Des nouvelles d'un autre monde [Rioko Sanya]

Il faisait nuit depuis plusieurs heures déjà. En cette froide journée de mars, l'allée de Ieyasu Tokugawa, dont les bâtiments et le sol mal entretenu ne rendaient pas du tout hommage au nom de l'homme prestigieux d'après lequel elle était nommée, était éclairée comme de coutume par un seul luminaire sur le porche d'un bâtiment qui abritait à son rez-de-chaussée la boutique d'un cordonnier et dans les étages des bureaux d'affaires vides depuis avant le coucher du soleil déjà.

L'air était agité par une violent bise et l'endroit désert aurait pu attirer les voyous s'il n'était pas si loin de tout, y compris des transports publiques. Même le parking le plus proche était à une bonne dizaine de minutes à pied et l'accès, constitué de nombreuses ruelles trop étroites pour nombre de voitures, rendait tout simplement trop compliqué de s'y rendre.

C'est pourquoi c'était l'un des endroits idéaux Pour Tessia quand elle désirait changer de monde. Ce jour-là, elle était allée se perdre un moment À Ashnard où une jeune fille de tout juste la vingtaine lui avait échangé une paire de boucles d'oreilles contre un service qu'une jeune esclave ne pouvait pas obtenir autrement.

Tessia avait accepté et ensuite passé la journée à flâner avant de rentrer. Elle venait de traverser son portail, sans se rendre compte qu'une ombre avait assisté à sa sortie. Plus encore, l'ombre en question avait vu scintiller les boucles d'oreilles quand Tessia passa sous un lampadaire et elle les reconnus sans l'ombre d'un doute.

Rioko se demandait ce qu'elle pouvait bien faire dans ce lieu en apparence si déserte et vide. Sans doute avait-elle été attirée par ce lieu qui faisait écho avec son coeur qui en avais assez d'hurler de douleur en cherchant vainement une possible piste sur sa famille. Elle était surtout inquiète pour ses enfants, sachant que son mari pourrait s'en sortir plus facilement, alors que ses enfants qui étaient encore trop jeune pour se faire kidnapper, ce qu'elle ne pourrait offrir pour avoir un moyen de les revoir. La femme avait des cernes sous les yeux et malgré la fatigue cet appel inconnu l'avait poussé à se trainer dans ce coin perdu. Son tazer n'avait pas servit, mais restait bien dans le sac, prêt à l'empli. La pauvre femme n'avait même pas vu que le ciel s'était assombrit et qu'elle avait marché toute la journée.

Alors qu'elle allait tourner dans une ruelle, l'humaine vit une personne apparaitre de nul part. Mais là n'était pas l'attention principale, c'était l'éclat d'un bijoux, une paire de boucle d'oreille dont elle ne pouvait pas ignoré. Elle pouvait reconnaître son travail, ayant fait appel à un de ses anciens clients pour les faire sous son conseil en échange de revoir l'ancienne stripteaseuse pour garder sa jeune fille. Il s'agissait d'une tête de dragon argenté, mordant une sphère d'un bleu marine profond. Prudence et tempérance vinrent à quitter le corps de Rioko, qui saisit son tazer.

Elle profita du fait de ne pas être vu pour passer derrière la jeune femme, saisir le poignet ayant les bijoux et braquer le tazer proche du cou de Tessia.

- Où avez vous eu ça, ne me mentez pas.

Le ton de Rioko était lugubre, elle ne plaisantait pas une seule seconde, faisant crépiter une première fois son arme sans toucher Tessia, afin que cette dernière comprenne que l'agresseur n'était pas du genre à menacer pour rien. Rioko savait qu'elle pourrait commettre l'irréparable pour retrouver sa famille et était prête à devoir passer du temps en prison contre l'assurance que sa famille soit retrouvée.  Son coeur battait la chamade, ce bijou était la preuve qu'au moins la plus grande était vivante, restait à savoir comment cette femme avait pu obtenir ce bien si précieux.

Tessia entendit du bruit derrière elle mais ne s'en soucia pas jusqu'au moment où une main se referma sur son poignet et qu'elle entendit le crépitement caractéristique d'un taser proche de sa nuque.

- Où avez vous eu ça, ne me mentez pas. Ordonna une voix féminine dans son dos d'un ton déterminé.

Tessia s'immobilisa, très surprise par la tournure des événements. Ce n'étais pas la première fois qu'on l’agressai, loin de là, ce qui était un peu plus original c'était de le faire pour lui poser des questions.

- Madame, je crains de ne pas comprendre de quoi nous sommes en train de parler... Lui répondit Calmement la démone en activant préventivement ses yeux que l'inconnue ne pouvait voir, leur faisant prendre leur éclat de grenat lui permettant d'hypnotiser au moindre regard une victime.

Restait à espérer qu'elle n'aurait pas à en venir là, c'était peut-être un malentendu.

Rioko ne fut pas insensible au fait que Tessia ne réponde pas à la question, allant presque jusqu'à demander des explications. Elle vint à devoir se contrôler pour ne pas mettre la démone au sol et la tazer jusqu'à obtenir sa réponse. Rioko s'en savait tout à fait capable quand cela concernait sa famille. Mais à la place elle vint à resserrer sa prise sur le poignet et vint à essayer de parler calmement, même si on pouvait détecter dans son ton une terrible envie de baffer Tessia.

