Vengeance double [Deisui] A suivre, encore !

Ah, ma chère forêt… Plantée au milieu de nulle part, en des terres où rien ne pousse. Et pourtant, elle est bien là, avec sa rivière coulant en son centre. Sans compter ses habitants. Du gibier en tous genres, et une meute de loups pour assurer la sécurité du lieu, comme les gardiens d’un sanctuaire.

Et aujourd’hui, il y avait moi. Linda Croc, l’Impératrice Louve comme le disent certains. Les ignorants… Je ne suis pas impératrice, je ne fais même pas vraiment partie de la meute. Je suis une dérivation du loup oméga. Je canalise l’agressivité des autres. Mais je suis bien loin d’être une louve dominante, et encore plus loin d’être une alpha !

J’étais enfin revenue dans la Forêt des Loups, après une très longue absence qui faisait suite à ma rencontre avec Deisui Kichigai. Un humain vraiment gentil, comme on n’en croise pas tous les jours. Et ce, malgré un certain nombre de défauts qui ne m’avaient pas échappé. Mais ça restait un gars bien, et donc j’étais restée avec lui un bon moment.

Bien ! Maintenant que nous avons fait le point sur le passé et un petit peu sur le présent, concentrons-nous sur le futur ! Deisui et moi avions pour objectif d’aller…hem…casser la gueule à des scientifiques. À ceux qui m’avaient hybridée, plus exactement. Mon ami humain m’avait dit qu’il viendrait me chercher avec des informations un peu plus précises sur la localisation du laboratoire. J’attendais donc sa venue avec une grande impatience. Et puis un jour, je le vis arriver.

-Bonjour ! Bienvenue dans la Forêt des Loups !

Nous allions repartir de suite, aussi je ne lui proposais pas de lui présenter la meute. Un hurlement pour prévenir de mon départ et je le suivais, bien décidé à me venger de ces monstres qui m’avaient volé ma vie passée.

Mon séjour dans les landes dévastés avait été plus qu'agité, entre l'incident aux côtés de Nariko et cette rencontre avec Karuta à l'issue de laquelle la déesse m’avait offerte trois de ses cartes, trois êtres à invoquer en cas de besoin. Néanmoins j'avais pertinemment conscience... Ce n 'était qu'une répétition de ce qui allait se produire aux côtés de Linda, une étincelle par rapport à l’explosion que nous allions provoquer. Oh certes le monde n'en serait pas affectés, mais pour nous c'était ce qu'il y avait de plus important, et avec les informations que j'avais obtenues grâces à l'ordre de la croix du Sud notre proie ne pourrait pas nous échapper...

Mais malgré la gravité de la situation j'éprouvais un plaisir à la première chose qui adviendrait. Mes retrouvailles avec la jeune chimère, à laquelle je m’étais plus attaché que je ne l'avais escompté, presque malgré moi. A bien y songer je n’avais jamais totalement cessé de craindre qu'il ne lui soit arrivé quelque chose... Bah c'était sans doute juste l'idée de perdre le seul allié que j'avais jamais trouvé dans ma quête qui me faisait penser ainsi. QUoi qu'il en soit je finis par arriver à l’endroit où elle m'avait donné rendez vous la foret des loups. Puis la voix joyeuse de la jeune fille s'éleva, m’arrachant un sourire alors qu'elle m'apparaissait dans les frondaisons...

Je fus un peu surpris par le cri qu'elle poussa, mais elle m'avait parlé de ces loups, et un bref effort de réflexion me fut suffisant pour faire le lien, juste avant qu'elle ne se range à mes côtés, et que je me retournais, notre destinations ne se trouvant nullement dans cette forêt... Après m'être assuré qu'elle allait bien je lui racontais ma rencontre avec l'ordre, omettant ce qui c'était passé avec le jeune Arthur et lui détaillant l'endroit où nous allions nous rendre, à deux jours de marche d'ici. Pour meubler je racontais aussi ma rencontre avec la déesse des cartes et mes aventures avec porteuse de l'heavenly sword e son acolyte,  mais je n'arrivais pas à  me sortir de l'esprit notre objectif...Et je finis par demander d'une voix songeuse.

"Une fois face à celui responsable de ta situation, que feras tu exactement ?"

Ma question était peut être un peu osée, mais il était juste de se la poser. Moi même il m'avait fallu en vérité trois ans avant d'y trouver une réposne et de m'y fixer...

Ça ne m’étonnait pas que mon hurlement le surprenne. Il n’était pas au courant, après tout, j’avais complètement oublié de lui en parler… Mais il sembla comprendre assez vite, ou en tout cas il choisit de ne pas poser de questions.

