La gamine semble assez encline à me faire confiance, ce qui me fait sourire. Je le sens bien de bosser avec elle. En plus, elle a l'air capable.
Je la regarde partir en courant par l'escalier qui mène au sou-sol. Espérant qu'elle ne tombe pas sur un os, je plonge moi-même dans les ombres de la zone d’entreposage de l'usine.
Il ne me faut pas longtemps pour trouver une vitre brisée et découvrir
une des voitures de police. À l'intérieur, bien à l'abri derrière les vitres par-balles et le blindage de sa voiture, une fliquette commande le déploiement de trois
robots-policier qui scannent la zone à l'aide de leur senseurs optiques. Sauf que ces machins ont souvent de la peine a différencier les gens. Je vais donc devoir faire un peu de barouf si je veux qu'elle saisissent le message.
Je me relève d'un coup et braque mon flingue tandis que les trois robots émettent des sirènes d'alerte en détectant mon mouvement.
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AVEC LES COMPLIMENTS DE JAMES RAYNOR ! Gueule-je en ouvrant le feu deux fois sur le robot le plus proche.
La première balle ricoche sans faire plus que cabosser le blindage de torse du robot. Le second pruneau le cueille au coin de la caboche, lui faisant éclater une partie de la tête et tomber à la renverse quand ses systèmes se coupent pour préserver sa mémoire centrale.
Je n'ai même pas le temps de me réjouir, les deux robots restants relèvent leurs armes et commencent à faire pleuvoir les rafales de trois coups de leurs
pistolets-mitrailleurs. Les balles de petit calibre me sifflent aux oreilles sans faire plus de dégâts alors que je plonge à couvert. Ces projectiles sont prévus pour blesser plutôt que tuer, même s'ils sont tout à fait létaux s'ils chopent un organe vitale.
Bon allez, là c'est l'heure de vous réveiller poulettes !Les rafales cessent quelques secondes plus tard et j'entends le bruit assez caractéristique des robots qui switchent leurs armes sur le mode non-létal, provoquant un léger sifflement tandis que les condensateurs prévus pour envoyer les chocs électriques se chargent. Là au moins je sais à quoi m'en tenir. Aucune charge n'est mortelle, mais ils secouent sacrément un humain adulte. Un coup ne me mettre pas hors course, mais deux ou trois peut-être. Je n'a jamais vu personne tenir quatre coups de ces trucs, et je n'ai pas très envie d'établir le records. Mais au moins, ils ont l'avantage d'être lent à recharger entre deux coups.
Je ressors la tête juste assez pour lâcher un plomb à la volée et courir m'enfoncer dans l'entrepôt avec un crépitement sec et un odeur d'ozone qui me passe au-dessus de la tête.
Bordel, j'ai beau avoir fait le fier devant la gamine, j'aimerais bien être le type qui doit juste ouvrir une vanne là !J'entends les deux robots entrer dans l’entrepôt et je me couche à toute vitesse derrière une paire de barils rouillés. D'un geste sec, je ressors le barillet de mon revolver et tire les douilles vide en-dehors avant de glisser trois nouvelles cartouches dedans. Tout en le refermant, je prend une grande inspiration, expire lentement, puis je me relève d'un coup, vise et tire dans le même geste.
La raison pour laquelle je n'ai jamais voulu un autre flingue avec une meilleure cadence de tir ou une plus grande puissance de feu, c'est parce que j'adore ce flingue. J'ai passé tellement de temps avec lui au stand de tir quand j'étais à l'armée que maintenant je mets neuf fois sur dix les pruneaux exactement là où je le veux. Cette raison se révèle encore une fois payant car je fais sauter la caboche d'un deuxième robot qui tombe à la renverse, son corps synthétique parcouru de spasmes.
Le dernier robot tourne son arme et tire avant que j'aie le temps de l'aligner. J'encaisse avec une grimace le coup électro-choquant et tremble comme une feuille, mes membres agités de soubresauts.
Surtout ne pas se mordre la langue ! Surtout ne pas se mordre la langue !Songe-je en tombant à la renverse derrière mes barils.
Heureusement, le premier coup passe au bout de quelques secondes et j'ai réussi à ne pas lâcher mon flingue. En face, j'entends le sifflement qui a eu le temps de revenir en intensité. Son flingue est prêts à m'allumer une deuxième fois.
Pour autant que la cible soit assez conne pour sortir du même endroit...Je me mets à genoux et plonge en avant, hors de mon couvert. Je profite alors pleinement d'une lacune bien connu de ce modèle. Il a été conçu pour utiliser des armes à feu et le mode incapacitant de son arme n'est arrivé que des années plus tard. Il perds donc toujours de précieux centièmes de secondes à viser une zone vitale alors que le mode incapacitant est en cône d'effet depuis le canon. Une erreur qui coûtait trop cher à corriger sur ce modèle. Une erreur dont je me sers depuis bientôt cinq ans pour me débarrasser d'eux.