- Les bijoux que vous avez appartiennent à ma fille. Je veux donc savoir d'où vous les tenez et surtout de qui, je veux tout savoir sur comment vous avez acquit ses biens.  Il s'agit de la seul piste sérieuse pour la retrouver.

Rioko vint à baisser le tazer au minimum et donna un coup de jus à Tessia, qui devait avoir juste sentit un léger picotement et engourdissement .

- si vous refusez de me fournir ses informations sachez que je n'hésiterais pas à vous séquestrer et vous torturer pour que vous crachiez le morceau.

L'humaine ne pouvait se douter qu'elle était en présence d'une créature surnaturelle et vu son état, était des plus vulnérable au cas où la démone utilisait ses yeux pour la calmer ou contrôler son corps. 

- Les bijoux que vous avez appartiennent à ma fille. Je veux donc savoir d'où vous les tenez et surtout de qui, je veux tout savoir sur comment vous avez acquit ses biens.  Il s'agit de la seul piste sérieuse pour la retrouver.

Tessia se senti immédiatement en danger en entendant ça. Surtout quand elle senti une toute petite décharge piquer la base de sa nuque et l'engourdir.

- Si vous refusez de me fournir ses informations sachez que je n'hésiterais pas à vous séquestrer et vous torturer pour que vous crachiez le morceau.

Ce qu'elle senti dans cette voix, toucha la démone malgré tout. Elle était ferme et décidée, mais elle y sentait poindre aussi de l'espoir. L'espoir fou que sa fille avait été retrouvée.

Pauvre femme... Songea Tessia en portant une main tremblante à ses lunettes.

- Je vous en prie, dit-elle d'une voix qu'elle n'avait pas besoin de beaucoup forcer pour faire vibrer de peur. Je vais tout vous dire, mais s'il vous plaît, calmez-vous... J'ai une fille moi aussi...

ce disant, Tessia avait baissé ses lunettes juste ce qu'il fallait pour que les verres ne viennent pas empêcher sa capacité d'hypnose de fonctionner. Elle tourna lentement son regard vers la femme, arborant un air appeuré.

Et sitôt qu'elle accrocha son regard, elle paralysa chaque muscle de la femme derrière elle, hormis ses fonctions vitales.

- Et moi non plus je n'hésiterais pas à torturer et à séquestrer pour empêcher qu'il lui arrive malheur, siffla la démone d'un ton acide avant de se dégager d'un geste sec de son agresseuse.

Elle se retourna et regarda la femme dans la fleur de l'âge qui tenait encore le Taser d'un air surprise. Ce qu'elle vit lui ôta rapidement toute idée belliqueuse. Elle faisait peine à voir. Elle avait un beau corps sans conteste, mais des rides d'inquiétudes avaient commencé à faire jour sur son visage, des énormes cernes ornaient ses yeux et elle sentait que la pauvre n'avait plus guère d'autres forces que celles du désespoir.

- Les rues sont dangereuses madame, surtout le soir... Lui dit la démone en s'approchant à nouveau pour délester sans méchanceté son agresseuse de son taser dont elle retira la batterie avant de le remettre dans le sac de sa propriétaire.

- Cependant, comme je déjà dit, j'ai une fille moi aussi, et je pense que je peux comprendre votre point de vue...

Tessia décrocha les boucles d'oreilles de ses lobes et les rangeas dans la main encore ouverte de son agresseuse qu'elle referma pour qu'elle ne les perde pas.

- Je peux vous restituer ceci. Mais si vous souhaitez en savoir plus, de un : J'exige que cela soit demandé poliment. Et de deux, ce ne sera pas gratuit. Si vous êtes toujours intéressée, alors suivez-moi.

Ce disant, Tessia relâcha son hypnose, mais conserva ses yeux activés pour le cas où, rendant sa mobilité à sa victime.

Rioko ne comprit pas ce qui se passa au moment où le regard de la succube prit possession de son corps et intimait l'ordre de rester immobile. Cela était limite à ne pas cligner de l'oeil, son regard restant figé là où elle l'avait fixé avant que le pouvoir n'agisse, c'est à dire sur les bijoux. Elle ne savait pas ce qui se passait, mais le ton acide et voir sa victime se dégager ne laissait place qu'à une situation, elle était fichu. L'idée de ce trouver face à une femme pas humaine perça son esprit, mais comme toute terrienne lambda, elle ne pouvait accepter l'existence du surnaturel. Elle pestait contre elle-même, à peine avait-elle retrouvé un indice que ce dernier allait, encore une fois, se volatiliser.

C'est alors que la démone vint à rendre les bijoux, elle ne pouvait tourner son regards, mais ressentait ce métal froid réchauffer sa paume et son coeur. Elle en avait des larmes qui se formait, étant trop paralysé pour pouvoir émettre un sanglot. Après dix ans, dix années, elle retrouvait un bien ayant appartenu à sa fille. Pour beaucoup cela ne serait rien, mais pour cette mère, c'était un pas vers le retour de sa famille et ça c'était un bonheur qui ne pouvait être mesuré. Aussi ne fut-il pas étonnant de la voir tomber sur ses genoux quand Tessia relâcha son hypnose. La femme mure vint à ranger les bijoux dans son sac, dans un endroit où ils ne risquaient pas de s'abimer, ayant acquis un trésor n'ayant aucun prix à ses yeux.

