Vengeance double [Deisui] A suivre, encore !

Lorsque Linda m’interrogea sur ce que j'avais vu je n'eus pas réellement la force de lui répondre dans un premier temps. Devait elle savoir ? Je ne savais pas, mais en même temps il serait cruel de lui laisser quelques illusions, pour peu qu'elle en ait. Je finissais ainsi par lâcher d'une voix lasse;

"D'autres chimères... Folles, je crois."

J'eus une grimace alors que je faisais à une vérité des plus violente,s une vérité que Linda refuserait peut être d'admettre suite à son attitude à l'égard de cette chimère à  la crinière de lion, et que je tus... Nous avions un objectif premiers il ne fallait pas prendre le risque de dissension avant de l'avoir atteint !

Ainsi nous continuâmes le long du couloir qui paraissait presque sans fin, mais brusquement Linda me lâcha, comme si elle vu quelque chose...Et je ne pus m’empêcher une grimace lorsqu'elle se tourna vers une des porte,s une des rares d'où ne venait aucun gémissement et suite à son commentaire je n’avisa aucun doute sur la chose...C'était ici qu'elle avait été créer. Bien que ce terme était cruel c'était la triste vérité. je fus tenté de lui dire de ne pas y aller, de ne pas rouvrir ses blessures, mais il n'appartenait qu'à elle d'en décider.

Et elle fit son choix d'elle même y entrant alors que je la suivais. De ce que j'en avais vu cette pièce ne différait pas des autres, hormis par son aspect encore plus vide. Alors elle sembla renouer avec son passé m'expliquant le décor dont je me doutais déjà de la nature. Je ne pus m'empêcher de m'imaginer brièvement ce qu'elle avait vécu, avec juste comme espoir qu'elle n'ait ressenti que peu de choses à cela, mais je ne me faisais pas d’illusion. Sinon cela ne l'aurait pas tant traumatisée. Mon regard fut alors attiré par quelque chose au sol. Un bocal brisé, dont on pouvait lire que la moitié de l'étiquette "Coe..." Le reste avait été arraché lors du bris du bocal, mais un frisson me parcourut. Les appendices animales n'était pas les seule chose visiblement que ces fous avaient ajoutés en elle.

Je relâchais le reste de bocal au sol quand Linda prit la parole, m'adressant un regard empli de détermination et des mots qui l'étaient tout autant. Au final retourner ici lui avait été bénéfique, mais je tempérais quelque peu ses propos.

"Il y aura toujours quelqu'un pour faire pareille chose. Mais nous pouvons effectivement limiter le nombre de victimes... Attends..."

J'entendis alors un sifflement s’ajouter aux chuchotement des chimères... Les chuchotements se firent plus faibles et je vis un gaz brunâtre jaillir des murs autour de nous. Ça devait être de ces choses qu'ils testaient sur leurs sujets ou bien un gaz somnifère pour les clamer. En tout cas je ne voulais le tester, il fallait partir d'ici rapidement ! Je m’élançais alors entraînant Linda avec moi, constatant que les murmures avaient cessé, toutes les chimères ayant été affectées par le gaz. Ce dernier commençait par ailleurs à filtrer à travers le portes. Il n'y avait pas une seconde à perdre.

"Cours ! Cours aussi vite que tu peux vers le bout du couloir ! ET ne m'attends pas ! Je te rejoindrai."

Je savais pertinemment qu'elle courrait plus vite que moi, et je ne savais pas  à quelle vitesse le gaz allait se répandre...Et dans tout les cas, qu'il soit mortel ou juste soporifique, il valait mieux qu'un seule d'entre nous en soit affecté que les deux. J'espérais qu'elle comprenne quand bien même je ferai tout de même de mon mieux pour moi même m'en sortir. je n'allais pas la laisser prendre toute la satisfaction à mettre un terme à cela !

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C'était amusant que d'observer leurs réactions...Mais qu'est ce qu'ils pouvaient être lents ! Il ne pouvait pas rester ainsi toute la journée ! De fait il avait un peu accéléré le jeu ne relâchant ces gaz conçus pour apaiser une chimère mais qu'un cœur humain pourrait avoir du mal à supporter...

Des chimères folles… Donc c’était le sort réservés à ceux qui n’avaient pas pu s’échapper comme je l’avais fait. Et peut-être même que c’était ce qui m’attendait, à la longue. J’eus un frisson à cette idée. Mais l’avancée continuait.

Dans la pièce où j’avais été transformée, le vide m’inquiétait. Il aurait dû y avoir quelque chose. Mais en fait, à bien y réfléchir, c’était plutôt logique qu’il n’y ait plus rien. Sauf que Deisui venait de ramasser des morceaux de verre. Là, il y avait matière à s’inquiéter : quelqu’un avait pris la peine de vider intégralement la pièce, alors pourquoi ces bouts de verre étaient-ils encore là ? Je me doutais qu’il y avait un piège, mais je ne voyais pas trop où il pouvait être et en quoi il consistait.

Le bruit suspect ne m’échappa pas. Pas plus que les volutes brunes qui commençaient à se répandre dans la pièce. Pas bon, ça, pas bon du tout… Et de même, l’instruction pourtant assez sensée de Deisui ne me plaît pas du tout.

-Pas question, je ne te laisse pas ici seul !

J’arrachai un bout de mon ruban pour le mettre sur mon visage, le nouant derrière ma tête. C’était mieux que rien. Je savais que ce gaz était conçu pour les chimères, alors peut-être que lui ne sentirait rien. Ou au contraire…peut-être que c’était trop puissant et qu’il serait plus affecté que moi…oui, c’était plus logique. Aussi je pris un autre bout de mon ruban pour le lui donner.

Et maintenant, la fuite en avant. Je pris mon ami par la main et partis dans le couloir, vers les endroits que nous n’avions pas encore explorés. Et tant pis si rester ensemble impliquait de se faire prendre ensemble, il était hors de question que je le laisse là et que nous nous retrouvions chacun seul de son côté. Tant pour lui que pour moi. Séparés nous ne pourrions certainement rien faire.

Evidemment...Elle ne voulut pas me laisser derrière. J'aurai pu alors protester, lui dire de partir devant, mais cela n'aurait été qu'une perte de temps et sa détermination me fut également un moteur, saisissant l'étoffe qu'elle me tendait pour me la nouer autour de la bouche, tout en progressant. Ainsi sans perdre une seconde nous nous dirigeâmes vers la sortie de ce couloir.