Il commença à me raconter tout ce qu’il avait fait pendant ce temps que nous ne nous étions pas vus. Une déesse, une guerrière, une organisation avec un objectif ridiculement irréalisable… Il avait vraiment fait des rencontres passionnantes ! Par contre, cette fameuse organisation avait entendu parler de moi, et ça me dérangeait quelque peu… Comment l’avaient-ils su ?

Mais je n’ai pas posé la question à Deisui. De toute façon, je supposais qu’il n’avait pas la réponse. Et lui aussi avait une question, bien plus importante. Je pris donc le temps d’y réfléchir. Certes, j’avais eu six longues années pour le faire, mais y réfléchir encore une fois ne me ferait pas de mal, bien au contraire.

-Eh bien… J’imagine que je le tuerai, mais tout dépendra bien sûr des circonstances. Déjà, il faudra voir qui est en position de force, même si je ne doute pas que ce soit nous. Mais j’envisage quand même toutes les possibilités.

Tout ça pour dire que je m’adapterais à la situation présente. Je parlais beaucoup pour pas grand-chose au final, mais mon ami me comprenait certainement.

-Et toi ? Qu’est-ce que tu feras ?

Malgré ses airs de jeunes filles innocentes sa réponse ne me surprit guère. Face à ce genre d'individus, au vu de ce qu'il lui avait fait subir et de notre propre position j’avais de toute façon du mal à voir quel autre châtiment lui infliger ? L'emprisonner à vie ? Nous ne le pouvions pas. Le torturer puis le laisser envie ? Ce genre de raclure n'avait pas besoin d'un corps en état de marche pour être dangereux...Alors oui la mort me semblait encore être la meilleure solution, voire la seule... Tout en sachant que pour sa part il ne se contenterait pas de nous voir trépasser si nous devions échouer. Par contre je devais m'avouer un peu inquiet, j'avais une vague idée de ce qui pouvait nous attendre, ma visite dans un laboratoire de Tékhos m'en ayant donné un avant gout, et je me devais d'avouer que je ne partageais pas l'optimisme de Linda quant à notre position de force. Mais après tout face à la garde de Nexus, puis les contrebandiers ou encore cette énorme ver des neiges nous n'avions pas l’avantage et nous l'avions tout de même remporté. Alors je n’avais pas de raison d'en avoir peur ,d'autant plus que la crainte ne serait qu'une gêne. Il ne fallait pas que je l'oublie...

Puis elle me retourna ma question, me prenant malgré moi au dépourvu. A vrai dire on pouvait penser qu'en dix ans j'y avais souvent réfléchi, mais pas tant que ça au bout du compte tout mes efforts  ayant été dédiés à les trouver. Bien sûr il aurait pu être simple de répondre la même chose qu'elle, mais quelque chose en mon cœur me hurlait que ça ne serait pas suffisant... Et finalement je lâchais d'une voix hargneuse, tandis qu'un tremblement nerveux me parcourait les mains.

"Je le tuerai... Mais avant cela je briserai devant ses yeux tout ce qu'il a essayé de bâtir et je briserai son corps et son esprit avant d'enfin le tuer, avec pour seul espoir qu'il ne puisse pas trouver le repos."

Le sujet était clos, tandis que je me voyais lui arracher le cœur et tant d'autre plaisants sévices. Un lourd silence s'installa alors, Linda n'y était pour rien, mais à l'approche de ce futur je renouais avec mon passé...Et elle m'avait déjà vu lorsque cela arrivait, quand j’avais littéralement massacré ce contrebandier à coups de poings.

Finalement je ne repris la parole qu'ne fois à la nuit tombé, ayant bien progressé dans notre voyage. Le temps magnifique s'était maintenu et la nuit, bien que sombre était douce, nous permettant d'établir notre campement sans établir de feu, afin d'éviter de trop attirer l'attention. adossé à un des arbres rachitique de la plaine dévastée, buvant une gorgée d'eau d'une des outres que j'avais amené, ayant bien viellé à en faire de grand  réserve comme l'eau était quasiment inexistante en ces contrées. et ce fut après cette gorgée que ma voix s'éleva à nouveau.

"On arrivera au laboratoire, demain dans l'après-midi... Par hasard est ce que tu as peur ?"

Je prenais une autre gorgée, lâchant d'un rire mal assurée.

"Il faut croire que c'est mon cas pour que je boive tant d'eau sans même un peu d'alcool... La première fois en dix ans je crois."

Il aurait pu me répondre n’importe quoi. Il aurait pu me répondre n’importe comment. Mais la haine viscérale que je sentais dans sa voix m’inquiéta. Je le comprenais, bien sûr, mais à la base cette expédition ne le concernait pas directement, alors j’avais du mal à saisir la raison de cette colère effrayante.