Je tire le premier, ma balle rentre pile dans un creux sous le menton et pulvérise plusieurs pièces avant de ressortir par le haut du crâne, lui faisant une coiffure un peu punk.
Ça c'est ce qui s'appelle se coiffer avec un pétard mon pote !Je suis plutôt content de moi. Maintenant, si la fliquette veux m'avoir, elle va être obligée de sortir de son joli petit véhicule blindé et se mettre à porté des mes mignon petits plombs de calibre 44.
Et voilà comment on règle une bast... Songe-je en passant la porte et en me retrouvant nez à nez avec un autre robot.
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BOR... Jure-je tandis que mes réflexes me font pousser sur mes jambes pour me catapulter en arrrière aussi vite que je peux.
Je sors du champ de tir de la machine vraiment au tout dernier moment et sens quand même un léger spasme dans mes abdominaux là où la décharge m'a frôlée.
Le robot se précipite pour me continuer de me tenir en joue, mais comme il n'est pas avec son mode létal, il ne peux pas rouvrir le feu tout de suite. Je lève mon flingue en quatrième vitesse. Tire une balle qui le manque de quelques centimètres. Jure un grand coup. Rectifie ma visée et lui fait sauter la caboche au moment où son arme arrivait pleinement chargée.
Celle-là elle est pas passée loin !Je me relève un peu tremblant à cause de la peur. Un peu plus et je signais dommage pour la suite. Mais je n'ai pas le temps de me réjouir que j'entends déjà les chuintement caractéristique des articulations d'autres robots en train d'accourir.
La vache ! Ils sont combien ces salauds ?Je suis coincé car d'un côté si je sors je me mets à disposition de la fliquette dont j'ai zigouillé les trois robots et si je reste là je vais me faire prendre en tenaille. Il faut que je bouge et le seul moyen, c'est de changer d'étage au moyens des passerelles en grillage que je repère dans l’entrepôt. Avisant une pile de barils contre un mur, je m'efforce de la grimper aussi vite que possible. Je me remémore pourquoi je déteste ce genre d’acrobatie. Rester réveiller plusieurs jours, pas de problème mon pote ! Serrer les dents avec une griffe Formienne dans le bras, ça aussi je sais faire. Marcher toute une journée sans me plaindre aussi. Mais bon Dieu, j'ai la souplesse d'un grand-père bourré d'arthrite !
Avec un peu de difficulté, j’atteins le dernier baril au moment où les boîtes de conserve débarquent dans la pièce, rien de moins qu'au nombre de cinq ! Elles me repèrent la seconde d'après et ouvrent le feu au moment où me casse la gueule dans le dernier baril qui était en fait vide et sans couvercle alors que je l'escaladais.
La vache ! J'ai eu ch... Songe-je avant de réaliser que le baril est en train de basculer.
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BORDEL DE MEEEERDEEEEEEEEE ! Hurle-je alors que le baril déroche de sa position et déboule la pile de ses congénères Paniqué, je rentre mes jambes dedans, plaque mes bras contre les parois et essaie de me stabiliser à l'intérieur comme je peux.
Je me fais sonner les cloches et je sens chaque impact de ma chute résonner jusque dans mes os, m'arrachant des cris de douleurs, alors que c'est gentiment toute la pyramide de tonneaux de fer rouillé qui se casse la gueule avec moi. Mon baril continue sa chute pendant une éternité avant de finalement rouler quelques mètres, me donnant envie de vomir. Quand il s’immobilise enfin, je risque un coup d’œil à l'extérieur.
Sans le vouloir je viens de faire le plus beau strique de l'histoire des fugitifs à mon avis. Plus un seul robot debout, il n'y a plus qu'un tas de barils en désordre et ici ou là des pièces de robot cabossées.
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Merci là-haut, dis-je en levant les yeux au ciel les mains jointes.
Mais si la prochaine fois vous pouviez être plus doux ? Demande-je en laissant ma phrase en suspens.
Un tir d'arme à feu me sort de mes réflexions et je pousse sur mes deux jambes pour finir de m'extraire du tonneau et rouler derrière une grosse conduite de gaz.
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Rends-toi Raynor, tu es cerné ! Me hurle une voix féminine depuis l'entrée.
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COMPTE LÀ-D'SSUS ET BOIS D'LA FLOTTE ! Rétorque-je avec hargne tout en rampant en direction d'une trappe métallique sur le sol qui m'a l'air prometteuse.
La chance est avec moi car malgré la rouille, le système d'ouverture répond sans problème et je tombe sur une gaine technique.
Pile-poil c'qu'il me fallait !Je me glisse dedans et le referme le plus discrètement possible par-dessus moi. Mon communicateur choisit cet instant pour crachoter.
« Mr Smith, nous avons posé vos pièges à rats. Vous pouvez rentrer chez vous. » Me dit la voix de la gamine de tout à l'heure.
Ben pas trop tôt ! Songe-je en me rétablissant en bas de l'échelle de la gaine technique pour progresser en pas de rat, à moitié courbé.