Pour se faire Linda me traîna plus qu'autre chose, serrant fortement ma main pour que je suive son pas des plus rapides, à grand peine, mais au moins nous progressions rapidement et le gaze peinait à nous rattraper, bien qu'il soit légèrement plus rapide que nous... Ce fut  à vrai dire un instant des plus équitant pour moi. j'aimais me battre face à mon adversaire, or le gaz était un ennemi qu'on ne pouvait toucher, invincible, face auquel nous ne pouvions que fuir...Et au moins le faisions nous bien !

Ainsi nous atteignîmes le bout du couloir alors que les gaz commençaient à arriver sur nous... Et nous ne perdîmes pas de temps à l'enfoncer, les deux battants s’ouvrant horizontalement à noter approche ! Nous ne perdions pas une seconde pour pénétrer dans la pièce suivant, les portes se refermant derrières nous et contenant le gaz... Mon regard balaya alors la pièce autour de nous. C'était une sorte de grand amphithéâtre le genre de lieu dans lequel on donnait des cours, ou des conférences, désert à première vue.

Et brusquement presque toutes les lumières s'éteignirent...Presque...Un faisceau lumineux continuant à nous éclairer ,et un autre illuminant la pièce, ou un homme en blouse blanche s'avança, et mon sang ne fit qu'un tour en le reconnaissant. C'était lui... Lui le responsable de tout de puis le début, lui le coupable de ce qui m'avait amené il y a dix ans sur cette terre de folie. Je retirais alors promptement mon foulard, prêt à me jeter sur lui.

Mais étrangement sa prise de parole me retint...Ainsi que la trace rouge de sang resté sur le foulard que j'avais entraperçu, et dont ma priorité fut de le dissimuler à Linda en le glissant dans une de mes besace, alors qu'un gout de plus en plus acre m'envahissait la bouche.

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Ils avaient vaincu les chimères, fui les gaze...Deux épreuves, il n'en restait plus qu'une la plus redoutable, celle qu'il vivaient tout deux depuis si longtemps et dont ils ne pourraient se défaire qu’aujourd’hui...Leur passé ! Et justement... Il allait prendre tout son sens maintenant avec son apparition, alors qu'il quittait sa salle de contrôle pour rejoindre l'amphithéâtre, se rendit face à ce pupitre qu'il avait tant utilisé par le passé, alors que les gradins étaient emplis des plus brillants esprits qui soient, qui partageaient ses pensées...Des esprits qui l'avaient suivis jusqu’au bout et l'avaient amené à deux doigts de la réussite de son projet.

Aujourd'hui ils n'avaient plus que deux auditeurs, éclairés par la lumière, mais c’était un public de choix.

"Bonjour, cela faisait longtemps. Sujet chimère BA7 et sujet...Déchet 5536A. Vous avez peut être oublié mon nom, Docteur Genelem, votre créateur, que vous l'acceptiez ou non... Mais peut être avez vous des questions, des questions auxquelles je pourrai répondre..."

Ils allaient peut être lui répondre, peut être pas... Peut être allaient il le charger, mais dans ce cas le système de défense mécanique du laboratoire ferait le reste.

S’il y a une chose que je ne supportais pas, et que je ne supporterai probablement jamais, c’est de me sentir prise au piège. Alors coincée entre le gaz, les murs aux sons effrayants qui s’atténuaient, et le bout du couloir qui restait invisible, j’avais toutes les raisons de m’énerver, surtout avec ce petit passage dans la pièce de mon hybridation.

Petit problème : Deisui était trop lent. Le gaz nous rattrapait malgré tous mes efforts pour nous faire avancer plus vite. Enfin bon, ce n’était pas sa faute, il restait 100% humain, le pauvre… Et j’espérais d’ailleurs que son organisme n’allait pas être complètement disloqué par ce truc qui réussissait à endormir des chimères folles. Je ne pouvais que croiser les doigts et continuer de courir.

Jusqu’à la porte, que je bousculai d’un coup d’épaules pour me laisser ensuite tomber par terre, le temps de reprendre mon souffle. Retirant le tissu de mon visage, je me rendis compte que ma tête tournait un peu. Mais c’était passé suffisamment vite pour ne pas être inquiétant, alors au lieu de ça ma concentration se porta plutôt sur la personne qui venait d’entrer. Ce visage… Je connaissais cet homme, je ne l’avais jamais oublié. C’était lui. L’homme qui avait détruit ma vie. Je me relevai, ma colère montant en moi de plus en plus vite.

Une chose que je devais bien lui concéder : il savait réussir une entrée. Par contre, il eut un mot maladroit. Très maladroit. Suicidaire, même. Parce qu’insulter mon unique ami était passible de mort immédiate et douloureuse.

-Une seule question…

Ma voix tremblait de rage.

-Vos restes, je les enterre où ?

Je n’avais même pas fini ma phrase, plus hurlée que parlé sur la fin d’ailleurs, que je me jetais déjà sur lui, mes griffes prêtes à lui lacérer la figure jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Il allait payer. Pour ce qu’il venait de dire, mais aussi pour tout ce qu’il avait fait. Je n’avais pas l’intention de laisser quoi que ce soit en bon état sur son corps, tout allait être en miettes quand j’en aurais terminé avec lui.

Sur le coup je fus tétanisé...Sujet déchet, oui c'était ce que j’avais été entre leur mains, un être sas valeur particulière sur lequel on faisait les expériences les plus sottes juste pour s'assurer de ne pas avoir à les réitérer et dont on se débarrasser quand il devenait inintéressant. J'avais à vria dire eu beaucoup de chance de survivre tout en étant suffisamment faible pour qu'il commette l’erreur de me relâcher en pensant que je crèverai dans la rue... Je m'étais fait une joie de les décevoir etde les poursuivre jusqu’en ce monde, mais le souvenir de ce que j'avais vécu me revenait, mais cela n'était ps le plus grave. Néanmoins je me ressaisis rapidement, juste à temps pour entendre la rage de Linda alors qu'elle hurlait à l’encontre du scientifique...Mais ce dernier se contenta de ricaner alors qu'elle s'approchait de lui, en la course la plus rapide qu'il m'ait été donné de voir.

"Nul part voyons, ce serait du gâchis, comme les vôtres... Ils ne reviennent qu'à la science !"