Elle se releva et vint à sortir un mouchoir pour être un peu plus présentable devant Tessia. Une fois ceci fait elle vint à plier le buste en avant, mettant sans le vouloir sa poitrine en évidence.

-Je n'ai pas beaucoup d'argent, mais je vous offrirais ce que je peux. Pourriez-vous me dire où vous l'avez obtenue, s'il vous plait.

Rioko ne voulait pas savoir comment elle était devenue paralysé un instant, tout ce qui l'intéressait c'est savoir où était sa fille pour aller la récupérer. Comme la plupart des terriens, l'occulte n'avait aucune existence à ses yeux, tout comme le fait que Tessia soit une succube.

Tessia regarda la femme plier l'échine devant elle, lui offrant le peu de biens en sa possession en échange de ses informations. Sauf que ces valeurs, la démone sentait bien que la femme mûre allait en avoir plus besoin qu'elle.

- Gardez votre argent, je n'en veux pas. Lui dit la succube en passant deux doigts sous le menton de la femme. Je constate que vous êtes belle, mais que vous vous êtes visiblement négligée ces derniers temps. La première partie de mopn paiement va être que vous me suiviez chez moi et que vous vous pliez à mes ordres pour quelques jours. Et nous allons commencer par vous faire manger décemment, vous garder propre et vous faire dormir. Et je ne veux pas de discussion ! Vous allez me remettre le numéro de votre patron et je l'appellerais pour lui dire que vous êtes malade. Ne vous inquiétez pas, je vous aurais une ordonnance.

Tessia relâcha le menton de son interlocutrice et tourna ensuite les talons, se dirigeant vers sa voiture parquée un peu plus loins.

- Alors ? Vous venez ? Lança-t-elle par-dessus son épaule.

Rioko fut clairement surprise de savoir qu'une femme plus jeune qu'elle avait refusée de l'argent, une chose dont les jeunes se plaignent souvent de ne pas avoir. Mais brune savait aussi qu'il existait plus d'une méthode de paiement, de part son passé de strip-teaseuse où certains clients et clientes tentèrent leurs chances, mais Tessia n'était pas une cliente, non, elle était une personne détenant des informations importante.  Elle se laissa toucher le menton et écoutait les propos de la démone. Il était vrai que Rioko était devenue une femme assez négligée, passant le plus clair de son temps à la recherche d'informations qu'à prendre soin d'elle. Tessia vint à parler de la première partie du paiement, sous-entendant qu'il y avait au minimum une autre, mais cela restait assez simple comme paiement, elle n'avait qu'à obéir à cette créature  qui voulait dans un premier temps la remettre sur pied. Ce genre d'actions aurait éveillé les soupçons de Rioko, mais en échange de connaître l'emplacement de sa fille, elle était prête à perdre toute notion de prudence et se jeter dans la gueule du loup tête première.

Elle ne discuta pas, sachant que c'était le seul moyen d'obtenir ce qu'elle désirait. Elle vint donc à suivre la démone, préparant le papier avec le numéro de la patronne. Tessia risquait d'être assez troublée par le fait que la patronne chercherait avant tout à savoir l'état de Rioko, étant consciente de la fébrilité de la femme, que de demander une quelconque ordonnance. Le genre de femme qui permettait à Rioko de ''disparaître'' pendant une semaine en échange d'avoir des nouvelles.

Rioko suivait la femme jusqu'à la voiture et ne pouvait attendre d'être dedans pour poser une question importante.

- Vous l'avez vu, donc vous pouvez au moins me dire si elle va bien ?

Tessia laissa la femme mûre prendre place à son côté dans sa BMW blanche et l'entendit lui poser une question qui, somme toute, lui sembla assez justifiée.

- Elle était en bonne santé quand je l'ai… Croisée… Hésita la succube.

Devait-elle lui dire qu'elle avait croisé sa fille dans un Harem d'Asnard ? Lui expliquer que celle-ci servait désormais une maîtresse en écartant les cuisses pour ses clients ? Et qu'elle le savait parce qu'elle était justement passée entre lesdites cuisses ?

La succube se dit que cela ne servirait probablement qu'à alimenter l'état émotionnel instable de sa nouvelle trouvaille. Mine de rien, les esclaves coûtaient chers et elle ne connaissait pas un esclavagiste qui déboursait une telle somme pour tuer ses esclaves à la tâche. Il y avait donc de fortes chances que, même si certains se trouvaient sur des travaux pénibles, ils soient encore en vie et que le temps ne presse pas plus que cela.

- Elle ne semblait pas malheureuse non plus, avoua la succube en se disant que cette-information-ci serait plus bénéfique.

Elle alluma ensuite la voiture et conduisit, emportant cette étrangère qui, quelques minutes encore auparavant, la menaçait d'une arme et de la torturer. Elle lui semblait plutôt clame dans la situation présente, mais la démone ne s'y fiait pas trop. Rien n'est plus traître que l'eau qui dort.

Elle amena la jeune femme jusque dans un parking souterrain où elle la fit sortir, puis elle prit l'ascenseur avec elle jusqu'au quatrième étage. Là, Tessia se plia aux mesures de sécurité renforcées pour ouvrir la porte de son appartement. La serrure était dans un boîtier que l'on ne pouvait ouvrir qu'avec une clé très semblable à une clé USB mais légèrement différente. Le boitier contenait ensuite un petit pavé alphanumérique qui permettait d'entrer le code à seize chiffres et lettres pour entrer.