Je ne répondis rien, pour ne pas attiser encore plus sa colère, et ainsi nous sommes tous deux restés silencieux, muets comme deux tombes jusqu’au soir. Je ne savais pas à quoi il pensait, mais pour ma part je réfléchissais aux différents moyens de tuer celui qui avait fait de moi une chimère. Je pouvais le faire de tant de manières différentes que je n’arrivais pas à choisir. Je décidai finalement de voir ça en temps voulu. Ce n’était pas le moment de me poser la question puisque la réponse dépendrait des circonstances, encore une fois.

Le soir, alors que nous nous étions arrêtés pour nous reposer, Deisui m’annonça le temps de voyage restant, et ajouta une question. Il était en train de boire, et comme de mon côté je mangeais je ne répondis pas de suite. Du coup, j’entendis la remarque suivante, qui m’arracha un sourire et un léger rire.

-Je confirme, tu as peur. Je le sens. Et…moi aussi.

Je levai la tête vers les étoiles.

-J’ai peur d’affronter mon passé, de me retrouver face à celui qui m’a faite telle que je suis. Et surtout, j’ai peur de ne pas réussir.

Je plantai mon regard dans celui de mon ami avec un maigre sourire.

-Mais je suis avec toi, alors ma peur est moins grande. Parce que je sais que tu m’aideras comme moi je t’aiderai de mon mieux.

Ainsi donc elle aussi avait peur... C’était largement compréhensible, même si pour ma part je ne comprenais pas pourquoi je l’éprouvais maintenant. Dire que je n'avais jamais ressenti de crainte en dix ans serait juste arrogant, mais cette peur ci... elle ne m'avait pas étreinte le cour depuis longtemps et je buvais un e autre gorgée d'eau pour essayer en vain de la chasser tout en écoutant Linda, qui parvint à saisir mon attention volatile, soutenant son regard... Et une lueur de détermination se lut alors dans le mien, qui se transmit à ma voix altos qu'elle me souriait.

"Un jour un homme m'a dit qu'être brave n'était pas ne pas pas avoir peur ,mais savoir affronter ses peurs... Je sais pas si je saurai faire face aux miennes par moi même ,mais je sais en effet que tu seras à mes cotés et moi même je resterai avec toi... Ensemble nous pourrons le faire, sans aucun doute."

Je lui rendais alors son sourire, ce simple échange suffisant à me redonner courage à travers celui dont Linda faisait preuve...

"Allez... Bonne nuit, une rude journée nous attends demain."

Et alors je ne tardais pas à m'endormir, m'étendant dans l'étendue herbeuse, avec comme dernière vision les étoiles qui paraissaient être bine la seule chose amicale en ces lieux !

Le lendemain, après un rapide repas, nous avions repris la marche, nous approchant de plus en plus du laboratoire, me référant dès lors davantage à des indices visuelles directs, tel un rocher àal forme spécifiques,  qu'à des indications plus théorique qui au fur et à mesure que nous nous approchions devenaient plus imprécises. Néanmoins nous nous rapprochions c'était indubitable, et je devenais plus fébrile... Et finalement je demandais à Linda.

"Toi qui a été entre leurs mains... As tu une idée de ce qui nous attend précisément ? Je sais que cela peut t'être pénible d'en parler mais si nous voulons nous en sortir on a besoin de toutes les informations possibles..."

Je craignais de raviver en elles de mauvais souvenirs, mais les miens étaient assez présents comme cela pour ne pas que j'en éprouve trop de remords.

Il eut un joli petit discours, qui me fit rire.

-Je crois qu’on a tous rencontré cet homme, et qu’il a dit la même chose à tout le monde !

Mais j’avais bien compris. Et ces paroles m’avaient rassurée un peu. Je ne savais pas si j’étais réellement aussi optimiste que j’en avais l’air, mais je l’étais un peu plus que quelques secondes plus tôt. C’est donc avec une lueur d’espoir grandissante que je m’endormis peu après lui.

Et la route reprit le lendemain. Plus nous avancions, plus j’étais tendue. Je reconnaissais cet endroit. Six ans n’avaient pas suffi à l’effacer de ma mémoire, et l’idée de faire ce trajet en sens inverse me hérissait le poil. Mais il fallait continuer. Il était hors de question de faire demi-tour ici, pas après tout ce chemin parcouru, tout ce que nous avions vécu !

La question de Deisui me fit sursauter et fit grimper la tension d’un cran. Je me tournai vers lui, embêtée.

-J’en sais rien. Je pourrais te dire pourquoi, mais là je…

Je m’interrompis. Ce que je venais de dire était ridicule. Je soupirai.