Son rire s'accentua alors, un mouvement se faisant alors entre les rangées...Et je n'eus pas le temps de prévenir Linda, qui n'était qu'à deux doigts du scientifique, qu'elle fut frappé de plein fouet par un bras mécanique, et que ce dernier, ainsi que trois autres, se saisirent d'elle pour la plaquer au mur qu'elle avait percuté l’instant d'avant. Mais se faisant ils laissaient le scientifique à découvert, vulnérable face à moi, alors qu'il me regardait avec un sourire cruel. Je me sentais de plus en plus faible, et je savais que ce n'était pas seulement dû à la peur, ce fichu gaz continuait son œuvre, mais je n’avais pas le droit de fléchir maintenant.

Ainsi je m'avançais vers lui à pas rapide, titubant un peu mais progressant malgré tout, alors que le goût du sang emplissait de plus en plus ma bouche, un mince filet m'en échappant, ruisselant sur mon menton en traçant une traînée carmine. Mon regard néanmoins continuait de toiser celui du scientifique, dont le sourire continuait à s’élargir... Je pouvais également voir les bras tirés sur les membres de Linda, comme s'ils essayaient de les lui arracher. Je n’avais pas beaucoup de temps...Et alors sa voix s'éleva.

"Deisui...Deisui... Ou devrai je plutôt dire Wilhelm ? Comme si tu avais été discret toutes ces années. je savais que tu me cherchai,s mais je me devais de tout organiser avant cela, être prêt à t’accueillir, avec mon petit cadeau... Vous avez mis d u temps à vous rencontrer mais cela valait le coup."

Mon regard revint vers Linda...il ne pouvait parler que d'elle...mais de quoi parlait il donc ? ils ne pouvaient pas avoir tout prévu ! Et pourtant il continua, alors que je m'étais arrêté à la fois de par l'étonnement et la faiblesse qui m'animaient.

"Enfin ta quête est presqu'à sa fin. tout les organes de ta femme reposent en paix, et presque tout ceux de ta fille, même disséquées elles seraient fiers de toi, il manque juste son petit cœur...mais ce n'est pas moi qui l'ait. Je vous ai observé tout ce temps et...Dis moi comment ont été ces retrouvailles avec ce cœur ? Est ce que ces retrouvailles ont été aussi belles que ce que tu espérais ?!"

Je compris alors, grâce au fragment de verre dans la pièce où Linda avait été métamorphosée en chimère Coe...ur... Un cœur...Celui de ma petite fille... C'était juste, inconcevable. Quelle chance y avait il pour cela ? Pour que la chimère ayant son cœur survive et reste sain d’esprit ? Qu'elle me rencontre ? Que nous restions ? Que nous atteignions ensemble ce lieu, à moins que tout ait été prévu ainsi. Oui c’était cela, ce rat, il avait prévu tout cela. Linda...C'était elle qui avait le cœur de ma fille, elle qui avait la clé de tout cela...

Peu importation la mort du scientifique pourvu que ma fille puisse trouver l a paix, mon regard se tourna alors vers la chimère, empli de désespoir...nous avions vécu tant de choses ensemble,s mais je ne pouvais pas... Juste pas...Et mon regard revint vers le scientifique quand il prit la parole, agitant une fiole, emplie d'un liquide rosâtre, sous mon nez.

"Et je vois que mes gaz t'ont atteint. Toutes ces années de quêtes... Elles méritent bien une récompense. Vas y, achève donc ce pourquoi tu es venu en ce monde et je te donnerai cette récompense que tu mérites, ta vie, mais fais un pas de plus vers moi et je la détruis."

Il eut un léger rire, dérangé, mais je ne l’entendais plus, mon regard et mon attention tournés vers Linda, immobilisé, vulnérable. Je m'avançais alors vers elle, mes lames en main, le regard un peu vide...C'était si facile, si aisé de pouvoir enfin en finir. Amaliah, Elundiviel... Enfin cela prend fin...

J’étais vraiment remontée contre lui. J’avais une envie irrépressible de lui éclater la tête contre un mur après avoir lacéré chaque parcelle de peau sur tout son corps. Et j’étais plutôt bien partie pour le faire. Mais je n’étais pas attentive au reste de la scène, aussi je me pris ce…truc, de plein fouet avant de me manger le mur. Etourdie, je ne réagis pas et fus bientôt maîtrisée. Le temps que je reprenne mes esprits, la catastrophe avait commencé.

Pourquoi saignait-il ? Pourquoi était-il aussi pâle ? Pourquoi n’arrivait-il pas à simplement frapper ce type ? Non, après tout ça, il ne pouvait pas flancher maintenant, il n’avait pas le droit ! Mais les paroles du scientifique étaient du venin, un venin vicieux qui attaquait directement les points sensibles : son passé. Je le voyais bien, et malgré la douleur qui réquisitionnait une grande partie de mon esprit je comprenais que la situation était clairement désespérée, que nos chances de l’emporter étaient en train de partir en fumée. Cet homme était fou, et il faisait tout pour emporter sa victime dans la folie.

"Pas question que je le laisse faire ! Bon sang, c’est le moment de réfléchir, là, faut que je trouve un moyen de…"

Stop. Non, je ne pouvais pas avoir entendu ça. Les mots, et surtout leur sens, venaient d’arriver vraiment à ma conscience. Le cœur…merde… Là, j’avais un sérieux problème. Avec un hoquet de surprise, je tournai mon regard terrifié vers Deisui, qui avançait lentement vers moi, armes en mains.

-D…Deisui…

Je commençais à paniquer. Cet enfoiré avait réussi à le retourner contre moi ! Et immobilisée comme je l’étais, je n’avais plus qu’à mourir bêtement, tuée par la seule personne que je considérais comme un ami.

-S’il te plaît…

Peine perdue. Il ne m’écoutait pas. Je me débattis de plus belle, et soudain le pic de force arriva. Enfin ! Les bras métalliques qui m’entravaient furent disloqués par mon mouvement de rotation, et je rejoignis le sol dans une pirouette plus ou moins volontaire. Relevant la tête vers l’humain qui avançait toujours, je réfléchissais à toute vitesse :

"Trois contraintes. Premièrement, ne pas le blesser. C’est pas sa faute. Il est désespéré, c’est tout. Deuxièmement, ne pas me blesser moi, je dois encore pouvoir casser la gueule de l’autre."

