On lui avait parlé de ce maid café, et d’une soirée précise à laquelle y aller. Traînant au Japon depuis de nombreux mois, Mélinda avait son réseau, et ce réseau lui avait dit de s’y rendre le Mercredi. Habituellement peu fan de ce genre d’endroits (de base, Mélinda allait rarement dans un endroit dont elle n’était pas la propriétaire), la vampire avait suivi sa source, et était partie de son manoir, à bord d’une voiture. Bien qu’elle ignorait comment conduire, elle avait, avec elle, l’assistance d’un chauffeur, une belle femme, qui s’était arrêtée devant le café.
« Nous y sommes, Maîtresse. »
C’est ainsi que tout avait commencé, et qu’elle s’était finalement retrouvée à se battre contre un client pour obtenir le droit de coucher avec deux nekos déguisées en maid. Elle était entrée, elle s’était assise, et ses sens vampiriques avaient parlé pour elle. Tout en elles lui avait plu. Leur silhouette, leur tenue, les efforts réussis qu’elle faisait pour que les clients ignorent qu’elles n’étaient pas des humaines... Un maid café était un endroit où les serveuses portaient des soubrettes, et pouvaient parfois se déguiser en nekos, le chat étant un animal très populaire au Japon. Mélinda avait déjà rêvé d’ouvrir son propre maid café à Seikusu, mais ce qui l’avait restreint était la même chose qui l’avait encouragé à faire : le fait qu’un maid café propose généralement autre chose que de servir du café... Les serveuses pouvaient faire des massages aux clients, si ce n’est plus, et, ce faisant, Mélinda aurait dû se battre avec les propriétaires de Seikusu, avec le milieu du crime organisé. Une chose à laquelle elle ne tenait pas particulièrement, la femme ayant déjà ses propres rivaux sur Terra. Elle se résolut donc à être une simple cliente.
La femme était entrée dans sa longue et ample robe dorée, attirant quelques regardes. Elle s’était ensuite assise, seule, à une table. Dans l’ombre, son grand-frère veillait sur elle, et elle avait commandé du café, avant d’attendre. Son appétit était tourné vers les deux femmes. Leur sang parlait pour elles... C’était de belles petites chattes, et, si Mélinda ne se contrôlait pas mieux, elle réfléchirait déjà un moyen de les contrôler. Le temps passait, et, finalement, ce fut l’heure d’enchérir pour bénéficier des services des serveuses. Les deux nekos comptaient pour une, et, alors que Mélinda réfléchissait, un homme vint se proposer. C’était un quadragénaire avec un bon embonpoint, et une trique d’enfer, que Mélinda sentait. Un frisson d’irritation la traversa.
*Pauvre humain, de quel droit oses-tu te mettre entre moi et mes proies ?*
Elle allait vite fait devoir trouver un moyen de s’en débarrasser. Elle s’éclaircit alors la gorge, de manière suffisamment forte pour qu’on puisse l’entendre, et, de sa voix mélodieuse, ses yeux verts détaillant les deux femmes, elle intervint :
« Je serais également intéressée par l’idée de passer une soirée avec vous deux, mes belles petites... »
L’homme fronça les sourcils, visiblement mécontent.
« Pas question ! J’étais là avant ! Retourne voir tes parents, sale mioche, ou j’appelle les mœurs pour qu’on te boucle ! »
Mélinda, qui était assurément trois à quatre fois plus vieille que cet homme, calma son irritation derrière un élégant sourire, et tourna la tête vers lui.
« Sans vouloir vous offenser, votre queue rabougrie est nettement insuffisante pour honorer comme il se doit ces deux femmes...
- Qu... ?! Sale petite mioche ! »
L’homme, qui portait des lunettes, se redressa bruyamment. Il avait probablement bu son lot de sakés avant, et, sous la colère, n’avait pas eu le temps de penser aux détails... Sous la table, caché dans un coin, ils ‘était masturbé, et, en se relevant, son pantalon était encore ouvert, ce qui eut pour effet de faire tomber ce dernier le long de ses jambes. Mélinda affichait un sourire ravi en voyant son caleçon. Furieux, l’homme s’empara de son pantalon.
« Putain de merde, foutue gaijin, si je tombe sur tes parents, je leur dirais deux mots sur leur éducation...
- Ça, je suis sûre que vous savez bien des choses sur l’éducation, vous et votre petite queue... Vous avez une érection, là, ou c’est la taille normale ? »
L’homme devenait rouge de colère. Il remit sa ceinture, et s’avança vers elle, bien décidé à la gifler... Et Mélinda lui balança sur le visage la tasse de café à moitié pleine qu’elle avait. Le café n’était plus très chaud, et l’homme grogna.
« Putain, putain, putain !! Salope, tu vas me payer ça, bordel !! »
Conservant sur son adorable minois un sourire insolent, jambes croisées, Mélinda ne disait rien. Le clown qui avait osé croire rivaliser devant la puissante vampire qu’elle était se retourna, et fila dans les toilettes pour se débarbouiller le visage. Débarrassée de ce gêneur, Mélinda se releva, et s’approcha des deux femmes. Sa main alla, du bout de ses doigts, caresser la joue de la fille aux cheveux argentés, et elle regarda ensuite l’autre, sa seconde main venant également caresser sa joue.
« Non... Deux petites beautés comme vous méritent le top. Allez, mes chéries, menez-moi à votre antre, je paierai le prix qu’il faut pour vous avoir toute la soirée. »
Le précédent client ne serait guère un problème. Bran l’avait suivi dans les toilettes pour le maîtriser... À coup de dents et de canines pointues.