Tout autour de moi, les conduites de gaz commencent à siffler comme si elle étaient les veines d'un monstre en train de reprendre vie et je je laisse tomber toute notion de discrétion pour courir courbé aussi vite que je peux vers une sortie. Je tombe sur un croisement en "T" qui m'indique soit le centre de triage soit la cour Nord. Songeant que la cour Nord me parle plus, je m'engoufrre dans cette voie sans ralentir. Et n’emplafonne la seconde d'après dans un éboulis imprévu.
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Ouch ! Fais chier ! Jure-je en portant la main à ma joue douleureuse.
Bon ben merde pour la cour Nord ! Centre de triage me voici !Je me relève et pars encore plus pressé dans une dircetion qui me semble me ramener à l'usine. Je tousse de plus en plus à cause de l'odeur moisie des gaz qui s'échappent des tuyaux percé et est presque envie de bénir l'échelle que je fini par trouver. Je la monte en quatrième vitesse et tombe sur une trappe ronde au sommet. Ne voulant pas me faire gauler comme un bleu, je la soulève juste un peu pour voir où elle mène. Quelle n'est pas ma surprise quand je regarde de constater que je suis rien de moins que sous une des bagnoles des fliquettes.
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Jackpot ! Rigole-je tout bas en m'extrayant de la gaine technique avec mon premier sourire depuis que cette merde a commencé.
Je rampe sous le glisseur et peut admirer les alentours vide tandis que je surprends des mouvement dans l'usine à une trentaine de mètres de ma position. J'aime particulièrement ma position, tout simplement parce que c'est sous les glisseurs qu'on peut les bricoler, là où leur blindage est inexistant dans le modèle utilisé par la police. Avec un petit ricanement, je repère le réservoir et sors mon canif.
Cours de bricolage de l'anarchiste 101 : comment transformer une bagnole de flic en détonateur quand on en a besoins, songe-je en plongeant la lame dans le récipient de plastique dur qui sert à contenir le carburant utilisé par les glisseurs et le retire, laissant s'écouler un filet de liquide bleu clair. J'arrache ensuite les fils du démarreur pour les dénudeur puis les connecter ensemble pour lancer le système de glissement de la bagnole. Celle-ci vrombi soudain et soulève un nuage de gouttelettes d'eau alors que ses systèmes antigrav luttent pour élever le véhicule au-dessus de ses patins. Je roule alors hors de ma cachette et me redresse en sachant que le facteur temps vient de me devenir crucial. Il ne faudra pas longtemps pour qu'elles remarquent qu'une de leurs bagnoles vient de se rallumer sans sa conductrice. Je pousse alors celle-ci de toute mes forces, m'arc-boutant pour la lancer avec sa propre inertie en direction des hangars de l'usine. Celle-ci commence à glisser lentement, puis de plus en plus rapidement alors que je m'acharne sur elle. Quand finalement elle a gagné assez de vitesse, je la relâche et me barre à l'opposé en quatrième vitesse. Arrivé près de la flaque de carburant à l'emplacement d'origine, je souris en voyant deux robots sortir et contourner la voiture en marche vers le hangar pour essayer de trouver un angle de tir dégagé dans ma direction.
Je sors mon paquet de cigarette dont l'embout a cette particularité de s'auto-enflammer au contact de l'oxygène. Je m'e sors une et tire un coup dessus avec un bon gros sourire narquois en entendant le glisseur s'encastrer avec un bruit de tôle froissée dans le hangar.
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Asta la vista, baby ! Dis-je avant de lancer ma clope dans la flaque de carburant qui prend rapidement feu. Celle-ci dégage des flammes bleues qui remontent à toute vitesse en direction des entrepôts pendant que je me casse à toutes jambes dans le sens inverse.
D'abords un grondement sourd, puis l'impression qu'un mur de vent m'attrape par-derrière me fait comprendre que mon plan est un succès. Je décolle du sol avec un cri de peur et de surprise, jurant comme un charretier avant de tomber tête la première dans une benne à ordure. L'instant d'après, c'est l'enfer en personne qui renverse la benne.
Celle-là elle a dû s'entendre et se voir de loin... Songe-je en m'extrayant des ordures, mon nez et mes oreilles saignant et une blessure au-dessus de mon arcade sourcilière. Je réalise aussi que je boite, ce qui n'a rien d’étonnant car je dois bien avoir fait un bond d'une dizaine de mètres avec l'aide du souffle de l’explosion.
Grognant de douleur, je décroche mon communicateur et appelle mon deuxième numéro.
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Ici Smith, la trappe a fonctionné, mais je me suis un peu pris les doigts dedans. Rendez-vous au coin de Mills Street et de Forge avenue. Demandez Kessler au bar et dites que vous venez de la part de Tim, il comprendra, dis-je avant de ranger mon communicateur et de boiter en direction de la rue piétonne la plus proche.
Avec un tout petit peu de chance supplémentaire, je peux peut-être trouver un taxi pour me pousser un bout et éviter de me déboiter la hanche sur le chemin.