-Pardon, je suis un peu trop nerveuse. En fait, je ne sais pas du tout ce qu’il y a à l’intérieur. Quand ils m’ont capturée, il n’y avait rien dans les couloirs, c’est à peine s’il y avait des lampes pour éclairer… Et je suis partie en cassant une fenêtre. Donc je n’ai pas la moindre idée de ce sur quoi on va tomber.

J’allais ajouter quelque chose, mais les mots me restèrent dans la gorge alors qu’un souvenir toquait à la porte de ma conscience.

-Oh… Maintenant que j’y pense… Il y avait deux sortes de grosses caisses en métal, autour de la porte. Comme des cages sans barreaux, et l’ouverture était face à nous… Ces trucs m’ont fait peur, j’avais l’impression que d’énormes chiens allaient en sortir. Mais c’était sûrement mon imagination, le bruit devait être dû à autre chose…

J’eus un frisson de terreur. J’entendais encore ces sons effrayants qui résonnaient des deux boîtes métalliques…

La tension de Linda ne m'échappait pas et elle était communicative, nous avions envie d'arriver à cet endroit, mais en même temps il était effrayant de voir à quel point nous appréhendions cet instant... Mais était ce à cause de ce qui nous y attendait ou de par ce que cela signifiait. Je préférais au final ne pas y penser pour ne pas accroître mon angoisse. D'autant plus que la question que j'avais adressé à Linda semblait comme avoir effrayé cette dernière. Je lui laissais néanmoins le temps de se ressaisir et elle finit par me répondre... Un peu en vain au final, si ce n'était que la structure était apparente au moins, sans quoi elle n'aurait pu s'échapper par une fenêtre. Par ailleurs même avec sa force le fait qu'elle ait brisé une fenêtre trahissait la fragilité de ces dernières et l'absence de système de ces sécurités, bien que cela ait du changer entre temps.

Par contre ce qu'elle dit après était des plus intéressants. Deux boites de métal encadrant la porte ? Elle n'avait pas été mis là par hasard et la description qu'elle m'en fit me rappeler ces caisses dans lesquelles ont transportait les animaux les plus dangereux, que ce soit pour les déposer dans un zoo, un laboratoire, ou même pour les envoyer sur le champs de bataille. Elle pensait pour sa part qu'il n'y avait rien dedans, mais cela m’étonnerait. Si l'homme qui était en charge de ce lieu était bien celui auquel je pensais il n’avait pas l'habitude de laisser quoi que ce soit au hasard, bien qu'il me paraissait déjà surprenant que Linda ait pu s'enfuir ainsi. Je hochais pensivement la tête, ajoutant d'une voix sèche.

"De toute façons les choses ont dû changer depuis le temps...Mais merci quand même..."

De toute façon nous n'étions plus très loin, et au terme d'une nouvelle heure de marche je pus voir la battisse et les deux énormes caisses qui semblaient en encadrer la porte close... Je m'arrêtai alors respirant  profondément pour récupérer un peu de la longue marche avant d’ajouter avec un sourire.

"Nous y voilà. Il va falloir maintenant trouver comment entrer... mais qu'est ce que ?"

Je hoquetais de surprise alors que les portes s'ouvraient nous invitant à entrer dans le complexe, mais alors quel es cages faisaient de mêmes dans un grincement terrible suivi d'un terrible rugissement. Linda n'avait pas rêvé il y avait bien quelque chose dans ces boites. et quelles choses ! Chacune d'elle laissa sortir un être gigantesque, qui une fois émergée mesurer plus de deux mètres et demi, paraissant humain...Mais possédant des appendices animaux comme Linda. Le premier semblant couvert par endroit d'écailles, alors qu'i lavait des yeux de chats et des pattes palmées, le second possédait une crinière comme celle d'un lion tout en possédant de ridicules oreilles de lapins... D’autres chimères, et d'un tout autre gabarit que Linda.

A voir leurs regards je devinais sans peine leur bestialité...Et l'espèce de saurien se mit alors à quatre pattes pour se jeter vers nous, alors que moi dégainait mes lames, me préparant à leur faire face !

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Il étaient enfin arrivés à le trouver, après tant d'années...Et cela n'étais pas dû au hasard. Il avait tant attendu ce moment ,même quand i lavait fallu changer le plan initial. Et il aurait été tellement dommage qu'ils soient arrêtés par une simple prote et des fenêtres sécurisés alors il avait ouvert la voie, mais non sans y ajouter un petit obstacle. S'ils n’étaient pas capable de faire face à cela c'était qu'ils ne présentaient aucun intérêt. Il n'avait à vrai dire même pas prévenu les siens, afin d'éviter une panique inutile et vaines s'ils échouaient là.

