Un cours avec Pamela Lilian Isley était toujours très éprouvant pour ses élèves. Professeur en biologie, et, de manière plus générale, en sciences naturelles, la sensuelle plante dégageait perpétuellement autour d’elle des spores et des phéromones, des substances qui étaient très sensibles sur de jeunes adolescents en émoi. Ils se tortillaient sur leurs chaises, et, fréquemment, plusieurs élèves partaient aux toilettes, officiellement pour uriner, en réalité pour se masturber devant la souffrance de leurs sexes. Ivy était bien placée pour savoir l’effet que ses phéromones produisaient sur les autres, car elle s’en était toujours servie quand elle avait besoin d’un service ou d’une faveur quelconque. C’était uniquement de cette façon qu’elle avait réussi à sortir plus facilement de l’asile d’Arkham, en séduisant sa psychiatre, ainsi que la commission disciplinaire de l’asile. Naïvement, les personnes pensaient que son pouvoir aphrodisiaque ne marchait que sur les membres de sexe opposé. Cependant, la Nature avait pour habitude de mélanger les sexes, et l’homosexualité était autant une forme de pulsion sexuelle que l’hétérosexualité. Les spores de Pamela fonctionnaient juste plus difficilement sur les femmes, tout comme elles peinaient à éblouir les homosexuels... Mais elle y arrivait quand même.
Cette dernière dispensait des cours difficiles, d’un niveau supérieur à celui requis au lycée. Si Pamela n’avait pas un tel passif, elle enseignerait à l’université. Avec son casier criminel, les facultés ne voulaient pas d’elle, et elle n’avait réussi à se faire accepter qu’au lycée Mishima, dont l’administration chaotique était pour elle un véritable régal. Dans ce cours, la jeune femme portait
un élégant tailleur avec des lunettes, et ses belles lèvres vertes avaient déjà fait fantasmer plus d’une personne. C’était un long cours de deux heures, difficile à tous les points de vue, que ce soit pour la rigueur de Pamela, ou pour sa beauté. De cette manière, les élèves hésitaient toujours entre haïr cette peau de vache qui leur donnait des notes de synthèse à faire, et la vénérer pour sa silhouette raffinée. Elle était sévère, mais juste, et surtout passionnée. Bien souvent, ses cours donnaient lieu à des parenthèses politiques et économiques, car Pamela, outre être une professeur et une femme proche des nymphes, était aussi une militante écologiste très active. Le Japon l’avait attiré par son harmonie entre la civilisation et la Nature. Les Japonais avaient un profond respect envers les forces naturelles, là où les Occidentaux voyaient simplement en la Nature des ressources industrielles à exploiter pour enrichir son portefeuilles.
Le cours durant deux heures, vers la fin de la première heure, Pamela indiqua une pause d’une dizaine de minutes. Les élèves sortirent en soupirant, et, avec son œil expert et scrutateur, Pamela vit que les pantalons de quelques garçons s’étaient joliment salis... Ceux qui n’avaient pas eu le temps d’aller aux toilettes, et qui traînaient au fond de la classe, se masturbant en douce. Pamela sortit, et son regard tomba sur Kazuo, un surveillant qui était étudiant à l’université. Il surveillait à temps partiel le lycée, afin de gagner quelques derniers.
«
Isley-senseï... », la salua-t-elle avec un léger sourire.
Elle le salua en retour. Kazuo traînait souvent près de son bureau ou de sa salle de classe. Pamela savait qu’il bandait sur elle, et elle se demandait s’il n’était pas au courant des capacités spéciales et paranormales de la jeune femme. Cependant, elle l’ignora assez rapidement... Car Pamela
sentait quelque chose. Comme une aura indistincte qui virevoltait autour de Kazuo.
«
Hey, où sont mes clefs ?! » s’exclama alors Kazuo, arrachant Pamela à sa concentration.
Il fouillait en vain les poches de son jean, n’arrivant pas à les retrouver.
«
Oh merde, j’en ai besoin pour ouvrir le local ! »
Pamela fronça lentement les sourcils, ressentant à nouveau cette sensation... Proche d’elle. Kazuo, de son côté, rebroussait chemin, et Pamela souffla lentement vers l’origine de cette curieuse perturbation qu’elle ressentait... Et vit alors, par-delà son souffle, une petite fée.
Sous la surprise, ses yeux s’écarquillèrent, et sa tête bascula légèrement en arrière. Une fée ! Ici !
*
Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ici ?!*
Elle en était tellement surprise qu’elle n’arrivait même plus à parler.