s’étaient arrêtées dans une belle plaine. Enfin belle … du peu que je pouvais voir … je regardais lassement mes membres bandées … cachant mon corps torturé. Je regardais dehors mes commandant parler entre eux … de quoi ils parlaient ? Je ne les entendais pas … mais à voir leurs têtes, surement étaient-ils entrain de parler du futur de la troupe du Faucon. Comment … avais-je descendre aussi bas … encore … était-ce mon destin ? Je m’étais toujours refusé de croire en une chose si … futile …
Il était temps … d’en finir une bonne fois pour toute.
Je pris toutes mes forces pour arriver à atteindre les rênes des chevaux. Je les pris avec mes dents, mes mains tenant à peine le poids de mon corps maigre. J’arrivai à faire peur aux chevaux et ils se mirent à galoper rapidement droit devant. Il y avait une falaise … Oui. Je voulais mettre fin à mes jours, arrêter de subir cette honte … mon amulette bougeait de gauche à droite sous les mouvements de la charrette. Que je voulais verser des larmes, mais j’en étais incapable ! Des chevaux étaient à ma poursuite, mes commandants, mince … il fallait que j’accélère encore ! Toujours dans la même direction !!
Puis je la vis, la bordure de la falaise. Elle n’était pas très haute mais les pierres qu’il y avait plus bas feraient l’affaire ? Une majorité semblait pointue … j’aurais peut-être la chance de m’égorger … Les chevaux virent la falaise et freinèrent brutalement. La charrette fut tellement secouée brutalement qu’elle m’éjecta d’une traite vers le sol plus bas. Mes commandants hurlèrent mon nom. J’entendis d’autre bruit de chevaux, le reste de ma troupe approchait. Non … je ne voulais pas qu’ils …
Je retombai lourdement sur le sol, sur le ventre même. Que je crevais de mal … j’avais heurté ma tête contre un rocher mais ce maudit casque m’avait épargné. Cependant, une douleur fut plus forte à ma gorge … et je vis du sang couler au sol. Avais-je … réussis ? Non … c’était un petit filet … ce n’était pas le gros jet de sang comme lorsqu’on coupe une artère … encore un échec … bon sang ! Pourquoi étais-je encore en vie ! Difficilement je me redressai sur mes genoux … Je levais mon regard en regardant le ciel. S’il existait un dieu … pourquoi me faisait-il vivre tout cela ? Mon regard s’agrandit alors que je voyais une chose inhabituelle. Quelque chose … commençait à cacher le soleil ?
-Griffith ! Bon sang ! Qu’est-ce qui t’a prit ?!! T’es devenu fou ?Mon général était arrivé et m’avait agrippé par le bras pour me soulever. Il me regarda, soulagé apparemment que je sois encore en vie … ouai … chouette … chui pas mort. Mais son regard fut … Inquiet la seconde suivante ? Il pointait mon amulette. Je le regardai puis mon amulette. Effectivement, cette dernière avait changée. Mon sang avait coulé dessus. Le nez, la bouche et les yeux s’étaient mis à l’endroit. Les yeux s’ouvrirent et se mirent à verser des larmes de sang en même temps que la bouche s’ouvrait grand. On aurait dis … qu’il pleurait ?
C’est alors que l’éclipse se fit, le ciel devint noir et … même le monde changea soudainement. Je me retrouvais dans un monde parfaitement inconnu, les landes étaient bizarres ? Comme si on marchait sur des milliers de visage ! Mes hommes étaient arrivés aussi et se demandait ce que c‘était que cette diablerie. Bien que … même moi je ne comprenais pas ce qui se passait … mon regard allait partout à la fois. Mon général me tenait fermement contre lui, protecteur …
De loin, on vit une magnifique femme se dévoiler depuis le sol, Cette femme à la taille gigantesque se révélait être une … une ange ? Attend … ses ailes de plumes noires la recouvre pour la cacher puis devenir …
des ailes de démons ? Qu’elle drôle de forme … une autre créature sortit du sol, gigantesque aussi mais à
la gueule plus grotesque … un troisième apparut du ciel pour finalement prendre la taille
d’un demi-homme sans compter qu’il … volait ? Je regardais finalement devant moi, une dernière ombre se fit qui prit la forme d’une créature pour le moins … spécial …
La tête presque squelettique et son cerveau était visible. Quels drôles d’accoutrements qu’ils avaient mais... que se passait-il ? Les quatre semblaient me regarder, un doux sourire sur leurs lèvres.
- Voici donc … arrivé le moment de l’avènement de l’honorable enfant ! Le Faucon Blanc !Je regardais ces êtres sans comprendre. Qu’étaient-ils ? Des démons ? Des monstres ? Des anges ? Des ... dieux ? Et … le moment arrivé ? Pour moi ? Honorable enfant ? Que … comment ?
- Sache que ces temps ont été déterminés et dédiés uniquement pour toi ! - Tu es notre frère, il est temps de nous rejoindre !-Mais pour devenir le futur roi des démons, il te faut … faire un sacrifice.Un sacrifice ? Devenir le roi des démons ? En quoi cela m’aurais aidé ? Mon esprit était perdu et désespéré. Je voulais mourir et voilà que j’apprends que … je peux devenir un démon ? Ou autre chose ?