La porte se déverrouilla avec un claquement sourd et Tessia invita Rioko à entrer d'un geste. Elle put ainsi découvrir la petite entrée parquetée de bois ainsi que l'armoire permettant d'y ranger chaussures et manteaux. Tessia se débarrassa du sien et enfila une paire de pantoufles. Immédiatement sur sa droite se trouvait un grand salon aux murs lisse et blanc, disposant d'un canapé de cuir blanc lui aussi et de deux fauteuils assortis lui faisant face. Entre eux se trouvait une petite table basse de verre transparent. Un mur courait tout le long du côté droit l'appartement, percé de trois portes. Tessia emmena sans hésiter Rioko à la dernière porte qu'elle ouvrit sur la salle de bain. Rien que cette salle semblait trop grande, une baignoire prévue pour y tenir à plusieurs s'y trouvait en face de l'entrée, sous l'unique fenêtre. Au fond à gauche, une cabine de douche vitrée disputait la place à une grande armoire en bois servant à ranger serviettes, produits de bain et de nettoyage ainsi qu'une machine à lave le linge et une sécheuse à air pulsé. Contre le mur en face de la baignoire se trouvait une grande surface supportant deux lavabos, un porte-brosses à dents, un grand miroir et tout au bout des toilettes. La pièce était peinte de couleurs crème et les armoires de bois claire donnaient un côté chaleureux à l'ensemble.

Tessia sorti un peignoir de tissu-éponge doux ainsi qu'un linge qu'elle tendit à son invitée.

- Le repas sera prêt dans un peu plus d'une heure. La machine à laver le linge est très intuitive alors je vous conseille de faire une lessive avec vos vêtements. Sinon… Et bien ce n'est pas moi qui me promènerait en peignoir ces prochains-jours… Vous trouverez tout ce qu'il faut comme crème hydratante et autre soins du corps ou du visage dans l'armoire à pharmacie ici, lui montra la succube en ouvrant ladite armoire. Essayez la fonction tourbillon du bain, c'est très relaxant, lui conseilla encore la démone en sortant.

Elle se rendit ensuite à la cuisine et sorti de quoi faire un bon repas. Et surtout, un repas pour requinquer quelqu'un en manque de vitamines.

Beaucoup de légumes donc…

Rioko prit la place du mort, prenant soin d'attacher sa ceinture alors que la démone vint à dire qu'elle était en bonne santé, ce qui était pour la mère une nouvelle rassurante, cela la confortait dans l'idée qu'elle était en vie et que sa fille n'était pas tombé entre de mauvaise main, si seulement elle savait la vérité, il n'aurait fait aucun doute qu'elle serait redevenue agressive, peu importe le pouvoir de Tessia.  Aussi cette dernière vint à rajouter le fait que la fille de Rioko n'était pas malheureuse, rassurant la mère qui pensait qu'elle n'avait rien subit de grave. Elle fut plus calme et silencieuse, ne posant pas d'autres questions pendant le trajet. 

Elle put voir le véhicule s'enfoncer dans le sol, avoir un parking souterrain n'était pas donné à tout le monde, venant à légèrement se questionner sur le statut social de Tessia, le questionnement se renforça en voyant le système de sécurité qui était ... vraiment de pointe. Rioko faisait campagnarde avec ses serrures à clé. Mais elle n'était pas préoccupé en premier par comment la démone se protégeait des intrus, elle désirait questionner la maîtresse des lieux, mais avait retenu qu'il fallait le faire dans les règles. L'invitée vint à passer le palier et retira ses chaussures, rangeant ses derniers, ainsi que sa veste rouge, dans l'armoire prévu à cet effet. Rioko suivit Tessia, scrutant la demeure qui était très grande pour une personne, un peu trop selon elle, mais l'humaine n'était pas là pour discuter sur ce genre de détail. La maîtresse de maison prit soin de montrer la salle de bain et, visiblement généreuse, prêta de quoi se draper après son bain, car c'était bien le message envoyé par la créature.

Rioko était pour le moins déstabilisée que Tessia soit aussi prévenante avec celle qui n'aurait pas hésité à la tuer, mais cela faisait visiblement partie du premier paiement. L'humaine était presque invité à faire comme chez elle, mais Rioko avait des scrupules à utiliser le bien des autres, cela venant du fait que dans son ancien métier toucher au bien d'une autre strip-teaseuse sans l'autorisation expressément dite, pouvait engendrer des magouilles contres la fautive. Elle s'était donc habitués à se débrouiller sans demander aux autres filles.  Elle conserva en tête la fameuse fonction du bain.

Une fois seule, Rioko commença par vérifier le lave-linge, les produits pour se laver. Une fois ceci fait, elle se dévêtit et fit couler un bain chaud. Le temps que l'eau remplisse à moitié le bain, elle prit une douche, coupant l'eau quand elle n'avait pas besoin. L'humaine savait jauger la durée d'écoulement pour qu'au final le volume ne dépasse pas  celui d'un bon bain. Rioko préférait se laver sous la douche pour pouvoir pleinement profiter du bain en tant que relaxation. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle n'avait pas goûté à un bon bain chaud et le top fut certainement lors de l'activation de la fonction tourbillon. Elle poussa un soupir d'aise, sentant les bulles masser tout son corps et faire disparaitre petit à petit les boules de stress.