Si ce n’était peut être de lui offrir un joli spectacle qu'il observait  à travers les caméras de surveillance.

Une part de mon esprit refusait encore d’admettre que je retournais là-bas. C’était la même qui refusait d’admettre qu’il y avait vraiment des bestioles énormes et effrayantes dans ces caisses. C’était encore la même qui refusait d’admettre que je m’éloignais de plus en plus de l’espèce humaine et que j’étais simplement en sursis. Mais j’avais moi-même du mal à me rendre compte que je niais tout ça.

Je suivais Deisui, espérant un peu naïvement que nous n’aurions pas de problèmes et que nous trouverions directement le responsable. Nous le tuerions, et puis fin de l’histoire. Mais j’avais encore assez de lucidité pour savoir que ce ne serait pas le cas.

Encore une heure et nous étions arrivés. J’étais morte de peur. Voir ce bâtiment se dresser à nouveau devant moi, c’était comme si je revivais ce jour où ma vie avait été balayée d’un coup. Les deux caisses étaient toujours là, et j’eus un hoquet de terreur en entendant à nouveau les sons que j’avais entendus six ans plus tôt.

Et ils sortirent. Deux monstres. Un par caisse. Ils étaient gigantesques. Sitôt que je les vis, je sus qu’ils étaient comme moi. Deux victimes, deux humains capturés et transformés, mais eux n’avaient pas eu la chance de pouvoir s’échapper, ils étaient restés prisonniers ici. Leur apparence et leur attitude ne laissèrent aucune place au doute dans mon esprit : j’allais devenir comme eux, un monstre qui n’avait plus rien d’humain. Alors que je l’admettais enfin, je me mis à pleurer.

Ils avançaient vers nous. L’un d’eux attaqua tout de suite. L’autre, encore en retrait, avait la crinière d’un lion, donc je devais pouvoir communiquer avec lui. Peut-être lui restait-il une once d’intelligence… Dominant ma terreur, je fis un pas en avant. Mon rugissement disait : « S’il te plaît, dis quelque chose. » Je ne voulais pas les attaquer, ils ne l’avaient pas mérité, ils n’étaient que des victimes dans cette histoire. Si j'avais la moindre chance de les apaiser, alors il fallait que j'essaye.

Bon sang je m'étais pas attendu cela ! Enfin, oui quant à faire face à d'autres chimères, mais pas au fait que la vision de ces dernières choquerait  à ce point Linda. Cette dernière se mettait même à pleurer ! J'étais mal placé pour la blâmer, je comprenait très bien ce qu'elle pouvait ressentir mais juste... Ce n’était pas le bon moment bon sang ! Néanmoins je ne pouvais pas perdre de temps à la réconforter le gigantesque saurien se jetant sur moi il me fallait réagir ! Je me fendis alors brusquement évitant de justesse sa charge et une de mes lames lui entailla profondément une de ses mains, ayant porté mon coup avec assez de force pour percer à travers les écailles et atteindre son tendon, il dérapa pathétiquement au sol, soulevant la terre sèche et de nombreux graviers, dans un long râle de douleur.

Aucune parole, même pas un cri humain... Et ça ne me plaisait guère car maintenant nous avions une aberration par devant et derrière nous...  Le lion restant inactif je me tournais alors vers mon adversaire qui se relevait alors, une des mains pendant le long de son corps, alors qu'il revenait à l'assaut, moi même e faisant se mouvoir souplement mes lames, prêt à l’accueillir... Mais alors j'entendis un grognement venant de la part du lion, ce dernier commençait à s'avancer d'abord pas à pas, puis commençant à courir sur ses deux jambes, droit sur Linda ! Mais je ne pouvais pas me laisser déconcentrer trop longtemps, mon regard revenant vers le saurien, ne sachant que le lion approchait que grâce au grognement sourd qui s'approchait de plus en plus alors que je lâchais brusquement.

"Linda ! Ressaisis toi bon sang ! Nous avons fait trop de chemins pour reculer maintenant !"

Ma voix était sèche et sévère, mais je ne pouvais compter que sur elle pour repousser l'autre hybride et je ne voulais pas crever aussi sottement !

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L'humain ne pouvait pas comprendre que lavait été le sens de son grognement, mais il savait que sa congénère, celle dans ce corps encore presque humain,  à l'esprit encore clair, pouvait la comprendre... Qu'elle pouvait saisir tout les accordes de hargne de douleur et de peine de son grognement, elle avait même avait rugie et il l'avait entendue... Et ainsi dans son grognement il répétait sans cesse la même chose, son regard plongé vers l'hybride, qu'il chargeait, mené par son esprit confus.

"Pitié, Tuez nous... Pitié, libérez nous."