Et l’autre, justement, exultait. Il se réjouissait de voir son pantin agir comme prévu. Eh bien dommage pour vous, marionnettiste, mais j’avais bien l’intention de couper les fils.

"Et troisièmement, ramener Deisui à la raison coûte que coûte. Si je peux l’avoir à mes côtés pour la suite, ça sera mieux."

Et c’est parti. Je profitai de l’appui que j’avais au sol pour bondir et me rapprocher de Deisui. Ma queue féline vint attraper son poignet droit pendant que mes deux mains immobilisaient l’autre. Première tentative :

-Je t’en prie, arrête-toi. Je ne veux pas me battre contre toi.

J'entendis bien des plaintes venir de Linda... Mais je ne l'écoutais pas, je ne prêtais pas attention à ces mots, ils ne feraient que me détourner de ma tâche. Au fur et à mesure que mon corps faiblissait je devais me concentrer davantage, respirer péniblement, afin de pouvoir mettre un pas devant autre. Mes mains tremblaient, je n'avais plus beaucoup de temps, il me fallait faire vite.

Mais alors je fus saisis d'un hoquet, à moitié étranglé par le sang qui me venait ne bouche, quand je vis les bras cédés sous la force de Linda. J'avais oublié les atouts qu'elle avait. Le scientifique lui même parut surpris applaudissant la performance... Mais je ne devais pas me laisser aller, je devais tenir bon. Je continuais à avancer, mes lames en main. Je savais que ça n'allait pas être facile je l'avais vu se battre, je savais de quoi elle était capable...

Et elle en fit preuve, s'élançant sur moi, bien trop rapidement pour que je puisse réagir avec mon corps meurtri. Elle aurait pu en finir à l'instant ,un coup de griffe à la gorge, et je mourrai dans la seconde, mais elle n'en fit rien ,elle me ménageait. Elle ne me frappa même pas elle se contenta d'immobiliser mes mains, m'empêchant de frapper avec mes lames. Elle me parla suppliante, et malgré moi des larmes me montrèrent au joue. Bon sang, pourquoi fallait que cet instant, cette conclusion soit si cruel ?

"Je ne veux pas ça non plus Linda... Tu es l'être qui m'est le plus cher en ce monde. Mais je le dois, je ne peux pas...Balayer dix ans de quête, je ne peux pas la condamner à  contribuer au projet de ce fou."

La main tenue par sa queue, dont je lâchais mon arme, parvint tout de même à effleurer doucement son torse, à l'emplacement du cœur, celui de ma petite fille, ma petite Elundiviel... et l'instant d'après mon pied vint lui frapper Linda, la repoussant, lui faisant lâcher prise, alors que je reprenais ma lame, la toisant de toute ma hauteur, mon regard croisant le sien.

Je la revis alors dans la neige, affaiblie face à la guivre, et ses traits se changèrent, si peu en vérité, simplement plus jeunes, et ses oreilles et autres appendices s'effaçant. C'était elle... Et ce regard qu'elle m'avait lancé alors que j'avais été incapable de la protéger, avant qu'ils ne me l'arrachent, la dernière fois que je l'avais vu.

Que faisait elle là ? Ce n'était pas sa place, elle devait fuir, courir, se cacher. Je serai là cette fois, je la protégerai,oui, tout comme face à ce contrebandier qui avait voulu me la prendre. Nul... Nul ne ferait de mal à ma petite.

Non ce n'était pas bon, les souvenirs se mélangeaient, il y avait une part de vrai, mais c'était différent... Mais si peu. Je secouais finalement la tête tentant de reprendre le dessus sur mes sens défaillants. Je devais allez jusqu'au bout, comme je l'avais promis.

Je reprenais ma marche inexorable vers Linda, levant mes lames bien haut dessus de ma tête, puis les abattis avec toute la force que j'avais, en un coup croisé, meurtrier.

Mes lames fendirent l'air en un sifflement...et passèrent au dessus des épaules de Linda, frappant les bras mécaniques qui se tendaient vers elle, les repoussant. Il m'avait aidé. avais je raté mon coup ? Je ne le savais même pas...Et je sus que non, même si j'ignorais pourquoi. Un maigre sourire me vint aux lèvres, alors que le flot de sang qui s'en échappait se fit plus ample.

"Mettons fin à cela...Ensemble."

Comme je l'avais promis.

Et si j'en avais encore la force...

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Oh, voilà qui était pour le moins inattendue. Non pas la libération de Linda ou la domination qu'elle avait eu à l'égard de l'humain. Le scientifique connaissait bien sa création. Non ce qui le surprenait c'était l'attitude de cet homme, juste que là si déterminé, maintenant si hésitant...Et refusant même l'aide qu'il lui avait apporté quel dommage...Avant de se retourner contre lui, intéressant. Mais il prit alors la parole, l'interrogeant.

"Tu vas donc sacrifier la paix de ta fille pour la survie de la créature au nom de laquelle elle est morte ?"

Il se tourna vers lui, il sembla un peu perdu brièvement...et il put la voir ,cette lueur de détermination dans son regard, ce qui rendait ce sujet si amusant, et sa réponse l'était tout autant. il avait peiné à la formuler, avec ce sang qui emplissait sa bouche, et qui jaillit quelque peu brusquement alors que sa voix résonna.

"JE REFUSE QU'ELLE SOIT MORTE POUR RIEN !"

Il toussa ensuite brusquement, mettant un genou au sol, mais cela ne choqua pas le scientifique. Il avait toujours été récalcitrant...Et c'était ce qui rendait le jeu si plaisant.

Je n’avais pas accordé la moindre attention aux applaudissements mais je les avais entendus. En fait, ça avait même légèrement attisé ma colère. Mais j’avais réussi à garder un calme relatif, et c’est avec un regard suppliant que j’avais essayé de raisonner mon ami.