Elle resta bien trente minutes dans le bain, sans même se rendre compte de la durée du fait que c'était un bain qui était vraiment relaxant, la faisant presque oublier sa raison d'être ici. Elle vint enfin à songer de sortir du bain, s'habillant de ce que Tessaia avait prêté et vint à ouvrir la porte en demandant.

- Dois-je faire couler le bain ?

Rioko ne comptait pas sortir de la salle de bain tout de suite, voulant au moins se mettre un peu de baume hydratante sur le visage histoire de la rendre moins terne. La question pouvait paraitre débile, mais c'était une habitude pour économiser l'eau, Rioko ayant tendance à rajouter un peu d'eau chaude derrière ses enfants. L'humaine comptait aussi donner un coup de main, elle n'aimait pas dépendre totalement des autres et trouvait, sous ce acte, une forme d'autonomie et de liberté.

- Inutile, le bain-tourbillon est conçu pour pouvoir réchauffer l'eau, répondit Tessia tout en agitant une grande poêle dans laquelle se trouvaient des légumes coupés en biseau qu'elle faisait revenir dans du bouillon.

Elle était dans sa cuisine jusqu'au cou et ne leva pas la tête de ses différentes casseroles pour répondre. Elle avait fait un grand plat de légumes divers à la sauce japonaise. À côté de cela, un émincé de bœuf au curry doux cuisait doucement dans sa casserole tandis que des boulettes de poulet sauce satay cuisaient dans une autre poêle. Dans la machine à riz cuisait ce qui devait permettre d'accompagner le tout. Elle n'avait pas fait trop compliqué, même si tout était fait main. Tessia aimait bien cuisiner et préparait souvent des plats à mariner un peu à l'avance pour les stocker dans son frigo et n'avoir à faire que la préparation finale quand elle rentrait. C'était typiquement ce genre de cas.
Aussi quand Ryoko sorti de la salle de bain et peignoir, Tessia terminait de dresser la table, disposant suffisamment à manger pour cinq.

- Vous pouvez y aller de bon cœur. Ma fille n'est pas encore rentrée mais elle aura probablement soupé avant. Les restes lui feront un bento pour demain. Expliqua la succube.

Tessia s'installa à la table, ayant déposé son pull bleu pour rester simplement en chemise blanche avec un tablier de cuisinière tout simple. Elle commença à se servir.

- Les règles de la maison sont simples pour vous : Je vais vous fournir des vêtements de sport et vous aurez deux séances de fitness et d'étirements d'une heure par jour dans la semaine qui vient. Une avant midi et l'autre après-midi. Vous pourrez dormir jusqu'à neuf heures, mais pas au-delà. Je vous laisse gérer l'heure du coucher mais j'exige que vous vous reposiez au minimum sept heures par nuit. Pas de travail, j'appellerais votre patronne demain avec vous et vous lui confirmerez que vous êtes souffrante et en arrêt maladie. Je vous aurais les certificats demain dans la journée. Je cuisinerai le soir et vous pourrez réchauffer les plats à midi. J'exige que vous mangiez trois portions de légumes pour chaque portion de riz et de viande à tous les repas, petit déjeuner exclus. De même, vous mangerez u moins un fruit par demi-journée.

Elle reposa son assiette devant elle avant de continuer.

- Je veux que vous vous changiez les idées pendant la journée. Je vous donnerais accès à ma base de films et à mes livres. Si vous voulez lire des titres que je n'ai pas, je vous les achèterais, même chose pour les films. Je passerais aussi pour vous masser à la maison à midi et le soir et nous en profiterons pour vous faire un check-up complet chez mon médecin. J'ai déjà pris rendez-vous, nous irons le voir demain après-midi. Et vous prendrez rendez-vous chez votre gynécologue avant jeudi, je paierais ce qu'il faudra. Là aussi, check-up complet.

Elle commença à manger doucement, à geste lents et élégants tout en s'interrompant pour continuer.

- Vous prendrez mon lit et ma chambre. Là encore ce n'est pas négociable, je serais sur le canapé pour surveiller. En-dehors de votre obligation de repos, vous laverez votre lit et vos habits tous les jours et vous me ferez le plaisir de vider mes flacons de crème hydratante s'il le faut, mais vous allez vous redonner une peau de bébé et rester aussi propre que possible. L'eau est à volonté ici. Laissez couler la douche ou lisez dans le bain toute la journée s'il vous tente, je m'en moque. Si vous souhaitez cuisiner, je vous laisserais sur le frigo la liste des menus pour le midi et le soir. Vous avez l'autorisation de sortir dans la journée pour aller faire du jogging ou voir des gens, mais je vous veux présente à tous les repas ici sauf permission expresse de moi-même. Suis-je claire ?

Elle attendit la réponse de la femme mûre en face d'elle. Ça faisait beaucoup d'instructions, mais elles pouvaient être facilement résumées : Sport, manger, se laver, prendre soin de son corps, dormir et glandouiller.