« Pitié, tuez-nous, libérez-nous… »

Ces paroles me fendirent le cœur, même s’il n’en restait déjà plus grand-chose en bon état. Ces créatures souffraient énormément, on devait les torturer pour arriver à un tel résultat, à un état psychologique aussi affreux. J’étais bouleversée. Je ne pouvais plus les sauver, ni même les calmer un peu le temps de passer. Un instant je voulus fuir. Mais la voix de Deisui me fit reprendre mes esprits.

Celui qui me parlait et qui continuait de répéter ces mêmes mots commençait à charger vers moi. Il ne savait même plus ce qu’il faisait. Il attaquait par instinct, parce qu’il avait peur et qu’il avait mal. Et il m’attaquait moi. Je tendis les bras devant moi. Au moment de l’impact, ma force décuplée me permit de ne pas être écrasée. Cependant il restait plus fort que moi, et je dus reculer de quelques pas. Mon visage était à une dizaine de centimètres tout au plus du sien.

-Je suis désolée… Vous serez vengés, je vous le promets.

Et sur ces paroles, une colère noire monta en moi. Colère contre celui qui avait fait ça. Qui leur avait volé leur vie. Qui avait détruit leur corps. Qui avait réduit leur esprit en miettes. Qui devait payer pour tout ce qu’il leur avait fait, à eux deux, à moi, et probablement à beaucoup d’autres. La colère devint haine et rage. Il devait payer. Quel qu’en soit le prix.

Dans un hurlement félin où je mettais toute cette rage, je mobilisai la totalité de ma force pour envoyer mon adversaire à dix mètres. Puis je me jetai sur lui et lui mordis violemment le cou. Je m’y connaissais assez, pour avoir tué par mal de bêtes sauvages plus ou moins dangereuses, mais la crinière me donna un peu de difficulté. Et comme il se débattait, nous avons tous les deux roulé au sol en essayant chacun de blesser l’autre mortellement.

Je finis par emporter cette brève lutte, aidée par ma capacité de réflexion encore humaine. Et tandis que ma victime agonisait dans un dernier râle, je me tournai vers Deisui et l’autre chimère, couverte de sang dont la moitié m’appartenait.

Dire que je fus soulagé en voyant Linda s'élancer contre lion était peu dire. Non seulement parce que je ne risquais pas d'être pris à revers, mais également car au vu de l'entreprise dans laquelle nous nous lancions il fallait qu'elle puisse se battre, jusqu'au bout. J'aurai peut être dû m'en faire quant à l'issue du combat ,mais je me rappelais l'affrontement qu'elle avait menée contre le terranide ours. Contre un adversaire bien plus puissants dans des conditions bien plus défavorables elle l'avait emporté. Il lui suffisait de sur monter ses craintes pour terrasser cet ennemi à n'en pas douter... Et je ne me faisais pas d'inquiétude à ce sujet.

De toute manière j'avais également un affrontement à mener, face à mon propre adversaire, si ce n'était peut être que le mien se limitait à un combat des plus classiques. Frapper toucher l'adversaire, tuer ou mourir, tant de choses que j'avais apprise au fil des années depuis dix ans, depuis le début de tout cela... Et qu'il me fallait mettre en application au mieux. Ainsi, une lame en ma main et tenant l'autre depuis la chaine qui les liait j'attendais mon adversaire, qui dans sa bestialité ne pouvait que me charger...Et ce fut exactement ce qu'il fit. Sans avoir tout à fait l'adresse et l’intelligence d'un humain, ni toute la maîtrise naturelle d'une bête , il aurait pu être terriblement polyvalent, mais alors qu'il s'avançait maladroitement sur ses deux pattes il n'était que pathétique... Et juste avant que je ne sois à portée de griffes je frappais.

La lame que je tenais à bout de chaine fila droit sur un de ses jambes la transperçant profondément, et pris dans son élan et par la douleur il ne put que tomber à mes pieds, de par sa taille, sa tête se retrouvant juste devant moi, au niveau de ma seconde lame... Alors je croisais son regard brièvement, et je crus y lire une forme de soulagement, ce qui était parfaitement absurde... Et qui ne suffit pas à me faire hésiter une seule seconde, elle aurait déjà été de trop, et même si ça n'avait pas été le cas je ne devais faire preuve d’aucune hésitation...Et ainsi en un puissant coup d'estoc vertical, usant de mes deux mains pour le porter, ma lame d'acier transperça son crane, les écailles puis les os avant d’atteindre son cerveau, le tuant sur le coup, une gerbe de sang venant maculer ma tenue.

