Les légendes disaient qu’une strige était le fruit d’une malédiction divine. Nariko avait entendu certaines personnes parler de la légende de la Princesse strige. La Princesse d’un grand royaume était le fruit d’une relation incestueuse entre le Roi et sa sœur, et, pour les punir de cet affront, les Dieux (ou un conseiller jaloux selon les versions) avait maudit le fruit de cette union. Les soirs de pleine lune, le Roi enfermait sa fille dans un château abandonné, car elle se transformait alors en un abominable monstre anthropophage. Nariko ignorait si la légende était vraie ou pas, et, dans tous les cas, elle avait été résolue par l’intervention d’un sorceleur qui aurait défié le monstre toute la nuit, jusqu’à ce qu’il prenne la forme initiale de la princesse. Le sorceleur aurait alors utilisé une potion, un élixir très difficile à faire, pour conjurer le maléfice. Dans tous les cas, l’idée était de dire qu’une strige était un fruit de malédiction, et celle-ci ne semblait pas faire exception.
Elle était dangereuse, puissante, avec des bras terribles, et Deisui ne l’avait blessé que superficiellement avec son coup d’épée. Ses deux plaies ne semblaient nullement handicaper la strige, qui observait ses trois adversaires, la gueule entrouverte, grondant silencieusement, ses sinistres yeux orangés fixant ses adversaires, cherchant des failles. Nariko se déplaçait lentement, Heavenly Sword droite au-dessus de sa tête, la longue épée visant le monstre. Dans le creux de son autre main, elle tenait aussi le bout de son grappin argenté, prêtez à l’utiliser pour affaiblir le monstre.
« Approche, approche, saloperie... »
La strige claqua des dents, sa longue langue remuant dans sa bouche. Kaï avait pointé son arbalète, et visait le monstre. La strige devait habituellement se nourrir de Lycans. Partant de là, voir un trio devait être particulièrement attirant pour elle. Un léger sourire provocateur se dessina alors sur les lèvres de la belle Nariko. Avait-elle peur ? Non, elle était terriblement excitée. C’était pour ça qu’elle avait réussi à dompter Heavenly Sword. Nariko était une guerrière, une femme qui utilisait sa peur comme un moteur, et qui adorait se battre. Elle avait ça dans le sang... Sentir l’adrénaline remonter en elle, le frisson de la mort... La peur était là, n’en doutons pas, mais elle n’était pas rédhibitoire, tout au plus une motivation supplémentaire.
La strige attaqua alors. Elle bondit sur ses pattes arrière, bondit devant Nariko, qui attaqua alors avec son épée, décrivant un mouvement circulaire. La strige, qui l’avait anticipé, planta ses pattes avant dans le sol, et bondit sur le côté, tandis que Kaï la visait avec son arbalète. L’épaule du monstre se rua vers Deisui, mais la charge n’était pas très rapide. L’homme put donc l’esquiver, mais la strige planta alors sa main dans le sol, et tendit l’autre vers lui. Ses griffes, interminables, heurtèrent son épée, mais la force de la strige était surréaliste., et elle poussa l’épée de l’autre côté, tout en hurlant devant Deisui.
Le grappin de Nariko heurta alors la strige à la tête, et la créature, furieuse, poussa Deisui en se retournant, et se rua vers elle, la chargeant. Nariko bondit sur le côté, et le monstre bondit contre l’un des piliers soutenant les arcades, et se retourna. Sa gueule fondit droit vers Nariko, toujours couchée sur le sol. Cette dernière n’essaya pas de repousser la créature avec son pied, et roula sur le sol, évitant les dents du monstre, qui claquèrent dans le vide. La strige tenta de la poursuivre, mais Kaï décocha alors un carreau d’arbalète. Le tir atteignit le monstre dans le flanc, et la strige hurla de douleur, en étant déstabilisée. Kaï se tenait sur un point surélevé, en appui sur l’arbre mort, et rechargeait son arme. Le sang coulait du flanc du monstre, et Nariko en profita pour attaquer.
Le bout de sa lame dessinait un trait dans le sol, et elle la releva. La strige l’évita, et tenta de la griffer. Nariko bondit en arrière, la griffe venant lécher ses vêtements, et elle envoya son grappin sur la joue du monstre, lui faisant tourner la tête. La strige grogna de dépit, plus énervée que blessée, et ses dents claquèrent près du visage de Nariko, arrachant quelques mèches de cheveux. Nariko sentit sa salive sur son nez, et bondit en arrière, puis abattit son épée de haut en bas, saignant le torse du monstre. Le sang jaillit à nouveau, et un autre carreau d’arbalète l’atteignit alors à la poitrine.
« Twing twang ! » exultait Kaï.
La strige, blessée, secoua la tête, et bondit vers l’arbre, enfonçant ses pattes dans l’écorce de l’arbre. Kaï vit sa gueule se rapprocher d’une de ses jambes à toute allure, mais, quand la strige tenta de la croquer, Kaï posa son pied sur sa truffe, et s’en servit pour bondir dans les airs. Elle tournoya élégamment, et se reçut sur le sable, derrière le monstre. Kaï brandit à nouveau son arbalète, mais la strige était déjà en train de la charger. N’ayant pas le temps de décocher son tir, elle fit une roulade sur le côté.
Cette strige était une véritable machine à tuer, et terriblement résistante.