Ryoko ne fit rien à l'annonce de Tessia, apprenant que la fonction n'était pas uniquement relaxer la personne, mais conserver l'eau du bain à bonne température, elle se couchera un peu moins idiote, même si elle n'aura certainement jamais les moyens de posséder une telle baignoire.  Elle prit un peu de temps pour s'hydrater le visage et vérifiait que le peignoir était toujours bien serré. Une fois prête elle sortie de la salle de bain. La femme mûre prit le temps de sentir l'odeur de la saine nourriture qui venait à ses narines.  Rioko avait presque un visage de regret à l'idée qu'il  allait y  avoir beaucoup de reste, ayant un appétit d'oiseau depuis la disparition de sa famille.

L'invitée écoutait avec attention les dires de Tessia. Rioko perdit un peu de couleur en entendant tout le discours. Elle avait abandonné tout effort physique important qui n'avait pas pour but de retrouver sa famille, donc imposer deux heures de sport par jours semblait être quelque chose de très difficile pour la brune. La durée du repos était aussi un autre problème, combien d'heures dormait-elle déjà ? Elle ne se rappelait plus la date de la dernière nuit où elle sombré dans les songes pendant plus de deux heures. L'humaine avait la sensation de subir une sorte de thérapie pour reprendre une vie "normale", venant d'une succube on pouvait aisément soupçonner d'autres raison, mais Rioko n'avait pas conscience de sa véritable nature. L'histoire des portions était facilement assimilable, même si elle montrait, en se servant, qu'elle n'avait pas beaucoup d’appétit, mais elle se forçait à prendre des portions un peu plus conséquente qu'à son habitude.

Tout le corps de l'humaine avait prit l'habitude de manger peu et de tourner sur des réserve, voir dans le vide, entrainant des fois de l'anémie. La plupart des personnes savent que changer brutalement un régime alimentaire tant dans la diversité que dans la quantité peut avoir des effets néfastes et Rioko ne voulait pas se gaver pour que la majorité finisse dans le tout à l'égout.  Elle prenait de petit bouchée et eu un peu de mal à déglutir, elle trouvait la nourriture très bonne, trop à son goût. Elle se rappelait de l'époque où elle aussi passait son temps à cuisiner, n'aidant pas vraiment à la rendre plus radieuse. 

L'invitée n'eut pas la force de redire quoi que ce soit à Tessia. Comment pouvait-elle se changer les idées ? Elle avait peiné à trouver une piste et la femme qui la détenait semblait tout faire pour retarder la délivrance de cette torture, ne rendant que la chose encore plus pénible que d'avoir à errer. L'idée du massage la fit frémir, elle n'avait laissé personne la toucher depuis bien longtemps et craignait d'être un peu violente, nombreux médecins trop imprudent c'étaient ramassés des baffes. Le chek-up complet ne dérangeait pas Rioko, elle en subissait à chaque fois qu'elle allait à l'hôpital, étant classé dans celui de Seikusu comme personne à surveiller, notamment en terme des carences qui étaient nombreux et de la tension qui jouaient souvent au yo-yo quand on abordait sa famille ou qu'elle avait des sentiments trop fort.

Rioko observait cette jeune femme qui agissait clairement comme une mère-poule, ce qui n'aidait pas à la mettre à l'aise. Tessia continuait de parler encore et encore, soulignant un fait important, la succube semblait avoir de l'argent, chose que Rioko n'avait pas. En tant que strip-teaseuse elle gagnait beaucoup, mais jamais elle n'avait eu l'opportunité d'avoir une maison à soi avec cet argent, il n'avait fallut attendre que l'arrivé de son mari pour qu'elle arrête le boulot et vit plus modestement. 

La dernière règle la faisait légèrement sourire, un sorte de couvre-feu était en place. Si l'humaine comprenait bien, il était interdit de sortir de loir, sauf autorisation de Tessia, instaurant dans le duo une relation proche de parent-enfant où la succube serait la mère.  Rioko prit un peu de temps à réarranger tout ça.

Cela ne la changeait pas de son ancien boulot où la plus ancienne strip-teaseuse était une sorte d'intendante. Rester au top de la forme, avoir un joli corps, faire attention à son alimentation, elle avait presque la sensation d'être revenue à l'adolescence. Elle se demandait si Tessia avait reconnu Blue Snake, mais en vérité elle s'en fichait, tout ce qu'elle voulait c'est d'avoir les informations qu'elle désirait. D'une petite voix elle vint à formuler sa réponse.

- Très claire.  Maintenant je veux que vous me promettiez que vous me direz tout sur ma fille.

Rioko ne pouvait clairement pas devoir se plier à tout ça sans avoir des garantis, car cela serait perdre son temps.

Tessia hocha la tête à la demande de son interlocutrice. Elle découlait naturellement de leur arrangement.

- Je vous promet que je vous dirais tout. Nous sommes aujourd'hui jeudi. Dans une semaine jour pour jour, ce même jeudi, vous aurez toutes les informations dont je dispose sur votre fille et je vous aiderai à aller la retrouver car vous je suis au regret de constater que vous ne pourrez le faire seule.

Ce disant, la succube retira ses lunettes et cligna des yeux. Ceux-ci se rouvrirent non plus sur un regard bleu océan, mais rouge grenat dont les pupilles étaient désormais en amande plutôt que rondes.

- Vous vous êtes déjà rendue compte que je n'étais pas ordinaire. Je vous l'accorde, j'ai l'air d'un monstre.

Ce disant Tessia fit léviter un plat dans sa direction pour se resservir.