Mais je n’avais pas réussi. Il refusait d’abandonner sa « quête ». Ce que je comprenais, bien sûr, mais si je n’avais qu’une infime partie des informations, mais en l’occurrence ça impliquait ma mort, et ce détail n’était pas pour me plaire. Quoique… Si ça pouvait mettre fin à son tourment…

Son coup de pied me fit lâcher prise et reculer. Les larmes aux yeux, je fis une autre tentative pour le ramener à la raison :

-Et si on reportait ma mort de quelques minutes ? Juste après la sienne, si tu veux… Mais je veux pouvoir le tuer avant. S’il te plaît, laisse-moi juste ça…

Sauf qu’il ne m’entendait pas. Ou il n’en donnait pas l’impression. Son esprit était ailleurs. Je reculais lentement pour éviter une attaque surprise, tout en restant très attentive. Il était dans un état physique inquiétant. Voire affolant, mais je ne pouvais pas m’offrir le luxe de m’affoler à cet instant précis.

Au bout d’un temps de silence interminable, il secoua la tête, sûrement pour chasser ses pensées confuses et se concentrer sur le problème principal. En d’autres termes, sur moi. Il avança encore. Cette fois, je voyais bien que si je le touchais je lui ferais mal, il semblait si fragilisé… Alors je ne bougeais pas. Je baissai la tête et fermai les yeux, inutile de lutter plus longtemps, j’avais perdu. Je n’avais aucune chance d’atteindre le véritable metteur en scène de toute cette tragédie parfaitement orchestrée. Et même si j’y arrivais, ce serait pour voir ensuite Deisui s’écrouler, vaincu par ce fichu poison. Dans ces conditions, autant le laisser me tuer.

-Pardon…de ne pas avoir pu t’aider…

Ma voix n’était guère plus qu’un murmure à peine audible, brisé par un sanglot tandis que les larmes commençaient à rouler sur mes joues. Je ne voulais pas mourir. Mais si ça pouvait l’aider, alors je voulais bien affronter la mort. Pour lui. Pour le seul ami que j’avais eu de toute ma vie.

Le coup ne vint jamais. Quand je rouvris mes yeux embués, ce fut pour voir Deisui sourire. Un sourire de sang. Mais ses paroles me réchauffèrent le cœur, ce cœur qui n’était pas à moi, que je lui avais volé… Je lui rendis son sourire.

-Je suis avec toi jusqu’à la fin.

Quelle qu’elle soit. Ce serait à lui de décider par la suite s’il voulait me tuer pour terminer ce qu’il avait commencé dix ans auparavant.

Il puisa dans ses dernières forces pour lancer toute sa hargne au responsable de ses malheurs. Je posai une main sur son épaule, comme dans un vain effort pour lui transmettre un peu de l’énergie que j’avais.

-Ça va aller. Je m’en occupe, repose-toi. Je t’en laisserai un morceau.

Dans son état, pas question de le laisser se battre encore, j’allais me charger de cette raclure seule. Et respecter la volonté de Deisui en le laissant porter le coup fatal. En attendant…

-À nous deux, docteur Genelem… Au nom de tous ceux que vous avez fait souffrir, je vous annonce que vos agissements prennent fin aujourd’hui, en même temps que votre vie.

Je sortis mes griffes et mes ailes. Pour Deisui, pour sa famille, pour toutes les chimères et tous les « déchets » qui avaient souffert des actes de ce malade mental, j’allais le tuer. Ou plutôt le laisser juste assez vivant pour que Deisui puisse l’achever lui-même.

Linda répéta notre promesse, achevant d'apaiser mon cœur pourtant meurtri par le passé, et rendu des plus douloureux par le poison qui faisait lentement son œuvre nocif... Je n'avais plus beaucoup de temps, j’en avais conscience, et à vrai dire je me demandai s'il existait vraiment un antidote qui pouvait vraiment me sauver. Mais la main de Linda m'apaisa, et je sus que je pouvais lui faire confiance, maintenant, jusqu’au bout. Néanmoins je savais que me reposer serait vain, cela ne ralentirait pas le poison. J'allais continuer, à un rythme un peu plus lent seulement.

Elle se tourna ainsi vers le docteur...Et je sus que ce dernier n'avait aucune chance. Il ne devait plus avoir de bras mécanique en réserve, et malgré son sourire confiant il ne semblait nullement préparé à un nouvel assaut. C'était plus comme s'il observait une délicieuse pièce de théâtre dont il allait bientôt être l'acteur, et cela ne semblait pas le déranger.

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Le jeu touchait à sa fin, toute la pièce était illuminée, mais cette fin était une apothéose, tant de sentiments, tant de révélations, un magnifique spectacle même pour le scientifique qu'il était. Surtout pour le scientifique qu'il était ! Lui qui n'avait jamais juré que par les formules et les algorithmes voilà que des éléments inconnus et indéterminable venaient prendre leur place dans l'équation et la fausser.

Le facteur humain, il en avait tant entendu parler, il avait essayer de l'assimiler et il avait failli y réussir...Mais c'était comme trouver un résultat fixe avec une seule variable, c'était impossible, il ne le comprenait maintenant face à son échec...Et sa plus belle réussite. Un être, créer de toute pièce, au delà des cyborgs et des robots aux imitations presque parfaite... Plus puissante que n'importe quel humain, mais tout aussi sensible, Linda était le point d'orgue de sa vie.

Qu'il sacrifiait sans regret pour la voir s'accomplir. ses propres collègues avaient bien offert leurs corps à sa science, il pouvait bien consentir à ce dernier sacrifice maintenant que tout les tests étaient finis.

Mais avant il devait respecter ses propres promesses... Et entre ses doigts la fiole se brisa.

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Il n'opposa même pas de résistance quand Linda l'atteignit sur lui, pire encore il continuait de sourire, comme si les plaies qu'il arborait, le sang qui lui échappait n'étaient rien...Dans une de mes besaces, je fouillais tout en m'avançant à pas lent, et tirais une carte offerte pala maîtresse. Cette affaire ne regardait que Linda et moi, mais, je devais savoir...Et la gardienne du miroir m'y aiderait grandement.

Quand enfin j'arrivais Genelem était déjà au sol regardant avec une étrange fierté Linda comme s'il l'invitait à en finir, mais elle tenait sa promesse, seulement moi en avait le droit... et avant tout j’avais un question à poser, une réponse à recevoir. Ainsi après avoir invoqué la gardienne du miroir je me mis à genoux, et lui posa cette simple question alors qu'il me regardait, toujours souriant.

"Pourquoi ?"

Il ne sembla pas inquiet, en fait il n'hésita même pas, avant de me répondre, toujours avec cette satisfaction écœurante.