- Tu tiens autour de ton cou, l’objet qui est donnés aux personnes choisis pour être les dieux de ce monde. Ceux qui régiront les lois en ce mondes, qui réaliseront, ou non, les rêves des mortels ! L’œuf des rois conquérants. Un objet qui porte chance et qui permet de réaliser des rêves …-Sache que si tu fais ton sacrifice, tu pourras atteindre tous tes objectifs sans la moindre hésitation ! Réaliser … tes rêves …Réaliser mes rêves ? Sincèrement ? Cela était encore possible ?! Bien sure que je n’allais pas laisser passer cette occasion en or ! Qu’importe ce que je sacrifierais, je voulais réaliser mon rêve ! La puissance, le pouvoir, régner !! Mais mon commandant ne l’entendait pas de cette oreille, me retenait constamment contre lui avec grande facilité … Il hurlait que ce n’était que des mensonges, que le malheur arriverait sur moi et mes hommes …
Des choses apparurent alors autour de nous, des dizaines … des centaines de monstres, de démons avaient fait leur apparition. Ils étaient monstrueux, tous mes hommes tremblaient de terreur alors que je levais mon regard vers les quatre Dieux. Ces derniers firent apparaitre un autel en hauteur, c’était haut … très haut … Ils me téléportèrent jusqu’à là. J’étais à genoux, les regardant. L’un d’eux s’approcha et me dit :
-Tu n’as qu’une chose à dire … et tes vœux deviendront réalité …Je me mis à regarder mes hommes … tous la tête levée vers le haut de cet autel à me hurler si j’allais bien et qu’est-ce qui se passait. Je souris vaguement … J’étais prêt à tout … pour atteindre mes rêves … même sacrifier … ma propre armée. Je bougeais mes lèvres, aucun son ne sortit pourtant je dis
« Oui … Voici mes sacrifices … »A cet instant je me vis alors enfermé petit à petit dans une espèce de cocon faite de la même matière et texture que ce sol. Je sentis une puissante force s’abattre sur moi, me forçant à changer. Mon corps semblait se décomposer jusqu’à ce que seule mon âme soit présente. J’étais recourbé contre moi-même, mes bras autour de mon corps, les jambes recourbées. En position de fœtus au final …
Alors que mon corps lentement se transformait, mon esprit se voyait changer. Mes soldats se firent tous
marquer sans aucune exception. Tous ceux marqués se virent immédiatement dévoré par toutes ces centaines de créatures. Le sang coulait abondement sur le sol, on pouvait voir des membres voler. Les créatures et démons se disputèrent les parts des soldats du Faucon. Tous, jusqu’au dernier …
- Afin d’honorer la venue de notre nouveau frère, il lui faut le nom digne d’un dieu démon ! Femto !A cet instant, la coque s’effrita et se brisa en de multiple de morceau, dévoilant ainsi mon nouveau corps. Je me relevais alors lentement de mon ancien cocon. Mon corps avait entièrement changé. Mon casque de fer était partit, mon visage, comme mon corps, était recouvert d’un exosquelette organique de couleur noire. Ma tête avait une couche sombre représentant mon ancien casque, mes pieds étaient devenus de puissantes serres noires. J’avais des ailes noires à l’allure d’une cape … mais c’était bel et bien des ailes que je pouvais mouvoir à ma guise, qui me permettait même de voler … Le tout avait l’apparence typique d’un formien ou encore d’un xenomorphe. J’ouvris lentement mes yeux. La couleur bleuté de mes anciens yeux avaient laissés place à un rouge sanguin. La troupe du Faucon n’était plus, le Faucon Blanc était « mort » … Laissant place à un dieu qu’on aurait pu appelé
le Faucon noir …
4. La venue du Dieu Demon
Voilà maintenant plus de deux-mille-cinq-cent-nonante-huit ans que je suis dans cette dimension avec mes ‘frères’ … nous délivrons sur mon plan originaire plusieurs amulettes, que nous nommons « Béhélits », afin de réaliser les souhaits les plus sombres des mortels. Bien entendu … ce n’est pas sans lourd sacrifice. Car quiconque utilise les Béhélits gris doivent, non seulement effectué un sacrifice, mais en échange de leur pouvoir ils doivent nous jurés fidélité et allégeance. Cette vie amusait mes frères mais moi elle ne me convenait plus … c’est alors que je décidais de me rendre dans d’autres dimensions, découvrir de nouveaux mondes … Et c’est alors que je découvris le plan de Terra et de la Terre. Deux dimensions qui semblaient fort liées. Je souris alors … voilà où allait être mon nouveau terrain de jeu … allais-je apporté le bonheur ou le malheur à ces mortels ? Peut-être même rencontrer de nouvelles entités comme … moi ? J’avais hâte … hâte de créer de nouveau béhélits et les fournir à ces deux nouveaux mondes …