- Mais c'est ma "monstruosité" qui me permet d'affirmer que dans cette semaine, il ne vous arrivera rien. J'accompagnerai votre corps au moyen de mes pouvoirs pour forcer un peu son acclimatation à un rythme de vie plus sain. Je n'attends pas de vous que vous teniez une heure à chaque séance de sport dès le premier jours, juste que vous fassiez de votre mieux.

Elle fit reposer le plat et tourna son regard rubis rougeoyant vers la femme d'âge mur.

- Ce que vous voyez là n'est qu'un camouflage. Un moyen pour moi de passer inaperçue dans ce monde. Quand j'estimerais que vous aurez mérité un peu plus ma confiance, je vous en dirais plus. Et pour ce qui est du sommeil... Outre le sport que vous ferez qui vous aidera à vous fatiguer, je n'aurais aucun scrupule à vous endormir de manière artificielle pour des périodes prolongées. Je vous garanti des rêves reposant aussi. Vous rêverez de choses simples : votre enfance, de bon souvenirs, etc... Par contre si je vous estime trop peu fatiguée ou trop morose, je pourrais aussi m'amuser à vous forcer à vivre en rêve vos plus torrides fantasmes et là je vous garanti que vous vous réveillerez aussi trempée qu'après une séance de sport intensive.

Elle laissa un nouveau moment s'écouler.

- Je ne peux pas vous donner mon vrai nom. Vous pouvez m'appeler Tessia. Je répond aussi au nom de "maîtresse" pour un certain type de personnes. Sous quel pseudo dois-je vous appeler ? En sachant que je ferais faire tout vos certificats à ce nom.

Elle attendait la réponse quand la porte d'entrée s'ouvrit et que la voix de sa fille résonna dans l'appartement.

- Maman, je suis rentrée ! S'exclama Syria d'une voix enjouée.

- Bienvenue à la maison ma chérie, lui souhaita Tessia depuis la cuisine.

La jeune fille pointa son joli minois aux cheveux bruns assortis à ceux de sa mère dans la cuisine et regarda Rioko d'un air surprise.

- Je suis Syria Alexanders, enchantée de vous rencontrer madame, se présenta-t-elle malgré tout avec un sourire poli.

- Syria, madame est une invitée spéciale, précisa Tessia.

- Quel genre de spécialité ? S'enquit la fille avec un sourire intéressé.

- Elle va se refaire une santé à la maison. Elle est mon invitée forcée suite à une transaction qui s'est... Mal goupillée... Expliqua Tessia d'un air embarassée.

- Donc, tu as encore ramassé un chat abandonné maman... Soupira Syria en posant son sac dans un coin pour s'installer autour de la table.

- Tu n'étais pas supposée manger chez Rin toi ? S'étonna Tessia en haussant un sourcil.

- Et alors ? Demanda la jeune fille en se servant une belle assiette. C'est crevant de satisfaire Rin maman, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. Elle a un appétit sexuel insatiable. Et à cause de toi, elle est devenue super endurante.

Tessia sourit, amusée.

- Fait-moi croire que ça te dérange, charria-t-elle tendrement sa fille.

- Pas du tout, mais il faut que je refasse mes forces après tout ça, rétorqua-t-elle d'un tac-au-tac

Tessia gloussa tout en se tournant vers Rioko.

- Alors ce nom ?

Impossible de le faire seul ? Rioko ne pouvait dire si Tessia disait cela parce que cela l'arrangeait ou s'il s'agissait de la vérité. Rioko eut un sursaut de surprise en voyant les yeux de son interlocutrice changer de couleur et de forme, devenant plus démoniaque, une réaction typiquement humaine. L'invitée n'avait pas supposé un seul instant qu'il y avait quelque chose de surnaturel, non en vérité, comme la plupart des humains elle niait ce qui n'était pas prouvé par des chiffre et la science. L'assurance et le raisonnement logique de Rioko fut testé, comment justifier cela. La pauvre femme fut d'autant embrouillée que Tessia continuait de parler. Servir un monstre était au-delà de l'imagination de la femme mature, elle ne savait pas si le fait qu'il ne lui arrive rien était une bonne chose. De plus l'usage de pouvoir pour "forcer" donc selon Rioko, pousser la limite, de son corps n'était pas une chose anodine. Elle espérait que cette créature savait ce qu'elle faisait, car à trop dépasser la limite on finit par se blesser.

Tessia vint à parler du sommeil et Rioko vint à se dire qu'elle n'aurait aucune intimité, même dans son sommeil. Elle se rendait à présent compte qu'elle était tombé dans une situation où au final elle n'avait aucune prise, ce qui la déstabilisait complètement. Sans parler du fait que la succube se présentait en disait qu'il ne s'agissait que d'un pseudo, venant à demander la même chose à l'invitée qui ne put en placer une. Une nouvelle personne vint à entrer et elle semblait humaine, Rioko n'était plus du tout certaine que sous cette charmante jeune fille se cachait une véritable humaine. Leurs discutions n'aidèrent en rien et Tessia vint à redemander son nom.

- Deux secondes je vous pries.

La femme mature prit un verre d'eau et le bu d'une traite, avant de se toucher le front du bout des doigt, comme si elle avait un mal de tête.

- Tout cela est insensée. Je ne sais pas quoi commencer pour exprimer mon total désarrois, tant devant cette révélation et votre discutions avec  ... votre fille.