C'était tout ce que je pouvais lui accorder. Une mort propre et sans souffrance inutile;.. J'entendais encore les bruits de luttes derrière moi. J'aurai pu aller aider Linda, mais elle en avait presque fini et puis...Ce combat était le sien je n’avais pas à y interférer... Je préférais ainsi user de mon temps "libre" pour récupérer mes lames dans le corps de la chimère. Une fois cela fait je me retournais vers Linda, qui venait de tuer son ennemi, à la méthode des bêtes sauvages, le visage barbouillé de sang. Elle semblait loin la jeune fille que j'avais regretté, mais en même temps je savais aussi que la bête avait toujours été là...

Mais plus important étaient les plaies qu'elle devait avoir. Le maniement de mes armes m'avait permis de sortir indemne de la confrontation, mais elle...C'était difficile à dire avec tout le sang carmin qui la couvrait, mais je détaillais nettement quelques estafilades. Je m'avançais alors vers elle le regard un peu soucieux.

"Ça va aller ? Tant physiquement que...Moralement ?"

Je lui fis alors un maigre sourire...Et tout en attendant sa réponse je lui fis signe de me suivre, vers la porte ouverte, avant qu'elle ne se ferme. Quel que soit sa réponse il était de toute façon trop tard pour reculer...

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Ils avaient passés la première épreuve sans grande difficulté comme convenue. Néanmoins la réaction de la chimère avait été intéressante... Surtout au vu de ce qui les attendait par la suite dans le complexe où ils entraient.

Le combat avait été bref mais acharné. L’autre chimère s’était débattue de toutes ses forces, et j’avais eu beaucoup de mal à en finir. Heureusement, à l’issue de la lutte j’étais victorieuse, mais étourdie, blessée et un peu trop fatiguée au vu de ce qu’il nous restait certainement à faire.

Deisui en avait fini avec son adversaire un peu avant moi, et il récupérait ses armes quand j’ai tourné la tête vers lui. Il n’avait rien. Tant mieux, il faudrait que l’un de nous soit en forme pour la suite des événements, le bâtiment devenait être truffé de pièges vu comme nous avions été accueillis. Je rendis son sourire à mon ami.

-Ça peut aller… Ma robe est fichue, je suis blessée de partout et j’ai le moral au plus bas, mais on pourrait faire pire…

Je me levai et, titubant un peu sur les premiers pas, je le suivis à l’intérieur. Là, entre ces murs que je reconnaissais, dans ce couloir que j’avais déjà parcouru une fois, la peur me gagna à nouveau.

-Deisui, murmurai-je… Je me souviens… Les murs chuchotaient, comme s’ils étaient très fins et qu’il y avait quelque chose  derrière.

La mémoire me revenait peu à peu. Ce serait pratique si ça me permettait d’anticiper quelques pièges. Mais bien sûr, si comme pour les caisses métalliques mon esprit refusait d’admettre les choses, ça poserait assurément problème par la suite. Pour l’instant j’avançais lentement, guettant avec anxiété le moment où j’entendrais ces chuchotements que ma mémoire m’avait annoncés…

J'étais agrippée au bras de mon compagnon. J'avais comme l'impression que si je le lâchais il allait se passer quelque chose, que l'un de nous deux allait tomber dans un piège, et que le seul moyen d'éviter ça était de rester collés l'un à l'autre. La peur donne parfois des idées bien stupides.

Mon sourire persista, malgré le triste constat que me faisait Linda, malgré ses dires elle paraissaient tout de même encore capable de continuer. Rester encore de savoir jusqu'à quand... Néanmoins je ne pouvais rester ainsi dans le doute, quoi qui'l advienne, il fallait avancer.

Alors que nous avancions dans le complexe je voyais bien que Linda n'était guère confiante, elle avait peur cela lui rappelait des souvenirs... Et pour ma part ce n'était en fait pas vraiment le cas. Je n'avais rien à voir avec le lieu en lui même  et je parvenais au final à m'en accommodais, de toute façon je n’avais pas le choix. Il fallait qu'un de nous deux tienne le coup et ce n'était visiblement pas le cas de Linda. Voilà que pour elles les murs parlaient... Mais alors que venait se blottir contre moi cela ne me parut pas si absurde que ça.

Après tout au vu des expériences menés en ces lieux il n'était pas impossible que ce soit les chuchotements des autres victimes qu'elle ait entendue...  Je constatais alors que le complexe était comme à l'abandon, plusieurs portes étrangement scellées, ne nous laissant comme progression possible que le long couloir, mais je n'entendais toujours pas de chuchotements...

Cependant devant nous s'étendit le couloir...Et orné de multiples visières à coulisse qui se fondaient dans le mur, mais dont l'usure avait fini par révéler la présence. ils étaient un peu trop élevé pour Linda, mais je m'en approchais en faisant glisser un...Et je déglutis en  voyant ce qui y était. Une salle matelassé, dont la porte se trouvait à l'opposé de notre position, avec une table d'opération et divers outils qui n'étaient guère conçus pour soigner... Et alors je reculais brusquement en un sursaut !"