"Pour la science...B124 et B125 étaient des sujets uniques, nous ne pouvions les laisser se gâcher dans une vie futile. Regarde à quoi elles ont contribué... La plus belle des créations."

Son regard se tourna alors vers Linda, un regard de père pour une fille, immonde...Et je savais qu'il disait la vérité, il me l’aurait dite de toute façon et avec hargne je rappelais la gardienne du miroir. Quoi que nous fassions il avait gagné. J’avais beau avoir refusé, ce n’avait été qu’un jeu pour voir jusqu'où irait sa création, qui aurait surent supplanté en combat brut. et il était heureux, d’avoir gagné, ma vengeance n’en était pas une. Du moins, jusqu’à ce qu'un sourire cruel me vienne au visage ,et qu'une idée qui l’était tout autant naisse dan mon crâne, alors que je lâchais d'une voix sadique.

"Tes créations...Comme si j'en laisserai la moindre trace ! Tu vas mourir comme un rat et tout ce que tu aras fait sera perdu. Même moi... Ton poison aura ma peau mais pas avant que j'en ai fini."

Je pus voir enfin son sourire s'effacer...Et ce n'est qu’alors que j'eus la force de lui enfoncer une de mes lame,s que je tenais à deux mains sans la gorge, le figeant dans la mort en un rictus grotesque trahissant son désespoir... Puis mon masque cruel s'effaça, alors que je tournais ma tête vers Linda et lui sourit.

"Toutes...Sauf la plus belle. Ma fille...Est morte, rien ne la fera revenir, mais à travers toi, sa mort n'est pas vaine. Ne t'en veux pas d'avoir son cœur, c'est en vérité le plus beau que ut puisses nous faire, donner un sens à sa mort."

Je lui souris, lui caressant la joue d'une main avant de tituber faiblement, trébucher presque et m'affaler sur le siège qu'avait occupé Genelem  à notre arrivée, je n'arrivais même plus à tenir debout. mon regard se glissa alors vers la flaque rosâtre, mon seul espoir de survivre...

Et c'était étrange... Moi qui pensait que je serai prêt à mourir après en avoir fini je voulais encore vivre... Je n'avais en fait pas le droit de mourir si égoïstement en souvenir de ma famille...Et tout simplement pour Linda. Je ne pouvais pas l'abandonner, lui laisser la même culpabilité que celle que j'avais tant porté.

Et mu par cette volonté je me redressais avec une grimace, il devait bien y avoir une solution, mon regard se posa sur le corps du scientifique puis sur Linda.

"Fouille le... Peut être a t-il un autre antidote ou que sais je qui pourrait neutraliser le poison. Nous devons faire tout ce qui est possible. Et si nous devons échouer, j'aurai une ultime requête à te faire."

Mon regard se fit tendre, l'approche de la mort exacerbant mes sentiments.

"Détruis tout cela, et garde ce si beau sourire..."

Les doigts du scientifique se serrèrent, et je compris pourquoi il avait conservé son sourire. Dans cette fiole qu’il venait de faire éclater dans sa main devait se trouver l’antidote au poison qui tuait lentement Deisui. Ainsi, en la brisant, il venait de le condamner. Dans un premier temps je ne réagis pas. Je restais là, immobile, fixant ce monstre dans les yeux. Puis je repris la course que j’avais entamée quelques minutes plus tôt, mais cette fois c’est avec une conscience humaine que je le pris à la gorge, mes griffes plantées dans sa chair. Et pour la première fois, mes ailes m’emmenèrent à une dizaine de mètres du sol.

-Voilà à quoi vous ont mené vos expériences. Vous allez mourir, tué par deux de vos victimes.

Mes griffes se rétractèrent, le laissant chuter pour s’écraser violemment contre le sol. Il était vivant. De très peu, mais vivant. Je me posai doucement et fis disparaître mes ailes. J’avais fait ma part du travail. Je n’allais pas lui faire l’honneur de le mutiler, finalement, juste ça c’était suffisant.

Mon ami s’approcha et sortit une carte, avec laquelle il invoqua une  créature tenant un miroir. Il m’en avait parlé, mais j’étais surprise tout de même.

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Quand l’humain fit appel au pouvoir de la déesse, la créature sortit de la carte. Elle savait à qui elle devait obéir. Elle le salua donc, sans tenir compte de l’état déplorable de son maître. Puis vint la question. La Gardienne tendit son miroir devant elle, vers l’homme qui était à terre.

Le miroir s’illumina et appela la Vérité. La Gardienne ne jugea pas la réponse, elle n’avait pas à juger, seulement à agir. Ainsi les paroles furent teintées de cette Vérité que le maître recherchait. Sa mission accomplie, la Gardienne salua à nouveau et retourna dans la carte.

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La science… C’était une raison, certes, mais j’avais du mal à la considérer comme une raison valable. Il me lança un regard…paternel ? Mais de quel droit ?! Je tournai la tête, préférant ne pas croiser ce regard qui me répugnait, sinon je risquais de lui planter mes crocs dans la gorge pour l’achever. Une lame le fit à ma place. Tant mieux. C’était propre, rapide, efficace. Et la disparition de ce sourire satisfait était plus que plaisante.

Mais maintenant, il fallait sauver Deisui. Je ne voulais à aucun prix le laisser mourir, il ne le méritait pas, il avait le droit de vivre. Non, il devait vivre. Les larmes aux yeux, je l’entendis à peine qui me parlais. Puis je me jetai sur le cadavre du scientifique dans l’espoir de trouver quelque chose. Je m’échinais en vain, bien sûr, il était malin, et même dans la mort il continuait de nous pourrir la vie.

-Non… Il n’y a rien… Non…

Les larmes tombèrent tandis que je me tournais vers lui, désespérée, paniquée. Je devais faire quelque chose. C’est alors que ma main rencontra un objet. Tombé de la poche de notre victime, un petit appareil que j’avais déjà vu, il y a bien longtemps…

-Et si…

Une lueur d’espoir me gagna. C’était stupide, risqué, et parfaitement égoïste, mais j’avais peut-être une chance de sauver Deisui. Je le fis se relever, serrant l’objet que je venais de trouver, et le menai vers le couloir.

-Accroche-toi encore quelques minutes, j’ai une idée.