Le silence avant d'affirmer que Syria était une fille était tout simplement qu'elle ne savait pas si elle devait l'appeler une progéniture ou une fille, du fait qu'elle supposait que Syria était aussi un monstre.

- Qu'est-ce que vous êtes ?

Rioko était légèrement effrayé devant Tessia et sa fille, elle ne savait rien d'elles et comme tout humai, craignait un peu pour sa vie devant quelque chose d'inconnu. L'humaine avait totalement zappé de donner son identité et son attitude était tout de même assez impoli, si on se basait sur une discutions entre humains. Rioko se braquait, accepter l'existence de créature à l'apparence humaine pouvait poser des doutes sur toute sa vie, son mari était-il humain ? Les kidnappeurs l'étaient-ils aussi ? Le choc était assez important pour Rioko, qui est une humaine classique.

Tessia écouta les questions de son interlocutrice, celle.ci éludant les siennes par ses propres interrogations.

Une tactique intéressante, en admettant que c'en soit réellement une... Ce dont elle doutait.

Elle pensait plutôt avoir affaire à une humaine qui tente de se raccrocher à quelque chose de connu pour éviter de sombrer.

- Vous semblez vous poser beaucoup de questions madame, reprit la succube. Pourtant, ne vous en êtes-vous pas posées dans cette ruelle quand je vous ai immobilisée pour vous empêcher d'utiliser ce désagréable appareil sur ma personne ? À ce moment-là, vous m'avez dit être prête à me séquestrer et me torturer pour obtenir des réponses.

À cette mention, sa fille sursauta de surprise et adressa un regard ébahi à la femme en face d'elle.

- Mais pourquoi ? S'étonna-t-elle. Ma mère ne vous a rien fait que je sache !

Tessia posa une main rassurante sur la manche de sa fille.

- Vous vouliez des informations sur votre famille. Je les ai toujours. Mais il est vrai que tout cela peut être dur à appréhender si vous n'y avez jamais été confrontée. Vous m'avez posé une question sur mon origine ? J'y répondrais donc honnêtement. Je suis une créature native d'un plan alternatif que vous, humains, appelez "Enfer". Je suis de la race des démons. Pour être plus précise, je suis de la sous-catégorie des succubes, que vous appelez plus souvent les "démones du sexe".

Ce disant elle se leva et revint avec un verre d'alcool plus corsé qu'elle déposa devant la femme.

- Je ne vous veux aucun mal. Malgré toutes les histoires que l'on raconte sur nous, nous ne sommes pas si différentes des humains. Certaines d'entres nous sont même très empathiques et refusent de se nourrir sur votre espèce pour des raisons d'éthique. Sans aller jusqu'à dire que j'en fais partie, je ne me nourris que de personnes consentantes, ce que vous n'êtes clairement pas. Ma fille fait également partie de mon espèce, puisque elle est la chaire de ma chaire, à défaut d'être le fruit de mes entrailles. Et je vois que cette histoire de nourriture vous interpelle... Nous ne mangeons pas les gens si c'est là votre soucis. Nous avons besoin de l’énergie d'autres êtres vivants pour survivre car notre espèce n'est pas capable d'en fabriquer d'elle-même. Nous pouvons absorber cette énergie pas contact entre nos orifices et ceux des humains. La manière la plus simple pour nous est donc de pousser les personnes qui nous accostent à accepter des rapports sexuels avec nous, ou au minimum, que nous les embrassions. Donc rassurez-vous. À partir du moment où nous n'approchons pas nos bouches ou nos autres orifices des vôtres, vous ne risquez absolument rien. Et même ainsi, vous en seriez quitte pour beaucoup de fatigue dans notre cas, rien de plus.

Elle laissa un moment s'écouler avant de reprnedre.

- La raison pour laquelle je ne vous donne pas mon vrai nom et que ma fille ne le fera pas non plus est que les vrais noms des démons donnent à ceux qui les connaissent un pouvoir sur eux. Nous les cachons donc jalousement des mortels et même de nos propres semblables. Je vous ai néanmoins donné le nom sous lequel l'administration mortelle me connaît. Et comme je me suis présentée en première, je trouverais tout à fait civil de votre part de bien vouloir me faire part d'un nom ou d'une désignation pour que je puisse vous appeler à votre tour. Si vous avez encore des questions, je dispose également d'une présentation sur mon espèce que je suis tout à fait encline à vous laisser consulter si cela peut vous rassurer. Je me répète probablement, mais je ne vous veux aucun mal, au contraire je souhaite vous aider. La principale raison de cette remise en forme que je vous impose est simple : Là où j'ai rencontré votre enfants n'est pas votre monde. Ce n'est pas le miens non plus, rassurez-vous, elle n'est pas en enfer. Mais pour pouvoir y aller, je crains q'il vous soit nécessaire d'avoir une bonne constitution physique, ne serais-ce que pour tolérer le voyage que sous-entends changer de monde.

Elle reprit une gorgée de son verre et le regarda bien en face.

- J'en ai déjà trop dit, mais j'espère que cela vous poussera à vous plier à mes demandes pour obtenir la suite de mes informations et accepter mon aide. Vous ne pourrez rien faire d'autre dans votre état que priver votre famille de leur mère si vous tentez de passer en force.