Une autre chimère était brusquement apparu poussant un grognement qui fut clairement audible avec l’ouverture de la trappe, mais qui fut suivit par d'autres tout le long du couloir, mais atténué...Formant des chuchotements. mon regard se tourna alors vers Linda, et je fermais brusquement la visière , le visage blême.

Combien de ces choses y avait il ici ? Des dizaines... Il aurait suffit de les lâcher sur nous pour nous éliminer, à moins qu'il n'y ait personne... Mais non, c’était absurde, Linda avait bien besoin de se nourrir et ces chimères aussi, quelqu'un devait bien leur procurer de la nourriture, mais dans ce cas pourquoi cette personne nous laissait ainsi faire au cour de son complexe ? Je n'en avisa aucune idée, mais il fallait me ressaisir, c'était sans doute ce qu'il voulait que de nous voir paniquer...

J'arrachais alors mon bras à la prise de Linda mais ce fut pour le passer autour de son épaule, la serrant contre moi, mon autre main caressant doucement ses cheveux alors que je continuais de progresser au milieu de ces chuchotements dérangeants...

"Ça va aller Linda... Tiens bon, tu n'es pas comme eux...Et pour eux et toi même tu dois continuer."

J'espérais vraiment qu'elle ne me lâcherait pas , j'avais besoin d'elle.

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Hm l'homme tenait bien le coup, mais il était vrai que ce genre de spectacle ne devait guère l'affecter, il était bien différent de celui qu'il avait connu, et malheureusement il n'avait pas de quoi le rejouer ici ! Par contre la chimère...Sa réaction était des plus fascinantes cette peur, comme si son esprit allait se briser aussi aisément que du verre...

Fascinant.

Et je les entendis. Ces affreux chuchotements qui me faisaient frissonner de peur. Je les entendais, tels que dans mon souvenir, comme si le temps ne s’était pas écoulé depuis. Je voulais prendre mes jambes à mon cou et partir, m’enfuir à nouveau, le plus loin que je le pourrais, jusqu’à la Forêt des Loups, retrouver la meute et rester en sécurité avec les loups. Mais je ne pouvais pas le faire, ne serait-ce qu’à cause de Deisui. Si je partais, je l’abandonnais là, et je n’aurais pas souhaité au pire des monstres de se retrouver seul ici.

Mon ami s’approcha d’une porte et ouvrit la petite fenêtre qui y était. C’était trop haut pour moi, impossible de voir quoi que ce soit, mais à sa soudaine pâleur je compris qu’il valait mieux être dans le couloir que dans les pièces. Puis j’entendis un grognement. Je n’eus pas le temps d’essayer d’en trouver l’animal, Deisui avait déjà refermé la petite fenêtre et…le grognement était allé grossir les rangs des chuchotements effrayants.

-Qu’est-ce que tu as vu ? Qu’est-ce que c’était ?

Mais je me doutais bien de la réponse. Et même s’il ne me la donna pas, son attitude me confirmait qu’il s’agissait bel et bien d’une chimère, et qu’il devait y en avoir beaucoup d’autres…

Nous avons continué à marcher. J’avançais à l’instinct, incapable de savoir où j’allais ni pourquoi j’y allais. Je ne savais même pas qui de nous deux dirigeait vraiment l’autre. Et puis nous somme arrivés devant une porte. Une parmi tant d’autres, identique aux autres, mais celle-là était spéciale. Je me suis brusquement détaché de Deisui et je me suis mise juste devant la porte.

-C’est ici… C’est cette porte…

Une part de mon esprit me hurlait à pleins poumons de reculer et de partir. C’est l’autre qui remporta la bataille. J’ouvris la porte pour entrer timidement dans la pièce. Oui, c’était bien ici. Je fis quelques pas en avant, promenant mon regard autour de moi.

-J’étais là…ici, il y avait une chaise, ils m’y ont attachée…et là, une table avec les objets qu’ils m’ont implantés.

Etrangement, maintenant que j’étais dans cette pièce, dans cet endroit où tout avait commencé, je n’avais plus peur. Comme si ma conscience avait quitté mon corps et regardait la scène de l’extérieur. Je me regardais presque alors que je parcourais la pièce désormais vide, que j’effleurais les murs du bout des doigts. Doigts que je refermai soudain, serrant mes poings. Mon regard se durcit et je me tournai vers Deisui.

-Plus personne n’aura à vivre ça ! Tout prend fin aujourd’hui, je le jure. Trouvons cette ordure et finissons-en.