Dans le couloir, le gaz s’était dissipé depuis longtemps. Je fis entrer Deisui dans la pièce où tout avait commencé et l’installai contre le mur. Puis je partis en courant chercher ce dont j’avais besoin. L’instinct me guida, il suffisait de trouver une pièce où je ne sentais pas de créatures vivantes… Et je finis par trouver. Une salle avec des armoires. J’en ouvris une et attrapai deux objets au hasard, avant de revenir le plus vite possible vers le mourant.

-Je suis désolée de t’infliger ça, mais c’est le seul moyen que j’ai de te sauver. Ça va être douloureux.

J’examinai rapidement les deux implants que j’avais ramenés. Le seul moyen…le transformer en chimère. L’un des deux se mettait apparemment sur la tête, l’autre en bas du dos. Je les mis en place et m’écartai de deux pas.

-L’instant de vérité… Ou ça te sauve, ou ça t’achève.

Je pris l’appareil trouvé sur le cadavre et mon pouce appuya sur le bouton, activant les deux implants. Alea jacta est.

Je ne m'étais pas fait d'illusion...Bien sur Genelem était bien trop malin pour ainsi gâcher son apothéose ! Il avait bien prévu que seul lui pourrait me sauver, il ne nous aurais pas laissé une si belle chance. Je pouvais voir le désespoir de Linda, et tout mes sourires ne pouvaient pas l'apaiser. Si je mourrais elle serait à nouveau seule...Et je comprenais cette peur, cette crainte que de voir disparaître ceux qui nous étaient chers. J'aurai aimé savoir quoi lui dire... Mais personne n'avait été là, ce jour où on me les avait arraché pour me réconforter alros je ne savais pas, tout simplement, quoi faire.

Malgré ce manque d'espoir je refusais de me laisser glisser, je voulais rester avec elle autant que possible, luttant avec la mort qui m'étreignait... Mais alors je la vis prendre un objet, et en même temps une lueur traversait ses yeux...Et je sus qu'elle avait une idée. Quelle était t-elle ? Quelle étaient ses risques ? Je l’ignorais, mais je lui faisais confiance, et si je pouvais lui éviter la peine de ma disparition... Je serai prêt à tout subir. Ainsi je m'appuyer sur elle ,essayant de l'aider le plus possible dans mon transport, malgré ma faiblesse. Bon sang je peinais même à garder mes yeux ouverts, un voile rouge commençant à les couvrir.

Mais je pus tout de même reconnaître l'endroit où tout avait commencé, sans comprendre ce qu'elle voulait faire, mon esprit de toute façon trop embrumé pour cela, je  me laissais faire, reposant contre le mur matelassé, haletant et elle partit. UN moment la peur m'étreint, je craignais qu'elle ne m'ait simplement abandonné là, mais elle revint, et je ne pus voir ce qu’elle avait en main, mais je l'entendis. Elle était désolé...  Pourquoi ? pour la douleur qu'elle allait m’infliger ? Tss mon corps me semblait déjà comme rongé par un acide je pourrais bien encaisser un peu plus si j'avais la moindre chance de survivre.

Mais elle n'avait pas menti, ce qui suivit...Fut des plus douloureux. Je ressentis d'abord une vive brûlure au crâne puis au bas du do. mais le pire survint quant elle annonça me sauver ou m'achever, j'eus ainsi l'impression que tout mon corps était douloureusement électrifié, tout mes muscles se tendant et se relâchant si rapidement qu'il me faisait souffrir atrocement m'arrachant de faible râles. A plusieurs reprises je sombrais dans l’inconscience. Je crus même que j’étais mort avant qu'un nouveau spasme me réveille.

Et finalement ça s'arrêta, j'étais dans un océan de paix, le calme absolu...Mais je le savais, j’étais en vie, je sentais cette douce chaleur dans mon cœur, puis dans tout mon corps, je ne m'étais jamais senti tant en forme. Ça me brûlait encore, ça me démangeait aussi, comme si certaines parties de mon anatomie avaient été endormies trop longtemps...Puis je rouvrais les yeux en inspirant profondément, me redressant avant de basculer sur le côté prenant appui sur un bras, gémissant faiblement. J’étais en vie, le goût âcre dans ma bouche avait disparu, le poison était partie...Et mon regard se posa sur Linda, empli d'incompréhension.

Puis ma main se posa sur ma tête qui me dérangeait étrangement tout comme le bas de mon dos...Alors je sentis sous mes doigts comme des os...Non c'était différent, un autre matériau, mais assurément des excroissances, qui jaillissait de ma chair. J'avais l'esprit encore trop embrumé pour comprendre sans le voir, mais l'idée se fit lentement un chemin dans mon esprit. Durant ce temps je fus étrangement silencieux, puis m'assit...Avant de sursauter de douleur, venant de m'asseoir sur...Ma queue, oui c'était ça, une que de loup. Je posais la question qui me venait le plus naturellement du monde.

"Où suis je ?"

Dire que j’avais envie de me suicider revenait à sous-estimer gravement ma capacité à culpabiliser. En même temps, j’avais pris la décision d’infliger à Deisui ce que moi-même j’avais subi. En d’autres termes, je brisais la vie de mon seul ami, alors même que j’avais déjà été à sa place auparavant. Je me trouvais monstrueuse. Incapable de soutenir le spectacle de l’humain torturé par la transformation, je détournai le regard. Je savais que c’était douloureux, et j’aurais voulu pouvoir tout subir à sa place.

Ça dura une éternité. Quelques minutes, en fait, mais le temps se distord et s’allonge lorsqu’on fait quelque chose qui ne nous plaît pas, tout le monde sait ça. Alors les minutes bien trop longues passèrent, puis il s’évanouit, au moins pour la sixième fois, mais sans se réveiller.

L’hybridation interne était faite, et dans les minutes qui suivirent commencèrent les changements physiquement visibles. Enfin, visibles… Deux implants, mais un seul donna quelque chose de clairement visible : la queue de loup.

"Comme ça on pourra se parler dans deux langues différentes… Peut-être même trois, selon l’animal du deuxième implant."

Deux implants, deux animaux. Et ce n’est que quand Deisui se réveilla et porta la main à sa tête que je vis le deuxième. Très discret, ce n’était pas plus mal.

-Tu n’as pas bougé, Deisui.

Je m’accroupis devant lui avec un sourire soulagé. Il allait apparemment bien, ou en tout cas pas trop mal. Par contre il devait avoir le cerveau en puzzle, comme moi à l’époque.

