Rêve éveillé ? Fantasme improbable ? Stephen dialoguait avec une femme dont la maturité la situait dans la tranche des quarantenaires ayant déjà acquis l’expérience de la vie. Et voilà qu’il est face à une quasi-ado dans un petit short bleu à lui donner des idées très chaudes ! Il y a quelque chose qui ne va pas ; la fille a dû pirater le compte de sa mère, et il va tomber dans un de ces traquenards, digne de celui qui lui est arrivé en Thaïlande.
Et la gamine est délurée, car, pour lui lancer un « en général, les gens exagèrent », c’est qu’elle n’en est pas à son premier. Lui, il causait, il s’était pris d’amitié pour cette correspondante, il n’aurait pas dit non pour davantage, sous réserve de son physique. Mais, là ! Ce serait oui tout de suite, s’il n’avait quelque méfiance, qu’il doit cacher à tout prix. Après tout, si elle est majeure et consentante, il n’y a pas de mal à se faire du bien.
« Evernis, ah, c’est… Enfin, je comprends pourquoi le pseudo… », l’écran n’offre plus à Stephen toute latitude, car le physique a bouleversé la donne. Elle est canon ! Le petit short qui lui a laissé entrapercevoir de jolies gambettes, le débardeur qui moule superbement un buste qu’on n’attribuerait pas à une ado, le petit visage mutin et les yeux, ces yeux, ce regard incroyable et unique, comme si les yeux étaient vairon. Sans doute des reflets d’éclairage, songe Stephen.
« Je ne cachais pas mon jeu, tu ne m’as pas trop posé de questions, et puis un vieux comme moi… », Stephen reste sur la défensive, malgré les compliments de son interlocutrice. « Toi aussi, je n’aurais jamais pensé… », sa phrase reste en suspens ; même si leurs dialogues ont été très francs mais sans jamais verser dans l’incorrect, il ne sait comment traduire son émoi, mais aussi ses interrogations. Pourtant, quand elle lui lance un « (…) Pour le reste, je ne peux pas te donner une réponse aussi vite (…) », ça laisse augurer d’une suite biens moins sage.
Un après qu’elle évoque sans le moindre scrupule, d’ailleurs. « Eh bien, je… Comme tu le sais, je bouge beaucoup. Et il m’arrive quand même de me poser dans certains endroits », elle doit déjà savoir tout ça, si ce n’est pas une impostrice (néologisme NDLR). « Et, sincèrement, comme je te l’ai écrit, j’ai aimé parler avec toi ; c’était franc et direct, et ça explique pourquoi je t’ai proposé de se voir. », il boit un peu de café, comme pour se donner une contenance. « Mais bon, c’est vrai que je ne t’ai pas demandé ton âge, et… Enfin, là… Je ne pensais pas… Tu es très jeune, surtout face à un vieux barbon comme moi ! », il n’a pas eu de scrupules à déjà culbuter une lycéenne de Mishima peut-être plus jeune encore, mais là c’est autre chose qu’une partie de jambes en l’air au gré d’un fourré dans le parc. « Alors, qu’est-ce que je veux ? Enfin, si mon âge ne t’effraie pas et si mon physique ne te fait pas fuir, je dirais… En fait… Eh bien, profiter des bons moments que la vie nous offre. Et il y a plein de façons de les partager… », il n’ose lui dire que, vu son physique, il sent une réelle émotion agiter son bas-ventre, et se réfugie dans des phrases plus sobres. « Tu es adorable, bien plus même, et, toi aussi, tu cachais bien ton jeu. Je ne m’attendais pas à trouver une femme, euh une jeune femme, si… euh, si jolie… Enfin, plus que ça, même ! », articule-t-il en laissant les derniers mots se finir dans le café qu’il finit aussi.