Aril exprima son désir : la piscine, ou sa « maison »... Pamela esquissa un léger sourire amusé. Aril ne savait pas où Pamela vivait vraiment, mais, elle lui pardonnait cette supposition. De fait, Ivy avait déjà rêvé de vivre dans une maison. À Gotham, il lui arrivait de séduire des hommes à l’aide de son corps et de ses aphrodisiaques pour pouvoir vivre chez eux et les épouser. Cependant, à Seikusu, elle vivait dans un autre endroit, un endroit plus paisible, où elle pouvait librement faire pousser ses plantes sans avoir à se craindre de l’inquiétude des voisins. Aril désirait aussi voir une piscine, ce qui semblait un peu plus curieux... Et plus dangereux. La piscine municipale était un lieu très animé, et le risque serait qu’Aril prenne une forme normale. Pamela considérait silencieusement toutes ces options, avant de finir par opter pour le seul choix logique : son domicile.
La fée avait encore une question à lui poser, qu’elle s’empressa de faire :
« Souhaites-tu que je garde cette forme ou que je prenne des traits humains ? Dans le deuxième cas tu pourras m'indiquer ce que tu souhaiterais, changer de forme est très facile, comme garder mon invisibilité. »
Pamela lui répondit assez rapidement :
« Je vois fréquemment des humains... Conserve ton apparence naturelle, Aril, ça te va mieux... Et ça te rend plus original, comme ça. »
Et puis, c’était nettement préférable, car Pamela se sentait comme privilégiée. Pour elle qui vénérait les natures, les purs produits de cette dernière, comme les dryades, les nymphes, les Alraunes, ou les fées, étaient naturellement placés sur un piédestal. Pamela se redressa, s’extirpant de son siège.
« Mets-toi là... »
Elle indiqua son décolleté. Difficile de savoir s’il y avait un sous-entendu derrière cette proposition ou non. Son décolleté était juste un bon endroit où se mettre pour pouvoir se contenter d’observer le spectacle sans avoir à voler dans tous les sens et ainsi prendre le risque de se faire repérer. Néanmoins, si le ton de Pamela était assez autoritaire, elle laissait en réalité le choix à Aril, et, si cette dernière préférait juste voler à côté d’elle, Pamela ne l’en empêcherait pas. Même si elle le pouvait, elle ne le ferait jamais... Elle sortit de sa salle de classe, la fermant à clef, puis s’avança dans les couloirs du lycée. C’était encore l’heure des cours, et il n’y avait personne dans les couloirs. Toutes les portes étaient closes, et Pamela continuait à s’avancer, jusqu’à atteindre un escalier, et le descendit.
Le lycée Mishima était un vaste complexe éducatif, et elle se rendit vers une porte de maintenance au rez-de-chaussée, l’ouvrant à l’aide d’une clef, et la referma derrière elle. Ivy s’avança ensuite, dans un endroit assez sombre, rejoignant la cave. Il y avait un ensemble de salles de maintenance, de stockage, la buanderie, la chaudière... Et autant d’autres pièces interdites aux élèves. Toutefois, ça n’empêchait pas certains de ces derniers de s’y rendre, que ce soit pour fumer, baiser, ou même invoquer des succubes. Tout était possible à Mishima, encore plus qu’à Gotham City. Pamela continua à s’avancer.
« Ne t’en fais pas, Aril, mon abri n’est pas très loin... »
Sous le lycée, il y avait une ancienne station d’épuration qui avait été détruite lors de la Seconde Guerre Mondiale, quand les Américains avaient bombardé le port de Seikusu et son quartier industriel. Il y avait un bel escalier métallique rouillé, dans un grand conduit, avec, en contrebas, un accès aux égouts. L’endroit était très sombre, digne d’un film d’horreur, et Ivy descendit le long de l’escalier, jusqu’à rejoindre une plateforme végétale.
« Voici l’entrée de mon refuge... J’espère que ça te plaira. »
Ce refuge était un domaine végétal, toute une partie de la station ayant été recouverte par de la mousse, des fleurs, du lierre... l’entrée était une belle bouche verte qui s’ouvrit pour laisser passer les deux femmes. Pamela, curieusement, était un peu anxieuse, bien plus que quand elle invitait ici des femmes ou des hommes pour coucher avec eux. Elle espérait que cet endroit, son nid douillet, plairait à Aril.
Ce dont elle serait bientôt fixée.