-Et on va rester ici encore un peu, le temps que tu reprennes tes esprits.

J’attendis quelques secondes avant d’ajouter :

-Et je renouvelle mes excuses de tout à l’heure… Tu es une chimère, maintenant. Loup et cerf.

Je ne sentais pas l’odeur de ces deux animaux sur lui, la transformation était trop récente pour ça. Lui en revanche devait commencer à découvrir ses sens améliorés. Et de mémoire, à part les maux de tête, on ne gagne pas grand-chose les trois premiers jours…

Qu'est ce que cela voulait signifier que je n'avais pas bougé ? Cela ne répondait pas à ma question ! La personne qui  me faisait face.. Oui je la reconnaissais, avec du mal mais c'était bon, c'était Linda, nous avions voyagé ensemble ,combattu et ce Deisui dont elle parlait c'était moi même. Oui c'est bon cela me revenait nous étions dans le complexe scientifique, j'étais empoissonné par un gaz et...Elle avait eu une idée.

Et dans mes souvenirs je me rappelais que je n'avais pas ces appendice,s du moins je crois...Ce fut son annonce qui me le confirma, lorsqu’elle déclara que j'étais désormais une chimère. Elle me permit ainsi de remettre en place d’autres pièce du puzzle de ma mémoire. J’étais humain, mais plus mainate..Et cela me fit étrangement mal au cœur, comme si mon humanité m'était des plus précieuses... Mais je l’avais de toute façon perdu, cela ne servait à rien de m'apitoyer, alors pourquoi s'excusait elle ? Pour la douleur ? Je serait mort sans elle, au contraire je lui étais reconnaissante.

"Pourquoi ces excuses ? Tu n'as fait que m'aider avec courage."

Mais un gémissement m'échappa alors, la douleur revenant, plus faible, au niveau de mon crâne. Ma vision me brouilla, mon nez me brûlait de milles sensations que je n’appréhendais guère, et mes oreilles m'assourdissaient. Je redécouvrais mes sens et mon corps ne semblait pas préparé pour cela. Néanmoins c'était encore supportable ,et je souris à nouveau à Linda, avant de m’avancer un peu vers elle, titubant, et devant faire un effort pour garder la tête droit avec le poids de ces appendices, ces petits bois de cerfs si je comprenais.

Mais je ne m'en souciai guère. Alors que je la regardais une chose brûlait en mon cœur, d'une feu doux et agréable. Je revis quelques scène  de mon passé, une femme aimante, une enfant morte trop tôt...Et revenue. Mes bras enlacèrent alors Linda, passant outre ma douleur afin de lui souffler doucement, à l'oreille.

"C'est fini... Tout est fini, ma fille... Nous resterons ici autant de temps qu'il faudra pour que je me remette puis nous détruirons tout, nous repartirons à zéro..."

Le regard qu’il me lança me confirma qu’il ne comprenait pas du tout de quoi je parlais. Heureusement pour lui je lui avais donné quelques éléments pour comprendre plus vite. À commencer par son nom. J’avais oublié le mien le jour de mon hybridation.

"Je me demande s’il se souviendra de son vrai prénom, d’ailleurs… Oh, peu importe. Il ne doit plus l’utiliser depuis des années, de ce que j’en ai compris."

Il ne voulait pas de mes excuses, parce qu’il n’en comprenait pas la raison. Et j’aurais été bien en peine de la lui expliquer, alors tant pis, mieux valait laisser tomber. Je souris juste. Mais mon sourire disparut rapidement quand ses sens se firent remarquer. Je me relevai et reculai de quelques pas. Moins je serais proche de lui, plus ce serait supportable.

Rapidement, il reprit le dessus et se leva, titubant un peu le temps de s’adapter à son nouveau corps. Il s’en sortait un peu moins bien que moi, probablement à cause de la différence d’âge. Je n’avais vécu que quinze ans dans mon corps humain, j’avais donc logiquement eu moins de mal à m’habituer à celui de la chimère.

Il vint alors vers moi et… Quoi…? J’eus un instant de blanc total, comme en état de choc. Je ne savais pas du tout comment réagir à ça. Je devais probablement le repousser, l’aider à reprendre ses esprits, ne pas le laisser dans son illusion, c’était la meilleure chose à faire… À ce moment je me rendis compte que je n’avais plus de famille. Et que, après toutes ces épreuves que nous avions passées ensemble, Deisui m’offrait une chance de recommencer. D’avoir à nouveau cette famille dont l’absence me pesait sans que jamais je ne m’en sois rendu compte. Quelques larmes roulèrent sur mes joues, mais c’étaient des larmes de bonheur. Je me serrai contre lui.

-Papa…

Elle ne me dit qu'un mot... Mais ce mot me libéra, me soulagea d'un poids dont j'avais perdu la conscience, mais qui, je le savais, me suivait depuis des années, pressant sur mes épaules trop fragiles pour vraiment le supporter. J'étais incapable de savoir quel il était exactement au vu de l'état de mon esprit, mais cela ne comptait plus comme il avait disparu, s'effaçant entre les bras de Linda, cette jeune fille qui était la mienne.

Certains diraient sans doute que ce serait un fardeau encore plus grand que d'être un père, qui plus est pour une chimère, un être unique, probablement souffrant de sa différence. Mais après tout moi même j'en étais désormais une, et l'idée d'être père ne me paraissait nullement pénible, bien au contraire... J'en éprouvais même un plaisir que je ne m'expliquais pas !

Néanmoins je finis par la relâcher, bien que toujours souriant. Ce ne fus qu’alors que je pus voir ses larmes, j'aurai pu m'inquiéter, mais sans un mot j'en compris la raison, car moi même je les versais sans en avoir eu conscience. Pour autant je tendis avec délicatesse la main pour caresser affectueusement son visage, lui sécher ces larmes qui rougissait ses yeux. Me tête était encore lourde et me faisait encore souffrir, mais maintenant je me sentais assez fort pour soulever des montagnes et en tout cas assez pour partir d'ici, mais comme je le lui avais dit nous n'allions pas nous contenter de cela...

"Je crois qu'il est temps pour nous d'y aller."

J'eus une grimace en regardant autour de nous. Je n'en connaissais pas les raisons mais ces lieux m'inspiraient une sainte répugnance et mes idées étaient des plus claires quant à ce que nous allions en faire.

"Une idée pour détruire ce lieu infâme ?"