Une princesse bien perverse… Alice rougit légèrement devant cette remarque, tout en souriant en retour, et se pinça même délicatement les lèvres. Elle ne put nier que ce propos stimula en elle un léger frisson, comme un doucereux coup de fouet qui remonta dans tout son corps. Elle, une «
perverse »… Qui aurait jadis pu le croire ? Elle, si fragile, si sensible, si timide… À croire que cette image d’elle-même n’est plus qu’un souvenir lointain ! Alice, en tout cas, appréciait beaucoup la compagnie de la jeune Japonaise, et lui sourit donc en retour.
Elle allait répondre quand Nanami la fit encore plus encore rougir, allant jusqu’à dire qu’elle était «
l’une des personnes les plus perverses » qu’elle connaissait.
*
Hey ho, ‘faut quand même pas pousser !* songea-t-elle intérieurement.
Néanmoins, Nanami lui parla alors d’une «
certaine prof’ », ce qui ne manqua pas d’interpeller Alice. Elle aussi connaissait «
certaines profs’ » très particulières, et se demanda si Nanami ne faisait pas référence à elles. Ichtora-senseï, Isley-senseï…
«
Hmmm… Je crois que tu ne m’en as jamais parlé, Nanami, mais je serais ravie d’en savoir plus… »
Alice n’allait pas nier les évidences. Après avoir rencontré Cirillia, Tinuviel, et, surtout, Mélinda, il était évident qu’elle n’était plus une jeune femme chaste. Disons plutôt qu’elle n’était pas effrayée par le sexe, et ne le voyait pas avec le tabou des jeunes enfants. La jeune tête blonde se rapprocha alors de Nanami, en lui souriant, et, pendant que Nanami lui demandait de continuer la visite guidée, Alice l’embrassa tendrement, plaquant ses lèvres aux siennes, frottant son corps contre le sien, joignant ensuite ses mains contre les siennes.
Un baiser plein de tendresse et d’affection.
«
Je ne dis pas ça comme une excuse, Nanami, mais un sang très particulier bouillonne dans mes veines… Enfin, je vais te montrer… »
L’endroit n’était d’ailleurs pas très éloigné. Après ce baiser, Alice grimpa sur son cheval, et laissa Nanami la rejoindre, puis le duo s’ébroua, et s’avança à travers les hauteurs.
«
Nous longeons le Territoire des Dragons, Nanami. C’est un endroit dangereux, interdit aux humains. En ce qui te concerne, tu n’as rien à craindre, car je suis avec toi… Mais, si tu venais sans moi, je ne donnerai pas cher de ta peau. »
Les dragons étaient loin d‘être des créatures soumises et vulnérables, et pouvaient même se montrer particulièrement dangereux, pour peu qu’on les sous-estime. Alice s’avançait à travers plusieurs canyons, filant dans des chemins escarpés surmontés par des montagnes et des monticules.
Tout en s’avançant, Alice pouvait parfois voir des sentiers détournés menant à des forêts, mais poursuivit sa route, jusqu’à rejoindre un petit sentier qui descendait, étroit et sinueux, et qui les conduisit jusqu’à une très grande clairière, avec un grand lac…
Et une étonnante structure en son centre.
«
Nous y voilà, Nanami… L’endroit le plus secret de Sylvandell… Le Sanctuaire des Dragons ! » s’exclama fièrement la Princesse.
On pouvait sentir un élan vibrer dans sa voix. Elle se pinça doucement les lèvres.
«
C’est ici que chaque Korvander pratique un rituel sacré, Nanami… Quand nous sortons de la minorité, nous nous rendons sur l’autel, et le Patriarche, le Roi des Dragons de Sylvandell, nous bénit en nous soufflant dessus. Le sang des Dragons bouillonne désormais dans mes veines… C’est ce qui explique ma fougue naturelle » rajouta-t-elle avec malice.
Une véritable aura de magie, de puissance, semblait se dégager de ce lieu solennel. Alice tourna légèrement la tête vers Nanami.
«
Tu veux aller voir à l’intérieur ? »